Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mercredi 30 septembre 2009

Haquenée dans ta tévé

Je reviens tout juste, fourbu, d'une grande expédition à la capitale régionale pour cause d'appendice stagiaire (je suis pas clair : c'est la fourbitude) et pour cause de ratage de train, aussi. Mais je ne pouvais pas vous laisser plus longtemps dans l'ignorance d'un tel scoop : si vous aimez la TNT et les présentatrices has been, un peu d'Haquenée s'est peut-être invité dans votre salon à l'heure du petit-déjeuner, hier (ça rime avec stagiaire)(faut vraiment que je dorme)(et que je mange).

Pitou G.

mardi 29 septembre 2009

Glamourous mix

Ce matin, alors que je voulais gonfler mes poumons de l'air revigorant du petit jour (et accessoirement aérer notre antre de fauves) avant d'affronter une longue journée de labeur, ou plutôt de longues attentes entre de petites sections de labeur, j'ai, en ouvrant nos luxueuses portes-fenêtres, inhalé une volumineuse bouffée de soupe de légumes. Pour les bénéfices de la ventilation naturelle, on repassera (au mixeur).

Dans ma ville, l'Aurore aux doigts de rose sent le mouliné poireau-oignon.
So glamourous...

dimanche 27 septembre 2009

Escrime chatale et esclavage moderne

Taphanie nous a signalé ce petit dessin-animé (merci!). En le visionnant, je me suis rendu compte qu'on l'avait déjà vu, mais, surtout, vécu chaque nuit ou presque depuis que Calim' est venu vivre à la maison :



Heureux possesseurs valets de chats, quelle stratégie adopte votre despote domestique pour vous tirer des draps? Stuart, à l'époque où il était fils unique, se postait sur nos poitrines et ronronnait très fort. Quand on tardait trop, il miaulait (et toute personne ayant entendu son filet de voix discordant saura que cet appel ne tolérait aucun délai).

Calim, qui a dû regarder ce dessin-animé en cachette pendant que nous étions au boulot, a jeté son dévolu sur la technique 0:48 (voir vidéo). Mais notre chat, qui a moins de considération pour ses maîtres que Simon's cat, le fait toutes griffes dehors, après coup de semonce (il colle son museau sur ma pommette et me chatouille de ses vibrisses pour m'avertir qu'il va passer à l'attaque). L'heure de l'assaut est variable, de 3HOO à 6H20. Quand il dépasse 6H00, je n'aime pas trop : ça ne me laisse pas le temps de me rendormir avant la sonnerie du réveil (qui, vous l'aurez compris, tient surtout de l'objet de décoration).
S'ensuit une passe d'armes assez intéressante où, encore tout ensommeillé, j'essaie d'intercepter les coups de pattes, lui serre les coussinets pour le faire bisquer, avant de l'envoyer rouler sur la couette ou de l'expédier sur le sol quand il devient trop insistant (c'est-à-dire toujours) afin de pouvoir refermer les paupières en toute sécurité. Mais c'est une trêve très symbolique. Mon métabolisme s'est à la longue harmonisé avec l'horloge interne de la bête et notre séance d'escrime quotidienne coïncide désormais avec mon escapade pipi. Je traîne alors la savate jusqu'en bas (tandis que V. dort du sommeil du juste : le bourreau a trouvé le maillon faible), pour trouver invariablement une gamelle pleine. Il est entendu que Calim', contrairement au chat de la vidéo qui a au moins l'excuse de la faim, me réveille à la seule fin d'avoir de la compagnie quand il mange. Si je n'ai pas la patience d'attendre qu'il ait fini son casse-croquettes pour le mettre dehors, je m'expose à des représailles d'enfer dans le quart d'heure qui suit - soit juste le temps qu'il faut pour se rendormir. Brave bête.

Le rituel du réveil n'a pas toujours été aussi bien réglé : auparavant, il faisait tinter de petits objets métalliques dans des pots en verre, se glissait sous la couette pour nous tétouiller le pyjama et enfoncer ses griffes dans la peau ou déréglait le radio-réveil en s'asseyant dessus; une fois, il m'a même bondi sur la tête. L'affection de nos chats n'a pas de prix.

Pitou G.

