Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

samedi 3 décembre 2011

Easy peasy*

Notre ordinateur portable est (momentanément) décédé. 
Depuis un mois maintenant. Voilà qui pourrait commencer à justifier un silence qui confine au mutisme depuis le dernier billet, qui lui-même paraissait n'être qu'un faible écho, presque un hoquet de convulsion dans un râle d'agonie. Oui, je suis un peu déprimé par ce samedi de décembre qui ressemble encore trop à novembre. Pourtant Pitou G. m'assurait, confiant, il y a peu "Oh, on a déjà repris après des silences plus longs que cela." Oui, mais tout de même, c'est bien mal traiter cette modeste somme d'articles, et si je ne suis pas un contributeur régulier (litote mon amie), je me sens néanmoins la responsabilité de tenter de relancer cette machine, qui a permis quelques rencontres et le maintien d'un lien ténu mais qui perdure avec vous, lecteur(s).  Espérons que le pluriel ne soit pas de politesse!
L'honnêteté et la reconnaissance m'obligent à confesser ("j'avoue!" comme disent nos élèves) que nous ne restâmes pas privés de la Toile bien longtemps, ma chère belle-mère nous ayant confié son magnifique pc portable, nous ne souffrîmes pas d'un sevrage forcé. Merci belle-maman Pitou, vous nous avez évité une inutile souffrance. Certes, l'engin, quoique flamboyant, s'entête à ignorer notre imprimante. Cela ne facilite pas la vie du Pitou qui a justement tapé une évaluation pour demain huit heures et se heurte nuitamment au refus catégorique d'une machine ontologiquement microsoftienne de frayer avec un appareil qui ne lui a pas été présenté en bonne et due forme par un pilote introuvable. D'où contrariété, fureur et imprécations à l'adresse de Bill Gates et du monde, se soldant enfin par la décision résignée d'aller plus tôt au collège pour imprimer le dit papier. Nous voilà prévenus, il faut anticiper ou renoncer au traitement de texte à domicile. 
Plus déconcertante est la perte, encore remédiable, des photographies, chansons, courriels, documents divers, imprudemment confiés à notre macbook durant quatre années - il aura attendu son anniversaire pour griller. Faisant fi des nécessaires sauvegardes - n'ayant jamais suppléé le disque dur externe défaillant, nous voilà gros jean comme devant, sans nos liens, nos favoris, nos flux rss... Privés de notre objet transitionnel, nous sentons bien notre imprudence et payons chèrement notre désinvolture: six-cent euros pour changer la carte-mère, les deux tiers du prix d'un appareil neuf équivalent. L'ironie du sort, c'est que nous savions la posture dangereuse, pressentions le danger. Las. Il faut bien apprendre sa leçon, et l'expérience est une maîtresse implacable. 
Vous ne verrez donc pas avant un moment les belles photos prises pour illustrer ce blog, en particulier celles du pharaonique insert à granulés de bois, qui réchauffe nos vies et notre salon depuis trois semaines. La bête ronronne  face à moi en ce moment, nous faisant oublier qu'il y a peu, nous nous contentions d'un modeste seize degrés au rez-de-chaussée. Nous espérons maintenant oublier son prix (j'ai juré - une fois de plus - que c'était les derniers travaux coûteux que nous engagerions volontairement dans la maison. Depuis, le froid nous a rappelé que la porte fenêtre de la cuisine n'était pas des plus étanches...), en attendant peut-être d'économiser sur le gaz. Nonobstant le coût initial de l'investissement, il est assez bluffant d'allumer un feu avec une télécommande - j'ai bien noté que cela implique la présence invisible d'une carte mère faillible. Admirer la belle flamme qui danse au son des ventilateurs soufflant un air chaud et parfumé grâce aux huiles essentielles qu'on dépose dans un petit réservoir, cela n'a pas de prix. Juste un coût.
Le dégel (des salaires) c'est encore loin?

V.


ps: un anglicisme appris dans une des séries dont on s'abreuve, la sympathique Big bang theory.

mercredi 28 septembre 2011

Dansons la Karma-gnôle

Je le procrastine depuis un mois, ce billet, tant je crains que mon récit ne soit pas à la hauteur de ma rentrée épique. Mais je ne le saurais jamais si je n'essaie pas... Au boulot!

Le jour de la prérentrée, les profs sont obnubilés par leur emploi du temps. Ils trépignent toute la matinée puisque les chefs, fins psychologues, réservent pour la fin la distribution des pochettes-surprises - à moins que vous n'ayez des chefs modernes qui vous envoient par mail votre emploi du temps à la mi-août (les nôtres se contentent de le promettre). Ils pensent ainsi s'attacher l'attention de leur auditoire, croyance d'une touchante naïveté : l'impatience est le meilleur bouchon d'oreille qui soit. 
J'ai toujours trouvé un peu pathétique l'hystérie qui suit la découverte des plannings et les pour-parlers entre collègues qui veulent s'échanger telle ou telle heure, même si certains ont pour cela des raisons très légitimes. Je me dis quelquefois que les couloirs de l'O.N.U. doivent ressembler à un collège début septembre. Autant je comprends qu'on attende fiévreusement la composition des classes qu'on a en charge, autant je me fiche à peu près totalement de mes horaires. C'est vrai que je n'ai pas trop de contraintes : pas de route, pas d'enfants, pas trop de mal à me lever le matin. Mais même dans mes années amiéniennes où je naviguais entre deux bahuts à 40 bornes de chez moi, je n'ai pas souvenir d'avoir été obsédé par mon emploi du temps.

Cette année, j'avais une raison supplémentaire de ne pas me ronger les sangs. Dès mon arrivée, à 8H30, le principal m'a pris à part pour me prévenir (je jouis de privilèges V.I.P.) : mon emploi du temps était pourri, mais il allait trouver une solution. Moi, j'ai surtout retenu la première partie de la phrase et grand bien m'en a pris, vu que la seconde mouture, la définitive,  devait se révéler plus catastouffique encore.

Je n'aime pas passer pour une vedette. Notre tout nouveau chef adjoint doit être doté d'une intuition sans pareille, car il l'a tout de suite compris. Devinant mon embarras lorsque le grand Manitou citait mon nom en déplorant humblement les imperfections des emplois du temps, il a tout de suite pris l'initiative de détourner l'attention du public en enchaînant les malaises. À 9H30, il est parti aux Urgences avant d'être héliporté au CHU : c'est ce qu'on appelle une rentrée en fanfare. J'ai vérifié auprès de tous mes amis profs dans plein d'autres bahuts, c'est nous qui avons gagné la palme de l'originalité, cette année. Du coup, même le grand retour de Cinderella Lalouze est passé presque inaperçu!

Quand j'ai eu mon emploi du temps entre les mains, je lui ai à peine jeté un oeil : ah oui, quand même, je devais bosser tous les midis... Le privilège de faire cours quand tout le monde est en pause fait partie de mon kit V.I.P., en tant que professeur d'une option en voie d'extinction. Mais après tout tout : plus tôt on commence, plus tôt on a fini, non? Euh... non. Honnêtement, manger en vitesse le midi, je m'en contrefous; en revanche, quand je fais la promotion du latin auprès des gnomes, j'aime bien ne pas avoir à leur dire qu'il y a cours le midi. J'ai déjà suffisamment de mal à les convaincre de venir travailler quand les autres se glandent. Au cas où vous n'auriez pas remarqué, le contexte est un peu tendu pour les groupes à petits effectifs : bientôt, il faudra avoir trente élèves pour obtenir le financement (promouvoir la culture est une priorité de notre gouvernement, mais seulement dans les établissements où les familles ont beaucoup d'ambition pour leurs enfants). Quand je craignais que les cours sur la pause méridienne allaient rendre un peu plus difficile le recrutement de l'année à venir, je me berçais encore de douces illusions. J'étais bien loin de me douter que ce serait un immense bordel dès septembre, m'obligeant à des compromissions auxquelles je ne pensais pas être confronté avant quelques années. Découragé, moi? On en parle dans un autre article, et on en revient à mon emploi du temps.

Il y a au collège Haquenée une politique assez intéressante de clubs, le midi (sauf quand vous avez cours). Et cette année, c'est une explosion d'activités : chorale, théâtre, cinéma, jardinage, sciences, journal, débat, mythologie (c'est gentil, les collègues, de ne pas m'en avoir parlé; c'est pas comme si c'était mon boulot), sports divers, guimbarde, macramé et cercle sataniste. Afin de permettre aux collègues de fixer le jour de leur club, le grand Manitou a pris l'initiative d'afficher mon emploi du temps : comme ça, tout le monde sait quels élèves sont indisponibles tel ou tel midi. Le détail cocasse, c'est que le chef s'est fait enguirlander par qui de droit, parce qu'il ne l'avait pas placé dans la bonne section du panneau... Mais quelle section choisir, au juste? Consulté à ce sujet, je suggère au chef d'utiliser espace "activités culturelles", vu que c'est à destination des organisateurs de clubs.

L'affichage de mon emploi du temps a beaucoup amusé mes collègues et déclenché de nombreux témoignages de sympathie. C'est sûr qu'occuper toute l'amplitude horaire d'une journée avec trois heures de cours, ça force le respect : deux fois par semaine, je passe plus de temps à attendre que devant les élèves; ma journée type? Je commence à 8H00, de 9H00 à 13H00, c'est ma pause déjeuner; à 14H00, j'ai bouclé ma deuxième heure et n'ai plus qu'à patienter jusqu'à 16H00 pour entamer la troisième. "Au moins, ton emploi du temps nous oblige à l'humilité", "Mais tu lui as fait quoi, au boss?" sont les réactions les plus fréquentes, loin derrière le très con "Pourquoi t'as affiché ton emploi du temps?" de certains collègues qui doivent me prendre pour une diva. À ceux-là, je réponds, selon mon humeur : "Mais parce que je suis le centre du monde, chéri(e)!" ou "Pour m'occuper entre deux heures de cours". Le prix de la plus belle remarque revient à mon collègue d'arts : "Je comprends qu'il figure dans les activités culturelles, ton emploi du temps, il a une esthétique très... plastique".

