Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

dimanche 22 septembre 2013

Une amie en or

Sabybanana : Oh la la, ta mère, c'est vraiment une belle femme!
Pitou G. : Que veux-tu! Les chats ne font pas des chiens!
Sabybanana : Ah oui? Ses parents aussi sont beaux?

Ça se paiera, Banana, ça se paiera...

jeudi 19 septembre 2013

Article contondant

Juste un mot pour rassurer les lecteurs de Vachebdo - et je sais qu'il y en a d'assidus parmi vous (non?) : le jeune marié qui a tabassé son tout juste épousé lors de la nuit de noces n'est pas l'un de nous. Je vous laisse : je dois cueillir les haricots avant que mon mari ne rentre... on ne sait jamais!

Pitou G.

vendredi 13 septembre 2013

Ein bisschen Goethe, en bisschen Bonaparte

Oui, on est germanophones.
Enfin surtout G.
Moi je ne parle plus Allemand que dans mes rêves (et ce n'est pas une image, cela m'est arrivé plusieurs fois, à croire que je dois regretter qu'il me reste si peu de mes cinq ans de LV2)
Il n'empêche: France Gall a beaucoup fait pour l'amitié franco-allemande.
Qu'elle en soit ici remerciée.
V.

Levée de l'embargo sur les volants, l'Europe respire, France Gall aussi.

ps: C'est le weekend! Et si vous vous demandez pourquoi cette chanson, et bien c'est par générosité. Ou alors cela annonce un nouveau "Leurs plus belles chansons"...

dimanche 1 septembre 2013

J + 7

Fin de l'insoutenable suspense... nous avons dit "oui"!
Les prévisions météorologiques,  très menaçantes toute la semaine alors que le temps était radieux, ont eu tort et le ciel nous a gratifiés d'un beau soleil pour le cocktail en plein air.
Les manifestants redoutés n'ont pas fait le déplacement, au grand soulagement de la plupart (quelques amis semblaient désirer qu'il y ait un peu d'action... un car de tourisme garé sur la place de la mairie peu avant la cérémonie nous a cependant donné une petite frayeur, mais c'étaient bien des touristes - quelle incongruité par chez nous!)
Tout est passé bien vite, trop vite, comme on nous l'avait annoncé. 
Nos témouines et amies ont été parfaites en tous points et nous ont préparé des surprises: lectures, discours et même une chanson.
Les proches restés pour jouer les prolongations sont partis à regret le dimanche soir.
Le temps de remettre un peu d'ordre dans la maison, où nous avons fini les plus gros travaux, et voilà la rentrée. La légère mélancolie qui me tient depuis une semaine va vite se dissiper, car pour la première fois depuis dix ans, je n'irai pas en classe - quoique le monde politique ne soit guère moins dissipé dans les Assemblées!
V.

Oui, ce sont nos mains, devant l'écharpe du maire... et c'était dans le Vachehebdo de cette semaine!

samedi 17 août 2013

J-7

Dans une semaine, ce sera fait.
Dans une semaine à cette heure, nous aurons (bien) dîné et profiterons de la soirée pour danser et discuter avec nos proches.
Dans une semaine, je lui dirai "oui" après plus de treize ans d'amour.
Dans une semaine...
Tic-tac...

V.

mardi 18 juin 2013

Chantiers 2

Quelle tristesse, un blog qui se meurt.
Quelle banalité en outre.
Alors qu'il est si facile de poster une photo sympa, mettre un petit commentaire décalé, un titre coruscant pour faire un article hebdomadaire, au moins.
Las, il y a trop à faire pour cela, en tout cas trop pour nos esprits velléitaires...
Toutefois, tout n'a pas été laissé à l'abandon, et notre cuisine a même pris une forme praticable à défaut d'être réellement esthétique.
Nous avons donc testé le coffrage de terre-chanvre-chaux pour un de nos murs: intéressant mais long, surtout avec le printemps moisi que nous avons subi. Quand je dis "moisi", ce n'est même pas une métaphore, le mur terminé s'est couvert au bout de quelques jours d'un voile blanc, qui a laissé place à des taches "roquefort", sur fond orangé. Heureusement un déshumidificateur a permis d'enrayer le souci, apparemment normal. Ici c'est bio!
La structure en chevrons, fabriquée par les pros qui nous ont encadrés durant la journée de "lancement de chantier"

Quelques bétonnières plus tard, le mur monte, les banches aussi.


Dernières banches, pas les plus aisées...

De l'autre côté, le mur nord à nu...

... et ses pierres mobiles! Heureusement, ce n'est que sur une toute petite partie.

Le mur "historique", avec son chaînage en granit: ici c'était une fenêtre.

Découragés par la longueur du procédé et par la nécessité d'obtenir un mur droit pour la cuisine, nous avons décidé de faire isoler en ouate de cellulose insufflée (du papier journal broyé et projeté) et en fermacel (le placo écolo)
Finalement, la cuisine ne sera posée que dans un bon mois car il reste encore beaucoup à faire... Il est temps cependant, car le cuisiniste voulait nous l'installer fin août, trois jours avant notre mariage!
V.

jeudi 25 avril 2013

Mont de Pitous-Chantiers: deux mois d'arrêt

Non, les préparatifs du mariage n'occupent pas tout notre temps. Il faut dire que depuis cinq ans qu'on y pense, un certain nombre de détails ont été arrêtés, mais nous y reviendrons. Nous sommes toujours dans notre grand projet de cuisine qui devrait nous occuper jusqu'à l'été. Revue de détails du chantier.
Débuts du chantier, l'enthousiasme des premiers coups de burin, les grandes plaques de plâtre ou de béton qui révèlent un mur hétéroclite et bigarré...