P.S. : d'autres vidéos de Simon's cat là-bas. Nous vous recommandons en particulier Fly guy, autre séquence miaulante de vérité.

vendredi 25 septembre 2009

Dommage collatéral

Même si la salle de bain n'est pas finie, elle a belle allure. La bonne nouvelle, c'est que la baignoire est déjà praticable : les Pitous peuvent donc se laver sans traverser la ville et jouer les parasites - et c'est tant mieux pour le boulot : assister à une réunion parents-profs accompagnés d'une escouade de mouches, ça n'améliore pas notre charisme. Vous aurez bientôt des photos avant-après de notre espace hygiène, dès que notre perfectionniste plombier aura levé le camp de notre salle de bain (si possible avant les grands froids de février)(je parle de février 2011, bien entendu). Primo, je ne suis pas sûr qu'il soit OK pour poser dans Montdepitous; secundo, on a vu artisan plus décoratif (ou )(ou encore un vendeur de fenêtres chaud comme la braise dont on ne vous a pas encore parlé, mais bon, on ne peut pas tout faire).

Revenons à nos douchettes. L'aspect de la salle de bain est prometteur, disais-je. Non seulement elle est plus belle qu'avant (mais quelle prouesse!), mais on a gagné de la place. Mais à l'extérieur, sur le pallier, M. Perfectionniste a causé son premier dégât collatéral (hors les jurons que la moindre contrariété lui arrache et qui nous font craindre à chaque fois que notre salle de bain est un vrai massacre, alors que non, pas du tout)(je me fais quand même un peu de souci pour le vocabulaire de nos chats) : en fixant le meuble au mur de la SDB, il a détaché un morceau de cloison de l'autre côté. S'il continue comme ça, on réunira salle de bain et pallier en open space - on pourrait transformer l'escalier en cascade artificielle, non?

Avec la paille du mur, on pourrait même se tresser une pirogue

Pitou G.

jeudi 24 septembre 2009

Les classiques du rire (et de la honte)

"Oh lala! La croûte! Voilà qui dissuaderait un mort-vivant de venir vivre dans Maville!
- Parle plus bas : le peintre est juste derrière"

mercredi 23 septembre 2009

Mariage au MABnoir

MAB s'est mariée il y a un mois. Ce n'est pas comme s'il y avait urgence de le raconter sur le blog. D'ailleurs, elle revient à peine de son voyage de noces-surprises (destination découverte à l'aréoport) très très loin. Et puis c'est qu'on en a eu, des choses à raconter, sur ce blog, au cours des trente derniers jours : il suffit de regarder l'interminable liste de messages qu'on a écrits dans l'intervalle pour s'en convaincre (vous savez, quand on ne savait tellement plus quoi raconter qu'on photographiait nos muffins)... Je suis sûr que vous êtes terrassés par l'évidence : ce n'est pas par flemme que j'ai si longtemps différé cet article. C'est euh... parce que j'étais encore sous l'effet de l'éblouissement.*

Pour résumer les festivités, je citerai Tonky : "Heureusement qu'on s'est déjà tous mariés, parce que devoir rivaliser avec ça, ça nous aurait mis une de ces pressions!" (enfin mon V et moi ne nous sommes pas mariés, hein, juste pacsé à l'époque où tous nos amis étaient fauchés - m'est avis qu'on s'est fait un peu couillonner dans l'histoire!).
C'est vrai que le cadre était enchanteur, et pas seulement parce que nous avions tartouillé les portes du MABnoir d'un enduit sable-peinture. Papillonner sous les poiriers et le soleil d'août en vagabondant du stand huître au stand foie gras, se perdre vingt fois dans les alentours du stand boudin noir (une tuerie, et pas que pour le cochon) en nourrissant son estomac des conversations mondaines, assister aux énormes boulettes de LaLionne qui met les pieds dans le plat comme moi dans la peinture et, surtout, voir la mariée heureuse comme tout dans sa magnifique robe cousue maison, ça donne l'impression d'être une bulle de champagne - lequel était une tuerie (et pas que pour le raisin).

Passons assez vite sur le passage à la mairie où j'ai pu compter les battements de mon coeur dans les tempes en maudissant mon émotivité et ma cravate trop serrée. J'ai tenu mon rôle de témoin avec d'autant plus de panache que la salle municipale pouvait à peine contenir une dizaine de personnes. J'ai quand même eu un moment d'hésitation lorsque le maire a décliné mon adresse, un brin farfelue (c'est ça de confondre les R et les N), mais MAB a eu l'air de dire que le mariage serait quand même valide. C'est à se demander pourquoi il vous demande votre adresse si tout le monde s'en fout...

