Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mercredi 31 décembre 2008

Joyeuses fêtes

Mieux vaut tard que jamais :
Je vous parle peu des poétesses, les collègues d'obédience féminine de Catul, Tibulle et Properce. Mais que voulez-vous que je vous dise de drôle sur ces délicates créatures qui pensent à mes étrennes?
Pour la peine, une touche de kitsch : Joyeuses fêtes (ne comptez pas sur moi pour vous souhaiter la bonne année avant le 1er janvier : ça porte la poisse, na!)

Pitou G.

Dernière minute : Félicitations à Tonky et son mari, heureux parents d'un bébé germano-normando-savoyard au prénom hispanisant, mouture 2008. Plein de bisous!

mardi 30 décembre 2008

Vrac de Noël

Après la gentille Mother in Law (V. me souffle que j'aurais dû écrire Step mother), le gentil beau-frère... Comme quoi, les fêtes sont toujours l'occasion d'émouvantes retrouvailles familiales.
Il faut savoir que mon frère et moi, quand nous nous retrouvons, nous sommes assez déchainés pour exaspérer tout notre entourage (et dieu sait que mes parents sont pourtant entraînés!) : nous sommes des bretteurs hors pair en matière de bons mots. Le créneau de prédilection de mon frère, cette semaine, c'était la température de notre maison. Extraits choisis:

"S'il n'y a plus de place dans le frigo, on n'a qu'à entreposer les huîtres chez les Pitous!"
"Vous n'avez pas peur de dormir chez vous, avec tous les ours blancs en maraude?"
"Vous avez invité combien de pingouins pour le jour de l'an?"

Est-ce lui qui a glissé à mes parents l'idée d'un de nos cadeaux : des vestes polaires assorties, modèle paresseux (manches longues, pour moi) et modèle jardinier (sans manche, pour V)?

Et rien de tel qu'un repas de famille pour tenter de rendre mon Pitou V. parano!
Pitou V à ma mère : Voulez-vous que je vous serve?
Mon frère : Depuis quand tu vouvoies ma mère, toi?
Ma mère : Il m'a toujours vouvoyée. Ce s'est fait comme ça. Si Pitou V me tutoyait, ça me ferait bizarre, maintenant.
Mon frère : Ah oui? C'est très bien comme ça, en fait. Tu ne veux pas me vouvoyer aussi?

***

Sinon, entre deux occasions de ripailler, je ne sors plus de la maison, je fais des soupes (exquises, évidemment) et relis tous mes Steven Saylor, histoire d'oublier que j'ai du boulot en souffrance : on affrontera les copies en même temps que la récession, en janvier 2009... Pitou V, quant à lui, me cueille des étoiles grâce à la Wii et réagence le salon tous les deux jours. Rien que de très normal, donc.

Résolution possible, pour l'année prochaine : mettre à jour mon cahier de texte élargir le cercle de mes lectures bloguinales. Avouez que ça sommeille beaucoup sur la Toile (et aussi dans nos commentaires), du coup, je m'ennuie. La colonne des liens risque de s'allonger début janvier; j'ai déjà des pistes : Fyfe nous a déjà fourni plein d'idées de lecture. Si vous avez d'autres suggestions, nous sommes toute ouïe.

lundi 29 décembre 2008

Grenelle du grenier

Mike Delfino, muni d’un apprenti mi-benêt mi-beau cul, a commencé son chantier et bosse comme le pro qu’il est. La cage d’escalier est finie, mais le reste du chantier, inachevé, est suspendu pendant les fêtes. La faute en un comble incombe au fournisseur de matériaux, Réseau Dilettante, qui a commis pas moins de deux erreurs successives (la troisième à la rentrée, je suppose) dans la commande : 33 m2 de laine de bois? (oui, notre grenier a la surface de deux studios parisiens, même pas honte) Mais pour quoi faire? Ça doit être une erreur, commandons-en deux fois moins!

Chouette! On a assez de laine de bois pour isoler la litière des chats!

Pour les curieux, cliquez sur l'image pour voir à quoi ça ressemble, de près, de la laine de bois

On aura des nouvelles de la laine de vingt (cm d’épaisseur) début janvier. Je croyais que mon homme, perdu par anticipation dans les brumes du champagne, parlait de laine de de vin, ce qui m’a donné l’occasion de me couvrir de ridicule devant Mike (c’est peut-être une tactique de drague payante, qui sait?)

C'est à ses outils qu'on reconnaît un bon ouvrier

Pendant les travaux, le fait d’avoir un trousseau de clés pour deux n’a pas toujours été simple à gérer en période de conseils : les passations ont quelquefois été ratées, laissant l’occasion à des collègues plein d’”esprit” de s’en donner à coeur joie :
Pitou G : Je suis encore à la porte de chez moi.
YoungFather : Mais pourquoi n’avez-vous qu’une clé pour deux?
Pitou G : En ce moment, c’est un artisan qui a la mienne.
YoungFather : Faites-en une troisième.
Pitou G : Elle existe déjà, mais elle est chez ma mère (avec l’accent des banlieues normandes)
YoungFather : Bah forcément, s’il faut que tu règles ton complexe d’Oedipe!

YoungFather était très fier de lui. Moi, j’en ris encore.


Un aperçu de l'isolation à l'ancienne : lattis et terre. Ecologique, mais pas très efficace.

Janvier sera donc le mois de la nouveauté : grenier bien isolé, tapis, meuble télé, rideaux et, il suffit qu’on le demande gentiment, installation d’un apprenti dans notre salle de bain...

Cage bien isolée
L'oiseau ne pourra s'envoler!

Pitou G.

mardi 23 décembre 2008

Hellcome to ire

Ce titre nécessite, en plus du bilinguisme anglais-ancien français (nous militons pour l’Internationale du jeu de maux), une solide culture télévisuelle (Jean-Luc Lahaye accueillant Barry White sur son plateau). Cet article est là pour nous rappeler que les vacances de Noël peuvent être l’occasion de réjouissantes retrouvailles familiales.
Nous ne pouvions pas clore l’année sans rendre une seconde visite à Beau-papa et sa seconde épousée d’outre-Manche, la première remontant à Pâques (une tasse de café partagée dans une pièce en travaux : “un peu de mastic avec ton sucre, mon chéri?”).