 Le piquetage avance, les meubles bougent, mais l'élégance demeure (observez comme la manique est assortie avec ce qui reste de la peinture)

 Dans les moments de fatigue, on peut compter sur nos bêtes pour donner un coup de patte (mais nous ne sommes pas comme cette feignasse de Cendrillon à faire travailler des animaux à notre place!)

"Assez bossé, je vais roupiller et mettre de la poussière sur le lit!"

 Les choses prennent forme et de belles surprises se dévoilent, comme ce chaînage en granit sur le mur de la maison initiale: vous voyez ici notre future buanderie (oui bon, on va juste mettre les machines à côté de la porte de la cave sous l'escalier...)

Au dessus du radiateur, là où il y eut jadis une infiltration (et une plante plongeant ses racines dans le mur) nous retrouvons le conduit de cheminée soigneusement bouché avec de la brique et du n'importe quoi.
 "Euh Paulo, tu sais comment fermer le conduit? - T'as qu'à bourrer avec de la merde, on s'en fout, personne ira voir!"

Tiens, il reste des racines de Monstroplante. Elles sont assorties au papier peint d'époque.


Une poutre maintenant! Non nous ne sommes pas sur une faille sismique, j'ai juste fait tomber le plafond gondolé.Admirez l'isolation très perfectionnée à base de plaque de polystyrène superposées: imaginez-moi maintenant dans la voiture, entièrement bourrée de ces dites plaques sur le chemin de la déchetterie.

L'ergonomie dans une cuisine, c'est essentiel. La vie est une jungle: struggle for strudel! Même pour cuire des pâtes il faut jongler.
Bon, ce n'est pas le tout, mais c'est trop l'heure d'aller à la déchetterie... les quatorze sacs de gravats m'attendent!

V.

lundi 4 mars 2013

En direct de notre glacière

Avec un peu de retard sur l'an dernier, il me semble, nous avons pris notre premier déjeuner sur la terrasse, bien emmitouflés - alors qu'objectivement, il faisait meilleur au soleil qu'à l'intérieur de la maison... Ce genre d'observation n'incite à piquer notre mur qu'avec plus d'ardeur!

Les travaux dans la cuisine n'étaient pas le seul chantier au programme : sur le front de l'agrégation, il y a aussi du nouveau. Les programmes sont parus il y a quelques jours. C'était plus confortable de les attendre! C'est qu'il va falloir se mettre sérieusement au boulot... Adieu séries américaines et soirées jeux de société? Adieu glandage sur le net? Il va falloir rogner sur quelques activités (où l'on apprend que virevolter d'un site à l'autre est une activité), mais il n'est pas pour autant question de s'arrêter de vivre! Ce serait dommage, par exemple, que Montdepitous décède sans espoir de résurrection passagère lors des vacances scolaires!

Souhaitez-nous bon courage, et à très bientôt pour des billets en images!

Pitou G.

samedi 2 mars 2013

Picoti picota

Je tape ce billet avec difficulté, n'ayant pas encore totalement recouvré l'usage de ma main droite - à l'état naturel, elle a désormais la forme d'un crochet. Il faut dire que depuis quelques jours, je passe au moins quatre heures par jour à piqueter le mur sud de notre cuisine dont nous avons déplacé les meubles. 
On commence plein d'entrain en chantonnant
 "Respire, petit mur; je te fais du bouche à bouche burinal
Respire, petit mur, je vais te libérer, yeah yeah!"
sur  un air sans cesse renouvelé; au bout d'un quart d'heure, on a peine à lever le maillet, et on est à deux doigts de s'écraser la main en visant le burin. Mais rassurez-vous, on finit par ne même plus sentir ses épaules. Je vous dirais bien qu'il faut deux heures pour mettre à bas un mètre carré de plâtre. La vérité, c'est que tout dépend du matériau sur lequel on tombe, de l'épaisseur du plâtre, voire du taux d'humidité (tous en choeur! "oooooh oooh, respire petit mur!").

Cool, on va vivre dans un loft new-yorkais!

Dans le meilleur des cas, vous avez à faire à de la brique... pour peu qu'elle n'ait pas été recouverte d'une couche plus ou moins dense de ciment. Quelquefois, le joint s'effrite tant et plus, si bien qu'une délicieuse brise hivernale caresse vos joues poudreuses. Pour le coup, votre mur respire un peu trop... Parfois, vous avez la surprise de découvrir un bout de tuyau désaffecté, des bouts de bois, des câbles électriques ou des prises vintage noyés dans la masse. 
Mais la majeure partie du mur est constitué de pierres à la surface irrégulière, à peine moins fragiles que de la brique. Si vous espadonnez avec un peu trop d'ardeur, vous vous transformez en tailleur de pierre. Tout l'art consiste alors à choisir le bon outil : si monsieur Toupla est idéal pour nettoyer la brique, monsieur Pointu peut décoller d'impressionnantes plaques de plâtre d'un support rugueux (là, vous chantez "Monsieur pointu" sur l'air du feu club Dorothée, parce que votre homme vous a promis l'enfer si vous tentiez une énième variante de "Respire, petit mur")

Avec pareil équipement, on piquette chou (mais attention aux câbles électriques, pika pika!)

Mon homme s'est attaqué au mur ouest. À un moment, l'odieuse chape de ciment a laissé place à  du carrelage blanc. Petit à petit, on reconstitue mentalement la géographie de l'ancienne cuisine.

Tiens, un porte-savon

Au moment où je vous écris, j'ai décrété un jour de congé - le temps de réussir à ouvrir de nouveau ma main. Voici le résultat encore provisoire :

Admirez l'habile transition brique-pierre et les câbles électriques autrefois cachés sous le plâtre

Piquetout G.

mercredi 27 février 2013

Ça va bancher!

