Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

vendredi 29 février 2008

Laisse-moi rester femme

Mardi soir (enfin, je crois... le temps passe si vite quand on est en vacances), Transe Froid a diffusé une soirée comique à tendance hu-mou-ris-tique. J'avoue, aguichés par un sketch un peu drôle, on a fini par mouler devant l'écran toute la soirée. Ce n'était pas indispensable.
Je ne sais pas pourquoi ils s'obstinent à nous faire des soirées thématiques, à se racler la boîte crânienne pour définir des "problématiques" (mettre tous les guillemets qu'il faut : ils ne devaient pas être brillants en dissertations, les programmateurs de Transe Froid), parce qu'ils ne sont pas foutus de les respecter.

Alors visiblement, c'était en l'honneur (?) de la journée mondiale des femmes. L'idée, c'était d'entrecouper des tronçons de sketchs par des interviews lénifiantes où les invités, triés sur l'ultraviolet, nous donnaient leur définition de l'humour au féminin. L'occasion pour nous de vérifier que Yann Queffelec a vraiment une voix insupportable (la subir pour l'entendre débiter des nazeries, ça valait vraiment la peine) et qu'il existe en France toute une tripotée de starlettes dont j'ignore encore le nom. On en vient à souhaiter qu'ils s'étouffent avec leur salive pour arriver plus vite aux sketchs.

Enfin... pas à tous les sketchs. Déjà, le fil rouge de la soirée, le rire et le double chromosome X, est sujet à mainte interprétation (ouais, je le mets au singulier, en parfait petit archaïque). Alors, le rire et les femmes, c'est au choix :

1) Des femmes humouristes. C'est le haut du panier : on en profite pour s'offrir du Sylvie Joly, du Foresti, du Robin, des Vamps. A noter que les sketch n'ont alors rien à voir avec la féminité (on se paie "le répondeur" par exemple).

2) Des couples femme-homme (Daumier et Bedos, Laroque et Palmade...). Là, déjà, on perd un peu de vue le concept.

3) Mais c'est une fois sur deux un homme en travelo. Comme plus personne n'ose faire rire avec ce genre de trucs, on se paie des vieilleries dignes d'un cabinet de curiosité (le genre de cabinet auquel foutre le feu est un acte de salut public). Voir un humouriste mort depuis 22 ans imiter une actrice morte il y a 18 ans, je me demande qui ça peut encore faire rire (à l'époque, ça faisait rire Drucker, je ne suis pas sûr que ça soit une bonne garantie). Sim déguisé en vieille marquise qui passe le permis c'est euh... s'il vous plaît, on oublie. Mais j'y pense : on n'a pas eu droit à Paul Prébois en Vanessa Paradis! Il faut dire qu'on a raté le début de l'émission...

4) ça peut aussi être un mec qui verse dans l'humour misogyne. Joyeuse journée des femmes avec Chevalier et Laspalès, pouët pouët.

5) Et puis il y a des dérapages complets, des trucs inexplicables. Le rire et les femmes, vous dites? M'en tape. Cinq minutes à tuer? Plus de femmes comiques en stock? Plus de travelo? Plus de gros machos? Lancé dans son élan, perdu dans les archives, le stagiaire qui a commis cette soirée en oublie totalement le thème et nous passe un Coluche spécial Belges. Peut-être qu'il n'y a que des femmes en Belgique, je sais pas...

Il y a des soirs où on ferait mieux de regarder les experts.

Pour conclure en vidéo, offrons-nous deux femmes de talent, bien qu'Anglaises, parodiant les sororales Corrs:


Pitou G.

jeudi 28 février 2008

À la masse, médias

En tant que citoyen, professeur de lettres et mari de futur conseiller municipal, Criquette Rockwell je me suis penché ces temps-ci sur la presse locale. Comparer deux journaux concurrents est vraiment très instructif et souvent très enrageant. Regardons comment deux rédactions rendent compte de la présentation du programme d’un candidat aux municipales (au hasard, celui qui figure tout en haut de la liste de Pitou V).
À ma droite (pas de doute possible), le désormais célèbre Vachebdo dont le rédacteur en chef se trouve être le papa du n°4 d’une liste électorale rivale – mais n’allez pas croire que ça influence sa ligne éditoriale, hein, on tape ici dans une presse de haute tenue et sans parti pris : c’est Vachebdo, zut !
À ma gauche, la page locale du plus grand quotidien régional du pays: Wesh-France. Si je ne vous en ai pas encore parlé, c’est parce que leurs titres sont quand même rudement moins marrants que ceux de Vachebdo.

1) L’art de la photo
Tous ceux qui ont déjà eu la chance de visiter une salle de rédaction savent combien il est facile, avec l’outil informatique, de recadrer aux dimensions idéales une photo maladroite. Mais il existe des maladresses intentionnelles qui touchent au génie ; celles-là, pas question d’y toucher. Le cadrage d’une photo fait sens et on sait bien que l’objectif d’un appareil photo ne mérite pas souvent son nom. Immergeons-nous dans l’esprit de Mauricette qui, élections obligent, s’attarde un peu dans son journal au lieu de filer droit à la page nécro.

- Photo parue dans Wesh-France


« Bah Diou, y avait ben du monde à c’te réunion. Il a le vent en croupe, ce qualiteux-là » (excusez Mauricette : elle n’a jamais vu la mer ; alors pour elle, la poupe, c’est ce qu’elle boit chaque soir à 18 heures)

- Photo parue dans Vachebdo (oui oui, c’est la même salle, le même jour avec les mêmes gens dedans)


« Bah Diou, y avait-y personne pour v’nir écouter ce badlagoule-là ! Y va pas réussir à nous emmiauler : on n’est pas si nians ! »
Observez combien le flash met en valeur les chaises vides au premier plan. Quand l’ennemi commet une erreur stratégique (quoi, j’ai écrit l’ennemi ?) aussi monumentale que laisser des places vides au premier rang, un bon journaliste aurait tort de se priver, quitte à montrer un bout du video-projecteur.

N.B. : Un Pitou G est caché quelque part au-dessus. Saurez-vous le retrouver ?