Quand le chef m'a appris qu'il se trouvait des parents pour écrire des courriers rageurs  proclamant que les emplois du temps ne devaient pas être faits pour les profs, mais pour les élèves, je lui ai suggéré de leur envoyer une copie du mien. Je me vois assez bien en martyr de la cause scolaire. En revanche, je n'ai pas eu le cran de le remercier pour le plus beau cadeau de cette rentrée : la classe dont je suis professeur principal. En terme d'orientation, c'est un peu l'équivalent de la petite boutique des horreurs : des mômes pas méchants mais pas très motivés (euphémisons), pas en grande réussite (euphémisons encore) et qui n'ont aucune idée de ce qu'il veulent faire plus tard. Un conseil : si vous n'avez aucun projet professionnel à 15 ans, débrouillez-vous pour avoir de bonnes notes; au moins, vous pourrez finir prof. L'an dernier, c'était une collègue de maths qui avait hérité de la classe avec ce profil. Elle est en congé pour natalite (ceci explique sans doute ma soudaine "promotion") et m'a perfidement retourné le compliment que je lui avais adressé l'an dernier (bien fait pour ma pomme) : "C'est la preuve que la direction a confiance en toi!"

OK, je n'ai pas toujours été un ange; il fallait bien que je le paye un jour. J'ai le karma foutraque. Mais qu'ai-je bien pu faire pour mériter qu'une collègue super-conne pourvue d'un emploi du temps de rêve, qui a choisi de vivre dans un trou paumé et qui s'est persuadée que j'ai moi-même affiché mon emploi du temps en guise de protestation, me dise : "T'habites à côté? Bah de quoi tu te plains?"?

Pitou G.

P.S. : Ce billet est plus porc long qu'épique, mais je reviens à plus de légèreté dans le prochain, promis.

vendredi 16 septembre 2011

L'eau bue éclate

Je ne vous oublie pas, bien loin de là. J'ai plein d'idées d'articles, des phrases toutes faites qui n'attendent qu'un peu de mon courage pour être éditées sur la Toile fabuleuse. Par exemple, ma rentrée fut épique, normal pour un jubilé : il fallait bien fêter mes dix ans de métier. Je vous en reparle, dès que je retrouve un peu d'allant. Je ne voudrais pas gâcher pareille pépite.
Pour vous faire patienter, lecteurs indulgents, une petite anecdote de cantine. Gentleman que je suis, j'allais offrir une tournée générale d'eau quand je fus stoppé net dans mon élan par Josette, un agent de service pas très accorte qu'on a parfois du mal à comprendre (peut-être parce qu'elle n'a plus trop de dents) :

"Non, moi j'bois jamais d'eau du robinet, depuis que mon beau-frère est mort de ça"
Un peu désarçonné, je me demande un instant si j'ai bien décrypté son borborygme. Etant donné que je ne vois pas de verre sur son plateau, je suppose que mes talents de traducteur ont résisté à deux mois d'été. Diplomate entre les diplomates, je n'ai rien trouvé de mieux à dire que : "C'est quand même con de mourir en buvant de l'eau". Je ne suis pas doué pour les paroles de réconfort : inutile de me convier aux enterrements (surtout aux enterrement de vie de jeune fille, merci)

vendredi 2 septembre 2011

Les Enfers de l'été

L'été est la saison de l'enfer, mais si on n'a pas forcément eu un été d'enfer, surtout niveau climat. Je milite d'ailleurs pour qu'on décale les vacances d'été en avril-mai. L'été nous en a fait voir de toutes les couleurs :
  • Il y a bien sûr eu l'enfer rouge de Bison Futé. Pas de commentaire.
  • L'enfer vert du fond du jardin. Il a dû pleuvoir des trombes d'eau à Pitoutown, en notre absence pour permettre une telle offensive des potimarrons et des pieds de tomates (hélas, sans le soleil pour les faire mûrir). Il va nous falloir rien de moins qu'une hache pour atteindre les haricots...
  • Le plus redoutable de tous fut cependant, et de loin, l'enfer noir : les retrouvailles avec Caliméro, resté quinze jours loin de nous. Il nous en a fallu, de la patience, pour épuiser ses réserves d'amour trop longtemps contenu. Il y avait une telle urgence dans son besoin de câlin qu'il était incapable de se poser deux secondes. C'était déchirant - et passablement éreintant. Entre les miaulements plaintifs, les caresses de moustaches et les frôlements de pattes ambigus (mi-tendres, mi-griffes), inutile de vous dire que la nuit fut agitée...
Heureusement, tout cela est terminé. Vive l'enfer gris de la rentrée!

jeudi 1 septembre 2011

Merci

À l'attention de la madame du Recto-Rat

Chère la madame du Recto-Rat,

tu peux pas savoir comme je suis heureux que tu aies trouvé un remplacement pour V. dès septembre. Tu peux pas non plus t'imaginer ce que la perspective de l'oisiveté lui fait trotter dans la tête. Non seulement il m'a fait signer un gros chèque pour faire installer un poêle à pellets (il est mignon, mon V., il veut pas que j'aie froid en hiver - comme s'il faisait froid sous nos latitudes), mais il nous a lancé dans la rénovation de la pièce moche (celle qu'on appelait "bureau", pas parce qu'on y bossait mais parce qu'on ne savait pas quel autre nom lui donner). Tu peux rigoler, on voit bien que tu ne sais pas ce que c'est que de coller de la toile de verre au plafond; surtout que le monsieur du Brico-Lage nous a refourgué un celluloïdotruc qui pèse le poids d'un âne mort.
Je sais pas pourquoi la fin août lui a toujours fait cet effet-là, à mon homme. Syndrome d'hyperactivité pré-rentrale, ils disent, les experts. Le chantier, passe encore. Là où j'ai compris qu'il fallait vraiment que tu lui trouve du boulot tout de suite, c'est quand il a commencé à faire ça :

"Bah quoi? c'est juste des confitures!" tu dois te dire. Je vois bien que tu ne comprends pas. Regarde d'un peu plus près :

Le problème, c'est pas tant qu'il cuit des confiotes bilingues, ni même qu'il racle les fonds de tiroir pour amasser assez de fruits. Ce n'est pas non plus qu'il colle ses étiquettes au lait : ça, il l'a toujours fait. Lis bien les ingrédients : abricot, pomme... prune d'ente. Là, normalement, tu dis "prune d'ente? C'est quoi? je connais pas". C'est des pruneaux, madame! Mon V. fait des confitures au pruneau! Si ce n'est pas le signe qu'il faut qu'il reprenne très vite le travail, je ne m'y connais pas!

Bref, ne sois pas trop surprise quand tu recevras de ma part une jolie carte du bien nommé Joliecarte.com avec des feuilles d'automne qui tombent ou des étoiles qui scintillent.

Pitou G.

mardi 23 août 2011

Les bouquins mystérieux

“J’ai des bouquins sur la région à vous prêter”

Cette phrase, Pitou V se souvient, tout comme moi, de l’avoir entendue. Mais qui peut bien l’avoir prononcée? Ça n’aurait pas grande importance si nous n’avions pas retrouvé un beau jour un tas de bouquins devant notre porte; sans petit mot, bien sûr, c’est plus drôle.
Merci donc à l’inconnu qui nous a prêté :

  • Un dico amoureux sur notre bonne ville de Pitoutown, écrit - si j’en crois la dédicace, par le grand-père d’une élève. Nous l’avons feuilleté avec plaisir.
  • Hrólf le Vagabond, un roman à base de Vikings que je n’ai pas eu le courage d’ouvrir. Conan au pays des vaches, ça se jouera sans moi, merci bien. C’est bon, parfois, d’être arbitraire.
  • Un Roi sans lendemain de Chris Donner. Officiellement, le personnage central de ce roman est Louis XVII. Mais, comme s’en amuse Donner lui-même, son livre a un côté foutraque. Il parle autant, si ce n’est plus, des états d'âme d’un double littéraire de l’auteur (pas besoin d’être sorcier pour deviner de quel nom Nordern est l’anagramme), en lice pour écrire un scénario, et surtout d’une figure historique locale : Jacques-René Hébert, auterur du Père Duchesne, journal satirique qui a réclamé tête sur tête sous la Terreur. Il y a des villes qui s’enorgueillissent d’avoir donné le jour à Victor Hugo, Voltaire ou Louis Pasteur. Pitoutown peut se targuer d’être la ville natale de Jean-Marc Sylvestre, Daniel Balavoine et d'un fanatique de la guillotine. Cool. Dans la bouche de Henri Nordern, notre ville a tout l’air d’un lieu franchement exotique : "C'est joli, tu vas voir, il y a des pâtisseries, une église, deux églises. On arrivera pour déjeuner. Il y a un bon restaurant avec des escalopes à la crème. Tu aimes ça, les escalopes à la crème?" ou encore "J'allais en vacances à [Pitoutown] quand j'étais petit. Après, j'ai arrêté d'y aller parce qu'il faisait trop froid. Même en été, tu verras, ça caille..." Je suis sûr que ces alléchantes descriptions vous ont donné envie de venir nous rendre une petite visite; n'hésitez pas! En fait, Un Roi sans Lendemain n’est pas un roman historique; à vrai dire, ce n’est pas vraiment en roman non plus... Reste qu’il nous a plu, malgré quelques aberrations syntaxiques (nous aimons assez quand les phrases tiennent debout, faut pas nous en vouloir).

Pitoutown semble être à la mode dans le monde de l’édition*, puisque je suis en train de lire Aesculapius, premier tome d’une trilogie historico-policière d’Andrea Japp. Il y a de quoi frissonner quand on sait que le père de l’héroïne a été trahi à cent mètres de chez nous, brrrrrrrrr (ceci est un frisson), par un abracadabrant évêque de Pitoutown (il n’y a jamais eu, à ma connaissance, d’évêque à Pitoutown - et wikipédia est d'accord avec moi).