Je n'aurais pas l'aplomb de vous dire que la rareté de nos billets s'explique par une intense vie sociale ou une dévorante activité professionnelle. Je reconnais qu'il y a un peu de laisser-aller dans tout ça. Mais 2013 s'annonce comme une mise à mort des velléités : certains projets en souffrance depuis des mois ou des années vont prendre corps.

  • C'est décidé, nous allons tous les deux passer l'agrégation. Dans l'attente de la publication des programmes, nous nous sommes rabattus sur les rapports de jury. Depuis, j'oscille entre espoir et résignation. Après onze ans de pratique, je ne peux plus me réfugier derrière l'excuse "J'attends d'être plus à l'aise dans mon métier". On raccroche le pipeau et on se frotte à la réalité. 
  •  Nous nous marierons sans doute en automne, mais cela fera probablement l'objet de nombreux postes à venir. Tremblez, traiteurs et restaurateurs : vous allez connaître mon homme! Mais n'anticipons pas.
  • Il y a un peu plus d'un an, nous avons fait poser un poêle à granulés. Vous avez vainement attendu les photos; je suppose qu'on attendait d'avoir enduit et peint le mur. Honte sur nous, ce n'est toujours pas fait. Il faut dire que :
  1. On ne va pas peindre alors qu'on va installer sous peu le placard qui manque à notre rez-de-chaussée pour être vraiment fonctionnel.
  2. On ne va pas faire ce placard tant qu'on n'a pas isolé ce qui reste la pièce la plus froide de la maison!
  3. Avant d'isoler le salon, des travaux d'électricité s'imposent.
  4. Quitte à faire une mise aux normes électriques, autant prendre nos dispositions pour le branchement d'une plaque à induction...
  5. Et tant qu'à faire, si on refaisait carrément la cuisine! Il paraît qu'un casserolier, c'est censé s'ouvrir sans qu'on ait besoin de soulever le tiroir du dessus et que la résistance d'un four digne de ce nom ne tient pas grâce à une grille détournée de son usage originel (et, scoop, le clong qu'on entend à chaque ouverture du four, c'est la paroi interne de la porte qui brinquebale). Il est plus que temps aussi de dire adieu à notre micro-onde du crétacé dont nous tournons le potentiomètre à l'aide d'une pince depuis... quelque chose comme... sept ans...
  6. On a beau avoir signé le projet cuisine fin septembre, les choses n'avancent guère : l'électricien-plombier qui était si prévenant et si disponible a disparu mystérieusement, malgré ses promesses répétées auprès du cuisiniste. Le devis d'un de ses confrères a failli donner le coup de grâce au projet ("Revenez dans quinze ans, quand nous aurons les sous") et, coup de théâtre, le premier électricien a reparu, deux ex machina aux tarifs plus raisonnables.
  7. Reste que, quitte à refaire la cuisine, autant commencer par isoler la pièce (ça ne finira donc jamais?). L'option basique laine de verre+ placo a, dans un moment d'égarement, failli remporter notre suffrage. Il est loin le temps où les Pitous jouaient les grosses bourgeasses, ne se refusant ni fenêtres en chêne, ni laine de bois au grenier... Loin? Pas si sûr! On ne changera pas vos Pitous! Après des heures passées sur différents forums ou le museau collé à de vieux magazines, nous nous sommes laissé convaincre par l'enduit chaux-chanvre, beaucoup plus adapté au bâti ancien. Notre maison ne sera jamais un cheval de course en matière d'économie énergétique, mais il y a moyen de la rendre thermiquement plus confortable, pourvu qu'on laisse ses murs respirer. Ce qui nous amène au dernier projet...
  • Nous allons réaliser nous-mêmes la correction thermique de l'extension qui abrite la cuisine, après avoir démonté les anciens meubles. Une artisane habituée à travailler avec le chanvre va nous accompagner au début du projet, monter avec nous l'ossature bois et nous montrer comment réaliser le mélange. Il paraît que la technique du banchage (en gros, on tasse le mortier derrière un coffrage de planches qui sera retiré quand le mélange se sera solidifié) ne requiert pas une grande expertise technique. Si d'aventure nous nous révélions de pures quiches, on aurait toujours la possibilité de demander à madame Chanvre de finir le chantier. Il ne faut pas trop traîner si on veut que la cuisine puisse être montée en juin : le temps de séchage est d'environ deux mois. Une fois les panneaux de fermacell en place, on laissera le cuisiniste travailler... Ça va bancher!
En attendant, on a déjà trouvé un remplaçant pour notre vieux micro-onde. 
Fournie avec votre appareil du Mézozoïque, une pince Mégazoulique!
 Je n'ose pas vous montrer l'intérieur.

Enfin un four assorti à nos chats!

En bonus exclusif : la porte qui fait clong.

samedi 23 février 2013

Ô Footix, ô roi du X

Quoique fort modeste, ma résolution visant à publier plus de messages dans les deux premiers mois de l'année qu'en 2012 est en passe d'être ratée. Et puis franchement, ce mois de 28 jours, ça n'aide pas beaucoup! Même en comptant sur les vacances (youpi!), à moins de publier plusieurs fois par jour, il sera impossible de tenir le pari. Qu'importe : ça ne m'empêchera pas de profiter de cette quinzaine pour écrire à un rythme plus soutenu.

