Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mercredi 23 septembre 2009

Mariage au MABnoir

MAB s'est mariée il y a un mois. Ce n'est pas comme s'il y avait urgence de le raconter sur le blog. D'ailleurs, elle revient à peine de son voyage de noces-surprises (destination découverte à l'aréoport) très très loin. Et puis c'est qu'on en a eu, des choses à raconter, sur ce blog, au cours des trente derniers jours : il suffit de regarder l'interminable liste de messages qu'on a écrits dans l'intervalle pour s'en convaincre (vous savez, quand on ne savait tellement plus quoi raconter qu'on photographiait nos muffins)... Je suis sûr que vous êtes terrassés par l'évidence : ce n'est pas par flemme que j'ai si longtemps différé cet article. C'est euh... parce que j'étais encore sous l'effet de l'éblouissement.*

Pour résumer les festivités, je citerai Tonky : "Heureusement qu'on s'est déjà tous mariés, parce que devoir rivaliser avec ça, ça nous aurait mis une de ces pressions!" (enfin mon V et moi ne nous sommes pas mariés, hein, juste pacsé à l'époque où tous nos amis étaient fauchés - m'est avis qu'on s'est fait un peu couillonner dans l'histoire!).
C'est vrai que le cadre était enchanteur, et pas seulement parce que nous avions tartouillé les portes du MABnoir d'un enduit sable-peinture. Papillonner sous les poiriers et le soleil d'août en vagabondant du stand huître au stand foie gras, se perdre vingt fois dans les alentours du stand boudin noir (une tuerie, et pas que pour le cochon) en nourrissant son estomac des conversations mondaines, assister aux énormes boulettes de LaLionne qui met les pieds dans le plat comme moi dans la peinture et, surtout, voir la mariée heureuse comme tout dans sa magnifique robe cousue maison, ça donne l'impression d'être une bulle de champagne - lequel était une tuerie (et pas que pour le raisin).

Passons assez vite sur le passage à la mairie où j'ai pu compter les battements de mon coeur dans les tempes en maudissant mon émotivité et ma cravate trop serrée. J'ai tenu mon rôle de témoin avec d'autant plus de panache que la salle municipale pouvait à peine contenir une dizaine de personnes. J'ai quand même eu un moment d'hésitation lorsque le maire a décliné mon adresse, un brin farfelue (c'est ça de confondre les R et les N), mais MAB a eu l'air de dire que le mariage serait quand même valide. C'est à se demander pourquoi il vous demande votre adresse si tout le monde s'en fout...

J'étais bizarrement beaucoup plus détendu lorsque ce fut au tour de Péopéo de signer le registre de l'église et à celui de Tonky de lire un extrait du Cantique des Cantiques devant des centaines de personnes (je remercie une fois de plus mes parents de ne m'avoir point baptisé). À l'église, on s'était mis tout au fond : primo, mon quart d'heure de gloire était passé; secundo, c'est toujours plus prudent d'être proche de la sortie quand on n'est pas un bon chrétien. Effet secondaire, pas du tout escompté, je le jure, ça permet aussi de ne pas avoir à faire du playback sur Viens, Esprit de Sainteté. Enfin, c'est ce que je croyais naïvement : à la dernière minute, une petite dame bigote est venue se perdre dans le fond de l'église pour nous vriller les tympans avec cette voix suraiguë si typique des chants de messe. J'ai fait ma tête de pioche : je n'ai pas desserré les lèvres. Je m'imaginais répondre à une grenouille de bénitier inquisitrice : "je ne chante qu'en latin". Et quand sont arrivés les premiers magnificat : "je ne chante qu'en grec".



De toute façon, pendant toute la durée de la messe, le canon de Pachelbel de l'entrée des mariés ne m'a pas quitté, même pendant l'absconse parabole sud-américaine du petit vautour élevé parmi les poules et qui aspire un jour à s'élever spirituellement en regagnant les cieux. À la fin, il comprend qu'il était vautour depuis toujours et destiné à manger ses anciennes mamans d'adoption. Je m'interroge toujours sur le sens de la fable : l'homme doit-il exterminer ceux qui ont été bons avec lui? Par contre, j'ai bien retenu que Dieu gaspille (enfin, il ne compte pas) et sème à tout vent. Et ce n'est pas grave si quelques semences tombent sur le sentier où on les écrase ou dans les ronces où elles sont étouffées et... Et là, j'ai arrêté d'écouter, obnubilé par la question du lieu où ma graine était tombée. Vraiment, je fais un piètre chrétien. J'ai bien fait de rester au fond.

