Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

dimanche 20 décembre 2009

De la rage dedans

La Normandie s'enorgueillit de compter parmi les siens Miss France 2010 (quand les Pitous étaient en Picardie, Miss France était picarde, quand ils sont en Normandie, elle est normande... je dis ça, je dis rien). Détail croustillant : notre copine LN a une collègue dont la dentiste est la maman de miss France*.
Miss France fille de dentiste? En voilà une qui a donc bien mérité sa couronne!


* Information non vérifiée.

samedi 19 décembre 2009

Etiologie

"Eh, m'sieur Follet, d'où ça vient, la neige?
_ Du ciel".

Y a pas à dire, mon collègue a le sens de la répartie quand il n'a pas envie de s'embarrasser avec les questions des gnomes. Hélas, l'enthousiasme de ceux-ci ne faiblit jamais, surtout juste avant les fêtes :

"Eh ben la neige, c'est des morceaux de nuages qui tombent..."

C'est aussi mignon qu'inquiétant pour l'état intellectuel du gamin. Si c'était vraiment des morceaux de nuages, il neigerait toute l'année par chez nous... Pauvre gosse! Tout le monde sait qu'il neige quand le bon dieu se gratte la tête!

Pitou G.

mercredi 16 décembre 2009

Vis ma vie de Cinderella - 3

Où sont parties toutes mes belles résolutions d'articles fréquents et flamboyants, mmmm? Je n'ai pas la force, ce soir, de vous raconter comme promis (il y a trois semaines) notre vikène panamien. J'inscrirai donc plutôt dans le marbre cette nouvelle et tragique mésaventure de la gwéniale Cinderella Lalouz :

Dimanche 13 décembre, Cinderella Lalouz a cassé sa serrure en s'enfermant chez elle à double tour. Voisins, concierge, serrurier, pompiers et policiers n'ont pas voulu se déplacer. Ce fut épique - mais pas autant que nos efforts pour échapper aux confidences.

Pitou G.

dimanche 13 décembre 2009

Per version

Je vais finir par croire que je leur apprends de drôles de trucs, à mes anges de 3e (anges, anges, c'est vite dit : deux d'entre eux m'ont menacé de mort si jamais ils apprenaient dans les années à venir que j'organisais un voyage en Italie sans eux). Je ne sais pas ce qu'il se passe pendant mes cours : je dois distiller dans leurs jeunes esprits des hectolitres de pensées immorales sans même m'en rendre compte. Peut-être que quand je dis "labeur", ils comprennent "débauche"; que quand je dis "origine" ils comprennent "orgie".
Alors qu'à l'issue d'une séquence pleine de toutes les vertus romaines je les évaluais, j'ai trouvé de curieuses choses dans les copies de deux jeunes filles de bonne famille... Il s'agissait de retraduire des phrases étudiées en cours (je tiens à préciser qu'elles n'ont pas dû relire leur cahier de très près).

Extrait 1
Traduction attendue :
En montrant par une comparaison combien la révolte intestine du corps était semblable à la colère de la plèbe contre les patriciens, il fit fléchir l'esprit des hommes.


Résultat obtenu (Tite Live en a perdu le sommeil éternel) :

Cliquez sur le "séditieux ventre du corps" pour le voir en gros!

Si La Fontaine avait eu sous les yeux cette version, il n'aurait pas intitulé sa fable "Les Membres et l'Estomac" mais "Le Membre estomaqué"...

Extrait 2
Traduction attendue :
Moi, j'avais envoyé de nombreux jeunes gens choisis, dont j'utilise assidument les services dans la sauvegarde de la République, avec des épées.

Résultat obtenu (Cicéron ne tourne plus rond):

Cliquez si vous n'en avez pas déjà plein les yeux...


Tu vois, Timy, nul besoin de photos de gladiateurs nus pour leur tourner la tête... Saby Banana a trouvé ses filles spirituelles, elle qui traduisait jadis "horrifice" par "par l'orifice" et "Matrona frigida est" par "la matrone est frigide" (et c'est votre serviteur, auteur méconnu d'une traduction d'Eschyle pleine d'invention et de vérité - "je n'y vois pas clair à travers les jeunes filles"- qui vous le dit).

Pitou G.

samedi 12 décembre 2009

C.H. : Glamour & Gladiators

Pour les heureux, trop heureux lecteurs qui ne connaissent pas encore le concept de la Crise de Honte (C.H.), vous trouverez une documentation éclairée là-bas; mais l'exemple du jour en offre une assez belle illustration.

Vu que mercredi matin, on n'a pas eu d'électricité à Haquenée pile l'heure où j'avais prévu une super-séance vidéoprojetée, un truc de folie tellement c'était aguicheur, j'ai dû, pour la deuxième fois de la semaine, me trimballer notre ordi personnel (parce que les portables du collège, au secours!) et notre vidéoprojecteur personnel (parce que les appareils gros comme des Airbus qui disparaissent de la réserve comme dans le triangle des Bermudes, c'est pas la peine non plus - si, par miracle, vous les trouvez, comptez vingt minutes d'installation et autant de désinstallation), en plus de mon cartable; ne cherchez pas : ce matin, j'étais en mode mulet.
J'arrive en avance. En un tour de clic, j'ai installé mon arsenal technologique. J'ai bien vérifié que tout fonctionnait bien. J'ai même eu le temps de faire des photocopies - et ça, c'est le petit plaisir du prof. Les élèves sont arrivés. Je leur ai promis une séance inouïe qu'ils ne seraient pas près d'oublier (pensez donc : de la grammaire en jouant!). Mais avant ça, nous devions finir l'étude d'un texte plein de sang et de gladiateurs nus.

Soudain, alors qu'on s'interroge sur la position philosophique du sage Sénèque, je constate avec effroi la propagation fulgurante d'une pandémie de gloussements. Les mômes commencent à me lorgner bizarrement : un vrai cauchemar de prof. Je n'y tiens plus :

"Mais qu'est-ce qui vous fait rire comme ça? m'enquiers-je avec inquiétude (ceci est sans doute la plus belle phrase de la langue française, bien loin devant Flaubert et ses jardins d'Hamilcar, non mais matez-moi ce rigolo!)
_ Ça!" répliquèrent-ils avec leur concision de parfaits petits spartiates.

Je me tourne alors vers le tableau, inondé de la lumière du projecteur :
Malédiction! Notre économiseur d'écran n'a pas épargné mon ego...

Pitou G.

vendredi 11 décembre 2009

Cage au Follet

Les gnomes de Follet devaient classer une liste d'êtres vivants selon leur famille. À la fin, il n'en reste que deux : les phasmes et les gendarmes.

Pyrrhocoris apterus, punaise communément appelée gendarme

"Bon, alors, on les met où, les gendarmes et les fantasmes?"

Il est des lapsus difficiles à rattraper...

jeudi 10 décembre 2009

Question de longueur

Malgré une semaine de "vacances", comme nos élèves se plaisent à appeler la fermeture d'Haquenée pour cause de grippe, je n'ai même pas trouvé le moyen de nourrir ce blog. Il faut dire qu'habité de missions sacrées telles que nettoyer le frigo à fond ou cuisiner des gratins dauphinois pour mon homme, j'ai pensé un instant démissionner et abandonner toute vie intellectuelle - et oui : on ne dirait pas comme ça, mais tenir Montdepitous est une activité de l'esprit. La fin du chômage technique m'a cependant remis les idées en place : je ne suis pas né pour porter le fer à repasser. Elle m'a aussi apporté quelques perles.

Bons princes, nous n'avions pas laissé nos troupes sans stimulation cérébrale, pendant ces congés forcés : chacun avait un petit dossier d'activités à réaliser. Mes classes avaient ainsi à finaliser une rédaction commencée en cours. Mais le terme "à rendre sur copie" est suffisamment ambigu pour laisser entendre à un adolescent lambda que son prof va se satisfaire d'un minuscule paragraphe gribouillé sur une feuille de brouillon. En constatant que ses camarades rendent des travaux autrement substantiels, le spécimen en question, pris d'une brusque bouffée de honte, prend son air le plus penaud pour avouer :
"Elle est courte"
C'est un âge crucial, il ne faut pas laisser d'obscurs complexes leur gâcher l'existence. Alors j'ai pris ma voix la plus consolatrice :
"Ce sont des choses qui arrivent, tu sais. C'est injuste, mais ce n'est pas très grave : il te faut faire avec".

Je ne comprends vraiment pas pourquoi les autres étaient morts de rire. Je leur ai dit, d'ailleurs. Ils ne m'ont pas cru.
Ils me connaissent bien.

Pitou G.

lundi 7 décembre 2009

La geste des 5e

En attendant des articles plus consistants, l'on peut toujours compter sur mes petits 5e pour fournir des phrases chocs... Nous travaillons sur les récits de chevaliers, la littérature médiévale:

"Il remonta sur son cheval et partit pour l'hôpital" (la charrette du Samu s'était embourbée)
"Il proffite de l'occation pour lui trancher la chambre" (tant pis pour lui, il n'avait qu'à la ranger, sa chambre!)

à l'occasion d'une remarque sur une phrase incorrecte, qu'aucun n'aurait jamais prononcée:
- Mais voyons, relisez-vous, c'est votre langue maternelle tout de même!
- Moi j'ai pas de langue maternelle, m'sieur!"

V.

mardi 1 décembre 2009

Temps volé

Hier matin, alors que j'étais insouciamment descendu chercher des feutres à usage unique, je me suis fait harponner par le grand chef. Rivé à son bureau pour une raison que vous connaîtrez bientôt (suspens!), il avait besoin d'un émissaire digne de confiance pour aller gribouiller quelques statistiques au tableau de la salle des personnels : grippe 91.

À 11H et des poussières, la nouvelle est tombée : Haquenée, dangereux carrefour de contagion, devait fermer ses portes pour la semaine et être désinfecté quotidiennement. Les chefs sont venus prévenir individuellement les professeurs qui avaient cours, en leur demandant de garder le secret et de se joindre aussitôt leur cours fini à la réunion de crise. Le professeur zélé ne mange pas.

Du reste, quand on nous a demandé de fournir du travail à faire à tous les élèves pour 14H, on a compris qu'on ne verrait pas l'ombre d'une feuille de salade avant la fin des conseils du soir. Le professeur zélé est un chameau.

L'information de la fermeture du collège devait être communiquée, classe par classe, par les chefs, seuls habilités à délivrer une telle bombe. À midi deux, tous les élèves étaient donc évidemment au courant. Je vous laisse imaginer dans quelle sérénité se sont déroulés les cours de l'après-midi. Un pur bonheur. Le professeur zélé est un martyr.