Le maudit
Je ne suis pas mécontent de souffler après une période assez agitée. Je me remets tout juste de la visite d'un inspecteur, il y a quinze jours, et du projet farfelu que je me suis collé sur le dos à cette occasion. Vous penserez bien, surtout, à écouter France Culture à l'occasion du prochain Printemps des Poètes : il y a à peu près une chance sur quatre cent soixante quinze millions que l'un des enregistrements de mes gnomes soit diffusé. "Ben ça sert à quoi de faire un concours pour passer sur une radio que personne n'écoute? Ils passent le poussin Piou, au moins?" Printemps des poètes, donc... Ne leur jetons pas la pierre, ils ont été mignons tout plein le jour de l'inspection (même si je subodore que l'autorité calme et naturelle qui m'a été créditée tenait beaucoup à la présence au fond de la classe du chef et de notre hôte du jour). Et puis c'est vrai qu'ils pourraient diffuser le poussin qui fait piou sur France aviCulture, de temps en temps! J'entends déjà la voix feutrée de Raphaël Enthoven annoncer : "Après ce passionnant entretien sur la métaphysique du multiple, retrouvons le poussin Piou". Remarquez, pour que cela arrive, il faudrait que Raphaël Enthoven soit encore à l'antenne.

Le regretté Footix
Mais laissons de côté l'actualité des médias : le scoop du moment au collège Haquenée, c'est une torride copie d'élève. La semaine dernière, Footix est entré en cours de latin et m'a annoncé en hochant sa tête de toon : "J'ai ajouté un nouveau personnage à ma rédaction : maintenant, vous êtes dedans!", alors que ses petits camarades le suivaient dans un bourdonnement inaccoutumé (si j'osais, j'écrirais : plus inaccoutumé que d'habitude, mais la langue française ne peut quand même pas tout endurer, surtout depuis le coup du poussin qui l'a laissée à genoux). Bref, l'excitation était telle que je voyais des étincelles voleter autour de leur tête. Le lundi suivant, je demande à Footix s'il a récupéré sa copie. Cet idiot ne songe même pas à me mentir... À force de pressions savantes et de menaces ("autorité calme et naturelle", n'oubliez pas), je lui extorque sa copie. L'annotation très sobre de ma collègue ("Il y a des limites à ne pas franchir et tu les as franchies") ne laisse pas deviner à quel point cette copie a transformé son week-end en cauchemar... Je parcours la dizaine de lignes (Footix ne s'est pas foulé) devant un public aux aguets. Sous les regards fiévreux, inquiets, impatients, je sens mes globes oculaires s'écarquiller exagérément. Je me demande un instant s'ils ne vont pas jaillir de leur orbite, mais ils restent en place jusqu'au point final.
Parmi les huit sujets proposés par ma collègue, Footix a donc choisi d'écrire une déclaration d'amour. À son professeur d'histoire (ça, ça ne figurait pas dans le sujet), un breton plutôt grincheux. Quand je parle de déclaration d'amour, entendons-nous bien : Footix ne s'appesantit pas sur ses sentiments :
Quand je vous vois en cours, face au tableau, je vous imagine nu en train de manger une galette-saucisse.
C'est dans un dernier paragraphe débordant de tendresse qu'apparaît votre serviteur :
On pourrait proposer un plan à 3 à Pitou G.
Ah ouais, quand même... Footix a semblé rassuré que je ne l'étrangle pas sur place. Pourtant, je n'ai pas éprouvé le moindre picotement de colère;  a posteriori, je suis même soulagé d'avoir su conserver mon sérieux. Comment l'expliquer ? je ne me suis pas senti insulté. On ne peut pas en dire autant de mon collègue...
En fait, si quelque chose pouvait me vexer dans cette histoire, ce serait sa réaction à lui. À sa décharge, il n'était pas loin d'être le dernier au courant. Quand il m'a accueilli au self d'un "Non, sache que je ne suis pas intéressé" d'un ton qui se voulait comique mais qui exsudait la fureur contenue, j'ai compris que l'infortunée correctrice avait trouvé le courage de le prévenir. Je me suis retenu de lui rétorquer : "Non, mais franchement, tu t"es vu?" et me suis surpris à me demander comment, moi, j'avais pu n'être qu'une pièce de second choix pour Footix... En relisant la dernière phrase de Footix, j'ai su que mon estime personnelle ne s'en remettrait jamais :
 On pourrait proposer un plan à 3 à Pitou G. et à beaucoup d'autres.

Même pas du second choix : une possibilité parmi une foule d'anonymes... Mais au vu des circonstances, je devrais plutôt m'estimer heureux de ne pas être l'objet de son affection.

Pitou G

PS : Je ne sais pas trop où en est l'affaire, vacances obligent. Une rencontre a dû avoir lieu en urgence entre la famille et le chef. Que je ne me sente pas atteint dans mon honneur ne signifie pas que je ne sois pas inquiet pour Footix et halluciné par son incapacité à distinguer pochade personnelle et devoir scolaire  (après, il projette les images qu'il veut dans son cinéma intérieur, c'est son affaire). Rien de sincère dans son écrit, bien sûr, sans doute un pari imbécile, une bravade dont il n'a pas mesuré les conséquences. Je ne suis même pas sûr qu'il ait eu l'intention de blesser qui que ce soit. Pour peu qu'elle soit faite intelligemment, une mise au point sera bienvenue. J'espère juste que la virilité outragée de mon collègue (la mienne se porte comme un charme, merci) ne nous fera pas déraper vers une sanction lourde.

