Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

samedi 31 janvier 2009

Tant va la cruche... Allo?

Au vu des statistiques de ces derniers mois, je me dis que j’aimerais bien recevoir un euro par visite. Je ne parle pas que des visites entrantes, hein, les traditionnelles requêtes "pont des chiens qui se suicident", “piège à chat” ou "Florent Pagny perd ses cheveux" me sont précieuses (Montdepitous, carrefour des tortionnaires animaliers!). Avec un euro par visite, disé-je, je gagnerais mieux ma vie qu’en accompagnant des apprenants dans leur parcours de réussite individualisé. Être payé pour tenir mon blog, ce serait le pied - et pas forcément volé, parce que, mine de rien, j’en passe du temps à peaufiner mes articles! Sans compter le bonheur de bosser en pyjama devant un bol de thé et de ne plus aller au collège...

Mais évidemment, si je n'allais plus au collège, je n’aurais plus grand chose à raconter, je passerais mon temps devant Dante’s Cove avec Sorciana la Jeune, ma nouvelle amoureuse, les statistiques chuteraient, et je serais obligé de reprendre mon cartable.
Je me sens comme l’autre gourdasse de Perrette.

En même temps, ce n’est pas comme si un généreux mécène m’avait vraiment proposé de financer ces pages. Il ne s’est même pas trouvé un rat pour me proposer de me payer au commentaire (mais là, autant aller faire des ménages)!

Pitou G.

jeudi 29 janvier 2009

Dantesque OVNI

Notre vie a changé. Par hasard, nous avons découvert Dante's Cove, la série la plus abracadabrante de l'univers. Puissant Trisme*, tiens-nous en ta sainte garde !

Mélange audacieux entre le Sunset Beach de la grande époque (celle de la momie maudite et du jumeau diabolique), de Dawson (bluette amoureuse avec la bande-son coordonnée), mais surtout de Charmed et d'un film porno, Dante's Cove est une aberration télévisuelle et, à ce titre, devrait être interdit à tout public. J'adore.

Moon and water... Moon and water... Moon and water...

La "Crique de Dante" est située sur une île, dans les Caraïbes, peut-on supposer au vu des nombreuses références au vaudou. Il semble que la seule activité soit le tourisme, bien que le lieu ait perdu sa splendeur des siècles passés et qu'il y ait de l'orage toutes les nuits (y compris dans les caves, c'est dire).
Côté population, il n'y a évidemment que des blancs (Caraïbes obligent). Officiellement, à Dante's Cove, il y a des hétéros, mais je les cherche encore.

Avant de revenir sur les subtilités du scénario (?), quelques remarques d'ordre général sur la série elle-même s'imposent.

Le casting comporte deux types d'acteurs :
- ceux qui jouent un rôle (?) dans la progression de l'histoire (??). Ils ont une gueule d'ange, sont régulièrement torse nu et luisant et montrent assez communément leurs fesses. Mais avant de baisser leur caleçon, ceux-là prennent soin de se tourner dos à la caméra.
- ceux dont on se demande encore en quoi ils servent l'action. Ils n'ont aucune autre nécessité sociale que de montrer leur sexe à l'écran au cours de scènes prétextes. Comme ils ne sont pas très nombreux (un ouvrier sexy, deux patrons de night club - pas du genre où on danse - et un amoureux transi benêt qui n'a pas été recruté pour son air spirituel), ils apparaissent cependant souvent à l'écran.

Permettez-moi de vous présenter les principaux locataires de l'hôtel Dante's Cove :
  • Kevin (prononcez Caveûne) est un jeune homme qui a rejoint Dante's Cove par amour et pour fuir l'hostilité de la résidence familiale. Caveûne est un garçon sensible, présenté tour à tour comme fidèle et volage, sûr de son amour et hésitant. Caveûne est une girouette.
  • Tobby, l'amoureux de Caveûne est un homme très occupé. Comme il passe son temps à travailler dans la saison 1, on l'imagine assez bien business-man. On apprendra plus tard qu'il est barman dans une cahute.
  • Van, la meilleure amie de Tobby, est peintre. Elle semble avoir très tôt des dons de medium. Elle est connectée au passé tragique de l'hôtel. Elle se découvrira plus tard des pouvoirs qui dépassent de beaucoup l'intuition féminine. Sa vie professionnelle ne s'épanouit que dans la saison 2 : on la voit alors arpenter l'île avec un seau et un balai. Van est une lesbienne au grand coeur qui semble savoir ce qu'elle veut. Ou pas. Des fois même, elle est cruelle. Van est une girouette, ce qui explique ses affinités avec Caveûne.
  • Adam connaît Tobby depuis le lycée. Officiellement hétéro, il voit d'un assez mauvais oeil l'arrivée de Caveûne parce qu'auparavant, c'est de lui que Tobby était amoureux. Ce grand jaloux est un héritier richissime qui vire toxicomane parce qu'il se sent délaissé. Un hétéro amoureux d'un homme et qui s'envoie des inconnus : encore une girouette à Dante's Cove!
  • Cory saute sur tout ce qui porte baguette braguette. Il finira en âme damnée d'un puissant sorcier.
Mais que serait Dante's Cove sans son couple star : d'anciens fiancés qui se vouent une haine implacable! Nous passerons assez vite sur le sorcier Ambrosius (ridiculement modernisé en Bro'), quitte à repasser sur lui plus tard : il ne déteste pas ça! Venons-en plutôt à la perle absolue : Grace, que j'aime à appeler Sorciana la Jeune, pour la différencier de Sorciana la Vieille, sa mère dont j'apprécie les poses naturelles dans les trop rares flash-back où elle apparaît.

Sorciana la Vieille peau dans sa pose favorite

Sorciana la Jeune est flamboyante. J'aime tout en elle : son rire hystérique, ses actions en dépit du bon sens, ses invocations et ses citations cultes comme:
"À quoi bon l'amour, quand on peut rendre la lune bleue?"

l'assez désopilant :
"Comment as-tu pu peindre le moment le plus humiliant de toute une vie"

lorsqu'elle aperçoit une improbable croûte de Van censée représenter une scène de sa vie mais qui évoquerait à tout individu sain d'esprit un panda habillé en clown sur fond de pentagramme;

Vous avez remarqué? Le panda a une truffe en logo de P€psi...

et, pour clore ce florilège, le très ironique :
"Il suffit d'un coup de peinture et tout prend une autre allure"

que j'interprète comme un trait d'esprit des scénaristes en référence à la métamorphose totale de l'hôtel Dante entre les saisons 1 et 2.

L'hôtel Dante est super select : n'y résident que de riches héritiers, des barmen et des femmes de ménage.

Voilà l'hôtel Dante le lendemain, à la fois plus cossu et plus fadasse.

Le détail cocasse, c'est que du point de vue de la narration, une seule nuit sépare les deux saisons. Que la ruine coloniale miteuse mais mystérieuse soit devenue villa de luxe sans charme en quelques heures, on l'admet par convention. De toute façon, tant qu'il y a la stèle "Sulum alio expectata"** devant la bâtisse, on n'est pas perdu, pour peu que l'on puisse se perdre dans les trois décors qui ont servi au tournage. Même topo pour la baraque à frites de Tobby, convertie en quelques heures en bar de luxe avec piscine.

Le changement des acteurs est beaucoup plus troublant et demande un sérieux temps d'adaptation. Juste au moment où je commençais à différencier Caveûne et Adam, coup de théâtre, ce dernier change radicalement de fesses tête (en mieux, on ne va pas se plaindre).

Coucou, je suis Adam. Tiens, y a de l'orage!

Vous me remettez? C'est moi Adam!

Au passage, toute une ribambelle de personnages qui nous avaient été présentés en cinq minutes, en même temps qu'à Caveûne, et que j'avais très péniblement mémorisés, a tout simplement été rayée du casting. De toute façon, les personnages n'ont aucune cohérence psychologique et, à l'exception notable de Sorciana, pas la moindre consistance.

