Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

samedi 5 janvier 2013

Lexicon

J'ai bien conscience de racler un peu les fonds de tiroir, mais nécessité fait loi : j'ai pris la résolution de produire au cours des deux prochains mois plus de billets que l'année dernière et je compte bien m'y tenir. Annoncé comme ça, ça sonne comme un exploit; c'est oublier un peu vite que nous avons écrit la somme hallucinante de 17 articles courant 2012, comme me le rappelle la cruelle colonne de gauche à chaque connexion.

J'ai donc entrepris de fouiller mes brouillons à la recherche de pépites inexploitées. Il faut reconnaître que certains titres sont alléchants. Mais vu qu'ils ne sont suivis d'aucun développement, je ne sais fichtre pas de quoi je voulais parler. Quand il y a un embryon de texte, il est suffisamment énigmatique pour que je soupçonne un écrivain paresseux possiblement non francophone d'avoir piraté mon compte. Mon regard se pose sur un brouillon sombrement intitulé "Tout doit disparaître" et je me dis que tout est perdu. Mes yeux glissent alors sur le brouillon suivant, l'espoir renaît et j'éclate de rire. Il ne contient pourtant que deux mots : éponge surnuméraire.

Il faut remonter à l'été 2011, à l'époque où la YoungFamily n'avait pas encore emménagé dans sa nouvelle maison. C'est un euphémisme que de dire qu'à l'époque, il y avait beaucoup à faire pour en faire l'home sweet home tant attendue. Mon Pitou V. proposa immédiatement notre aide pour décrasser les lieux. Il est comme ça, mon homme, irrésistiblement attiré par la symphonie des cristaux de soude versés dans l'eau tiède (et accessoirement serviable). Du coup, on disposait parfois de plus de main d'oeuvre que de matériel pour lessiver les murs. Je me plantai donc devant YoungFather, la bouche en coeur :
"Est-ce que tu aurais une éponge surnuméraire, comme celle de Pitou V.?"
Et je le vis tout aussitôt foncer vers sa réserve secrète, sans me préoccuper de sa remarque : 
"Ah oui? C'est comme ça  que tu appelles ça, toi?"

Et muni d'une grosse éponge de chantier toute neuve, je me mis à frotter les murs en bonne Cosette que je suis. Ce n'est que bien plus tard que j'appris que YoungFather s'était tapé l'affiche auprès de sa belle-mère en lui donnant une leçon de vocabulaire :
"Vous voyez, belle-maman, les éponges comme ça, on appelle ça des éponges surnuméraires. Moi aussi, je l'ignorais. C'est un collègue qui me l'a appris."

 C'est merveilleux la langue française : on en apprend tous les jours. En apprenant l'anecdote, je me sentis un peu gêné : quel besoin précieux m'avait pris de parler comme un dictionnaire alors que, fagoté comme un sac, je m'apprêtais à récurer des murs? Mais je déculpabilisai quand je sus que YoungFather n'en était pas à son coup d'essai: il lui était déjà arrivé d'arpenter un magasin de bricolage en quête d'un cycloche...

Pitou G.

4 commentaires:

La Panthère Rose a dit…

Un teneur de blog se doit à un peu de dithyrambisme par moments si toutefois il souhaite garder l'attention de son lectorat... par conséquent j'approuve cette résolution de nouvelle année blogesque !
La langue française regorge de mots pouvant procurer des moments de franche rigolade... autant s'en servir effectivement... mais si possible à bon escient !

MamyS a dit…

Quelle belle langue que la nôtre! J'adore aussi quand, employant un mot rare ou un rien désuet, le sens est déformé, mal compris etc.
Pour ce qui est de la résolution prise, je ne peux que l'approuver!

inci a dit…

Très bonne année à vous chers Pitous ! Bien qu'étant une "raclure de fond de tiroir", cette anecdote m'a fait pouffer de rire : merci ! :-)

Anonyme a dit…

Excellent G. ! happy 2013 !
Jecaracoledebarenbar.