Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

lundi 29 juin 2009

Mysterious ouaich'

Il n'y a pas que dans les boutiques de vêtements qu'on déstocke : j'ai su par une rumeur qu'on liquidait les photos de classe prises en septembre dernier pour moins cher que gratuit. J'ai fait une razzia dans les cartons. On lutte comme on peut contre les ravages du temps : après 8 ans d'enseignement, je me rends compte que le visage de beaucoup des enfants que j'ai vus défiler s'efface dans ma mémoire, surtout quand d'autres qui leur ressemblent sont passés après eux : leurs traits se superposent et se confondent.

On a beau savoir qu'à cet âge-là, ça change vite, j'ai eu quelques surprises. Côté gnomes, la métamorphose, dans les rares cas où elle est survenue, est essentiellement mentale. La photo n'a donc pas trop attiré mon attention, si ce n'est que j'aurais vraiment dû m'abstenir de cet ensemble ton sur ton qui me donne l'air d'une grosse glace à la vanille. La classe de Pandore et Fillette a une photo très classe : un dress-code rouge et noir avait été convenu. Ça gère et ça mégères dégère, comme ils diraient.
Je suis content aussi d'avoir la photo de mes poètes* (en bonus, dessus, il y a Grelinda avant qu'elle ne quitte Haquenée, c'est collector), surtout que je ne l'avais pas eue l'an dernier. Tibulle avait moins de muscles et de cheveux, mais déjà son sourire désarmant, alors que Catul, manifestement perdu dans une rêverie mélancolique, a tout l'air d'un kouros auquel on aurait enfilé un (moche) sweat-shirt.

Pas de panique, le vrai Catul a des bras (et un moche sweat-shirt)
(The Strangford Apollo, British Museum)

Tout cela est bien gentil, mais aucune de ces surprises ne justifie le titre de ce billet (et vous savez très bien que tous les titres de mes articles sont pertinemment choisis) : Il se niche où, le mysterious ouaich', hein? Il faut aller le trouver dans la photo d'une autre classe, celle que je gouverne d'une main de fer dont je suis le pépé prof principal. Ce n'est pas la présence sur le papier glacé de ma trop regrettée Beach Girl, partie en décembre sous les sunlights de la capitale régionale (puis en tournée sur toutes les plages de France). Ce n'est pas non plus la singulière impression de voir leur visage dans le silence.
Dans le coin en haut à gauche, il y a un élève dont la tête est inconnue au bataillon. Je ne l'ai jamais vu de ma vie! Je me souviens très bien d'une gamine qui est restée inscrite chez nous trois semaines, dont deux d'absence. Mais pour lui, rien à faire : le trou noir... Est-ce un étourdi qui s'est trompé de classe? Un farceur? Un correspondant ouzbek? Un spectre qui hante Haquenée depuis trente ans et dont seule la chambre noire peut révéler l'apparence? J'en viens à douter de ma santé mentale : si ça tombe, ce môme est dans la classe depuis le début de l'année et je n'ai jamais relevé sa présence parce qu'il est d'une discrétion inouïe...

Pitou G.

* Je préviens tout de suite les participants au séminaire blogologique en Pays de la Loire qu'ils auront à jouer à qui est qui. Révisez bien!

P.S. : et finalement, il est où, le mysterious ouaich'? Bonne question...

jeudi 25 juin 2009

Y en a des biens...

On peut être de gauche et misanthrope. Je suis parfaitement pour la promotion des valeurs de solidarité, partage, blablabla, mais j'aime beaucoup aussi être tranquille à la maison et me contenter de l'aimable et discrète compagnie des chats ou d'un pitou (non moins aimable et discret, sauf lorsqu'il se la joue poitrinaire pendant douze jours et passe ses nuits à me tousser dessus - plaignez-le, plaignez-moi!). Ce goût du calme ne laisse pas de gêner les semi-obligations mondaines de la vie d'un insigne conseiller municipal, obligations que je choisis la plupart du temps "d'oublier". A l'instar de notre LN qui prétendait avoir sa progéniture à chercher à la crèche pour s'échapper d'une énième et superfétatoire réunion pédagoguique, il m'arrive de prétexter des impératifs personnels/professionnels/esthétiques pour m'extraire du rôle de potiche imposé par la nécessaire représentation et retourner à la vie normale. C'est mal, je sais. Mais comment résister à l'appel du foyer?

J'aime donc mes voisins, même si participer à la fête du quartier en tant qu'élu est un calvaire. Je ne parle pas ici des vénitiens, qui sont plus des amis que des voisins. J'aime notre voisine un peu bohème qui garde les chats (même si je maudis l'ombre épaisse et persistante de son laurier). J'aime notre autre voisine, bien plus chenue, qui semble toujours si ravie d'engager la conversation, en gardant ma main dans la sienne, même si c'est généralement pour me dire que nos bêtes ruinent ses semis - à ma grande confusion. Il y a aussi nos voisins d'en face, heureux habitants d'une minuscule maison fort laide, les pauvres ne roulant pas sur l'or. Ainsi va le monde: à l'heure de fermer les volets de notre altière demeure, la contemplation du modeste logis nous donne toujours un certain sentiment de culpabilité.

