Lorsque nous séjournons à Paris, nous descendons dans la meilleure adresse de la capitale : Chez Taphanie et Huck - anciennement connu ici sous le nom de
Spécialiste du monde équestre, renommé Huck, lors de la dernière fête de la musique où nous avions, par pur esprit de contradiction, choisi de fêter la Wii et où ce gauchiste barbu, légèrement éméché, a chanté sans discontinuer Huckleberry Finn dans le métro, tandis que V. riait très fort et que Taphanie et moi ravalions du mieux que nous le pouvions notre honte. Entendons nous bien : nous n’allons pas là-bas parce que Taphanie est l’une des plus anciennes amies de V., ni parce que Huck a un humour presque ausi nul que moi ou qu’on s’amuse toujours chez eux, mais évidemment parce qu’ils ont investi dans le plus confortable des canapés lits de la Création (hélas fort lourd, comme nous avons pu le constater en participant à leur dernier déménagement).
Notre vision toute personnelle de la culture nous poussa à déserter tous les musées de la Capitale (la Cour du Louvre ne compte pas) : aller à Paris, c’est surtout une occasion en or
mandie pour rencontrer nos amis normands. Et si nous passâmes devant Notre-Dame (moins majestueuse que la cathédrale d’Amiens - ce n’est pas si souvent qu’on a l’occasion de complimenter la Picardie sur ce blog), ce fut juste pour rejoindre l’île Saint-Louis et un salon de thé chaudement recommandé par notre copine MAB. La boutique, vieillotte, ne paie pas de mine (nous sommes passés une première fois sans la voir) : espace exigu, carrelage moche, porte qui racle bruyamment le sol, décoration encombrante et grosse servante indienne. Contrairement à toute attente, la clientèle n’est pas constituée de petites mamies, mais d’Italiens pérorants et d’Anglaises caquetantes (mais pas trop fort quand même : un salon de thé, ça se respecte), en quête d’un shoot de chocolat.
Là-bas
c'était les corons, le chocolat est une tuerie : la première gorgée vous étourdit à coups de cacao (vainqueur par K.O.). épais, enveloppant, onctueux, brûlant, amer mais pas trop, sucré juste ce qu’il faut, il vous monte à la tête plus sûrement qu’un verre d’alcool et vous fait éclater d’un petit rire de béatitude. Il faut croire que nous n’en avions pas assez : pour l’accompagner, nous avons aussi misé sur la fève aztèque pour nos tartes. Et pourtant, nous ne sommes pas des
filles toxicacaos!
C’est à la graine d’anis, moins exotique mais pas moins divine, que nous avons rendu hommage en soirée, avec nos hôtes et un couple d’amis. À défaut du Pontarlier* pourtant promis par Huck, nous avons dû nous rabattre sur quelques verres de Ric@rd. Ça passe très bien et ça n’empêche pas d’être sacré roi du hulla hoop sur Wii, mais ça peut pousser à d’embarrassantes confidences : l’incroyable Huck nous a confessé sa passion pour le gibier, Juliette nous a appris qu’elle avait mangé du
mocassin à Noël (une viande qui, trop cuite, prend un goût de semelle) et que
Michel Cymès était un
ornithologue (on a tous une
alouette au fond de la gorge). Devant l’air contrit de son petit ami, Juliette a d’ailleurs conclu que Nicolas était
affablé sans qu’on sache trop s’il était accablé, attablé, affamé ou les trois à la fois... N’empêche, même si c’était involontaire, c’est une sacrée performance de faire des blagues plus nulles qu’Huck ou moi!
Pour expier nos excès de la veille, le lendemain matin fut consacré à la Wii Fit : la seule planche de fitness parlante (avec sa voix horripilante d’alien gnangnan) qui n’a pas peur de vous vexer (votre point d’équilibre est vraiment trop décalé!). Heureusement que le coach est sexy, quoique virtuel : ça console lorsqu’on s’effondre au bout de la troisième torsion croisée (je n’ai plus la moindre idée de ce qu’est une torsion croisée) ou qu’on manque de tomber en avant en faisant des étirements. V. est plus branché fitness et yoga; moi, jeux d’équilibre et step : à nous deux, nous formons un
sportwiif accompli. La question est de savoir si on s’en lasserait vite. En plus, la console ne peut pas remplacer
le sourire et l’oeil pétillant d’ un vrai entraîneur. V. n’est pas prêt à congédier Tony, le coach de son cloub de gym (faudra quand même que j’aille le surveiller d’un peu plus près, moi, ce Tony!)
C’était vraiment chouette de passer tout ce temps avec Taphanie - Huck était moins disponible vu qu’il
ne peut pas nous blairer travaillait d’arrache-pied, pour faire honneur à son statut de
permanent du spectacle, spécialement inventé pour lui, payer l’appartement, et surtout travailler plu$ pour gagner plu$. Le dangereux gauchiste d’aujourd’hui n’est plus ce qu’il était!
Pitou G.
* L’abus d’alcool, c’est mal.
La charlotte de l'isle
24, rue Saint-Louis-en-l'Ile
75004 Paris, France
Métro : Pont-Marie, Sully-Morland