Ne vous réjouissez pas trop vite pour moi : Bien qu'en chômage technique, je suis de permanence téléphonique ("Allô, Haquenée à votre service : pour un entretien individuel avec Pitou G., veuillez donner votre numéro de carte bleue" : les collègues sont unanimes, avec ma voix de velours, je vais ramener assez de crédits pour financer toutes les virées pédagoguiques) ou de réunion à peu près tous les jours. Et je ne vous parle pas de toutes les copies à corriger la semaine prochaine. Cette fermeture, ça sent la fausse bonne idée. Le professeur zélé est un sacré râleur.

Souhaitez-moi bonnes vacances et bien du courage à mon homme qui, lui, va au turbin!

Pitou G.

dimanche 29 novembre 2009

Amis et Panamie

Bon : cette semaine, on fait l’hôtel. Et la semaine prochaine, on n’arrivera pas à vous décramponner!
C’est ainsi que Taphanie a résumé les projets de nos deux derniers week-ends en Panamie. Elle n’était pas très loin de la vérité.

Après un voyage en train comme la SNCF ne nous en avait pas offert depuis longtemps (mention spéciale au contrôleur infichu d’articuler “Montparnasse” et qui se perd dans d’obscures explications que personne n’avait réclamées au sujet d’un train supprimé, d’arrêts imprévus et d’une paire de lunettes trouvée - avec description en trois volumes de la dite paire), nous avons mangé un repas diététique franc-comtois chez Taphanie et Huck.

Nous avons profité du premier week-end pour courir les spectacles vivants hyper-select, les salles d’expo underground et les cinémas d’art et d’essai faire du shopping et voir nos amis panamiens. Après un réveil des plus tardifs, on a mangé thaïlandais chez MAB et son mari sous une averse tropicale (quel souci du détail! Ils devraient en prendre de la graine dans Un dîner presque parfait) causée par un vase renversé chez la voisine du dessus (ils ont une toute belle cage d’escaliers : on ne peut pas tout avoir). Depuis que MAB est inscrite sur la liste complémentaire d’un concours organisé tous les quatre ans et qui recrute cinq personnes (c’est sans doute le Comité International Olympique qui sert de jury), tout le monde veut l’embaucher, mais personne n’en a le droit. Quand elle essaie d’avoir des renseignements auprès du ministère dont elle va dépendre, personne ne sait quoi lui dire. Quant à sa conseillère Pôle-emploi, qui ne comprend rien à ses qualifications (souvenez-vous), elle a fini par abandonner : “Je crois que vous êtes assez autonome, en fait”. En même temps, pourquoi MAB irait-elle accepter un emploi en sachant pertinemment qu’elle aura un poste dans quelques semaines?

L’après-midi, nous avons couru les grands magasins dansé le buto (pour ceux qui ne connaîtraient pas cet art japonais de la mise en espace, il s’agit de bouger le plus lentement possible pour capturer le mouvement) sur le trottoir des galeries Lafayette. Cette virée shopping fut assez peu fructueuse : hormis mon parfum qu’on ne peut trouver qu’à Paris, Londres, New-York et Dubaï, on ne s’est rien acheté. L’abondance de minous panamiens supersapés mégagaulés n’aide pas à se sentir en confiance et à ouvrir son portefeuille. Ça me rend presque aussi grincheux que de devoir prendre place dans une file d’attente trois fois plus longue que celle du musée du Louvre pour entrer chez Uniqlo place de l’opéra. Attendre pour entrer dans un magasin de fringues, fussent-elles nippotechnohydronanologiques, il n’y a vraiment pas moyen! Nous refusons de louer un enfant juste pour pouvoir griller la priorité (c’est trop cher payé, si on est obligé de se le farcir jusqu’à la fin du shopping). De toute manière, l’offre commerciale parisienne n’est pas si fantastique : on trouve des Weston et des Blahnik à la pelle, mais acquérir un simple Cocotaki tient de la mission impossible. On a fini par dégoter un Camelott (le jeu préféré de la grand-mère de V., après les petits chevaux) dans une boutique où des clients ont failli finir leur vie écrasés sous le rideau de fer et où mon homme a dû faire lui-même son papier cadeau : la prochaine fois, on lui offrira des chocolats, à Ashley...
La dernière destination de ce samedi était, en effet, le ranch le plus célèbre de toute la blogosphère. Notez qu’il ressemble plus à une distillerie clandestine qu’à un élevage de mustangs (même si on ne peut nier qu’Hannibal et Brutus aient un prestance de pur-sang) : bienvenue dans la maison du rhum arrangé! D’ailleurs, je tiens à rectifier les allégations d’une certaine blogueuse, qui prétend que les Pitous boiraient comme des trous! Je peux jurer sur la tête de mon ministre qu’Ashley remplissait mon verre de tord-boyaux aux litchis sans que je lui demande rien et qu’elle a pris mainte fois prétexte de la marée basse dans le verre de mon homme pour remplir le sien de breuvage vanille- pain d’épices. Amère déception : nous n’avons même pas entre-aperçu Miqueline en scrutant le fond de la faille qui balafre le couloir (ça, ce n’est pas une légende urbaine).
Vous devinez que, le lendemain, nous étions frais et dispos pour participer au repas d’anniversaire de ma grand-mère et de mon frère, auquel nous sommes arrivés parfaitement à l’heure, à une heure près.

Fin du premier week-end.

Pitou G.

vendredi 27 novembre 2009

Quand le coq pondra des oeufs

"M'sieur, y a des marques sur le sol!"
[Ne lève pas trop les yeux, tu verrais les stylos billes fichés dans les dalles du faux-plafond en amiante]. Sur le revêtement en plastique, le top du top de la pétrochimie en 1975, sont en effet visibles de larges griffures.
"Ça ne me surprend guère : les élèves, c'est comme des animaux en cage. Ça gratte le sol quand ça se sent pris au piège. Comme les poules (je mime). Voilà! Vous êtes ma petite basse-cour.
_ Comment ça se fait trop pas! Nous k'aussi z'on peut dire des trucs sur les profs!
_ J'imagine bien. Mais vous, vous le ferez en dehors de ma classe [je tiens à préciser que les stalagtites fichées dans le plafond de cette salle ne l'ont pas été durant l'unique heure hebdomadaire que j'y anime avec un entrain et un dévouement toujours renouvelés]!
_ Bah vous, vous êtes... le roi-poule!"
J'ouvre un oeil rond de volaille perplexe (=l'air d'une poule qui aurait trouvé un cure-dent planté dans le plafond de son poulailler en amiante) :
"Le roi poule?
_ Bah le coq, quoi! Ou un papa poule!
_ Asseyez-vous, mes poussins"
Ils se sont retrouvés le bec dans l'eau, mes petits cochons-dindes.

J'ai décidément un gros faible pour les hôtes ailés de nos fermes.

Pitou G.

jeudi 26 novembre 2009

Marre à casse

-Inscription sur la trousse de Machoman :

"Qui a les plus grosse maracasses" (sic et re-sic)

Je n'ai pas pu m'empêcher de le charrier sur la taille du mini-stylo qui va avec.

Pitou G.

mardi 24 novembre 2009

En espèces ou par tarte?

Après l'existence de la trop méconnue ligue des pets, j'ai fait une nouvelle découverte aujourd'hui. Les gnomes sont décidément très en verve, en ce moment. Merci à Follet, mon camarade de bitchage, de m'avoir communiqué cette perle :

"L'âne et le cheval ne sont pas de la même espèce, parce que l'âne fait hi-han alors que le cheval fait blouf" (l'hippocampe, peut-être).

L'an prochain, j'en redemande, des gnomes!

Pitou G.

lundi 23 novembre 2009

Perlouze

Je sais qu'on abuse, que novembre n'est pas un mois faste pour le blog. Mais le boulot n'est guère inspirant, depuis que j'ai perdu mes poètes - pour les lecteurs fidèles et curieux, le S.A.V. m'a permis d'apprendre que mon bon Catul en vient presque aux mains avec ses nouveaux profs... J'ai griffonné quelques notes qui seront bientôt disponibles en exclusivité sur Montdepitous (les autres n'en veulent pas).
Mais là, il y a une perle qui a la préséance absolue. Le désoeuvrement offre parfois de belles opportunités. Quel heureux hasard m'a fait fouillasser dans la pile de copies de mon collègue d'histoire? Est-ce une Muse? Est-ce le Destin? Est-ce seulement la nostalgie des gnomes? Et dans ce tas de travaux encore inviolés, il a fallu que je déniche ce bijou (regardez la date, c'est du tout frais!). Avouez que j'ai eu... du nez :

Tu peux cliquer, mais c'est à tes risques et périls.

Au début, j'ai cru que la gamine était partie dans un pur délire : "Les Pets sont partie en désordre", là "où il y a un petit espace". On pouvait prédire que ça aller chi€r des bulles! Evidemment, les Pets ont circulé dans toute la salle des profs (il valait mieux que ça ne reste pas trop entre nous) en un vent de folie.
Mais une voix inspirée m'a soufflé que la gamine était juste un poil dyslexique : pauvre Xerxès, il n'imaginait pas qu'il ne serait qu'une brise légère dans l'Histoire...

Pitou G.

mardi 17 novembre 2009

C'est mal de se moquer...

mais tout de même! Ci-dessous, un extrait de copie de gnomes sur lequel je suis retombé et qui mérite qu'on s'y attarde davantage...

"dans un village des cruelle rombieres (Neuilly?). Il avait la plus grande comfusion. (comme pour l'orthographe et la syntaxe, finalement) (...) Calidona a mourut dans l'incendie qu'il y a eu à sa maison (mais elle n'est pas souffert, elle avait très vieille de toute façon). (...) Et la nymphe a disparue (ben forcément, avec tout ce bordel, l'incendie, la confusion des rombières qui courraient partout en mocassins vernis avec leur serre-tête. C'est normal de perdre une nymphette, elle a dû glisser de son transat...) . Le bruit court qu'elle s'était attacher dans Samuel Stone (c'est une GI-nymphe, spécialisée en camouflage et fan de "L'aventure intérieure") l'homme que tout les rombiere poursacher (Samuel Stone est tellement sexy que les rombières rêvent de l'emballer dans du cellophane - les perverses)."

On reste coit!

