Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

samedi 28 février 2009

Grand prix de Diane

Voici les résultats. Le choix n'a pas toujours été facile, vu que Pitou V et moi n'avons pas toujours le même humour... Le coup des ex aequo, ça fausse un peu les résultats, mais c'était difficile à éviter (et encore, j'ai quelquefois été tenté de pousser jusqu'à trois gagnants...).
Merci à Ashley de m'avoir appris le test du nichon, à MAB de m'avoir rappelé mon imitation de Pocahontas dans les couloirs du Lycée Infini, à Pétronille d'avoir parfait ma connaissance de la divine Amanda et à MamyS de nous avoir rendu cet hommage plein de tendresse.
Après vous avoir lu, ma propre imagination est tombée en panne sèche. J'ai essayé d'être à la hauteur :

1)Légende gagnante : Diana possédée par Chantal Goya: "Viendez les enfants ! Viendeeez !!!" (Ulysse)

Notre contribution : Sur le quai de la gare, la fiancée de Dracula fait coucou à tous les trains qui passent.

2)Légendes gagnantes ex aequo : Diana tente un lifting "maison". Comme quoi, un lifting c'est toujours pire après... (Ulysse)
Nous sommes dimanche, tous les magasins sont fermés et Diana vient de réaliser qu'elle a oublié de racheter des tamp*x à Champion la dernière fois. Et du beurre aussi mais c'est moins urgent. (Ashley)

Notre contribution : Diana's Horror Picture Show (pas très inspiré)

3)Légendes gagnantes ex aequo : Diana est contente : elle s'est fait un nouvel ami lampadaire (Timy)
Dieu merci, Diana se souvient qu'elle a une moon cup (Ashley)

Notre contribution : "Tornade tropicale : les habitants de Dante's Cove contraints de se cramponner aux réverbères"

4)Légende gagnante : Diana et Greg ont du mal à se trouver mais ils se sont planté d'heure et de lieu et ça les énerve (ça m'énerverait aussi) (surtout que si ce con de Greg tournait la tête il la verrait sa pouffe) (Sixtine)

Notre contribution : "Eh chéri! y a encore la voisine qui se prend pour Cléopâtre!"

5)Légende gagnante : Diana se cache car elle a peur que son personnage soit joué par une autre actrice dans la saison 4 et qu'on fasse comme si de rien n'était ! (Timy)

Notre contribution : "Pardonne-moi! je n'aurais jamais dû confondre engrais et désherbant!"

6)Légende gagnante : Diana pose pour la catalogue Daxon. (MAB)

Notre contribution : Diana enfourche un motard une moto :
"Accroche-toi poulette
_ Comme ça, ça ira?"

7)Légendes gagnantes ex aequo : Après le jeu tout en retenue de la diva Tracy Scoggins, découvrez une magnifique actrice qui vomit ses tripes au profit d'une dramaturgie profonde et émouvante: Thea Gill (Ulysse)
Diana joue a "imite moi une poupée gonflable" (Timy)

Notre contribution : "J'arriverai jamais à avaler tout ça"

8)Légende gagnante : Diana, femme de goût, commence à en avoir marre de porter la même tenue assez moche depuis le début, alors elle hurle après son habilleuse, sans voir ce qui se passe derrière elle (aucun intérêt, avec des fringues pareilles) (Sixtine)

Notre contribution : Notre reportage exclusif chez les adorateurs de cloisons

9)Légende gagnante : Diana danse une valse avec Passe-Partout (Taphanie)

Notre contribution : "C'est la dernière fois que je vais voir cet ostéopathe!"

Ce qui nous donne le podium suivant :
1) Timy et Ulysse : 3 (une telle connaissance de la série, ça aide...)
2) Ashley et Sixtine : 2 (Ashley, on sent bien que tu es à fond dans Le Coeur a ses raisons!)
3)MAB et Taphanie : 1

Je propose une bataille de trisme pour départager les deux gagnants. on pourrait organiser ça le soir du solstice de la Balance, qu'en dites-vous?

vendredi 27 février 2009

Il est trisme et dentelle's Cove

Oubliez tout ce que vous savez sur les séries télévisées : toutes ces bêtises de personnages principaux, d'unité de lieu et de vraisemblance. Tout ça, c'est très surfait, très vieux jeu. C'est de la fable! Pourquoi pas de la cohérence, tant que vous y êtes? Oubliez tout ça, vous-dis-je, avec l'ultime saison de Dante's Cove (pour ceux qui ne connaissent pas du tout la série, je vous conseille de commencer par là).

Sorciana jardine de la drogue avec des messieurs tout nus.
C'est Pierre et Gilles chez Silence ça pousse.

Vous vous souvenez peut-être que de la saison 1 à la saison 2, l'hôtel avait changé du tout au tout et que Sorciana essayait de nous faire gober qu'ils avaient juste passé un coup de peinture. Dans la saison 3, on redéménage : la résidence de nos héros a un look de cahute dans les arbres, mais avec jacuzzi. Attention, cette fois, on a une vraie explication : l'hôtel Dante a été emporté par un Tsunami!

Avec toutes ces histoires de magie vaudoue, on s'imaginait que Dante's Cove était une île des Caraïbes. Scoop : ravagée par un raz-de-marée, elle a probablement flotté jusque dans le Pacifique Sud. Observez que la devise Solum alio expectata qui ne veut rien dire est opportunément ensablée (ils ont engagé un consultant latiniste - non, non, je n'ai rien à voir là-dedans).

Avis aux âmes sensibles, Van l'apprentie sorcière au grand coeur a trouvé la mort dans la catastrophe. Mine de rien, avec ses seaux, ses balais et ses croûtes, elle s'était imposée comme la grande gagnante de la saison précédente. Du coup, Sorciana se sent bien seule.

Mais qui va passer le balai, maintenant? Avant y avait Van


Ne comptez pas trop sur moi pour faire un compte-rendu trop précis de cette saison de Dante's Cove; d'abord, parce que c'est du grand n'importe quoi; ensuite parce que nous sommes vite tombés à court de sous-titres. On pourrait penser que ça n'a pas tellement d'importance, que des fesses toute nues, on les comprendrait même en coréen et que les personnages féminins sont si expressifs que point n'est besoin de savoir ce qu'ils disent :

Devenue trisomique du trisme, Sorciana a heureusement bien d'autres ressources.

Mais quand tout le monde cherche à mordre tout le monde, on regrette de ne pas être bilingue. L'idée vient toutefois de m'effleurer que même un anglophone sain d'esprit ne peut pas comprendre l'enchaînement des péripéties. Ça n'a tout bonnement aucun sens.

Ma petite copine a été mordue par un loup-garou caché dans l'armoire! Heureusement que je me balade toujours avec un bandana inutile autour du bras : je vais pouvoir lui faire un loup-garrot!


Quand j'étais vraiment trop largué, j'appuyais sur pause et je demandais à V. de me faire un petit résumé. Quand c'était Sorciana ou Tobby qui parlaient, je comprenais bien : Sorciana, elle a un accent très classe et elle détache bien consciencieusement les mots. Mais l'autre bourin d'Ambrosius a de la purée dans la bouche. Heureusement, j'ai tout bien compris les moments importants :

Combat de feeeeeeeemmmes!

Tracy Scoggins, dans son jeu tout en retenue, est ici plaquée au sol par sa soeur Diana qu'on ne vous présente plus. Toutes les deux en panne de trisme, elles se jettent des trucs et se tirent les cheveux. Ça manque un peu de boue, je trouve.