Si vous connaissez d’autres livres sur Pitoutown - ou mieux, les gens qui nous ont prêté ceux-là -, vous pouvez vous faire connaître.

Pitou G.

*Un scrupule tardif m’oblige ici à rappeler que Pitoutown est aussi la ville de l’imprimeur et ami de Baudelaire qui a publié Les Fleurs du Mal. Ça rachète Hébert? Hébert, peut-être, mais sainte Thérèse?

dimanche 21 août 2011

Auto-stop

Au cours de ma vie d’automobiliste, je n’ai ouvert ma voiture qu’une seule fois à un auto-stoppeur, du temps où je sillonnais l’Amiénie. Ça m’avait un peu ennuyé, du reste, parce que le jeune homme n’avait pas une conversation passionnante et que j’avais sacrifié pour elle l’écoute d’une compilation maison (pas question de partager mes kitscheries avec un inconnu : il en allait de ma dignité et de sa santé mentale). La semaine suivante, le même pélerin agitait le pouce au même endroit; j’ai tracé ma route et ne l’ai plus jamais revu. Peau de vache? Oui, un peu.

Mon homme, qui ne s’était jamais livré à cette expérience, a plusieurs fois évoqué la possibilité de secourir les intrépides auto-stoppeurs que nous croisions. À chaque fois, je l’en dissuadais : soit qu’ils voyageassent à deux avec d’énormes sacs (maintenant que nous avons un vrai coffre, nous avons pris l’habitude de le remplir avec nos propres affaires, merci!), soit qu’ils offrissent toutes les apparences d’une hygiène déficiente (pas de gens sales, pas de gens moches).

Je n’ai trouvé aucun prétexte pour refuser de prendre le jeune homme qui attendait, sous la pluie, devant l’entrée de l’autoroute, au départ de notre ville. Il voyageait très léger et désirait, à en croire son carton, se rendre à 24Hcity. C’était sur notre route; c’était à une demi-heure. Entre donc, mon garçon!
Ma première précaution fut, bien sûr, d’éteindre le CD en route, une compil maison (encore une!), non que j’eusse honte de la chanson en cours (Pierre Lapointe, claaaaasse!) ou de la suivante (Numéro, juste ce qu’il faut de décalé), mais j’assume beaucoup plus difficilement (surtout à jeûn) en public David Charvet ou Paris Hilton, deux autres perles du CD.
Du coup, le début du voyage s’est déroulé dans un silence un peu embarrassant, sans musique ni mot doux, sans rien d’un tant soit peu personnel. Ça a duré un peu plus longtemps que prévu puisque la destination finale du jeune homme était en fait Guilitticity (sur notre route aussi, mais une heure plus loin). Après un voyage plutôt morne (la pluie n’aidait pas) et une conversation réduite au strict nécessaire, nous avons déposé notre invité.

_ Il me fait penser à mon cousin, remarqua V. en regardant le garçon s’éloigner.
_ Il me fait plutôt penser à Catul. Vu que c’est lui.

La coïncidence vous semblera énorme : Catul réapparaît au moment où son souvenir vient de resurgir. Enorme et véridique : de tous les aspirants à l’auto-stop, il a fallu que nous tombions sur un ancien élève, et pas n’importe lequel.
Je ne l’avais pas reconnu tout de suite, avec ses cheveux longs, son fin collier de barbe et sa nouvelle stature. C’est sa voix qui m’a soudain révélé l’évidence, sa voix et sa destination - où, je le savais, sa famille possède une résidence secondaire. J’ai résisté à la tentation de me retourner pour le dévisager (le rétroviseur ne m’était d’aucun secours : il paraît que ça ne sert pas à ça) et essayé en vain d’effacer mon sourire énigmatique. De temps en temps, je me disais que mon imagination s’emballait : ça m’arrive souvent de reconnaître faussement des gens (tenez, pas plus tard que tout à l’heure, j’ai sursauté à la vue d’un sosie de notre copine MAB, qui n’avait aucune raison de faire du shopping en Auvergne).
Tout surhomme qu’il est, V. a eu besoin de faire une pause (sa cryptonite à lui, c’est une petite vessie). Pour vous dire la vérité, j’avais aussi une légère envie de double-pi, mais, honte de grosse bourgeasse, je ne voulais pas laisser à l’auto-stoppeur dans l’incommodité d’être privé de compagnie le loisir de tout saccager. Je suis donc resté assis. Penaud d’avoir été si peu loquace, j’ai profité d’une faille dans le triangle (qui n’était pas la situation de communication idéale) pour débiter une platitude, avec sans doute en arrière pensée le désir de vérifier mon hypothèse sur son identité :
“Vous n’avez pas trop attendu au péage, tout à l’heure? (il était temps de m’en inquiéter - surtout avec cette voix chevrotante!)
_ Vous n’êtes pas obligé de me tutoyer. Euh! de me vouvoyer!

Le lapsus était révélateur de sa propre gêne. Sa phrase ne laissait planer de doute ni sur son identité, ni sur le fait qu’il m’avait reconnu. Sitôt échangées les banalités d’usage (“prêt pour la terminale?”), mon homme revenait. La portion de route restante fut tout aussi silencieuse, mais moins pesante.

On pourrait croire que notre carrière de transporteurs s'arrêterait là. Sur le chemin du retour, nous avons pourtant récidivé, sur une vingtaine de kilomètres. Aucun ancien élève n'a été maltraité ce jour-là.

Pitou G.

samedi 20 août 2011

Vingt toute

Et on souhaite un joyeux anniversaire à mon homme, siouplaît!

Pitou G.

vendredi 19 août 2011

Citation

Lettre de Flaubert à Jules Duplan, 24 septembre 1861

“Eh bien, mon cher bon vieux, ta sacrée boutique de merde de tonnerre de Dieu t’encule-t-elle un peu moins? (Voilà ce qui s’appelle un début de lettre à la Sévigné)”

jeudi 18 août 2011

Campanile

Stentor est bien un gars du Nord. Pris en flagrant délit d’ignorance, il en rit encore.

Il avait trente ans lorsqu’il a passé des vacances en Croatie. Il avait sympathisé avec un groupe de touristes français qu’il croisait de temps à autre. Un jour, en début d’après-midi, ceux-ci le saluèrent avec enthousiasme :
“On vient de se faire un campanile, c’était génial!
_ Comme quoi, on est tous les mêmes : moi, je suis en quête d’un Mac Do!”

Les gens l’ont regardé avec un sourire gêné. Je ne suis pas sûr qu’il les ai revus par la suite... Eh, Stentor, dans l’Europe du Sud, un campanile, c’est ça :

Croyez-le ou non, mais dans le campanile de Split, il n'y a ni lits, ni grillades!

un édifice que tu serais tenté d’appeler beffroi, toi le nordiste.
À sa décharge, l’expression “se faire un campanile” est assez ambiguë. Mais, après tout, on trouve bien des gens qui ont fait le Maroc ou le Mexique en y restant une semaine ou deux...

Pitou G.

mardi 16 août 2011

Lettre à Stu

Stuartounet,

nous espérons que tu passes de bonnes vacances chez grand-mamie et que tu ne la fais pas trop tourner en bourrique. Nous sommes très contents que tu aies retrouvé l’appétit et que tu oses enfin te promener librement dans la maison - nous pouvons bien te le dire, maintenant : quand nous t’avons laissé là-bas, nous étions un peu inquiets, surtout quand tu as fait pipi sur notre linge sale.

Mamie nous a dit au téléphone que tu étais adorable et que tu mettais de la vie dans la maison. Mais, s’il te plaît mon chaton, refrène un peu tes instincts et arrête de lui chiper sa mortadelle (ce que grand-mamie appelle ses rondelles, tu vois de quoi je parle?) ou de lui réclamer du poisson : tu sais bien que le phosphore n’est pas bon pour tes reins! Je sais que, selon la croyance populaire, ça renforce l’intelligence, mais tu es bien assez malin comme ça. Laisse donc le phospore à Calim’ : il en a plus besoin que toi - si seulement ça pouvait lui apprendre à pousser les portes. C’est fini, les chat-prices!

Ces chapardages ne sont pas bien graves. Nous sommes très fiers de toi : tu as réussi là où tous les autres ont échoué. En snobant les affreuses peluches qui encombrent son lit, tu as convaincu grand-mamie de les ranger!
Nous revenons bientôt te chercher. Gros bisous sur le museau.

Tes papattas.

dimanche 14 août 2011

Peau de zob

“Oiseau qui cajole”...
Ces mots fléchés ne sont pas très difficiles; d’ailleurs je les ai presque finis. Quelques cases résistent encore, pourtant. “Oiseau qui cajole”... Quatre lettres dont un E et un I. Le geai se poserait bien sur cette grille. Après vérification (merci l’I-pad de papa), le geai jase (sauf le geai gélatineux d'Obaldia qui geint dans le jasmin, mais il ne m’est pas d’un grand secours). Quel diable d’oiseau peut bien cajoler?

L’I-papad peut encore m’aider : la liste des candidats de quatre lettres au E et I bien placés est assez courte. Le seul volatile que j’y vois est le geai. Non, attendez, il y a un mot que je ne connais pas, un mot qui a une allure de nom d’oiseau! Je le vois déjà s’envoler d’une branche de manguier en Nouvelle-Zélande, avec ses grandes plumes bleu et argent. Ouais, encore faudrait-il qu’il y ait des manguiers en Nouvelle-Zélande. Avec la fraîcheur de l’innocence, je demande alors à l’assistance :
“C’est quoi, un zébi?
Ma mère et V. me regardent d’un air amusé. Je baisse les yeux sur l’écran de l’I-papad qui m’apprend : Vulg. pénis Var. zeb, zebbi.
Zut de zut, le zeb, c’est le zob! Remarquez, c’est un drôle d’oiseau... Et si je cherche encore ses longues pennes d’argent, on peut bien dire qu’il cajole! Moi qui désespérais de trouver dans ces mots fléchés une définition un peu astucieuse, me voilà servi!