La série avance à un rythme trépidant, à peine interrompue par des scènes de sexe extradiégétique (c'est du sextradiégétique!), c'est-à-dire du sexe sans utilité narrative, juste là pour faire joli. Cela ne dérange aucunement les scénaristes d'enchaîner un générique de 10 minutes (je ne suis pas sûr d'exagérer) avec une interminable séquence où Tobby et Caveûne mangent des fraises et où la symbolique du fruit rouge est vite rattrapée par la réalité... tout cela n'était évidemment qu'un rêve, vu que Caveûne était alors alité à l'hôpital. Ça donne tout de suite envie de voir la suite - d'autant plus qu'on n'avait déjà pas compris grand chose du premier épisode.

Goûte ma fraise, Tobby!

En parlant de comprendre, il est peut-être temps que je vous parle du Trism (prononcez Trizeume, par là-même amoureusement rebaptisé par moi le Trizeumique). Il s'agit d'un pouvoir mystérieux qui se soumet à une lignée de sorcières et leur permet de faire à peu près tout ce qu'elles veulent, même si on ne comprend pas toujours quoi (ou pourquoi). Comprendre les motivations des personnages de Dante's Cove est d'ailleurs un travail à plein temps. Regardons de plus près le scénario.

"Mais comment as-tu pu peindre le moment le plus humiliant d'une vie?" Je vous laisse deviner qui est Van, qui est Sorciana la Jeune (je t'aime).

Sorciana la jeune est une grande prêtresse du Trism qui, en 1840, a lancé une malédiction assez obscure contre son fiancé Ambrosius ("Immortel", il faut reconnaître que les scénaristes ont de solides bases en langues anciennes) parce qu'il se tapait son majordome (le seul personnage de la catégorie "nu intégral" - et quel nu! - à avoir une importance dramatique, sans doute parce qu'il apparaît à l'écran moins de cinq minutes). Pour une raison qui m'échappe encore, Sorciana ne fait pas bouillir son fiancé, mais l'enferme dans la cave de l'hôtel, le vieillit prématurément et lui offre la possibilité d'être sauvé par le baiser d'un jeune garçon.

"Ce soir, le Trizeum nous libère tous". Effectivement, les scènes qui suivent sont chaudes. Non, vous ne rêvez pas : Sorciana verse une coupe de champagne dans son décolleté.

Ambrosius va séjourner dans sa cave 160 ans, au cours desquels il va apprendre à contrôler le Trizeum (au début, on ne comprend pas comment diable il a bien pu devenir sorcier, mais cela trouve une explication par la suite, l'auriez-vous cru?). Plutôt que d'hypnotiser un des super canons de l'hôtel, il va ensorceler Caveûne qui vivait à des milliers de kilomètres. Une fois libéré, il va faire une vraie fixette sur Caveûne mais Caveûne aime passionément Tobby, le barman de la plage (ça, c'est pour le côté Dawson).

N'en déplaise à Ambrosius (le brun), Caveûne (le blond) est désormais immunisé contre ses tours de passe-passe. Derrière la main du sorcier, une barmaid goudou, pour changer...

Assez inexplicablement, Sorciana est restée jeune et belle tout ce temps. Ambrosius et elle vont alors se livrer à un jeu d'influence magique sur toute la petite communauté de Dante's Cove. Le Trizeumique penchera-t-il du côté masculin, solaire et ardent, ou du côté féminin?

Moon and water... Moon and water... Moon and water...
À quoi bon l'amour, quand on sait utiliser des filtres pourris?

Promis, on vous en reparle.
Je n'en dors plus.

Pitou G.

* Patience, lecteur, tu sauras bientôt de quoi il en retourne!
** Cette inscription résiste à mes connaissances de latiniste. Si une sorcière du Trism passe par là, son aide est la bienvenue (à condition qu'elle ne me fasse pas bouillir après m'avoir fait un enfant).

mercredi 28 janvier 2009

1.. 2, 3

Dans ma classe de 4e Champions, j'ai plusieurs chouchous (je finis d'ailleurs par ne plus trop savoir lequel je préfère tant ils savent - au choix - m'impressionner, m'attendrir, me faire rire). L'un deux, A. le Grand, allie son mètre 90 à des manières très touchantes de petit garçon poli, jamais irrespectueux ni ironique. C'est ainsi qu'il m'a grandement surpris la semaine dernière au début d'un cours. L'on attendait debout que tous se calment, lorsqu'il a dit à voix mi-forte: "1, 2, 3... on y va!".
Au milieu de l'hilarité générale, alimentée par mes grimaces incrédules (le prof est un grand comédien), je lance quelques saillies:
"Laissez-moi devinez... Vous êtes amnésique et tentez de retrouver la mémoire? (Je vous promets que Plus Belle la vie n'est pas mon unique source d'inspiration.) Non, vous voulez fonder un groupe de rock et vous vous préparez aux répétitions?"
Le grand badagon balbutie alors:
"Non monsieur, en fait je voulais coordonner la classe pour qu'on vous souhaite une bonne fête tous ensemble."
C'est adorable, non? Moi qui étais entré un peu énervé parce que j'avais été obligé de tancer quelques zébulons mal rangés, je me suis radouci instantanément. Cette classe peut être réellement exaspérante par son bouillonnement mais ils ont le talent de savoir se faire pardonner. Je sens que je vais susciter la jalousie de lecteurs enseignants moins chanceux, mais il a aussi des bonheurs de prof, qu'on devrait peut-être davantage partager.

Pitou V.

edit de 17h : Il n'y a rien de rien sur Deezer! J'ai encore une fois été obligé de télécharger depuis notre discothèque personnelle! C'est dommage, vous auriez pu manquer ça :


Découvrez Catherine+Ferry!

mardi 27 janvier 2009

Le facteur 4

Grand amateur du jeu Sim City (jeu de simulation de ville) et écologiste convaincu, je ne pouvais qu'essayer Clim City, programme en ligne imaginé par Cap Science, le centre de culture scientifique d'Aquitaine. Il s'agit de gérer une ville occidentale de taille moyenne dans le but de réduire de 75% les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES), réduire de 40% la consommation d'énergie tout en portant la part des énergies renouvelables à 60%. L'article du Monde qui me l'a fait découvrir citait le concepteur qui avouait qu'il était très difficile de gagner, afin de faire prendre conscience de la difficulté des défis environnementaux que nous allons devoir (enfin) affronter. En effet c'est une vraie gageure qu'il faut relever et il m'a fallu pas moins de 6 parties pour atteindre ces objectifs durant les cinquante tours de jeu impartis. Le programme, fort bien fait, permet 250 actions coûtant des points (Pouvoir Public, Entreprise, Citoyen). La difficulté du jeu réside dans le triple objectif à tenir dans un laps de temps assez bref. En effet, les actions les plus efficaces sont aussi les plus longues à produire leurs effets. Par ailleurs, certains choix se révèlent peu efficaces car leur efficacité est marginale. Je n'ai commencé à gagner qu'en réfléchissant (aye!) mathématiquement (aye, aye!), au lieu de me dire "Tiens si je rénovais le camping municipal!" Et oui, mieux vaut réduire la circulation automobile de 0,05 % en développant des pistes cyclables, que de faire passer à l'électricité les camionettes de la ville...
Allez-y, essayez, c'est à la fois distrayant et édifiant.

Relevons le défi du changement climatique!
Je suis pressé de changer le monde avec mon ami Barrack

Admirez cette chute de GES... ça laisse rêveur!

Pitou V.

lundi 26 janvier 2009

Il en dit quoi?

Au collège Haquenée, nous jouissons d'une salle de travail conviviale comme pas deux : distributeur de boissons chaudes pas chères (mais on comprend pourquoi), thermomètre bloqué sur 12°c, tables envahies d'un entrelacs de câbles électriques et de cadavres d'imprimantes obsolètes (elles l'étaient sans doute déjà le jour de leur achat) et trois ordinateurs alignés le long d'une rangée de fenêtres, faisant dos à la porte - retenez bien ce détail, il a son importance pour la suite.

La semaine dernière, YoungFather a fait irruption dans la salle et a été sidéré par le spectacle qui s'est offert à ses yeux ébahis : un jeune professeur brun, récemment passé chez le coiffeur, tapotant sur le clavier d'un des postes du collège et sur celui de son propre portable. Ne reculant devant aucune boutade, il m'a asticoté :

"Il* a deux ordinateurs? Il s'est enfin mis au travail, alors!"