Cette saison, les personnages sont pleins de surprises : la barmaid-monitrice de plongée s'avère être une biologiste qui se réveille la nuit pour regarder au microscope l'évolution des courants marins (!), dans la cave du bar de la plage.
Le patron du-dit bar était auparavant un type psychorigide - c'est à peine s'il culbutait le bricolo-sexy sur une table de cuisine - et qui ne comprenait pas grand chose au monde qui l'entourait; il s'est réveillé un beau matin expert en sorcellerie (et le beau matin suivant, il s'est réveillé en pièces détachées sur la plage).
Quant à Caveûne... Caveûne, je ne comprends fichtre rien à ce qu'il fait : il veut quitter Ambrosius qui le tient en son pouvoir, lui envoie en douce de maléfiques sortilèges mais ne veut pas lui faire de mal. Et quand l'autre décide de lui laisser plus de liberté, il lui envoie une grosse boule de feu dans le ventre. Pas fou, Tobby, son amoureux autrefois transi, a décidé de se consoler dans les bras de son pote hétéro (!). Hélas, ce dernier est avalé par un placard satanique.


"Au secours, je suis attaqué par une chemise folle!"
Tobby s'en sortira, mais pour Adam, c'est déjà trop tard.


Il y a aussi de nouveaux personnages :
  • Trevor qui fait comme s'il avait toujours été là (alors que non, c'est la première qu'on se voit, enchanté, tu peux enfiler un t-shirt, si tu veux). Il est très à l'aise avec Sorciana, sa proprio, et n'hésite pas à inviter chez elle quelques incon-nus.
Sorciana, classe en toute circonstance, dans une situation qui se reproduira beaucoup cette saison : le défilé de mannequeues. Il est évident que les hommes qui s'éloignent ont, quoique nus, endossé un rôle clé : ils sortent d'un jacuzzi (on les voit aussi longuement, de face, descendre un escalier).
  • Griffin, un nouveau maître du trisme plutôt branché tantrisme, venu confisquer ses pouvoirs à Diana, vilaine fille, et qui enseigne à Ambrosius une technique radicale pour faire le plein d'énergie :

Enchanté de vous connaître, Sorciana. Je suis Griffin, et je suis venu sauter tout ce qui bouge sur cette île. Laissez-moi vous laver les cheveux pleins d'algues et de mousse avec ma longue langue.

Bro a découvert qu'on pouvait recharger ses batteries de trisme en touchant des bonshommes tout nus (et c'est heureux pour le quota nouille à l'air).

  • Parmi les nouveaux personnages, il ne faudrait surtout pas oublier les anciens. J'ai l'air de me contredire? Arrêtez de vous cramponner désespérément à la logique! Vous croyez vraiment que la fine équipe qui a réalisé le casting, rongée par les scrupules, peine à trouver le sommeil?
"Eh Roger, la fille qui frottait les seins de Van l'an dernier refuse de reprendre son rôle. On fait quoi?
_ On en prend une autre. Pas la peine qu'elle lui ressemble : on aura qu'à dire que c'est parce qu'elle est possédée par un démon!"
Le fidèle de Dante's Cove ne sera pas trop désorienté en accueillant cette nouvelle Michelle : on nous avait déjà fait ce coup-là dans la saison 2.

Tu as changé... Les scénaristes ne manquent décidément pas d'autodérision : entre les deux saisons, on a recruté une nouvelle actrice pour interpréter Michelle, la suicidée ressuscitée (la première est peut-être vraiment restée au fond de la mer... auquel cas son honneur est sauf : le rôle de Michelle dans la saison 3 est tartignolissime)


Permettez-moi de vous épargner le fastidieux récit de rebondissements chronologiquement incohérents (cela va sans dire), pour en arriver au point d'orgue de la saison. Philippe de Champaigne n'aurait pas peint plus jolie scène :

"Le livre dit qu'on a besoin d'une vierge et de deux maîtres du Trisme. On est sauvés!
_...
_ Ne me dites pas que... 'Tain, Sorciana! Tu avais attendu cent soixante ans, tu ne pouvais pas te retenir encore un peu! Allez donc trouver une vierge à Dante's Cove!"
En dépit du bon sens, ceci est la traduction authentique de ce dialogue...

Bonus : vous vous demandiez peut-être ce que Sorciana faisait avec des algues dans les cheveux sur la moitié des photos. Apprenez donc que, pour une raison qui échappe à ma sagacité, la grande prêtresse a séjourné sur une comète suite au bouquet final de la saison 2. Pour un moyen qui m'échappe tout autant, elle est revenue pile pour le premier épisode. L'atterrissage fut rude comme en attestent ces images exclusives :


Pitou G.

jeudi 26 février 2009

Maudit du vidéoprojecteur

Je prise les reprises pleines de surprises.

Dimanche soir, j'hésitai à voler à mon chat une gélule anti-stress.

Lundi matin, je me rendis en apnée jusqu'à ma salle.

Lundi midi, je me réjouis d'une rentrée sans heurt et me tançai mentalement : "C'était bien la peine d'appréhender, grand benêt" (j'ai toujours des mots doux pour moi-même). Jusque là, rien que de très classique.

Lundi 16 heures, je décidai de clore cette belle journée en convoquant tout l'aréopage des nouvelles technologies : ordinateur, vidéoprojecteur, feutre vélléda (vous vous attendiez à quoi? à un tableau numérique? z'avez une bien belle idée de l'état de notre équipement!). Passant d'un extrême à l'autre, plein d'une confiance téméraire, je renonce à photocopier les documents - de toute façon, ça passait mal à la photocopieuse. "Il verront mieux le document videopochtré vipéotochtré vidéotrochté sur le tableau blanc".

Et je savais ce que je disais : j'avais, le matin même, utilisé tout le tintouin avec grand succès. Dorénavant, appelez-moi Blanche-Neige.

Pendant la récréation, je branche mon installation et constate avec effroi que le videomachin, nonobstant les merveilles qu'affiche l'ordi, me balance un foutu écran bleu.

De l'éternel azur la sereine ironie
Accable, belle indolemment comme les fleurs,
Le poëte impuissant qui maudit son génie

À travers un désert stérile de Douleurs
*.

Refusant de céder à l'impatience (mais tudieu, y marchait c'bouzigue, c'matin!), je mitraille vainement la touche F3 avant de redémarrer les bêtes. Mais peste soit du butor, le vidéobidule persiste. Encore du bleu, du bleu partout. Chameau. Evidemment c'est ce moment que choisit la sonnerie.

Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde
Avec l'intensité d'un remords atterrant,

Mon âme vide. Où fuir? Et quelle nuit hagarde

Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant?


Je cours chercher un autre ordi, des fois que ça soit lui le coupable, et revient haletant accueillir mes poètes. Je réinstalle mon bazar à la hâte, bloquant l'ordinateur de secours. Je meuble le début du cours comme je le peux :

Car j'y veux, puisque enfin ma cervelle, vidée
Comme le pot de fard gisant au pied d'un mur,

N'a plus l'art d'attifer la sanglotante idée,

Lugubrement bâiller vers un trépas obscur...

De temps à autre, mes poètes, tout pleins de compassion, me voient revenir vers l'ordi, bidouiller des câbles sans trop y croire. Mais

En vain! l'Azur triomphe, et je l'entends qui chante
Dans les cloches. Mon âme, il se fait voix pour plus
Nous faire peur avec sa victoire méchante,

Et du métal vivant sort en bleus angelus!


Vient le moment où je ne peux plus différer : il faut que je passe à l'étude du document prévu, un bouclier votif (oui, tout ça pour ça). Je demande à Properce de s'approcher de l'écran et de lire à haute voix, pendant que j'écris sous sa dictée, éclairé d'un invincible azur :

Il roule par la brume, ancien et traverse
Ta native agonie ainsi qu'un glaive sûr;

Où fuir dans la révolte inutile et perverse?

Je suis hanté.
L'Azur! l'Azur! l'Azur! l'Azur!