lundi 4 février 2013

Très Zélé Remplaçant

Je suis dans ma sixième année en tant que Titulaire sur Zone de Remplacement.
Le statut est un peu ingrat, beaucoup se plaignent d'être assez mal traités. Normal, on bouche les trous: les zones sont grandes (et de toute façon, pour faire face à la pénurie, il a été décrété que notre zone, c'était aussi toutes les zones limitrophes), les postes partagés fréquents et les profils ne correspondent pas toujours aux besoins (on enseigne aussi parfois les "matières connexes" - heureusement, nul ne prétend me faire faire des maths).
Pourtant, cela me convient assez bien: d'abord je n'ai presque jamais quitté notre préfecture. Ensuite, les professeurs à remplacer ont souvent des avantages dont on bénéficie; emploi du temps sympathique et salle de classe unique. Enfin, quand on exerce des suppléances courtes, on peut prétendre à une indemnité compensant la sujétion du remplaçant qui ne choisit rien (heures supplémentaires, fonction de professeur principal notamment). Puis il faut croire que cela correspond à une tournure de mon caractère: l'incertitude nécessite des capacités d'adaptation, le statut justifiant aussi ma paresse; comment préparer quoi que ce soit durant l'été quand on ignore tout de ce qu'on fera à la rentrée? 
L'an passé, la cigale ayant chanté tout l'été se retrouva fort dépourvue quand on lui demanda le 27 août de faire cours sur les mémoire du Général De Gaulle pour la rentrée (programme de terminale littéraire 2011/2012). Ceci dit, cela s'était très bien passé: les élèves me prenaient pour un gaulliste forcené mais avait fini par intégrer deux ou trois éléments qui leur ont été utiles le jour J.
Cette année, c'était byzance; je savais être affecté pour cinq mois au lycée Margotte. J'ai donc pu me faire plaisir en étant très ambitieux: Molière, Marivaux, La Fontaine, Racine, Beaumarchais, Voltaire, Fénelon... Hormis le calvaire des copies (bac blanc: trois devoirs/heure), j'ai vraiment beaucoup aimé, cela me motivant pour passer l'an prochain l'agreg-le-millionnaire (remerciez SabyBanana).
Le collègue remplacé m'ayant déclaré en novembre: "Je reprends fin janvier", j'ai donc consciencieusement prévu de travailler jusqu'au 31 janvier, m'organisant dans mes corrections et mes cours tant bien que mal. Mercredi dernier, après une sortie cinéma un peu branquignole dans les détails ( à l'aller: deux cars pleins, le mien à moitié vide: ma classe et quatre pèlerins - les autres ayant pris un bus de ville. Au retour, quatre accompagnateurs dans un car, un dans chacun des deux autres...), je reçois un appel: "Allô le lycée Vive l'Europe de Boudin-sur-champs, vous êtes affecté chez nous à partir d'aujourd'hui! Vous aurez une classe de CAP vente alimentaire et une première bac pro secrétariat, mais pour le moment c'est juste pour trois jours. Vous êtes content?" Interloqué, je rétorque que je n'ai pas le don d'ubiquité et que dois déjà finir le premier remplacement. Le proviseur surpris me demande de vérifier mon arrêté d'affectation: "Pitou V. est affecté au lycée Margotte du 01/09/2012 au 27/01/213". Diantre!
Quand je disais à mes élèves qu'il fallait lire entre les lignes... j'oubliais de lire les lignes de mon contrat! Branle bas de combat: je préviens le collègue (qui s'est offert trois jours de congés sur mon compte) pour organiser le relais et je me rends au lycée Vive l'Europe
Moi qui aime le changement, je ne suis pas déçu: je suivais 110 élèves, je n'en ai plus que 21... mais là, je vais oublier Phèdre et Ruy Blas. Il ne me reste plus qu'à découvrir le programme, comprendre le niveau requis et voir le niveau réel. Quant aux cours d'histoire, on verra plus tard; je ne suis là que pour trois semaines. Pour le moment du moins. TZR, toujours prêt!
V.

mercredi 16 janvier 2013

Le pot de Lalouze

Demain, c'est la galette des rois. C'est assez tordu de le faire aussi tard; cela a au moins le mérite de laisser passer l'écoeurement qui suit les fêtes de fin d'année. Remarquez, dans le lycée où Pitou V. travaille jusqu'à la fin du mois, ils tirent les rois le 21 janvier, l'anniversaire du régicide - celui qui a la fève se fait décapiter. Se bourrer la panse de frangipane, c'est un passage obligé dans le calendrier social de tout établissement qui se respecte, mais c'est loin d'être le plus redoutable.

Le point d'orgue des mondanités dans l'année scolaire, c'est le pot de fin d'année, début juillet. Vous croyez peut-être que ça fleure bon les vacances? Ne sous-estimez pas les enjeux d'un tel événement que tout le monde redoute. Pour peu qu'il y ait départ en retraite, ça peut prendre de sacrées proportions. La dernière fois, une collègue qui était en poste depuis 25 ans et qui a obtenu sa mutation dans un bahut voisin parce qu'elle se sentait incapable de supporter une année de plus les deux canards de son équipe, n'a pas fait mystère des causes de son départ dans son petit laïus... Elle a été très applaudie par la quasi totalité de l'assemblée. Inutile de préciser que l'atmosphère était assez électrique...
Le pot de fin d'année offre aussi l'occasion de faire de petits cadeaux aux remplaçants dont on se doute qu'ils reviendront l'année d'après, mais quand même c'est pas sûr ("ah? c'était elle la prof d'espagnol?"). Le chef en égrène la liste. Les gens concernés ne s'avancent même pas au centre de l'arène - car, phénomène mainte fois observé, un front en arc de cercle laisse désert la plus grande partie de la salle polyvalente, tout le monde se tassant près des murs. Et pourtant, l'une d'elle se hasarde au milieu de la piste pour aller chercher son stylo-plume, devant deux cents personnes. Il n'y en a qu'une, et c'est Lalouze.

"Oh lala! Excusez-moi! Je viens d'arriver! Mais vous ne savez pas ce qui m'est arrivé? C'est terrible! J'ai une fuite chez moi! Oh lala! J'ai du mal à atterrir, c'est pour ça!"

