Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

dimanche 20 décembre 2009

De la rage dedans

La Normandie s'enorgueillit de compter parmi les siens Miss France 2010 (quand les Pitous étaient en Picardie, Miss France était picarde, quand ils sont en Normandie, elle est normande... je dis ça, je dis rien). Détail croustillant : notre copine LN a une collègue dont la dentiste est la maman de miss France*.
Miss France fille de dentiste? En voilà une qui a donc bien mérité sa couronne!


* Information non vérifiée.

samedi 19 décembre 2009

Etiologie

"Eh, m'sieur Follet, d'où ça vient, la neige?
_ Du ciel".

Y a pas à dire, mon collègue a le sens de la répartie quand il n'a pas envie de s'embarrasser avec les questions des gnomes. Hélas, l'enthousiasme de ceux-ci ne faiblit jamais, surtout juste avant les fêtes :

"Eh ben la neige, c'est des morceaux de nuages qui tombent..."

C'est aussi mignon qu'inquiétant pour l'état intellectuel du gamin. Si c'était vraiment des morceaux de nuages, il neigerait toute l'année par chez nous... Pauvre gosse! Tout le monde sait qu'il neige quand le bon dieu se gratte la tête!

Pitou G.

mercredi 16 décembre 2009

Vis ma vie de Cinderella - 3

Où sont parties toutes mes belles résolutions d'articles fréquents et flamboyants, mmmm? Je n'ai pas la force, ce soir, de vous raconter comme promis (il y a trois semaines) notre vikène panamien. J'inscrirai donc plutôt dans le marbre cette nouvelle et tragique mésaventure de la gwéniale Cinderella Lalouz :

Dimanche 13 décembre, Cinderella Lalouz a cassé sa serrure en s'enfermant chez elle à double tour. Voisins, concierge, serrurier, pompiers et policiers n'ont pas voulu se déplacer. Ce fut épique - mais pas autant que nos efforts pour échapper aux confidences.

Pitou G.

dimanche 13 décembre 2009

Per version

Je vais finir par croire que je leur apprends de drôles de trucs, à mes anges de 3e (anges, anges, c'est vite dit : deux d'entre eux m'ont menacé de mort si jamais ils apprenaient dans les années à venir que j'organisais un voyage en Italie sans eux). Je ne sais pas ce qu'il se passe pendant mes cours : je dois distiller dans leurs jeunes esprits des hectolitres de pensées immorales sans même m'en rendre compte. Peut-être que quand je dis "labeur", ils comprennent "débauche"; que quand je dis "origine" ils comprennent "orgie".
Alors qu'à l'issue d'une séquence pleine de toutes les vertus romaines je les évaluais, j'ai trouvé de curieuses choses dans les copies de deux jeunes filles de bonne famille... Il s'agissait de retraduire des phrases étudiées en cours (je tiens à préciser qu'elles n'ont pas dû relire leur cahier de très près).

Extrait 1
Traduction attendue :
En montrant par une comparaison combien la révolte intestine du corps était semblable à la colère de la plèbe contre les patriciens, il fit fléchir l'esprit des hommes.


Résultat obtenu (Tite Live en a perdu le sommeil éternel) :

Cliquez sur le "séditieux ventre du corps" pour le voir en gros!

Si La Fontaine avait eu sous les yeux cette version, il n'aurait pas intitulé sa fable "Les Membres et l'Estomac" mais "Le Membre estomaqué"...

Extrait 2
Traduction attendue :
Moi, j'avais envoyé de nombreux jeunes gens choisis, dont j'utilise assidument les services dans la sauvegarde de la République, avec des épées.

Résultat obtenu (Cicéron ne tourne plus rond):

Cliquez si vous n'en avez pas déjà plein les yeux...


Tu vois, Timy, nul besoin de photos de gladiateurs nus pour leur tourner la tête... Saby Banana a trouvé ses filles spirituelles, elle qui traduisait jadis "horrifice" par "par l'orifice" et "Matrona frigida est" par "la matrone est frigide" (et c'est votre serviteur, auteur méconnu d'une traduction d'Eschyle pleine d'invention et de vérité - "je n'y vois pas clair à travers les jeunes filles"- qui vous le dit).

Pitou G.

samedi 12 décembre 2009

C.H. : Glamour & Gladiators

Pour les heureux, trop heureux lecteurs qui ne connaissent pas encore le concept de la Crise de Honte (C.H.), vous trouverez une documentation éclairée là-bas; mais l'exemple du jour en offre une assez belle illustration.

Vu que mercredi matin, on n'a pas eu d'électricité à Haquenée pile l'heure où j'avais prévu une super-séance vidéoprojetée, un truc de folie tellement c'était aguicheur, j'ai dû, pour la deuxième fois de la semaine, me trimballer notre ordi personnel (parce que les portables du collège, au secours!) et notre vidéoprojecteur personnel (parce que les appareils gros comme des Airbus qui disparaissent de la réserve comme dans le triangle des Bermudes, c'est pas la peine non plus - si, par miracle, vous les trouvez, comptez vingt minutes d'installation et autant de désinstallation), en plus de mon cartable; ne cherchez pas : ce matin, j'étais en mode mulet.
J'arrive en avance. En un tour de clic, j'ai installé mon arsenal technologique. J'ai bien vérifié que tout fonctionnait bien. J'ai même eu le temps de faire des photocopies - et ça, c'est le petit plaisir du prof. Les élèves sont arrivés. Je leur ai promis une séance inouïe qu'ils ne seraient pas près d'oublier (pensez donc : de la grammaire en jouant!). Mais avant ça, nous devions finir l'étude d'un texte plein de sang et de gladiateurs nus.