V.

dimanche 15 novembre 2009

Entrée surprise

On se plaint de notre silence, on nous réclame... Pas de fausses allégations ni de prétextes, Procrastinator a encore frappé, laissant nos projets d'articles dans les limbes. Vous aurez donc droit à un article catalogue qui, parti de rien, n'arrivera nulle part. Vous ne viendrez pas vous plaindre, puisqu'on vous dit que notre vie est aussi passionnante qu'une commémoration du 11 novembre (mais moins déprimante tout de même - on a Internet).
Ce mois-ci je suis en mode élu sérieux; en plus des réunions intéressantes, des étapes obligées, je vais même faire la potiche en public. Cette semaine, j'ai bu du champagne en regardant des belles pouliches sauter (non, je n'étais pas chez Mme Claude), enduré la bruine glacée consubstantielle aux cérémonies de l'armistice, fait le tour du salon du livre avec des vrais auteurs dedans, réunionné sur la démocratie participative et vu DEUX spectacles gratuits. Je sais, mon abnégation n'a d'égale que mon courage. La vérité m'oblige à dire que c'était très bien: Ces chers enfants perdus dans les neiges éternelles était une pièce drôle et plutôt inattendue. Les jeunes comédiens sont remarquables. Le sujet (des enfants organisent leur survie après un crash aérien...), s'il n'est pas entièrement novateur, donne lieu à des dialogues comiques surprenants et l'ensemble est porteur d'une réflexion intéressante sur le pouvoir et la raison dans des situations de crise. Les passages émouvants - en duo - offrant à mon sens bien moins d'intérêt que les scènes de groupes - qu'elles soient amusantes ou violentes. Nous avons regretté la fin "Ouf c'était un rêve", digne d'une rédaction de collégien. Pitou G., un peu fatigué ce soir-là, a tout de même trouvé le moyen de déclarer à la mère d'un de ses élèves: "Y a quand même des longueurs dans ce spectacle...", deux secondes avant de se souvenir que c'était aussi la compagne du metteur en scène.

L'opéra bouffe d'Offenbach, L'apéritif La Périchole, nous a bien plu également. Je n'avais jamais rien vu de pièce de ce compositeur et pourtant je me suis senti en terrain connu: l'argument (un roi installe une chanteuse au palais) est fort simple et l'adaptation ne se prive pas de clins d'oeils (un peu appuyés parfois mais drôles) à l'actualité. La musique, très pouêt, est diablement efficace et la soirée passe agréablement, malgré les deux entractes. Le casting a permis l'improbable rencontre du clone de Jeanne Balibar avec celui de Bernard Ménez. Je dois dire que j'avais des craintes quant à la modestie des effets, mais le résultat est surprenant et conserve une certaine flamboyance. De quoi donner envie de retourner au théâtre... peut-être même dès samedi prochain, en Panamie.

Ce n'est pas encore pour tout de suite que vous pourrez admirer des photos de notre salle de bain achevée: depuis un mois et demi, notre précieux plombier n'a fait que quelques apparitions sporadiques. Après les magnifiques toilettes suspendues (il y a quinze jours), nous avons eu la plaque de chasse d'eau des dites toilettes (pendant une semaine nous avons activé des tigettes de plastique...), puis un magnifique interrupteur gris métallisé (les prises ne rentraient pas). Bientôt un radiateur qui ne fuit pas, un placard et la peinture (peut-être un beau stucco anthracite). On ne peut même pas lui en vouloir, l'artisan est si arrangeant et soigneux qu'il se laisse toujours un peu déborder par les demandes des clients - nous en avons profité: l'isolation n'était pas prévue, pas plus que la VMC et bien d'autres choses!

Nous avons découvert chez Jebaguenaudedanslespaturages le jeu "Les aventuriers du rail" qui nous a tant plus que nous en avons fait l'acquisition dans la semaine. Il faut dire que le principe est simple: sur une carte de l'Amérique du Nord, il faut pour réaliser des trajets que les autres ignorent. Une seule action par tour: piocher des cartes ou poser des wagons, des règles accessibles à partir de 7 ans. C'est d'ailleurs le fils aîné de notre hôtesse qui a remporté cette première partie. Une excellente idée de cadeau pour Noël. Les parties avec Poussinou et son ami (quand on quitte la Picardie, on emporte toujours un produit local!) ont atteint des sommets de concentration. Ce n'est pas la grosse marrade, mais c'est fichtrement bien. Pour rire, nous avions l'embarras du choix: wii (les lapins crétins projetés sur le mur du salon=soirée réussie), cocotaki "expert" (ou comment transformer un jeu mignon et innocent en grand n'importe quoi) et autres petits jeux de société jusqu'à des heures indues plusieurs soirs de suite... J'ai préparé beaucoup de mojitos... et quand il n'y a plus eu de rhum, je me suis rabattu sur le gin pour faire mon désormais célèbre "Ginito". L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, surtout quand il vous fait inventer des cocktails.

V.

dimanche 1 novembre 2009

Toussaint pour ça

Vous aurez bientôt droit à la suite de mes déboires de sac de Mary Poppins. En attendant, je ne pouvais pas vous laisser endurer ce vrai temps de Toussaint (ne me dites pas qu'il fait beau chez vous : je n'aurai pas envie de vous croire) sans vous offrir un peu de réconfort. Quand la météo déclenche des tempêtes (Evelyne Dhélia counasse), vous pouvez compter sur Montdepitous pour emplir vos oreilles d'allégresse :



Les plus fidèles d'entre vous reconnaîtront peut-être cette douce musiquette que nous vous avons déjà fait découvrir il y a quelques mois. Hélas, depuis, le lien est devenu caduc. Réparons donc l'injustice - mais ne faisons pas de zèle : j'ai quand même un peu raccourci le morceau (ça s'entend un peu : on sent le professionnel). Voilà qui vous donnerait presque envie de rejeter plein de C02 pour aller beach-paradiser dans les Caraïbes... Comment? Vous me dites que ce délicieux havre de paix est en Sicile? Mince, on ne pourra même pas invoquer l'excuse de l'écologie pour le snober. Bref, si vous avez envie d'aller zouker au pied de l'Etna en compagnie de gais lurons majoritairement français, vous savez ce qu'il vous reste à faire...

Pitou G.

vendredi 30 octobre 2009

Merci Poppins

Nous revenons d'un séjour supercalifragilisticexpialidocious chez Belledeschamps, en terre picarde. La plupart des gens polis, lorsqu'ils débarquent chez les gens, viennent les bras chargés (de fleurs/de bouteilles/de cadeaux); nous, nous venons juste avec nos bras, mais ils ont fait de l'usage.
Belledeschamps avait en tête plein de projets pour telle ou telle pièce de chez elle, et quelques meubles là où il ne fallait pas. Elle avait aussi une longue liste de petites tracasseries quotidiennes (l'Enfant, ici double, est un grand pourvoyeur de petites tracasseries quotidiennes, ainsi que la voiture de fabrication française). Moi, je me serais assez bien vu profiter de la douceur printanière de cette fin octobre, corriger quelques copies en slalomant entre les Beaucerons ou bavarder en coursant les poules. Mais mon homme nourrissait de plus hautes ambitions.
Vous ne reverrez pas de sitôt Pitou V. traverser une cour de ferme en galopant à reculons, tout en portant un meuble Louis XIII, et entraîner dans sa course folle notre hôtesse et votre serviteur, mi-trottinants, mi-clopinants. Lorsqu'il s'est agi d'évacuer un bureau métallique de la maison, nous n'avons même pas songé à atteler les poneys chiennes. Et là encore, il a fallu suivre le rythme trépidant imprimé par mon homme. Je ne parle pas des kilos de pommes qu'il a fallu découper pour assouvir sa fièvre compotière. Il faut reconnaître que toutes les prouesses effectuées sont à mettre au compte de Pitou V. Toutefois, comme je ne voulais pas passer pour la tache qui tire au flanc, je me suis employé avec application à de menues tâches ménagères. Tenter de se rendre utile quand Mary Poppins est à la maison, c'est dérisoire; mais je suis tête de mule et j'ai fait l'émule.
Mary Poppins... Pitou V. a bien mérité le surnom que lui a donné Belledeschamps. Quand je l'ai félicité pour tout le travail qu'il a abattu en si peu de temps et que je lui ai confié mon sentiment d'inefficacité, il m'a mignonnement rassuré :

"Mais tu es nécessaire à Mary Poppins pour qu'elle puisse accomplir ses merveilles; c'est en toi qu'elle puise toutes ses ressources"

C'est ainsi que je suis devenu le sac de Mary Poppins.

mercredi 28 octobre 2009

It's so zi

Dernière semaine avant les vacances, autant éviter de commencer quelque chose de neuf. Je lance donc la classe dans une activité d'écriture en groupe. Fillette prend manifestement la chose très au sérieux :

"M'sieur, vous aimez le VTT?
_ ...
_ Vous avez redoublé votre seconde?
_ Ça fait beaucoup de questions essentielles d'un coup, là. Non et non.
_ Parce que vous avez un sosie au lycée A., mais un vrai de vrai sosie, j'vous jure. En plus jeune, hein, bien sûr!"

C'est toute l'histoire de ma vie. L'automne étant la saison du souvenir, je songe à créer un mémorial en hommage à tous mes clones :


Cliquez sur les différentes parties de ce monument virtuel pour tout savoir de mes jumeaux.

Pitou G.

mardi 27 octobre 2009

Je gracques**

Lors d'une semaine marathon parents-profs, un papa est allé dire à une collègue (pas à moi, ce serait trop simple) que monsieur Pitou G faisait "du latin façon latin". Personnellement, je ne sais pas trop comment je dois le prendre, mais lui avait l'air ravi. J'en déduis qu'il se réjouit que sa fille/ son fils/ son ragondin (barrez les mentions inutiles : la collègue en question ne sait plus qui c'était : quatre heures de réunions trois fois par semaine, ça vous grille les neurones) n'érige pas des temples en canettes de coca en regardant Astérix aux Jeux Olympiques. Je ne sais pas trop sur quels éléments il fonde son opinion, sans doute sur le contenu du cahier qui donne le change ou sur le témoignage d'un rejeton mythomane. Je pense qu'il est à mille lieues d'imaginer ce qu'est devenue ma classe : une vaste joute de vannes.

"M'sieur, c'est quoi les Patraciens*?
_Des crenouilles!"