Ce discours-là n'a suscité aucune ovation. De toute façon, les choses sérieuses s'annoncent! Il est temps d'écouter le vibrant hommage de Stentor à notre doyenne, Sylvie Jolie. Son défi consiste à lui souhaiter une bonne retraite, sans jamais prononcer ce mot, sous peine de heurter sa sensibilité. Bienvenue au royaume de la périphrase! Toute l'équipe de lettres a rejoint Stentor sous les feux de la rampe - dieu que c'est intimidant! Notre collègue se sort de sa petite allocution avec les honneurs. Sylvie est ravie, nous fait la bise, se fend d'un petit mot plein d'émotion. À peine a-t-elle achevé sa dernière phrase que Cinderella Lalouze s'élance de nouveau au milieu de la salle.
"Oh lala Stentor! C'était très bien ce que tu as dit. Tu sais quoi? Moi j'ai une fuite. J'ai du mal à atterrir, si tu savais!"

Pour souligner le cocasse de la situation, rappelons que Cinderella avait commis quelques semaines plus tôt une lettre de délation fustigeant les pratiques dégradantes de Stentor, coupable d'avoir choisi une pièce répugnante pour un projet pédagoguique. Sylvie Jolie nous montre ensuite le lecteur CD qu'elle a reçu, ce qui a naturellement amené Cinderella à nous confier en aparté : "oui, mais moi j'ai une fuite."
Le temps des discours et l'ouverture des cadeaux est enfin terminé. Il ne reste que le plus agréable : se faufiler jusqu'au buffet. J'ai ma technique pour être au plus près des petits-fours : je suis comme une ombre ma collègue A., la reine des pique-assiette. Malheureusement, Cinderella semble connaître les mêmes astuces que moi... Je n'ai pas avalé deux feuilletés à la saucisse qu'elle est déjà sur mon dos!

"Vous n'imaginez pas ce qui m'arrive [tiens, aujourd'hui elle me vouvoie... on doit être mardi]! J'ai une fuite chez moi! C'est pour ça, j'ai du mal à atterrir!"
Je pressentais qu'elle allait jouer les sangsues. Or, la nervosité me fait faire absolument n'importe quoi. J'ai donc répondu. Et j'ai fait de l'humour. J'ai beau savoir qu'elle est incapable d'accéder au second degré et à un langage imagé (elle doit être un peu autiste), je ne peux pas m'en empêcher:

"Ce n'est pas surprenant que tu aies du mal à atterrir, si tu as une fuite. As-tu seulement essayé d'amerrir, pour voir?"
Je ne pouvais tout de même pas lui dire qu'elle nous l'avait déjà dit trois fois! Un nuage voile son regard. Ce n'est pas grave, elle enchaîne :
"En plus, en-dessous de chez moi, c'est une banque, alors il n'y a personne le soir. je ne sais pas comment ça va se régler!
- Ne t'en fais pas! Les banques, ce n'est jamais contre un peu de liquide! Excuse-moi, je vais faire passer ce plateau de douceurs..."
 OK, je me suis farci le service pendant un bon quart d'heure, mais au moins j'avais trouvé une issue de secours. J'ai été bien bête de m'embarrasser de tant de tact! Du coin de l'oeil, j'ai vu Lalouze se planter devant Baryton qui, aux seuls mots de "J'ai une fuite", lui a explosé de rire au visage. La prochaine fois, je fais pareil.

Pitou G.

P.S. : Oui, mais moi, j'ai une fuite.

dimanche 13 janvier 2013

Mon voisin est bleu comme une orange humide

"Tu vois, Paméla, tu peux mettre la machine au niveau trois. Tu verras, c'est plus dur, mais c'est mieux pour toi!"
La quadra blonde qui vient de s'installer sur le vélo elliptique qui jouxte le mien a apparemment une vocation de coach sportif. Elle tourne ensuite la tête vers le tableau de bord (je suis sûr qu'un A380 n'en a pas de plus sophistiqué) de mon appareil. Du coin de l'oeil, je perçois sur son visage l'affaissement de toutes ses certitudes sportives et distingue, entre deux envolées musicales de mon I-pod (je vous fais grâce de la bande-originale*) sa réaction incrédule :
"Niveau 7! Waouh!"
Tout en continuant de pédaler, j'ai un peu bombé le torse, mais je me suis retenu de la corriger : en fait, j'étais au niveau 8. Profitons de son admiration tant que je ne halète pas encore comme un âne! Il n'est pas utile de lui préciser qu'au bout d'une demi-heure à ce rythme, je suis plus mouillé que l'océan : elle s'en rendra compte bien assez tôt! La salle de gym (dont le nom tarte est caché dans le titre) n'est pas le meilleur endroit pour traquer des cougars.

Pitou G.


*Finalement non. Si ce n'était pas ça, c'était son frère. Y a pas mieux pour pédaler :

jeudi 10 janvier 2013

L'iliaque et l'Odyssée

Jetons encore toutes nos forces dans la bataille et peuplons ce blog en convoquant de vieux souvenirs. Notre ami Poussinou nous a parlé d'une ancienne condisciple de fac, une certaine Marie-Odile sortant de l'ordinaire. Une fois, en sortant d'une épreuve de dissertation, elle s'est plaint de sa voix nasale :
"Ohlala Poussinou, ça va pas du tout! J'ai fait un plan en sept parties!"
Effectivement, ça fait beaucoup. Mais ça, c'est juste du folklore...La particularité la plus à part de Marie-Odile, c'est son sens esthétique. Sa voiture était parée de mille colifichets, une décoration hippie dont la pièce maîtresse était un fémur de boeuf trônant sur la plage arrière. Intrigué, Poussinou lui demanda pourquoi elle trimballait partout un os de bovidé. Elle répondit sur un ton d'évidence :
"Ma mère en avait assez de le voir cloué sur la porte de ma chambre."

mardi 8 janvier 2013

Expresso express

Le 2 janvier, après le traditionnel marathon des fêtes, nous moulions comme il se doit devant une tasse de café préparée amoureusement par mon homme et un épisode de Fringe, quand nous reçûmes un coup de fil de Poussinou, notre ami amiénien, le même Poussinou qui ne nous avait pas fait signe depuis une éternité en dépit de la somptueuse carte virtuelle peuplée de fées scintillantes sous une cascade de fleurs envoyée pour son anniversaire. La qualité est très mauvaise, j'entends à peine ce qu'il me dit. C'est ce moment que choisit la sonnette pour carillonner... Je laisse Pitou V. ouvrir pendant que je gagne la cuisine dans une ultime tentative pour poursuivre la conversation téléphonique. Tout ça pour me faire raccrocher au nez. OK, on n'entendait rien, mais ça n'empêche pas de saluer les gens avant de les congédier! Tant pis, on se rappellera plus tard. Je retourne au salon où je trouve mon homme en train d'adresser ses voeux à Poussinou en personne. Ce n'est pas encore cette année que j'aurai le prix Nobel de la perspicacité! Rien vu venir, le Pitou!