Une jeune collègue présente dans la salle l'a alors regardé avec des yeux ronds. Pas des yeux qui voulaient dire : "Tais-toi, je travaille!", hein! D'abord parce qu'on a bien le droit de s'amuser un peu; ensuite, et surtout, parce que c'est une prof de sport. Non, c'était un regard plein de perplexité, dans lequel on pouvait lire : "Quel curieux sens de l'hospitalité!"

J'aurais adoré être là (vous avez bien sûr compris que ce n'était pas le cas), pour voir la tête de YoungFather découvrant qu'il venait de mettre en boîte, en lieu et place de votre serviteur, le remplaçant d'une collègue, tout fraîchement affecté chez nous et que nous nommerons Bombinou. J'aurais bien aimé aussi voir celle du nouveau venu, d'autant plus qu'il n'est pas désagréable à regarder (merci d'ailleurs à YoungFather de m'avoir confondu avec lui plutôt qu'un autre). Seulement, je ne suis pas sûr de le revoir de sitôt, vu que :
  • si je traîne trop avec ce barbare de YoungFather, il risque de m'éviter;
  • YoungFather m'a, en quelques mots, fabriqué une réputation de looser assez sympa à assumer;
  • Bombinou va partager son temps entre trois ou quatre bahuts et habite évidemment la lointaine capitale régionale...
Cela dit, s'il a un jour besoin de trouver le gîte et le couvert sur place, il peut compter sur nous...

Pitou G.

* C'est à ce genre de petits détails qu'on reconnaît un vrai normand. Il = Tu est une équation qui ne trompe jamais.

samedi 24 janvier 2009

Il était dix fois

Il y a dix ans, Pitou G. ouvrait la porte de sa chambrette du lycée Infini à un inconnu du nom de Pitou V. Dix ans, ça se fête...
Merci à Walter Malldwight qui, sans le savoir, nous a offert un cadeau d'anniversaire : nous vous laissons avec la princesse Gisèle d'Il était une fois... Nous, nous allons roucouler!


C'est cucul à mourir, mais on assume!

vendredi 23 janvier 2009

Droopy-nailleur

Helmut Stachos tient toujours la corde, mais Droopy reste dans la course à la palme du casse-couille.

Il y a dans la classe que je patronne comme le bon samaritain que je suis, un zig que nous nommerons Zig et qui est un gentil petit excité. Pas méchant, le Zig, :le genre à intervenir quand il ne faut pas et qui a besoin qu'on lui dise de temps en temps "ta gueule" dans un langage pédagoguique. Et "ta gueule" en langage pédagoguique, ça se dit fiche de suivi.

Il y a quelques temps, j'ai donc mis au point une fiche (comprendre que j'ai vaguement retouché une fiche piochée dans la réserve de la CPE, qui fait quand même autorité en matière de "ta gueule" pédagogique), pensée pour être la plus simple possible : un objectif, une case à cocher et un petit paraphe, pesé c'est emballé. Pour peu que Zig ne tende pas sa fiche à sa prof de maths pile au moment où celle-ci chiffonne un paquet de brouillons pour le mettre à la poubelle*, ça va marcher d'enfer, c'est sûr, et Zig va devenir un zange.

Vendredi matin, pendant une de mes heures de creux que j'ai le bonheur de partager avec Droopy (mais pourquoi est-ce que je ne vais pas me cacher dans la lingerie plutôt que de bosser benoîtement dans la salle des profs?), j'ai senti sa voix lancinante persifler à mes oreilles:

"C'est toi qui t'occupes des 5e Babord, non?
_ Oui".

Dans cette réponse sèche, j'ai voulu masquer mon irritation (oui oui, déjà) et ravaler le message que je brûlais de lui tatouer sur le front : "tu vois pas que je travaille?" (message que j'espèrais lui délivrer par télépathie - mais en vain : il n'y a que des gens délicats pour capter mes ondes cérébrales) :

"C'est n'importe quoi la fiche de Zig. J'ai rien compris!
_ Ah? (cocher une case et signer, tu penses, c'est pas commode à intégrer).
_ Et j'vais te dire : le gosse il a rien compris non plus!
_ Vraiment? Ce n'est pas ce qu'il m'a dit".

La vérité, c'est que Zig ne m'a rien dit du tout. Mais j'ai trouvé plus malin de faire passer Droopy pour le naïf qui s'est fait rouler dans la farine par un môme, plutôt que d'exploser de colère. Mais est-ce qu'il avait conscience qu'il était ouvertement en train de me dire que j'avais fait un travail de nullard?
Il aurait pu dire :"Est-ce que tu peux m'expliquer comment remplir ta fiche? Il y a quelque chose que je ne comprends pas". C'est même pour ça que je l'avais glissée dans le casier de chacun de mes collègues, avant que Zig ne la leur présente. Mais non, ses premiers mots ont été : "C'est n'importe quoi!", qu'il éructe sans rougir devant l'auteur de la fiche incriminée, avec les airs supérieurs du super spécialiste qui ferait forcément mieux. C'était plus simple de me traiter de crétin : je ne comprends même pas pourquoi il a pris la peine de faire tous ces détours.
Est-ce que c'est sa façon à lui de dire : "Je vaux aussi bien que toi, même si je n'ai pas le CAPES"? Est-ce le seul moyen qu'il a trouvé pour exister et se rassurer? Je n'ai jamais cherché à mettre en doute ses qualités d'enseignant (pour la simple et bonne raison que je n'en ai rien à carrer); alors je ne vois pas de quel droit il se mêle de mes affaires.

Je crois que je me préparais à devenir vraiment désobligeant quand le téléphone a sonné.

"Monsieur Pitou G? Mme Bellepaire, votre rendez-vous de 9h30, est arrivée!"

Gné? Un rendez-vous? Je l'avais totalement zappé celui-là! Finalement, j'ai bien fait de ne pas aller me réfugier dans la lingerie : Mme Bellepaire aurait pu me chercher longtemps! Je crois que je n'ai jamais été aussi content de voir un parent d'élève : j'ai pu fausser compagnie au blaireau nonchalant avec un prétexte en or. Junior Bellepaire aura une belle appréciation au deuxième trimestre...

Pitou G.

* mais si, il l'a fait : Zig est vraiment un winner! Je ne sais toujours pas si c'était intentionnel ou pas...

jeudi 22 janvier 2009

Mieux vaut perdre ses cheveux et avoir un coeur qui bat

Je suis surpris de ne pas trouver chez d'autres bloggueurs plus de récits de salon de coiffure. S'il y a une expérience, a priori banale, riche en petits rebondissement blogables, c'est bien la visite mensuelle (ou mensuelle et demie) au temple de la capillisculpture. Ambiance chien mouillé :

La radio crachote. On n'entend qu'un mot sur deux (en général amouuuur), sauf quand c'est Florent Pagny qui chante, c'est gentil, fallait pas faire d'exception. Après mon passage au bac, comme je dois apparemment attendre, la stagiaire-shampouineuse sort d'un placard deux magazines : Auto-plus et... l'Equipe! Vous croyez que je devrais changer de salon? Vu que pour moi Hoarau, c'est le cri du chat amoureux, je préfère me regarder les ongles pendant un quart d'heure et compter les pierres de la maison d'en face, en guettant mon premier éternuement - c'est mieux de faire patienter les gens mouillés.

Ce n'est pas ma coiffeuse habituelle que j'attends, mais la patronne (il faudra quand même que j'insiste une fois pour que ce soit son mari, un genre de Thomas Marcy en plus hétéro même si on a du mal à y croire; mais moi je n'ose pas : je suis capillairement loyal). C'est peut-être ce qui explique son train de sénatrice. Une fois à son poste, elle commence par se taire, puis se met soudainement à parler. Elle est au moins aussi calée sur le fonctionnement du collège Haquenée que moi et semblait très amie avec Ex-Grand-Boss. Une des raisons pour lesquelles je suis capillairement fidèle, c'est que quand on change de coiffeur, on doit reprendre à zéro le protocole discutatoire. Une fois qu'on a épuisé le basique "vous faites quoi dans la vie?" suivi du non moins traditionnel "ah! les jeunes d'aujourd'hui, c'est comme dans la coiffure, voyez?", on en est venu au sujet qui fâche :

"Oh mais ça tombe! (elle parle de mes golfes temporaux, pas du temps pourri)
_ Oui, ça fait un moment que ça a commencé, mais ça va tout doux.
_ Bien sûr, je pourrais vous conseiller de retarder le processus par des lotions ou des cachetons. Mais moi, je pense que quand la nature a décidé de faire quelque chose, il faut la laisser faire (chouette, une naturopathe!).
_ Si je me décide un jour à faire quelque chose, ça sera un vrai traitement médical. Mais il faut le prendre ad vitam aeternam. Et ça ne doit pas être sans effets secondaires. Peut-être même sur le coeur (on sent la parole du spécialiste et on mesure la coruscation de ma conversation).
_ Moi, je vous le dis : il vaut mieux perdre ses cheveux et avoir un coeur qui bat".

