Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mercredi 27 février 2013

Ça va bancher!

Je n'aurais pas l'aplomb de vous dire que la rareté de nos billets s'explique par une intense vie sociale ou une dévorante activité professionnelle. Je reconnais qu'il y a un peu de laisser-aller dans tout ça. Mais 2013 s'annonce comme une mise à mort des velléités : certains projets en souffrance depuis des mois ou des années vont prendre corps.

  • C'est décidé, nous allons tous les deux passer l'agrégation. Dans l'attente de la publication des programmes, nous nous sommes rabattus sur les rapports de jury. Depuis, j'oscille entre espoir et résignation. Après onze ans de pratique, je ne peux plus me réfugier derrière l'excuse "J'attends d'être plus à l'aise dans mon métier". On raccroche le pipeau et on se frotte à la réalité. 
  •  Nous nous marierons sans doute en automne, mais cela fera probablement l'objet de nombreux postes à venir. Tremblez, traiteurs et restaurateurs : vous allez connaître mon homme! Mais n'anticipons pas.
  • Il y a un peu plus d'un an, nous avons fait poser un poêle à granulés. Vous avez vainement attendu les photos; je suppose qu'on attendait d'avoir enduit et peint le mur. Honte sur nous, ce n'est toujours pas fait. Il faut dire que :
  1. On ne va pas peindre alors qu'on va installer sous peu le placard qui manque à notre rez-de-chaussée pour être vraiment fonctionnel.
  2. On ne va pas faire ce placard tant qu'on n'a pas isolé ce qui reste la pièce la plus froide de la maison!
  3. Avant d'isoler le salon, des travaux d'électricité s'imposent.
  4. Quitte à faire une mise aux normes électriques, autant prendre nos dispositions pour le branchement d'une plaque à induction...
  5. Et tant qu'à faire, si on refaisait carrément la cuisine! Il paraît qu'un casserolier, c'est censé s'ouvrir sans qu'on ait besoin de soulever le tiroir du dessus et que la résistance d'un four digne de ce nom ne tient pas grâce à une grille détournée de son usage originel (et, scoop, le clong qu'on entend à chaque ouverture du four, c'est la paroi interne de la porte qui brinquebale). Il est plus que temps aussi de dire adieu à notre micro-onde du crétacé dont nous tournons le potentiomètre à l'aide d'une pince depuis... quelque chose comme... sept ans...
  6. On a beau avoir signé le projet cuisine fin septembre, les choses n'avancent guère : l'électricien-plombier qui était si prévenant et si disponible a disparu mystérieusement, malgré ses promesses répétées auprès du cuisiniste. Le devis d'un de ses confrères a failli donner le coup de grâce au projet ("Revenez dans quinze ans, quand nous aurons les sous") et, coup de théâtre, le premier électricien a reparu, deux ex machina aux tarifs plus raisonnables.
  7. Reste que, quitte à refaire la cuisine, autant commencer par isoler la pièce (ça ne finira donc jamais?). L'option basique laine de verre+ placo a, dans un moment d'égarement, failli remporter notre suffrage. Il est loin le temps où les Pitous jouaient les grosses bourgeasses, ne se refusant ni fenêtres en chêne, ni laine de bois au grenier... Loin? Pas si sûr! On ne changera pas vos Pitous! Après des heures passées sur différents forums ou le museau collé à de vieux magazines, nous nous sommes laissé convaincre par l'enduit chaux-chanvre, beaucoup plus adapté au bâti ancien. Notre maison ne sera jamais un cheval de course en matière d'économie énergétique, mais il y a moyen de la rendre thermiquement plus confortable, pourvu qu'on laisse ses murs respirer. Ce qui nous amène au dernier projet...
  • Nous allons réaliser nous-mêmes la correction thermique de l'extension qui abrite la cuisine, après avoir démonté les anciens meubles. Une artisane habituée à travailler avec le chanvre va nous accompagner au début du projet, monter avec nous l'ossature bois et nous montrer comment réaliser le mélange. Il paraît que la technique du banchage (en gros, on tasse le mortier derrière un coffrage de planches qui sera retiré quand le mélange se sera solidifié) ne requiert pas une grande expertise technique. Si d'aventure nous nous révélions de pures quiches, on aurait toujours la possibilité de demander à madame Chanvre de finir le chantier. Il ne faut pas trop traîner si on veut que la cuisine puisse être montée en juin : le temps de séchage est d'environ deux mois. Une fois les panneaux de fermacell en place, on laissera le cuisiniste travailler... Ça va bancher!
En attendant, on a déjà trouvé un remplaçant pour notre vieux micro-onde. 
Fournie avec votre appareil du Mézozoïque, une pince Mégazoulique!
 Je n'ose pas vous montrer l'intérieur.

Enfin un four assorti à nos chats!