Pourtant, nos voisins sont loin d'être désagréables. Lui, la quarantaine tatouée, en pantacourt toute l'année, t-shirt l'hiver et torse nu l'été, s'épanouit à bichonner sa voiture (Dieu existe: il n'est pas fan de tuning) ou à promener son molosse. Peu de chance qu'on devienne les meilleurs amis du monde, mais un salut cordial nous satisfait depuis bientôt deux ans. Sa compagne en revanche ne saurait se contenter d'aussi peu. Je voyais bien qu'elle était plutôt du genre liante, mais malheureusement nos chemins ne faisaient toujours que se croiser. Jusqu'à un récent matin où elle a profité traitreusement que j'ouvre les volets (pas sur sa tronche, pourtant) pour traverser la rue et m'adresser la parole. J'ai oublié un membre important de la famille; la petite Démona (mini concours: devinez le nom réel de la petite. Un indice: le surnom correspond sensiblement à la signification du vrai prénom).

Passées les platitudes météorologiques, il a bien fallu parler d'autre chose, en l'occurence de la Fête des voisins à laquelle j'avais fait une apparition peu remarquée (par elle) et de son effet bénéfique sur la socialité, la vie du quartier, la polinisation croisée...

- Je vois que vous travaillez à l'accroissement du quartier! (la dame ayant depuis quelques mois l'allure d'un Botero)
- Hein? Démona descends de cette barrière tu vas tomber!
- Vous attendez un heureux événement... qui augmentera la population du quartier.
- Ah oui, mais c'est pas sûr qu'on reste vu qu'on manque de place.
- euh, effectivement, glurps...
- Démona je vais pas te l'dire quatre fois, arrête de te balancer! Parce que vous comprenez, on n'a que deux pièces, alors à moins qu'on fasse une chambre là (montrant la deuxième fenêtre) mais y a à peine la place d'un lit. (Honte sur nous et nos trois étages) Et sinon vous avez vu Vachebdo cette semaine?
- Non, je ne lis pas cette bouse, ce journal.
- Moi non plus mais j'étais contente de voir le gros titre "Les homos s'affichent."
- Ah, euh, oui...
- Rassurez-vous j'ai rien contre, j'en connais plein. Déjà quand j'étais à Boudinville j'en avais comme voisins et au boulot aussi et vous maintenant!
- C'est sûr...
- Démona lâche cette gouttière, je te jure que ça va mal aller!
- Pas évident à cet âge, il faut donner de la voix...
- Oh oui et Démona est agitée et moi je crie beaucoup, d'ailleurs mon homme arrête pas de me dire "mais pourquoi tu gueules comme ça?", je le sais mais je m'en rends pas compte. J'ai été élevé comme ça de toute façon, et à son âge j'étais comme Démona et ma mère elle criait beaucoup alors je fais pareil, sauf que moi je m'en prenais une quand j'allais trop loin mais je veux pas faire pareil.
- C'est déjà bien d'en avoir conscience... Votre compagnon a raison. Crier ne sert presque toujours à rien, je m'en suis rendu compte dans mon métier (Bourde!).
- Ah bon, mais qu'est-ce que vous faites?
- Je suis professeur de Français au collège Haquenée (et j'espère ne jamais avoir Démona en classe).
- Ah je ne savais pas... Démona pas sur la route!
- Je vois qu'elle s'impatiente, je ne voudrais pas vous retenir plus longtemps... Au revoir et bon courage!

V.


dimanche 21 juin 2009

Parlez-moi d'amour

Nul n'est censé ignorer la loi, surtout pas les agents de l'Etat (si on pouvait penser à la simplifier, ça rendra notre mémoire moins sélective, je pense). Il y en a au moins une qui est négligée par commodité dans l'Educ'Nat', c'est l'obligation d'offrir, à tous les niveaux, au moins trois séances d'éducation à la sexualité à nos ouailles. Et quand on parle d'éducation à la sexualité, on ne parle pas que de l'aspect biologique des choses, gonades, hormones et compagnie. L'aspect purement scientifique est à la fois ce qui préoccupe le moins les ado et ce qui rassure le plus les enseignants, vu que ces derniers ne sont formés qu'à ça.

Mais la sexualité, c'est aussi et surtout du psycho-affectif et du socio-culturel. Et comment ça se prend en charge, ça? C'est justement pour répondre à cette question que certains personnels avisés d'Haquenée (plus l'infirmière que le Bigboss, à mon humble avis) ont pris l'initiative de demander une formation. L'idée était de constituer une équipe de référents. Comme il n'y a pas de raison de réserver l'approche de la sexualité au seul domaine scientifique, je me suis porté volontaire : après tout, on ne trouve pas meilleur laboratoire de sentiments et de questionnement sur soi que la littérature! Dans l'édition pour la jeunesse, on ne manque pas de titres excellents pour servir de supports.

La réunion a rassemblé une poignée de profs, assistantes sociales et infirmières d'Haquenée et d'un autre bahut de la ville. Les lecteurs fidèles du blog reconnaîtront tout à l'heure trois figures déjà rencontrées dans un autre contexte. À l'issue de la première journée, rassuré par le fait que notre rôle consistait surtout à renvoyer aux mômes leurs propres interrogations et à faire circuler la parole dans le groupe, je me sentais tout à fait capable d'encadrer un groupe avec une collègue (parce que c'est indispensable d'être deux, et si possible de sexe opposé). Mais vendredi, un petit jeu de rôle a sérieusement ébranlé ma détermination. Il fallait simuler un orgasme (rhôôô!) un face-à-face avec un seul élève, un aparte sous une porte cochère entre-deux portes : autrement dit la question-piège tellement embarrassante que l'ado vous la largue en catimini. Chaque stagiaire jouait deux fois le rôle de l'ado et de l'adulte, affrontant une question distribuée par la formatrice.