Bien après la mairie, l'église, après les stands escargots et petits fours, nous nous sommes approchés des plans de table. C'est là qu'on a connu un petit moment de frayeur et de gêne : Tonky et son mari n'apparaissaient à aucune table. On a beaucoup ri en les traitant de pique-assiettes et de parasites, mais on avait quand même envie de passer la soirée avec eux - surtout que Tonky devait nous accompagner à la guitare quand nous chanterions une réécriture d'Aux Champs Elysées ("pourquoi c'est toujours Aux Champs Elysées"?, se lamente mon homme) en l'honneur des mariés. Evidemment, la liste de la table de Tonky avait juste été emportée par le vent. Comme chaque table portait le nom d'une ville visitée par les mariés Globe-Trotters, j'ai suggéré à MAB que c'était sans doute l'Atlantide qui manquait à l'appel. Ça a beaucoup fait rire Tonky, mais MAB ne s'est même pas rendu compte que c'était un trait d'esprit. Trop d'émotions rend imperméable à l'humour. On en reparlera le jour où nous nous marierons. D'ici là, j'espère avoir compris qu'il ne faut pas se frotter les yeux après avoir tripoté les piments des décorations (juste avant de chanter, c'est plus drôle).

Pitou G.

* Ce qui est une façon élégante de dire que j'ai traîné ma flemme durant tout ce temps, faisant partager au blog la longue agonie de l'été. Je savais que ma longue pratique de la rhétorique latine et des excusationes pro infirmitate me serviraient un jour. Que MAB m'en pardonne (elle qui est sans doute la seule à comprendre de quoi je parle).

8 commentaires:

Amarcord a dit…

Ah, la saison des mariages !
Ca y est, moi aussi je suis entré dans l'âge (ingrat ?) où mes amis se marient. Mais je l'avoue, c'est toujours très savoureux de regarder tout ce beau monde avaler ses toasts de foie gras poêlé penché en avant pour éviter que ça goutte sur la cravate, et avancer précautionneusement ses escarpins à talon dans le frais gazon en slalomant entre les taupinières.
Finalement le seul problème des mariages, c'est que c'est toujours dans un trou perdu au fin fond d'une lointaine province. ("Ah oui, tu te maries dans une ravissante chapelle battue par les vents en Charente Maritime ? Et tu nous conseilles de réserver une chambre d'hôte six mois à l'avance parce qu'il n'y en a que quatre dans le village le plus proche à 21 kilomètres ? Ah... toutes mes félicitations, alors...").

Sinon Pachelbel, ça marche à tous les coups sur moi...

V à l'Ouest a dit…

Dieux des cieux, je remercie mes quelques amis d'être soit des partisans de l'union libre, soit des garçons sensibles passque les mariages, j'ai horreur de ça.
Puissent cependant les mariés être heureux, puisque c'est leur choix. Amen !

MamyS a dit…

Rhôôô.... j'aime bien quand tu racontes un mariage! Y en a d'autres prévus? Non, parce que j'aime bien quand tu racontes un mariage....

Les Pitous a dit…

Amarcord=> Nous sortons de cette période, nous. MAB semble clore la saison des mariages. Ceux qui n'ont pas sauté le pas continueront probablement de vivre dans le péché. La lointaine province était à une heure de route de chez nous, juste ce qu'il faut de dépaysement. Et la nuit de camping fut assez drôle (on entendait mieux la musique que dans la salle).
Ça me fait plaisir que Pachelbel marche aussi sur toi, parce que sur Fesse bouc, d'aucuns ont affirmé que j'avais des goût de chi°ttes...

VAO=> Quand on marie (j'adore cet expression : comme si c'était moi le maire) des amis proches, l'émotion l'emporte haut la main, quand même!

MamyS=> Merci ;-). Comme je le disais à l'instant à Amarcord, la série des mariages semble devoir s'arrêter. Console-toi avec cette édition précédente : http://quaidesomme.blogspot.com/2007/07/blues-de-fin-de-soire.html

Les Pitous a dit…

Et tant qu'on y est : http://quaidesomme.blogspot.com/2006/08/veinarde-et-bombasse.html

V à l'Ouest a dit…

Je ne dois pas être assez romantique pour trouver à la cérémonie de mariage un quelconque aspect émouvant. Mais je ne conteste rien et comprends que chacun ait son propre ressenti par rapport à la chose.

MAB a dit…

Wouah ! Je jette un oeil à Mont de Pitous, en me disant 'Ca craint grave, ça doit faire 3 mois que je n'y suis pas allée !' Et que lis-je ? Un charmant article sur notre noce :-) Bon, je suis contente que le Canon ne t'ait pas traumatisé ! Il y a plein de gens qui trouvent ça ringard, mais j'assume ! Pour le sermon, c'était abscons pour tout le monde sauf pour nous 2 : je te ferai une explication de texte à l'occasion ! Enfin, heureusement que la vieille suraiguë ne s'est pas permis de commenter ton mutisme : je suis fière de mes amis athées, c'est compris, la vieille ? Enfin bis : l'Atlantide, j'ai vraiment pas capté : j'étais traumatisée par l'envol du nom de la table ;-)

MAB a dit…

PS : quand je pense que je n'ai même pas eu le temps de goûter au boudin noir ! La haine !