À la toute fin de juin, il règne dans les rues une décontraction enjouée. Même à 22H00 - l’horaire fera sourire les habitants de vraies villes - on entend encore brailler dans nos rues notre belle jeunesse normande délivrée (pas forcément officiellement) de ses obligations scolaires. D’habitude, on râle un peu pour la forme mais on n'y accorde pas trop d’attention. Il faut dire qu’on habite à deux pas du Fiesta Cubana : on s’est un peu accoutumés aux poivrots criailleurs (hélas, plutôt cri-ici).
Je ne sais pas trop pourquoi ce groupe de jeunes m’a intrigué, mais j’ai risqué un regard à travers les persiennes au moment où l’un d’entre eux, en passant devant chez nous, a beuglé mon nom d’un air (faussement?) dépité, avant d’ajouter : “Salaud, Pitou V. : tu m’as piqué mon mec”. Et un de ses camarades de conclure d’un fataliste “Ah, les pédés!”, sans qu’on sache trop s’il parlait de nous ou cherchait à excuser la conduite de son ami (style : “Ah (soupir) les pédés sont d’incurables romantiques qui hurlent au clair de la lune leurs déconvenues amoureuses").
Bien sûr, ce n’est pas très agréable d’entendre crier son nom sur la voie publique, surtout dans ces conditions. Mais je ne saurais vous dire si j’ai ressenti plus de gêne que d’amusement. Je ne peux pas dire que j’aie été indifférent, puisque j’ai assurément ressenti quelque chose. Quoi, au juste? Je me suis senti une grande indulgence pour cette moquerie facile d’un ancien élève non identifié (Catul?) - c’est bête, je venais d’enlever mes lentilles. Grand naïf, je me dis qu’on ne trouve pas l’audace de se donner en spectacle, même par jeu, sans aucune sincérité; ne serait-ce que parce que cette idée saugrenue lui a traversé l’esprit. Je ne dis pas que ce garçon ait exprimé un authentique dépit amoureux. Qu’il ait été jaloux de voir que d’autres vivent sans se conformer à un modèle dominant dont il ne parvient pas encore, lui, à se libérer, c’est en revanche bien possible. Toute hostilité ostensible dissimule mal les tensions qui agitent l’individu. Je ne prétends pas que tous les homophobes soient des homos refoulés, mais ceux que l’on entend le sont, c’est fort probable- sauf peut-être les fanatiques persuadés d’incarner une autorité morale.
Finalement, c’est une vague de sympathie que j’ai ressentie pour ce garçon qui finira, je l’espère pour lui, par vivre sa vie.
Pitou G.
Je ne sais pas trop pourquoi ce groupe de jeunes m’a intrigué, mais j’ai risqué un regard à travers les persiennes au moment où l’un d’entre eux, en passant devant chez nous, a beuglé mon nom d’un air (faussement?) dépité, avant d’ajouter : “Salaud, Pitou V. : tu m’as piqué mon mec”. Et un de ses camarades de conclure d’un fataliste “Ah, les pédés!”, sans qu’on sache trop s’il parlait de nous ou cherchait à excuser la conduite de son ami (style : “Ah (soupir) les pédés sont d’incurables romantiques qui hurlent au clair de la lune leurs déconvenues amoureuses").
Bien sûr, ce n’est pas très agréable d’entendre crier son nom sur la voie publique, surtout dans ces conditions. Mais je ne saurais vous dire si j’ai ressenti plus de gêne que d’amusement. Je ne peux pas dire que j’aie été indifférent, puisque j’ai assurément ressenti quelque chose. Quoi, au juste? Je me suis senti une grande indulgence pour cette moquerie facile d’un ancien élève non identifié (Catul?) - c’est bête, je venais d’enlever mes lentilles. Grand naïf, je me dis qu’on ne trouve pas l’audace de se donner en spectacle, même par jeu, sans aucune sincérité; ne serait-ce que parce que cette idée saugrenue lui a traversé l’esprit. Je ne dis pas que ce garçon ait exprimé un authentique dépit amoureux. Qu’il ait été jaloux de voir que d’autres vivent sans se conformer à un modèle dominant dont il ne parvient pas encore, lui, à se libérer, c’est en revanche bien possible. Toute hostilité ostensible dissimule mal les tensions qui agitent l’individu. Je ne prétends pas que tous les homophobes soient des homos refoulés, mais ceux que l’on entend le sont, c’est fort probable- sauf peut-être les fanatiques persuadés d’incarner une autorité morale.
Finalement, c’est une vague de sympathie que j’ai ressentie pour ce garçon qui finira, je l’espère pour lui, par vivre sa vie.
Pitou G.
1 commentaire:
vu que je lis tout à reculon, (jai du retard !) je me demande pourquoi tu n'as pas demandé à ton autostoppeur Catul, pendant la pause doublepi de ton homme, si c'était lui le crieur de ce post?
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