2) L’art de la citation
Règles d’or du journaliste de Vachebdo : pour la liste de Fils à papa, laisser l’équipe de campagne relire et corriger (écrire ?) l’article. Pour la principale liste rivale : ne retenir que les modalisateurs de doute ou les citations les moins éclairantes dans un ordre débile, en multipliant les coquilles (ne pas relire l’article ou le relire en ajoutant un maximum de fautes ?).

3) L’art de l’emplacement
Tiens mais que fait ce courrier d’un député soutenant la majorité sortante à côté de la rubrique nécrologique, la plus lue du journal ? L’équipe de rédaction n’a pas dû trouver de place ailleurs…

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En ma qualité d’escort boy, j’ai accompagné mon homme et son candidat dans les locaux de Transe-Froid Normandie (juste en face du lycée Infini où j’ai rencontré Pitou V. il y a 9 ans, c’est forcément bon signe). Il m’a été donné de serrer la main d’un chouchou (il faut savoir que les journalistes sur Transe froid sont tous des chouchous, même au niveau local) et de découvrir les joies de la régie.

C’est curieux, l’ambiance d’une régie: ça oscille entre détente et tension. C’est un jeu vidéo auquel on jouerait à plusieurs à l’aide de manettes et de la voix, en suivant un script papier. En se balançant sur son tabouret, le chef d’orchestre nomme les caméras à actionner voire à combiner (« trucage 3 – 5 ! »), tandis que sa voisine s’écrie de temps en temps « je titre !». Derrière eux, les Pitous se font tout petits, naviguant d’écran en écran pour capter les réactions des interviewers (en plus de Chouchou, il y avait un journaliste de Wesh-France et de Transe-Bleue) que les téléspectateurs n’auront pas le loisir d’observer. C’était assez fascinant, mais aussi stressant : on guettait les maladresses ou lapsus éventuels du candidat, tout en gardant un œil sur l’horloge, parce qu’il fallait le raccompagner à la gare. Tout s’est bien passé, cependant – il faut dire qu’on sentait les journalistes plutôt bienveillants (forcément, Vachebdo n’était pas en lice), voire plus confiants que nous.

Pitou G

N.B. : il va de soi que les photos figurant sur le blog sont la propriété exclusive des journaux les ayant publiées et que Pitou G est rien qu’un gros voleur. J’ai hésité à apposer sur chaque personne photographiée un élégant masque noir mais :
1) ça prend du temps
2) ça fait presse people
3) ni Wesh, ni Vach’ n’ont pris la peine de me demander si ça me dérangeait de figurer dans leurs pages.
4) Je peux certifier que tous les gens présents sur la photo sont des gens bien, pas besoin de les cacher.

jeudi 21 février 2008

Halte aux Baltes

Lorsque vous êtes natif d'un pays balte et que vous vous présentez à l'Eurovision 2000, vous n'avez qu'une seule obsession : vous faire passer pour un ressortissant d'ailleurs.
La première chose à faire, c'est bien sûr de chanter en anglais. Mais ça ne suffit évidemment pas : il faut aussi se trouver un look de circonstance. Par exemple, si vous avez la chance d'être Estonien, partez le plus à l'Ouest. Comme Inès, optez pour le Stetson.



Je ne ferais pas de commentaires sur la ceinture et le collier, parce que je ne comprends même pas ce que c'est que ces trucs (c'est donc que ça doit être amerlocain, trop avant-gardiste pour ma pensée étriquée). Les choristes masculins, que l'on ne voit jamais d'assez près, m'ont l'air de chanter plus aigu que leurs collègues d'obédience féminine à base XX (qu'on ne voit pas davantage mais honnêtement, je m'en balance). J'en déduis leur admiration sans borne pour les Bee Gees. Tout cela m'amène à m'interroger : l'influence est-elle étazunienne ou australienne? à bien y réfléchir, le total look kaki, ça fait très Crocodile Dundee.


Le Letton ne s'embarrasse pas de traverser l'Atlantique : ses références restent européennes. Le groupe Brainstorm doit vraiment croire qu'il appartient à la scène pop britannique. Et il faut avouer qu'ils ont poussé loin le mimétisme. Tout y est : la musique, le look, l'accent... Le chanteur a l'air halluciné avec ses yeux fous. Oui, l'illusion est parfaite.



Se prendre pour ce qu'on n'est pas ne va pas sans dommage : avouez que ces morceaux sont, comparés aux opus (je n'ose pas écrire "opera") de Ping Pong ou XXL, tout à fait écoutables. C'est bien triste...

Pitou G.

mercredi 20 février 2008

Le sucre, c'est le mal.

Je suis très politique de l'autruche. Je crois aux vertus protectrices de l'ignorance. On sait ce qu'il faudrait faire, c'est tout simple, quand on y pense. On le fera demain. De lendemain en lendemain, on a tellement laissé traîner l'affaire qu'on a peur de se faire engueuler. Ouais, je sais, c'est ridicule. Je suis très politique du ridicule, aussi.

J'ai quand même fini par aller voir le dentiste. J'allais dire mon "nouveau dentiste", mais ce serait vraiment grotesque : je ne me souviens ni du nom ni du visage du précédent. Si ça se trouve, il est même parti à la retraite, tiens...
Bon, déjà, celui-ci est tout jeune. J'ai peut-être une chance de le revoir lors de ma prochaine visite, dans très très longtemps. Il aura sans doute pris quelques cheveux blancs mais sera encore en âge d'exercer. Il me pose la question rituelle :
"Qu'est-ce qui vous amène?
_ Je n'ai pas consulté depuis plus de dix ans (un accès de honte m'a fait jouer la carte de l'euphémisme; la dernière fois que j'ai vu un dentiste, j'avais encore ma voix de soprano)
_ Ah oui, quand même..."

Bah oui. Je n'ai pas perdu ma journée : je suis un miraculé de l'émail. Même le dentiste n'en revenait pas. Trois minuscules caries que je ne sentais même pas, ce n'est pas cher payé pour une si longue négligence.