J'ai définitivement renoncé à faire de vrais cours le vendredi en dernière heure et, tant qu'à faire, autant partager ce grand n'importe quoi avec mon amoureux. J'ai donc sollicité de la bienveillance du Grand-chef l'autorisation d'inviter Pitou V. Les mômes (à 92 % d'anciens élèves de mon homme) étaient ravis et, chose curieuse pour une veille de vacances, plus calmes que d'ordinaire. Il faut dire que, contrairement à la semaine précédente, en montant vers ma salle, je ne me suis pas agenouillé devant la collègue de maths qui, devinant le degré d'excitation des fauves, venait de me souhaiter bon courage. Avec cette classe (et seulement avec elle, heureusement!) je m'ingénie à me mettre dans des situations ingérables. C'est pas compliqué : il suffit de dire le bon mot qu'il ne faut pas au moment où il ne faut pas. Et quand votre verve est en berne, il faut juste obtenir le silence (de haute lutte) à l'instant même où Ombeline se met à se trémousser sur sa chaise en chantonnant "J'ai envie de faire pipi" à deux centimètres de moi, sous le regard ahuri de ses condisciples. Retenez que le "latin façon latin", c'est diurétique.
La même Ombeline, qui n'a pas toujours la comprenette facile, aimerait tout simplifier : ne comprenant pas pourquoi certains aristocrates romains se préoccupent d'équité sociale tandis que des hommes d'origine obscure ont rejoint les rangs des conservateurs**, elle a pris une décision courageuse :

"Je veux créer un nouveau parti : l'Ombelle unique!
_ Et moi le Théanique! s'est empressée d'ajouter Théa.
_ Au rythme où ça va, on va surtout créer le Titanic, ai-je surenchéri en provoquant l'hilarité. Et là, je crois que je viens de créer moi-même l'iceberg sur lequel nous allons nous fracasser..."

En général, j'en ressors exténué et j'oublie aussi sec ces sémillants échanges - les mômes ont plus de mémoire : dernièrement, on m'a ressorti une blague de l'année dernière. C'est grand dommage pour ce blog. Et pour une fois que j'avais un secrétaire au fond de la classe, il ne s'est pas dit grand chose. Frustration.

Pitou G.

* Vous aurez reconnu les "Patriciens", noblesse sénatoriale.
** Pas de panique, je n'ai pas l'intention de jouer aux devinettes avec vous.

lundi 26 octobre 2009

Sha la la la la

Le seul remède que nous ayons trouvé pour lutter contre la morosité automnale, c’est de faire résonner nos murs de toute la magie de Naël, en écoutant des jingles bell’s, des peuple debout chanteu ta délivranceu, des anges dans nos campagnes et autres hymnes destinés à nous sauver de l’Enfer des jours qui raccourcissent (j’ai beau avoir dormi une heure de plus dimanche dernier, j’ai pas le moral quand il fait nuit à 18H). Vous pensez sans doute que nous sommes très en avance, mais pas tant qu’une jardinerie d’ici qui a érigé son grand sapin fin septembre, dernier afflux de vie d’une nature qu’on étrangle (les pendus et les masochistes savent bien de quoi je parle).
Vu que l’esprit de Naël, c’est le partage, il n’est évidemment pas question que nous achetions les chants en question : on les écoute sur Dix heures ou sur Toi-le-tube. Et en cherchant ça :



Mon homme est tombé sur ce choeur plein de piété, joie sur le monde, le cri est né! Shalalalala just for you :



Voir un matelot au sommet des Alpes n'étonnera plus personne depuis qu'on sait que nos voisins helvètes ont remporté deux fois la coupe de l'America. J'imagine que la présence du cowboy en est aussi une conséquence naturelle, ainsi que la bande-son façon Texas Instrument. Moi qui suis amateur de machos buveurs de lait, j'ai un gros faible pour le moussaillon à pompon, et vous? Mais restons fair-play : c'est le meilleur iodleur qui gagnera.

Comme quoi, de bons paroliers et des chorégraphes de talent peuvent nous extraire de la monotonie de cette fin octobre.

Pitou G.

samedi 24 octobre 2009

Perles de vacances

L'automne ne nous rend pas prolixes, on ne peut le nier. Les dix jours qui commencent seront peut-être plus propices à l'écriture que ces derniers temps. En tout cas, nous partons quelques jours pour un voyage exotique qui nous mènera des falaises d'E. aux riantes terres picardes. En attendant, voici un florilège de perles de 6e.
Tout d'abord, des extraits d'une évaluation sur les classes grammaticales. Les élèves devaient indiquer les dix natures avec un exemple pour chacune.
Connaissez-vous l'ocûgition dite aussi ocurguction? "Miaou" en fait partie. Non, non, ce n'est PAS une onomatopée. Il faut revoir vos grammaires.
Oubliez aussi les interjections, c'est plus complexe que cela. "Zut" est une trangition. "Allô" est un interpode. "Aïe" fait partie de la classe des mésapotamit (ne me demandez pas si cela s'accorde). A noter que "bzibziter" est un néologiste, mais ça n'a rien à voir.

Mais enfin, ce n'est pas si facile à retenir toutes ces classes grammaticales... Et c'est mal de se moquer des dyslexiques.

On va donc se moquer des dysorthographiques.

Il s'agissait de rendre compte d'un roman qu'ils avaient choisi, sous forme d'un abécédaire.

"dans un village des cruelle rombieres (méfiez vous des femmes en tailleur et collier de perles). Il avait la plus grande comfusion (comme dans la construction de ta phrase). (...) Calidona a mourut dans l'incendie qu'il y a eu à sa maison. (...) Et la nymphe a disparue (manquait plus que cela). Le bruit court qu'elle s'était attacher dans Samuel Stone (drôlement hard, la littérature jeunesse), l'homme que tout les rombiere poursacher (l'érotomanie fait des ravages dans les beaux quartiers)"

Remercions B. pour ce moment d'harmonie. Après tout, l'essentiel était que le roman soit lu.

V.

samedi 17 octobre 2009

Vis ma vie de Cinderella - 2

"Qu'est-ce qu'elle peut être gentille!" répète-t-on à son sujet, avec des trémolos apitoyés, avant d'ajouter "et qu'est-ce qu'on peut se marrer!". Cinderella* est une vraie, une authentique, une indécrottable inadaptée. Elle fait partie de cette race de gens qui essaient désespérément de s'intégrer, malgré un tatouage sur le front clamant en lettres d'or "Je viens de la planète Zeugma, ne me nourrissez pas!" J'ai su tout de suite que c'était une extra-terrestre : il m'a suffi de la voir traverser le self en trottinant pour payer son repas de rentrée, de la démarche pataude caractéristique du petit veau abandonnite qui ne trompe personne. J'ai alors ravalé le cri d'effroi que je sentais poindre dans mon larynx, en pensant très fort Memento Droopy**!

En peu de temps, Cinderella s'est bâti une légende. Tout le monde a peur de se retrouver seul avec elle, ne serait-ce que parce qu'elle essaie de faire connaissance avec vous trois fois par jour - il lui suffit d'une demi-heure pour oublier qui vous êtes (elle a fini par reconnaître une collègue à qui elle avait demandé cinq fois son identité dans la journée à la couleur de ses boucles d'oreille). J'ai vu dans une très sérieuse encyclopédie médicale Docteur House que l'hémisphère droit du cerveau était le siège de la reconnaissance des visages : je pense que le sien est abîmé - je n'ose pas me prononcer sur le cas de l'hémisphère gauche.

Remarquez que sa présence a beau nous plonger dans le plus grand désarroi, personne n'a encore jamais été désagréable avec elle. La compassion est ce qui fait de nous des hommes. Malheureusement, aucune de nos stratégies de survie n'a été convaincante. Si un jour vous vous retrouvez face à elle, inutile d'essayer :

  • L'écoute : sauf à vouloir tout savoir de sa vie (ou de son absence de vie), qui consiste à fuir son appartement parce que son voisin écoute la télévision très fort jusqu'à cinq heures du matin. Du coup, elle oublie de se réveiller et rate ses heures de cours.
  • La diversion : même si vous êtes deux à discuter très sérieusement de l'effroyable nouvelle paire de babouches de la chef la mise en place de l'aide aux devoirs, Cinderella vous interrompra. À deux collègues qui parlaient de marmottes (ne me demandez pas pourquoi, c'est un récit de seconde main : je ne peux pas participer à toutes les conversations importantes), elle a avoué que son surnom était "Lapin" et qu'elle avait un range-pyjama Bugs Bunny. OMG!
  • La pédagogie : chaque année, les journalistes en herbe d'Haquenée choisissent les profs dont ils veulent faire le portrait chinois. Ils optent en général pour ceux qui viennent d'arriver, surtout pour ceux qui ont un grain (exemple compromettant ici). Evidemment, Cinderella est leur va-tout pour le premier numéro de l'année. Mais encore faut-il aller lui proposer. La malheureuse élève volontaire a essayé de lui expliquer ce en quoi consiste un portrait chinois pendant pas moins d'un quart d'heure, avec moults exemples. À la fin, Cinderella a conclu : "En fait, il faut juste répondre aux questions comme si on était un Chinois". Elle a voulu poser avec les enfants pour la photo (puisqu'on vous dit qu'elle est gentille), mais aucun n'a voulu : il a fallu inventer une excuse diplomatique...
  • L'humour : une collègue un peu boute-en-train, s'est retrouvée seule avec elle à la photocopieuse. Constatant qu'elle photocopiait des partitions, elle lui a fait remarquer avec un clin d'oeil qu'il n'y avait pas beaucoup d'images dans son bouquin. "C'est normal, c'est de la musique" s'est-elle vu opposé. Notre farceuse a pu s'offrir gratuitement le plaisir de passer pour la plus bête des créatures de la savane et découvrir que le rire est une affaire de Terriens. Pourtant, Cinderella réagit à des situations hautement comiques (démonstration ci-dessous).
  • L'indifférence polie : je suis le témoin bien involontaire de l'anecdote suivante qui m'a plongé dans la quatrième démission dimension de la blague. En longeant le couloir en direction de la salle des prof, j'ai dû remonter un torrent d'élèves qui patientaient avant d'entrer en permanence. Ils étaient si nombreux que ça bouchonnait jusque devant la porte de notre sanctuaire. Lorsque je réussis enfin à me frayer un passage et à ouvrir la porte, je me retrouve en tête à tête avec Cinderella. Du couloir me parviennent, étouffés, les aboiements d'une surveillante qui tente d'obtenir un rang discipliné. Je devine aussi ce qui ressemble à une vague de protestations. L'affaire en serait restée là, n'étaient les oreilles bioniques de Cinderella. Pendant que je fais du tri dans mon casier de Minipouce, je la vois qui ricane toute seule. Puis, sans que je lui demande rien, elle me raconte trois fois de suite la même histoire :
" Ça me fait rire parce que la surveillante leur dit de se ranger et là, il y a un élève qui dit : oui, mais il y a une longue queue hihihihi".
Voilà le fin mot de l'histoire : Cinderella a un gros faible pour le comique cochon à queue en tire-bouchon. J'avoue que je ne sais pas trop quoi dire, alors je continue mon classement en souriant civilement, tandis qu'elle reprend : "Hihihi, la surveillante leur a dit de se ranger et là, il y en a un qui a dit : oui, mais il y a une longue queue. Tu comprends? Ce qui est drôle, c'est que, nous, on pense tout de suite au piano à queue, au piano trois-quart-de-queue, au piano demi-queue, au piano quart-de-queue. Il y a aussi le piano droit et le piano crapaud. Hihihihi. J'aime bien rire. Je suis toute guillerette aujourd'hui..."