Il y a un mois, en prévision d’une expédition dans le Nord Cotentin, mon homme décroche son téléphone pour prévenir son père que nous serons de passage et qu’on aimerait bien leur rendre une courte visite. Sachant qu’ils passent en général les fêtes en Irlandie ou en Londonie, c’est assez prudent de s’y prendre en avance. Même s’ils ont déjà pris leurs billets et ne peuvent pas nous recevoir, on s’évite ainsi (c’est de la théorie bien sûr, mais apparemment de la théorie trop française) de les vexer en les prévenant à la dernière minute. Cela dit, eux n’ont pas hésité à ne pas nous prévenir du tout lorsqu’ils ont passé un week-end à quinze kilomètres de chez nous. De toute façon, ce doit être notre faute, parce qu’on ne les a jamais officiellement (“Papa, tu es solennellement convié à nous prévenir quand tu passes devant notre porte”) invités à venir à la maison (je suppose que nous aurions dû le faire le jour où ils nous ont affirmé qu’ils n’aspiraient à rien tant qu’à rester chez eux, tranquilles). Mais je m’égare. Réponse de Beau-papa au coup de fil de son fils : “Rappelle quand vous serez dans la Manche, on verra bien”.

Notez bien qu’il ne s’agit pas d’aller dormir chez eux, en pleine cambrousse, depuis une calamiteuse expérience, il y a un an et demi. À cette époque où on nous promettait encore un double des clés, nous aurions été, semble-t-il, au dessous de tout, ce dont nous n’avons rien su jusqu’au jour où, six mois après, Mother in Law nous a envoyé un courriel tout en anglais, plein d’allusions on ne peut plus voilées, d'ironie fielleuse et d’ambiguïtés. Quand V. a saisi son téléphone pour obtenir des éclaircissements, Beau-papa s’est contenté de lui répondre, avec une nuance d’amusement dans la voix : “Relis le mail!” jusqu’à ce que mon homme arrive à lui tirer les vers du nez. Depuis, on ne nous a plus invités qu’à venir dîner, ce qui est pratique quand on habite à 250 km - mais il parait qu’on a mal compris et qu’en Angleterre, quand on invite les gens à dîner, ça sous-entend qu’ils viennent aussi dormir (avis à nos lecteurs anglophones). Mais je crois que je m’égare de nouveau.

Tout cela nous amène donc en Décembre 2008. “On est libres demain de 15 à 17 heures. Mais pourquoi n’avez-vous pas appelé plus tôt?”. Ah-ah-ah! (no comment). En sortant de la voiture, je me prépare mentalement à ne pas savoir que dire devant ma tasse et à ne saisir qu’un mot sur dix (en général les plus improbables : genre, je sais que hedgehog ça veut dire hérisson) de ce que dégoise Mother in Law dans sa langue maternelle. Quand je découvre qu’ils ont adopté un bébé labrador, je me sens soulagé : je saurais au moins quoi faire de mes yeux. Le chiot savait, lui, quoi faire de ses dents. Je l’ai systématiquement appelé Digby (comme dans Pushing Daisies, série qui mérite que nous vous en parlions) devant nos hôtes effarés par mon absence de mémoire (ils n’avaient qu’à appeler leur chien Digby).

L’après-midi se passe tout à fait civilement, même si je suis persuadé que Mother in Law croit sincèrement que je parle couramment anglais et que je refuse volontairement de le parler. Pitou V alimente une conversation enjouée dans la langue des Spice Girls, moi je comprends vaguement et hoche activement la tête devant mon café pas terrible. Bref, le scénario idéal.
Cinq minutes avant de partir, V. demande à son père si, à l’occasion, il pourrait remettre la main sur a little monkey called Kiki qui appartenait jadis à son petit frère : “Pour vous, ça n’est pas grand-chose, mais pour lui ça veut dire beaucoup” (et pourtant, il ne joue pas de piano debout ni ne tape sur des bambous). Offense. Mother in Law en furie vire à la virago et lance de vives imprécations. Comme il n’y était pas questions de hérissons, je n’ai pas tout compris, sauf qu’elle n’était pas contente. Beau-papa souriait, content que sa femme défende like a lion son statut de papa outragé par l’indigne puîné. On a subi quelques minutes le requisitory de Mother in Law, parce qu’apparemment, elle voulait qu’on la comprenne, en plus (commence par parler moins vite!). Quand V. a rétorqué qu’elle voudrait peut-être attendre six mois pour nous envoyer un mail, j’ai senti que ce n’était pas trop le moment de traîner... On réglera ça à Pâques, de toute façon.

Pitou G.

Merry Christmas!

lundi 22 décembre 2008

La Tulipe noire

Depuis quelque temps, j’ai envie de faire des rencontres en dehors du corps professoral (comme le conseillait Catul-pas-de-e à une collègue). Bien évidemment, il est hors de question de s’inscrire dans une quelconque association ou mouvement, je parle bien sûr de rencontrer des gens par Internet. Le blog ne suffisant pas, je suis également inscrit sur un célèbre site de réseau social et sur d’autres, moins célèbres. C’est ainsi que j’ai échangé quelques mots avec un hollandais installé en France, Peter. Charmé par mon esprit fin et spirituel, (hum, hum) surpris aussi que je ne l’ignore pas (“Quoi, tu as plus de 35 ans? Arrière, vieux!"), il nous invita prestement dans leur belle maison où il tient chambre et table d’hôte avec son ami Ton (prononcez Tonne), à Saint Léger, près de Granville. C’est ainsi que, sitôt fini le dernier cours de l’année , nous sommes montés en voiture vendredi, un peu intimidés, un peu curieux.