"Vous ne devez pas manger beaucoup de sucreries, avance le dentiste qui s'attendait au pire.
_ Bah si, ça m'arrive.
_ Vous êtes sûr?
_ Bah oui, quand même (je me suis juste envoyé deux litres de grenadine et une douzaine de pastilles Vichy avant de venir te voir).
_ Je ne crois pas que vous mangiez beaucoup de sucreries."
Si vous le dites...

Je remercie donc ma maman et je m'excuse d'avoir pensé que toutes mes tares génétiques venaient d'elle (le daltonisme, la peau de roux, les pieds glacés, le terrain migraineux, la quasi-imberbitude... il fallait bien que son ADN se rachète une conduite!), parce que le prodige dentaire, il doit venir du chromosome X, vu que côté Y, c'est plutôt la cata.

J'en ai évidemment profité pour me soumettre au détartrage, vu que le vinaigre blanc a ses limites. Et c'est trop bizarre, cette sensation : la pointe de ma langue (que j'ai fort acérée, sachez-le) n'arrête pas de se pincer entre mes incisives autrefois jointe par un ciment naturel. Le reste du temps, elle glisse au dos des dents toutes lisses, c'est rigolo. Sinon, il paraît que je me brosse trop les dents sur le côté : il faut que je me calme sérieusement - et que je me venge sur l'arrière des dents.
Après m'avoir tenu un exposé détaillé sur les preuves irréfutables de l'implication du sucre dans le développement des caries (les Inuits avant le c°ca-c°la ne se brossaient pas les dents, mais n'avaient pas de caries), le gentil dentiste m'a dit : "A dans dix ans" (bon, il rigolait, mais il paraît que si je reviens dans quatre ans, ça sera bien suffisant). Il m'a laissé aller régler la note auprès de sa secrétaire. Quand celle-ci m'a annoncé la somme, je me suis dit que ce n'était pas si mal, la politique de l'autruche...

(bon, ça va, j'ai une mutuelle hein; d'ailleurs, les deux yeux que me réclamait le dentiste sont encore bien en deçà de ce qu'elle me coûte).

Pitou G.

lundi 18 février 2008

La frousse des Russes


C'est comme ça, les Russes me flanquent une peur rouge bleue. Rien à voir avec l'idéologie, hein (si vous croyez que j'ai le temps de réfléchir, moi!) : c'est une épouvante purement physique.

Entre Eltsine, Poutine, Ivan le Terrible, Brice Hortefeux et ses cheveux filasses, Baba Yaga et tous les Slaves nationalistes qu'on croise dans le Droit de Savoir (l'ampleur et la fiabilité du corpus me permettent ici d'en déduire une loi générale), c'est difficile de ne pas avoir les jetons...

L'eurovision est là pour nous rappeler qu'il existe malgré tout des bombes russes qui ne sont pas promises aux Tchétchènes (je vous l'ai déjà prouvé par A+B : l'Eurovision oeuvre pour la paix dans le monde):




Et là, je suis désolé de tomber dans le cliché (ce billet vous les a déjà tellement évités jusqu'à présent), mais ils ont beau endurer les rudes hivers continentaux, ces Russes sont chauds bouillants. Quand on bouge comme ça, c'est que coule dans vos veines un taux toxique d'hormones sexuelles. C'est qu'on a oublié qu'on était sur scène, et non dans le cloub de débauche V.I.P. de Sixtine (mais bon, la vodka, ça désinhibe, c'est connu). L'engin n'a pas révolutionné le monde de la chanson mais a, à coup sûr, réinventé l'expression corporelle (moi, je trouve ça, très très parlant). L'incarnation de l'âme slave toute prête à se laisser saillir...

La fille n'est pas mal non plus.

Pitou G.

P.S. : je vous aurais bien fait le coup de la bombe russe avec celui qui suit, mais déjà, il s'est trompé d'Eurovision (on t'a dit 2000, t'écoutes ou quoi?). Et en plus, je lui trouve à lui aussi un je-ne-sais-quoi d'effrayant (c'est bon, Billy Crawford, on t'a reconnu).

samedi 16 février 2008

Mutuellement vôtre

Veuillez trouver ci-joint notre règlement pour votre oubli. Serait-il possible de ne recevoir qu'un journal Machèremutuelle? Nous n'en avons pas besoin de deux. Ni même d'un...

Merci.

Pitou V.

vendredi 15 février 2008

Il remonte de loin...

Quand on est un prof perfectionniste, on emprunte à notre passé l'image de ce que devrait être un cours parfait, ce truc où rien ne dépasse, ce truc dont on croit qu'il se reproduisait presque chaque jour quand nous-mêmes, nous étions collégiens. Et comme on n'y arrive pas (ma parole n'engage que moi, hein), ça agace, forcément.
Evidemment, le cours parfait a depuis belle lurette rejoint le monde des Idées, très très haut dans le ciel, où il embaume l'air de formol. Mes profs étaient-ils beaucoup plus adroits ou patients que moi? C'est plausible, mais ce n'est pas l'objet de ce billet. Il faut avouer que j'ai bien peu de souvenirs précis de ce qui se passait en cours. Cela ne veut pas dire que je n'ai pas été marqué par mon passage au collège. Bien au contraire. Mais ce n'est pas vraiment en classe que tout s'est joué pour moi.

*

Mon année de 5ème, un gros morceau dans ma courte histoire. Cette poignée de mois a laissé son lot de cicatrices et apporté une belle contribution à ce que je suis devenu aujourd'hui - et pas dans ce que j'ai de meilleur, hein : la timidité, la méfiance, le doute, le cynisme (oui oui, des fois), l'angoisse et une estime de moi erratique.
Il se joue quotidiennement des drames dans la vie de nos élèves, des drames à nos yeux invisibles ou anodins. Vingt fois par jour, se nouent et se dénouent ces tragédies intimes, nourries de cruautés banales. Je ne parle pas, là, de faits gravissimes, mettons-nous d'accord : ils existent et ils détruisent plus qu'à leur tour; mais mon expérience d'enfant m'a, heureusement, épargné ceux-là. Les autres, pour légers qu'ils apparaissent, n'en sont pas moins pernicieux au tournant fragile de l'adolescence.