Comme le dit si bien Follet***, qui a vivement regretté de n'être point là pour vivre ce quality moment avec moi : "C'est bien de pouvoir partager une histoire de queue à deux".

Pitou G.

* Ce n'est évidemment pas son vrai prénom. Le vrai est... plus surprenant.
** Souviens-toi de Droopy (mouais, c'est beaucoup mois drôle avec son pseudo!). Pour ceux qui débarquent d'ailleurs, un peu comme Cinderella en fait, Droopy était son prédécesseur à ce poste réputé maudit.
*** Follet est un pseudonyme astucieusement trouvé pour mon nouvel acolyte de bitchage.

jeudi 15 octobre 2009

Leçon de charisme

Comme vingt fois par jour, je tançais les gnomes qui couraient et cométisaient dans les couloirs (à croire qu'on a hérité d'une génération de sprinters, cette année - c'est toujours mieux qu'une génération de sphincters), quand Hévéa décida de réduire à néant mes dernières illusions de pédagogogue :

"Attention m'sieur : vous allez nous les traumatiser, ces petits! Moi, l'an dernier, quand je vous voyais dans les couloirs, j'avais peur. Mais en fait, ça va, vous êtes marrant".

Je devrais peut-être faire cours dans les couloirs...

Pitou G

P.S. : je n'oublie pas que je vous ai promis un article sur Cinderella Lalouz. En ce moment, c'est plutôt la folie, côté boulot (tout arrive) : ce message est donc en projet, en même temps que dix autres idées qui végètent. Mais la patience a du bon : jour après jour, Cinderella abat ses cartes - et c'est rien que des atouts...

jeudi 8 octobre 2009

Vis ma vie de Cinderella

En ce moment, Haquenée fonctionne comme sur des roulettes, c'est un bonheur. Nous sommes en octobre, ce n'est pas comme si c'était important que tous nos élèves aient des manuels scolaires ou que la photocopie ait son comptant de toner. Faire le boulot de l'intendance et/ou de l'administration, c'est un petit bonheur personnel dans lequel je m'épanouis. Et quand, le soir, mon homme me dit que dans ses deux bahuts telle ou telle action est déjà en place, je me demande bien de quoi il veut parler. À Haquenée, notre action principale, quasi exclusive pour tout dire, c'est d'attendre la livraison de plastique pour couvrir les livres que j'ai prévu d'étudier dans il y a une semaine. Alors finalement, vous comprendrez, ça m'arrange un peu de ramasser la paperassse inutile par brouettées ou d'assister à un cours d'une heure sur comment se laver les mains : ça meuble en l'absence de matériel pédagoguique.

Sinon, je suis content parce que je ne suis pas le seul gogo de service pour assister aux réunions : ma collègue A est aussi assez fortiche pour s'engouffrer dans tous les groupes de travail divers et variés. A et moi, ça fait deux pigeons dans le colombarium - et le colombarium, ça sent un peu la sapinette.
D'ailleurs, ce midi, il y avait une réunion où nous étions tous les deux conviés. Enfin, il y aurait dû y avoir une réunion... Décidée il y a deux jours, elle a été annulée hier. Le détail cocasse, c'est qu'elle devait se dérouler pendant une de mes heures des cours (oui, je suis le seul à bosser à cette heure-là, c'est pour ça). Il me fallait donc prévenir les élèves. Ce matin, en constatant que pfffuitt plus de réunion (sans explication évidemment, ça servirait à quoi?), j'ai béni ma proverbiale distraction que, pour le coup, j'ai pris pour une faveur céleste : vu que j'avais oublié de leur dire que mon cours ne pouvait n'aurait pas dû avoir lieu (ça va, là, vous suivez toujours?), tout le monde serait là sans se poser de question. Sauf qu'une collègue bien intentionnée avait prévenu certains élèves (pour faire simple, ils sont répartis dans trois classes, ces chameaux) que je ne serais pas là puis, le lendemain, que finalement si (si vous suivez toujours, c'est que vous êtes malades mentaux). J'ai donc passé une matinée délicieuse, traqué dans les couloirs par des adolescents ayant perdu le sens commun ("Y a Untel qui m'a dit qu'Unetelle lui avait dit que Mme D. avait dit que vous étiez là sans être là tout en étant ailleurs et moi, j'ai pas mes affaires; y a cours au fait?"). Alors quand à midi, on m'a appris que les surveillants n'avaient pas fait passer en premier mes élèves ultraprioritaires pour cause d'horaire à la con, j'ai cru que j'allais m'effondrer dans mon petit salé aux lentilles.
Je crois que c'est à ce moment-là que l'assistante sociale (que je connais bien pour avoir assisté à une heure de cours enthousiasmante sur "c'est quoi une assistante sociale?" devant des ado qui la connaissent depuis quatre ans et baillaient à s'en décrocher la mâchoire) a voulu me montrer une passe magique relaxante; si toi aussi, tu as les nerfs à vif, lis attentivement ce qui va suivre, ça va bouleverser ta vie : si tu as envie d'éventrer le premier individu qui se présente à toi, surtout n'en fais rien; pince-toi plutôt la peau entre le pouce et l'index. Quand je pense qu'il y a des guerres dans le monde, alors qu'il suffit de se masser le gras de la main! Faudrait la muter à l'ONU l'assistante sociale. Faudrait vraiment, parce que sinon, la prochaine fois que je la croise, je risque de l'écharper.

Je m'épanche, je m'épanche (et je tombe en avant) et je m'aperçois qu'avec tout ça, je n'ai toujours pas abordé le sujet initial de cet article : Cinderella Lalouz, la fantastique occupante du poste maudit laissé vacant par Droopy. C'est du lourd. C'est du très lourd. C'est au-delà du lourd. Mais ça sera pour une prochaine fois...

Pitou G.

mercredi 7 octobre 2009

Chat-moine

C'était bien la peine de faire châtrer nos chats, si c'est pour qu'ils se battent comme des chats-fonniers siphonnés! Il y a quelques semaines, Stu' est revenu à la maison avec une bajoue, façon extraction de dent de sagesse : un mauvais coup de griffe lui avait valu un abcès. Il a eu beau protester de toutes ses cordes vocales, il a eu droit au véto (ah-ah-ah) et nous à celui de passer à la caisse (on a même eu de la litière fraîche).

Hier, c'est Calim' qui s'est pris pour Chasimodo, au prix d'une proéminence sur le sommet du crâne.

Hélas, la photo ne rend pas hommage à la bosse de notre baleineau. La coupe iroquoise, c'est pourtant plus à la mode.

Je soupçonne notre Bouddha velu d'avoir compris qu'antibiotiques = un sachet fraîcheur cocawiné par jour pour faire passer la pilule (c'est bien le chat de le dire), ce truc en gelée qui rend tous les chats hystériques (même Stuart qui est pourtant un chat-norexique) . Un repas de fête en lieu et place de l'habituelle plâtrée de croquettes, ça veut bien une cicatrice, hein? J'imagine bien nos chats jouer à :
Je te chiens,
tu me chiens
par la moustachette,

le premier qui miaulera
aura une tapette (sans souris)


Mais Calim' avait sous-estimé la taille du sacrifice : passer sur le billard a valu à notre petite boule de poils une sacrée tonsure. Appelez-le Chat-noine de Chatran!


Pour la coiffure, j'ai pas eu voix au chat-pitre


C'est pas beau de se moquer d'un chat groggy par une anesthésie générale, mais vous avez droit de cliquer sur l'image pour rire en grand format. À l'avenir, prière de ne plus donner votre langue au chat : vous voyez ce qu'il en fait...
La brave bête n'est pas rancunière : à l'instant où je tape ce message, il me chauffe agréablement les cuisses - mais n'a toujours pas ravalé sa langue.

Pitou G.

mardi 6 octobre 2009

Ultra s(c)iant

- Monsieur, l'ordinateur il siffle! Ah mais vous pouvez pas l'entendre, vous avez plus de quarante ans! s'exclame C.
- Je suis ravi d'avoir été vieilli de dix ans en un instant mais en l'occurrence je n'entends effectivement rien.
- Non, mais je ne disais pas ça pour vous vexer, c'est juste que vous faites plus que trente ans... s'enfonce C., gênée.
- Vexé moi? Nooon... mais je n'entends rien.
- De toute façon, y a que la vérité qui blesse! conclut Perfida

Je n'ai pas eu le courage de relever. Croyez-vous que je sois un candidat potentiel au relooking extrême?

V.

mercredi 30 septembre 2009

Haquenée dans ta tévé

Je reviens tout juste, fourbu, d'une grande expédition à la capitale régionale pour cause d'appendice stagiaire (je suis pas clair : c'est la fourbitude) et pour cause de ratage de train, aussi. Mais je ne pouvais pas vous laisser plus longtemps dans l'ignorance d'un tel scoop : si vous aimez la TNT et les présentatrices has been, un peu d'Haquenée s'est peut-être invité dans votre salon à l'heure du petit-déjeuner, hier (ça rime avec stagiaire)(faut vraiment que je dorme)(et que je mange).

Pitou G.

mardi 29 septembre 2009

Glamourous mix

Ce matin, alors que je voulais gonfler mes poumons de l'air revigorant du petit jour (et accessoirement aérer notre antre de fauves) avant d'affronter une longue journée de labeur, ou plutôt de longues attentes entre de petites sections de labeur, j'ai, en ouvrant nos luxueuses portes-fenêtres, inhalé une volumineuse bouffée de soupe de légumes. Pour les bénéfices de la ventilation naturelle, on repassera (au mixeur).

Dans ma ville, l'Aurore aux doigts de rose sent le mouliné poireau-oignon.
So glamourous...

dimanche 27 septembre 2009

Escrime chatale et esclavage moderne

Taphanie nous a signalé ce petit dessin-animé (merci!). En le visionnant, je me suis rendu compte qu'on l'avait déjà vu, mais, surtout, vécu chaque nuit ou presque depuis que Calim' est venu vivre à la maison :



Heureux possesseurs valets de chats, quelle stratégie adopte votre despote domestique pour vous tirer des draps? Stuart, à l'époque où il était fils unique, se postait sur nos poitrines et ronronnait très fort. Quand on tardait trop, il miaulait (et toute personne ayant entendu son filet de voix discordant saura que cet appel ne tolérait aucun délai).