J'ai ainsi eu le bonheur, pour mon galop d'essai, de lancer à la Vénitienne une bombe que je n'ai même pas comprise à la première lecture : "Mon cousin qu'est pompier, y m'a dit que des fois, y en a qui restaient coincés".
La Vénitienne a écarquillé les yeux, les pupilles dilatées par l'incompréhension. Elle m'a demandé de préciser ma question. Comme j'avais fini par en décrypter le sens, j'ai enchaîné : "Bah coincés quoi... l'un dans l'autre. C'est pour ça que les pompiers devaient intervenir".
J'ai lu la panique dans le regard de la Vénitienne. C'était moins dangereux de manger mon Barkouk que de répondre à cette charade. Trois minutes, dieu que c'est long!

Quand j'ai demandé à Romanella quels étaient les meilleurs moyens de contraception et feint de croire que ma petite amie pourrait s'empoisonner avec sa pilule, j'ai été tout de suite plus à l'aise. Pour le fun, je lui ai aussi demandé s'il n'était pas plus sûr de mettre deux préservatifs au lieu d'un. J'ai trouvé Romanella plutôt à l'aise et rassurante. Elle m'a dit que j'avais été un élève sympa. Alors après, pendant le debriefing, quand la formatrice a émis l'hypothèse que derrière cette question, apparemment anodine, il fallait peut-être déceler la présence d'une autre interrogation que le/la jeune n'oserait pas aborder de front, je me suis affolé. Moi, j'aurais répondu exactement comme Romanella, trop heureux de m'en tenir à des informations pratiques.

Après, il a fallu endosser le rôle de l'adulte. Je pensais m'en être tiré pas si mal quand une collègue m'a demandé pourquoi on voyait partout que des nanas à poil et jamais de garçons. Avec le recul, je m'aperçois cependant que je ne lui ai pas suffisamment redonné la parole.

Trois minutes plus tard, quand un collègue m'a demandé d'un air revêche : "Mais comment vous voulez qu'on s'intéresse à moi avec la gueule que j'ai?", ça a été la cata. D'un coup, toute la misère de l'adolescence s'est abattue sur moi. Qu'est-ce qu'on peut répondre à ça? Un immense sentiment d'impuissance m'a fait bafouiller. Je voulais trouver des mots rassurants, tout en évitant de jouer les dames patronnesses, le pire étant sans doute de faire la dame patronesse pas rassurante du tout ("ce qui compte, c'est la beauté intérieure; l'essentiel, c'est d'avoir un coeur" arrrrrgh!). À la réflexion, ma réaction n'a pas été si mauvaise que ça : pour le coup, je lui ai bien redonné la parole pour qu'il me dise d'où lui venait cette impression. Ensuite, je lui ai dit qu'à son âge, personne n'était bien dans sa peau, qu'il était forcément trop sévère avec son propre reflet dans le miroir et que c'était parce qu'ils étaient en groupes que les autres lui semblaient plus à l'aise. Mais moi, je ne sais pas regonfler l'estime de soi des autres en trois minutes chrono! Ça s'est soldé par mon fou-rire : le pire scénario possible.

Voyons le bon côté des choses : on n'a pas le temps de prolonger le jeu de rôle. Normalement, c'est bien de jouer trois fois les deux rôles, il paraît. Moi, je suis ravi qu'on m'ait épargné la honte de demander à la maman de Tibulle : "Est-ce que ça craint, la sodomie?", "Est-ce qu'on peut acheter du sperme en boîte?" ou de lui avouer "J'ai peur que mon sexe devienne géantissime". Et j'aurais été tout aussi gêné de l'entendre solliciter mon avis éclairé sur des points aussi banals que : "Est-ce dangereux de se doigter quand on a les mains sales?", "Est-on obligé d'éjaculer entre les seins?" ou "Pourquoi les filles mouillent?"

Pitou G.

P.S. : je jure solennellement que je n'ai pas pris part à cette formation dans le but de booster l'audience de ce blog.

samedi 20 juin 2009

Oraison au Tubercule

Ça commence à être ridicule. Il va bien falloir que je m'y fasse : quelles sont les chances pour que Madame Patate réédite un jour? Son dernier message date de quatre mois et les précédents paraissaient avec la fréquence de la comète de Haley. Il serait temps de la faire basculer dans la rubrique "Beaux endormis", spécialement créée pour les blogs à l'abandon que j'aime ou ai aimés : demi-mesure moins douloureuse que l'irrévocable oubli.

Mais je n'arrive vraiment pas à m'y résoudre, parce qu'il y avait vraiment quelque chose de spécial, chez Dame Patate, du temps de sa splendeur. Y-a-t-il d'autres bloggeurs capables de répondre aussi gentiment à ses commentateurs? On se sentait bien accueillis, on rigolait énormément même s'il y avait (parce qu'il y avait?) un fond d'amertume dans ses écrits. Madame Patate magnifiait le quotidien.
Il existe mille et une raisons d'arrêter de bloguer, et toutes sont légitimes. Nous sommes tout de même quelques centaines à nous inquiéter de son sort...