Certes.

Arrive alors Thomas Marcy avec un client et une étrange conversation à quatre s'installe:

Thomas Marcy : Ça devrait être interdit de travailler quand il neige.
Pitou G : Ça vaudrait le coup d'être Canadien.
Gros client : héhéhé.
Thomas Marcy : Remarquez, l'hiver, ça rend les femmes câlines. C'est comme ça : certaines espèces ont besoin de chaleur!
Gros client : héhéhé! Comme les chiens de traineau! Désolé pour la comparaison!
Mme Marcy : J'aime mieux être comparée à un chien de traineau qu'à un autre animal. Au moins, c'est beau.
Gros client : héhéhé!
Mme Marcy : mais c'est vrai que je suis moins fan du côté meute. Parce que dans mon lit, ce n'est pas trop la meute.
Gros client : héhéhé!

Arrivé à ce stade de conversation, je me suis contenté de sourire, vous imaginez bien. Je n'avais pas trop envie de rebondir les activités de groupe avec des animaux dans un honorable salon de coiffure. Heureusement que ma coupe touchait à sa fin...

Alors que la patronne bidouille la machine à carte bleue, je l'entends s'esclaffer :
"Ouh la la : 517 € la coupe, ce que vous êtes généreux!
_ Si seulement je pouvais m'offrir de telles extravagances, j'en serais ravi!"

J'imagine que les pensées de la coiffeuse étaient trop occupées à arpenter la toundra de sa couette pour tapoter correctement sur son clavier et se contenter d'un nombre à deux chiffres...

Pitou G.

mercredi 21 janvier 2009

Les trolls, c'est pas drôle

Bon, en vrai, ce ne sont pas des trolls mais des gnomes (c'était pour la rime), même si parfois leur manque de travail m'effraie. Ce que ça manque d'humour, quand même, un gnome!

Soit la phrase : Mes cousins ont confié leur bébé à ma grand-mère (encore une de ces phrases stupéfiantes dont seuls les auteurs de manuels ont le secret).

Pour vérifier que "à ma grand-mère" est bien un complément essentiel du verbe, je leur demande si je peux le supprimer sans modifier totalement le sens de la phrase. Ils répondent; je nuance :

"Non, sauf si je veux hériter"

Pas une réaction, pas un sourire, pas même une mine perplexe. Je me demande si c'est parce qu'ils ignorent le sens du verbe hériter ou qu'ils ne se sont pas remis du savon que je leur ai passé en début d'heure, rapport au fait que les deux-tiers n'utilisent visiblement leur classeur que pour alourdir leur sac. Mais je suis un jusque-boutiste : est-ce que je peux déplacer "à ma grand-mère"?

"Non, sauf si elle est en fauteuil roulant"

Cette fois, ça marche : leurs menues épaules s'agitent de soubresauts, les visages se collent aux tables; ça grouille, ça rit, ça renifle.
Au fond, je me demande ce qui est le plus inquiétant : qu'ils rient ou ne rient pas...

Pitou G

mardi 20 janvier 2009

Chaud chat winomane

Comme il a bien fallu rattraper les taches consécutives à l'explosion de l'oeuf cocotte de dimanche soir, V. a répandu un peu de terre de Sommières sur la nappe. Calim, qu'on ne devinait pas si coquet, en a profité pour se repoudrer le museau :

Un petit coup de chat-fard? Un petit rail de terre de cocawine et ça redémarre!

Pitou G.

lundi 19 janvier 2009

Brèves de collégiens

Ces derniers temps, sans doute effet du redoux, la moisson de perles est bonne. Ainsi, dans la classe des 4e latinistes (nos chouchous communs), à qui j'ai fait écrire une déclaration d'amour (ou de haine!):
Fine : - Elle a fait l'amour et moi j'ai fait la haine.
Livie (air narquois): - Elle a fait l'amour!

Dans le même cours, alors que je prétendais regarder les fantasques signes griffonnés sur son brouillon, Phlox la fouine, a bondi pour m'arracher la feuille en criant "Nooon Monsieur!" et comme je me reculai surpris, s'est violemment cogné l'aine sur le plateau de la table.
- Si je m'étais reculé davantage, vous m'auriez sauté dessus?
- Ah non, Monsieur, quand même pas!
- Vous me rassurez!"

Ce travail fut bien sûr précédé d'une recherche de vocabulaire. Le brainstorming sur l'amour et la haine a beaucoup inspiré : vas-y que je t'exècre, que je t'adore, que je te haïsse, que je t'idolâtre, que je t'abhorre, que je te chérisse, que je t'abomine, que je te vénère...
"Est-ce que vous connaissez l'étymologie de vénérer?"
Silence.
"Et si je vous dis que ce mot dérive du nom d'une déesse?
_ Vénus! La déesse de l'amour!
_ Elle a aussi donné les maladies vénériennes".
Demoiselle joint alors les mains, penche la tête et soupire, les yeux scintillant d'une lueur romanesque :
"Ah les maladies de Vénus : les coeurs brisés, les chagrins d'amour, les âmes en peine...
_ Euh non, plutôt la syphilis, en fait..."

*

Dans un autre registre, dans le cadre d'une séquence sur L'Odyssée, j'ai demandé aux gnomes de 6e de faire un exposé sur des thèmes comme la guerre de Troie. Lunaire (qui n'a pas daigné amener ses affaires de la semaine, ni son carnet de liaison et suce son pouce en classe - quand il n'imite pas le chien qui jappe), très enthousiaste (son imaginaire est très développé), écrit au tableau "La guerre de Troy". Lorsque je corrige son erreur, il me répond, plein d'assurance, "Mais monsieur, c'est marqué comme ça sur la BD que j'ai chez moi!"

Zébulon 1 (petit roux qui a une tête à jouer dans des pubs) et 2 (qui répète convulsivement des gimmicks comme "c'est truqué!" quand il se trompe - ce qui arrive souvent) nous ont tenu la jambe pendant 45 minutes sur les proches d'Ulysse:
"Le grand-père d'Ulysse enduisait ses flèches de poisson".
Evidemment, je n'ai pu me retenir de dessiner l'arc, la flèche et l'animal...

Le but de l'exercice étant essentiellement de communiquer dans un langage simple, la lecture des brillantes analyses d'éminents mythologues, pompées sur le net, a suscité de nombreuses questions:
Séléné, l'inquiète - C'est quoi un charriot* nuptial? C'est pour la nuit?
Zébulon 2, docte - C'est comme une voiture balai dans un mariage.
Si leurs connaissances connexes à l'Odyssée ne se trouvent pas grandement augmentées (je vous rassure, je fais des corrections. Ah, ce n'est pas rassurant?), nous passons du moins un bon moment.

Pitou V.

*Pour les puristes, le conseil supérieur de la langue française recommande l’orthographe charriot, avec deux r, par analogie avec charrier, charrette, charrue, et même carrière et cariste qui y sont rattachés étymologiquement.

dimanche 18 janvier 2009

Nitro-cocottine

Que faire avec des oeufs, de la bonne crème fermière et des lamelles de foie gras, pour un repas en amoureux? Des oeufs-cocotte à retardement, évidemment!



C'est un peu délicat à réussir, mais si vous avez bien optimisé votre temps de cuisson, l'oeuf n'explosera, en projetant les éclats de foie gras, que lorsque votre victime approchera sa fourchette de la petite marmite.