J'étais bizarrement beaucoup plus détendu lorsque ce fut au tour de Péopéo de signer le registre de l'église et à celui de Tonky de lire un extrait du Cantique des Cantiques devant des centaines de personnes (je remercie une fois de plus mes parents de ne m'avoir point baptisé). À l'église, on s'était mis tout au fond : primo, mon quart d'heure de gloire était passé; secundo, c'est toujours plus prudent d'être proche de la sortie quand on n'est pas un bon chrétien. Effet secondaire, pas du tout escompté, je le jure, ça permet aussi de ne pas avoir à faire du playback sur Viens, Esprit de Sainteté. Enfin, c'est ce que je croyais naïvement : à la dernière minute, une petite dame bigote est venue se perdre dans le fond de l'église pour nous vriller les tympans avec cette voix suraiguë si typique des chants de messe. J'ai fait ma tête de pioche : je n'ai pas desserré les lèvres. Je m'imaginais répondre à une grenouille de bénitier inquisitrice : "je ne chante qu'en latin". Et quand sont arrivés les premiers magnificat : "je ne chante qu'en grec".



De toute façon, pendant toute la durée de la messe, le canon de Pachelbel de l'entrée des mariés ne m'a pas quitté, même pendant l'absconse parabole sud-américaine du petit vautour élevé parmi les poules et qui aspire un jour à s'élever spirituellement en regagnant les cieux. À la fin, il comprend qu'il était vautour depuis toujours et destiné à manger ses anciennes mamans d'adoption. Je m'interroge toujours sur le sens de la fable : l'homme doit-il exterminer ceux qui ont été bons avec lui? Par contre, j'ai bien retenu que Dieu gaspille (enfin, il ne compte pas) et sème à tout vent. Et ce n'est pas grave si quelques semences tombent sur le sentier où on les écrase ou dans les ronces où elles sont étouffées et... Et là, j'ai arrêté d'écouter, obnubilé par la question du lieu où ma graine était tombée. Vraiment, je fais un piètre chrétien. J'ai bien fait de rester au fond.

Bien après la mairie, l'église, après les stands escargots et petits fours, nous nous sommes approchés des plans de table. C'est là qu'on a connu un petit moment de frayeur et de gêne : Tonky et son mari n'apparaissaient à aucune table. On a beaucoup ri en les traitant de pique-assiettes et de parasites, mais on avait quand même envie de passer la soirée avec eux - surtout que Tonky devait nous accompagner à la guitare quand nous chanterions une réécriture d'Aux Champs Elysées ("pourquoi c'est toujours Aux Champs Elysées"?, se lamente mon homme) en l'honneur des mariés. Evidemment, la liste de la table de Tonky avait juste été emportée par le vent. Comme chaque table portait le nom d'une ville visitée par les mariés Globe-Trotters, j'ai suggéré à MAB que c'était sans doute l'Atlantide qui manquait à l'appel. Ça a beaucoup fait rire Tonky, mais MAB ne s'est même pas rendu compte que c'était un trait d'esprit. Trop d'émotions rend imperméable à l'humour. On en reparlera le jour où nous nous marierons. D'ici là, j'espère avoir compris qu'il ne faut pas se frotter les yeux après avoir tripoté les piments des décorations (juste avant de chanter, c'est plus drôle).

Pitou G.

* Ce qui est une façon élégante de dire que j'ai traîné ma flemme durant tout ce temps, faisant partager au blog la longue agonie de l'été. Je savais que ma longue pratique de la rhétorique latine et des excusationes pro infirmitate me serviraient un jour. Que MAB m'en pardonne (elle qui est sans doute la seule à comprendre de quoi je parle).

mardi 22 septembre 2009

Brèves haquenéiennes de la semaine

Cette année, j'ai retrouvé Enlumineur, avec deux ans et quelques centimètres de plus - le corps et la voix sont restés tout fluets. Ses commentaires matutinaux avant l'ouverture de la salle m'avaient presque manqué :
"Monsieur, ce matin, on m'a déjà comparé deux fois à vous.
_ Ah? Toi aussi, tu fais des erreurs orthographiques quand tu écris au tableau?"
Je n'allais tout de même pas répondre ce que j'ai pensé très fort : "je sais pourquoi, mais tu ne le sais pas encore."
Je ne veux pas savoir de quoi voulaient parler ses camarades en vrai (Saby Banana m'a déjà fait le coup).

***

"S'il y a une erreur, vous la corrigez en rouge.
_ Et s'il n'y a pas d'erreur, on corrige quand même en rouge?"

***

Tatchana revient de l'infirmerie sans la copine qu'elle vient d'accompagner.
"Ta camarade y est restée?"
Entre la gastro et la grippe, on ne sait jamais...