Allez, un peu de courage. Ce n'est pas si compliqué d'ajouter un nom dans la liste des "Beaux endormis"...

Pitou G.

Bonus C'est quoi cette malédiction avec les miss France picardes? Y a t-il une force supérieure qui les prédestine à suivre le plan média le plus con possible?

vendredi 19 juin 2009

Chatons pas si magiques et pitbull en jupon

Le poste qu'occupait provisoirement mon homme cette année à Haquenée est passé au mouvement et sous son nez. Une fois cette déception digérée, il restait une urgence à régler : s'assurer que

l'alerte rouge muselière

pouvait être levée. Ce n'est pas Pitbulla qui a eu le poste, c'est le lot de consolation. J'ai extorqué à la secrétaire le nom de l'heureux vainqueur, un monsieur (en l'absence de prénom, je ne peux me livrer à aucune hypothèse d'âge) en provenance de Dunkerque-la-souriante.

L'espoir est qu'il n'a pas obtenu le poste par défaut : ceux qui viennent d'une autre académie sont toujours susceptibles d'arriver-là faute d'avoir eu la capitale régionale ou la côte. Et il n'y a rien de plus pénible que de bosser auprès de quelqu'un qui n'en finit jamais de pester d'être là. Surtout quand il y avait sur la ligne de départ des gens qui l'auraient bien voulue, cette place! M'enfin, quand on fuit Dunkerque, je ne crois pas qu'on fasse la fine bouche (pour toute réclamation de Nordistes courroucés, je vous renvoie à la fenêtre des commentaires...)

Sinon, je n'ai pas perdu ma journée : entre deux quintes de toux, j'ai reçu un cadeau de ma collègue N. Oh le joli montage!

Cliquez sur les minous!
Et votez pour le plus choupi!

Pitou G.

P.S. : Poussinou, sa mère la poule, n'a toujours pas pensé à mon anniversaire...

jeudi 18 juin 2009

Lettres des poètes bientôt disparus

Je dirai bientôt adieu à ma classe de poètes. Pour l'heure, ils n'ont pas la tête aux effusions : ils sont dans la dernière ligne droite pour l'examen. Ce n'est pas qu'ils révisent d'arrache-pied, mais ils sont préoccupés par l'obtention du brevet informatique, Bédeuzi pour les intimes, nécessaire pour le brevet tout court. Le sujet ne les a pas beaucoup tracassés jusqu'à présent; il faut attendre les dernières semaines pour assister à la razzia des élèves sur les gentils profs qui pourraient valider le premier item venu (me demander à moi d'évaluer la capacité à remplir une feuille de calcul, c'est truculent).

Les demandes de validation se font via un formulaire électronique qui prévoit une ligne "commentaire". Comme l'a judicieusement remarqué une élève dans cette case, "mais faut mettre quoi en commentaire en fait?" Je n'en ai aucune idée. Mais certains de ses camarades y ont vu une tribune. Une toute petite tribune, puisqu'elle est limitée à quelques mots. Qu'à cela ne tienne : il suffit de répartir le message sur plusieurs formulaires; à charge pour le destinataire de reconstituer le puzzle. J'ai bien ri, parce que leurs télégrammes sont vraiment emblématiques des personnages :

- Les poétesses polies qui demandent avec toutes les précautions oratoires possibles que je veuille bien accéder à leur requête.
- Properce et Clhoae, poètes raisonneurs, qui m'expliquent que tel ou tel item coïncide avec le travail sur ordi que je leur avais fait faire en octobre ou en mars...
- La poétesse muette qui laisse le champ vide ou l'orne de trois points de suspension très révélateurs.
-La poétesse qui me donne l'air de faire la quête : "Pour avoir mon brevet, s'il-vous-plait!"

Et puis il y a bien sûr mes deux champions, qui brillent dans leurs catégories respectives :
- Catulle s'épanche en de longs et obséquieux développements (tiens, en fin de compte la case "commentaire n'est pas si limitée que ça; à croire que les autres ont trouvé amusant de saucissonner leurs messages), loue ma générosité si universellement reconnue et implore ma proverbiale clémence en diverses tournures, avant de chanter ses propres mérites, non sans humour.
Extraits choisis :
bonjour monsieur, je vous demande de me valider cette
application en souvenir de mes contrôles enregistrés
au bon endroit.je vous remerdie d\'avance en comptant
sur votre extrordinaire générosité
C'est en faisant le copié-collé à l'instant que je viens de repérer le savoureux lapsus : "je vous remerdie" restera dans les annales. Mais est-ce bien un lapsus? Je viens, en effet, de découvrir qu'il a récidivé :
me revoilà!!! cette fois c\'est au nom du travail énorme
que j\'ai fourni lors des séances informatiques que je
vous demande d\'avoir la bonté de m\'accorder cet item.
je vous remerdie d\'avance en comptant sur votre
légendaire générosité

Ou encore :
bon je ne sais plus quoi dire donc je vais juste compter
sur votre bonté et votre grandeur d\'âme pour satisfaire
à ma demande =D

-Tibulle, lui, se fend d'un message en puzzle. Une fois remis dans l'ordre, ça donne :
merci de bien /vouloir valider ces compétences /
pour le brevet /sans quoi je serai / peut-être
encore dans/votre classe l'an prochain /
Le désespérant(sans fautes, c\'est mieux) Tibulle
Il semble penser que passer une troisième année serait pour moi la pire des tortures. Et même s'il a l'air d'en rire, je me demande s'il sait à quel point il est dans l'erreur...

