Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mardi 3 juin 2008

Pour le pire et pour le meilleur - op. 2

Ce matin, c'est encore le troupeau de Grelinda qui s'est chargé du pire. Ils ont atomisé un record du monde, celui du nombre minimal de copies remises. Un mois pour lire un +%*@# de bouquin qu'ils étaient allés choisir au CDI (eh m'sieur, L'amour en chaussettes, esksé d'la science-fiction?) et me faire un travail d'écriture à deux balles (quatre extraits du journal intime d'un personnage correspondant à quatre moments cruciaux du roman; un seul objectif : me prouver qu'ils avaient lu le livre).

Et aujourd'hui, tadam, récolte mirifique de huit copies (dont deux avec trois lignes dessus). Moins d'un tiers de la classe. Même Aziate ne m'a rien rendu - pour vous, ça ne veut rien dire, mais pour moi, c'est un ultime rempart qui vient de s'abattre... Aziate, la seule qui en voulait, qui essayait, qui se battait; Aziate, pas la meilleure, mais sans conteste la plus méritante; Aziate a chu... Mais elle, elle a quand même baissé la tête quand je suis passé dans les rangs mendier mes copies (en théorie, c'était censé remonter leur moyenne... ne me demandez pas pourquoi je ne bosse pas pour météofrance, avec des prédictions pareilles). Le pire, c'est que je ne suis même pas sûr que ça la fasse baisser...

Alors forcément, moi qui avais mis de l'eau dans mon vin et décidé de la jouer à la fine pour éviter l'éternel rapport de force (j'étais même parvenu à faire sourire Grelinda et à faire écrire Nikolic - le seul élève au monde qui se sente agressé quand on lui dit "bonjour"), j'ai sorti mon grand jeu de stentor et d'aboiements. J'ai beuglé au moindre murmure pendant qu'ils travaillaient faisaient semblant de faire le travail demandé et que je remplissais une douzaine de carnets de liaison et relevais le nom de ceux qui n'avaient pas le leur pour les coller. Paisible matinée... Mais bon, c'est pas comme s'ils se cramaient les cheveux dans les couloirs (ah? on me dit que si...). Basta pour le pire.


Bon, ce n'est pas la classe des anges, mais ça console un peu :
Voilà ma sélection de florilèges poétiques de la classe que je possède dont je suis prof principal. On aurait pu s'attendre à des merveilles, vu qu'on y trouve quelques poètes (Catul-pas-de-e, Tibulle... on y revient). Je ne dis pas que certains ne s'y sont pas donnés à fond, mais l'impression d'ensemble est nettement moins rafraîchissante que . Ils ont un an de plus et donc moins d'enthousiasme. Il faut dire aussi que les consignes étaient un poil plus austères. Je reste néanmoins surpris par certains poètes qu'ils ont convoqués. Certains sortent un peu des sentiers battus et affirment à travers leurs choix des personnalités intéressantes. Et c'est avec plaisir que j'ai vu des élèves discrets sortir de leur réserve. Oh, rien de bien croustillant (pas de balanophages - ils se souvenaient quand même du destinataire) : je m'attendais à ce que Catul-pas-de-e joue la provocation et je suis presque déçu de sa retenue.

Sans grand étonnement, mon champion reste Tibulle :

Ne vous y trompez pas, ce qui ressemble de loin à un brouillon est en fait un travail très élaboré, et pas seulement dans sa forme. J'ai adoré découvrir ses impressions sur les poèmes qu'il a choisis. Il a parfaitement compris l'esprit de l'activité.

À présent, comparons avec un vrai brouillon. Catul a ajouté à sa marque de fabrique (des ratures partout) une spéciale glam'touch :

La grosse tache de gras (huile ou beurre? j'hésite encore), pour un effet papier-vitrail. En appréciation, je n'ai pas pu m'empêcher : "décoration ou reste de petit-déjeuner?".
Et bien malgré ses deux jours de retard et sa présentation digne de la Cour des miracles, il ne s'en sort pas si mal... Je vous laisse les bulles de Tibulle.