***

Au CDI, les élèves doivent sélectionner un livre en vue d'un travail à la maison. En fin de séance, je passe pour m'assurer que personne ne va sortir bredouille.
"Vous avez fait votre choix?
_ Pour moi, ça sera une glace à la fraise"
Ça m'apprendra à m'habiller comme un serveur!

Pitou G.

lundi 21 septembre 2009

Snobs snipers

Un lundi à 13h30, dans une salle des profs quasi-déserte, Pitou G. et un nouveau collègue, garçon sensible de son état* et langue de vipère par voie de conséquence, sont à genoux sur les fauteuils en mousse, le nez collé sur la vitre, en train de commenter le cortège d'élèves franchissant les grilles (la salle des profs paie cette position stratégique par une exposition au nord):
" Alvin a drôlement forci pendant l'été. C'est moche les effets de la cortisone.
_ C'est l'âge ingrat. Oh! Mais qu'est-ce que c'est que ça? Avise-moi un peu cette star!
_ Les lunettes de soleil grand écran jurent un peu avec le pantalon de survêt blanc. Le paquet de bonbons manquerait à la panoplie du beau gosse. Cette dégaine!
_ Et voilà mon Donovan! À droite.
_ Ben oui, à gauche c'est Sullyvanne, j'ai déjà pratiqué l'année dernière. Alors comme ça, Donovan c'est cette chose qui a l'air d'avoir 19 ans? Et il est en quelle classe?
_ En 6e.
_ Un ogre en t-shirt bariolé parmi les gnomes. Ça promet!
_ Ça tient déjà ses promesses. On s'est frité ce matin. Il m'a demandé s'il pouvait tuer un ver de farine. J'ai dit non. Il l'a écrasé sous mes yeux.
_ Qu'est-ce qu'elle s'habille mal, elle. Autant de couleurs et pas une qui aille avec une autre. Pas même le blanc de ses bottes. Tiens, Soizic... Elle n'a pourtant pas une tête de Bretonne!
_ Tu connais les Bretons : une femme dans chaque port!"

La vapeur d'eau et le poison commencent à embuer la vitre. La conversation continue sur le même ton. S'ouvre alors la porte.
"Bonjour messieurs"

Pitou G. suspend la pique qu'il vient de former en son esprit. Lui et son acolyte sont toujours agenouillés sur les sièges, snipers embusqués devant la fenêtre, avec de grands airs de conspirateurs et la rémanence d'un éclat moqueur au fond de la rétine.

"Bonjour monsieur le Principal"

C'est quand la saison des notes administratives?

Pitou G.

*Je ne lui ai pas demandé confirmation (j'ai un peu de savoir-vivre), mais je pense que c'est superflu.

mercredi 16 septembre 2009

Les viiiignettes d'Heidi Di

Le suspense aura duré presque jusqu'au bout, cette année. Les plans que j'avais échafaudés pour rester à Haquenée ont échoué, et j'ai laissé place à un stagiaire comblé par son tuteur. Le 26 août, j'ai reçu deux arrêtés du Recto-rat, m'affectant sur deux collèges de la ville (dont celui où j'étais il y a deux ans), avec un reliquat de quatre heures qui s'est réduit à deux et demi puis à zéro en deux jours: "ah, il vous reste des heures, tant mieux, il me fallait quelqu'un pour boucher les trous!" m'a dit en substance la sous chef du collège Hautdupanier, "Vous allez donc avoir une sixième et... cinq heures de soutien!". Ô joie et bonheur, me voilà promu prof de remédiation/remise à niveau-en confiance. La gentille jeune collègue me prévient le jour de la prérentrée: "C'est pas vrai, ils t'ont refilé mon emploi du temps... tu vas voir, ça c'est superpénible!" Car en sus de mes trois heures de soutien 6e "normal", avec des gnomes un peu quiches mais pas trop, je vais aussi assurer les cours de "soutien renforcé" auxquels ont droit les plus brillants spécimens de 5e et 4e. Il est vrai que pour cela on les prive du plaisir des Heidi Di (comme dirait G., en France on n'a pas de pétrole mais on a des IDD*.)
Je ne devrais pas me plaindre: je découvre le meilleur collège de la ville, je ne ferai pas de route cette année encore, et mes deux établissements sont pilotes pour les TICE et l'ENT**. Plus de billet d'appel, plus de carnet de notes, bientôt plus de feutres pour les tableaux (à Hautdupanier, je projette tout avec grâce par l'élégance de mon vidéoprojecteur plafonnisé qui s'allume d'une délicate pression du doigt... La classe américaine.)
Le retour au collège Léonardo Di Caprio s'est passé sans heurt, je connais les lieux et les gens (dont ma chère Vénitienne). J'ai hérité de deux 5e présentant chacune d'intéressants demi gnomes. Dans l'une j'ai un Blanc-bec atteint de logorrhée:
- Nous travaillerons en séquences, qui sont l'équivalent d'un chapitre, et devrions en faire six ou sept dans l'année...
- Mais Monsieur c'est pas normal, en 6e on en a fait douze des séquences, alors en 5e normalement on devrait en faire plus parce que la 5e c'est plus dur que la 6e...
Il va sans dire que j'ai coupé court à son délire verbal mais endiguer le flot de son discours a nécessité un virulent "ta-gueule" pédagogique.
Dans l'autre, j'ai remporté le pomponneau de la pomponnette, la fève, j'ai nommé Äverell. Äverell a un prénom américain, avec un tréma improbable. Äverell a commencé à grandir mais a encore une voix haut perché, qui s'envole dans les aigus quand il s'excite (tout le temps).
Äverell donne toujours l'impression de se foutre de toi, mais en fait il n'en fait pas exprès, il a juste un sens inné du ridicule. Morceaux choisis, toujours sans aucun esprit d'à propos, en général quand tout le monde travaille en silence:
- Monsieur, pourquoi dans "vignette" on entend un "i"? Viiiiiiiignette!
Ou encore:
-Monsieur, c'est vrai que vous pouvez vous fâcher très gravement?
- Tu veux tenter?
(se reculant, en ouvrant de grands yeux)
- OH NON ALORS!