En bonus exclusif : la porte qui fait clong.

samedi 23 février 2013

Ô Footix, ô roi du X

Quoique fort modeste, ma résolution visant à publier plus de messages dans les deux premiers mois de l'année qu'en 2012 est en passe d'être ratée. Et puis franchement, ce mois de 28 jours, ça n'aide pas beaucoup! Même en comptant sur les vacances (youpi!), à moins de publier plusieurs fois par jour, il sera impossible de tenir le pari. Qu'importe : ça ne m'empêchera pas de profiter de cette quinzaine pour écrire à un rythme plus soutenu.

Le maudit
Je ne suis pas mécontent de souffler après une période assez agitée. Je me remets tout juste de la visite d'un inspecteur, il y a quinze jours, et du projet farfelu que je me suis collé sur le dos à cette occasion. Vous penserez bien, surtout, à écouter France Culture à l'occasion du prochain Printemps des Poètes : il y a à peu près une chance sur quatre cent soixante quinze millions que l'un des enregistrements de mes gnomes soit diffusé. "Ben ça sert à quoi de faire un concours pour passer sur une radio que personne n'écoute? Ils passent le poussin Piou, au moins?" Printemps des poètes, donc... Ne leur jetons pas la pierre, ils ont été mignons tout plein le jour de l'inspection (même si je subodore que l'autorité calme et naturelle qui m'a été créditée tenait beaucoup à la présence au fond de la classe du chef et de notre hôte du jour). Et puis c'est vrai qu'ils pourraient diffuser le poussin qui fait piou sur France aviCulture, de temps en temps! J'entends déjà la voix feutrée de Raphaël Enthoven annoncer : "Après ce passionnant entretien sur la métaphysique du multiple, retrouvons le poussin Piou". Remarquez, pour que cela arrive, il faudrait que Raphaël Enthoven soit encore à l'antenne.

Le regretté Footix
Mais laissons de côté l'actualité des médias : le scoop du moment au collège Haquenée, c'est une torride copie d'élève. La semaine dernière, Footix est entré en cours de latin et m'a annoncé en hochant sa tête de toon : "J'ai ajouté un nouveau personnage à ma rédaction : maintenant, vous êtes dedans!", alors que ses petits camarades le suivaient dans un bourdonnement inaccoutumé (si j'osais, j'écrirais : plus inaccoutumé que d'habitude, mais la langue française ne peut quand même pas tout endurer, surtout depuis le coup du poussin qui l'a laissée à genoux). Bref, l'excitation était telle que je voyais des étincelles voleter autour de leur tête. Le lundi suivant, je demande à Footix s'il a récupéré sa copie. Cet idiot ne songe même pas à me mentir... À force de pressions savantes et de menaces ("autorité calme et naturelle", n'oubliez pas), je lui extorque sa copie. L'annotation très sobre de ma collègue ("Il y a des limites à ne pas franchir et tu les as franchies") ne laisse pas deviner à quel point cette copie a transformé son week-end en cauchemar... Je parcours la dizaine de lignes (Footix ne s'est pas foulé) devant un public aux aguets. Sous les regards fiévreux, inquiets, impatients, je sens mes globes oculaires s'écarquiller exagérément. Je me demande un instant s'ils ne vont pas jaillir de leur orbite, mais ils restent en place jusqu'au point final.
Parmi les huit sujets proposés par ma collègue, Footix a donc choisi d'écrire une déclaration d'amour. À son professeur d'histoire (ça, ça ne figurait pas dans le sujet), un breton plutôt grincheux. Quand je parle de déclaration d'amour, entendons-nous bien : Footix ne s'appesantit pas sur ses sentiments :
Quand je vous vois en cours, face au tableau, je vous imagine nu en train de manger une galette-saucisse.
C'est dans un dernier paragraphe débordant de tendresse qu'apparaît votre serviteur :
On pourrait proposer un plan à 3 à Pitou G.
Ah ouais, quand même... Footix a semblé rassuré que je ne l'étrangle pas sur place. Pourtant, je n'ai pas éprouvé le moindre picotement de colère;  a posteriori, je suis même soulagé d'avoir su conserver mon sérieux. Comment l'expliquer ? je ne me suis pas senti insulté. On ne peut pas en dire autant de mon collègue...
En fait, si quelque chose pouvait me vexer dans cette histoire, ce serait sa réaction à lui. À sa décharge, il n'était pas loin d'être le dernier au courant. Quand il m'a accueilli au self d'un "Non, sache que je ne suis pas intéressé" d'un ton qui se voulait comique mais qui exsudait la fureur contenue, j'ai compris que l'infortunée correctrice avait trouvé le courage de le prévenir. Je me suis retenu de lui rétorquer : "Non, mais franchement, tu t"es vu?" et me suis surpris à me demander comment, moi, j'avais pu n'être qu'une pièce de second choix pour Footix... En relisant la dernière phrase de Footix, j'ai su que mon estime personnelle ne s'en remettrait jamais :
 On pourrait proposer un plan à 3 à Pitou G. et à beaucoup d'autres.

Même pas du second choix : une possibilité parmi une foule d'anonymes... Mais au vu des circonstances, je devrais plutôt m'estimer heureux de ne pas être l'objet de son affection.