Pitou G.

Après résolution complète de la grille et à moins que bérée soit un synonyme de dégagée, l’oiseau qui cajole est bien le geai, n’en déplaise à Obaldia.

mardi 9 août 2011

Sérénade

À la toute fin de juin, il règne dans les rues une décontraction enjouée. Même à 22H00 - l’horaire fera sourire les habitants de vraies villes - on entend encore brailler dans nos rues notre belle jeunesse normande délivrée (pas forcément officiellement) de ses obligations scolaires. D’habitude, on râle un peu pour la forme mais on n'y accorde pas trop d’attention. Il faut dire qu’on habite à deux pas du Fiesta Cubana : on s’est un peu accoutumés aux poivrots criailleurs (hélas, plutôt cri-ici).

Je ne sais pas trop pourquoi ce groupe de jeunes m’a intrigué, mais j’ai risqué un regard à travers les persiennes au moment où l’un d’entre eux, en passant devant chez nous, a beuglé mon nom d’un air (faussement?) dépité, avant d’ajouter : “Salaud, Pitou V. : tu m’as piqué mon mec”. Et un de ses camarades de conclure d’un fataliste “Ah, les pédés!”, sans qu’on sache trop s’il parlait de nous ou cherchait à excuser la conduite de son ami (style : “Ah (soupir) les pédés sont d’incurables romantiques qui hurlent au clair de la lune leurs déconvenues amoureuses").

Bien sûr, ce n’est pas très agréable d’entendre crier son nom sur la voie publique, surtout dans ces conditions. Mais je ne saurais vous dire si j’ai ressenti plus de gêne que d’amusement. Je ne peux pas dire que j’aie été indifférent, puisque j’ai assurément ressenti quelque chose. Quoi, au juste? Je me suis senti une grande indulgence pour cette moquerie facile d’un ancien élève non identifié (Catul?) - c’est bête, je venais d’enlever mes lentilles. Grand naïf, je me dis qu’on ne trouve pas l’audace de se donner en spectacle, même par jeu, sans aucune sincérité; ne serait-ce que parce que cette idée saugrenue lui a traversé l’esprit. Je ne dis pas que ce garçon ait exprimé un authentique dépit amoureux. Qu’il ait été jaloux de voir que d’autres vivent sans se conformer à un modèle dominant dont il ne parvient pas encore, lui, à se libérer, c’est en revanche bien possible. Toute hostilité ostensible dissimule mal les tensions qui agitent l’individu. Je ne prétends pas que tous les homophobes soient des homos refoulés, mais ceux que l’on entend le sont, c’est fort probable- sauf peut-être les fanatiques persuadés d’incarner une autorité morale.
Finalement, c’est une vague de sympathie que j’ai ressentie pour ce garçon qui finira, je l’espère pour lui, par vivre sa vie.

Pitou G.

dimanche 7 août 2011

Stentor tueux

Je vous avais promis une petite sélection des grivoiseries made in Stentor? Le Pitou est un homme de parole.

En TransRhénanie, nous avons visité une sorte de cité de la science proposant aux visiteurs de petites expériences plus ou moins scientifiques : simulateurs de séisme, de sous-marins, générateur de micro-tornades, caméra thermique et, parmi tant de merveilles, un appareil permettant de tester la pression atmosphérique. "Faut pomper?" Oui, Stentor, et tout est dans le poignet.

Voici Stentor en plein effort. Appréciez au passage le style tout @did@s. Mon collègue a bâti sa réputation sur la coordination de ses vêtements et accessoires. Quand je pense qu'il me devance sur le fashionpodium, d'après les sondages effectués auprès des bambins, ça me dépasse (il paraît que j'ai des problèmes de chaussures - problèmes que mon cordonnier me fait chèrement payer )...

Si vous pouviez voir à travers le petit hublot, vous verriez un petit canard qui s'écrase à mesure qu'on actionne le piston; lequel résiste de plus en plus ou, comme l'a gracieusement résumé Stentor :
"Plus on pompe, plus c'est dur"

Mais sa plus belle saillie eut lieu en comparant le contenu de non rien nos sacs à pique-nique. La pomme qu'il venait de mordre, trop astringente, avait irrité ses gencives et, plein de sollicitude, il s'inquiéta de mon sort, avec dans l'oeil un éclat complice et gaulois :
" Et la tienne, ça va? Elle est... pas trop dure?"

Toute la sensualité réside dans l'attente et le rythme. Stentor est le roi du tempo.

Il y en aurait bien d'autres, mais je n'ai pas eu la judicieuse idée de les compiler avant que l'oubli ne s'en empare. Notez que Stentor, nouveau Midas sans les oreilles d'âne - pour le reste, je ne sais pas -, contamine tout ce qu'il touche. Hélas, c'est en pépites de paillardise et non en paillettes d'or qu'il transforme les objets. Il a ainsi sublimé jusqu'à ses copies de brevet (on n'est jamais en peine de brèves de brevet*, quoique ce millésime se soit révélé décevant). Invité à relever un complément circonstanciel de manière et à en éclairer le sens, un candidat a répondu :
"Le C.C. est "caressait"; le sens est qu'il se touche."

Un autre nous apprend qu'un personnage "s'était mis au troupeau d'éléphants" (il a bien du courage). Dans une rédaction, un dernier révèle : "Mon frère Alexis voulait tenter la chose". Bref, que des horribilités, comme je l'ai moi-même lu par ailleurs. Mais où s'arrêtera l'obscène influence de Stentor?

Pitou G.

*Relevez l'art du narrateur qui parvient en catimini à fusionner deux articles.

vendredi 5 août 2011

Saby Birthday

Aujourd'hui, c'est Saby Bithday, c'est Bananiversaire! La dernière fois que nous l'avons vue, elle était en grande forme. Elle s'apprête, avec son Zébulon, à investir leur future maison. Dans quelques semaines, nous pourrons donc disposer d'une vraie chambre d'amis. Pour l'heure, nous devons nous contenter du clic clac.
Dormir avec mon homme dans un clic clac, c'est un peu comme forcer Cléopâtre à prendre des bains de purin : ce n'est pas agréable pour lui, mais c'est encore pire pour ceux qui l'entourent. Dans le but de rendre l'accueil plus moëlleux, V. laisse sous le drap la housse du clic clac. Ça a surtout pour effet de me faire crever de chaud, moi le toujours frileux. Vous connaissez sans doute le problème : avec la couette, c'est l'étuve; sans, c'est la banquise. Tandis que je somnolais, mon homme ne dormait pas du tout. Je l'entendais se retourner dans tous les sens. On avait pourtant fait en sorte d'éloigner nos têtes de la boîte à Ternet (les ondes, c'est pas Feng Shui), en les posant là où l'on mettait habituellement nos charmants petons.
Ultime raffinement anti-dodo, Trotinette, l'une des tigresses de la maison, a élu domicile sur mes chevilles (en ignorant superbement la non fengshuitude de la boîte à Ternet). Pour achever de me réveiller totalement, Saby Banana a choisi ce moment pour lancer une de ses nombreuses expéditions de pipi nocturne. Vu la disposition de l'appartement, elle n'avait pas moyen d'éviter notre chambre improvisée.
Rendons-lui cet hommage : elle ne s'est cognée à aucun meuble et, si nous n'avions pas été réveillés, je n'aurais sans doute pas ouvert un oeil (preuve en est que je n'ai pas été dérangé lors des onze autres pauses pipi). Sauf peut-être lorsque, croyant caresser Trotinette*, elle a passé sa main dans mes cheveux, en me susurrant des mots doux. À l'autre bout du clic clac, la chatte a levé sa petite tête intriguée en même temps que mon homme et moi, et Saby Banana est repartie en éclatant de rire et de honte.
Saby Banana ne nourrit pas pour moi de passion secrète, mais elle nourrit sa passion de croquettes.

Pitou G.

*Vous comprendrez sans mon aide pourquoi je ne peux pas utiliser de substitut nominal.

jeudi 4 août 2011

Stentor et à travers

Si j'ai accepté d'accompagner une quarantaine de gentils petits démons en TransRhénanie, c'est que c'était une occasion en or de mieux connaître le riant D1kerquois que, pour une raison qui a son importance dans le récit suivant (mais surtout parce que c'est plus court), nous appellerons désormais Stentor. Je ne m'y étais pas trompé : une nuit entière de bus côte à côte, ça vaut bien une année entière de parlotte à la cantine. Et puis discuter tassés dans nos sièges, condamnés à nous faire du pied des heures durant, faute de place, ça a tout de suite beaucoup plus de gueule.

Evidemment, il a bien fallu interrompre de temps à autre notre brillante conversation pour piquer un roupillon faire un peu la police au fond du car. Il existe en effet une loi non écrite, bien antérieure au code civil ou à la loi du talion, qui veut que les trublions occupent toujours la dernière rangée. En l'occurrence, le roi des orchidoclastes, c'était Casimir, qu'il fallait museler toutes les vingt minutes; rien de très méchant - mais Casimir est doté d'une voix très irritante (assortie d'un air bêta franchement tête à claques, mais ceci est une autre histoire). Certains de ses petits camarades avaient formé l'extravagant projet de dormir dès une heure du matin. À nous de veiller à leur tranquillité!

En fait de discussion, j'ai surtout souvenir d'avoir gavé mon acolyte en tentant d'évacuer mon appréhension - mes neufs ans d'allemand remontent au Jurassique et je devais passer la semaine dans une famille non francophone (le premier qui me dit : "tu n'avais qu'à parler anglais" s'expose aux sévices les plus abjects) - et d'avoir parlé pédagoguie. Je ne me rappelle pas trop ce qu'il m'a dit, mais il me l'a dit très fort. À bien y réfléchir, j'ai sans doute moins appris sur le compte de Stentor cette nuit-là que lors d'un spectaculaire shopping, où je l'ai vu tripler le PIB de la TransRhénanie en dévalisant des magasins de vêtements et de denrées alimentaires. En parlant d'aliments, nous n'étions pas bien loin du foyer de l'Escherichia coli, c'est grand miracle que nous soyons encore en vie. Nous avons ramené tout le monde en grande joie et en (presque) grande forme.