Une perle. Promis, cette année, je les collectionne et je vous fais un beau collier.

V.

* Pour les non profs, il s'agit d'une idée sympa qui s'apprête à disparaître: deux matières, qui s'articulent autour d'un thème et d'un projet fédérateur, si possible porté par les élèves. Bon, ça a parfois donné des trucs improbables ("le pli et le drapé", testé par G.) ou carrément invraisemblables comme l'IDD Français-techno "Presse-purée"... Toutefois, il faut voir l'excellent collège Clisthène, à Bordeaux ou tous les élèves travaillent sur un thème différent à chaque période, en interdisciplinarité.
** En fait non, les non profs, devinez ce que veut dire l'acronyme et sans tricher! Une photo d'un truc à gagner avec une recette de muffins. Ou les vrais muffins faits maison, mais on ne livre pas.

mardi 15 septembre 2009

Houbas-tu donc?

L'an dernier, l'ultime cours de la semaine était épique. Cette année promet d'être bien pire vu qu'avec cette même classe, ce sont tous mes créneaux horaires qui sont pourris (je vous assure). Je pense qu'à la grande loterie de la distribution des heures, ils sont arrivés en dernier - peut-être parce qu'ils avaient été retenus à la grande distribution de la bonne humeur et de la répartie.

Au moment où on me demandait d'expliquer la subtile nuance entre ubique (partout) et undique (de toutes parts)(ce qu'ils peuvent avoir comme questions cons)(remarquez que, rapporté comme ça, on dirait un vrai cours alors que non, vraiment pas)(vous croyez qu'on peut aller en prison pour excès de parenthèses?), je me suis lancé dans un rapide rappel des questions de lieu (là, je pense avoir perdu le peu de lecteurs qui ont survécu au début de cette phrase interminable, non mais achevez-le!).
Dans un sursaut homérique (et périls), Ombeline, chez qui je retrouve parfois le fabuleux potentiel d'une vieille connaissance, est sortie de sa rêverie:

"Vous pouvez répétez ce que vous avez dit? Ça veut dire quoi, ubi?
- Ça désigne le lieu où on est.
- Mais oui! C'est pour ça, alors, que le marsupilami fait "houbi houbi" quand il est perdu!!!"

Ombeline qui, avant de rentrer en cours, qualifiait le latin de langue morte, aura donc compris que, nonobstant sa décédétitude, il permet de soutenir la conversation avec des bestioles à longue queue - ça peut toujours servir.

Pitou G.

dimanche 13 septembre 2009

Dernière Tongue, on parie?*

"Mais qu'est-ce que j'ai bien pu en faire? J'en ai marre, c'est toujours la même rengaine et je n'en tire jamais de leçon!"
Vendredi midi, j'ai réuni YoungFather et Pitou V**, venu exceptionnellement manger à Haquenée, dans l'une des nombreuses salles où je dispense mon savoir encyclopédique et la joie de lire, amen. Ils me regardent vider mon cartable pour la énième fois, impuissants. YF compatit : il a cru perdre ses clés le matin-même; mais il était plus relax : les clés de sa cave ouvrent toutes les portes du bahut - un établissement haute-sécurité, vous en conviendrez...