Deux heures plus tard, nous mettons pied à terre devant une élégante bâtisse ancienne, joliment illuminée. Nos hôtes nous accueillent très chaleureusement et nous présentent leurs compagnons, car La Tulipe Noire s’apparente à l’arche de Noé: deux grands chiens, Bo et Chausey, cinq chats (Margatoux dite Princesse, Minos, Florence, Karel et Streepje ) et un perroquet. La grande salle, où flamboient une cheminée et un poêle, est soigneusement décorée: mur en pierre ornés de tableaux, tomettes réchauffées par des tapis, meubles de style modernisés par d’audacieux tissus, plaids et coussins et une longue table toute dressée et éclairée par deux candélabres argentés créent une atmosphère délicieuse. Ton et Peter débouchent le champagne et les langues se délient: les deux compères sont tombés amoureux de cette maison il y a quatre ans et l’ont achetée sur un coup de tête. Changement de vie : Ton, ancien infirmier, se démène en cuisine avec bonheur pendant que Peter, qui tenait un salon de coiffure à Amsterdam, sert en salle. Bien que leur clientèle soit essentiellement hollandaise et fidèle (ils réservent un an à l’avance quand les Français, plus versatiles, hésitent, s’en remettent à Météo France et appellent trop tard quand tout est complet), nos deux hommes se débrouillent fort bien en Français. Le détail amusant, c’est que le plus bavard des deux n’est pas le plus doué pour notre langue, mais sa maîtrise est néanmoins impressionnante pour quelqu’un qui ne l’a jamais apprise à l’école.

Le dîner, excellent, a continué de nous surprendre : huîtres gratinées (une révélation pour moi!), poulet en compotée d’abricots épicés, bavarois citron-fruits de la passion. Le café nous a permis de découvrir un biscuit traditionnel néerlandais, spécialité de Noël, le speculaas, n’ayant rien à envier à son cousin muni d’un double “o”. Nous avons couché dans la plus belle chambre, également décorée avec soin, pour une nuit hélas un peu courte (périple de vacances oblige). Lorsque nous sommes descendus, la table était couverte d’un copieux petit déjeuner servi dans une vaisselle chinée à motifs bleus: jus d’orange frais, oeuf mollet (que j’ai délicatement explosé sur la table, pensant qu’il était dur...), viennoiseries, charcuterie, fromage blanc et hollandais (goûteux: si, si!). Impossible de ne pas faire honneur à tant de bonnes choses, si bien présentées. Bref, nous avons eu du mal à partir, et ce n’est qu’après une visite complète de la maison, de ses dépendances et du jardin où par beau temps l’on voit Cancale (et donc la mer) que nous sommes remontés en Yaris, non sans avoir chaudement remercié nos adorables hôtes pour leur gentillesse.

C’est définitivement une bonne adresse pour qui voudrait découvrir la baie du Mont Saint Michel, aux portes de la Bretonie. Label “Qualité Pitous” pour cet établissement que nous recommandons vivement.


V.

samedi 20 décembre 2008

Pluie sur l'arène

Ce blog parle décidément trop du boulot. C’est d’autant plus dommage que nous avons des vikènes de folie. Tenez, la semaine dernière, nous sommes allés en Bretonnie (enfin, dans un endroit où les gens sont convaincus d’être Bretons), dans une grande cité avec affichage bilingue des noms des rues et bars à foison (c’est peut-être bien la Bretonnie, remarquez!). Ouvrons une parenthèse ethnographique, avec appel à témoines : mesdames et mesdemoiselles bretonniennes qui nous lisez, braillez vous toutes vos histoires de sexe dans la rue, passé 21 heures? Êtes-vous toutes des reines de la syntaxe et de l’élégance (“Keviiiiin! Casse-toi pas!”)? Fin de la parenthèse d’ouverture culturelle.

Siouplait, on va arrêter de nous faire croire qu’il pleut en Normandie, parce que ce vikène, il a fallu que j’aille en Bretonnie pour apprendre à nager sur la terre ferme (un rien boueuse). Il y avait tellement de flotte, que le portable captait à peine (rien à voir avec le fait que ce soit une antiquité). On n’y voyait pas à deux mètres, ce qui est toujours pratique quand on a fixé le rendez-vous le plus vague possible à des amis : handicapés visuels et téléphoniques, les pitous trempèrent de longues minutes, en espérant voir les époux Péo-Péo surgir des flots.

C’était le temps et le moment idéaux pour se presser avec une foule dégoulinante dans des boutiques surchauffées. Mais bon, ce fut opération bonne pioche pour le Père Noël, alors râlons peu (mais râlons bien). Quoi de mieux qu’un bon chocolat chaud pour se réconforter - et surtout réconforter un Pitou V fébrile et toussant de toutes ses bronches et bronchioles (tiens, si on allait barboter toute une journée dans l’eau froide pour se sentir mieux?) ? Pour le salon de thé, nous nous rabattons sur un troisième choix - les deux premiers étaient bondés : que ces gens manquent d’imagination! Alléchés par la carte qui vante l’excellence du chocolat d’antan, nous déchantons vite en découvrant la demi-lavasse que nous sert un demi-beatnik. Absorbé par la conversation charmante de nos amis, je ne vois que d’un oeil mon homme se lever. Lorsque je comprends sa destination, il est bien trop tard pour réagir : V. est déjà accoudé au comptoir, penché vers la patronne qui n’en mène pas large :

Vous l’avez fait avec du lait écrémé ou de l’eau, votre chocolat à l’ancienne?

Il est tout à fait cordial, comme toujours (même si je le soupçonne d’avoir tenté de contaminer la dame en lui toussant dessus). Elle ne peut que lui bredouiller mollement qu’il y a de la crème (la crème, c’est comme le beurre et le cidre, il n’y a que les Normands pour savoir la faire).

