Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mercredi 20 juillet 2011

Lemurienland

Je ne vous en ai pas beaucoup parlé (peut-être parce que je n'ai quasiment rien écrit de l'année), mais c'est à une cohorte de latinistes assez sympa que j'ai fait mes adieux, en juin dernier. Adieu à Porcia-Pittbulla que j'ai entendue râler continuellement trois années durant (quand on a compris que ça tient de la posture, on finit par s'en amuser). Adieu à Mégolomania ("Moi, en tant qu'artiste"). Adieu à Sénèque, élève modèle, humble, à visage d'ange et à la voix de crécelle (un complexe dont il a fait le sujet de sa rédaction au brevet, dans ce qui a été, sans doute, le seul hors-sujet de sa vie). Adieu à Chérubin, autre gueule d'ange, presque aussi brillante, mais beaucoup plus friponne, qui prêta ingénument à Electre les propos suivants : "j'admirais les bijoux de mon père". Adieu à Théodule et sa coupe ratée. Adieu à JustinBieber, avec sa fausse décontraction, qui m'a mis plus d'une fois dans l'embarras lors des conseils de classe ("On n'a pas vraiment préparé le conseil avec monsieur Pitou G." - toi, je t'adore). Adieu à tous les autres : si vous lisiez ce blog, je me donnerais la peine de rendre hommage à chacun d'entre vous.

Je pense que je vais les regretter - ceux qui montent en 1ere division sont loin d'être aussi sympathiques. Pour adoucir la séparation, ils m'ont laissé une compilation (intitulée Lemurienland en hommage, paraît-il, à mon ravissant minois de lémurien) de mes plus mauvaises blagues, de toute évidence plus mémorables que l'ablatif absolu.
Pina Colada n'était pas satisfaite de sa récitation? "Tu pourras repasser, mais attention : ne fais pas de faux plis". Cette brillante saillie est passée à ce point inaperçue que j'ai dû m'esclaffer bruyamment pour obtenir la réaction attendue : des yeux ronds, des traits figés par l'incompréhension et une vague angoisse, la muette stupéfaction que l'on doit aux fous et peut-être un soupçon de pitié.

Je ne limite pas mes talents à l'art de la formule espiègle. Je pratique aussi l'humour maïeutique. Narcissa fut dans ce domaine ma disciple la plus zélée.
Narcissa : Ah m'sieur! J'ai vu votre reflet dans la vitre. Ça m'a fait peur!
Pitou G. : Tu devrais au contraire être totalement rassurée.
Narcissa : Pourquoi?
Pitou G. : Tu as la preuve irréfutable que je ne suis pas un vampire!
Narcissa : Je ne comprends pas.
Pitou G. : Tu ne sais donc pas reconnaître un vampire? Tu vis dangereusement, jeune fille!
Narcissa : Ils ne se reflètent pas dans les miroirs, c'est ça?
Pitou G. : C'est bien : tu connais tes classiques.
Narcissa : Mais comment font-ils pour se lisser les cheveux, le matin? (il est inconcevable aux yeux de Narcissa, qui dissimule une glace dans son agenda et se mire dans le couvercle de sa boîte de compas, qu'un être animé puisse se soustraire au jugement du miroir)
Pitou G. : Tu as vu la tête de Robert Pattinson? Tu crois vraiment qu'il prend la peine de se coiffer?


Et là encore, je vous ai épargné les plus affligeantes, le pompom revenant sans doute possible à celle que m'a inspirée l'inénarrable Saby Banana : "Vous savez pourquoi la Pythie mâchonnait des feuilles de laurier? Parce que la Pythie vient en mangeant". Un succès jamais démenti.

Je goûte un repos amplement mérité, ce qui n'est pas le cas de mon entourage qui doit endurer mes calembours à la place des mômes - mon homme est un saint.

Pitou G.

3 commentaires:

MamyS a dit…

Bon courage à Pitou V donc, et bonnes vacances à vous 2!

Madame Patate a dit…

La Pythie vient en mangeant ?
Mais sérieux, le prof qui me sort ça, moi je le suis toute l'année avec des yeux de merlan frit et j'écris des demandes en mariage dans la marge de mes cahiers !

Roseline de B. a dit…

Aaaah on sent de la nostalgie dans ces adieux... qui sait à quelle sauce tu seras mangé avec tes prochaines ouailles....

Gros bibis