"Il va falloir que j'aille prévenir l'intendance, ça va être pénible. Il faudra ensuite interroger les mômes un par un, le truc interminable. Foutues clé! pestai-je en palpant méthodiquement mon porte-document.
_ Tu crois que c'est un de tes élèves qui a pris la clé sur ton bureau?
_ Non. Mais elle doit bien être quelque part!"

Je procède à une auto-fouille au corps. Rien dans les poches, rien dans le slip (enfin si, mais ce n'est pas le moment de tout déballer). Pas un seul appareil à rayon X dans ce bahut sous équipé, vous y croyez, vous? Mais qu'est-ce que le Conseil Général fait de ses sous, hein? De dépit, j'envoie valser mon gros cahier à spirale; une nuée de photocopies prend son envol.
Cling... cling... cling... Oh! ma clé!

Il y a des gens qui aiment jouer à se faire peur. Ma rédemption passera par le cadeau qu'YF m'a fait la semaine dernière, un gadget offert avec un catalogue de bidules destinés à financer des voyages. Elégant, discret, racé. Avec ça, aucun risque que je perde encore une fois ma clé de douze vue!

YF a gardé le pied droit : c'est le concept de la tongue de l'amitié.

Pitou G.

* Je préfère avertir le lecteur peu vigilant ou cinéphobe qu'un calembour génial (si!) se cache dans ce titre.
** Dès qu'il se décide, mon homme vous donne de ses nouvelles!

jeudi 10 septembre 2009

Chacun sa croix

Hurler à la mort dans tous les recoins du bahut semble être une bonne stratégie pour s'épargner bien des désagréments : vous finirez bien par tomber sur un agent double qui a vendu son âme au grand chef. Pour me plaindre, je manque rarement d'inspiration :

"Tu te rends compte! Ils ont collé Listéria dans ma classe! Tu le crois, ça? Listéria et moi, on s'est frités dès notre première rencontre, il y a deux ans!"

"Franchement! Moi, avec Listéria, je vais finir par péter un plomb : ça ne pourra jamais marcher!"

ou encore :

"Je suis sûr que le courant passera mieux avec une collègue. Listéria, elle a un problème avec les hommes, c'est sûr!".

Finalement, ils ont mis le monstre femelle dans la classe d'A., la collègue qui m'a piqué ma salle (bien fait!). Il y a une justice! L'alerte fuchsia peut donc être levée. Et le plus beau, c'est que je n'ai même pas eu à me traîner aux pieds du chef : je me suis contenté de me lamenter en coulisses. Je me demande quand même si ce ne serait pas Listéria elle-même qui aurait demandé à ne pas avoir ce canard de Pitou G. Je savais qu'elle et moi aurions un jour un objectif commun. Champagne!

Du coup, lorsque le chef, à la récréation, s'est planté devant A et moi (j'étais encore tout occupé à la narguer) pour demander si on s'était mis d'accord pour le stagiaire (ah? parce qu'il fallait qu'on se mette d'accord?) et qu'A. s'est tournée vers moi en soupirant : "Vraiment, je préférerais que ça soit toi qui t'en occupes", je n'ai pas eu le coeur de refuser. En plus, pour des raisons pratiques, c'est vrai qu'il vaut mieux que ça tombe sur moi.
Mais entre temps (bon là, va falloir que je fasse un peu attention à ce que je dis), Là-haut, ils se sont réveillés et ont fait valoir leur avis. Et le nom qu'ils ont sorti du chapeau, je vous le donne en cent, je vous le donne en mille... Tadam : Pitou V.
Silence gêné du chef, obligé de leur apprendre que M. Pitou V. est maintenant dans un autre établissement (vous aurez bientôt de ses nouvelles, promis). Il a alors donné mon nom. Là-haut s'est trouvé embarrassé à son tour :

"Je lis son rapport d'inspection et je vous rappelle".

Est-il utile de s'étonner que Là-haut choisisse un conseiller sans prendre le temps de lire le dossier des membres de l'équipe? Pourquoi se serait-il embêté alors qu'il connaît mon homme pour lui avoir serré la main, l'an dernier, quand sa classe a remporté le concours organisé sous Sa Très Haute Autorité? Finalement, mon dossier fut consulté (ou pas) et mon nom retenu. Pas définitivement, hein, ce serait trop simple. Je dois recevoir, dans quelque temps, une "visite de courtoisie" (sic) de Là-haut pour entériner ma vie de garçon l'affaire.

