Merci à Frite pour ce black out de plusieurs jours : à l’heure où j’écris ces lignes, nous n’avons plus internet (ni téléphone) depuis six jours. C’est un sevrage un poil trop brutal – ce n’est pas très urbain de nous priver du blog en période de pleine inspiration.
La conséquence positive c’est que je me suis offert une cure de littérature de jeunesse. Voici un aperçu de mes dernières lectures.
Projet oXatan deBombasse Fabrice Colin
De la science –fiction rondement menée, un récit bien construit et plein de mystère. À lire.
Moche de Rachel Hausfater (pas dans le montage ci-contre car déjà rendu)
Une petite fille laide (beuêrk) se rend compte en observant son chaton rachitique qu’elle aussi, elle peut devenir belle. Si vous aimez Nouveau look pour une nouvelle vie sur M6, ce livre gentillet est pour vous (mais il manque sacrément de Christina-Oh chéri ton jean c’est attentat au être humain-Cordula).
Beau gosse de Hubert Ben Kemoun
Gustave est, en dépit de son prénom, un beau gosse de 13 ans. C’est surtout un garçon insupportable de suffisance et d’égocentrisme qui prend plaisir à humilier les autres. Imaginez Michaël Vendetta de retour en 4ème. Changera-t-il pour Una, cette fille qui ne fait aucun effort de look mais qui est loin d’être quelconque ?
À force d’être à la pointe de la mode, le héros est franchement ridicule. La lecture de ce récit nous venge de tous ces tyranneaux de cours de récré que nous n’avons pas manqué de rencontrer durant notre adolescence, et c’est déjà beaucoup.
Le Royaume de Kensuké de Michael Morpurgo
Une robinsonnade dont on m’avait dit beaucoup de bien, et c’est très mérité.Tout en évitant de sombrer dans le pathos, ce livre plein de tendresse est très émouvant.
Drôle de Samedi soir de Claude Klotz (Patrick Cauvin).
C’est gentil, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. La faute n’en incombe pas à l’auteur, mais classer ces trois nouvelles dans la catégorie « policier », c’est un énorme manque de clairvoyance (surtout dans « Le mois de mai de M. Dobichon » où il est question du record du monde de lever de pantalon dans un ascenseur).
Orphée l’enchanteur de Guy Jimenes
Dans la collection Histoires noires de la mythologie, j’ai beaucoup aimé Œdipe le maudit de Marie-Thérèse Davidson et j’ai trouvé intéressante l’esquisse du Minotaure que croque Marie-Odile Hartmann dans Ariane contre le Minotaure (titre vraiment pourri). On m’avait averti que tous les titres de la collection n’étaient pas à la hauteur : Guy Jimenes inflige effectivement à Orphée un bien triste sort. Ce n’est pas un mauvais livre de bout en bout, mais il est toujours décevant. Bien sûr, ce n’est pas facile de passer après Ovide, mais le mythe du poète thrace fourmille d’événements qui touchent au sublime et l’auteur rate tous ces rendez-vous. Il n’y a pas un moment d’enchantement dans la descente aux Enfers, bien peu d’émotion dans la remontée. Pour ce que Jimenes en fait, il aurait pu tout aussi bien nous épargner l’expédition sur l’Argo.
Il réduit Orphée à un personnage sans saveur, ni profondeur, un végétalien fadasse et lisse jusqu’à l’ennui. Quant à l’idée de faire d’Aristée un mythomane bedonnant, elle était audacieuse, mais j’y suis forcément imperméable, parce que pour moi, Aristée c’est lui, et c’est sacré : (image d’Antinous en Aristée)*. Bousculer les représentations du lecteur, c’est souvent une bonne initiative mais là, pour des raisons très personnelles, ça m’a beaucoup gêné.
Tous les garçons et les filles de Jérôme Lambert.
L’année scolaire de Julien, jeune lycéen qui tombe amoureux de Clément plutôt que de Delphine. C’est subtil et bien écrit : on regrette que l’année passe aussi vite ! Jérôme Lambert touche juste lorsqu’il décrit ce sentiment d’être vaguement étranger au monde qui nous entoure, de sentir que quelque chose cloche sans qu’on sache d’où vient ce décalage.
Je me suis aperçu assez vite que je l’avais déjà lu, mais je l’ai redécouvert avec plaisir (je le confondais un peu avec Meilleur ami, un autre roman de Lambert). Cela prouve assez bien, je crois, sa qualité.
Le Jugement de César de Steven Saylor
Bon, là, je triche beaucoup : ce n’est pas de la littérature de jeunesse, mais je suis un fan absolu des enquêtes de Gordien. Il ne manquait à mon palmarès que son voyage à Alexandrie. Gordien y rencontre de vieilles connaissances, comme Pompée et César, et y rencontre Ptolémée et Cléopâtre.