Vous voyez, il y a peu j’étais dans un salon de thé parisien qui faisait un chocolat vraiment puissant et onctueux pour à peine plus cher que le vôtre, alors je suis quand même un peu déçu.
_ Vous n’êtes pas vraiment le premier à me le dire. Mais bon, forcément, on ne peut pas rivaliser avec Paris" (comme si Paris n’était pas à moitié peuplée par des Bretons, ou assimilés!), répond la dame penaude avant de nous remercier (penaude et masochiste, donc).

Bref, ce fut un vikène idéal. Sans lui, on aurait pu oublier combien Mme Péo-Péo mange lentement (désespoir de la serveuse), combien on dort bien chez Roseline de b. même quand on ne dort pas très bien, en fait. Et on n’aurait jamais découvert docteur N. (une ancienne d’Haquenée, comme quoi ça arrive à des gens très bien) dans son rôle de femme au foyer, psychologue experte en chou braisé. Dommage que le déluge ait rivé nos yeux au sol (pas envie de me noyer dans une flaque), parce que c’est quand même une ville rudement belle, Rennes (ce n’est pas pour rien que le Père Noël y recrute son équipage).

Shalom Bretonnie! (c’est pas comme ça qu’on dit?)

Pitou G.

P.S. : Pitou V a doctement annoncé à ses gnomes que les Lestrygons étaient des oiseaux carnivores... Espérons que les mouflets aillent réveillonner chez les Lotophages!

vendredi 19 décembre 2008

Travail de vacances

Ouvrez vos agendas. Pour la semaine prochaine, veuillez relire les mésaventures de Catul-pas-de-e et de Tibulle-qui-bulle, en visualisant les deux protagonistes ainsi :

Raphael Cassagne, alias Audric Chapus, ferait un excellent Catul, tant au physique qu'au moral. Imaginez-le en version châtain. Remarquez que les petites flèches latérales évoquent des cornes (somme toute très probables). Provenance de l'image : site officiel PBLV

Le mannequin qui pose pour la campagne de la nouvelle Mégane a de faux airs de Tibulle (là, il faut plutôt l'imaginer en brun et en plus malicieux). Vous comprenez sans doute mieux pourquoi on lui passe plus volontiers ses écarts...

Alors, conformes aux produits de votre imagination?

jeudi 18 décembre 2008

Palmes dégât-démiques

Au collège Haquenée, il y a des tas de collègues que j'apprécie. L'écrasante majorité, même. On sait tous, bien évidemment, que l'Educnat' est un repaire de dingues plus ou moins doux. Ceux-là le sont à un degré proche du mien. Il y en a pourtant quelques uns qui méritent des tartes. L'an dernier, le pimponneau de la pimponnette, c'était Lucinde. Mais à cette époque de l'année, on ne la voyait déjà plus trop, occupée qu'elle était à préparer son prochain arrêt maladie, en prenant garde de ne pas basculer dans la longue maladie. Lorsqu'en fin d'année, on nous a annoncé (parce qu'elle ne l'a pas fait elle même, elle ne nous parlait plus depuis les premiers conseils de classe) qu'elle demandait une mise à disposition, j'ai éprouvé de la sympathie pour elle. C'était courageux de se lancer comme ça dans l'inconnu, sans un sou devant soi et sans plan de secours. J'en ai moins ressenti en apprenant la semaine dernière, qu'elle en avait finalement un : redevenir prof en cours d'année(et potentiellement reprendre le poste qu'elle avait laissé vacant à une remplaçante sympa et compétente en septembre).
Lucinde, c'était donc, vous l'avez compris, une compétitrice hardcore. Les têtes à claques 2008-09 sont d'un tout autre acabit: celui qui s'incruste.

  • La palme d'argent revient à Droopy, pour sa voix traînante et ses pulls, ô grands dieux ses pulls! Préféré-je le Père Noël pixelisé, la coupe de fruits exotiques ou le perroquet bariolé et daltonien? Contre les agressions visuelles, il suffit de fermer les yeux (ok, il n'y a rien de tel pour paraître bargissime, mais dans une salle des profs, ça glisse comme une frite chez Quick); mais contre les désagréments sonores, beaucoup plus insidieux, il n'y a plus rien à faire dès lors qu'il a commencé à parler. Ne surtout jamais croiser son regard, surtout lorsqu'il essaie de s'immiscer dans votre conversation, parce que là, ça devient vraiment toxique!

  • La palme d'or revient toutefois sans hésiter à Helmut Stachos qui n'est pas prof d'allemand, contrairement à ce que son nom laisse entendre. Helmut, c'est le passionnario démago qui vous interpelle à tout bout de champ : "Et toi, qu'est-ce que tu as mis en place pour aider Untel?", qui trouve aux conseils de classe tous ses élèves plus formidables les uns que les autres et qui parle beaucoup trop fort (je crois qu'on ne peut pas csaisir dans sa plénitude le sens de trop tant qu'on n'a pas entendu sa voix). Tout le monde attend patiemment qu'il accepte enfin de prendre sa retraite.
    Helmut n'a jamais de souci avec ses classes, évidemment. Pourtant, je l'ai déjà vu se mettre hors de lui (et c'est encore plus pénible que lorsqu'il passe de la pommade ) : il faut dire que nous partagions l'an dernier la horde de Grelinda* (une de ses aventures parmi tant d'autres). Impossible d'arrêter sa voix de stentor qui dégoisait sans fin sur la méchanceté innée de ces enfants-là, des monstres, puisqu'on vous le dit! Personnellement, je trouvais déjà assez pénible de me les farcir quatre heures par semaine, alors je me serais bien passé de son quart d'heure de déploration. Mais depuis que j'ai assisté à ce spectacle rare, je ris sous cape lorsqu'il somme tous ceux qu'il rencontre de lui dire quels dispositifs pédagoguiques ils ont imaginés pour voler au secours de X ou Y (X et Y étant invariablement les moins disposés à se laisser aider).
    Je n'ai pas le bonheur d'intervenir dans la classe dont il est le prof principal (j'ai laissé ce privilège à V), mais il suffit que je le croise pour que mon seuil de tolérance s'effondre. Ce matin, il a surgi juste derrière moi quand je fermais une porte. Je croyais que j'étais le dernier à sortir - j'imagine qu'il s'était tapi dans un coin, aux aguets, en quête d'un collègue à sermonner. Il a fait mine de me reprocher de lui avoir claqué la porte au nez (quand il veut plaisanter, c'est un supplice). Je n'ai pas pu me retenir :
    "Si je t'avais vu, sois certain que tu aurais eu le nez cassé!"
    Il a beaucoup ri de ma "blague" et je me suis senti envahi par une immense vague d'apaisement, tandis que Youngfather, témoin muet, se demandait si c'était du lard ou du cochon.
    Bref, grâce à Helmut Stachos, j'ai enfin compris l'agacement des schtroumpfs face au schtroumpf à lunettes.
Pitou G.