Et Horace de commenter : "C'est joli, m'sieur, ça fait de la lumière".
Notez que j'aurais pu tout simplement éteindre l'appareil. Mais, soit que j'ai aimé être un papillon dans la lumière (tais-toi Timy!), soit que j'ai eu la foi (le bouclier votif triomphe de la technologie rétive, genre), soit encore que

Et toi, sors des étangs léthéens et ramasse
En t'en venant la vase et les pâles roseaux,
Cher Ennui, pour boucher d'une main jamais lasse
Les grands trous bleus que font méchamment les oiseaux


et ben, j'l'ai pas fait.
On s'étonne toujours de sortir vivant de ce genre de séance. On s'attendrait presque à se voir lapider par des foules vengeresses et harassées d'ennui. Mais non, les mômes assez mous d'ordinaire ont carrément dû s'endormir. Mais n'allez pas croire que la malédiction s'arrête-là!

Au moment où je sors dans le couloir avec un ordi dans chaque main, mon cartable dans l'autre** et le vidéoprojecteur honni en bandouillière, la bretelle d'icelui glisse subrepticement de mon épaule et me fait lâcher subséquemment un gros juron (relevant plus de la fille de mauvaise vie que de la peste du butor) pile au moment où je croise une inconnue, avec un enfant. L'enfant, je le connais : c'est le petit Athanase. La dame, ça doit être sa maman... avec laquelle j'avais un rendez-vous, re-fille de mauvaise vie! Ne jamais, au grand jamais, prendre de rendez-vous un jour de rentrée : à tous les coups on oublie (déjà qu'on oublie en temps normal...).

"Je dépose tout ça et je suis de retour en un instant".

Je dégaine la voix de velours et les grandes effusions dégoulinantes de bienveillance : mais oui, tu vas y arriver Athanase! Regarde : est-ce que je me décourage, moi, face à un vidéoprojecteur récalcitrant? N'abandonne pas et gni et gnou.
La maman repart, sans que je sache si elle est rassurée ou non. Mais bon, la journée est finie, et ce n'est pas un mal.

Encor! que sans répit les tristes cheminées
Fument, et que de suie une errante prison
Éteigne dans l'horreur de ses noires traînées
Le soleil se mourant jaunâtre à l'horizon!

comme dirait l'autre. Je ferme les volets et m'engage à mon tour dans le couloir. Je croise alors Grand Chef et son adjointe aux petits soins pour la maman d'Athanase qui, adossée au mur, se frotte vigoureusement la cheville. J'ai cru un instant que c'était moi qui lui avais cassé les pieds. Il s'est avéré qu'elle s'était viandé dans trois petites marches traîtresses.

Bonne nouvelle : la malédiction du vidéoprojecteur est contagieuse.

Pitou G.

* Qui a dit que les vers de Mallarmé étaient hermétiques? Il raconte juste l'histoire d'un mec qui n'arrive pas à faire marcher un vidéoprojecteur, c'est tout con en fait.

** Ahahah.

*** Je me doute que vous brûlez tous d'avoir des nouvelles du vidéoprojecteur. Sachez qu'il va bien et que l'ordi aussi. C'était juste le câble qui était tout pourri (et le matin, j'en avais utilisé un autre, d'où l'absence de pépin). Hourrah : je n'ai rien cassé, ni ne me suis couvert de ridicule en branchant mardi avec dimanche! L'histoire ne dit pas si la maman d'Athanase a cassé son mixeur.

mardi 24 février 2009

Tranquille, le chat?

Avec ces airs de panthère et sa démarche de petit rat de l'opéra, notre Stu' est un chat élégant (ne m'obligez pas à reconnaître que Calim', avec sa course de veau trottinant*, lui offre un saisissant contrepoint). Son oreille fendue qui pourrait le rapprocher d'un petit loubard accentue l'allure de chat égyptien que lui donne naturellement sa silhouette élancée. Stu' a aussi deux yeux immenses, immenses et tristes.
Depuis peu, son ventre se dégarnit. N'ayant trouvé aucune trace, dans son agenda, de rendez-vous chez l'esthétichienne esthéticienne, ni aucun poil de chat entre les lames de nos rasoirs, nous avons écarté l'hypothèse, pourtant fort probable, que Stuart s'épilait pour ressembler aux bombes glabres de Dante's Cove (bientôt sur Montdepitous le compte-rendu de l'ultime saison*). Pitou V. a donc profité du rappel de vaccination pour questionner le véto de famille. Son verdict est sans appel : Stu' est un chat stressé.

Stu' ne travaille pas et n'a pas à chasser sa pitance, bien qu'il connaisse probablement de foisonnants terriers de croquettes. Stu', si le coeur lui en dit, peut passer ses journées et ses nuits à roupiller sur un lit ou un canapé. Mais Stu' est un chat stressé.

À la belle saison, il dispose même d'une garçonnière chatonnière au fond du jardin. Il vit avec deux maîtres qui l'aiment, qui se retiennent de lui faire trop de câlins et qui passent tout leur temps libre à lui servir de groom. Mais Stu' est un chat stressé.

Il a pourtant depuis un an et demi un adorable petit frère qui lui tend moultes embuscades aux moments où il s'y attend le moins et qui se montre jaloux comme une teigne... Depuis combien de temps perd-il ses poils, déjà, ce chat? Un an et demi, dites-vous?

Bref, c'est la honte absolue, mais notre chat aîné suit maintenant un traitement contre le stress. Même pas une boule en mousse à serrer entre ses coussinets délicats ou des tisanes d'herbe à chat, hein, mais un vrai de vrai, avec des gélules bicolores et notice de posologie. Mais je jure que je lui confectionnerai moi-même un adorable petit manteau écossais, un chapeau assorti et un joli ruban, et que je lui apprendrai les claquettes avant de lui donner des antidépresseurs.

À part chat, avant-hier, veille de rentrée scolaire, j'ai hésité à lui emprunter une pilule. La peur de miauler toute la semaine m'en a toutefois dissuadé.

Pitou G.

* On sent que j'ai fait un stage de marketing. D'ailleurs, continuez de participez au Festival de Diane, parce que, grâce à vos légendes, on se bidonne beaucoup de notre côté de l'écran!

lundi 23 février 2009

GAMO vert

Driiing
_ Allô, c'est Poussinou.
_ ...
_ Allô?

Déluge de larmes.
_ Euh ça va? Je peux vous rappeler plus tard, si vous voulez.
_ Si tu savais comme je suis heureux de t'entendre!
_ À ce point? Je vous ai tant manqué?
_ Tu n'as pas l'air de te rendre compte : la Fritebox remarche!

Après avoir testé notre installation, Frite nous a assuré que le problème venait du réseau de Trance Télépomme. Ils ont donc contacté leurs services et nous ont ouvert un ticket GAMOT ("T'as vu, chéri, on a un ticket!"). GAMOT, ça veut dire Guichet d'Accueil et de Maintenance des Opérateurs Tiers. Moi, avec l'optimisme qui me caractérise et rend ma compagnie perpétuellement délicieuse, j'ai tout de suite pensé : "Ça y est, on est Game over", avec ce sentiment désagréable d'avoir une épée de Gamoclès au dessus de la tête, prête à nous trancher le cou comme elle avait tranché notre connexion du Ternet.
Mais, touchons du bois, le GAMOT est passé au vert. Prions pour que les Dieux du Ternet oublient que je suis daltonien.

Pitou G.

P.S. : N'oubliez pas d'apporter votre gamot écot au festival de Diane.


dimanche 22 février 2009

DTC pannel

Pitou V. (à l'époque lointaine et bénie où nous avions encore internet) commençait à être légèrement irrité par les sondages qu'on lui soumet (enfin, soumettait) régulièrement. Un esprit persiffleur dirait qu'il était bien temps que nous subissions l'ablation de notre Fritebox pour nous rendre compte que les sondages du net, c'est le bon-heur!
Mais c'est sûr que répondre vingt fois à la même question, c'est un rien pénible. Là, il s'agissait d'éprouver un moteur de recherche un peu nullard. Le questionnaire demandait à mon homme d'imaginer diverses recherches, de les tester et d'en commenter les résultats. À la énième requête, mon homme a craqué et a tapé :

samedi 21 février 2009

Jouvence

À l’époque lointaine où nous disposions d’une ligne internet valide, j’ai eu l’envie soudaine et inexplicable de taper sur un moteur de recherche la requête “Tirondin va au marché”. Je ne sais pas trop ce que j’en attendais, mais je n’espérais sans doute pas une si belle cure de Jouvence : je suis tombé sur ce site.