De cette année-là, il me reste une impression assez confuse. Je me rappelle m'être senti bien seul. Et pourtant, des fois, j'aurais aimé l'être davantage, quand les autres me persécutaient.
"Persécuter", le terme est fort; exagéré même, serait-on en droit de penser. Et pourtant, lorsqu'on vous suit à la trace, jusque dans les toilettes, vous, pauvre gosse de douze ans, pour rire de vous, sous prétexte que vous avez l'air de l'enfant qu'ils étaient encore le mois d'avant, lorsqu'on se voit comme un gibier traqué, je n'en vois pas de plus approprié. C'est vrai que j'étais discret et chétif, bien loin du profil du capitaine de l'équipe de foot, que je gardais encore pour moi mes pensées peu sages, que je n'adoptais pas leur langage fleuri. Et je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y avait dans tout cela, informulé et inconscient (que ce soit chez eux ou chez moi), beaucoup de ce qu'on n'appelait pas encore homophobie.

Oui, j'étais sans doute assez différent d'eux dans mon état naturel; mais après des semaines d'un tel traitement, j'étais devenu un garçon totalement à la marge. Mes résultats scolaires étaient excellents (cela n'était pas un motif supplémentaire de discrimination, dans cette classe de germanistes LV1), ce qui explique peut-être qu'aucun de mes profs n'ait levé le petit doigt. S'en sont-ils seulement rendus compte? Un gosse en souffrance n'est-il pas un gosse qui échoue? Aujourd'hui, avec quinze ans de recul, j'avoue que je serais curieux de savoir ce qui se murmurait à mon propos en salle des profs. Ont-ils vu que j'étais réellement, profondément, malheureux? Ces bonnes notes qui ont peut-être dissimulé aux adultes mon mal-être, m'ont probablement sauvé (de toute façon, qu'est-ce qu'ils auraient pu faire, les adultes?). Je me suis accroché à la réussite en attendant que ça passe - et ça a pris du temps.

Le pire, c'est que je suis sûr que dans l'esprit de mes tourmenteurs, l'amusement primait sur l'intention de nuire. Je revois encore Emmanuelle* renverser ma trousse pour la millième fois en ricanant : "Pitou G. est vraiment le souffre douleur de la classe!".
Oh, oui, ça n'a jamais été que ça : jamais de coups, au pire des insultes. Mais c'était une pression permanente, le lot de la tête de Turc, du bouc-émissaire. Alors, bien sûr, ça se supporte, pourvu qu'on ait des amis. C'est précisément le jour où les meilleurs d'entre eux se joignent à la meute que vous perdez pied : parce que vous commencez à penser que c'est votre faute (il n'y a que les raclures qui se font lâcher par leurs copains, non?). A ce moment-là, vous êtes même obligé de commencer à mentir à vos parents : il faut bien expliquer pourquoi plus personne ne vient sonner à votre porte le matin avant d'aller au collège...

*

Epilogue : L'année d'après, je me suis insensiblement reconstruit, en bénissant le rebrassage des classes, en évitant de fréquenter les jeunes premiers, leur préférant la compagnie des filles, faisant une exception pour quelques mecs pas spécialement intégrés - mais de ma cinquième, j'ai gardé la plus grande défiance vis-à-vis des mâles hétéros. Je me suis rétabli aussi, et ça n'a rien de glorieux, en infligeant à un autre ce que j'avais moi-même subi (mais bon, un mec qui aboie et qui est fan de Tintin, faut pas pousser non plus), à une échelle moindre.

Pour mettre un point final à cette histoire, je ferai un nouveau bond d'un an. A la sortie du collège, alors que je rentre chez moi, je me rends compte que Romain*, mon ancien meilleur ami, progresse au même rythme que moi sur le trottoir d'en face. C'est alors que je le vois traverser la rue et me rejoindre:
Lui : On ne va quand même pas se faire la gueule...
Moi : Moi, je ne te fais pas la gueule (je t'évite juste comme la peste parce que tu as piétiné mon ego)
Lui : Tant mieux alors.

Là, je vous dirais bien qu'il a retraversé la rue. On a plus probablement continué à parler de façon particulièrement fade, en pensant plus à la gêne qu'on éprouvait à être ensemble qu'aux platitudes qu'on échangeait. Honnêtement, les deux versions reviennent au même. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne s'est plus jamais adressé la parole.
Cette fin pourrait sembler affligeante : il avait juste besoin d'apaiser sa conscience. Pourtant, loin de me vexer, elle m'apaise : Romain m'a laissé le rôle magnanime de celui qui pardonne; mais, surtout, après avoir mis presque autant de coeur que moi à fuir, il a implicitement reconnu qu'il s'était mal comporté. Ce n'était donc pas ma faute... A croire que j'avais encore besoin de cette confirmation!

Pitou G.

* Par exception, les prénoms n'ont pas été modifiés. Mais je ne saurais vous dire si c'est par rancune ou, au contraire, parce qu'il y a prescription...

jeudi 14 février 2008

Réédition

En ce jour de Saint -Valentin, j'ai décidé de rééditer un article de Quaidesomme. Il faut dire que depuis que j'ai laissé un commentaire anodin sur ce site hilarant, vantant les exploits de mon homme face aux télédémarcheurs, beaucoup de nouveaux visiteurs ont fait un tour ici : comme je ne voudrais pas les décevoir, je leur livre ici de quoi apaiser leur appétit; le reste est ici.