Soudain, alors qu'on s'interroge sur la position philosophique du sage Sénèque, je constate avec effroi la propagation fulgurante d'une pandémie de gloussements. Les mômes commencent à me lorgner bizarrement : un vrai cauchemar de prof. Je n'y tiens plus :

"Mais qu'est-ce qui vous fait rire comme ça? m'enquiers-je avec inquiétude (ceci est sans doute la plus belle phrase de la langue française, bien loin devant Flaubert et ses jardins d'Hamilcar, non mais matez-moi ce rigolo!)
_ Ça!" répliquèrent-ils avec leur concision de parfaits petits spartiates.

Je me tourne alors vers le tableau, inondé de la lumière du projecteur :
Malédiction! Notre économiseur d'écran n'a pas épargné mon ego...

Pitou G.

vendredi 11 décembre 2009

Cage au Follet

Les gnomes de Follet devaient classer une liste d'êtres vivants selon leur famille. À la fin, il n'en reste que deux : les phasmes et les gendarmes.

Pyrrhocoris apterus, punaise communément appelée gendarme

"Bon, alors, on les met où, les gendarmes et les fantasmes?"

Il est des lapsus difficiles à rattraper...

jeudi 10 décembre 2009

Question de longueur

Malgré une semaine de "vacances", comme nos élèves se plaisent à appeler la fermeture d'Haquenée pour cause de grippe, je n'ai même pas trouvé le moyen de nourrir ce blog. Il faut dire qu'habité de missions sacrées telles que nettoyer le frigo à fond ou cuisiner des gratins dauphinois pour mon homme, j'ai pensé un instant démissionner et abandonner toute vie intellectuelle - et oui : on ne dirait pas comme ça, mais tenir Montdepitous est une activité de l'esprit. La fin du chômage technique m'a cependant remis les idées en place : je ne suis pas né pour porter le fer à repasser. Elle m'a aussi apporté quelques perles.

Bons princes, nous n'avions pas laissé nos troupes sans stimulation cérébrale, pendant ces congés forcés : chacun avait un petit dossier d'activités à réaliser. Mes classes avaient ainsi à finaliser une rédaction commencée en cours. Mais le terme "à rendre sur copie" est suffisamment ambigu pour laisser entendre à un adolescent lambda que son prof va se satisfaire d'un minuscule paragraphe gribouillé sur une feuille de brouillon. En constatant que ses camarades rendent des travaux autrement substantiels, le spécimen en question, pris d'une brusque bouffée de honte, prend son air le plus penaud pour avouer :
"Elle est courte"
C'est un âge crucial, il ne faut pas laisser d'obscurs complexes leur gâcher l'existence. Alors j'ai pris ma voix la plus consolatrice :
"Ce sont des choses qui arrivent, tu sais. C'est injuste, mais ce n'est pas très grave : il te faut faire avec".

Je ne comprends vraiment pas pourquoi les autres étaient morts de rire. Je leur ai dit, d'ailleurs. Ils ne m'ont pas cru.
Ils me connaissent bien.

Pitou G.

lundi 7 décembre 2009

La geste des 5e

En attendant des articles plus consistants, l'on peut toujours compter sur mes petits 5e pour fournir des phrases chocs... Nous travaillons sur les récits de chevaliers, la littérature médiévale:

"Il remonta sur son cheval et partit pour l'hôpital" (la charrette du Samu s'était embourbée)
"Il proffite de l'occation pour lui trancher la chambre" (tant pis pour lui, il n'avait qu'à la ranger, sa chambre!)

à l'occasion d'une remarque sur une phrase incorrecte, qu'aucun n'aurait jamais prononcée:
- Mais voyons, relisez-vous, c'est votre langue maternelle tout de même!
- Moi j'ai pas de langue maternelle, m'sieur!"

V.

mardi 1 décembre 2009

Temps volé

Hier matin, alors que j'étais insouciamment descendu chercher des feutres à usage unique, je me suis fait harponner par le grand chef. Rivé à son bureau pour une raison que vous connaîtrez bientôt (suspens!), il avait besoin d'un émissaire digne de confiance pour aller gribouiller quelques statistiques au tableau de la salle des personnels : grippe 91.

À 11H et des poussières, la nouvelle est tombée : Haquenée, dangereux carrefour de contagion, devait fermer ses portes pour la semaine et être désinfecté quotidiennement. Les chefs sont venus prévenir individuellement les professeurs qui avaient cours, en leur demandant de garder le secret et de se joindre aussitôt leur cours fini à la réunion de crise. Le professeur zélé ne mange pas.

Du reste, quand on nous a demandé de fournir du travail à faire à tous les élèves pour 14H, on a compris qu'on ne verrait pas l'ombre d'une feuille de salade avant la fin des conseils du soir. Le professeur zélé est un chameau.

L'information de la fermeture du collège devait être communiquée, classe par classe, par les chefs, seuls habilités à délivrer une telle bombe. À midi deux, tous les élèves étaient donc évidemment au courant. Je vous laisse imaginer dans quelle sérénité se sont déroulés les cours de l'après-midi. Un pur bonheur. Le professeur zélé est un martyr.

Ne vous réjouissez pas trop vite pour moi : Bien qu'en chômage technique, je suis de permanence téléphonique ("Allô, Haquenée à votre service : pour un entretien individuel avec Pitou G., veuillez donner votre numéro de carte bleue" : les collègues sont unanimes, avec ma voix de velours, je vais ramener assez de crédits pour financer toutes les virées pédagoguiques) ou de réunion à peu près tous les jours. Et je ne vous parle pas de toutes les copies à corriger la semaine prochaine. Cette fermeture, ça sent la fausse bonne idée. Le professeur zélé est un sacré râleur.

Souhaitez-moi bonnes vacances et bien du courage à mon homme qui, lui, va au turbin!

Pitou G.