Tirondin était un des personnages récurrents de “Raconte-moi une histoire”, une revue collectant contes et histoires accompagnée d’une cassette où des acteurs leur donnaient vie (j’ai cru reconnaître Elisa Servier, par exemple). Nous avons eu peu de numéros de “Raconte-moi”, mais ils sont reliés à des souvenirs précis. Je crois que ma première rencontre avec Tirondin remonte à un Noël où j’avais 4 ou 5 ans: ma mère revenant de Paris pour une raison que j’ai oubliée nous a offert notre premier exemplaire. Du coup, c’était à mes yeux quelque chose de très rare, un truc qu’on ne trouvait qu’à la capitale (évidemment, je ne suis jamais allé vérifier chez le buraliste du bout de la rue).

Je me souviens aussi d’un voyage en voiture. Sans doute fatigués de nous entendre, mon frère et moi, brailler pour la énième fois “Glô-hô--hô--hô--hô--hô--hô--hô--hô--hô--hô--hô--hô--hô--hô--hô-ri-a” (j’ai compté les hô) in ex-cel-sis-deeeeeeeeeeee-ôôôôôô” et glousser bruyamment dans l’habitacle, nos parents ont improvisé une étape dans un supermarché où nous avons chacun choisi notre premier walkman. J’y ai vu à l’époque une grande marque de générosité je comprends aujourd’hui qu’il en allait de leur santé mentale. Cela dit, j’imagine qu’après ça, on a dû se battre pour avoir la cassette de “Raconte-moi” dans nos baladeurs respectifs.
En redécouvrant, grâce au site mis en lien, ces histoires qui ont bercé mon enfance, je me rends compte combien les phrases et les intonations des acteurs, les ambiances sonores et le tintement qui signalait le changement de page et ponctuait ces récits merveilleux sont inscrits dans ma mémoire. Je crois même, en les réécoutant, ressentir les mêmes émotions qu’alors...

Ça n’a pas été facile de choisir un extrait à diffuser sur le blog : la longueur de certains très beaux contes ne s’y prêtait pas; les mésaventures de Tirondin sont drôles, mais un peu trop loufoques pour rendre compte de la nostalgie que j’ai ressentie lors de cette redécouverte. Comme on collectionne les chats noirs à Montdepitous, j’ai finalement opté pour le Noël de Gobbolino*, le chat de sorcière qui rêvait de devenir simple chat domestique.


J’ai longuement hésité avec un autre Noël, celui de Théo et Isidore. J’ai été très intrigué par cette amitié finalement très ambiguë entre une taupe et un ragondin : où voit-on de simples amis décider de faire toit commun? Et pourtant, quand j’étais tout petiot, cela ne m’avait pas frappé.



Pitou G

Appel à témoin : parmi nos cassettes d’enfants, nous possédions aussi un ensemble de contes et de chants de Noël où figurait la chanson de Smoky, le chien “ qui sait tout faire, même la crème pâtissière, Smoky, Smoky, cher petit frère” (je ne comprends toujours pas ce que ça fichait sur une cassette spéciale Noël). J’ai malheureusement perdu la cassette et Internet l’Omniscient ne sait rien à son sujet. Ça dit quelque chose à quelqu’un?

* Je n'arrive plus à mettre en ligne mes propres MP3... Désolé (les dieux du Net sont contre moi ces temps-ci!)

P.S. : N'oubliez pas de contribuer au festival de Diane.

vendredi 20 février 2009

Un thé en créant le monde?

_ Il est quel heure, mon ange?
_ Déjà minuit et demie.
_ Bon, on développe ce quartier, et puis on va se coucher...
_ Bien sûr!
_ Bon bah voilà! On a enfin dépassé les 100 000 habitants! On le place où, notre port de plaisance?
_ Je crois qu’il va falloir que tu déplaces tes stations de pompage...
_ Il est quelle heure, au fait?
_ Je ne suis pas sûr que tu veuilles le savoir.
_ ...
_ Cinq heures et demie.
_ Ah ouais, quand même. Et ce port de plaisance alors?

Pitou G.

P.S. : N'oubliez pas de participer au festival de Diane!

jeudi 19 février 2009

Festival de Diane

Nous vous avions promis une resucée de ce fabuleux OVNI qu’est Dante’s Cove. En attendant nos impressions sur la saison 3, voici un petit aperçu de l’incommensurable talent de l’actrice qui incarne Diana, la soeur de Sorciana, un personnage dont nous avons jusque là bien injustement omis de vous parler. Diana est un petit bijou qui prend toute son ampleur dans cette ultime saison et qui, chose incroyable à dire, est devenue dans mon coeur l’égale de sa soeur.

Ces captures d’écran valent ce qu’elles valent : capturer la grâce de Diana dans une image figée, c’est un peu comme se brosser les dents sans dentifrice : autant demander à la Vierge de vous épargner les caries. Je vous propose néanmoins de faire appel à votre fantaisie et de nous suggérer les légendes des images suivantes* dans vos commentaires. La légende la plus drôle et la plus inventive donnera à son auteur le titre de roi ou de reine du Dante’s Royal Coconut Grill Club, et ça, c’est vraiment trop la classe. Si vous êtes sages, nous nous plierons nous aussi à ce petit jeu à votre suite Bravo pour le défi, comme le chantait si bien Sandra Kim dans J’aime la Vie, hymne éblouissant qui ferait un générique intéressant pour Dante’s Cove, et presque aussi interminable que le vrai (ce qui n’est pas peu dire).
Place à Diana et à votre imagination (j'imagine que vous verrez mieux en cliquant sur les images).

1)
2)
3)
4)
5)
6)
7)
8)
9)

Pitou G.


* J’ai piqué l’idée à Sixtine. Sixtine, elle a plein d’idées géniales pour animer les boums, les colos et les blogs.

mercredi 18 février 2009

Revue de bouquins

Merci à Frite pour ce black out de plusieurs jours : à l’heure où j’écris ces lignes, nous n’avons plus internet (ni téléphone) depuis six jours. C’est un sevrage un poil trop brutal – ce n’est pas très urbain de nous priver du blog en période de pleine inspiration.
La conséquence positive c’est que je me suis offert une cure de littérature de jeunesse. Voici un aperçu de mes dernières lectures.

Projet oXatan de Bombasse Fabrice Colin
De la science –fiction rondement menée, un récit bien construit et plein de mystère. À lire.

Moche de Rachel Hausfater (pas dans le montage ci-contre car déjà rendu)
Une petite fille laide (beuêrk) se rend compte en observant son chaton rachitique qu’elle aussi, elle peut devenir belle. Si vous aimez Nouveau look pour une nouvelle vie sur M6, ce livre gentillet est pour vous (mais il manque sacrément de Christina-Oh chéri ton jean c’est attentat au être humain-Cordula).

Beau gosse de Hubert Ben Kemoun
Gustave est, en dépit de son prénom, un beau gosse de 13 ans. C’est surtout un garçon insupportable de suffisance et d’égocentrisme qui prend plaisir à humilier les autres. Imaginez Michaël Vendetta de retour en 4ème. Changera-t-il pour Una, cette fille qui ne fait aucun effort de look mais qui est loin d’être quelconque ?
À force d’être à la pointe de la mode, le héros est franchement ridicule. La lecture de ce récit nous venge de tous ces tyranneaux de cours de récré que nous n’avons pas manqué de rencontrer durant notre adolescence, et c’est déjà beaucoup.