Ce qui est fascinant dans les livres de Steven Saylor, c’est que l’auteur nous donne à voir sous un jour nouveau et intrigant des personnages historiques. On en viendrait à admirer Catilina, Clodia ou Marcus Caelius, de fortes personnalités dont l’Histoire a gardé un souvenir plutôt sulfureux et que Saylor a ressuscités pour nous dans les romans précédents. Donner envie de lire des discours de Cicéron, c’est une prouesse !
Dans Le Jugement de César, il aurait été facile pour l’écrivain de se concentrer sur Cléopâtre et de s’en tenir à ce qu’on a vu d’elle cent fois par ailleurs. De façon astucieuse, il accorde une place plus importante à son jeune frère et époux dont il fait un portrait subtil, qui contraste avec la vision du sale gosse imbécile qu’on a de lui (dans la série Rome, par exemple). La haine entre les deux souverains égyptiens vient d’une trop grande ressemblance et elle est attisée par la jalousie – tous deux se disputent l’affection de César. L’aspect policier apporte un peu de piquant, mais il est devenu secondaire au fil de la série. La petite particularité de ce roman réside dans une tonalité presque fantastique à la toute fin –les mystères de l’Egypte. J’ignore si d’autres livres sont en préparation, mais il serait très poétique de s’en tenir là.
Voilà. Fallait pas me priver du Ternet, du coup j'écris des billets suants (et encore, j'ai lu plein d'autres bouquins depuis...). Mais quand Frite sortira enfin de sa mer d'huile, vous aurez bientôt des nouvelles de Dante's Cove, dûment illustrées, bande de petits veinards!
Pitou G.
* Edit : je m'aperçois ce soir, depuis chez mes parents parce que Frite fait encore dessiestes siennes, que dans le message que j'ai programmé à la hâte (chez des amis parce que... bon, z'avez compris), il n'y a pas la photo d'Antinous représenté sous les traits d'Aristée. D'ailleurs, je ne la retrouve plus. J'aurais bien cherché sur internet mais...
Vous n'avez qu'à aller au Louvre!
La conséquence positive c’est que je me suis offert une cure de littérature de jeunesse. Voici un aperçu de mes dernières lectures.
Projet oXatan de
De la science –fiction rondement menée, un récit bien construit et plein de mystère. À lire.
Moche de Rachel Hausfater (pas dans le montage ci-contre car déjà rendu)
Une petite fille laide (beuêrk) se rend compte en observant son chaton rachitique qu’elle aussi, elle peut devenir belle. Si vous aimez Nouveau look pour une nouvelle vie sur M6, ce livre gentillet est pour vous (mais il manque sacrément de Christina-Oh chéri ton jean c’est attentat au être humain-Cordula).
Beau gosse de Hubert Ben Kemoun
Gustave est, en dépit de son prénom, un beau gosse de 13 ans. C’est surtout un garçon insupportable de suffisance et d’égocentrisme qui prend plaisir à humilier les autres. Imaginez Michaël Vendetta de retour en 4ème. Changera-t-il pour Una, cette fille qui ne fait aucun effort de look mais qui est loin d’être quelconque ?
À force d’être à la pointe de la mode, le héros est franchement ridicule. La lecture de ce récit nous venge de tous ces tyranneaux de cours de récré que nous n’avons pas manqué de rencontrer durant notre adolescence, et c’est déjà beaucoup.
Le Royaume de Kensuké de Michael Morpurgo
Une robinsonnade dont on m’avait dit beaucoup de bien, et c’est très mérité.Tout en évitant de sombrer dans le pathos, ce livre plein de tendresse est très émouvant.
Drôle de Samedi soir de Claude Klotz (Patrick Cauvin).
C’est gentil, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. La faute n’en incombe pas à l’auteur, mais classer ces trois nouvelles dans la catégorie « policier », c’est un énorme manque de clairvoyance (surtout dans « Le mois de mai de M. Dobichon » où il est question du record du monde de lever de pantalon dans un ascenseur).
Orphée l’enchanteur de Guy Jimenes
Dans la collection Histoires noires de la mythologie, j’ai beaucoup aimé Œdipe le maudit de Marie-Thérèse Davidson et j’ai trouvé intéressante l’esquisse du Minotaure que croque Marie-Odile Hartmann dans Ariane contre le Minotaure (titre vraiment pourri). On m’avait averti que tous les titres de la collection n’étaient pas à la hauteur : Guy Jimenes inflige effectivement à Orphée un bien triste sort. Ce n’est pas un mauvais livre de bout en bout, mais il est toujours décevant. Bien sûr, ce n’est pas facile de passer après Ovide, mais le mythe du poète thrace fourmille d’événements qui touchent au sublime et l’auteur rate tous ces rendez-vous. Il n’y a pas un moment d’enchantement dans la descente aux Enfers, bien peu d’émotion dans la remontée. Pour ce que Jimenes en fait, il aurait pu tout aussi bien nous épargner l’expédition sur l’Argo.