*Pour les fidèles qui voudraient avoir de ses nouvelles, sachez qu'elle a (définitivement?) quitté Haquenée cette semaine, après avoir pourtant fait parler d'elle très modérément (d'après certains collègues hallucinés, elle a été transfigurée : aurait-elle reçu des retombées astrales de feue Soeur Emmanuelle? Mais c'est vrai qu'elle me saluait poliment dans les couloirs; les têtes de pioches sont quelquefois les plus reconnaissantes). Elle a été réorientée pour cause de "non, là mademoiselle, ça va pas être possible".

mercredi 17 décembre 2008

Quand mon humour fait des émules (mais pas trop)

L’an dernier, une de mes élèves avait décroché un prix départemental dans un concours que, cette année, j’ai volontiers abandonné à une collègue. Dans le courrier que celle-ci a distribué aux élèves, il y avait une coquille :
“Les résultats du concours seront communiqués en mai 2099”

On a beaucoup ri quand nous nous en sommes rendu compte. Et je n’ai pas pu m’empêcher d’y aller de mon commentaire :
Mais qu’est-ce que c’est que 90 ans dans une vie!

Le trait a eu l’air de plaire à ma collègue (elle est très bon public; d’ailleurs, ça fait du bien d’avoir une collègue toujours enjouée, parce qu’on a tôt fait de gémir et déplorer dans notre milieu) et a juré de l’utiliser face aux élèves.
En bons adolescents (obnubilés par leurs boutons mais insensibles à la plupart des événements extérieurs), ils n’ont même pas relevé la coquille. Ma collègue l’a fait pour eux :

“Et comme dirait M. Pitou G, qu’est-ce que c’est que 90 ans dans une vie?”

Un four.
J’annule ma tournée dans tous les bahuts de France.

mardi 16 décembre 2008

Coucou la dame?

À la fin d'une longue et harassante journée de travail* et un interminable trajet de retour (deux incommensurables minutes), j'ai sonné à la porte de chez moi, vu que je me suis défait de mes vêtements ma vertu ma paire de... clés pour le plus grand profit de Monsieur Delfino et son adjoint, en mission spéciale sous notre douche dans notre grenier. Vous me direz que ça fait beaucoup de ratures pour une phrase aussi anodine, et vous n'aurez pas tort. Mais voyez-vous, il faut vraiment que je sois spirituel ces temps-ci, parce que Fyfe aiguille beaucoup de webexplorateurs depuis deux jours. Et il faut bien qu'ils sachent au premier coup d'oeil à qui ils ont à faire. À un bavard, en fait.

J'aurais bien aimé être accueilli à la porte par un artisan torse nu et ruisselant, mais c'est mon homme qui m'a ouvert. En théorie, c'est très bien aussi. Quand il prend la peine de me réserver l'accueil que je mérite (hymne à ma beauté, élans passionnés, bisous fruités), il n'y a rien à redire. Pas un seul compliment, pas le moindre petit morceau de confetti cette fois-ci : Pitou V. était au téléphone.

Je n'oserais pas dire qu'il était en grande conversation, parce qu'il avait plutôt l'air d'être en grande attente. À sa tête, ça avait même l'air de durer depuis des plombes. Au bout de quelques instants, V. a rompu le silence :

"Allô. Allô? Allô! Y a quelqu'un au bout du fil? Coucou la dame! Ah, c'est énervant! J'entends des gens pianoter sur des claviers, mais personne n'a l'air de vouloir me parler! Je fais quoi là? Je crois que je vais vous chanter une petite chanson...
_ Bernadette, à votre service!
_ Oh Bernadette! Que je suis content de vous avoir! Vous savez que je commençais à m'impatienter! Je m'apprêtais même à pousser la chansonnette pour vous faire venir.
_ Que puis-je pour vous?
_ J'appelle parce que je vais re-re-redéposer mon robot-café Esspresseria chez mon réparateur agréé. Il recommence à déconner. Le robot-café, hein, pas le répérateur (lui il est charmant : on commence à s'apprécier; nous nous voyons si souvent). J'ai convenu tout ça ce matin avec une de vos collègues. Je lui ai fait entendre le doux ronronnement de ma cafetière et, entre deux disputes avec un de ses collègues (dites-moi, ça a l'air de se friter dur, dans vos locaux!), elle a évoqué le remplacement de la machine par une autre. Parce que là, ça commence à faire beaucoup, vous comprenez. Malgré tout mon amour pour Croupe, je vais finir par accorder mes faveurs à De Larghi ou Caeco! Dois-je vous rappeler mon nom? On a eu si souvent l'occasion de se parler au téléphone!
_ S'il-vous-plaît monsieur. J'aurai aussi besoin de votre code postal.
_ M. Pitou V. qui vous appelle d'A., la rieuse préfectuuuure de l'Orne! Vous ne connaissez pas? Voyons, où sont passés vos souvenirs de primaire, Bernadette?
_ Savez-vous que lorsque votre cafetière Croupe est immobilisée plus de 15 jours, Croupe vous en prête une sur simple demande?
_ Je l'ignorais. Je me suis fait avoir, alors. On embête jamais assez le monde.
_ Oh si, croyez-moi : les gens nous embêtent assez comme ça!
_ Bernadette, vous me taquinez!
_ Je transmets les éléments nouveaux de votre dossier.
_ À bientôt, Bernadette!