Notre avis : Idéal pour un attentat mondain!

samedi 17 janvier 2009

Miraclure de fond de tiroir

Le vendredi soir, dure journée ou pas, on est H.S. Quoi de mieux que de mouler sur le canapé en regardant une nazerie à la télé (en semaine, elle ne s'allume plus que pour PBLV : il faut bien la faire fonctionner un peu, sinon sa batterie ne se recharge pas - quoi? On m'aurait menti?)?
Nous zappons au hasard, jusqu'à l'heurt heur inespéré de tomber sur Carole Rousseau et le dolichocéphale immonde qui remplace à ses heures le Pernault. Les deux plus lamentables rognures de Téhefouin réunies sur un même plateau, c'est une occasion, que dis-je : un privilège, qui ne se rate pas!

Je comprends assez vite le concept de l'émission, vieux comme le saint suaire et creux comme le Saint Graal : un classement des plus grands mystères de notre monde. J'ai malheureusement manqué les prémices de l'émission et suis dans l'incapacité de vous révéler qui a établi la très mystérieuse hiérarchie de ces mystères. Probablement un stagiaire, ou une machine de la Fran-niaise des Jeux.
Comme ce programme est ancré dans le surnaturel, il s'entoure de précautions rituelles bien rodées : les mystères avancent par paires. Le dolichocéphale présente l'un d'eux, on voit deux trois images du reportage, puis Carole Rousseau annonce celui qu'on va découvrir en premier. À ce moment-là de l'émission, vous pouvez aller regarder la pub sur M6, parce que vous n'apprendrez rien de plus dans les clips qu'ils ont tournés pour illustrer les-dites énigmes. Et puis tous les quarts d'heure, avant chaque coupure pub (on comprend bien à quelle fin les annonceurs ont été chassés des chaînes publiques après 20 heures : tronçonner Carole Rousseau partait d'une louable intention), on a le droit à un teaser de folie qui annonce toutes les révélations à suivre. Téhefouin est la reine du suspense.

Nous avons ainsi appris en vrac le secret des alignements de Carnac (c'est qu'ils sont mystérieux), celui des sculptures souterraines de Doué-la-Fontaine (elles sont mystérieuses), ou celui de la villa de la veuve Winchester (c'est qu'elle a un secret). Tous les intervenants nous disent combien tout cela est ésotérique, avec des intonations d'Oudini à deux euros et en roulant des yeux. Le seul message à comprendre, c'est "venez visiter nos sites".

Il y a quand même quelques perles dans ce fatras cabalistique.

La malédiction de Tippecanoë

Apprenez que si G. Bush n'a pas agonisé dans d'atroces souffrances au cours de son second mandat, c'est grâce à Ronald Reagan, rescapé d'une tentative d'assassinat en 1981 et qui a ainsi rompu la malédiction que le chef indien Tecumseh avait lancée 170 ans plus tôt.
Figurez-vous qu'avec beaucoup d'originalité, ce meneur d'une confédération de Natifs Américains vaincu à Tippecanoë en 1809 (je viens de découvrir avec un frisson de terreur que 1809 est l'anagramme de 1980, l'année où Reagan a été élu... il faut vite que j'envoie un courriel à Carole Rousseau!) a lancé une redoutable imprécation contre son ennemi.
De fait, trente ans plus tard, le général William Harrison, son ennemi mortel, périra alors qu'il venait tout juste de devenir le 9e président des Etats-Unis d'Amérique. À sa suite, (presque) tous les présidents élus une année se terminant par 0 mourront en cours de mandat, c'est à dire tous les vingt ans. J'imagine que Tecumseh n'avait pas dû se contenter de lancer un vague "Maudits! Maudits! Soyez maudits!" au moment de sa défaite, mais avait bien pris soin de dire :

"Que tous les présidents des Etats-Unis d'Amérique élus une année en 0 meurent (presque) tous pendant leur mandat, sauf F.D. Roosevelt qui sera un brave type!" (c'est drôlement vicelard, un Peau-Rouge, quand même)

Blindineu et la Vierge

Dans un potager de Saint-Etienne, la petite Blindineu rencontre la Vierge. Un jour, sa maman (qui a l'air d'être sa bisaïeule) lui avait dit : "tu finiras par voir une apparition". On se demande bien où la petite est allée chercher son histoire... Les images d'archives qui montrent la petite (qui, de nos jours, à quarante ans, refuse étrangement de revenir sur cette période de sa vie) persuaderaient les plus sceptiques des athées. Extrait :

Journaliste : Et elle ressemble à quoi, la Vierge Marie?
Blindineu : Elle était tout în blinc : un voileu blinc, une robeu blinche, une ceintureu bleue et une chaine în or. Elle était bien jolieue!

Je ne comprends pas que le Vatican ne l'ait pas davantage prise au sérieux...

Le poltergeist a douze ans

Une veuve québéquoise fait du spiritisme pour discuter avec son mari. Depuis, dans l'immeuble, les voisins assistent aux frasques d'un esprit frappeur qui fait des trous dans les murs (le plus époustouflant, c'est qu'ils ressemblent beaucoup aux trous que vous et moi pourrions faire avec une masse). Le souci, c'est que ça ne se passe pas dans l'appartement de la veuve mais chez une vieille voisine, et seulement quand elle reçoit la visite de sa petite fille de douze ans. Mais quel peut bien être ce poltergeist qui tape dans des murs? Bizarre-bizarre!

Le pont où les chiens se suicident

Les Pitous ne sont pas en mesure de vous parler de ce reportage : dans un dernier éclat de rire, ils ont appuyé sur off.

En conclusion, le plus grand mystère de la soirée c'est qu'on n'ait pas éteint plus tôt la télé.

Pitou G.

vendredi 16 janvier 2009

Merci le centre protestant évangélique!

Offrir de la bonne semence, c'est un pari osé. Là, vraiment, il ne fallait pas.

Ne vous privez surtout pas de cliquer : Dieu vous le rendra!

Merci la religion!
Merci le centre évangélique protestant!
Merci les privilèges d'élu de mon homme!

jeudi 15 janvier 2009

Dans l'intimité de notre salon

De nombreux projets lancés l'an dernier ont abouti en ce début janvier : il suffit de pas grand chose et la maison prend une autre allure. C'est surtout le salon qui a profité du renouveau.


Le nouveau meuble télé fait beaucoup plus distingué que l'ancien caisson à roulettes, et on ne voit même pas que son plateau est éraflé (mais notre porte-feuille, lui, a senti la différence : 50% sur du Cinna, on ne crache pas dessus!). En plus, la teinte de ce modèle, assortie à la table basse, a disparu du catalogue. On ne devient vraiment bourgeasse que quand on commence à coordonner ses meubles. Et merveille! L'étagère à DVD ne vomit plus ses coffrets collector, désormais logés dans un vaste tiroir. Et merveille de merveille, les entrelacs de câbles électriques ont miraculeusement disparu (enfin, ils sont miraculeusement cachés). Evidemment, tout cela manque cruellement d'une grosse télé de poute.

On a aussi déplacé le canapé (auparavant collé contre le mur d'en face) pour créer un espace plus cosy fan tutte. Merci de ne pas remarquer que le rideau traîne par terre en attendant sa retouche, et admirez au passage la belle expression que j'arbore rien que pour vous (tête de gland, c'est juste un rôle de composition, voyez-vous!)

Le tapis aussi est neuf. Il est doublement bienvenu. D'une part parce que le carrelage, c'est froid (et lui est tout doux avec ses mèches fines); de l'autre, parce qu'il apporte une touche de couleur à nos incontournables teintes terre. En contrepartie, il sonne le glas de nos repas au salon devant Plus Belle La Vie. M'est avis que le morceau de kebab est persona non gratin grata entre ses fibres. Ça ferait tache dans tous les sens du terme. En tout cas, on en connaît un qui est tombé chou amoureux de son rouge flamboyant (presque le même que mes chaussons):

En rouge et noir, j'exilerai ma peur ;
J'irai plus haut que ces montagnes de douleur (nous avons nos lettres)



La cuisine a également eu sa dose de nouveauté. Devant l'acharnement de mon homme, Krupps a finalement remplacé notre espresseria, géniale mais souvent en panne, par un modèle plus récent - mais qui n'a pas forcément l'air beaucoup plus solide.