Mardi soir, 19h30, j'ai expérimenté la plus improbable des conversations commerciales qui m'ait été donné de connaître dans ma carrière de bonimenteur de téléconseiller.
(voix chantante, accent exotique)
"Bonsoir, Christelle de la société des grands vins de Morteau, Monsieur PitouG.?
Pitou V.- Oui, c'est lui-même. Bonsoir Christelle.
Christelle/Phélicie- Comment allez-vous Monsieur PitouG.?
V. - Très bien, et vous?
C. - Oh oui, très très bien!
V. - Ah, tant mieux, quand la santé va...
C. - C'est bien vrai ça! (rires de concert) Vous avez une voix charmante, Monsieur.
V. - Vous me flattez!
C. - Si, si, je vous assure! Puis-je vous demander combien de printemps vous avez?
V. (26 ans et 6 mois au compteur) - Euh... 35.
C. - Ah, et combien m'en donneriez-vous?
V. - Euh... 28?
C. - Presque: 25. Je suis un peu trop petite? (rires)
V. - Eurgh...Grountch... Non c'est parfait.
C. - Dites-moi Monsieur PitouG., en ce jour de Saint Valentin, vous êtes amoureux?
V. (attendri) - Oh oui!
C. - Et vous êtes marié?
V. - J'ai ce bonheur...
C. - Mais je ne voudrais pas semer la jalousie... (rire minaudant)
V - Non, il ne faut pas, c'est terrible la jalousie...
C. (soudain philosophe) - Oh oui, c'est un sentiment qui...
V. (enthousiaste et incrédule)- Tout à fait!
C. - ça vous donne... comment dire... un sentiment de possession.
V. - Exactement.
C. - Moi je suis très jalouse, très possessive. Quand je veux un mec, je suis comme une tigrrresse: je lui donne tout et il ne résiste pas, croyez-moi. (rire sadico-libidineux)
V. - Ah je veux bien le croire...
C. - Bien, je ne veux pas vous prendre votre temps Monsieur PitouG. (rires de celle qui me tient la jambe depuis dix minutes) Vous aimez boire du bon vin?
V. - Ah non, ma religion me l'interdit.
C. (enfin déstabilisée) - Ah. Et puis-je vous demander quelle est votre religion?
V. - Musulmane.
C. - Et votre femme aussi?
V. - Aussi.
C. - Ah c'est très bien, ça. (de nouveau pontifiante) C'est pas bien quand un boit et pas l'autre...
V. - Non...
C. - C'est bien d'être sur le même chemin.
V. - Oui, tout à fait et je veux continuer sur cette voie.
C. - Vous avez raison. Il faut continuer sur ce chemin de vie. Bien je vous remercie pour votre gentil accueil Monsieur PitouG. Au revoir."

V.

mercredi 13 février 2008

Doubi doubi wa dou wa

J'écris cette blog note au rythme fou et latino de France Inter. La radio publique en grève est pour moi source d'un perpétuel émerveillement. Je ne reviendrai pas sur les raisons de ce mouvement : ce n'est certainement pas moi qui leur jetterai la première pierre (enfin là, je lapiderais bien mon transistor, mais je me force à écouter pour mobiliser toute mon inspiration).

Ce qu'il y a, c'est que moi, pauvre prof régulièrement en grève, comme chacun sait, je suis jaloux du pouvoir de nuisance des contestataires des ondes. Moi, quand je fais grève, les gamins sont contents, mon ministre s'en fout et les journalistes se déchainent sur moi en aiguillonnant (à tous les sens du terme) l'opinion publique. Eux, quand ils décident de planter le piquet de grève, ils nous diffusent en continue un dégueulis de notes au saxophone, un morceau de country ayant germé dans l'esprit malade d'un compositeur sadique et texan, voire une horreur franchouillarde inidentifiable (même pas du Sophie Carle, et je m'en fous si elle n'est pas française). Ceux qui connaissent le jeu les SIM savent sans doute de quoi je parle : "Doubi doubi wa dou wa".

Autrement dit, non seulement ils privent leurs usagers de leurs services (niveau 1) et leur station de la manne des annonceurs (niveau 2), mais encore ils nous pourrissent la journée (enfin quand on est assez bête pour brancher son poste)(niveau 3). De plus, leur mouvement ne passe pas inaperçu (niveau 4) et aucun journaliste n'égratigne leurs revendications, le service public étant réduit au silence et leurs concurrents du privé ne voulant pas être accusés de partialité (niveau 5). Pour me risquer à une comparaison, c'est un peu comme si les éboueurs en colère ne se contentaient pas de suspendre le ramassage d'ordures (erreur stratégique majeure), mais vidaient les poubelles sur les trottoirs en organisant des batailles de boules de détritus. Et encore, même là, ils passeraient pour des amateurs...

Nous avons tous à apprendre des conflits sociaux dans les médias...

Pitou G.

mardi 12 février 2008

Fais ton boulot!

Les enfants ont besoin de limites, entend-on parfois (quand on écoute les sages). Quelquefois, les adultes, épuisés par la redite apparemment inutile, renoncent. Il ne faut pourtant pas se décourager...

Quand nous étions petits, comme presque tous les enfants (à l'exception de Pitou V. qui a gagné en maternelle le prix du badais-ateur* ), mon frère et moi laissions traîner nos jouets - mouais, en fait ça n'a pas beaucoup changé... Evidemment, nos parents n'arrêtaient pas de nous rappeler à l'ordre (parce que oui, déjà, je procrastinais).
Un après-midi où il s'était exceptionnellement libéré, mon père rentra à la maison alors que nous avions mis un foin monstrueux dans la chambre d'amis (peut-être qu'on jouait déjà aux guerres de religion avec nos playmobiles). Il ouvrit la porte, haussa les épaules d'un air las et partit se reposer un moment.
Enfin, il aurait pu aller se reposer si je ne l'avais pas suivi à la trace...

Pitou G, l'air pas content, mains sur les hanches : "Bah tu dis rien? Tu as vu le bazar? Il faut faire ton boulot de papa!"

Pitou G

* le badais, ça sert à badayer le sol; le badais-ateur, c'est mieux : tu le branches et le badais, i' n'aspire la poussière.

lundi 11 février 2008

Sto po sto

Gros plan sur les Spice girls macédoniennes. Puisque j'ai entrepris de partager avec vous, veinards, mes émotions de l'eurovision 2000, je ne pouvais pas faire l'impasse sur mes chouchoutes absolues : les XXL (elles ont besoin d'amoooooooooooour*).

Ces quatre ravissantes jeunes slaves furent à l'origine d'un coup de foudre artistique et d'une révélation : oui, on peut chanter faux devant des millions de gens sans modifier la face du monde. Et effectivement, avec leur quinzième place, elles n'ont pas révolutionné grand chose, mais se classent quand même loin devant la France (ce qui nous laisse quand même un goût d'orange cannelle - les connaisseurs apprécieront).