Pitou G

PS : Je ne sais pas trop où en est l'affaire, vacances obligent. Une rencontre a dû avoir lieu en urgence entre la famille et le chef. Que je ne me sente pas atteint dans mon honneur ne signifie pas que je ne sois pas inquiet pour Footix et halluciné par son incapacité à distinguer pochade personnelle et devoir scolaire  (après, il projette les images qu'il veut dans son cinéma intérieur, c'est son affaire). Rien de sincère dans son écrit, bien sûr, sans doute un pari imbécile, une bravade dont il n'a pas mesuré les conséquences. Je ne suis même pas sûr qu'il ait eu l'intention de blesser qui que ce soit. Pour peu qu'elle soit faite intelligemment, une mise au point sera bienvenue. J'espère juste que la virilité outragée de mon collègue (la mienne se porte comme un charme, merci) ne nous fera pas déraper vers une sanction lourde.

lundi 4 février 2013

Très Zélé Remplaçant

Je suis dans ma sixième année en tant que Titulaire sur Zone de Remplacement.
Le statut est un peu ingrat, beaucoup se plaignent d'être assez mal traités. Normal, on bouche les trous: les zones sont grandes (et de toute façon, pour faire face à la pénurie, il a été décrété que notre zone, c'était aussi toutes les zones limitrophes), les postes partagés fréquents et les profils ne correspondent pas toujours aux besoins (on enseigne aussi parfois les "matières connexes" - heureusement, nul ne prétend me faire faire des maths).
Pourtant, cela me convient assez bien: d'abord je n'ai presque jamais quitté notre préfecture. Ensuite, les professeurs à remplacer ont souvent des avantages dont on bénéficie; emploi du temps sympathique et salle de classe unique. Enfin, quand on exerce des suppléances courtes, on peut prétendre à une indemnité compensant la sujétion du remplaçant qui ne choisit rien (heures supplémentaires, fonction de professeur principal notamment). Puis il faut croire que cela correspond à une tournure de mon caractère: l'incertitude nécessite des capacités d'adaptation, le statut justifiant aussi ma paresse; comment préparer quoi que ce soit durant l'été quand on ignore tout de ce qu'on fera à la rentrée? 
L'an passé, la cigale ayant chanté tout l'été se retrouva fort dépourvue quand on lui demanda le 27 août de faire cours sur les mémoire du Général De Gaulle pour la rentrée (programme de terminale littéraire 2011/2012). Ceci dit, cela s'était très bien passé: les élèves me prenaient pour un gaulliste forcené mais avait fini par intégrer deux ou trois éléments qui leur ont été utiles le jour J.
Cette année, c'était byzance; je savais être affecté pour cinq mois au lycée Margotte. J'ai donc pu me faire plaisir en étant très ambitieux: Molière, Marivaux, La Fontaine, Racine, Beaumarchais, Voltaire, Fénelon... Hormis le calvaire des copies (bac blanc: trois devoirs/heure), j'ai vraiment beaucoup aimé, cela me motivant pour passer l'an prochain l'agreg-le-millionnaire (remerciez SabyBanana).
Le collègue remplacé m'ayant déclaré en novembre: "Je reprends fin janvier", j'ai donc consciencieusement prévu de travailler jusqu'au 31 janvier, m'organisant dans mes corrections et mes cours tant bien que mal. Mercredi dernier, après une sortie cinéma un peu branquignole dans les détails ( à l'aller: deux cars pleins, le mien à moitié vide: ma classe et quatre pèlerins - les autres ayant pris un bus de ville. Au retour, quatre accompagnateurs dans un car, un dans chacun des deux autres...), je reçois un appel: "Allô le lycée Vive l'Europe de Boudin-sur-champs, vous êtes affecté chez nous à partir d'aujourd'hui! Vous aurez une classe de CAP vente alimentaire et une première bac pro secrétariat, mais pour le moment c'est juste pour trois jours. Vous êtes content?" Interloqué, je rétorque que je n'ai pas le don d'ubiquité et que dois déjà finir le premier remplacement. Le proviseur surpris me demande de vérifier mon arrêté d'affectation: "Pitou V. est affecté au lycée Margotte du 01/09/2012 au 27/01/213". Diantre!
Quand je disais à mes élèves qu'il fallait lire entre les lignes... j'oubliais de lire les lignes de mon contrat! Branle bas de combat: je préviens le collègue (qui s'est offert trois jours de congés sur mon compte) pour organiser le relais et je me rends au lycée Vive l'Europe
Moi qui aime le changement, je ne suis pas déçu: je suivais 110 élèves, je n'en ai plus que 21... mais là, je vais oublier Phèdre et Ruy Blas. Il ne me reste plus qu'à découvrir le programme, comprendre le niveau requis et voir le niveau réel. Quant aux cours d'histoire, on verra plus tard; je ne suis là que pour trois semaines. Pour le moment du moins. TZR, toujours prêt!
V.