Quelques minutes plus tard, le copain de Poussinou nous rejoint - il était allé saluer son aïeul qui, le monde est petit, habite près de chez nous (il se trouve que Poussinou connaît bibliquement le fils du Bolivien - le monde est très petit). Je parviens à sortir de mon ahurissement pour proposer une boisson à nos hôtes et revient peu après avec un expresso pour Bolivien Junior et un thé pour Poussinou. L'après-midi suit son cours; après avoir rappelé combien je suis mauvais joueur ("tu es quand même le seul que j'ai vu remplir un verre exprès pour le vider rageusement dans l'évier - tu étais trop poli pour le jeter sur nous"), Poussinou a donné la pleine illustration de sa propre teignerie au jeu. Nos amis ne vont pas tarder à reprendre la route après cette brève étape, le moment de proposer une nouvelle tournée. 

Face à la machine à expresso, je me sens soudain un peu déboussolé. Je n'arrive pas à remettre la main sur la boîte de café moulu que j'ai forcément laissée à côté de la machine un peu plus tôt... En dévissant le porte filtre, j'ai l'étrange impression d'accomplir ce geste pour la première fois de la journée. Dernière bizarrerie : c'est le filtre pour deux qui est en place alors que Junior est le seul à avoir pris un café, tout à l'heure! Damned! J'étais tellement déconcerté par l'arrivée inopinée des Amiéniens que j'ai réutilisé notre vieille mouture! Junior a eu le droit à une ignoble lavasse! Trop poli pour s'en plaindre, il a poussé la courtoisie jusqu'à accepter d'en reprendre! La deuxième tasse ne fut sans doute guère meilleure : une fois que j'ai remis la main sur la boîte, j'ai constaté qu'il en restait à peine de quoi tapisser le filtre individuel.

Le 2 janvier, les Pitous ont perdu une étoile.

Pitou G.

samedi 5 janvier 2013

Lexicon

J'ai bien conscience de racler un peu les fonds de tiroir, mais nécessité fait loi : j'ai pris la résolution de produire au cours des deux prochains mois plus de billets que l'année dernière et je compte bien m'y tenir. Annoncé comme ça, ça sonne comme un exploit; c'est oublier un peu vite que nous avons écrit la somme hallucinante de 17 articles courant 2012, comme me le rappelle la cruelle colonne de gauche à chaque connexion.

J'ai donc entrepris de fouiller mes brouillons à la recherche de pépites inexploitées. Il faut reconnaître que certains titres sont alléchants. Mais vu qu'ils ne sont suivis d'aucun développement, je ne sais fichtre pas de quoi je voulais parler. Quand il y a un embryon de texte, il est suffisamment énigmatique pour que je soupçonne un écrivain paresseux possiblement non francophone d'avoir piraté mon compte. Mon regard se pose sur un brouillon sombrement intitulé "Tout doit disparaître" et je me dis que tout est perdu. Mes yeux glissent alors sur le brouillon suivant, l'espoir renaît et j'éclate de rire. Il ne contient pourtant que deux mots : éponge surnuméraire.

Il faut remonter à l'été 2011, à l'époque où la YoungFamily n'avait pas encore emménagé dans sa nouvelle maison. C'est un euphémisme que de dire qu'à l'époque, il y avait beaucoup à faire pour en faire l'home sweet home tant attendue. Mon Pitou V. proposa immédiatement notre aide pour décrasser les lieux. Il est comme ça, mon homme, irrésistiblement attiré par la symphonie des cristaux de soude versés dans l'eau tiède (et accessoirement serviable). Du coup, on disposait parfois de plus de main d'oeuvre que de matériel pour lessiver les murs. Je me plantai donc devant YoungFather, la bouche en coeur :
"Est-ce que tu aurais une éponge surnuméraire, comme celle de Pitou V.?"
Et je le vis tout aussitôt foncer vers sa réserve secrète, sans me préoccuper de sa remarque : 
"Ah oui? C'est comme ça  que tu appelles ça, toi?"

Et muni d'une grosse éponge de chantier toute neuve, je me mis à frotter les murs en bonne Cosette que je suis. Ce n'est que bien plus tard que j'appris que YoungFather s'était tapé l'affiche auprès de sa belle-mère en lui donnant une leçon de vocabulaire :
"Vous voyez, belle-maman, les éponges comme ça, on appelle ça des éponges surnuméraires. Moi aussi, je l'ignorais. C'est un collègue qui me l'a appris."

 C'est merveilleux la langue française : on en apprend tous les jours. En apprenant l'anecdote, je me sentis un peu gêné : quel besoin précieux m'avait pris de parler comme un dictionnaire alors que, fagoté comme un sac, je m'apprêtais à récurer des murs? Mais je déculpabilisai quand je sus que YoungFather n'en était pas à son coup d'essai: il lui était déjà arrivé d'arpenter un magasin de bricolage en quête d'un cycloche...