Pitou G.

mercredi 17 juin 2009

Un flair bien orienté

Maintenant que mon article d'anniversaire a dépassé le plafond requis, je peux de nouveau publier ;)
S., la collègue qui reçoit les papas en shorts, discutait orientation, apprentissage et anciens élèves. J'écoutais d'une oreille distraite.

"Ce n'est vraiment pas évident de trouver un patron. Et quand ça se passe en famille, ça ne marche jamais : pour Untel et Bidule, c'est mal parti. Par contre, il y en a un qui s'en tire pas mal, c'est Mi-Benêt. Il a trouvé un patron super, un menuisier-plaquiste qui travaille avec des matériaux écolo."

Mon flair légendaire m'a fait tiquer :
"Comment il s'appelle, ce menuisier?
_ Oh, je ne sais plus... Il est dans un patelin au nom bizarre...
_ Ce ne serait pas Mike Delfino, par hasard?
_ Ah oui : c'est lui!
_ Le petit Mi-Benêt Mi-Beaucul a déroulé de la laine de bois dans mon grenier... Je me disais bien que sa tête me disait vaguement quelque chose!"

Moralité : Il ne faut jamais laisser un mauvais souvenir aux élèves rétifs, ils pourraient saccager l'élégance de votre salon.
Et dire que Pitou V. a son petit frère en classe...

Pitou G.

lundi 15 juin 2009

On trottine au Trentin?

Trente ans, déjà incontinent

Je suis tellement enroué qu'avec toutes ces histoires de grippes porcine, aviaire, ovine, caprine, agraire ou ornythorinciale, on ferait bien de me mettre en quarantaine. Ne faisons pas de zèle : aujourd'hui, on me met en trentaine, et c'est bien assez comme ça.

Ci-dessus, vous pouvez constater qu'une bouteille de cidre fermier (d'où le soupçon de grippe chevaline ou dindonnière) m'a fait la fête, en déversant les deux tiers de son contenu sur ma pomme : la décennie à venir s'annonce joviale. Notez le détail saisissant du bouchon rebelle qui gît encore à mes pieds, tout frémissant encore des derniers soubresauts de l'agonie. C'était très rafraîchissant. J'ai aussi beaucoup aimé sentir le garçon d'écurie tout au long de la journée.

Hier, on parlait virelangue (enfin, c'était le titre de l'article, quoi!). Essayez donc celui-ci :
Pitou trop trentenaire trottine au Trentin, trinquons!

À circonstance exceptionnelle, réponse exceptionnelle : il n'est pas question que cet article amasse moins de 30 commentaires. Sinon, je boude. Si ça peut aider à faire passer la pilule des trente berges...

Pitou G.

Merci à Florence qui nous a envoyé il y a quelques jours ce bien sympathique cadeau, et à Aïcha dont le gentil mail ne pouvait pas mieux tomber aujourd'hui (quelle intuition!)

dimanche 14 juin 2009

Virelangue

J'aimerais passer rien qu'une journée dans la peau d'un non-francophone pour savoir, enfin, si à mes oreilles le français tinte comme une belle langue. J'allais écrire objectivement mais ça, évidemment, ça ne sera jamais possible, même en admettant que je ne comprenne plus ma langue maternelle.
Je peux juger de la beauté de l'italien, du japonais ou du swahili, de n'importe quel idiome que j'entendrais pour la première fois, mais pas de la langue que je pratique sans même y penser. Le sens fait obstacle. Comprendre fait obstacle.

Demandez à un francophone de vous donner le mot le plus beau de sa langue, et il vous répondra à tous les coups quelque chose comme amour. Mais c'est l'idée, pas le mot qui lui plaît, soyez en sûrs! Qu'ont de charmant les sonorités du mot amour? Et quel est le mot que, moi, je trouve le plus beau parmi tous ceux dont j'use (et que j'use) sans les écouter? Je n'en saurai jamais rien, c'est bien le drame : il faut ne pas comprendre pour apprécier. Il me faudrait un français sans message.
Un français sans message? Ça veut dire qu'en écoutant des mots piochés au hasard et des propos absurdes, je vivrais l'expérience du non-francophone découvrant le français pour la toute première fois? Il faut qu'un sens préside à l'organisation des mots - sinon, ce n'est plus une langue, la situation est faussée et l'expérience n'a plus de valeur -, mais il faut qu'il me soit inaccessible.

Est-ce qu'en répétant mille fois un mot jusqu'à le vider de sa substance, jusqu'à ce qu'il sonne de façon exotique à ces oreilles immunisées, jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un amas de syllabes étrangères, je pourrais approcher cette écoute naïve qui me fait défaut? Que ça en ferait des mots à ânonner! Sans compter qu'il faudrait aussi répéter des phrases, des textes, des livres même pour évaluer la beauté de ma langue...

Ce qui nous est le plus proche est le moins évident.

Il y a peut-être un moyen d'entendre sa langue comme si c'était la première fois, d'apprécier son phrasé et ses sonorités avant même que d'accéder au message qu'elle délivre. Et nous en avons-tous fait l'expérience. L'avez-vous trouvé?

Pitou G.