C'est bien après notre retour que la petite Tempérance, alors qu'elle écrivait un article sur le voyage, s'est confiée à N., une autre accompagnatrice : "Si je n'ai pas pu dormir dans le car, ce n'est pas à cause de Casimir! Monsieur Stentor n'arrêtait pas de parler! Le pauvre monsieur Pitou G. avait l'air d'être soulé de paroles".

Rassurez-vous : même si mes souvenirs sont flous, je n'en étais pas au stade de l'ivresse; à côté de Stentor, j'avais besoin de garder mon self-control, surtout devant un public mineur. Mais c'est vrai que j'étais un peu gêné par son volume (sonore), d'autant que, comme moi, il a tendance à orner son discours d'allusions grivoises. Je vous en ai mis de côté pour un prochain article.

Pitou G.

mardi 2 août 2011

Le beau mariage

Il y a trois ans, au restau lors d’une soirée en amoureux, s’est posée urgemment la question des témoins à notre mariage. Nous n’avons pas droit de nous marier? Un détail! Ce sont nos plus vieux vieilles amies qui s’y colleraient : Taphanie pour mon homme et Saby Banana pour ma goule. Pour leur tenue d’apparat, on hésite encore entre une jupette de majorette ou une crinoline bien bouffante. Vert pomme.

Soit que le menu nous ait posé problème, soit que nous n’ayons pas eu droit de nous marier (un tout petit contretemps), notre grand projet en est resté là. Mais 2012 arrive avec son lot d’espérances - comme l’a dit le monsieur qui a fait son laïus sur le “parcours citoyen” à mes élèves : “l’année prochaine, on change de président!”, le lapsus n’ayant fait rire que les adultes : le neurone de l’adolescent semblait assez peu réceptif ou déjà acquis à la non réélection de N.S. Un peu d’optimisme : le lapsus est peut-être bien un présage, auquel cas N.S. n’aura plus que ses yeux pour pleurer et ses deux mains pour pouponner, pendant que vos Pitous convoleront en justes noces. Quand on y pense, parmi tous nos amis, nos formons le couple le plus ancien; à l’exception de Veinarde et Bombasse, mais ce ne sont pas vraiment des amis.

Du coup, on a ressorti la jupette de majorette (ou la crinoline) de nos témouines de la naphtaline. Et nous travaillons activement à la liste des invités. C’est là que les problèmes commencent.

Pitou G. : Tu crois qu’on peut demander à ton père de venir sans sa grognasse?
Pitou V. : On ne peut pas ne pas inviter nos cousins. Ça me saoule!
Pitou G. : Pas tout nos cousins, rassure-toi!
Pitou V. : Le souci, quand on se marie à nos âges, c’est que tout le monde est en couple. J’ai pas envie de doubler ma liste, moi! Le mariage de ta cousine A est toujours prévu pour l’an prochain?
Pitou G. : On va attendre d’être officiellement invités avant de la prévoir, si tu veux...
Pitou V. Et puis il faut encore ajouter C et JL, leurs deux fils, leur future bru...
Pitou G. Et les G., leur fille, son copain... On en est à combien, là?
Pitou V. : Bon avec toute la famille, ça fait 45 adultes, 47 avec nous, disons 50, parce que c’est sûr qu’on a oublié du monde. Les gosses, ça compte pas, ça graille pas grand chose.De toute façon, il faut inviter tout le monde, en espérant que certains ne viennent pas.
Pitou G. :: On passe aux amis, maintenant?
Pitou V. : Pour les amis, c’est très simple : c’est l’équivalant d’une fête de l’été. Cette année, on était quarante. Zut, il y a plus de famille que d’amis! Bonjour l’ambiance!
Pitou G. : Si tu veux, on peut inviter des collègues pour rééquilibrer.
Pitou V. : Le problème avec les collègues, c’est que tu ne sais pas où t’arrêter : pourquoi lui et pas un autre?
Pitou G. : Mais parce qu’il est plus mignon, voyons! De toute façon, les collègues n’habitent pas loin : on peut se contenter de les inviter au vin d’honneur.
Pitou V., avec une moue : Vin d’honneur... Je n’aime pas cette expression. On pourrait appeler ça Collation nuptiale ou Goûter champêtre!
Pitou G. suurenchérant sur la moue : Mais bien sûr! On pourrait dérouler une pelouse synthétique et y planter, de-ci de-là, quelques pâquerettes factices! Et on prendrait tous un accent snobinard à la con, top classe!
Pitou V. : Bon, on réfléchira à un autre nom plus tard. En gros, c’est un mariage à cent personnes. Faisable. L’avantage, c’est qu’on va faire des économies sur la robe de mariée.
Pitou G. : On a la mairie, on a le maire... Il faut encore choisir le lieu de la fête - rien de moins qu’un château, bien sûr.
Pitou V. : Et le menu.
Pitou G. : Oh mon dieu, le menu! Une liste de mariage?
Pitou V. : Pour quoi faire? Le Limoges est déjà presque complet!
Pitou G. : Pas de cagnotte pour un voyage de noces (voyager, c’est surfait) ou pour la maison (on l’a déjà). Purée, ça craint trop de se marier à trente ans! Ça va se terminer en participation aux frais...
Pitou V. : On veut bien des sous, mais on n’a pas de projet.
Pitou G. : D’ici à 2013, on a le temps d’en avoir!

Evidemment, ce serait plus simple si l’autre était réélu. Mais faut pas déconner.

Pitou G.

dimanche 31 juillet 2011

Pensée du mois

J'ai pitié des gens pitoyables

Saby Banana, juillet 2011

vendredi 29 juillet 2011

Coup de vieux

Le problème avec les vacances, c'est que notre stock de séries s'épuise beaucoup plus vite que d'ordinaire. Nous vivons ces derniers jours une disette assez cruelle: au rythme où nous allons, il ne nous faudra que deux jours pour liquider la deuxième saison de Beautiful people.



Heureusement, la nouvelle saison de True Blood nous arrive au compte-gouttes (ça me fait penser que j'ai un projet d'article sur les séries à vampires qui traîne depuis... deux ans). C'est toujours ça de pris (Ah... Alcide Herveaux!).



Mais ne nous égarons pas - surtout pas à la pleine lune - avec notre loup-garou de service (ça donne envie d'aller se promener dans le bayou, hein?). Il est bien moins effrayant que le voyage dans le temps que m'a fait faire Caroline Bellefleur.

Pitou G. : Ventre Saint Gris! C'est Mona Robinson!
Pitou V. : C'est qui, Mona Robinson?
Pitou G. : C'est la mère d'Angela Bauer, voyons! Elle a pris pas mal de rides, mais on la reconnaît bien. Ils ont raison, les dermato : le soleil de la Louisiane, ça attaque plus la peau que les banlieues chic du Connecticut!
Pitou V. : Je ne comprends fichtre rien de ce que tu dis! C'est quoi, ça, "Angela Bauer"?
Pitou G. : Mais c'est la patronne de Toni Mitchelli! Tu ne vas pas me faire croire que tu ne te souviens pas de Madame est servie! M6 l'a diffusé au moins quarante fois!
Pitou V. : Le titre me dit vaguement quelque chose. Mais je n'ai jamais regardé.



Je me suis fait l'effet d'un vieillard se tapant un petit jeune (alors que ni l'un ni l'autre). Osez me dire que vous n'avez pas pris, vous aussi, quinze ans d'un coup!

Pitou G.

mercredi 27 juillet 2011

Stu, peur et tremblement

Il nous en aura fait voir de toutes les couleurs, ces dernières semaines, notre Stu'. Malgré sa grande taille et sa paisible existence de castrat, ce mannequin de chat a toujours été un poids plume. On a toujours mis sa taille de guêpe sur le compte de son appétit d'oiseau. C'est qu'il est coquet : il tient à ses allures de panthère noire ou de serpent à poil... Au début de l'été, il est carrément devenu famélique. Je ne le sentais même plus quand il venait, au petit matin, s'installer sur mes chevilles. La véto, après une perfusion et une prise de sang (soit deux occasions de se raser les pattes, le summum de l'esthétique féline), a finalement diagnostiqué une Insuffisance Rénale Chronique, pathologie fréquente chez les chats.

On a soupçonné Stuart, ce grand romantique, d'avoir un gros béguin pour la véto (puis par sa jeune remplaçante qui l'appelait "mon bébé" et lui faisait des bisous, sous l'oeil consterné de son assistante) et de trouver tous les prétextes pour la revoir, quitte à revenir d'une escapade nocturne avec une plaie profonde (je vous épargne la photo du muscle apparent). Le moment que j'ai préféré, c'est quand, au plus bas de sa forme, il a fugué quelques jours (m'inquiéter, moi? jamais!). À son retour, il arborait une excoriation plus impressionnante que la précédente et un air asthénique.

Stuart est devenu un chef d'oeuvre de haute-couture, avec plus de surpiqûres qu'un sac Vuitton (et avec une voix plus grêle), tendance chat de Frankenstein. Pour entretenir cette hésitation entre Chat-nel et Chat-rpie, la Véto apprentie décoratrice l'a affublé de ce bidule :

Avec cette crinière en polymère, je suis plus majestueux que le Lion de Mémé*

Regarder un chat muni d'une fraise en plastique est en soi divertissant - au sens propre : ça vous évite de scruter l'horrible cicatrice et le pelage mité -, surtout lorsqu'il rase les murs. Mais le plus drôle, ce fut la réaction de Calim' : pelotonné et tremblotant dans un coin, effaré comme jamais, terrifié devant cet étrange hybride. Stu-cked in the middle. Pour expliquer cette panique inédite, nous avons échafaudé deux hypothèses :
  • Caliméro est tellement quiche qu'il n'a pas reconnu son colocataire et a cru à une attaque du Gritche (ou du spectre de Henri IV).
  • Il l'a parfaitement reconnu; c'est même lui qui a attenté à ses jours. En le revoyant dans sa maison en cet accoutrement bizarre, il a cru que c'était le fantôme de Stuart, revenu pour se venger. De là, nous conclurons qu'il est vraiment quiche.
Au bout de cinq jours, constatant que l'intrus ne lui voulait aucun mal, Calim' s'est autorisé à sortir de sa cachette, laissant entre lui et le monstre une distance de sécurité raisonnable : trois bons mètres. On ne lui connaissait pas une telle discrétion.