Soyons juste : ces quatre anorexiques ne chantent pas toutes faux. La nature est cruelle qui infligea une voix de crécelle à celle qui a une tête de crécerelle (à répéter dix fois très vite).
Alors la question que vous vous posez tous, c'est de savoir comment une telle salade (c'était facile pour une star de l'humour comme moi) a pu racler quelques suffrages. Déjà, moi, je trouve ça cool qu'elles chantent en macédonien (mais à la lumière du refrain final ânonné en anglais, on comprend que c'était un choix dicté par la raison). La musique aussi garde une empreinte orientale, même doublée par des scratchs que même Benny B. renierait. Ensuite, leurs costumes pastels sont mimi tout plein.

Mais si vous avez eu l'endurance de regarder la vidéo jusqu'à la fin, vous avez sans doute fini par guetter le moment où la rouquine (toi, je t'aime) levait les bras en articulant son irrésistible "i da me uramish". Je crois qu'elle sauve à elle toute seule la phalange macédonienne (Alexandre se retourne dans sa tombe)

Sto po sto Pitou G.

P.S. : à une péridoe de ma vie, j'étais capable de vous la chanter de mémoire en macédonien

* pas d'inquiétude, je n'ai pas prévu de vous infliger un post sur Mylèeeeene Farmer.

dimanche 10 février 2008

Orientation

Il y a un métier où les qualités primordiales sont une mémoire d'éléphant et de solides talents de bonimenteur. Ce métier, c'est coiffeur.

Ne croyez pas qu'il importe de savoir bien couper les cheveux, d'avoir un penchant pour l'esthétique (on voit tant de choses laides dans leurs salons) ou d'être résistant à la station debout. D'abord, les gens ne savent pas quand une coupe est réussie : il suffit de savoir leur faire croire, en agitant un miroir d'un air satisfait. D'ailleurs, on ne verrait pas tant de coupes à la tektonik (personnellement, j'aime savoir les mulets dans la campagne ou au fond des mers - ou de mon assiette, à la rigueur) si les gens avaient un tant soit peu d'esprit critique (tant que vous y êtes, enlevez ces hauts noirs constellés d'étoiles blanches, vous me donnez le tournis!). Quant à la station debout, sachez qu'on fait aujourd'hui de très jolies colonnes vertébrales en titane.

Non, ce qu'on attend d'un bon coiffeur, c'est qu'il vous donne envie d'acheter les produits qu'il utilise. Exemple glané lors de ma dernière expérience capillisculpturale :
"Je vais vous faire un shampoing traitant pour homme. C'est un shampoing... qui sent... l'homme".
Mmmmm super : un shampoing à la testostérone! Enfin un cosmétique qui en a dans la bouteille! J'adore que mes cheveux sentent le fout (rhôôô) fauve et la sueur.

Je jette un coup d'oeil inquiet à ma coiffeuse : la dernière fois que je l'ai vue (il y a facilement deux mois), avait-elle déjà cette coupe punkette qui ne m'inspire vraiment, vraiment pas confiance? Tsss, je n'ai aucune mémoire visuelle. Elle, si :
" Courts sur les côtés, un peu plus longs sur le dessus, comme d'habitude?"
Sachant que ce n'est que ma deuxième visite dans ce salon, je me demande où commence l'habitude. Tu prends une coupe de champagne le 24 décembre; tu en reprends une au nouvel an et toute l'assemblée s'exclamerait : "Ah ah! Pitou G. est encore en train de boire? Il n'y a rien de plus tragique que l'habitude de l'alcool!", c'est ça? Je ne veux pas vivre dans un tel monde.
Et puis, comment a-t-elle pu deviner si vite que j'étais pantouflard? C'est une profiler des coupes effilées?

Pitou G

vendredi 8 février 2008

Sa'me'akh

Comme il faut bien qu'on trouve un peu de culture et d'actualité internationale sur ce blog, j'ai décidé de me pencher sur le conflit israëlo-palestinien. Je crois pouvoir affirmer qu'on peut réconcilier les deux partis autour de (enfin contre, plutôt) ce chef d'oeuvre de l'eurovision 2000 : Sa'me'akh (si j'en crois leur propre traduction, ça veut dire "be happy"; moi, j'aurais opté pour "be gay", mais c'est une question de point de vue).



Ceux qui me connaissent un peu (ceux qui ont lu ce billet aussi) savent que l'Eurovision 2000 constitue à mes yeux le summum de la culture européenne post moderne (et oui, je ne vois pas pourquoi Israël et la Turquie ne pourraient pas faire partie de l'Europe : on ne voit ici que trop bien que leur contribution est essentielle).
Le groupe Ping-Pong releva avec panache le défi de l'ouverture du concours et donna le ton d'un millésime inoubliable. Ping-Pong : je vous aime!

Côté féminin (c'est-à-dire côté chantant), vous avez le choix entre la blonde enthousiaste et la rousse apparemment non concernée ("je chante devant des millions de télespectateurs? z'êtes sûrs? m'en fous"). C'est une question de goût; moi, j'aime assez quand c'est la rousse qui chante, parce que ça permet à la blonde de nous offrir de grands moulinets de bras... A l'arrière-plan, notez la présence de belles brunes aux cheveux bouclés pour rappeler que, oui, c'est bien Israël qui se déchaîne sur scène).

Côté masculin (c'est-à-dire côté accessoire), il est bien difficile de départager le crâne rasé et son collègue aviateur. Ce n'est pas par leur voix qu'ils se distinguent, puisque les micros sont manifestement là pour le décor, mais par leur attitude : tandis que Chemise Ouverte caresse langoureusement le bras de la rousse (flower power), Lunettes Fumées singe des postures militaires grotesques. Tripoter sa voisine n'empêche pas le gars en noir d'embrasser son collègue pendant le (trop) court pont musical : sa sexualité est à l'image de sa chemise.

Malgré leurs petits cris de Sioux (c'est grave d'être déchiré à ce point en début de soirée), les membres du groupe nous rappellent en agitant leurs petits drapeaux israëliens et palestiniens que c'est pour la paix qu'ils oeuvrent (Peaaaaaaaaaaaace!).

Pitou G.