Calim, qui a dû regarder ce dessin-animé en cachette pendant que nous étions au boulot, a jeté son dévolu sur la technique 0:48 (voir vidéo). Mais notre chat, qui a moins de considération pour ses maîtres que Simon's cat, le fait toutes griffes dehors, après coup de semonce (il colle son museau sur ma pommette et me chatouille de ses vibrisses pour m'avertir qu'il va passer à l'attaque). L'heure de l'assaut est variable, de 3HOO à 6H20. Quand il dépasse 6H00, je n'aime pas trop : ça ne me laisse pas le temps de me rendormir avant la sonnerie du réveil (qui, vous l'aurez compris, tient surtout de l'objet de décoration).
S'ensuit une passe d'armes assez intéressante où, encore tout ensommeillé, j'essaie d'intercepter les coups de pattes, lui serre les coussinets pour le faire bisquer, avant de l'envoyer rouler sur la couette ou de l'expédier sur le sol quand il devient trop insistant (c'est-à-dire toujours) afin de pouvoir refermer les paupières en toute sécurité. Mais c'est une trêve très symbolique. Mon métabolisme s'est à la longue harmonisé avec l'horloge interne de la bête et notre séance d'escrime quotidienne coïncide désormais avec mon escapade pipi. Je traîne alors la savate jusqu'en bas (tandis que V. dort du sommeil du juste : le bourreau a trouvé le maillon faible), pour trouver invariablement une gamelle pleine. Il est entendu que Calim', contrairement au chat de la vidéo qui a au moins l'excuse de la faim, me réveille à la seule fin d'avoir de la compagnie quand il mange. Si je n'ai pas la patience d'attendre qu'il ait fini son casse-croquettes pour le mettre dehors, je m'expose à des représailles d'enfer dans le quart d'heure qui suit - soit juste le temps qu'il faut pour se rendormir. Brave bête.

Le rituel du réveil n'a pas toujours été aussi bien réglé : auparavant, il faisait tinter de petits objets métalliques dans des pots en verre, se glissait sous la couette pour nous tétouiller le pyjama et enfoncer ses griffes dans la peau ou déréglait le radio-réveil en s'asseyant dessus; une fois, il m'a même bondi sur la tête. L'affection de nos chats n'a pas de prix.

Pitou G.

P.S. : d'autres vidéos de Simon's cat là-bas. Nous vous recommandons en particulier Fly guy, autre séquence miaulante de vérité.

vendredi 25 septembre 2009

Dommage collatéral

Même si la salle de bain n'est pas finie, elle a belle allure. La bonne nouvelle, c'est que la baignoire est déjà praticable : les Pitous peuvent donc se laver sans traverser la ville et jouer les parasites - et c'est tant mieux pour le boulot : assister à une réunion parents-profs accompagnés d'une escouade de mouches, ça n'améliore pas notre charisme. Vous aurez bientôt des photos avant-après de notre espace hygiène, dès que notre perfectionniste plombier aura levé le camp de notre salle de bain (si possible avant les grands froids de février)(je parle de février 2011, bien entendu). Primo, je ne suis pas sûr qu'il soit OK pour poser dans Montdepitous; secundo, on a vu artisan plus décoratif (ou )(ou encore un vendeur de fenêtres chaud comme la braise dont on ne vous a pas encore parlé, mais bon, on ne peut pas tout faire).

Revenons à nos douchettes. L'aspect de la salle de bain est prometteur, disais-je. Non seulement elle est plus belle qu'avant (mais quelle prouesse!), mais on a gagné de la place. Mais à l'extérieur, sur le pallier, M. Perfectionniste a causé son premier dégât collatéral (hors les jurons que la moindre contrariété lui arrache et qui nous font craindre à chaque fois que notre salle de bain est un vrai massacre, alors que non, pas du tout)(je me fais quand même un peu de souci pour le vocabulaire de nos chats) : en fixant le meuble au mur de la SDB, il a détaché un morceau de cloison de l'autre côté. S'il continue comme ça, on réunira salle de bain et pallier en open space - on pourrait transformer l'escalier en cascade artificielle, non?

Avec la paille du mur, on pourrait même se tresser une pirogue

Pitou G.

jeudi 24 septembre 2009

Les classiques du rire (et de la honte)

"Oh lala! La croûte! Voilà qui dissuaderait un mort-vivant de venir vivre dans Maville!
- Parle plus bas : le peintre est juste derrière"

mercredi 23 septembre 2009

Mariage au MABnoir

MAB s'est mariée il y a un mois. Ce n'est pas comme s'il y avait urgence de le raconter sur le blog. D'ailleurs, elle revient à peine de son voyage de noces-surprises (destination découverte à l'aréoport) très très loin. Et puis c'est qu'on en a eu, des choses à raconter, sur ce blog, au cours des trente derniers jours : il suffit de regarder l'interminable liste de messages qu'on a écrits dans l'intervalle pour s'en convaincre (vous savez, quand on ne savait tellement plus quoi raconter qu'on photographiait nos muffins)... Je suis sûr que vous êtes terrassés par l'évidence : ce n'est pas par flemme que j'ai si longtemps différé cet article. C'est euh... parce que j'étais encore sous l'effet de l'éblouissement.*

Pour résumer les festivités, je citerai Tonky : "Heureusement qu'on s'est déjà tous mariés, parce que devoir rivaliser avec ça, ça nous aurait mis une de ces pressions!" (enfin mon V et moi ne nous sommes pas mariés, hein, juste pacsé à l'époque où tous nos amis étaient fauchés - m'est avis qu'on s'est fait un peu couillonner dans l'histoire!).
C'est vrai que le cadre était enchanteur, et pas seulement parce que nous avions tartouillé les portes du MABnoir d'un enduit sable-peinture. Papillonner sous les poiriers et le soleil d'août en vagabondant du stand huître au stand foie gras, se perdre vingt fois dans les alentours du stand boudin noir (une tuerie, et pas que pour le cochon) en nourrissant son estomac des conversations mondaines, assister aux énormes boulettes de LaLionne qui met les pieds dans le plat comme moi dans la peinture et, surtout, voir la mariée heureuse comme tout dans sa magnifique robe cousue maison, ça donne l'impression d'être une bulle de champagne - lequel était une tuerie (et pas que pour le raisin).

Passons assez vite sur le passage à la mairie où j'ai pu compter les battements de mon coeur dans les tempes en maudissant mon émotivité et ma cravate trop serrée. J'ai tenu mon rôle de témoin avec d'autant plus de panache que la salle municipale pouvait à peine contenir une dizaine de personnes. J'ai quand même eu un moment d'hésitation lorsque le maire a décliné mon adresse, un brin farfelue (c'est ça de confondre les R et les N), mais MAB a eu l'air de dire que le mariage serait quand même valide. C'est à se demander pourquoi il vous demande votre adresse si tout le monde s'en fout...

J'étais bizarrement beaucoup plus détendu lorsque ce fut au tour de Péopéo de signer le registre de l'église et à celui de Tonky de lire un extrait du Cantique des Cantiques devant des centaines de personnes (je remercie une fois de plus mes parents de ne m'avoir point baptisé). À l'église, on s'était mis tout au fond : primo, mon quart d'heure de gloire était passé; secundo, c'est toujours plus prudent d'être proche de la sortie quand on n'est pas un bon chrétien. Effet secondaire, pas du tout escompté, je le jure, ça permet aussi de ne pas avoir à faire du playback sur Viens, Esprit de Sainteté. Enfin, c'est ce que je croyais naïvement : à la dernière minute, une petite dame bigote est venue se perdre dans le fond de l'église pour nous vriller les tympans avec cette voix suraiguë si typique des chants de messe. J'ai fait ma tête de pioche : je n'ai pas desserré les lèvres. Je m'imaginais répondre à une grenouille de bénitier inquisitrice : "je ne chante qu'en latin". Et quand sont arrivés les premiers magnificat : "je ne chante qu'en grec".



De toute façon, pendant toute la durée de la messe, le canon de Pachelbel de l'entrée des mariés ne m'a pas quitté, même pendant l'absconse parabole sud-américaine du petit vautour élevé parmi les poules et qui aspire un jour à s'élever spirituellement en regagnant les cieux. À la fin, il comprend qu'il était vautour depuis toujours et destiné à manger ses anciennes mamans d'adoption. Je m'interroge toujours sur le sens de la fable : l'homme doit-il exterminer ceux qui ont été bons avec lui? Par contre, j'ai bien retenu que Dieu gaspille (enfin, il ne compte pas) et sème à tout vent. Et ce n'est pas grave si quelques semences tombent sur le sentier où on les écrase ou dans les ronces où elles sont étouffées et... Et là, j'ai arrêté d'écouter, obnubilé par la question du lieu où ma graine était tombée. Vraiment, je fais un piètre chrétien. J'ai bien fait de rester au fond.

Bien après la mairie, l'église, après les stands escargots et petits fours, nous nous sommes approchés des plans de table. C'est là qu'on a connu un petit moment de frayeur et de gêne : Tonky et son mari n'apparaissaient à aucune table. On a beaucoup ri en les traitant de pique-assiettes et de parasites, mais on avait quand même envie de passer la soirée avec eux - surtout que Tonky devait nous accompagner à la guitare quand nous chanterions une réécriture d'Aux Champs Elysées ("pourquoi c'est toujours Aux Champs Elysées"?, se lamente mon homme) en l'honneur des mariés. Evidemment, la liste de la table de Tonky avait juste été emportée par le vent. Comme chaque table portait le nom d'une ville visitée par les mariés Globe-Trotters, j'ai suggéré à MAB que c'était sans doute l'Atlantide qui manquait à l'appel. Ça a beaucoup fait rire Tonky, mais MAB ne s'est même pas rendu compte que c'était un trait d'esprit. Trop d'émotions rend imperméable à l'humour. On en reparlera le jour où nous nous marierons. D'ici là, j'espère avoir compris qu'il ne faut pas se frotter les yeux après avoir tripoté les piments des décorations (juste avant de chanter, c'est plus drôle).

Pitou G.