Pitou G.

* Qui, en dépit de sa protection cervicale, a, comme chacun sait, été étranglé à mains nues par Hé-Rat-Clès.

lundi 25 juillet 2011

Jeux rigole

Il est dans le nord Cotentin une boutique que nous ne manquons jamais de visiter quand nous nous y rendons : en plus d’un large choix de jeux, elle a la particularité d’appartenir à une dame très enthousiaste - d’aucun diront très usante - à la voix haut perchée. Amateurs de rencontres du troisième type, nous avons eu envie d’y emmener SabyBanana.

Malgré nos deux visites par an, la vendeuse se souvient très bien de nous, sans doute parce que nous la délestons chaque fois d’une demi-douzaine de Cocotaki (ça fait des cadeaux d’avance). Nous la délestions, devrais-je écrire, vu que nous n’avons plus d’amis auxquels offrir notre jeu fétiche. D’ailleurs, c’est avec un Gang de Castors que nous sommes repartis - notez en passant que le jeu aurait pu tout aussi bien se nommer Gang de Bisons ou J’aime la galette, ça n’aurait pas changé grand chose.

Pendant que nous farfouillions dans ses étagères, la vendeuse, sans qu’on comprenne bien pourquoi - l’un de nous avait probablement eu le malheur de prononcer le mot “partout” - s’est soudainement lancée dans une des digressions dont elle a le secret :

_ Ça me fait penser que, l’autre jour, ma fille qui a deux ans avait mis son poupon sur le pot. Elle est arrivée vers moi en courant et en criant : “Sopalin! Sopalin! Enennami pa’tout pa’tout!” Alors je lui ai dit : “On va plutôt prendre du papier toilette alors - elle est en plein apprentissage de la propreté. Ah ah ah ah!

Moment de gêne. Saby Banana a fait mine d’inventorier tous les jeux du rayon devant elle et je me suis abîmé dans la contemplation de la porte vitrée, tandis que se figeait sur le visage de mon homme un sourire de circonstance et que ses yeux se levaient distraitement vers le plafond. Saby Banana a alors extrait une boîte au hasard : “Oh, ça a l’air bien, ça!” La maman épanouie de la petite crotteuse, qui a dû sentir que son historiette ne nous avait pas tenus en haleine, a profité de l’issue qui lui était offerte en forçant un peu son panégyrique. Et on tous fait semblant d’être vraiment passionnés, cette fois.La compassion fait naître les grands acteurs.
Vivement notre prochaine visite, à Noël : Crottina aura-t-elle la morve au nez?

Pitou G.

jeudi 21 juillet 2011

L'amour est dans le lait

C'est décidé : je passe le mois d'août à la ferme.

Quand un tel éleveur vous propose son lait, vous auriez bien tort de faire la fine bouche... Qui veut goûter?

mercredi 20 juillet 2011

Lemurienland

Je ne vous en ai pas beaucoup parlé (peut-être parce que je n'ai quasiment rien écrit de l'année), mais c'est à une cohorte de latinistes assez sympa que j'ai fait mes adieux, en juin dernier. Adieu à Porcia-Pittbulla que j'ai entendue râler continuellement trois années durant (quand on a compris que ça tient de la posture, on finit par s'en amuser). Adieu à Mégolomania ("Moi, en tant qu'artiste"). Adieu à Sénèque, élève modèle, humble, à visage d'ange et à la voix de crécelle (un complexe dont il a fait le sujet de sa rédaction au brevet, dans ce qui a été, sans doute, le seul hors-sujet de sa vie). Adieu à Chérubin, autre gueule d'ange, presque aussi brillante, mais beaucoup plus friponne, qui prêta ingénument à Electre les propos suivants : "j'admirais les bijoux de mon père". Adieu à Théodule et sa coupe ratée. Adieu à JustinBieber, avec sa fausse décontraction, qui m'a mis plus d'une fois dans l'embarras lors des conseils de classe ("On n'a pas vraiment préparé le conseil avec monsieur Pitou G." - toi, je t'adore). Adieu à tous les autres : si vous lisiez ce blog, je me donnerais la peine de rendre hommage à chacun d'entre vous.

Je pense que je vais les regretter - ceux qui montent en 1ere division sont loin d'être aussi sympathiques. Pour adoucir la séparation, ils m'ont laissé une compilation (intitulée Lemurienland en hommage, paraît-il, à mon ravissant minois de lémurien) de mes plus mauvaises blagues, de toute évidence plus mémorables que l'ablatif absolu.
Pina Colada n'était pas satisfaite de sa récitation? "Tu pourras repasser, mais attention : ne fais pas de faux plis". Cette brillante saillie est passée à ce point inaperçue que j'ai dû m'esclaffer bruyamment pour obtenir la réaction attendue : des yeux ronds, des traits figés par l'incompréhension et une vague angoisse, la muette stupéfaction que l'on doit aux fous et peut-être un soupçon de pitié.

Je ne limite pas mes talents à l'art de la formule espiègle. Je pratique aussi l'humour maïeutique. Narcissa fut dans ce domaine ma disciple la plus zélée.
Narcissa : Ah m'sieur! J'ai vu votre reflet dans la vitre. Ça m'a fait peur!
Pitou G. : Tu devrais au contraire être totalement rassurée.
Narcissa : Pourquoi?
Pitou G. : Tu as la preuve irréfutable que je ne suis pas un vampire!
Narcissa : Je ne comprends pas.
Pitou G. : Tu ne sais donc pas reconnaître un vampire? Tu vis dangereusement, jeune fille!
Narcissa : Ils ne se reflètent pas dans les miroirs, c'est ça?
Pitou G. : C'est bien : tu connais tes classiques.
Narcissa : Mais comment font-ils pour se lisser les cheveux, le matin? (il est inconcevable aux yeux de Narcissa, qui dissimule une glace dans son agenda et se mire dans le couvercle de sa boîte de compas, qu'un être animé puisse se soustraire au jugement du miroir)
Pitou G. : Tu as vu la tête de Robert Pattinson? Tu crois vraiment qu'il prend la peine de se coiffer?


Et là encore, je vous ai épargné les plus affligeantes, le pompom revenant sans doute possible à celle que m'a inspirée l'inénarrable Saby Banana : "Vous savez pourquoi la Pythie mâchonnait des feuilles de laurier? Parce que la Pythie vient en mangeant". Un succès jamais démenti.

Je goûte un repos amplement mérité, ce qui n'est pas le cas de mon entourage qui doit endurer mes calembours à la place des mômes - mon homme est un saint.

Pitou G.

dimanche 17 juillet 2011

C'est cadeau

_ Regarde ce que Tempérance et Prudence m'ont offert pour me remercier des trois ans du club qu'on a passés ensemble! Une boîte de chocolats de chez Chocolatigny, et pas la plus petite! Et il y avait cette carte, en plus! (ouais, bah moi aussi, je les ai eues trois ans d'affilée, Tempérance et Prudence!)

_ Regarde ce que m'ont offert Tempérance, Prudence et Britannie pour me remercier du voyage en TransRhénanie : Une écharpe! Et il y avait une grosse boîte de bonbons avec. Tu en veux ? (ouais, bah moi aussi, je les ai accompagnées en TransRhénanie, les Tempérance, Prudence et Britannie!)

_ Regarde ce que les Gnomes C m'ont offert : un parapluie et un collier. Ils avaient décidé en tout début d'année qu'ils offriraient un cadeau à leur prof préféré. Et c'était moi! (ouais, bah c'est pour ça que je ne veux plus de gnomes)

Paradez tant que vous voudrez avec vos cadeaux! Moi, on m'a décerné le prix Nobel des blagues nulles. Et on a imprimé spécialement à mon intention deux photos ridicules de moi, dont une avec des couleurs baveuses ignobles, où je grimace de la moitié droite. Et la seconde (moi en tyrolienne, saisi au vol, avec casque de démineur et harnais top fashion; maudit voyage en TransRhénanie!) figurait dans un pot-pourri (où j'ai pu déceler la main d'au moins deux élèves différentes), obligeamment intitulé "Lemurienland" ("C'est trop vrai que vous avez une petite tête de lémurien, là-dessus"). Toute l'histoire de ma vie.

Pitou G.

lundi 11 juillet 2011

Xipe Totec

Je vous jure : j'ai cherché partout sur le Ternet une formule magique pour ressusciter les blogs. Apparemment, ça n'existe pas. Il va juste falloir que je retrousse mes manches et me remette au travail. J'en sue déjà.
Ça ne va pas être bien facile de refaire swinguer cette vieille carcasse de Montdepitous. Les derniers articles que j'ai tenté d'écrire ont fini en eau de boudin. Afin d'éviter que ce billet-ci connaisse le même sort que ses prédécesseurs avortés, on va se contenter de quelque chose de très simple. Un article à la bonne franquette. Un truc qui ne paie pas de mine, mais suffisant pour me redonner l'envie d'écrire et, pourquoi pas, s'il y a encore quelqu'un de l'autre côté de l'écran, vous redonner celle de nous lire. Prêts à renaître sans pompe, ni tralala?

Pour commencer en douceur, laissez-moi partager avec vous deux joies simples :
  • Tout le monde vous le dira, je suis nul en papiers cadeaux. Une vraie bille. J'ai pourtant trouvé mon maître en la personne du vendeur* (?) slovène** de notre libraire attitré. Il faut dire qu'on ne lui avait pas facilité la tâche : le cadeau à emballer avait une extravagante forme cubique.