P.S. : n'oubliez pas de nous raconter votre plus belle crise de honte là-bas!

jeudi 7 février 2008

Amienie forever, Amienian flower

Lorsque nous avons emménagé sur les hauteurs du Montdepitous cet été, nous avons apporté dans nos cartons notre ami Poussinou (nous voulions lui prouver la supériorité esthétique de la rieuse Normandie sur l'Amiénie, mais cet être bourré de mauvaise foi ne l'a jamais admise).
A cette occasion, il nous a offert une plante en conserve (c'est totally dingue). Mais attention, ce n'était pas un canavalia ensiformis ordinaire : Clover, Sam et Alex, nos espionnes de choc, ont gravé un message secret qui ne se dévoilerait qu'une fois le pois poussé. Le voici au summum de sa forme, nous délivrant l'information secrète :

Focus pour les myopes :


En découvrant le message, j'ai cru que tout ce que cette fleur avait à nous dire, c'était :
"Amiens pour la vie"
alors qu'il fallait lire : "Ami(e)s pour la vie". Première remarque, Clover écrit vraiment comme une grosse souillon. Deuxième remarque, le (e) vient compliquer la lecture. On notera au passage que dans les profondeurs du labo le mieux gardé du WHOOP*, les scientifiques ont songé qu'il n'y avait pas que les lolitas qui regardaient le dessin-animé, mais aussi des invertis de tout âge, et qu'il était préférable de prévoir un accord possible au masculin.
N'empêche, "Amiens pour la vie", j'ai flippé ma race!

Epilogue :
Peu de temps après nous avoir livré son secret, le pois sabre a subi les attaques répétées de limaces et de pucerons. Nous l'avons donc rentré et oublié dans un coin, où notre négligence l'aurait sûrement achevé, si cette plante n'avait pas été mutante. Qu'on m'explique comment une plante peut se maintenir en vie sans eau ni électricité dans une conserve remplie de sciure sèche pendant plusieurs mois!


Pitou G.

* Organisation ultra secrète pour laquelle espionnent les Totally Spies. Rhôôô! Faut tout vous apprendre!

mercredi 6 février 2008

Good bye Listéria ?

Quand on y pense, notre mutisme de l'automne n'était peut-être pas une si mauvaise chose... pour vous. Vous avez échappé à une pelletée d'histoires de bahut. Vraiment, c'est trop bête : vos vacances sont finies!

Ce matin, je croise B. devant la photocopieuse (celui qui contrôle la photocopieuse, contrôle le monde), le sourire aux lèvres : "Tu as eu vent de la nouvelle?", demande-t-il.
Oui, je suis au courant, mais je ne vois pas trop pourquoi ça le réjouit. La classe dont il est le professeur principal accueille un nouvel élève. J'interprète son sourire comme la réaction cynique d'un homme au bout du rouleau. Dans une telle classe, l'accueil d'un nouveau est forcément une catastrophe : si le môme est bien, on a mal pour lui; s'il est infect, on apprend à nos dépens que la situation peut toujours empirer.
Devant mon air perplexe, B. développe : "Listéria s'en va!"

C'était donc bien le sourire d'un homme heureux. Il apparaît donc que la situation peut aussi s'arranger! Petite explication : Listéria est la plus gracieuse des adolescentes que j'ai eu le plaisir de rencontrer dans ma carrière, une enfant délicieuse qui vous agresse verbalement si vous lui adressez la parole. Un jour qu'elle était presque bien lunée, j'ai eu un début d'explication à cet état de fait : si elle se montrait aussi désagréable, c'est parce que, des fois, je la regardais (mais bien sûr, que je suis con! je me doutais bien que c'était un peu ma faute) et que ça, ça la stresse (je vous assure que j'ai des yeux normaux).

La première fois que j'ai vu Listéria (oh! j'étais bien loin de savoir qui elle était), je lui ai demandé son carnet de correspondance au bout d'un quart d'heure. En vain. Là encore, grossière erreur stratégique de ma part : "Vous avez pô dit steupléééé" (j'ai de la chance, elle m'a toujours vouvoyé, tout le monde n'a pas eu cet honneur). Il faut savoir que dire "tais-toi" à une jeune fille qui répète "put#in" ou "i'm'casse les couilles, l'autre" (l'autre c'est moi) toutes les trente secondes, c'est une marque d'irrespect. J'en prends note.

Je ne vais pas vous retracer tous ses faits d'armes. Il faut dire qu'elle a disparu de la circulation pendant plusieurs semaines et que les rares fois où elle était là, j'avais compris le truc pour avoir la paix : la laisser re-re-recolorier son agenda au fluo, emmitouflée dans sa doudoune blanche (ils ont tous des doudounes blanches). Je continuais à lui distribuer les feuilles, pour la forme; elle répondait invariablement : "Heu, c'te blague". Voilà pour nos jours heureux.

Listéria est de ces élèves dont on se demande avec angoisse quelle est leur vision du monde (un monde où papa qui ne roule pas sur l'or vous achète un portable dernier cri pour fêter votre première semaine d'exclusion?). D'où vient la violence qu'elle exsude à chaque instant au point de déteindre sur son apparence physique, devenue effrayante ces derniers temps? Imaginez un squelette avec une énorme tache jaune dans ses cheveux bruns. Cette fille est à la fois une énigme et un aveu d'impuissance. Alors bien sûr, son départ ne règle absolument rien, mais il soulage beaucoup.

Epilogue? : Depuis que j'ai écrit cette note, il y a plus de quinze jours, Listéria n'a toujours pas quitté le bahut. Je dirais même que je ne l'ai jamais autant croisée dans les couloirs (pas en cours, hein, faut pas déconner).

Pitou G.

mardi 5 février 2008

Cat-cache

"Regarde, chéri, j'ai acheté une écharpe en fourrure chez New Cat!"

lundi 4 février 2008

Tonère de Peste

Ce qui est bien, quand on est un prof méga sexy formidable, c'est qu'on a des cadeaux.


