Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

jeudi 3 février 2011

De Frosty à Frost Tintin

Ce n'est pas parce que je ne suis pas très bavard en ce moment qu'il ne se passe rien dans ma vie. Bon, on ne va pas exagérer non plus, il ne s'y passe pas que des merveilles : elle est constituée pour l'essentiel d'édifiantes corrections de copies ("Mais le truc que j'ai moins aimer, moins accrocher c'est la fin, Je trouve quelle est tro tragedic").
Edifiantes, je pèse mes mots : par exemple, je ne savais pas qu'on pouvait à ce point ne pas comprendre un sujet. Sachez que les mômes, craignant sans doute que le correcteur s'ennuie, inventent des tas de rebondissements globalement assez crétins et totalement inutiles. Et puis, à la lumière de cet examen blanc, j'ai appris que l'an dernier, on a mangé notre pain blanc, qu'on va désormais ronger notre pain complet, ses fibres et en subir les effets que vous devinez pour notre transit - ça explique que je me fasse pas mal ch. en cours, depuis quelques mois.
C'est bien beau de s'instruire, mais en attendant, j'ai beaucoup moins rigolé que l'année dernière.

Tout cela m'éloigne fort du projet initial de ce billet. Dans ma vie trépidante, il y a aussi mon cloub de muscu. Et c'est de ce côté-là qu'est venu l'inattendu. Quoi? Follet serait-il reviendu de retour? Oui, mais ce n'est pas le scoop. Au mois de décembre, Frosty-le-tigre nous a fait une mauvaise blague : il a revendu sa salle de sport. Il a reçu une offre qu'il n'a pas pu refuser, surtout à un moment où la concurrence s'accroît (la loi de la jungle) et où il veut avoir un peu de temps pour profiter de son tigron.
Quand il l'a acheté, il y a trois ou quatre ans, son cloub périclitait. C'était une petite salle de quartier, avec un matériel pas très sophistiqué. Elle l'est restée. Mais Frosty a redressé la situation en misant sur son principal atout : sa gentillesse. On ne fait pas plus accueillant que lui : il suffit de regarder sa trogne sur les paquets de pétales de maïs glacé au sucre pour s'en convaincre; plus choupi, il n'y a que le Chat Potté. À la limite, on venait supplicier nos muscles rien que pour lui faire plaisir.

En changeant de propriétaire, le cloub a perdu le nom qu'il portait depuis trente ans. C'est devenu une franchise au nom qui ravit les tintinophiles (enfin, les tintinophiles bizarres, si tant est qu'ils ne le soient pas tous)- mais ce sont bien les seuls.

La salle a connu un petit ravalement de façade qui s'imposait un peu (je m'étais lassé des dalles de moquette râpée). La cabine de sauna dans les vestiaires, en revanche, c'est la fausse bonne idée : personne n'a compris comment ça marche, à part la touche "musique d'ambiance" - mais c'est un peu encombrant, comme auto-radio (surtout si c'est pour avoir Rire et Chanson). Mais l'innovation dont on se serait bien passé, c'est surtout le nouveau patron. Son air perpétuellement glacé lui vaut tout naturellement le surnom de Frost Tintin. On pouvait difficilement imaginer plus dissemblable que notre regretté Frosty : "bonjour" ne fait pas partie de son lexique de base; quand on lui dit "au revoir", il répond à son comptoir; ses regards suspicieux vous convainquent que vous venez en parasite (alors que non, vous allez juste au bout de votre abonnement). Et si jamais vous utilisez maladroitement une machine, plutôt que de vous conseiller, il se plante à trois mètres de vous et vous fixe l'air mi-goguenard, mi-contempteur. YoungFather a beaucoup apprécié.

Mon abonnement court jusqu'en mars (il a du souffle; c'est grâce au cardio-training). On verra ce que je fais après. Le seul lien qui me rattache encore à cette salle, c'est que c'est la seule où je puisse me rendre à pied. Prendre la voiture pour aller courir sur un tapis roulant, ce serait pour moi une belle aberration.

Faites-moi penser à demander à Frosty-le-lâcheur, si je le recroise un jour, s'il est dans la même maison de retraite que Groquick.

Pitou G.