Plaisir d'offrir,
Honte d'emballer


  • Ceux d'entre vous qui suivaient déjà nos chroniques amiéniennes se souviennent peut-être du lycée de Coucouville où j'ai oeuvré tant bien que mal (surtout que mal) quatre ans durant. Dans le lot, il y avait des gosses très bien, mais on ne va pas se mentir : dans l'ensemble, ce n'était pas trop des flèches. Eh bien, j'ai appris il y a quelques jours que Coucouville est officiellement devenu le lycée le plus nul de son académie (je ne sais pas dans quel classement ni en vertu de quels critères, mais je m'en fous! Vous ne voulez pas non plus que je vérifie mes sources***?). Et quand on connaît un peu l'Acadamiénie, on peut sans risque se risquer à ce raccourci : Mesdames et messieurs, j'ai l'honneur de vous apprendre que j'ai autrefois travaillé dans le lycée le plus branque de France (hélas, on n'y frappait ni la monnaie, ni les élèves).
À bientôt. Peut-être.

Pitou G.

* ou amant ou objet de décoration, ça reste une énigme
** ou croate ou hongrois ou petit malin faisant exprès de parler n'importe comment avec un accent improbable.
*** je ne suis pas journaliste, mais j'ai quand même une éthique : ni l'Express ni L'Etudiant ne corroborent les allégations de ma source anonyme. Ils n'y connaissent vraiment rien.

dimanche 15 mai 2011

Il reviendra-z-à-Pâques, mironton, mironton, mirontaine...

Il reviendra-z-à Pâques
Ou à la Trinité...

Faut-il résumer les nouvelles de nos vies trépidantes ou les réserver pour d'hypothétiques articles à venir? Les travaux du jardin m'ont accaparé plus que je n'aurais cru - si vous avez cliqué sur le bon lien vous aurez remarqué quelques changements avec la version béta:
Juin 2007, le jour de la 1ere visite.


Les terrasses sont finies, la plus grande s'orne même d'une pergola à store coulissant - promis, je mettrai des photos par grand soleil de toutes ces merveilles qui m'occupent tant. Si le temps est de la (garden) partie, notre fête de l'été aura un cadre plus soigné que l'an passé (et bien moins que l'an prochain - pour la suite, je ne sais pas car je n'aurai plus d'herbe à enlever pour ajouter des plantes). En effet, suite au décès de notre vieille tondeuse, j'ai renoncé à l'herbe qui grille lamentablement entre nos quatre murs (ne vous fiez pas à la photo, 2007 était une année humide, mauvaise pour les tomates mais super pour le gazon). J'ai donc profité du voyage scolaire de G. en Allemagne pour métamorphoser la partie ornementale du jardin. Puis durant les vacances, je me suis attaqué au fond du jardin: création d'une lasagna bed pour des fraisiers et doublement de la surface du potager. Je ne parle pas du trafic de plants de tomates (idéal pour s'attacher les bonnes grâces des collègues.) et des transplantations afférentes!
G. se consacre toujours au boulot (le sens du sacrifice et l'abnégation, qualités essentielles du bon fonctionnaire - je n'ironise même pas, ce sont des paroles institutionnelles) - d'autant que nous recevons cette semaine une collègue dans le cadre de l'échange avec l'Allemagne. Je pense qu'il reprendra ses habitudes d'écriture (enfin, une fois qu'il aura terminé les soixante copies de brevet blanc). De mon point de vue de tézédaire, l'année est finie. Un mince espoir d'obtenir un poste fixe subsiste, mais je préfère ne pas trop y croire et savourer la situation actuelle, somme toute très confortable. Comme je chante souvent "Que sera, sera..."

V.

dimanche 10 avril 2011

Vivons, sortons, Hémon

Ne vous inquiétez pas : je n'ai pas été rapatrié d'urgence de Transrhénanie. J'ai juste eu un peu pitié de mon homme : j'ai préparé ce billet d'avance et l'ai programmé pour alléger sa charge de travail - le potager ne va pas se planter tout seul!

Dans le message précédent, j'ai mentionné plusieurs sorties, mais je n'ai pas grillé toutes mes cartouches - soyons honnête : je n'ai pas tant de choses que ça à raconter, alors j'économise. Je vous avais laissé de côté une petite escapade parisienne : théâtre et musée sous un ciel splendide, avec troupeau de jeunes attachés à nos basques. Pas plus tard qu'hier, j'ai eu le loisir de découvrir quelques photos de l'expédition, notamment un cliché de toute beauté où j'apparais avec la mallette jaune de premiers secours (comprendre "pleine de morceaux de sucre et de protections intimes") que je n'ai pas lâchée de la journée. Je ne soupçonnais pas qu'elle me donnait un air aussi spirituel; ce fut un choc esthétique. La honte, c'est toujours meilleur avec un peu de recul.

En fait de choc esthétique, la représentation théâtrale vaut bien la valisette jaune. Dans l'exiguïté de la salle, le nez collé sur les acteurs, nos bambins ont bien pu prendre conscience de ce qu'est vraiment le spectacle vivant : ça parle, ça bouge, ça postillonne, ça fait grincer le parquet, ça se prend les pieds dans des sacs. Je n'irais pas jusqu'à dire que ça joue, mais c'est sans doute une question de point de vue. Le mien a d'ailleurs été assez original, puisque le groupuscule d'élèves que j'encadrais a pris place sur un genre de mezzanine, tout seul, au-dessus du gros de la meute et de quelques pèlerins indépendants. Voir une pièce en plongée, ce n'est pas désagréable, à condition d'avoir un peu de recul. Quand les acteurs disparaissent de votre champ de vision toutes les cinq minutes, c'est juste un peu agaçant, surtout au début, quand on ne sait pas trop si la pièce a commencé ou non.

Parce que le début était muet, bien sûr : une actrice passe derrière un cadre suspendu et fait le coup du mime Marceau derrière une vitre, avant de se lancer dans une pantomime un brin grotesque. L'espace de quelques minutes, j'ai eu une très grosse frayeur : j'ai flairé la naserie abyssale. Vous aussi, vous avez forcément connu ces moments où vous vous demandez instamment : "Mais que fous-je ici?" puis tout aussitôt :
"Qu’est-ce de l’homme donc qui tant est estimé,
Ce n’est rien puis que rien si léger ne nous semble,
Ou si c’est quelque chose il sera bien nommé
Vapeur, fleur, torrent, songe, ombre, et rien tout ensemble?*"

Je n'aurais pas dû m'alarmer si vite : c'était de la gentille naserie. Il a suffi qu'un petit soldat s'avance sur scène pour tout arranger. Et quand Hémon est apparu, tout sanglé dans son pantalon rouge sang, avec ses belles boucles châtain, j'ai pardonné les postures pompeuses et les tirades pédantesques. En fait, tout allait mieux dès qu'on cessait d'écouter - et ça tombait plutôt bien, vu que la musique nous empêchait d'entendre.

Un petit problème d'arithmétique maintenant : que faire quand vous avez huit rôles à jouer et seulement six acteurs disponibles? Vous misez sur l'illusion théâtrale : un foulard sur les épaules transforme une princesse en reine et, toujours plus fort, un torchon sur la tête et un manche à balai feront du plus beau prince un vieux devin aveugle; il suffit de vouloir y croire.

De toutes les qualités de la pièce, la brièveté n'est pas la moindre. Avant de passer au dialogue avec son public (la partie que j'appréhendais le plus, bien évidemment), l'acteur le plus bavard a remercié l'écoute de la plupart du public. Hémon a renchéri : "Sortir au beau milieu de la pièce, on nous l'avait encore jamais fait!" Du haut de ma mezzanine d'ivoire, d'où je voyais à peine la scène et pas du tout le reste du public, j'en ai déduit qu'un des spectateurs étrangers à notre groupe n'avait pas surmonté le choc du torchon et avait mis les voiles. Je me suis senti gonflé d'orgueil à l'idée que nos ouailles avaient été exemplaires - et j'ai aussitôt pardonné à Candia et Sauvageonne leurs ricanements nerveux. À ce moment-là, j'ai entendu s'élever la grosse voix bourrue, reconnaissable entre mille, de Mehmet : "Excusez-nous encore, m'sieur!" J'aurais dû m'en douter : il n'avait pas pu résister à l'appel de la clope...
J'ai appris après coup que Mehmet avait eu envie de vomir. Avant ça, un collègue avait dû sortir avec une autre élève qui avait fait un malaise. Il a ainsi eu le bonheur d'offrir un jus d'orange à ce qui est sans doute la gamine la plus muette de France. Mais soyez rassurés: il a pu voir la fin de la pièce avec un autre groupe la semaine suivante!

Pitou G.

* Jean Auvray (1580-1630)

jeudi 7 avril 2011

Reisen et sentiments

Il y a une étrange rumeur qui court à mon sujet et qui voudrait que je travaillasse dans un collège. Que nenni! Je bosse dans une agence de voyage. Il y a quelques semaines, nous avons déjà suivi les traces des Alliés sur nos plages et, demain, nous prendrons nous aussi le chemin transrhénan pour rencontrer nos cousins Germains - cette actualité brûlante me tiendra éloigné du blog pendant une semaine entière, mais je vous laisse entre les mains de mon Pitou V. (si vous voulez qu'il publie, je compte sur vous pour lui mettre un peu la pression - même si c'est moi qui serai au pays de la bière).