Le traitement de la perspective me désarçonne, mais ne soyons pas rosse : c'est trot trot bien de prendre du galop.
Bienvenue dans le département de prédilection du canasson! L'amour inconditionnel que portent les jeunes filles d'ici aux bourrins (et qui les pousse souvent à recruter leurs petits-amis parmi les plus chevaleresques chevalins) m'inspire un nom judicieux pour mon bahut (parce que #@+*%, ça n'est pas très porteur, je trouve) : le collège Haquenée. Ah, qui n'est bien! Notez la fine allusion à une autre obsession des adolescents.

Pitou G.

dimanche 3 février 2008

Un monde plein de grâce

Scoop annoncé par un élève burné borné à une collègue : "Moi, j'ai des couilles!"
Réponse suggérée par une autre collègue : "Mon chien aussi en avait, mais comme il ne faisait que des conneries, on les lui a enlevées"

Astuce à retenir.

* *
*
Pour dynamiser le travail d'une classe aussi pénible qu'amorphe, proposez des activités de groupe. Il y a des chances (et le Pitou est, comme chacun sait, plutôt verni) pour que ça donne ça :



Je précise que le résultat obtenu n'a rien à voir avec les consignes et que, du reste, le message ne s'adressait pas à moi. Reconnaissez qu'il faut être assez futé pour agiter ça sous le nez du prof au moment où il passe. Ou alors, il faut avoir envie de se faire prendre*. Réjouissons-nous cependant que le feu de la patrie brûle encore quelquepart chez nos jeunes élèves (je regrette pour ma part que Guy Mocquet n'ait pas usé d'une rhétorique aussi directe - au moins, on aurait rigolé le jour de la rentrée).

Ce que je préfère dans le contrat sus-scanné, c'est le "Mademoiselle" qui précède le patronyme de ces délicieuses enfants. C'est rassurant de voir qu'on instruit des ladies.

Pitou G.

* C'est encore une fois en toute innocence que l'auteur a écrit ces lignes. Il décline par ailleurs toute responsabilité dans l'orthographe approximative de ces quiches.

vendredi 1 février 2008

Mon interviouve exclusive

Je dois passer pour un rigolo aux yeux des mômes... La preuve : j'ai été désigné pour subir le supplice du portrait chinetoquien pour le journal du bahut. La collègue qui encadre l'opération a habilement subtilisé la liste des questions pour me permettre de les découvrir en avant-première et dans le plus grand secret; moyennant quoi, j'y ai jeté un rapide coup d'oeil en me disant "mouarf, j'ai le temps : attendons un peu pour le brainstorming". Du coup, quand est arrivée l'heure de l'interviouve, je n'ai même pas eu à jouer le type qui ne savait pas quoi répondre. Il y a eu des réussites diverses...

Si vous êtiez...
  1. Dans la série "content de moi"
    • un livre : Les Métamorphoses d'Ovide (mon côté loup-garou)
    • un dieu : Poséidon (rapport à mon côté tempêtueux)
    • un parfum : la fleur d'oranger (classe, je suis fier de moi)
    • un poème : un sonnet de Louise Labé (super classe)
    • un empereur : Hadrien (who else?)
    • une couleur : le vert (juste parce que je portais du vert ce jour-là)


  2. Dans la série "je me la raconte, mais que voulez-vous, ils s'attendent à interviouver un prof"
    • un auteur : Flaubert (il a bien écrit Le diable s'habille en Prada, non?)
    • un acteur : Mathieu Amalric (c'est bien, ça : classe, sérieux, intello et, surtout, ça ne fait pas "je me prends trop pour un beau gosse")
    • un proverbe : euh... j'ai le droit de réfléchir? Un quart d'heure plus tard, j'opte finalement pour "La loi est dure, mais c'est la loi". A noter que quand on vous demande un proverbe, vous pensez invariablement aux plus tartes : "Pierre qui roule", "Qui vole un oeuf", " Ne buvez pas au volant, buvez à la bouteille"...


  3. Dans la série "je me trahis"
    • un animal : un chat (parce que ça passe son temps à roupiller)
    • un moment : le couettofourrage* (je vais encore passer pour un gros flemmard)

  4. Dans la série "pente savonneuse"
    • un vêtement : comme je ne peux décemment pas dire à une ado de 12 ans que j'aime autant n'en porter aucun, je reste comme deux ronds de flan. Avec le mot "slip" qui cligote en rouge et en majuscules dans ma tête, je murmure le mot "chemise" d'un air peu convaincu...
    • une partie du corps : la p...eau (ouf... là, je suis bien content d'avoir eu le questionnaire à l'avance et d'avoir soumis le problème à mon homme; que voulez-vous : ma chair est faible)
    • une star : là, impossible de m'en sortir. C'est l'impasse totale. Tout ce qui me vient à l'esprit révèle de façon outrancière la gaytitude que je réprime au boulot :
  • Madonna, Dalida, Abba (mieux vaut éviter les -A)
  • Cher, Ysa Ferrer (ok, on va éviter les -ER aussi)
  • Britney? Kylie? Amanda Lear? Non! Ricky Martin? autant lâcher Lova Moor... Et pourquoi est-ce que ce ne sont que des noms de gonzesses qui me viennent en tête?
  • Mika? Bah non! On avait dit d'éviter les -A et le côté "je sais bien que je suis une bombe".
Me voyant tout empacotté, mon interviouveuse me suggère : "Pensez à un chanteur mort...
_ Pourquoi mort? Parce que je suis un dinosaure, c'est ça?"
La gamine pique un fard, pendant que je lutte contre la pensée de Cloclo que cette diablesse a insidieusement insufflé dans mes neurones. Plutôt répondre Colette Renard que Claude François, ce monstre qui a commis Alexandrie Alexandra et gâché toutes mes fêtes!

Rien à faire. J'ai séché pour de bon. Et pourtant, j'avais la réponse idéale sur le bout de la langue. De toutes les stars, ma préf', c'est Nathalie Sorce (Et queument! Viva Belgiquie!)



Pitou G.

* le moment du coucher (note du traducteur)

P.S. : un de ces quatre, il faudra vraiment que j'inaugure une série de billets sur mes plus beaux moments d'eurovision (le millésime 2000, quoi, encore jamais égalé). Promis, ça sera juste quand je ne saurai plus quoi vous écrire!