Pitou G.

*Mettons tout de suite les choses au clair : j'ai eu la note "standard" à laquelle j'aspirais. J'ai eu l'impression détestable d'avoir à me vendre, mais le notateur fou avait l'air disposé à me la donner sans coup férir. Je n'ai fichtre rien compris à son argumentaire ("vu que je viens d'arriver, je ne connais aucun enseignant... le Recto-Rat, vous comprenez... de toute façon je suis contre cette note") : s'il ne connaît personne, pourquoi personne n'a eu la même note? Après on a parlé pédagoguie, on a taillé le bout de gras : monsieur s'est posé en défenseur d'à peu près tous les idéaux possibles. En sortant de son bureau, je ne savais plus trop pourquoi j'étais rentré. YoungFather pense que pour être chef, il faut valider un module "noyage de poisson". Difficile d'imaginer le contraire...

lundi 15 décembre 2008

La foire aux centièmes

Excellent travail. Continuez ainsi! 07/20

C'est, pour simplifier*, le regard que porte mon nouveau chef sur mon travail. Dans une autre vie, il fut prof (et aurait mieux fait de le rester); aussi, on peut imaginer qu'il a traumatisé des générations d'élèves à force d'incohérence entre note et appréciation (20/20 : peut mieux faire)

Du reste, l'absence de toute logique semble être un principe de vie chez cet homme qui distribue ses bons points sans critère intelligible (voire sans critère du tout) et surtout sans équité. Quand on lui demande de justifier ses notes, il ment effrontément : « j'ai valorisé ceux qui animent un club » arguë-t-il. Faux, archi-faux, toute vérification faite. Sachez qu'en outre, être professeur principal, élu au C.A. ou se farcir toutes les réunions inutiles qu'esquivent presque tous vos collègues, ne semblent pas des signes d'investissement dignes d'être valorisés. Encore plus faux cul : « J'ai suivi les consignes de mon prédécesseur », comprendre l'homme qui a augmenté ma note comme jamais auparavant, en réparant une vieille injustice (jeune stagiaire, j'ai été couillonné par mon premier chef – autant dire que cette affaire de note est un sujet sensible pour moi).
Voilà les deux maigres et foireux prétextes que notre arracheur de dents a trouvé à répondre à une collègue qui a écopé de la même incompréhensible note que moi. Comme nous semblons tous les deux les plus maltraités par le notateur fou, j'ai cherché à examiner nos points communs – je ne peux pas m 'empêcher de chercher une explication logique, pardonnez-moi, mais en bon républicain, je refuse de croire en une décision arbitraire. Récapitulons ensemble; un prof qui mérite une sale note assortie à une bonne appréciation (le genre de nazerie habituelle commençant par « professeur dévoué » et se terminant par « entière satisfaction »), serait donc :

- primo : quelqu'un qui n'a pas la réputation d'un incompétent notoire. Mais c'est le cas de l'écrasante majorité de mes collègues; or, beaucoup ont été correctement notés. Cherchons ailleurs.
- deuxio : un enseignant qui reste à sa place, c'est-à-dire qu'il ne donne pas du « tu » et du « comment ça va Jean-Pierre? »à son chef. L. et moi avons le mauvais goût de rester polis, froids et distants. Notez que cela risque fort de changer quand je le rencontrerai demain pour faire le point sur ma note.
- tertio : un professeur principal de 5e. Mais YoungFather l'est aussi, tout en étant correctement noté (et pourtant, à lire son appréciation, je lui décerne le Nobel sans hésiter). Cela ne semble toujours pas un motif éclairant...
- quatro : quelqu'un dont le nom de famille, comprenant deux syllabes, se termine par une certaine lettre. C'est l'unique point commun que je ne partage qu'avec L. et c'est donc, à ce jour, l'explication la plus convaincante que j'ai trouvée.

Ultime hypothèse : nos deux noms figurent sur une liste secrète de personnels indésirables, comprenant femmes enceintes, homosexuels et adeptes de la peinture animalière.

Je rumine toutes ces mauvaises pensées depuis vendredi. La situation me semble de plus en plus impénétrable. L. a réussi à régler son cas le jour même; moi, je dois encore patienter jusqu'à demain matin. Je suis curieux de voir ce qu'il va me dire et j'espère être capable de vider mon sac en ayant l'air calme mais déterminé, d'être convaincant et exhaustif.**

Pitou G.

* La notation administrative des enseignants répond à des codes sibyllins. Nous ne rentrerons pas dans le détail des arcanes de l'Educnat'.
** Vivement le salaire au mérite : ça risque de ne pas être triste!

dimanche 14 décembre 2008

La malédiction de l'arrêt de bus

On se demande à quoi ça sert d'avoir un mari haut placé dans la crème municipale... Récemment, il y a eu des travaux bloquant l'un des accès au collège Haquenée. Il a donc fallu déplacer un arrêt de bus. L'idée de l'année fut de le placer à deux mètres de notre porte.

C'est vrai qu'on ne croisait pas assez d'élèves en sortant de chez nous : c'est beaucoup mieux d'avoir à fendre des flots de mômes ricaneurs pour aller au boulot. Et voir, trois fois par jour, Hermelinda se bidonner juste parce qu'elle vous voit rentrer chez vous, alors qu'elle est la mère désormais immortelle de la formule choc : "elle péri en mouran", ça refroidit. Ce n'est pas beaucoup plus rassurant d'entendre Collant vous annoncer : "Je sais où vous habitez et je l'ai dit à tout le monde... hihihi, je suis sûr que vous l'avez cru que je l'ai dit à tout le monde" (non, là j'attends seulement que tu daignes sortir de ma salle pour aller manger).
Comme par hasard, un PD tracé à la craie bleue a fleuri sur la porte de la chapelle voisine. Je trouve que ce n'est pas très respectueux de la Vierge Marie, et me demande sincèrement si le coupable croit sérieusement que nous avons mis une croix sur le toit de notre maison...