Et on finit ce festival des nouveautés par un détour dans la chambre. Pitou V. rêvait de ces rideaux depuis longtemps, parce que les persiennes laissaient filtrer trop de lumière (un genre de coquetterie : moi, rien ne m'empêche de dormir). Comme le voir se coller un foulard sur les yeux avait cessé de me faire sourire, j'ai fini par céder. C'est vrai que là aussi, ça manquait d'une pointe de couleur. Seules réserves, la couture centrale empêche le tissu de tomber avec élégance et la bande supérieure est un peu trop large à mon goût (c'est le prix à payer pour avoir une telle hauteur de plafond).


Coucou les bourricots! (je vous aime)

Il ne reste plus qu'à finir d'isoler le grenier (Mike, fais nous signe quand tu veux!) et nos derniers euros seront z'heureux bien employés.
Et juste parce que je suis très fier de l'expression de mon visage (très actor's studio, non?), finissons avec cette touche de distinction et de style :

Au revoir

mardi 13 janvier 2009

Gla-glamour

Misère! Pas le temps d'écrire un vrai article avec des mots dedans (parce que, des fois, on travaille) et plus aucun message dans notre boîte de secours! Qu'à cela ne tienne : nous tenons de Jay boat,qui commente parfois ces pages, une adresse de choix!

Cliquez ici pour connaître la recette magique qui vous rend beau ou belle. Pitou V. vous recommande la section Glamour. Quant à moi, j'ai un gros faible pour Top Nice Sweaters.

lundi 12 janvier 2009

Festival de canes

Il semblerait qu'en 2009 mes poètes se tiennent à carreau. La surprise est venue de leurs consoeurs : la sagesse décanille. Rien de bien méchant, je vous rassure : une poétesse reste une poétesse (ce qui me laisse l'espoir de voir ressurgir l'inspiration des Catul et des Tibulle : allez quoi, un peu de nerf, les mectons!).

Petit à petit, je vois surgir des cartables de ces demoiselles tout un assortiment multicolore de petits canards : Deux ou trois, pour commencer, puis c'est une armada avicole qui apparaît comme par génération spontanée à côté des trousses. À chaque poétesse sa couleur (je n'avais encore jamais vu de canard violet). Je n'ai pas trop l'habitude de faire cours devant les yeux ronds de petits emplumés, mais je fais avec - je fais très bien le coq, si je veux. Et je n'en ai même pas eu mare.

Pour vous aider à visualiser, avec l'aimable autorisation de Sixtine

Je suis quand même un rien ébranlé à l'idée que les volatiles puissent être tout autre chose que d'innocents et couinants simulacres de caoutchouc. Contre toute attente, je parviens à scotomiser cette éventualité. Et je découvre même un avantage à la situation cocasse : comme il y a deux Délie dans la classe et que je ne trouve jamais très élégant de préciser leur patronymes ou de les appeler "Eh toi là-bas", je n'ai qu'à dire "Canard Vert" ou "Canard orange" et l'affaire est entendue. En plus, ça les fait sourire.

À la fin de l'heure, alors que les anatidés farceurs replongent dans les sacs, j'en entends un couiner et pousse un soupir de soulagement. Ceux-là n'ont pas l'air de vibrer...

Pitou G.

P.S. : En ce moment, avec cette classe, je suis en plein dans l'agonie de la République romaine. On a vu comment César, aidé en cela par un Sénat servile, a fait disparaître une à une et en toute légalité toutes les précautions prises par les fondateurs de la République pour se prémunir d'un retour à la monarchie. M'est avis que si César avait pu toucher à l'indépendance de la télé publique et du système judiciaire, il aurait commencé par là...

dimanche 11 janvier 2009

Geek coréen et tribades* popotinesques

En cherchant désespérément le clip d'une chanteuse que Poussinou nous avait présentée comme la "femme la plus vulgaire du monde, remuant son luc sur tout ce qui bouge", mon homme est tombé sur le morceau suivant. Depuis, je l'écoute en boucle, au grand désespoir de V., bien que ça ne soit même pas du japonais (cette arnaque!). Vive le rap coréen et vive WoW (je n'y ai jamais joué, mais si on peut faire se déhancher comme ça des Orcs, des Nains et des Bidules bodybuildés, ça ne peut pas être un mauvais jeu).



Après enquête auprès de notre informateur**, il s'avère que la créature au popotin sauteur ne chante pas un quelconque Everybody says yeah/ wooh!/ wow / yo / quet'chose (barrez la mention inutile), mais Whine up, qu'elle s'appelle Kat Deluna et partage avec Shayonce et Bekira la passion du frottage qu'elle élève à un degré rarement égalé (et si vous ne me croyez pas, vérifiez par vous-mêmes).

Pitou G.

*Tribade : du grec τριβω, ce mot signifie littéralement "celle qui se frotte". Tout un programme.
** Poussinou a d'ailleurs ajouté à cette occasion que c'est une "pétasse américaine agressive avec une tronche de pékinois". Je crois qu'il est amoureux.

samedi 10 janvier 2009

Le virus de la casse

Je ne sais pas pourquoi des mômes unanimement considérés comme intelligents n'arrivent pas à assimiler une information aussi peu surprenante que vir en latin désigne l'homme, le mâle. Faire le lien vir - viril, c'est quand même basique! Ils me posent pourtant la question à chaque fois qu'on croise le mot, c'est à dire à peu près à chaque heure de cours. La dernière fois, comme les cent fois précédentes, j'ai répondu en me cramponnant à mon armoire : "C'est la dernière fois que je vous le dis, je vous préviens!"

C'est devenu un gimmick un brin horripilant. Mais le vendredi en dernière heure, c'est forcément pire, surtout si c'est Yoda qui s'en charge (Yoda est un garçon qui prend d'improbables postures sur sa chaise et qu'on jurerait sorti d'un manga - il ne lui manque qu'un Pokémon)

Yoda : M'sieur, c'est quoi "virum"?

Pitou G. (tombant à genoux, les paumes tournées vers les dieux infernaux) : C'est l'homme!

Toute la classe (en choeur) : C'est l'homme, c'est le mââââle! (oui, ça vire à la secte, cette affaire)

Pitou G. : En même temps, ça ne m'étonne pas que tu ignores ce que c'est qu'un homme, Yoda!

Et Yoda de piquer un fard, virant alors du vert au rouge, ce qui était sensible même pour un daltonien comme moi, tandis que le reste du troupeau s'esclaffe bruyamment (il n'y a rien de moins compatissant qu'un agneau).

***
Lorsque la sonnerie retentit, au grand soulagement de tous, Pandore traîne un peu dans la salle. Phlox-la-fouine, le filou qui voit tout, revient alors sur ses pas et décide de l'attendre.

Pitou G. : Ça tombe bien, il reste tous les volets roulants à fermer!

Pandore : Ouhlala! Il est déjà cette heure-là! Ouh ce que je suis en retard! J'ai un rendez-vous! J'ai... j'ai... j'ai piscine. Voilà : j'ai piscine!

Phlox : Et puis monsieur, on vous a déjà vu fermer les volets : vous avez une de ces techniques! Vous faites ça à une vitesse phénoménale! (c'est vrai que je les bluffe tous : j'arrive à fermer deux volets en même temps, en faisant virevolter les manivelles en miroir - ouaich, je suis ambidextre en fermage de volets). Tout est dans le poignet!

Je n'ai même pas cherché à savoir s'il avait conscience du sous-texte et parlait d'expérience : vive les week-end et les poignets virtuoses!

Pitou G.

vendredi 9 janvier 2009

Water pas l'eau

"M'sieur, j'peux pas faire sport! Je me suis trompé : j'ai pris mes affaires de piscine!
_ Va enfiler ton maillot de bain: ça n'a jamais empêcher personne de faire du handball!"