Pitou G

P.S. : Saurez-vous dénicher la référence-pas-de-e télévisuelle qui se tapit quelque part dans ces lignes?
P.P.S. : Ce blog est en train de virer méchamment "loisirs créatifs"

9 commentaires:

Guilitti a dit…

la référence télévisuelle, non, mais la balanesque, oui, à l'encre noire...

Alcib a dit…

Ça devient trop intellectuel pour moi ; je n'arrive plus à suivre.

Anonyme a dit…

Difficile de répondre à ta question car mes (vieux) yeux ne déchiffrent pas tout, mais pour ce que j'ai lu, tu dois être drôlement fier d'avoir un élève pareil, ça rattrape le caisson d'hier, non ? j'ai trouvé àa drôlement chouette ! t'es sûre que c'est pas la maman qui l'a fait, au moins ? parce que bon, moi, j'avoue, des fois, j'améliore un peu l'ordinaire de mon fils ...

Anonyme a dit…

C'est un problème de cartable qu'on lui avait caché , ou qu'il avait perdu...


TAdF

Anonyme a dit…

Je dois être trop vieux aussi je n'arrive pas a lire, les lignes de la page tache de beurre !

Pff ces jeux ne sont faits que pour les jeunes, qui ont 10/10 en vision ! C'est un scandaaaaale ! :D

Les Pitous a dit…

À tous=> Je m'aperçois que ma formulation était vague au possible... La référence télévisuelle est dissimulée dans les lignes de ce blog, et non dans le dossier de Tibulle. Pour les myopes, il suffit de cliquer sur la photo... Normalement, on voit mieux après.

Manue=> Ce petit diablotin de Tibulle, tout fier de son 20 (quand on aime...), s'est vanté de s'être couché à minuit pour terminer ce travail commencé à la dernière minute. Et franchement, je le crois. C'est un travail très personnel, ça se sent. Dans le fond et dans la forme, c'est de lui, ça ne fait pas l'ombre d'un doute (je fréquente l'animal 7 heures par semaine, je commence à le connaître).
Pousser ses enfants à faire mieux, quitte à mettre la main à la pâte, ça me semble dans l'ordre des choses - même si ça ne va pas dans le sens de l'égalité des chances.

Anonyme a dit…

En fait, oui, mon fils progresse quand je travaille avec lui, même si le prof essaie de le coincer, doutant que c'est lui qui l'ait fait, il n'y parvient pas, car, comme on dit à la Nouvelle Star (ma plus grande référence culturelle, mea culpa, mea maxima culpa), il s'est approprié le travail, il connaît le sens de tous les mots employés et, pire même, j'écris dans son style à lui ... Mais où la perversité va-t-elle se nicher, je vous demande ?
Cela dit, je l'ai vraiment aidé beaucoup une grosse fois, où il devait inventer la suite d'une histoire de Nerval ou quelque chose comme ça ... on y a passé quelques heures, j'ai mis en forme ses idées A LUI, avec lui ... il a eu 19 ... mais ma plus grande joie a été quelques semaines plus tard, quand ils ont dû faire sur table le même type de travail (j'avoue que j'avais quelques craintes ...),: et il y a obtenu la note de 16.5/20, deux points perdus pour l'orthographe et l'écriture de cochon (la fois d'avant, c'était dactylographié !)
Alors je n'ai pas regretté de l'avoir aidé la première fois !

V à l'Ouest a dit…

Gè kompri juste le débu du biyé, M'sieur. Sa me réuci pas deux lir ta proze a troi zeures du mate.

Les Pitous a dit…

Manue=> Des points perdus pour l'orthographe et la propreté? Ton fils aurait-il des accointances avec Catul-pas-de-e? Allez, avoue : c'est lui!

Vincent=> Tss! Va te coucher, petit. Je te chanterai une berceuse!

Tous=> Pour la référence télévisuelle, c'était pas facile. Dans la série québéquoise Catherine, il existe une Chantal-pas-de-e du genre potiche.