Je comprends mieux pourquoi A. n'était pas chaude...

lundi 7 septembre 2009

Ce qu'il y a derrière la porte

Il y a un an, nous avons découvert, scellé dans le mur de feue notre salle de bain, un panneau de bois.

Les plus rêveurs d’entre vous ont alors imaginé le passage secret qu’elle desservait et les trésors inouïs auxquels elle nous mènerait. Mais, évidemment, de l’autre côté de la « porte », il y a ça :



Maintenant que nous sommes sur le seuil d’une nouvelle année scolaire, je me dis que ma rentrée n’est guère différente de cette porte en trompe-l’œil. Pleine de promesse, elle s’est ouverte sur un mur sale. Réjouissons-nous : elle aurait pu, je suppose, ouvrir sur un abîme.

Après avoir reçu le rapport d’inspection que j’attendais depuis six mois et qui a fait craquer les élastiques de toutes mes paires de chaussettes, après avoir avisé les listes de mes classes et reconnu beaucoup de noms qui font plaisir à lire, j’ai essuyé une série de contrariétés. De menues déconvenues dont aucune, prise isolément, n’aurait pu vraiment gâché la rentrée. De petites blessures sans grande conséquence, hormis la dernière. Omnes vulnerant, ultima necat : comme les heures, toutes blessent, la dernière tue. La dernière, c’est vraiment le pompon de la pimponette. Mais commençons par le premier coup de canif…

  • L’ambiance au boulot sera moins funky, cette année. Cette impression s’explique par le départ de certains collègues qui étaient très présents dans l’établissement : celui de mon homme, pour commencer, mais aussi celui du regretté Droopy. Que vaut une salle des profs sans pull husky, mmmmm ? La dadame qui le remplace a cependant un fort potentiel et a achevé de me convaincre que c’est un poste maudit (trois cas en trois ans), ne serait-ce que par son prénom. Même en me forçant, je n’aurais pas trouvé de pseudonyme aussi tartignole. Gageons qu’elle a pour elle bien d’autres atouts ! Au revoir aussi à Bombinou et à trois autres collègues qui égayaient la salle de restauration, si souvent bondée par le passé et tellement vide aujourd’hui. Les petits nouveaux sont des fantômes qui rentrent manger chez eux. Quel ennui…

  • Sur le papier, la liste de la classe dont je suis le prof principal était alléchante : beaucoup d’élèves connus, brillants et sympathiques. Mais ils n’étaient pas encore assis qu’ils ont déjà commencé à se plaindre. La composition des classes, c’est vraiment n’importe quoi ! Y en a qui se retrouvent tout seuls ! On peut pas changer tout ça ? C’est un grand classique, bien sûr, la jérémiade de rentrée. Mais ce n’est pas comme ça que j’avais envie de débuter l’année, pas avec eux.

  • Leurs geignements étaient d’autant plus irritants qu’ils étaient en partie justifiés. Affubler les optionnistes d’horaires aussi cons, c’est une curieuse façon de les encourager. Leur (re)faire le coup du cours (avec moi) de 16 à 17h le vendredi après une heure de permanence, exactement comme l’an dernier (et on se souvient de ce que ça avait donné), c’est franchement abuser. Ils ne l’avaient enduré qu’en songeant que c’était juste pour un an. Les voici fort justement récompensés de leur patience ! Notez bien que le premier vendredi de l’année a été à l’image des plus belles heures passées :
« Rappelez-moi qui a fondé Rome.
_ Romulus et Rémus.
_ Et plus exactement ?
_ La louve ! »
Et dire que les deux autres créneaux sont à peine mieux placés…

  • J’ai descendu d’un cran dans la hiérarchie des profs. J’ai perdu le respect de mes ouailles en perdant ma salle. Je suis désormais un apatride, baladé de salle mal équipée en salle mal aménagée. Quitte à bouger, autant le faire bien et changer d’étage aussi souvent que possible.