* Ce qui est une façon élégante de dire que j'ai traîné ma flemme durant tout ce temps, faisant partager au blog la longue agonie de l'été. Je savais que ma longue pratique de la rhétorique latine et des excusationes pro infirmitate me serviraient un jour. Que MAB m'en pardonne (elle qui est sans doute la seule à comprendre de quoi je parle).

mardi 22 septembre 2009

Brèves haquenéiennes de la semaine

Cette année, j'ai retrouvé Enlumineur, avec deux ans et quelques centimètres de plus - le corps et la voix sont restés tout fluets. Ses commentaires matutinaux avant l'ouverture de la salle m'avaient presque manqué :
"Monsieur, ce matin, on m'a déjà comparé deux fois à vous.
_ Ah? Toi aussi, tu fais des erreurs orthographiques quand tu écris au tableau?"
Je n'allais tout de même pas répondre ce que j'ai pensé très fort : "je sais pourquoi, mais tu ne le sais pas encore."
Je ne veux pas savoir de quoi voulaient parler ses camarades en vrai (Saby Banana m'a déjà fait le coup).

***

"S'il y a une erreur, vous la corrigez en rouge.
_ Et s'il n'y a pas d'erreur, on corrige quand même en rouge?"

***

Tatchana revient de l'infirmerie sans la copine qu'elle vient d'accompagner.
"Ta camarade y est restée?"
Entre la gastro et la grippe, on ne sait jamais...

***

Au CDI, les élèves doivent sélectionner un livre en vue d'un travail à la maison. En fin de séance, je passe pour m'assurer que personne ne va sortir bredouille.
"Vous avez fait votre choix?
_ Pour moi, ça sera une glace à la fraise"
Ça m'apprendra à m'habiller comme un serveur!

Pitou G.

lundi 21 septembre 2009

Snobs snipers

Un lundi à 13h30, dans une salle des profs quasi-déserte, Pitou G. et un nouveau collègue, garçon sensible de son état* et langue de vipère par voie de conséquence, sont à genoux sur les fauteuils en mousse, le nez collé sur la vitre, en train de commenter le cortège d'élèves franchissant les grilles (la salle des profs paie cette position stratégique par une exposition au nord):
" Alvin a drôlement forci pendant l'été. C'est moche les effets de la cortisone.
_ C'est l'âge ingrat. Oh! Mais qu'est-ce que c'est que ça? Avise-moi un peu cette star!
_ Les lunettes de soleil grand écran jurent un peu avec le pantalon de survêt blanc. Le paquet de bonbons manquerait à la panoplie du beau gosse. Cette dégaine!
_ Et voilà mon Donovan! À droite.
_ Ben oui, à gauche c'est Sullyvanne, j'ai déjà pratiqué l'année dernière. Alors comme ça, Donovan c'est cette chose qui a l'air d'avoir 19 ans? Et il est en quelle classe?
_ En 6e.
_ Un ogre en t-shirt bariolé parmi les gnomes. Ça promet!
_ Ça tient déjà ses promesses. On s'est frité ce matin. Il m'a demandé s'il pouvait tuer un ver de farine. J'ai dit non. Il l'a écrasé sous mes yeux.
_ Qu'est-ce qu'elle s'habille mal, elle. Autant de couleurs et pas une qui aille avec une autre. Pas même le blanc de ses bottes. Tiens, Soizic... Elle n'a pourtant pas une tête de Bretonne!
_ Tu connais les Bretons : une femme dans chaque port!"

La vapeur d'eau et le poison commencent à embuer la vitre. La conversation continue sur le même ton. S'ouvre alors la porte.
"Bonjour messieurs"

Pitou G. suspend la pique qu'il vient de former en son esprit. Lui et son acolyte sont toujours agenouillés sur les sièges, snipers embusqués devant la fenêtre, avec de grands airs de conspirateurs et la rémanence d'un éclat moqueur au fond de la rétine.

"Bonjour monsieur le Principal"

C'est quand la saison des notes administratives?

Pitou G.

*Je ne lui ai pas demandé confirmation (j'ai un peu de savoir-vivre), mais je pense que c'est superflu.

mercredi 16 septembre 2009

Les viiiignettes d'Heidi Di

Le suspense aura duré presque jusqu'au bout, cette année. Les plans que j'avais échafaudés pour rester à Haquenée ont échoué, et j'ai laissé place à un stagiaire comblé par son tuteur. Le 26 août, j'ai reçu deux arrêtés du Recto-rat, m'affectant sur deux collèges de la ville (dont celui où j'étais il y a deux ans), avec un reliquat de quatre heures qui s'est réduit à deux et demi puis à zéro en deux jours: "ah, il vous reste des heures, tant mieux, il me fallait quelqu'un pour boucher les trous!" m'a dit en substance la sous chef du collège Hautdupanier, "Vous allez donc avoir une sixième et... cinq heures de soutien!". Ô joie et bonheur, me voilà promu prof de remédiation/remise à niveau-en confiance. La gentille jeune collègue me prévient le jour de la prérentrée: "C'est pas vrai, ils t'ont refilé mon emploi du temps... tu vas voir, ça c'est superpénible!" Car en sus de mes trois heures de soutien 6e "normal", avec des gnomes un peu quiches mais pas trop, je vais aussi assurer les cours de "soutien renforcé" auxquels ont droit les plus brillants spécimens de 5e et 4e. Il est vrai que pour cela on les prive du plaisir des Heidi Di (comme dirait G., en France on n'a pas de pétrole mais on a des IDD*.)
Je ne devrais pas me plaindre: je découvre le meilleur collège de la ville, je ne ferai pas de route cette année encore, et mes deux établissements sont pilotes pour les TICE et l'ENT**. Plus de billet d'appel, plus de carnet de notes, bientôt plus de feutres pour les tableaux (à Hautdupanier, je projette tout avec grâce par l'élégance de mon vidéoprojecteur plafonnisé qui s'allume d'une délicate pression du doigt... La classe américaine.)
Le retour au collège Léonardo Di Caprio s'est passé sans heurt, je connais les lieux et les gens (dont ma chère Vénitienne). J'ai hérité de deux 5e présentant chacune d'intéressants demi gnomes. Dans l'une j'ai un Blanc-bec atteint de logorrhée:
- Nous travaillerons en séquences, qui sont l'équivalent d'un chapitre, et devrions en faire six ou sept dans l'année...
- Mais Monsieur c'est pas normal, en 6e on en a fait douze des séquences, alors en 5e normalement on devrait en faire plus parce que la 5e c'est plus dur que la 6e...
Il va sans dire que j'ai coupé court à son délire verbal mais endiguer le flot de son discours a nécessité un virulent "ta-gueule" pédagogique.
Dans l'autre, j'ai remporté le pomponneau de la pomponnette, la fève, j'ai nommé Äverell. Äverell a un prénom américain, avec un tréma improbable. Äverell a commencé à grandir mais a encore une voix haut perché, qui s'envole dans les aigus quand il s'excite (tout le temps).
Äverell donne toujours l'impression de se foutre de toi, mais en fait il n'en fait pas exprès, il a juste un sens inné du ridicule. Morceaux choisis, toujours sans aucun esprit d'à propos, en général quand tout le monde travaille en silence:
- Monsieur, pourquoi dans "vignette" on entend un "i"? Viiiiiiiignette!
Ou encore:
-Monsieur, c'est vrai que vous pouvez vous fâcher très gravement?
- Tu veux tenter?
(se reculant, en ouvrant de grands yeux)
- OH NON ALORS!

Une perle. Promis, cette année, je les collectionne et je vous fais un beau collier.

V.

* Pour les non profs, il s'agit d'une idée sympa qui s'apprête à disparaître: deux matières, qui s'articulent autour d'un thème et d'un projet fédérateur, si possible porté par les élèves. Bon, ça a parfois donné des trucs improbables ("le pli et le drapé", testé par G.) ou carrément invraisemblables comme l'IDD Français-techno "Presse-purée"... Toutefois, il faut voir l'excellent collège Clisthène, à Bordeaux ou tous les élèves travaillent sur un thème différent à chaque période, en interdisciplinarité.
** En fait non, les non profs, devinez ce que veut dire l'acronyme et sans tricher! Une photo d'un truc à gagner avec une recette de muffins. Ou les vrais muffins faits maison, mais on ne livre pas.

mardi 15 septembre 2009

Houbas-tu donc?

L'an dernier, l'ultime cours de la semaine était épique. Cette année promet d'être bien pire vu qu'avec cette même classe, ce sont tous mes créneaux horaires qui sont pourris (je vous assure). Je pense qu'à la grande loterie de la distribution des heures, ils sont arrivés en dernier - peut-être parce qu'ils avaient été retenus à la grande distribution de la bonne humeur et de la répartie.

Au moment où on me demandait d'expliquer la subtile nuance entre ubique (partout) et undique (de toutes parts)(ce qu'ils peuvent avoir comme questions cons)(remarquez que, rapporté comme ça, on dirait un vrai cours alors que non, vraiment pas)(vous croyez qu'on peut aller en prison pour excès de parenthèses?), je me suis lancé dans un rapide rappel des questions de lieu (là, je pense avoir perdu le peu de lecteurs qui ont survécu au début de cette phrase interminable, non mais achevez-le!).
Dans un sursaut homérique (et périls), Ombeline, chez qui je retrouve parfois le fabuleux potentiel d'une vieille connaissance, est sortie de sa rêverie:

"Vous pouvez répétez ce que vous avez dit? Ça veut dire quoi, ubi?
- Ça désigne le lieu où on est.
- Mais oui! C'est pour ça, alors, que le marsupilami fait "houbi houbi" quand il est perdu!!!"

Ombeline qui, avant de rentrer en cours, qualifiait le latin de langue morte, aura donc compris que, nonobstant sa décédétitude, il permet de soutenir la conversation avec des bestioles à longue queue - ça peut toujours servir.

Pitou G.

dimanche 13 septembre 2009

Dernière Tongue, on parie?*

"Mais qu'est-ce que j'ai bien pu en faire? J'en ai marre, c'est toujours la même rengaine et je n'en tire jamais de leçon!"
Vendredi midi, j'ai réuni YoungFather et Pitou V**, venu exceptionnellement manger à Haquenée, dans l'une des nombreuses salles où je dispense mon savoir encyclopédique et la joie de lire, amen. Ils me regardent vider mon cartable pour la énième fois, impuissants. YF compatit : il a cru perdre ses clés le matin-même; mais il était plus relax : les clés de sa cave ouvrent toutes les portes du bahut - un établissement haute-sécurité, vous en conviendrez...

"Il va falloir que j'aille prévenir l'intendance, ça va être pénible. Il faudra ensuite interroger les mômes un par un, le truc interminable. Foutues clé! pestai-je en palpant méthodiquement mon porte-document.
_ Tu crois que c'est un de tes élèves qui a pris la clé sur ton bureau?
_ Non. Mais elle doit bien être quelque part!"