Donc, esprit de Noël ou pas, j'ai résolu de faire renvoyer le type peu dégourdi ou malveillant qui a décidé du trajet provisoire des bus, surtout s'il a des enfants en âge d'aller au collège (auquel cas je les ferai virer, gnârk!) J'ai tous les droits puisque je vous dis que mon mari est un élu du peuple!
Ah oui, c'est vraiment pas possible? Pourtant tout le monde vire tout le monde, en ces temps de crise... rhôôô!

Allez, J- 5

Pitou G.

En bonus, mon originale soundtrack du vikène (pas facile de vivre avec mon cerveau). Allez aussi jeter un coup d'oeil à son exégèse (notamment sur le rapport entre Karen Chéryl et La Rochefoucauld):

vendredi 12 décembre 2008

L'abbé fana : les clercs ragent*

"Bon si vous êtes vraiment sages (on peut toujours rêver), je ne vous colle pas l'évaluation vendredi prochain (le trop fameux cours du vendredi, en dernière heure). J'ai bien compris que ça ne vous pousse pas à la performance, en général... alors la veille des vacances de Noël, ça tiendrait carrément du massacre. Je tiens à ce qu'on ne termine pas 2008 dans la haine et l'aigreur (il faudra déjà assumer celle de nos estomacs!). Je vous l'ai dit que c'était seulement dans le cas où vous seriez sages? (en même temps, si le chantage marchait, ça se saurait**).

_ Monsieur, pourquoi est-ce que vous ne offririez pas des chocolats? s'équarissage s'enquit Pandore un rien hors-sujet (il faut vraiment que j'arrête de croire qu'on peut bosser ce jour-là)

_ J'ai une tête à vouloir déchaîner les hordes hurlantes du comité de prévention contre l'obésité (je ne sais pas si ça existe : j'ai bluffé)? Avec le pot que j'ai, l'un de vous est diabétique! Pas de chocolat, à moins que vous ne me les offriez.

_ Vous avez qu'à nous offrir des courgettes!

_ Ce n'est plus de saison.

_ Des pommes! Des pommes!

_ Taratata! Des boulets de charbon, oui!"

Allez, plus qu'une semaine...

Pitou G.

* Contre toute attente, il y a un rapport entre le titre et l'article, la Befana fourrant de charbon les chaussettes des petits Italiens pas sages. Et si les clercs ragent de Noël, c'est pour faire la lumière sur cette mystérieuse affaire. Et si mon discours a l'air incohérent, c'est parce que je suis en manque de Timy et que, tout en commettant ce message affligeant, j'écoute ceci en boucle (ceci expliquant cela) :



** Une nouvelle preuve de la vanité de la méthode. Pour la peine, ils auront des disques de Karen avec leur charbon de Noël.

jeudi 11 décembre 2008

Conservation de la Dignité et de l'Intégrité

Ou comment garder la face quand on est un épouvantable étourdi.
Mon esprit optimiste (léger?) a tendance à oublier les réunions, dead lines, et autres rendez-vous professionnels ou municipaux. Après tout, ne doit-on pas garder une certaine liberté face à ces contingences? Tant qu'il n'y a pas mise en danger d'autrui ou que ma distraction ne risque pas de causer du tort à quelqu'autre que moi, cela ne porte pas à conséquence. C'est ainsi que j'ai omis une fois d'aller au CDI alors que je l'avais réservé, ou encore que j'ai supplié la sympathique documentaliste de m'y accepter in extremis. La semaine dernière, je prends rendez-vous pour toutes mes classes avant les vacances et, prudent, je note les horaires pour tenter de ne pas oublier.
Mardi à 9h, je vérifie mon papier, je dois bien emmener une de mes classes de gnomes. Aussitôt, c'est l'euphorie, les "M'sieur on va où?" fusent, je me retiens de répondre DTC et lâche quelques "au CDI" aux nains excités. Je fais ranger correctement mes troupes avant la bataille et jette un coup d'oeil pour vérifier la bonne disponibilité des lieux.
Las, des élèves sont en place, la documentaliste m'informe que non, je n'ai pas rendez-vous aujourd'hui mais la semaine prochaine et que je dois assumer ma bourde et ma Crise de Honte.
Pfff, encore une CH...
Alors que je sors dignement du CDI pour informer mes trolls qu'il est temps de rentrer en classe, un vague éclat de voix, suivi d'un embryon de chahut me fournit une porte de sortie:
"Ah, puisque vous ne savez pas vous tenir, nous retournons en cours, tant pis pour vous!"
Quittant le masque d'une feinte colère, je dissimule du mieux que je peux mon envie de rire de mon machiavélisme pédagogique.
Que celui qui n'a jamais usé d'un faux prétexte pour s'éviter une CH me jette la première pierre et que ceux qui ont fui devant la CH racontent instamment leur pirouette!

V.

mardi 9 décembre 2008

Faire-part

Je suis dans le regret de vous annoncer la disparition du blog de Timy (le lien est désormais inutile), survenue brusquement.
Même pas eu le temps de parcourir son ultime billet...

lundi 8 décembre 2008

Properce qui?

Properce n'a ni le panache d'un Catul toujours en verve, ni l'oeil suborneur d'un Tibulle plein de malice, mais je l'aime bien : il est futé, il bosse bien et il n'hésite pas à prendre la parole en classe (il m'a sauvé plus d'une fois de l'incommensurable inertie de la classe - parce que si je vous parle énormément de mes poètes sur ce blog, je n'ai strictement rien à dire au sujet des poétesses en mal d'inspiration qui les écrasent pourtant numériquement).