Le Royaume de Kensuké de Michael Morpurgo
Une robinsonnade dont on m’avait dit beaucoup de bien, et c’est très mérité.Tout en évitant de sombrer dans le pathos, ce livre plein de tendresse est très émouvant.

Drôle de Samedi soir de Claude Klotz (Patrick Cauvin).
C’est gentil, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. La faute n’en incombe pas à l’auteur, mais classer ces trois nouvelles dans la catégorie « policier », c’est un énorme manque de clairvoyance (surtout dans « Le mois de mai de M. Dobichon » où il est question du record du monde de lever de pantalon dans un ascenseur).

Orphée l’enchanteur de Guy Jimenes
Dans la collection Histoires noires de la mythologie, j’ai beaucoup aimé Œdipe le maudit de Marie-Thérèse Davidson et j’ai trouvé intéressante l’esquisse du Minotaure que croque Marie-Odile Hartmann dans Ariane contre le Minotaure (titre vraiment pourri). On m’avait averti que tous les titres de la collection n’étaient pas à la hauteur : Guy Jimenes inflige effectivement à Orphée un bien triste sort. Ce n’est pas un mauvais livre de bout en bout, mais il est toujours décevant. Bien sûr, ce n’est pas facile de passer après Ovide, mais le mythe du poète thrace fourmille d’événements qui touchent au sublime et l’auteur rate tous ces rendez-vous. Il n’y a pas un moment d’enchantement dans la descente aux Enfers, bien peu d’émotion dans la remontée. Pour ce que Jimenes en fait, il aurait pu tout aussi bien nous épargner l’expédition sur l’Argo.
Il réduit Orphée à un personnage sans saveur, ni profondeur, un végétalien fadasse et lisse jusqu’à l’ennui. Quant à l’idée de faire d’Aristée un mythomane bedonnant, elle était audacieuse, mais j’y suis forcément imperméable, parce que pour moi, Aristée c’est lui, et c’est sacré : (image d’Antinous en Aristée)*. Bousculer les représentations du lecteur, c’est souvent une bonne initiative mais là, pour des raisons très personnelles, ça m’a beaucoup gêné.

Tous les garçons et les filles de Jérôme Lambert.
L’année scolaire de Julien, jeune lycéen qui tombe amoureux de Clément plutôt que de Delphine. C’est subtil et bien écrit : on regrette que l’année passe aussi vite ! Jérôme Lambert touche juste lorsqu’il décrit ce sentiment d’être vaguement étranger au monde qui nous entoure, de sentir que quelque chose cloche sans qu’on sache d’où vient ce décalage.
Je me suis aperçu assez vite que je l’avais déjà lu, mais je l’ai redécouvert avec plaisir (je le confondais un peu avec Meilleur ami, un autre roman de Lambert). Cela prouve assez bien, je crois, sa qualité.

Le Jugement de César de Steven Saylor
Bon, là, je triche beaucoup : ce n’est pas de la littérature de jeunesse, mais je suis un fan absolu des enquêtes de Gordien. Il ne manquait à mon palmarès que son voyage à Alexandrie. Gordien y rencontre de vieilles connaissances, comme Pompée et César, et y rencontre Ptolémée et Cléopâtre.
Ce qui est fascinant dans les livres de Steven Saylor, c’est que l’auteur nous donne à voir sous un jour nouveau et intrigant des personnages historiques. On en viendrait à admirer Catilina, Clodia ou Marcus Caelius, de fortes personnalités dont l’Histoire a gardé un souvenir plutôt sulfureux et que Saylor a ressuscités pour nous dans les romans précédents. Donner envie de lire des discours de Cicéron, c’est une prouesse !
Dans Le Jugement de César, il aurait été facile pour l’écrivain de se concentrer sur Cléopâtre et de s’en tenir à ce qu’on a vu d’elle cent fois par ailleurs. De façon astucieuse, il accorde une place plus importante à son jeune frère et époux dont il fait un portrait subtil, qui contraste avec la vision du sale gosse imbécile qu’on a de lui (dans la série Rome, par exemple). La haine entre les deux souverains égyptiens vient d’une trop grande ressemblance et elle est attisée par la jalousie – tous deux se disputent l’affection de César. L’aspect policier apporte un peu de piquant, mais il est devenu secondaire au fil de la série. La petite particularité de ce roman réside dans une tonalité presque fantastique à la toute fin –les mystères de l’Egypte. J’ignore si d’autres livres sont en préparation, mais il serait très poétique de s’en tenir là.

Voilà. Fallait pas me priver du Ternet, du coup j'écris des billets suants (et encore, j'ai lu plein d'autres bouquins depuis...). Mais quand Frite sortira enfin de sa mer d'huile, vous aurez bientôt des nouvelles de Dante's Cove, dûment illustrées, bande de petits veinards!

Pitou G.

* Edit : je m'aperçois ce soir, depuis chez mes parents parce que Frite fait encore des siestes siennes, que dans le message que j'ai programmé à la hâte (chez des amis parce que... bon, z'avez compris), il n'y a pas la photo d'Antinous représenté sous les traits d'Aristée. D'ailleurs, je ne la retrouve plus. J'aurais bien cherché sur internet mais...
Vous n'avez qu'à aller au Louvre!

lundi 16 février 2009

Frite et mat

Peut-être vous êtes vous étonnés de notre silence soudain. N'en veuillez pas à notre inspiration, elle foisonne, elle moussonne. J'ai d'ailleurs quelques articles en réserve. Le problème, c'est que ces canards de Frite, notre fournisseur d'abcès accès n'assurent pas un kopek : nous sommes privés du Ternet (et de téléphone et de télé) depuis mercredi 11. La coupure est survenue en pleine conversation téléphonique ("non maman, je ne t'ai pas raccroché au nez!"). À l'heure actuelle, rien n'est rétabli.
Mais rassurez-vous, Frite nous tient régulièrement informés par mail (ils ont le sens de l'humour, les anatidés belges de Frite) du non-avancement de la situation. Après une petite semaine de désintox, nous profitons d'une escale chez des amis pour mettre en ligne la lettre de réclamation qui a permis à mon homme de se défouler.


Madame, monsieur,

Abonné Frite en dégroupage total depuis août 2007, je ne dispose plus d’une ligne Trance Pélépom. Or, si je suis globalement satisfait des services Frite, je dois déplorer des désagréments fréquents tels que des effets d’échos au téléphone ou une déformation métallique de la voix de mes correspondants. Plus grave, je compte plusieurs interruptions de service de votre fait sans aucune explication/information/excuses/dédommagements.

Deux fois (octobre 2008 et février 2009), alors que j’étais en communication, tout s’est coupé sans crier gare: plus de téléphone, plus d’Internet, plus de télévision. Je procède au redémarrage de la fritebox, effectue un “hard reboot”, attends quelque peu, recommence, sans succès.
Au bout de quelques heures, j’appelle - grâce à mon fidèle et néanmoins dispendieux téléphone Mobicarte Onrange - le numéro d’assistance Frite au tarif raisonnablement exorbitant. Après de longues digressions inutiles (“si vous appelez depuis une autre ligne, référez-vous à la grille tarifaire de votre opérateur.” Sans blague, je pensais que vous alliez me donner TOUS les tarifs de TOUS les opérateurs de téléphonie fixe et mobile du monde, ainsi que les prévisions météo à cinq jours), j’obtiens un téléconseiller, à Kuala Lumpur probablement.