L'homoncule prend alors la direction des vestiaires. Bombasse a dû lui courir après pour le rattraper. Il devrait pourtant le savoir qu'il ne faut jamais faire d'humour avec les gnomes!

jeudi 8 janvier 2009

Fouace la poisse

C'est trop facile d'acheter sa galette des rois en pâtisserie. Le must, c'est de la faire soi-même. Mon Pitou V. avait une recette de fouace (ou couronne des rois) qu'il avait très envie d'essayer. En théorie, ça donnait ça :



En pratique, ça ressemblait plutôt à ça (je n'ai pas pu réprimer un éclat de rire en ouvrant le four) :

En dépit des apparences, la couronne pétrie par mon homme était délicieuse. Je suis sûr qu'avec un peu de confiture, c'est encore meilleur. Mais il ne restait déjà plus une miette de la brioche aux fruits confits quand mon homme est revenu du supermarché, hier soir :

"Regarde ce que j'ai trouvé! Ça a l'air groubon!
_ Lemon curd... ce n'est pas le genre de confiture au beurre que ton père et Avenante Step Mother nous avaient offert à l'époque où ils avaient l'air contents de nous voir? Les trois petits pots qu'on avait vidé en moins de deux?"
Air réjoui de Pitou V qui hoche vigoureusement la tête. Il s'en fait une tartine et boum :


Observez avec quelle aisance le pot de verre s'est déroulé, un peu comme les patrons qu'on nous faisait dessiner en primaire. La tentation est grande de récupérer sur le sol le contenu d'un pot à peine entamé, mais ce n'est pas sans danger. Taphanie se souvient sans doute du pot de compote de pêche que j'avais extirpé de son frigo en le tenant par le couvercle et qui s'était débiné de mes doigts de fée pour aller ploutcher sur son carrelage. On avait ramassé ce qu'on avait pu, trié avec vigilance le bon fruit du débris, mais on avait quand même croqué dans de petits bouts de verre. C'est une expérience dont on peut se dispenser...

Pitou G.

mercredi 7 janvier 2009

Convoi et'set'sionnel!

Lundi matin, alors que je bénissais allègrement l'année nouvelle de me permettre de m'agiter de nouveau devant mes gnomes au lieu de rester sous la couette comme la quinzaine précédente, Chef adjointe a fait une timide entrée dans ma salle (c'est la dame qu'on a l'air de martyriser quand on va lui demander une information dans son bureau, selon l'analyse de YoungFather, ce dangereux tortionnaire). Elle me fait signe de la suivre dans le couloir (c'est moche de m'arracher à mes gnomes, madame, je n'ai pas fini d'explorer avec eux toutes les merveilles des temps composés de l'indicatif!). Je m'attends au pire, comme : "les associations de parents d'élèves ont porté plainte contre vous parce que vous ne faites pas assez de lecture de l'image" ou "un envoyé du ministère vient d'être mandaté pour inspecter votre cahier de texte incomplet; vous avez tout juste le temps de vous enfuir par l'issue de secours!"

Mais non, c'est beaucoup plus drôle que ça. Chef adjointe m'apprend qu'elle cherche de toute urgence des profs pour escorter Grand Chef dans ce qui est sans doute la ville la plus moche de Normandie, pour faire bon accueil à la Plus Haute autorité de l'Etat que nous désignerons ici sous un nom de code pour ne pas affoler les RG, soit Le Kobold. Chef adjointe est très embêtée, c'est pour ça qu'elle se permet d'interrompre un cours si captivant : il faut qu'elle donne sa réponse dans un quart d'heure. Pensez donc : le départ est prévu à 9h00!
Je regarde ma montre et j'y lis : 9h20. Oui, effectivement, on dirait bien que ça presse...

"Alors votre réponse?
_ C'est que j'ai pas mal de cours, moi, le lundi...
_ Mais je crois que pour tous vos collègues, ça va être la même chose. Alors qu'est-ce que vous en dîtes?
_ Bah non, en fait (l'espace d'un instant, je m'imagine devoir faire la conversation au Grand Chef pendant un trajet de presque 200 bornes, avec pour seule compensation le fol espoir de passer au journal télé à quelques mètres du grand homme Kobold - ah qu'il est loin, le temps où on nous envoyait agiter nos petits drapeaux d'écolier pour accueillir François Mitterand, de passage dans notre bonne cité). Définitivement non".

Chef adjointe a l'air terriblement déçue, un peu comme si on lui apprenait que son prof le plus télégénique refusait de porter haut l'honneur du collège Haquenée (on la comprend un peu), près des lumières élyséennes. Je la laisse à son désarroi et retourne à mes gnomes (ça ou un Kobold...).

Alors que je regagne mon estrade - j'ai, comme certaine personne, besoin de me sentir plus grand que je ne le suis -, le doute s'insinue en moi... N'ai-je pas entendu ce matin à la radio que le Kobold est à l'instant même en route pour le proche Orient? Saint-Moche (la ville la plus hideuse de Normandie qu'un reste de charité chrétienne m'interdit de nommer - mais je compte sur vous pour guetter les journaux télévisés) est une ville carrément à l'ouest, pas vraiment sur son chemin... Je sais que le Kobold a la bougeotte et un penchant certain pour les lieux sinistrés, mais Gaza-Saint-Moche, ça fait tout de même beaucoup pour une journée... Bah, je dois me tromper : c'est ma chef, elle doit savoir ce qu'elle dit.

Dix minutes plus tard, j'entends de nouveau frapper. Et la même m'invite encore à la suivre dans le couloir.
"Je me suis embrouillée dans les dates! C'est la semaine prochaine! Alors, je vous mets sur la liste? Il faut vraiment que je donne la réponse incessamment sous peu*!
_ Euh... non. (Deux heures... route... conversation Grand chef... Kobold). Vraiment".

Là c'est sûr, je lui brise le coeur. Mais c'est ainsi : il est écrit que les profs les plus bankable doivent rester dans l'ombre (il ne s'agit pas pour l'Educ'Nat de laisser Holliwood débaucher son personnel - si l'Educ'Nat voulait supprimer des postes, ça se saurait). Il n'y aura que des thons pour accueillir Le Kobold. Tout cela restera bien assorti.

À la récré, c'est la rigolade générale. On se pousse tous du coude, on cherche à savoir quels sont ceux qui ont accepté de rejoindre la délégation:

" Moi, on est venu me trouver deux fois!
_ C'est moi qui ai fait remarquer à Chef adjointe qu'elle s'était trompée dans les dates. J'ai hésité à lui dire : ça aurait été drôle de laisser la moitié des profs partir à Saint-Moche pour rien!
_ Mais pourquoi est-ce qu'on ne m'a rien demandé à moi?
_ Tu veux rire, t'es bien trop moche!
_ Moi, je suis bien content d'enseigner une sous-matière : au moins, on me fout la paix!"

Et on s'amusait à filer la frousse à tous les nouveaux venus : "tous les profs d'histoire sont réquisitionnés d'office!" Il y a quand même des moments de grâce dans ce beau métier! Ça m'aurait presque fait oublier qu'il y a aussi de sacrés pisse-froid dans le lot... À une collègue qui disait que, non de non, il n'y avait pas moyen d'aller ovationner le Kobold, mon cher Helmut Stachos adresse un avertissement solennel :
"Tu n'as pas à faire part de tes opinions politiques!"
Je guette sur son visage tout indice qui trahirait un trait d'humour (parce qu'il rigole, évidemment, hein?). Mais non : il est plus sérieux que la pape et certainement pas moins sermonneur. Il ajoute même : "Tu es dans une enceinte publique ici, et tu le sais très bien", avec ses airs de schtroumpf à lunettes.

Personne autour de nous n'a l'air de réagir, même pas la collègue incriminée. Suis-je le seul à l'avoir entendu? Peut-être que les autres arrivent à l'ignorer. Il faut vraiment que je leur demande leur truc!

Pitou G.

*Cette expression m'a toujours fasciné.

mardi 6 janvier 2009

Rétroviseur

Avec la nouvelle année viennent les bilans, on n'y coupe pas. Nous nous contenterons ici de celui du blog.

Il y a quelques semaines, quand j'anticipais ce moment, je m'imaginais vous annoncer avec fierté que contrairement aux trois derniers mois de 2007, 2008 fut prodigue en articles : je visais une moyenne de 20 messages par mois et je l'ai tenue. Quand octobre a pointé son museau, j'ai été particulièrement vigilant. J'avais peur de sombrer dans la même atonie que l'année précédente. Il y a des tas de raisons, toutes légitimes, de délaisser un blog : des événements heureux ou malheureux peuvent tout aussi bien vous en détourner. Fin 2007, il ne s'était rien passé de particulier, si ce n'est un vague découragement. Et quand on cesse d'écrire ne serait-ce que quinze jours, on ne voit plus trop de raison de s'y remettre alors que, jusque là, c'était comme une évidence.
Mais 2008 fut pour Montdepitous un cercle vertueux. Ecrire régulièrement dope le nombre de visites. Et de bonnes statistiques, quoiqu'en disent certains (mais pas La Compagnie créole), c'est bon pour le moral et ça encourage à continuer. Et même, ça fait rire les oiseaux, ça fait chanter les abeilles.