Je procède à une auto-fouille au corps. Rien dans les poches, rien dans le slip (enfin si, mais ce n'est pas le moment de tout déballer). Pas un seul appareil à rayon X dans ce bahut sous équipé, vous y croyez, vous? Mais qu'est-ce que le Conseil Général fait de ses sous, hein? De dépit, j'envoie valser mon gros cahier à spirale; une nuée de photocopies prend son envol.
Cling... cling... cling... Oh! ma clé!

Il y a des gens qui aiment jouer à se faire peur. Ma rédemption passera par le cadeau qu'YF m'a fait la semaine dernière, un gadget offert avec un catalogue de bidules destinés à financer des voyages. Elégant, discret, racé. Avec ça, aucun risque que je perde encore une fois ma clé de douze vue!

YF a gardé le pied droit : c'est le concept de la tongue de l'amitié.

Pitou G.

* Je préfère avertir le lecteur peu vigilant ou cinéphobe qu'un calembour génial (si!) se cache dans ce titre.
** Dès qu'il se décide, mon homme vous donne de ses nouvelles!

jeudi 10 septembre 2009

Chacun sa croix

Hurler à la mort dans tous les recoins du bahut semble être une bonne stratégie pour s'épargner bien des désagréments : vous finirez bien par tomber sur un agent double qui a vendu son âme au grand chef. Pour me plaindre, je manque rarement d'inspiration :

"Tu te rends compte! Ils ont collé Listéria dans ma classe! Tu le crois, ça? Listéria et moi, on s'est frités dès notre première rencontre, il y a deux ans!"

"Franchement! Moi, avec Listéria, je vais finir par péter un plomb : ça ne pourra jamais marcher!"

ou encore :

"Je suis sûr que le courant passera mieux avec une collègue. Listéria, elle a un problème avec les hommes, c'est sûr!".

Finalement, ils ont mis le monstre femelle dans la classe d'A., la collègue qui m'a piqué ma salle (bien fait!). Il y a une justice! L'alerte fuchsia peut donc être levée. Et le plus beau, c'est que je n'ai même pas eu à me traîner aux pieds du chef : je me suis contenté de me lamenter en coulisses. Je me demande quand même si ce ne serait pas Listéria elle-même qui aurait demandé à ne pas avoir ce canard de Pitou G. Je savais qu'elle et moi aurions un jour un objectif commun. Champagne!

Du coup, lorsque le chef, à la récréation, s'est planté devant A et moi (j'étais encore tout occupé à la narguer) pour demander si on s'était mis d'accord pour le stagiaire (ah? parce qu'il fallait qu'on se mette d'accord?) et qu'A. s'est tournée vers moi en soupirant : "Vraiment, je préférerais que ça soit toi qui t'en occupes", je n'ai pas eu le coeur de refuser. En plus, pour des raisons pratiques, c'est vrai qu'il vaut mieux que ça tombe sur moi.
Mais entre temps (bon là, va falloir que je fasse un peu attention à ce que je dis), Là-haut, ils se sont réveillés et ont fait valoir leur avis. Et le nom qu'ils ont sorti du chapeau, je vous le donne en cent, je vous le donne en mille... Tadam : Pitou V.
Silence gêné du chef, obligé de leur apprendre que M. Pitou V. est maintenant dans un autre établissement (vous aurez bientôt de ses nouvelles, promis). Il a alors donné mon nom. Là-haut s'est trouvé embarrassé à son tour :

"Je lis son rapport d'inspection et je vous rappelle".

Est-il utile de s'étonner que Là-haut choisisse un conseiller sans prendre le temps de lire le dossier des membres de l'équipe? Pourquoi se serait-il embêté alors qu'il connaît mon homme pour lui avoir serré la main, l'an dernier, quand sa classe a remporté le concours organisé sous Sa Très Haute Autorité? Finalement, mon dossier fut consulté (ou pas) et mon nom retenu. Pas définitivement, hein, ce serait trop simple. Je dois recevoir, dans quelque temps, une "visite de courtoisie" (sic) de Là-haut pour entériner ma vie de garçon l'affaire.

Je comprends mieux pourquoi A. n'était pas chaude...

lundi 7 septembre 2009

Ce qu'il y a derrière la porte

Il y a un an, nous avons découvert, scellé dans le mur de feue notre salle de bain, un panneau de bois.

Les plus rêveurs d’entre vous ont alors imaginé le passage secret qu’elle desservait et les trésors inouïs auxquels elle nous mènerait. Mais, évidemment, de l’autre côté de la « porte », il y a ça :



Maintenant que nous sommes sur le seuil d’une nouvelle année scolaire, je me dis que ma rentrée n’est guère différente de cette porte en trompe-l’œil. Pleine de promesse, elle s’est ouverte sur un mur sale. Réjouissons-nous : elle aurait pu, je suppose, ouvrir sur un abîme.

Après avoir reçu le rapport d’inspection que j’attendais depuis six mois et qui a fait craquer les élastiques de toutes mes paires de chaussettes, après avoir avisé les listes de mes classes et reconnu beaucoup de noms qui font plaisir à lire, j’ai essuyé une série de contrariétés. De menues déconvenues dont aucune, prise isolément, n’aurait pu vraiment gâché la rentrée. De petites blessures sans grande conséquence, hormis la dernière. Omnes vulnerant, ultima necat : comme les heures, toutes blessent, la dernière tue. La dernière, c’est vraiment le pompon de la pimponette. Mais commençons par le premier coup de canif…

  • L’ambiance au boulot sera moins funky, cette année. Cette impression s’explique par le départ de certains collègues qui étaient très présents dans l’établissement : celui de mon homme, pour commencer, mais aussi celui du regretté Droopy. Que vaut une salle des profs sans pull husky, mmmmm ? La dadame qui le remplace a cependant un fort potentiel et a achevé de me convaincre que c’est un poste maudit (trois cas en trois ans), ne serait-ce que par son prénom. Même en me forçant, je n’aurais pas trouvé de pseudonyme aussi tartignole. Gageons qu’elle a pour elle bien d’autres atouts ! Au revoir aussi à Bombinou et à trois autres collègues qui égayaient la salle de restauration, si souvent bondée par le passé et tellement vide aujourd’hui. Les petits nouveaux sont des fantômes qui rentrent manger chez eux. Quel ennui…

  • Sur le papier, la liste de la classe dont je suis le prof principal était alléchante : beaucoup d’élèves connus, brillants et sympathiques. Mais ils n’étaient pas encore assis qu’ils ont déjà commencé à se plaindre. La composition des classes, c’est vraiment n’importe quoi ! Y en a qui se retrouvent tout seuls ! On peut pas changer tout ça ? C’est un grand classique, bien sûr, la jérémiade de rentrée. Mais ce n’est pas comme ça que j’avais envie de débuter l’année, pas avec eux.

  • Leurs geignements étaient d’autant plus irritants qu’ils étaient en partie justifiés. Affubler les optionnistes d’horaires aussi cons, c’est une curieuse façon de les encourager. Leur (re)faire le coup du cours (avec moi) de 16 à 17h le vendredi après une heure de permanence, exactement comme l’an dernier (et on se souvient de ce que ça avait donné), c’est franchement abuser. Ils ne l’avaient enduré qu’en songeant que c’était juste pour un an. Les voici fort justement récompensés de leur patience ! Notez bien que le premier vendredi de l’année a été à l’image des plus belles heures passées :
« Rappelez-moi qui a fondé Rome.
_ Romulus et Rémus.
_ Et plus exactement ?
_ La louve ! »
Et dire que les deux autres créneaux sont à peine mieux placés…

  • J’ai descendu d’un cran dans la hiérarchie des profs. J’ai perdu le respect de mes ouailles en perdant ma salle. Je suis désormais un apatride, baladé de salle mal équipée en salle mal aménagée. Quitte à bouger, autant le faire bien et changer d’étage aussi souvent que possible.

  • Un stagiaire en lettres a été affecté à Haquenée. Comme personne ne semble se soucier de lui trouver un tuteur, il passe un début d’année confortable. En haut, on espère peut-être que l’un d’entre nous se dévouera, mais personne n’en a envie. Et puis zut, ce n’est pas à nous de lui désigner un conseiller ! Deux d’entre nous partent cependant favoris malgré eux, et si vous avez bien suivi mes problèmes de chevilles un peu plus haut, vous avez sans doute compris que je suis l’un des heureux pressentis. L’autre est la collègue qui a volé ma salle (vilaine !). Depuis, notre petit jeu préféré consiste à démontrer à l’autre qu’il est le mieux placé pour guider le stagiaire. C’est hi-la-rant et ça met une de ces ambiances !

  • Du coup, quand le grand chef a demandé à me voir, j’ai cru qu’il avait tranché le nœud gordien et allait mettre fin à cet exaltant suspens. Mais il a fait bien mieux : il m’a annoncé le ALERTE FUCHSIA retour que personne n’attendait plus de... ALERTE FUCHSIA niveau max Listéria ! Rien de moins que la fille la plus toxique de l’Ouest. Et bingo, qui va devoir prendre en main son orientation en plus de se farcir sa constante agressivité en classe ? Personnellement, je l’aurais volontiers orientée vers la sortie (ou vers une quatre voies), mais on m’a bien fait savoir que ce n’était pas possible. C’est bien ma veine : on vient tout juste de pousser vers le haut une cohorte d’emmardeurs, et il fallait que la pire d’entre eux me revienne en reproche. Et c’est maintenant qu’elle a 16 ans, au moment où ce n’est plus obligatoire, qu’elle veut revenir au collège ? Cette blague ! Je rencontrerais bien la mère pour évoquer les projets de sa fille, mais vu que la gamine est venue s’inscrire toute seule, je peux toujours me brosser.

Voilà, non seulement j’ai un peu honte d’en faire une jaunisse avant même de l’avoir revue, mais je sais au fond de moi que j’ai raison de m’en faire…
Et pour clore cet article, un cas d’école d’ironie tragique : alors que la rumeur du retour de Listéria circulait déjà dans les couloirs et que je n’avais qu’une chance sur deux de la subir, une surveillante a fait entrer dans ma salle une nouvelle élève. Constatant que ce n’était pas Listéria mais une gentille-molle que je connaissais par ailleurs, j’ai failli sauter de joie : on n’allait quand même pas me mettre deux élèves supplémentaires !
Ben si.
Alleluia.
Du coup, j’ai prévu de bosser sur la tragédie pendant les trois trimestres avec cette classe.

Pitou G.