Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mercredi 19 novembre 2008

Le terrain rouge

S'installer dans la bourgade qui vous a vu grandir (d'ailleurs, tous à vos magnéto : vendredi midi, l'inégalable JP Pernaut vous emmène voir les illuminations de Noël chez nous - ils vont être déçus, les téléspectateurs : rien n'est allumé!), c'est une curieuse aventure mémorielle. C'est une invitation a reconsidérer votre rapport au temps. Et encore, je n'ai pas encore récupéré en classe les enfants de mes anciens camarades (même si Dom n'hésite pas à me taxer de sénilité sous prétexte que je me souviens de vieilles pubs pour Canada Dry).

Ma dernière confrontation avec mon passé fut assez brutale. Je suis retourné dans mon ancienne école primaire. Le truc un peu traumatisant, celui qui vous fait sentir combien vos cheveux ont blanchi et combien les ans pèsent sur vos épaules, c'est que ce n'est justement plus une école. Cette pépinière à génies, cette nurserie d'esprits avant-gardistes a été réaménagée en centre de ressources pédagogiques; comprenez : en bibliothèque pour profs... Quelle déchéance!

J'étais passé quelquefois devant, dans le quartier le plus prestigieux de la ville (genre j'ai appris à lire à Beverly Hills), sans trop la reconnaître. Comme le parc attenant a été entièrement repaysagé suite à la tempête de 1999 (le siècle dernier, souvenez-vous : les guerres mondiales, le Titanic et le Canada Dry...), ça ne m'a pas aidé à retrouver mes repères d'écolier. La semaine dernière, j'en ai franchi le seuil...
Le premier choc, c'est qu'à l'époque, tout me semblait grand. J'avais l'impression de faire des km pour aller au gymnase. En fait, qu'il s'agisse des bâtiments ou des espaces extérieurs, l'ensemble m'évoque une maison de poupée.
Autre choc : ils ont transformé notre "terrain rouge", là où on faisait du patins à roulettes (pas du roller, hein, mais du bon vieux patin des familles) et où j'attendais patiemment d'être le dernier choisi pour jouer à la balle au prisonnier, en parking! Sacrilège!

Pour bien comprendre toute l'étendue du choc, vous devez savoir que ce bâtiment, c'est pour nous qu'on l'avait construit : c'est ma génération qui l'a inauguré. Mon CP et mon CE1, c'est dans des préfabriqués que je les ai passés (j'ai appris à lire avec Laura Ingalls). En CE2, pendant les travaux, nous avons dû nous exiler dans une petite salle de l'école normale (ce qu'on appelle IUFM depuis qu'on est sorti de l'Âge de bronze) voisine (c'était une école d'application). Mais mes deux dernières années de primaire, celles dont je garde évidemment le souvenir le plus net, c'est dans ces locaux flambant neufs que j'en ai profité. Mais aujourd'hui, ils servent à entasser des manuels et de la prose didactique. Ça manque un peu de vie., et pourtant l'endroit a gardé un peu de son odeur de neuf. Comme quoi, en vingt ans, une école peut vivre et mourir...

Pitou G

4 commentaires:

Guilitti a dit…

moi, gràace à google earth, j'ai vu mon école primaire aussi.. ridiculement proche du gymnase et de ma maison... on devrait aps grandir..

Alcib a dit…

Les quatre écoles que j'ai fréquentées, de 6 à 15 ans, n'existent plus depuis bien longtemps :o(

MamyS a dit…

Le temps passe... Un des appartements où j'ai vécu enfant a été transformé en halte-garderie et des quantités de véhicules de toutes sortes roulent là où se situait un autre appartement de ma prime jeunesse (au siècle dernier et même avant Canada Dry... c'est dire si c'est vieux!)
Désormais j'applique le conseil : ne jamais revenir sur les lieux du crime. Mon seul crime, et le tien, (gniark! gniark! gniark!) c'est d'avoir vieilli.

Les Pitous a dit…

Guilitti=> On devrait pas grandir... À qui le dis-tu! Notre ville a appliqué cette maxime à la lettre (et c'est pour ça que je n'ai pas besoin de google earth pour aller voir à pied mon ancienne école).

Alcib=> Elles n'ont même pas été réhabilitées en bibliothèques, en parkings ou en hypermarchés? Quelle tristesse!

MamyS=> Bienvenue parmi les commentateurs (de plus en plus rares, merci bien pour les renforts!). Cela ne me fait même plus un pincement au coeur quand je passe près d'un de mes anciens appartements (c'est rare, parce qu'ils sont loin). C'est peut-être le crime que nous commettons en grandissant : nous endurcir!