L’homme toujours poli, bien que lointain, dans tous les sens du terme, entame d’un ton monocorde la morne litanie d’un protocole inhumain. Nom (non, je ne m’appelle pas M. “Poutivêt”), prénom, numéro de téléphone, identifiant Frite, adresse, âge du capitaine et numéro complémentaire. Il me demande de brancher, débrancher, attendre, recommencer. Le moment que j’ai préféré fut quand on m’a affirmé depuis Ouagadougou que je voyais un rectangle clignotant, alors que tournait sans fin devant mes yeux le lent “chenillard”, digital symbole de l’échec. Devant mes vives protestations, Houston me demanda si j’étais bien devant ma Fritebox et si je voyais bien le petit écran aux hideux pixels verdâtres. Inutile de vous dire que je dus faire appel à mon karma cosmique pour résister à l’envie d’insulter l’innocent conseiller d’Oulan Bator.
Passent les secondes, filent les minutes, Kourou cherche toujours la cause de ma radiation de l’ordre des Internautes. Au bout d’un long temps (le décalage horaire avec la Guyane), Kourou m’annonce ce que je pressentais: intervention d’un technicien sur la ligne, il faut attendre jusqu’à demain (il est 17h en France) voire quelques jours et rappeler si Soeur Anne ne voit toujours rien venir. L’épuisement de mon crédit téléphonique épargnera finalement l’appareil auditif de mon exotique conseiller qui m’assure que mon appel sera bien pris en compte. Un quart d’heure de “communication”, facturé 11 euros et quelques pour aboutir à la conclusion que je n’y peux rien et n’ai qu’à attendre et rappeler encore si cela n’est pas résolu au bout d’un temps incertain.

Certes, l’on peut vivre sans souffrance sans Internet ni téléphone, mais le sentiment d’être bloqué, y compris dans son travail*, parce que l’on ne peut qu’attendre et se ruiner pour demander le rétablissement d’un service qu’on a payé est insupportable. Mes boutades sur la nationalité du téléconseiller n’ont rien de xénophobes, mais elles expriment le désarroi de quelqu’un qui ne peut disposer d’un interlocuteur réel. Voilà de quoi regretter la désertion de l’opérateur historique qui offre toujours à ses clients la possibilité d’aller tancer/supplier une personne physique pour résoudre ses tracas. J’ai une suggestion: s’il est nécessaire de couper une ligne, je pense que prévenir le client (par un sms**) serait une minimale marque de respect. Lorsque l’eau ou l’électricité sont coupées, l’on nous prévient, pourquoi ne pas faire de même?
En raison des désagréments subis et de leur répétition, ainsi que du coût que leur réparation que cela entraîne pour moi (à 0,34 centimes d’euro la minute, la recharge Mobicarte est vite épuisée), je ne doute pas que vous me rembourserez les deux mois d’abonnement durant lesquels j’ai connu ces perturbations. Ce geste commercial me semble compenser honnêtement le préjudice subi et sera le gage de votre engagement à fournir un service de qualité à vos clients : nous espérons pouvoir compter sur un opérateur fiable.

Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur l’assurance de ma connexion déglinguée,

Pitou V.

* Ok, on est en vacances, mais on pourrait travailler.
** Parce que par mail, évidemment...

mardi 10 février 2009

Cat-Valcade

Avec son oreille fendue et sa couleur noire*, Stuart a tout d'un repris de justice. De temps à autre, son instinct de bagnard le pousse à l'évasion, parce que, pour être bourgeasse, notre maison n'en est pas moins prison. C'est ainsi que samedi dernier, le démon de la Cat-Valcade a repris notre Jean Valjean des gouttières.

Stuart Valstuart, repris de justesse dans Les Misérables

Qu'un chat qui, en temps normal, vous demande toutes les dix minutes d'ouvrir la porte dans un sens ou dans l'autre, décide brusquement de prendre la tangente pendant trois jours, déjà, ça me dépasse. Qu'il choisisse des nuits de tempêtes pour aller camper, c'est juste de la chien-c'te-fiction. Cette nuit, les volets de la chambre ont été giflés par les vents et ont percuté sans fin la fonte et le balcon. Ça m'a réveillé : autant dire que ça faisait un vacarme d'enfer! Je suis même descendu à la cave pour y quérir la grosse bûche qui sert de support à sapin et que j'ai reconvertie en cale-volet (avec la formation continue, cette bûche a un bel avenir professionnel devant elle). Mais le gars Stuart, ça ne le dérange apparemment pas plus que ça que les boeufs soient décornés et les arbres (oliviers, orangers, figuiers, chênes liège : toute cette flore typiquement normande) arrachés. Tranquille, le chat.

Même si Stuart a un appétit d'ascète, j'ai du mal à considérer qu'un chat-venturier puisse vivre plusieurs jours loin de son bol de croquettes**, voire résister à l'appel métallisé du sachet fraîcheur Whisk@s (à en juger par l'hystérie de nos chats quand on agite l'emballage argenté, il doit y avoir de la cocawine dedans). La conséquence de toutes ces pensées paradoc-chat-les, c'est qu'après 36 heures d'absence chatale, j'ai passé ces derniers jours à imaginer le pire :
  • C'était le premier dimanche du mois. Il y a donc eu un rosaire dans la chapelle voisine. Si ça tombe, le chat a voulu s'y abriter et il y est resté enfermé. On retrouvera son corps inanimé dans un mois, lors du prochain rassemblement marial. Oooouuin...
  • C'était le premier dimanche du mois. Il y a donc eu un rosaire dans la chapelle voisine. Si ça tombe, le curé a attrapé notre chat noir et l'a offert en sacrifice à la Vierge devant une assemblée de petites mémés assoiffées de sang. L'immolation d'animaux sataniques, ça se pratique encore beaucoup dans les églises de campagne, vous ne saviez pas? Pauvre chatounet innocent. Oooouuin...
  • Stuart s'est introduit chez notre voisine de 84 ans et s 'est caché dans un placard. Il l'a déjà fait, le bougre : il m'avait fallu fouiller partout chez la dame, le coincer sous mon bras et regagner notre chez-nous, le visage empourpré par la flétrissure et la honte. Et là encore, ça s'était bien passé! À tous les coups, cette fois, la voisine est partie au ski à l'Alpe d'Hu', y restera quinze jours avant de se casser le col de fémur dans le col du Galibier et, pour recoller tout ça, passera plusieurs semaines à l'hôpital. Pour payer les frais médicaux, sa maison sera vendue en l'état, avec ses meubles, avec notre chat dans ses meubles. Le nouveau propriétaire, un être sans coeur (il faut l'être pour acheter au rabais la maison d'une vieille dame souffrante), fera un ragoût de notre chat qui n'aura même pas le réconfort de finir chez Emmaus où, comme le savent tous les germanistes, on trouve beaucoup de souris*** à se mettre sous la dent. Oooouuin...
J'ai passé de longues heures, sans entrain, sous la couette. Je ne voulais pas me lever et m'infliger la déception de ne pas le voir derrière la porte (comme les trente fois où j'étais allé vérifier, la nuit précédente), même si je n'en étais pas rendu à ce stade-là (z'êtes pas obligé de lire, c'est un peu longuet). Et puis en ouvrant les volets, V. tombe sur une voisine (vous l'avez compris, nous rencontrons bien des périls avec nos volets) :
"Stuart, c'est bien celui qui a l'oreille fendue? Je l'ai vu il y a dix minutes. Il a grimpé sur le mur et est retourné dans votre jardin".
Là, j'ai arrêté de psychoter (c'est au chat de battre la campagne, pas à moi), même si le chat n'a pas répondu à nos appels. Il a préféré faire du sky surf toute la nuit et n'est rentré qu'au petit matin, quand le vent s'est apaisé.

Pirate!

Pitou G.