  • Un stagiaire en lettres a été affecté à Haquenée. Comme personne ne semble se soucier de lui trouver un tuteur, il passe un début d’année confortable. En haut, on espère peut-être que l’un d’entre nous se dévouera, mais personne n’en a envie. Et puis zut, ce n’est pas à nous de lui désigner un conseiller ! Deux d’entre nous partent cependant favoris malgré eux, et si vous avez bien suivi mes problèmes de chevilles un peu plus haut, vous avez sans doute compris que je suis l’un des heureux pressentis. L’autre est la collègue qui a volé ma salle (vilaine !). Depuis, notre petit jeu préféré consiste à démontrer à l’autre qu’il est le mieux placé pour guider le stagiaire. C’est hi-la-rant et ça met une de ces ambiances !

  • Du coup, quand le grand chef a demandé à me voir, j’ai cru qu’il avait tranché le nœud gordien et allait mettre fin à cet exaltant suspens. Mais il a fait bien mieux : il m’a annoncé le ALERTE FUCHSIA retour que personne n’attendait plus de... ALERTE FUCHSIA niveau max Listéria ! Rien de moins que la fille la plus toxique de l’Ouest. Et bingo, qui va devoir prendre en main son orientation en plus de se farcir sa constante agressivité en classe ? Personnellement, je l’aurais volontiers orientée vers la sortie (ou vers une quatre voies), mais on m’a bien fait savoir que ce n’était pas possible. C’est bien ma veine : on vient tout juste de pousser vers le haut une cohorte d’emmardeurs, et il fallait que la pire d’entre eux me revienne en reproche. Et c’est maintenant qu’elle a 16 ans, au moment où ce n’est plus obligatoire, qu’elle veut revenir au collège ? Cette blague ! Je rencontrerais bien la mère pour évoquer les projets de sa fille, mais vu que la gamine est venue s’inscrire toute seule, je peux toujours me brosser.

Voilà, non seulement j’ai un peu honte d’en faire une jaunisse avant même de l’avoir revue, mais je sais au fond de moi que j’ai raison de m’en faire…
Et pour clore cet article, un cas d’école d’ironie tragique : alors que la rumeur du retour de Listéria circulait déjà dans les couloirs et que je n’avais qu’une chance sur deux de la subir, une surveillante a fait entrer dans ma salle une nouvelle élève. Constatant que ce n’était pas Listéria mais une gentille-molle que je connaissais par ailleurs, j’ai failli sauter de joie : on n’allait quand même pas me mettre deux élèves supplémentaires !
Ben si.
Alleluia.
Du coup, j’ai prévu de bosser sur la tragédie pendant les trois trimestres avec cette classe.

Pitou G.

dimanche 6 septembre 2009

Muffins, m'enfin!

Vous croyez vraiment que j'ai le temps de vous raconter la rentrée (ou même que j'ai le temps de préparer des cours), alors que mon homme m'enchaîne aux fourneaux? On lui pardonne, parce qu'il s'y enchaîne avec moi, et que ça donne ça :

Avec garniture au café


Pomme poire cannelle


Courgette

Considérez que ce sont des amuse-bouche avant des articles plus consistants - et pourtant, question consistance, ils se défendent, ces muffins!

mercredi 2 septembre 2009

Haro, binez

Rien à dire sur les élèves, puisque nous ne les avons pas encore vus. La découverte sera pour demain. En attendant il y a du nouveau chez les Pitous, puisque notre plombier arlésien s'est mis au travail... pour tout casser. Mais bon, l'essentiel du travail avait déjà été fait... non? (un an, déjà!)

Notre environnement bien-être ressemble maintenant à cela:

À l'emplacement du futur espace douche, admirez le somptueux papier peint que cachait la baignoire (et clique dessus, oui, clique). La machine bleu canard ne reste pas, hélas.
Vous devinez sur la droite le miroir sans tain qui nous permettra de vous espionner sous la douche depuis notre penderie.


J'ai appelé celui-ci "Superpositions/à la croisée"
Conseil bricolage : collez le carrelage directement sur un mur en pierre. L'important, c'est de carreler en faisant des bosses.


À gauche, imaginez de discrets wc suspendus, séparés de la baignoire par un muret. Ou alors on change d'avis, et on fait un WC-loft, classe comme comme là-bas.
Mais dites-moi, à gauche ce ne serait pas...

Notez au passage que cet article se propose d'entrer dans le guiness book des liens internes (mais on a bien besoin de doper nos stats après un été moribond)

C'est parti pour quelques jours (une dizaine? une douzaine??) de récurage au gant de toilette dans la cuisine. Tout cela n'est rien à côté de ce qui nous attend une fois la salle de bain terminée: chaque matin, le choix difficile de la température de l'eau de la douche.

V. & G.

P.S. : Pas de photo d'artisan sexy pour cause d'artisan pas sexy.