Pitou G.

vendredi 4 janvier 2013

Lalouze et l'innocence

En vous narrant les folles enquêtes de Lalouze Investigation Corp., je vous laissais entendre que Cinderella était animée d'une passion obsessionnelle pour son collègue Baryton. Etant moi-même un détective dans l'âme, je dois maintenant vous en apporter la démonstration. 
Voir  (et entendre, parce que cela ne se fait pas sans un vacarme étonnant) Cinderella trottiner à la recherche de l'objet de ses voeux à longueur de temps est un indice, mais cela ne constitue pas une preuve formelle. J'ai cependant recueilli des témoignages sans équivoque pour établir qu'une midinette perverse se dissimule sous des dehors de phoque vitulin.
Le hasard, combiné à une programmation musicale peu étendue, voulut que Cinderella se trouvât dans les coulisses d'un concert en même temps que Baryton et son épouse. Profitant d'un bref tête-à-tête avec celle-ci, elle lui glissa :
"Alors comme ça, c'est vous, l'épouse de Baryton? Ça me surprend, parce qu'une fois j'ai croisé Baryton en ville avec une femme et ce n'était pas vous..."
CQFD

mercredi 2 janvier 2013

L'hystérie d'Hamtaro

Vivre dans une ville à taille minipouce humaine a de multiples avantages. Bien sûr, vous ne pouvez pas mettre le nez dehors sans tomber sur quelqu'un que vous n'avez pas forcément envie de voir et je sais bien que d'ici dix ans, je ne pourrai plus éviter les boutiques où travaillent d'anciens élèves. Mais j'apprécie de me passer de voiture au quotidien ; quant à ceux qui n'ont pas ce luxe parce qu'ils vivent à St-Patelin-des-bois ou Bourg-le-Zouave, ils s'épargnent les bouchons à répétition, à condition d'éviter les abords de Jules-Edouard Leclerc sur le coup de 18 heures. 

On pourrait croire que bénéficier de telles conditions de vie inciterait à la détente. En fait, ça rend les gens encore moins patients : tout obstacle est vécu comme une souffrance insupportable. Pis, un affront : ils sont le couillon de service pris dans un embouteillage en quasi-cambrousse, le débile profond de la circulation routière. Or, il y a quelques semaines, il a fallu pour une raison X ou Y que l'on fermât un axe très passant à deux pas de chez nous. Pendant quelques jours, notre rue, d'ordinaire déjà assez peu calme, a été encombrée du matin au soir, transformant l'automobiliste lambda en créature des marais dégoulinante de bave. Mon homme a béni l'habitude qu'il a prise d'aller travailler en vélo, au moins jusqu'au vendredi soir, jour où l'on a atteint l'acmé gobelinesque car le flux habituel des clients de Leclerc se trouvait grossi des nombreux prétendants au week-end ou de Bretons regagnant la Bretonnie. Si notre quartier avait été un être vivant, il aurait ce soir-là succombé à une occlusion intestinale de première catégorie.
Mon homme se mouvait avec légèreté au milieu d'une foule de véhicules à l'arrêt dont les hôtes bouillaient intérieurement. Alors qu'il tournait à gauche pour rentrer à la maison, il coupa honteusement la route à une voiture déjà immobilisée. Trouvant enfin une cause visible à cet inadmissible embouteillage (à condition d'avoir le cerveau d'un hamster et de croire possible que la cause survienne après son effet), attentat délibéré à son honneur de conducteur couillu, un automobiliste que nous nommerons Hamtaro agonit Pitou V. d'insultes et de coups de klaxon – en cela imité par une demi-douzaine d'autres cochons d'Inde encagés. Klaxonner comme un beau diable constitue dans de telles circonstances, cela va de soi, une nécessité absolue : il faut avertir toute l'agglomération qu'un canard de cycliste a la folle audace de tourner à gauche alors même que vous, pauvre victime, vous êtes bloqués depuis six minutes dans un scandale de bouchon.
Puisqu'on vous dit qu'Hamtaro peut être une vraie teigne!
Pitou V. stupéfait mit alors pied à terre, interdisant à Hamtaro de poursuivre sa route sur la voie encombrée en roulant sur le toit des voitures le précédant. C'est ce qu'on appelle prendre un automobiliste en otage. Hamtaro ne le supporta pas. Il supporta moins encore que mon homme lui rappelle calmement qu'agresser les gens verbalement n'est pas conforme au guide du Castor Junior. Il sortit de son véhicule, aussitôt suivi par un genre de chihuahua que mon homme ne tarda pas à identifier comme sa guenon tendre amie, charmant petit bout de femme à tête de bouledogue peroxydée. Celle-ci affirma à V., avec l'arrogance que lui conférait son mètre cinquante, qu'elle allait lui casser sa sale gueule de cycliste en le tutoyant abondamment: V. lui rit au nez, comme de bien entendu. Quand son Riberri en armure blanche mima un coup de boule un peu plus tard, la sidération remplaça l'hilarité. Méfiez-vous des cons, surtout en colère. Reconcert de klaxons – c'est beau, tant de solidarité entre usagers de la route.
Pitou V ; réenfourcha son vélo et passa devant notre porte sans oser rentrer par crainte de représailles – parce que, l'auriez-vous cru ? Une fois le cycliste parti, les voitures n'avancèrent pas davantage. Oui, vraiment, je suis bien content de me passer de voiture au quotidien...

Pitou G.

mardi 1 janvier 2013

Donnez-nous un treize

2013 sera pittoresque ou ne sera pas.  Commençons-la du bon pied grâce à notre groupe slovène préféré : Les Vesele Štajerke. Et comme dit mon Pitou V : "Ils savent s'amuser en Serbie!" (mais ils sont nuls en géographie).

Très bonne année à tous!

P.S. : Essayez de tenir au moins jusqu'à 1:06...