* Honte à nous, notre chaton n'est pas un bon Français de souche.
** Calim' semble être de mon avis.
*** J'ai hésité entre ça et Emiaousse. Estimez-vous heureux!

lundi 9 février 2009

Book émissaire

Pandore et Fine ont retrouvé la trace de mon homme sur Fesse bouc. Ce sont des filles très bien, hein. Mais bon, ce sont surtout des élèves. Alors je crois qu'elles vont attendre assez longtemps que V. honore leur demande d'amitié. Il ne peut même pas leur adresser une petite bafouille consolatrice, parce que ça les autoriserait ipso facto à voir son profil, vous savez cette page un peu bavarde où figure l'adresse de notre blog...
Hahaha! Ce serait très drôle que toooous leurs amis (parce qu'il y en a une pallanquée sur Fesse bouc, on a vérifié) lisent ce qu'on dit d'eux. Je vois déjà la bouille illuminée de reconnaissance de Catul que j'identifiai, il y a peu, à Raphaël Cassagne. J'entends déjà Livie me demander de lui chanter encore et encore les mérites de Tibulle sur lequel elle a des vues. J'en rigole d'avance, mais bon, je n'ai pas prévu de changer de boulot dans les jours à venir.

À ce stade, ce n'est même plus une question de déontologie, mais de sécurité nationale. Tant pis pour vous les filles, votre audace ne sera pas récompensée.

Et c'est bien fait, petites ingrates qui ne m'avez même pas calculé! C'est bien la peine que je me donne tant de mal...

Pitou G.

vendredi 6 février 2009

Dis et tes tics?

Pour le nouvel an chinois, j'ai pris la résolution de manger davantage de fruits :

jeudi 5 février 2009

Masterisation des parents

Un lundi matin, 8h. Mes 4e Enervés ne sont pas encore bien vifs, moi-même je suis en mode "autorité naturelle" lorsque la meilleure élève m'apporte son classeur où sa mère a écrit, sous l'appréciation que j'ai portée sur la tenue des cours (eh oui, je note les classeurs... oui je suis progressiste. J'attends aussi qu'ils écrivent en attaché... quand je vous le disais que je suis à la pointe!): "17 sur 20, c'est très bien, mais est-ce le plus important? De même, en grammaire, sujet, le COD, le COI, est-ce vraiment au programme de 4e? Je trouve qu'il n'y a pas beaucoup de rédactions et que vous êtes vraiment un prof de merde!"
Garder son calme, ne pas exploser, ne pas le faire payer à la gamine...
- Bien, je vais prendre rdv avec ta mère.
- Ah mais elle ne veut pas de rdv, elle veut juste voir si ça va changer!
- ... ah (CONNÂÂÂSSE!). Je vais cependant lui proposer de l'appeler pour lui apporter des éclaircissements.
L'ironie de la chose c'est que je rendais le même jour une rédaction.
L'échange fut cordial en apparence. Elle m'a donc réexpliqué son point de vue, à savoir, en gros, que je ne fais pas le programme de 4e mais de CM2 (ben oui,les classes grammaticales, les fonctions par rapport au verbe, les conjugaisons du présent, du passé composé, le système des temps et des modes, tout cela c'est PARFAITEMENT acquis en 4e).
- Je suppose Madame que vous avez donc une connaissance fine des programmes?
- Ben euh non en fait, mais je me base sur ma scolarité...
- Alors personnellement, j'ai une connaissance fine des programmes et je peux vous assurer que tout ce que j'ai fait avec mes élèves s'inscrit dans les instructions officielles.
- Oui mais de mon temps on faisait plus de rédaction.
- Peut-être, mais en quatre heures de cours par semaine, je dois aussi faire pratiquer de l'oral, de la langue, donner le goût de la lecture, des références culturelles...
- Je n'en doute pas, mais il me semble qu'en 4e on apprenait à faire une dissertation introduction, développement, conclusion...
- Cet exercice figure plutôt au programme du lycée, Madame.
- Oui mais la dissertation...
- En outre ma séquence actuelle vise à leur apprendre à argumenter et donc in fine à disserter.
- Mais si l'année prochaine ma fille a un professeur plus sévère (espèce de beatnik laxiste!), elle n'aura plus de telles notes.
Je résiste à l'envie de lui dire qu'il me serait très facile de lui faire baisser sa moyenne et rétorque:
- Si l'on prend l'exemple du 1er trimestre, j'ai treize notes (et j'ai détaillé les types d'exercices). Je pense être un professeur sévère et soucieux de la réussite du plus grand nombre.
L'entretien ne s'est pas conclu sur un accord, je ne pense pas l'avoir pleinement convaincue. Ceci dit, j'ai été rassuré d'apprendre qu'elle avait déjà appris son métier à une autre collègue l'an passé. Heureusement, ce modèle de parents est assez rare!
V.

mercredi 4 février 2009

Safety, savent-y pas?

La semaine dernière, je trouvais que je ne bossais pas assez : plutôt que de faire grève, j'ai troqué trois heures de cours contre une sortie scolaire de dix heures et j'ai bondi dans un bus en croisant les doigts (j'avais à peu près une chance sur deux d'être assis à côté de Droopy*). Remarquez, hier, j'ai carrément échangé une heure de cours contre une journée de formation à 100 bornes de chez moi; mais c'était de bon coeur, parce que mon homme était à mes côtés (c'était pour la minute mignonnerie). Comme quoi, des fois, j'essaie d'exaucer le voeu de la plus haute autorité de l'Etat et de me mettre, enfin, à travailler plus (bénévolement). Mais revenons à la semaine dernière.

Je pourrais vous parler du supplice qui consiste à arpenter un donjon en trainant sur le sol ses pieds gelés, de voir un chevalier zozotant recevoir la cognée lors de son adoubement ou d'assister à l'échange symbolique d'un baiser entre vassal et suzerain, tout en prédisant la suite, la question fatale que fatalement posera le gamin le plus benêt : "Z'étaient tomosexuels, les chevaliers?" (merci Sullivan). Mais il y a eu bien pire qu'entendre le guide faire de la fausse pédagogie en posant d'édifiantes questions comme : "Il a quelle forme, le donjon carré?" ou "À quoi servent ces fentes nommées archères par-lesquelles les soldats tiraient à l'arc?"; pire que de devoir faire le guet devant les toilettes d'une salle des fêtes pendant que nos zébulons, enfin sustentés, gigotent bruyamment et hurlent en tous sens (dedans ils veulent être dehors, dehors ils veulent être dedans : un adolescent est un chat qui s'ignore); pire que tout cela, il y a le retour en avance...

Le môme est jouasse, il croit qu'il va pouvoir rentrer plus tôt que prévu, hip hip hip hourrah! Mais qui est-ce qui va devoir le faire déchanter, tandis que la responsable de l'expédition court après le bus qui emporte tous ses effets personnels? Celui à qui Grand chef vient d'adresser un ultimatum ("je ne sais plus ce que vous m'avez dit en début d'année : voulez-vous être inspecté ou pas? J'appelle ce soir, la réponse sera très très très rapide"), pardi!

"Agneaux chéris, vous devez rester sous notre sainte garde jusqu'à l'arrivée de vos parents. Pour ceux qui rentrent par leurs propres moyens, vous ne partirez pas avant l'heure initialement prévue. Amen.
_ Mais c'est injuste!
_ C'est prudent.
_ Mais c'est injuste!
_ Vous êtes tous égaux devant notre sadisme. Nous sommes cruels, mais réglos.
_ Mais y en a des qui sont partis!
_ Tu as des noms à me soumettre?
_ Non, mais y en a des qui sont partis, c'est sûr!"

En voyant arriver l'organisatrice à bout de souffle (apprenez qu'un bus court plus vite qu'une prof d'histoire à deux ans de la retraite) et sans son manteau, le môme lui a joué le même refrain. Pas longtemps. Elle était aussi butée que moi, et moins patiente - peut-être parce que ses clés lui avaient adressé un pied-de-nez à travers la vitre arrière du car. Cela dit, le morveux a continué de grommeler trois quart d'heure, sans doute sincèrement persuadé que ça nous faisait rudement plaisir, à nous, de jouer les garde-chiourmes ('spèce de chiourme!), surtout de chiourmes grognons.