Lors des gros devoirs, quand Catul débarquait en se vantant de ne rien avoir appris (mais avait 18) et que Tibulle se rendait compte (oups!) qu'il avait oublié d'inscrire la date de l'évaluation dans ses tablettes (donc avait 9), Properce se mettait discrètement au travail (et avait 15). Aussi, lundi dernier, lorsque le troisième poète a fait irruption en classe en clamant, un grand sourire sur les lèvres :

"Je peux pas faire le devoir, j'ai un traumatisme crânien!"

j'ai d'abord eu du mal à le croire. Puis, je me suis affolé à l'idée qu'on m'avait abîmé le seul garçon à peu près fiable de la classe. Enfin, je me suis rassuré : même si l'expression effraie, des traumatismes crâniens, il y en a de gravité bégnine. Du reste, il souriait comme un ravi de la crèche, le gars Properce, alors...

"Assieds-toi, mon garçon, tu vas le faire quand même, ton devoir. On va bien voir ce que ça va donner".

Il s'est assis, a griffonné une ou deux réponses avant de poser sa copie sur un coin de sa table...

Properce me fait du Plus Belle la Vie, du Sunset Beach, du Samantha qui?. Même la lie des scénaristes au rabais n'invente plus ce genre de ressorts narratifs sans être parcourue d'un frisson de honte : Properce est amnésique. Un coup un peu trop rude au rude-by lui a fait perdre le souvenir de la semaine précédent le choc.
Ça n'aurait pas empêché Catul d'avoir 18 (de toute façon, il n'aurait pas appris).
Ça n'aurait rien changé pour Tibulle qui (oups!) aurait oublié de réviser de toute façon.
Il a fallu que ça tombe sur Properce, le seul qui apprend ses cours une semaine à l'avance.

Coquin de sort!

Pitou G.

dimanche 7 décembre 2008

Et pendant ce temps là, sur la planète Pitou...

Honte et déshonneur sur nous pour avoir délaissé notre lectorat chéri! Mais nous avons quelques bonnes excuses. Pour commencer, j'ai été malade et pour guérir complètement nous avons dû acheter une wii. Ensuite, l'artisan qui a tourné la tête de Calim nous a proposé samedi dernier de commencer le chantier d'isolation du grenier dans quelques jours maintenant. Nous avons sauté sur l'occasion (de proposer à Mike Delfino d'utiliser notre douche) et avons signé le devis. Mais pour alléger la note (crise oblige, wii oblige) nous avons décidé de déposer nous-mêmes le plancher vermoulu. Ce qui imposait de vider le grenier des quelques cartons qui y étaient entreposés et surtout des rogatons laissés par les précédents propriétaires: vieil halogène déglingué, armoire Confo, rouleaux de moquette décatie, croûtasse représentant un arc-en-ciel (oh mon dieu! j'espère que nous n'avons pas balancé une toile de maître! Nous aurions dû appeler MAB, notre experte en histoire de l'art), rubans de zinc, barres de fer, ingénieux montage d'antennes râteaux ayant probablement servi à communiquer avec des extra-terrestres et monstrueux meuble des années 70 pesant trois tonnes au bas mot. Bref, après trois heures de travail intensif (je dois avouer que filer des coups de lattes dans les vieux meubles pour les démolir n'a pas été pour me déplaire) incluant la descente des trois niveaux et le remplissage de la Yaris ("Tu crois qu'on peut mettre un bout de meuble dans la boîte à gants?"), j'ai eu le plaisir de faire mon premier voyage à la déchetterie... qui venait de fermer lorsque je suis arrivé.

Heureusement, mon emploi du temps du jeudi m'a laissé la liberté d'y retourner deux fois (oubliant au passage d'aller faire la dictée du concours d'orthographe, pour laquelle je m'étais porté volontaire - tant pis, ils l'ont faite sans moi, comme dit mamie, j'étais "à plat ventre" dans une benne à ordures) et de commencer l'arrachage du plancher vermoulu. Ce devrait être dans mon horoscope cette semaine: La lune en Lion vous rendra distrait. C'est la seule explication plausible au fait que j'aie cette semaine versé du lait sur ma vitamine C effervescente.

Samedi matin, un sympathique voisin, pro de la barre à mine, est venu nous donner un coup de main. Les planches, qui partaient en poussière, n'ont pas résisté à nos efforts conjoints. A midi, après un dernier voyage à la déchetterie, commençait l'opération tornade blanche. Pitou G. enfourcha le Bully, aspirateur industriel, et moi le Miele, pour les finitions. A 15h, tout reluisait, même la voiture.

Et sinon, aujourd'hui nous avons acheté et décoré notre sapin (très sobre, rouge et gris) et fêté nos sept ans de PACS (nous n'avons pas oublié cette année, on progresse).
Pardonnés?

V.

mardi 2 décembre 2008

Allô Catul? C'est le Père Fouettard!

Pour la deuxième fois, Catul a clavioté du portable dans le cours d'une collègue. La patience de L. ayant depuis longtemps trouvé ses limites le concernant, le téléphone a été confisqué. Avant de venir ramper devant le bureau à la fin du cours, dans le très hypothétique espoir de récupérer son joujou sans passer par la case Rendez-vous avec Mme Catul mère, notre prodige a adopté sa technique favorite : "je rue dans les brancards".

Précédemment, L. avait fait une allusion sur son attitude dans mon cours (anecdote dont elle avait pris connaissance via le carnet de correspondance - même si je la lui aurais racontée de toute façon). Un peu piqué au vif par cette histoire de portable, peut-être étourdi par la sombre théorie du complot qui se trame contre lui dans le sculptural corps enseignant, Catul lui a reproché notre complicité :
"Et puis d'abord, comment vous avez su pour le cours de M. (je me plais à imaginer qu'il m'a appelé "monsieur") Pitou G. ?
_ Mais tu sais, Catul, tout le monde n'est pas comme toi : il y a des gens qui ont des amis (et toc!)
_ Mouais. Vous devriez vous faire des amis ailleurs que chez les profs..."

Pitou G.