P.S. : Ça rend philosophe, hein, d'écouter l'Eurovision!

samedi 13 juin 2009

Emonde souillon

Dans notre blog précédent, nous vous développions le concept de mets spécial réception. Déjà à l'époque, j'en dénonçais les limites : que faire lorsque les gens viennent chez vous manger plusieurs fois, quand on s'est hyperspécialisé culinairement? Parce qu'ils sont délicieux, hein, mes calmars à la sétoise; mais bien qu'ils aient à chaque fois une saveur différente, ça fait pitié de servir toujours le même rata... Un jour, j'ai même envisagé de recourir à la fameuse drogue du violeur : pas pour abuser de nos invités, bien sûr (nous n'avons pas besoin de ça), mais je tablais sur les vertus amnésiques de ce cocktail pour refaire toujours le même plat sans risquer de lasser.

Jusqu'à maintenant, on avait plutôt bien réussi à éviter d'inviter les mêmes gens plusieurs fois, sauf LN (mais LN, elle ne nous en veut jamais quand on ouvre une boîte de confit de canard à la dernière minute), Poussinou (mais il ne mange rien de vert, alors ça limite les possibilités) ou Sabybanana (avec qui on va toujours au restaurant pour tester son pouvoir de résistance aux menus les plus copieux). Mais ça devient difficile à tenir avec nos voisins, que nous nommerons désormais les Vénitiens (et pas seulement parce qu'ils viennent ici*), auxquels nous devons plusieurs invitations.

On leur a déjà fait les calmars, l'osso bucco, l'épaule d'agneau au citron confit et le poulet rôti des familles... Il a fallu sortir de derrière les fagots une recette autrefois testée et validée mais depuis longtemps oubliée : le tajine aux pruneaux Barkouk, le genre de plat pour lequel il est sage de prévoir une plaquette de beurre par personne.
Ça tombe plutôt bien, Pitou V, mon préposé aux courses préféré, a prévu large de ce côté-là. Pour la viande, les pruneaux, c'est parfait aussi. Depuis un précédent Noël, nous avons un stock quasi-inépuisable de bâtons de cannelle : pas de souci de ce côté-là non plus. Pour les oignons, il a fallu aller déterrer de toute urgence un spécimen maigrelet de notre potager et compléter avec des échalotes. De toute façon, pour ce qu'on va les sentir avec la dose de miel et de pruneaux que la recette contient... Non, tout irait pour le mieux, n'étaient les amandes.

Comme mon homme l'a remarqué, l'amande est un ingrédient au prix déconcertant : des fois, vous en trouvez à trois euros les cinq kilos (pas garanties sans esclavage, par contre) chez l'épicier du coin. Mais le plus souvent, on les trouve dans des paquets chichiteux de deux fois 65,3 g. (il s'agit d'être précis) pour le prix d'un oeil. Et pour cette somme-là, on vous les a juste décortiquées. C'est depuis ce jour-là qu'on doit payer des amandes à chaque contravention.
Le détail piquant, c'est que la recette du Barkouk précise : "300 g d'amandes émondées"

Décortiquer : Séparer, enlever l'écorce (la coquille, quoi) d'un fruit sec ou d'une graine.
Emonder : Enlever la peau qui recouvre certains fruits comme les amandes ou les tomates après les avoir fait blanchir (source : wiktionnaire).
(si vous voulez vos amandes effilées, prière de piocher dans l'assurance-vie)
J'envisage de faire écrire ces deux définitions à mon homme une bonne cinquantaine de fois. Parce qu'en pauvre bougresse de Cendrillon, j'ai dû émonder les amandes une à une, sans le moindre coup de main de ma marraine la Fée, pas même l'intervention d'une minuscule fourmi. Rien. Nada. De l'eau bouillante et un couteau. La misère. Finalement, je me félicite que V en ait acheté deux fois moins que nécessaire!

Pitou G.

* Licence en calembours-géographiques requise pour comprendre cette blague.


Mise à jour de 22h30 : les Vénitiens sont repartis depuis longtemps, mais il nous reste du Barkouk (la part de leurs bambins dont ils s'étaient délestés). Menu réussi, du cake pignon-courgette au yaourt maison à la crème de citron en passant par le tajine et les poivrons grillés. Mais qu'est-ce qu'on va bien pouvoir leur servir la prochaine fois?

vendredi 12 juin 2009

Djaméla

Le stage en pleine nature des gnomes a fini sous des cieux plus cléments. Les murs d'escalade ont pu sécher et les petiots grimper.
C'est en encadrant cette activité qu'une collègue a eu le loisir d'entendre, presque malgré elle, d'édifiantes conversations enfantines - Dieu sait combien un gnome peut enfiler de propos insignifiants, absurdes ou juste assommants. Notez qu'à partir du moment où un autre gnome est dans son périmètre, il oublie que toute personne adulte à deux pas de lui peut aussi l'entendre.

N'en demandons pas trop : c'est en soi un miracle que la gnommette trop loquace ait été présente au stage. Avant le grand départ à la campagne, on ne l'avait pas vue au collège depuis plus de trois semaines, ce qui est encore loin de son record personnel d'absentéisme. Pour plus de commodité, en raison de son inclination à l'école buissonnière (elle est jamais là), et sans rapport aucun avec son groupe éthnique, nous l'appellerons Djaméla. Au cours du troisième trimestre, Djaméla a dû assister à environ un quart des cours. Et pouf, coup de pot! pile le matin où la classe commençait son séjour campagnard loin des salles de classes, Djaméla, toute pimpante, pète le feu dans l'un de ses affriolants petits ensembles mini-short/top-ras-le nombril/ballerines (un ensemble coordonné par demi-journée, mais pas le moindre vêtement de pluie). Puisqu'on vous dit que l'air de nos vallées est re-vi-go-rant!