À la veille du départ, je me demande un peu pourquoi diantre je me suis embarqué sur cette galère. Bérénice, notre gentille organisatrice, cherchait des accompagnateurs. J'ai appris que le riant D1kerquois serait de la partie et, Maréva Galanter des temps modernes, je me suis dit :



La perspective de passer une semaine avec des collègues sympa loin d'Haquenée m'est soudainement apparue délicieuse. Je me voyais partager mon hébergement avec le D1kerquois, dans une saine ambiance de caserne. C'était avant que je n'apprisse que, comme les mômes, les adultes seraient tous logés dans des familles différentes. Circonstance cocasse : des quatre accompagnateurs, je serai le seul à ne pas être hébergé chez une collègue francophone. Mes années d'allemand ne m'ont jamais paru aussi loin et, là, offen, je flippe carrément ma race. Des mots teutons font aléatoirement irruption dans ma conscience au beau milieu de la nuit et je me réveille en sursaut, en criant Regenschirm! ou Wiedervereinigung! vestiges de mes études secondaires. J'ai douze heures de bus pour réviser, souhaitez-moi bien de la Glück!

Pitou G.

mardi 5 avril 2011

Qu'ouïr

Ça n'aura échappé à personne : c'est le printemps. Il fait beau, les oiseaux gazouillent et s'ébaubissent dans la gueule de Calim' (qui a un faible pour les bouvreuils : ça rebondit mieux sur le sol, quand on les smashe), la végétation est en pleine croissance; même les blogs que l'on croyait avoir crevé cet hiver bourgeonnent. Les hormones aussi frétillent. Il me fallait un sujet d'écriture de saison pour mes ados en pleine parade prénuptiale : ce fut une rencontre amoureuse.

C'était un sujet très politiquement correct, sans aucune forme de discrimination, sans aucune mention de couleur, de classe sociale, de sexe ou d'âge. D'ailleurs, les mômes ne s'y sont pas trompés et ont déployé des trésors d'imagination : coup de foudre entre une jeune oie blanche et un moucheur de cierges dans un théâtre sous Louis XIV, entre un négrier et une future esclave, entre une dessinatrice râleuse et un bel inconnu provocateur... Et même si la plupart des récits étaient bien ancrés dans le quotidien (eurostar, supermarché ou soirée picole), certains ont flirté avec la science-fiction.

Deux élèves un peu plus audacieuses ont mis en scène de jeunes garçons subjugués par un homme: un violoniste (la copie classe), et un individu tout bleu au nom bizarre qu'une requête google m'a permis d'identifier comme étant ça (la copie qui a failli basculer dans le porno-soft, avec torse puissant tendant à la craquer l'étoffe de la chemise):

Pour les incultes comme moi, ce monsieur est un Espada, mais il semble difficile à pêcher dans les mers tropicales ou tempérées. Aucune info n'a filtré sur la taille de son rostre.

Et bien contre toute attente, ces deux écrivaines gay-friendly se sont fait ravir la palme du queer par Sénèque, mon "il ne le sait pas encore" préféré*. La scène de rencontre, tout ce qu'il y a de plus hétéro, est tellement académique qu'elle en devient transgressive : dans un décor de bal très Vaubyessard, vraiment too much, un jeune garçon danse en silence avec une jeune femme qui ne sera jamais nommée et qui disparaîtra sans même un au-revoir. Effectivement, mon garçon, il va falloir songer à aller regarder ailleurs...

Pitou G.

*En relisant l'article en lien, je me demande où est-ce que je suis allé pêcher que Sénèque avait mué. Ça fait plusieurs mois que le pauvre garçon nous fait vivre un enfer phonique, dont il est la première victime, à chaque fois qu'il ne peut pas faire autrement que prendre la parole. Au secours.

dimanche 3 avril 2011

Nuoc-mâm

C'est un fait établi : je nourris de trop hautes ambitions professionnelles pour mes ouailles. Pour eux, je voulais le meilleur : un poisson d'avril d'exception. Celui de l'année dernière avait été tout pourri, je devais redorer mon blason de pauvre pécheur. Las! L'expérience a tourné au nuoc-mâm, malgré une étonnante prestation scénique de votre serviteur.

La première difficulté était de trouver un prétexte potable pour interrompre un travail lancé la séance précédente. Comme je devais leur rendre une évaluation, j'ai pris mon air le plus catastrophé, à mi-chemin entre l'exaspération et la désolation (la figure 938-b de l'actor's studio : "l'abacement"*) : leurs copies étaient tout bonnement consternantes; je n'avais jamais vu ça en quatre siècles de carrière! Si ce petit numéro passait sans susciter les soupçons des 50% d'élèves ayant eu 16 ou plus, tout le reste ne serait que roupie de sansonnet.

Devant l'étendue des dégâts, dans ma munificence, j'avais préparé pour eux un petit exercice de traduction, beaucoup plus facile que celui du devoir - l'occasion pour eux de réparer les pots cassés. Evidemment, le texte était bidon, je l'avais inventé la veille en toute hâte, avant d'aller fêter l'anniversaire d'une copine :

Voilà le scénario pédagoguique tel que je l'avais imaginé : la première phrase, facile et sensée, devait les mettre en confiance. À la deuxième, je devais entendre quelques rires étouffés, quelque chose d'encore incertain, ou alors une réaction de dégoût assez marqué. À la troisième, plus de doute : tout le monde pouffait et on passait à la suite. La collègue occupant la salle voisine était prévenue; tapie contre sa porte, elle guettait l'hilarité générale. Tout était prêt pour le four le plus complet. À côté de moi, Titoff et Patrick Bosso sont des géants du rire, honte sur moi : pour un poisson d'avril, il n'y avait pas vraiment de quoi se marée.

Ce que je n'avais pas prévu, c'est que mes latins d'eau douce rameraient autant pour traduire le texte de mon canular. Devant leur insoupçonnable aptitude à se contrefoutre des règles élémentaires de la grammaire, à choisir systématiquement le mauvais mot dans le dictionnaire ou à opter pour son sens le plus tartignole (parce qu'évidemment, je passais dans les rangs pour lorgner leurs copies), j'ai fini par leur donner des astuces, en pure perte.
Les moins courageux ont tout simplement laissé tomber, ont longuement soupiré et se sont pris la tête entre les mains en me maudissant ("Mais c'est vachement plus dur à traduire que dans le devoir!"). Ce n'était pas vraiment drôle de voir leur expression se décomposer, mais, d'une certaine façon, ils ont mordu à l'hameçon... Les plus débrouillards sont arrivés au bout du texte mais, à ma grande stupéfaction, ils ont pu écrire ce genre de choses :
(cliquez et petit poisson deviendra grand)
ou
(bon, c'est pas tout à fait ça, mais y pire, Anna)

sans se dire à aucun moment qu'il y avait anguille sous roche... J'en reste muet comme une carpe.

J'ai fini par ramasser mon filet, en pestant et en affectant un air préoccupé. Le Pseudo Facetus (non mais, rien que ce nom!), auteur de l'antiquité tardive, c'était vraiment un cadeau que je leur faisais. Et puis le De Ludibrio ("De la blague"), c'est quand même un classique! Là, je n'ai pas pu m'empêcher de rire, mais je crois que c'est passé pour une réaction hystérique. Ils ne sont plus à ça près.

J'ai repris le mot à mot avec eux. À la dernière phrase : "Ce qu'il appréciait le plus, le premier avril, c'était les petits poissons", certains ont ri, d'autres ont compris à contretemps. C'était vraiment très étrange : c'était plus du soulagement que de l'amusement, beaucoup d'excitation, une brusque retombée de nerfs (même si certains croyaient encore qu'ils seraient notés) qui ne voulait pas passer. Inutile de vous dire qu'il a été bien difficile de les remettre au (vrai) travail après ça.

Que le poisson d'avril ait bu la tasse, ce n'est pas bien grave. Il n'en pèche : voir mes alevins patauger à ce point, ça ne m'a pas du tout rassuré sur le niveau d'eau.

G.

*Marque déposée. Il faut tout le talent d'une Sandra Bullock pour rendre ce mélange d'agacement et d'abattement.

dimanche 27 mars 2011

Retour printanier

C'est entendu, nous avons honte.
Mais tout de même, nous n'avons pas perdu notre temps!
Le mois de février a filé sans demander son reste, nous emmenant prestement à notre nouveau rendez-vous annuel des vacances d'hiver: la thalassothérapie. Pour cette seconde cure, nous avions choisi l'Île de Ré. L'appareil photo ayant été régulièrement oublié lors des visites les plus sympathiques, il faudra vous contenter de ces quelques vues de l'hôtel. Les soins nous ont globalement moins plu, mais la chambre était charmante et surtout la cuisine excellente.
Faute d'un article plus poussé sur les mérites comparatifs des deux centres visités (la comparaison nous a tenus toute la semaine, mais il faudrait attendre d'en avoir visité plusieurs - n'ayez crainte, nous ferons ce sacrifice pour vous), nous nous contenterons de dire que tout cela fait beaucoup de bien!

Nous avons ensuite poussé jusqu'en Midi-Pyrénées, pour quelques jours dans le Gers, avec une balade à Toulouse - pour des normands, quelle étrangeté de se trouver en t-shirt dehors l'après-midi début mars! l'émerveillement s'est un peu dissipé quand au retour nous avons appris que le temps avait été radieux également sous nos cieux septentrionaux!
De retour à la maison, l'appel du jardin s'est fait sentir - il était temps de s'y mettre après l'hiver. Au programme cette année, l'optimisation du potager: plus de variétés et surtout des modes de culture originaux: pomme de terre en tour (dans des pots) et culture en lasagnes pour la plate-bande des tomates (teasing d'enfer - mais en quoi cela peut-il consister?).
Et surtout, le grand projet du printemps: j'en rêvais depuis longtemps et D., un gentil voisin et ami s'est dévoué pour m'aider à devenir poseur de terrasse. Finalement, je me suis pris au jeu, c'est assez plaisant de travailler le bois et de voir se monter l'ensemble (assez rapidement, la structure ayant été faite dans la journée). La pluie de ce dimanche nous coupe dans notre élan mais vous verrez prochainement le résultat final - du moins la première tranche, car j'ai prévu de faire dans un second temps une deuxième petite terrasse intime avec pergola (là où se trouve D., qui n'est donc pas un Pitou)... Affaire à suivre!

V.