Il réduit Orphée à un personnage sans saveur, ni profondeur, un végétalien fadasse et lisse jusqu’à l’ennui. Quant à l’idée de faire d’Aristée un mythomane bedonnant, elle était audacieuse, mais j’y suis forcément imperméable, parce que pour moi, Aristée c’est lui, et c’est sacré : (image d’Antinous en Aristée)*. Bousculer les représentations du lecteur, c’est souvent une bonne initiative mais là, pour des raisons très personnelles, ça m’a beaucoup gêné.
Tous les garçons et les filles de Jérôme Lambert.
L’année scolaire de Julien, jeune lycéen qui tombe amoureux de Clément plutôt que de Delphine. C’est subtil et bien écrit : on regrette que l’année passe aussi vite ! Jérôme Lambert touche juste lorsqu’il décrit ce sentiment d’être vaguement étranger au monde qui nous entoure, de sentir que quelque chose cloche sans qu’on sache d’où vient ce décalage.
Je me suis aperçu assez vite que je l’avais déjà lu, mais je l’ai redécouvert avec plaisir (je le confondais un peu avec Meilleur ami, un autre roman de Lambert). Cela prouve assez bien, je crois, sa qualité.
Le Jugement de César de Steven Saylor
Bon, là, je triche beaucoup : ce n’est pas de la littérature de jeunesse, mais je suis un fan absolu des enquêtes de Gordien. Il ne manquait à mon palmarès que son voyage à Alexandrie. Gordien y rencontre de vieilles connaissances, comme Pompée et César, et y rencontre Ptolémée et Cléopâtre.
Ce qui est fascinant dans les livres de Steven Saylor, c’est que l’auteur nous donne à voir sous un jour nouveau et intrigant des personnages historiques. On en viendrait à admirer Catilina, Clodia ou Marcus Caelius, de fortes personnalités dont l’Histoire a gardé un souvenir plutôt sulfureux et que Saylor a ressuscités pour nous dans les romans précédents. Donner envie de lire des discours de Cicéron, c’est une prouesse !
Dans Le Jugement de César, il aurait été facile pour l’écrivain de se concentrer sur Cléopâtre et de s’en tenir à ce qu’on a vu d’elle cent fois par ailleurs. De façon astucieuse, il accorde une place plus importante à son jeune frère et époux dont il fait un portrait subtil, qui contraste avec la vision du sale gosse imbécile qu’on a de lui (dans la série Rome, par exemple). La haine entre les deux souverains égyptiens vient d’une trop grande ressemblance et elle est attisée par la jalousie – tous deux se disputent l’affection de César. L’aspect policier apporte un peu de piquant, mais il est devenu secondaire au fil de la série. La petite particularité de ce roman réside dans une tonalité presque fantastique à la toute fin –les mystères de l’Egypte. J’ignore si d’autres livres sont en préparation, mais il serait très poétique de s’en tenir là.
Voilà. Fallait pas me priver du Ternet, du coup j'écris des billets suants (et encore, j'ai lu plein d'autres bouquins depuis...). Mais quand Frite sortira enfin de sa mer d'huile, vous aurez bientôt des nouvelles de Dante's Cove, dûment illustrées, bande de petits veinards!
Pitou G.
* Edit : je m'aperçois ce soir, depuis chez mes parents parce que Frite fait encore des
Vous n'avez qu'à aller au Louvre!
2 commentaires:
C'est donc bien "Tous les garçons et les filles" que j'avais cru reconnaître dans l'image. Ce livre, je l'aime. Le personnage principal a beau être un garçon, je me suis rarement autant identifié à un personnage dans ma vie. C'est malin, maintenant, j'ai envie de le re-re-relire!
Quant aux aventures de Gordien, elles sont tout simplement délicieuses (alors qu'en général je préfère les enquêtes médiévales). Et je dois reconnaître que depuis "L'Enigme de Catilina", je préfère cent fois Catilina à Cicéron ^^
Tiens, moi aussi, ça me donne envie de relire « Tous les garçons et les filles ». C'est le seul que j'aie lu de cette liste.
J'ai une belle image d'Antinoüs, mais elle me vient de Londres, alors que le jeune homme recevait ses admirateurs au British Museum, avec Hadrien...
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