"Quand est-ce qu'on chiourme, Grand Chiourme?"

Mais ce n'est pas cela que je vous conterai ce soir. Revenons à ce moment d'apaisement où, au petit matin, je suis monté dans le bon car : celui avec peu d'élèves, que je connaissais tous. Celui sans Droopy.
Il y avait là Bombasse, prof de ballon, et Goliath, un prof de soudure. On parlait inspection (rien de tel qu'une petite conversation prophétique au petit matin) et mutations. À un moment, j'ai dû employé le "on" coutumier des garçons sensibles qui veulent s'épargner le ridicule, dans un car truffé de chausse-trappes d'élèves, du réglementaire "ma femme et moi". En général, on passe ensuite à autre chose. En général.

"Et elle fait quoi, ta femme, me lance Bombasse, histoire de bien me mettre à l'aise.
_ Euh... Prof de français"

J'ai la berlue ou quoi? Bombasse mange tous les midis au self avec nous. Quoique prof de sport, il n'a pas l'air dépourvu d'oreille, ni de jugeotte. Il doit bien avoir compris, non? Je jette alors un coup d'oeil que j'espère complice à mon autre collègue. Goliath m'adresse alors un clin d'oeil - c'est bon, lui, il sait! - et ajoute :

"C'est toujours comme ça : ma femme aussi, elle enseigne la même matière que moi!

Ouais, en fait il n'a rien compris non plus, le Goliath. J'ai clos comme j'ai pu:
"Ahaha (rire viril), c'est ça de se rencontrer pendant ses études"

Je n'en ai même pas profité pour savoir si Bombasse était toujours célibataire. Sait-on jamais.

Pitou G.

* Rendons hommage à Droopy qui, en dépit du préavis de grève, de sa longue route et de sa voix insupportable fièvre de cheval était venu exeuprès pour le voyage. Fallait pourtant pas se forcer..

mardi 3 février 2009

La Basse-cour de Banana

Heureux pitous qui sont allés rendre visite à Saby Banana ce week-end! Ils ont eu droit en avant-première au récit de ses dernières aventures... Sa nouvelle chouchoute s'appelle Gohanna, et elle semble bien partie pour faire une brillante carrière dans l'histoire ancienne :

_ Mais madame, depuis quand Rome c'est en Italie?
_ Depuis - 753 (c****asse)

Un autre jour :
_ Ceno, ça veut dire dîner. Vous savez comment on appelle le dernier repas du Christ?
_ La diiiiinde!
_ Non Gohanna, la dinde, elle est ailleurs!
_ Bah pourquoi qu'on mange de la dinde à Noël si c'est pas pour fêter le dernier repas du Christ?

Toutes nos traditions s'expliquent avec Gohanna.

Pitou G.

Note à l'attention de Saby Banana : la prochaine fois, tu vérifieras que tu n'as pas égaré ta boucle d'oreille dans tes cheveux, avant de nous refaire faire le périple de la soirée dans le froid glacial!

lundi 2 février 2009

Mi-fugue, mi-zinzin

Une classe a été prise en flagrant délit de séchage de cours avec mauvaise foi caractérisée.

Hein monsieur, c’est une rumeur qu’il y a cours avec vous aujourd’hui?
_ Non! Vous devez venir en cours tout à l’heure et je compte sur vous pour faire passer le message à tous vos camarades!

Même ceux qui ont reçu cette réponse ô combien sibylline de la bouche même de leur professeur ont omis de venir. C’est vrai quoi, ça leur permettait de finir plus tôt.

Ils ont été vertement rabroués par le professeur concerné. Pour marquer le coup, on a demandé au Grand-chef d’intervenir aussi.
À la fin de son sermon, les mômes avaient appris que, l’année prochaine, ils ne seraient pas majeurs, ni réfugiés politiques (sic). Et que dès le lendemain, ils seraient dénoncés à la police, des fois qu’un larcin aurait été commis pendant qu’ils étaient censés être en classe.

Il vaut mieux se débrouiller tout seul.

dimanche 1 février 2009

Bureau des coeurs

Quand on trouve le temps long, après le repas de midi au collège Haquenée - ou quand rôde dans les parages un Droopy ou un Helmut Stachos - il y a toujours la possibilité de faire une réunion pédagoguique à la maison. Pour être franc, ça n’arrive pas souvent. Mais quand nos quartiers sont impeccables, que la machine à café n’est pas en panne, qu’on n’a pas de photocopies à faire, de matériel à préparer, de copies à corriger et qu’on a des collègues sympa sous la main, on propose. Encore faut-il que le happy few ne décline pas l’offre. Autant dire que vous êtes de sacrés veinards d’être si souvent conviés dans l’élégance distinguée de notre salon!

Je ne l’ai pas précisé plus tôt, mais c’est une évidence : tout l’enjeu pédagoguique de ces réunions réside dans le papotage (pas au sujet des élèves, hein, évidemment : on a quand même des priorités pédagoguiques!) devant une bonne tasse de café.
La semaine où nous avons reçu tapis et meuble télé, comme on était sûr d’épater la galerie avec notre bon goût légendaire, nous avons invité YoungFather (entre autres, mais ces autres, ces rats, ont refusé). Etant donné que ce dernier ne travaillait pas cet après-midi-là (feignasse!), il avait tout le temps de prendre un café. Une fois qu’il s’est retrouvé à la maison, il s’est souvenu qu’il n’en buvait jamais, ce qui ne froissa personne, vu qu’on n’est pas des barbares et qu’on a plein de variétés de thés en réserve.

“Vous avez de la menthe aussi? Parce que le thé sans menthe, bon... Et puis je ne suis pas difficile, mais si vous n’avez pas de miel, ce n’est même pas la peine de faire chauffer l’eau”.

Pendant que je me pliais à une méticuleuse cérémonie du thé pour complaire à notre hôte, V. lui fit visiter les trésors de notre petit palais. Etant donné que dans son ancienne maison, lui et sa compagne avaient accroché un rideau de douche en fait de tenture devant l’escalier pour conserver la chaleur au rez-de-chaussée, ce ne fut pas bien difficile de le bluffer. Il a quand même été interpelé par un menu détail :

“Mais au fait, où est-ce que vous travaillez?”

Quand on n’a pas de bureau, on a tôt fait de passer pour des flemmasses. Il y a bien une pièce que nous appelons “bureau” où trônent un mac antédiluvien, son imprimante et un scanner, mais pas de meuble du même nom. Ce n’est pas vraiment un espace de travail, malgré le stock de bouquins qui y est rangé et les pochettes de cours gisant en vrac sur notre vieille méridienne. On n’y vient plus que pour puiser dans nos archives, imprimer les documents tapés sur notre portable ou, accessoirement, étendre du linge (mais je ne considère pas encore nos sous-vêtements comme du matériel pédagoguique).

Tant pis si ça ne fait pas sérieux, mais aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais réussi, chez moi, à me mettre au travail à mon bureau. Celui qui était installé dans ma chambre d’enfant ne m’a jamais servi qu’à y poser des trucs. Mes devoirs de maths, je les faisais (ô combien laborieusement) sur la table de la véranda, et toutes mes dissertations ont été élaborées dans les escaliers. Il n’y a rien de plus adapté au travail qu’un escalier : on y est forcément à la bonne hauteur et l’inconfort du corps m’invite à la réflexion. C’est mon côté ascète, c’est mon côté spartiate - je n’en ai pas beaucoup d’autres.
Aujourd’hui, rien n’a changé : une pochette fait une excellente tablette et je ne corrige jamais plus efficacement mes copies qu’assis sur un coussin, adossé à un radiateur. Nos disciples ne soupçonnent probablement pas que bon nombre de leurs copies ont été annotées sur le siège des toilettes (et il est sans doute bon de ne pas lever le voile sur ce point précis).

Et vous, où est-ce que vous travaillez?

Pitou G.