Passons. Le badinage que mitraillait Djaméla à sa petite camarade avait à peu près ce contenu : "La vie de ma mère je remets pas les pieds dans ce bahut l'an prochain c'est pas possible les profs y sont trop nuls on a le droit de rien faire sans déconner mais ça sert à quoi ce qu'on fait en cours d'ailleurs on fait que dalle c'est trop pourri".

Saluons ici l'infinie patience de la collègue, parce que, moi, je crois que je n'aurais pas manqué de lui répliquer : "On a bien fait quelques cours sympa, mais on ne t'y a pas vue. De là à penser que c'était ça qui les rendait chouette..." ou encore "Dès que je t'avais sous la main, tu penses, je remettais à plus tard le cours palpitant que j'avais préparé et j'en profitais pour improviser une dictée : il faut bien écrire quelque chose sur ton bulletin!"

Remarquez, je pourrai toujours lui livrer le fond de ma pensée lundi matin. Mais il vaut peut-être mieux le faire par télégramme : je ne suis pas bien sûr de la revoir un jour...

Pitou G.

mercredi 10 juin 2009

Gardiens de gnomes

C'est une institution à Haquenée : chaque année, dans les beaux jours de juin, on envoie quelques jours les gnomes encore plus à la campagne, pour les semer dans les bois et les faire encorner par des troupeaux de vaches sauvages pour s'épanouir dans le vivrensemble et l'activité de plein air. Comme on ne peut pas les envoyer tous à la fois (la verte campagne ne s'en remettrait pas), le stage se déroule en deux sessions. Et pour chacune, il fallait des volontaires pour encadrer. Vibrants de leur foi habituelle en le genre gnomique, deux Pitous se proposèrent.

On peut dire que nous avons eu le nez creux : on a choisi la semaine de rêve. Non seulement le ciel déverse sur nos têtes trombes d'eau et orages par tonneaux, mais en plus nous sommes tombés la même semaine que Helmut Stachos (remarquez, la semaine précédente, nous nous serions farcis Elmatador). Hier, pendant que nous pique-niquions entre deux ondées, en tout bien tout honneur, au milieu des bambins stupéfaits de nous voir casser la croûte*, Helmut s'est planté devant moi et a bramé :
"J'ai beaucoup pensé à toi hier (pas devant les enfants, Helmut!) : j'ai vu une pub à la télé pour de l'eau. De la Quézac. Quézac eau, kézako, c'est drôle, non?"

Je suis resté coi un long moment, en proie à une longue et perplexe introspection : mais pourquoi est-ce qu'il me dit ça, à moi? Et pourquoi est-ce qu'il parle, d'abord? Il ne pourrait pas plutôt aller s'étouffer avec une poignée de chips au vinaigre? Croit-il depuis tout ce temps que je m'appelle Quézac? Lui ai-je fait dans un grand moment de désespoir la fausse confidence de mes origines cévenoles ou de ma passion pour les eaux pétillantes? Trouve-t-il que je m'exprime dans un curieux sabir qui lui rappelorio Quézac?



Peut-être bien qu'il a si peu d'estime pour mon amour des calembours qu'il croit que celui-ci va me causer un fou rire d'anthologie propre à inonder de mon urine mes habits crottés de boue...
J'en étais à ce point de mes méditations, lorsque j'ai constaté qu'il attendait une réponse de ma part, et que les gnomes et mon homme qui étaient assis près de moi guettaient ma réaction, tandis qu'Helmut répétait :
"Quézaco! C'est drôle hein! Je me disais que tu pourrais l'inscrire dans ta salle de classe!"

Rien à faire : je ne comprends pas du tout ce qu'il me veut, c'est terriblement angoissant. Et que répondre à ça? "Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin tu te casses"? La répartie aurait été bien trouvée, mais elle ne me vient pas sur le coup. Et puis devant les gnomes, mieux vaut afficher une indéfectible solidarité dans l'équipe. J'opte donc pour une réponse pleine de civilité, un "si ça peut te faire plaisir" de bon aloi.
Mais au vu de l'hilarité des enfants, quelque chose me dit que le ton n'était pas aussi urbain qu'escompté...

Pitou G

*Devinez qui est arrivé avec un pique-nique de haute qualité nutritionnelle (radis, oeufs durs et salade composée végétalienne - tout juste si on n'a pas collationné de tofu au tofu) pendant que tout le monde s'empiffrait de monster munch et de dragibus. Allions-nous pour autant nous priver d'extorquer aux gnomes chips et sucreries ("Ta moyenne trimestrielle te le rendra!")?

mardi 9 juin 2009

Dare Dare Motus

En temps normal, lorsque nous rendons visite à Sabybanana, nous lui apprenons quels sont ses défauts un nouveau mot. Une fois n'est pas coutume, c'est elle qui, cette fois-ci, a élargi notre lexique...