C'est là qu'on se dit : vivement janvier (pas avant, ça porte malheur), que je puisse crier sur tous les toits : "Il n'y a pas eu de coup de mou en 2008" et faire la nique à 2007.
Et puis les vacances de Noël se profilent pour vous faire douter de tout. Que vous écriviez ou pas, c'est kif-kif, le blog est désert, Montdepitous est dans les choux. Alors je sais bien que c'est conjoncturel (c'est la crise, ma bonne dame!) et qu'au moment des fêtes de fin d'année personne ou presque n'a le nez collé sur son ordi, à commencer par moi. Il n'empêche, la petite musique "À quoi bon?" se glisse à vos oreilles.


Découvrez Hélène Rolles!


Attention, faire l'expérience de la vraie musique engagée peut vous mettre à rude épreuve! Gloire à toi, Hélène Rollès!

Là-dessus, le blog de Timy disparaît dans d'atroces souffrances, laissant orphelines Suzie et Suzon :


Et des tas de blogs que j'adore publient désormais avec parcimonie (fais pas ta connasse!). Alors je compte sur vous pour me remettre tout ça d'aplomb!

Pitou G.

P.S. : Quoi, j'aurai pourri votre mois de janvier?

dimanche 4 janvier 2009

C'est moi la fève!

Je n'ai jamais vraiment cru au Père Noël. Pour certains enfants, apprendre la vérité sur l'origine de leurs cadeaux est vécu comme un traumatisme, une trahison. Dans un sens, ça se comprend. D'abord, on leur a menti, et peut-être même qu'on s'est gaussé de leur naïveté (évidemment, aucun parent ne ferait une chose pareille, mais les enfants, c'est bien connu, c'est susceptible). Le choc est d'autant plus intense que les enfants placent une confiance aveugle dans leurs parents : mais après tout, il faut bien qu'ils apprennent un jour que leurs géniteurs ne sont pas infaillibles.
Cela dit, je ne crois pas que ça soit tant à leurs parents qu'ils en veuillent qu'à eux-mêmes. Restropectivement, ils voient peut-être d'un autre oeil les somptueux cadeaux qu'ils ont exigés, sans savoir que leur famille faisait d'énormes sacrifices. C'est le syndrôme Promesse de l'aube : Romain Gary découvrant que sa mère lèche en cachette, mais avidement, le gras du steak qu'elle lui sert, à lui, l'homme de la famille, alors qu'elle prétendait ne pas en vouloir. Je crois que je ne me remettrai jamais de cet extrait (comme quoi il nous reste toujours quelque chose des textes lus au collège). Le sacrifice maternel, est-ce encore une vertu? Oui, sans doute.
Moi, si je ne me souviens même pas du jour où j'ai découvert l'ignoble vérité, c'est que ce jour n'a sans doute jamais existé. Mes parents m'ont toujours fait comprendre d'une façon ou d'une autre que c'était une belle histoire dont il ne fallait pas être dupe. Et lorsqu'ils parlaient du Père Noël, c'était toujours avec un sourire qui ne laissait pas planer l'ombre d'un doute. D'ailleurs, je ne me souviens pas avoir déballé mes cadeaux le 25 au matin, alors j'aurais eu du mal à croire à la livraison nocturne par Traineau Express!

Je n'ai jamais cru au père Noël mais, en bon ravi de la crèche, je n'ai jamais soupçonné que mes parents trichaient pour que j'ai la fève lorsqu'on tirait les rois. Je croyais que si mon frère aîné faisait la grimace, c'est parce qu'il était jaloux de ma chance insolente! C'est vrai quoi : la fève, je l'avais presque à tous les coups! Si c'est pas de la veine, ça!
N'empêche, je me demande jusqu'à quand ils m'ont embobiné!

Moralité : Lucide en décembre, crédule en janvier.

Pitou G. et pis Fanny!

samedi 3 janvier 2009

Mots d'enfant

Ce n'est pas parce qu'on vous parle peu de nos nièces qu'elles ne sont pas géniales (avec leur patrimoine génétique, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement).
Comme Lune recrachait dans son verre (elle n'a pas encore deux ans : on comprend que recracher dans son gobelet soit un bon moyen d'être la star de la soirée), elle s'est attiré quelques regards courroucés. Lunatique et aussi susceptible qu'elle peut être adorable, Lune a alors éclaté en sanglots.
Toujours prête à réconforter sa petite soeur, Oursonne s'est tournée vers elle, l'a serrée dans ses bras et lui a déclaré avec entrain :

"Ils ne t'ont pas grondée (oui, ma nièce sait faire l'accord du participe passé : c'est un génie, vous dis-je!) : ils ont juste dit que tu étais bizarre!"

Stupéfaite par les éclats de rire qui ont suivi, Lune s'est arrêtée de pleurer. Oursonne n'a rien compris à son coup de maître.

Pitou G.

P.S. : Oursonne, ce serait bien que tu arrêtes de nous appeler les tontons picards, maintenant!

Dernière minute : Félicitations à toi MAB! Je vois que notre cadeau n'a pas été totalement inutile!

vendredi 2 janvier 2009

Le retour de la "crodelette"

On ne peut pas s'y tromper : de nos deux fauves, l'expert en bêtises, c'est Calim'.

"Même pas vrai!"
Au fait, ce n'est pas la peine de cliquer sur l'image si c'est pour nous faire remarquer que nous avons laissé en plan les travaux de la salle de bain depuis août dernier. Et d'ailleurs, ça me plaît, à moi, d'avoir une échelle adossée à la cabine de douche : le porte-serviette n'est pas assez grand.

C'est Calim' qui s'amuse à faire tomber tout ce qui traîne (pfff! comme s'il y avait des choses qui traînaient chez nous!). C'est Calim' qui joue avec des tiquettes à pain* à travers toute la maison en faisant fi des obstacles (boum!). C'est Calim' encore qui glisse des plumes de corneille sous le canapé, renverse les plantes et tend des embuscades à son grand frère. Et devinez qui me réveille toutes les nuits en m'escaladant gauchement par l'adret et l'ubac?
Aussi, ce matin, à l'heure paisible du petit-déjeuner, lorsque nous avons entendu le bruit si caractéristique de la griffe à l'assaut du canapé, c'est sorti comme un réflexe :
"Calim'! Calim'! Calim'! Je vais finir par devoir te madrigaliser!" (oui, mon homme a parfois de curieux réflexes lorsqu'on interrompt sa lecture de biographie de la Montespan).

Mais le brave Calim' était dehors. C'était Stuart qui retombait en enfance chatonnerie après avoir découvert ceci :

Puisque je vous dis qu'il n'y a jamais rien qui traîne chez nous! Remarquez au passage le tissu chevronné du canapé, pas du tout vulnérable aux attaques chatales...

Ce cordon a rappelé à notre vieux matou sa "crodelette", son doudou, l'objet transitionnel (jadis ceinture d'un de mes pyjamas) qu'il transbahutait partout, tout chaton. Je peux vous jurer que le seul mot "crodelette" le rendait hystérique. Hélas, l'objet de son affection a un jour mystérieusement disparu (peut-être juste un peu exprès). Stu' s'est assagi, engrognonné dirais-je, ce qui ne s'est pas arrangé le jour où on lui a ramené un petit frère.
Trop attendri pour le disputer, on l'a laissé faire le fou (alors qu'on aurait transformé Calim' en pâté croûté, parents indignes!). Mais le naturel revenant au galop, cinq minutes plus tard, je recommençai de le gronder :
"Calim'! Arrête ça!"

Le monde est vraiment trop injuste! (Bah oui : Calim', c'est le diminutif de Caliméro!)

Officiellement, ces chats ne peuvent pas s'encadrer.
Jeu habituel : où est Stu'? Où est Calim'?

Pitou G.

* Une tiquette à pain, vous ne voyez vraiment pas ce que c'est? Rhôôô! Le jouet préféré de notre puîné, c'est l'attache en fer enrobé de plastique qui ferme les sacs des pains tranchés.