Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

dimanche 12 octobre 2008

Soirée en Presque Bretonnie

Notre département est une annexe de la Bretonnie : en voyant les marées d’Armoricains, les flots de Finistériens et les armadas venus d’Elle-est Vilaine, qui déferlent sur notre ville, on a peine à croire que sa population diminue. Hélas, ces émigrants ne trouvent chez nous qu’un asile transitoire, purgatoire avant le retour tant espéré sur la terre natale à l’Ultra-Ouest. Pour eux, c’est le supplice de Tantale : ils sentent l’odeur des embruns celtes et entendent les échos mélodieux du biniou, mais restent aux porte du Paradis.

Certains de ces exilés tentent courageusement de s’acclimater, comme Anne-Soizic et Loïc-Marie - qui se sont installés dans le quartier le plus chic de la ville, tant qu’à faire. Pour mieux supporter le déracinement (ou par appétit impérialiste), ils ont importé en Normandie la coutume de la mini-festnoz (c’est bien connu : les Normands ne boivent jamais) :

Bonjour à tous, 
En cette période morose de fin de vacances et de pré-rentrée, un petit rayon de soleil vient illuminer votre journée: vous êtes cordialement invités à nos deux ans et demi de PACS, un an de crémaillère, 26 ans et 11 mois d'Anne-Soizic, presque 27 ans et demi de Loïc-Marie.... (liste non exhaustive, vous pouvez même rajouter des trucs si vous avez envie).

Même pas besoin de prétexte, on fait la fête pour boire faire la fête. Avec le plus de Bretons possible, cela va sans dire. Il faut avoir un haut degré de bretonnitude pour songer à nous convier à une fête pendant un week-end (quelle idée excentrique!). Mais après tout, il paraît que ça se fait d’avoir une vie sociale, on l’a vu sur MTV.

C’est donc munis d’un cake courgette-poivron- graines celtisé au sarrasin (mais à l’huile d’olive, on est contre la graisse de baleine), d’une bouteille de cidre normand et d’une autre de rosé (qu’on essaie désespérément de refourguer et dont on verra qu’elle fut totalement hors-sujet), que nous franchîmes le seuil de leur luxueux (c’est chauffé) loft de 120 m2 (60 en loi Carrez).

Luttons contre les idées reçues :
- En chaque Breton sommeille un oenologue. Il ne se murge pas à la Kro, ne se défonce pas au chouchen mais apprécie les grands vins... dans des gobelets en plastique, bien qu’il les trouvent un peu petits.

- Le prénom breton par excellence n’est pas Loïc ni Yann mais Fred (un tiers des Bretons, au bas mot).

- Le Breton n’est pas recroquevillé sur ses origines mais accueille avec beaucoup de chaleur Ornais, Mayennais. Et même des Parisiens (à condition qu’on décèle une trace de bretonnitude dans leur A.D.N. - et on a vite fait d’être breton*)

- La Play-list du breton ne contient pas que Tri-Yann, Mes souliers sont rouges, Miossec, Dan Ar Braz ou Yann Tiersen. Un caban moiré, une lichette de saindoux dans les cheveux, et il fait un M. presque convaincant (un numéro rôdé dans toutes ses soirées depuis trois ans).


Mais les préjugés, c’est bien quand même :
- Le Breton est joli.

- Le Breton est amical. Il aime le contact et les franches rigolades.

- Le Breton tient bien l’alcool (le Normand est H.S. au bout de trois verres)

- Même sans arrière-pensée sexuelle, il vous invite à abuser de l’alcool (le rhum-orange que vous trouvez corsé est à leurs yeux une boisson de religieuse - d’où le succès du Christianisme sauce armoricaine).

- Voyageur dans l’âme, il n’hésite pas à avaler les km pour rendre visite aux amis (cf point n°2).

- Le Breton, mais surtout la Bretonne, est hardi : il n’hésite pas à éprouver la solidité du plancher en bondissant par paquet de dix au m2 (par précaution, il a élu domicile au-dessus de locaux professionnels).

- Il a accoutumé son organisme aux exigences de la fête. Il encaisse les excès et peut tenir une nuit entière (le Normand déclare forfait à 1H30).

Le genre de soirée qui vous fait une tête de cul...

Pas lassée de notre compagnie (on vous avait dit qu’ils étaient endurants), l’assemblée a insisté pour que nous revenions pour le petit-déj’. Si nous n’avons pas cédé à l’appel du croissant (que nous aurions amenés, nous ne sommes pas des sauvages), ce n’est pas faute d’envie : nous devions honorer une autre invitation le lendemain : qui l’eût cru?

À défaut de viennoiseries, nous leur avons laissé le rosé...

Double Pitous

* Pour preuve, nous avons tous deux des ascendants bretons.

4 commentaires:

Guilitti a dit…

Anne-Soizic et Loïc-Marie : rassure moi, ce sont des pseudos?

Anonyme a dit…

tres breton tout ça !
quelle agréable region : concarneau est magnifique tout comme saint malo !!!

Anonyme a dit…

Ah les prénoms en cours dans la famille....

des gwen par ci, des erwan par là, des seguolenn, mais dis donc, pas de Fred,

serais-je normande en fait ?

Pour l'alcool, ce n'est qu'un mythe, les bretons ne boivent pas.
Ils se réchauffent, c'est tout.

Les Pitous a dit…

Guilitti=> Tu peux te rassurer. Je ne suis pas certain que ces pseudonymes leur conviennent, mais n'ayant pas leur agrément, j'ai préféré ne pas donner leurs vrais prénoms (pas forcément communs non plus...)

Fiuu=> Nous connaissons mieux les Bretons que la Bretagne!

Dom=> une famille bretonne sans Fred dedans? Des Bretons peu patriotiques, peut-être...