La scène se passe dans ce petit paradis terrestre que SabyBanana cherche à quitter, îlot de bonheur préservé de ces fléaux de la civilisation que sont la politesse et le bon sens : le collège de Monstrioville. Un élève se plante devant la documentaliste et lui demande :

"Bonjour madame, comment-allez-vous? Vous aurez pas un livre dare*?"

La documentaliste est doublement perplexe : "mais comment font-ils pour faire des erreurs d'orthographe même à l'oral?", incrédula-t-elle, "et pourquoi diable veut-il un livre d'art, lui qui ne lit... lui qui ne lit... bah, qui ne lit jamais rien en fait?"

Mais après tout, trancha-t-elle, point n'est besoin de lire pour apprécier la grande peinture. Elle traîna donc ce jeune aventurier de la culture vers le tout petit rayon artistique de sa bibliothèque. Quand elle voulut lui glisser entre les mains une monographie de Modigliani, l'adolescent prit ses jambes à son cou en la traitant de folle.
Retenez la leçon : un livre dare, c'est un livre troooooop bien.

Pitou G.

* dare (orthogrphe non contractuelle) : prononcez "deûre" avec l'accent local.

Bonus de jouvence. Allez, tout le monde reprend en choeur : "deûr deûr motus, souris aérodynamique!"

lundi 8 juin 2009

Dysorchidès

Je n'ai hésité qu'un millième de seconde, un minuscule micro-nano-instant. Ils s'en sont pourtant rendu compte, les chameaux! Ils ont tous éclatés de rire comme un seul homme (un seul homme à l'humour potache). À croire que je suis un livre ouvert.

"Parfois, vous êtes quand même un peu casse... pieds"

Pitou G.

dimanche 7 juin 2009

Sortons du placard

On a tous des fringues qu'on ne s'autorise pas à porter au boulot. Du coup, surtout quand, comme nous, on n'a pas mis les pieds dans une boutique de vêtements depuis six mois, on se retrouve à porter sempiternellement les mêmes hardes fadasses qui finissent par nous rendre transparents.
Vendredi matin, peut-être à cause de la proximité du week-end, peut-être à cause du temps estival, j'ai eu envie de faire de ma journée une fête : j'ai sorti de mon placard un t-shirt théoriquement réservé au temps de loisir (comme 70% de ma garde-robe - et vu que le week-end, je prolonge le port de mes vêtements au-delà du seuil raisonnable de salissure, il y a dans mon dressing peu d'élus pour connaitre la lumière du soleil), entre autres parce qu'il me fait transpirer comme une vache. On le sait trop peu : la vache arrive bonne première sur le podium des mammifères sudoripares, c'est une vérité scientifiquement, philosophiquement et métaphysiquement prouvée, et agréée par l'Union Française Pour La Santé Boeufco-Dentaire; la preuve, on dit "dans ce t-shirt, j'ai encorne vachement transpiré". Bref, je me suis autorisé une toute petite dose de fantaisie, l'indécent déploiement d'un petit bout de bras pelant finement. Je ne le regrette pas : j'ai été d'humeur enjouée toute la journée, j'oserais dire facétieux, en des-pis* d'une indéniable humidité sous-bracchiale.


C'est à se demander pourquoi je ne l'ai pas fait plus tôt : si c'est pas un t-shirt de prof de latin, ça! Ne soyons plus timorés : la semaine prochaine, je tente mon jean "Mariah Carey", même si je ne suis pas prof de maths...

Pitou G.

* salers vachement drôle de lire mes bétizus

samedi 6 juin 2009

Notre ecot politique

La contribution de la variétoche au débat européen est injustement déconsidérée. Pourtant, pour vous inciter à aller voter demain, quoi de mieux qu'une bluette dégoulinante d'idéal made in Eurovision, interprêtée par un hispano-belge adopté par les Français? Je ne sais pas si cette chanson a un véritable sens, mais on peut en faire une lecture europhile. La question reste entière : sur le compte de quel parti politique doit être retranchée le temps de parole de Jonathan Cerrada?


Je veux le même costume que Jonathan Cerrada!

jeudi 4 juin 2009

Le roi des cas-labours

Notre collègue L. a trouvé la parade anti-Droopy : quand il traîne son pas nonchalant et sa voix languissante dans les parages, hop, c'est magique, la conversation s'oriente vers le jardinage. Le jardinage, c'est peut-être le seul sujet sur terre sur lequel il n'a rien à dire, alors on ne va pas s'en priver : c'est plus efficace que de fixer son assiette en espérant qu'il va oublier qu'il vient de nous adresser la parole (et c'est plus poli, aussi).
Bon pour être honnête, Droopy a un peu arrêté de me coller aux basques depuis que j'ai soupiré un peu trop bruyamment en le voyant entrer à la cantine. Mais si je suis désormais immunisé (pour bien peu de temps, je le crains*), je n'hésite cependant pas à parler jardin à table pour protéger les autres. Graines, semences et plantes vivaces trônent donc désormais au coeur de nos conversations méridiennes.

Pitou G. : Au fait, V., tu n'as pas encore planté tes graines de lin! Comment va-t-on faire pour tisser nos vêtements à la rentrée prochaine?
Pitou V. : Ce n'est pas encore trop tard.
L. : Tu peux le planter au moment que tu veux, de toute façon ça ne prendra pas. En tout cas, ça ne pousse pas chez moi. J'ai tout essayé : le lin bleu, le lin rouge...
Pitou G. : C'est bien connu, ça, le mou lin rouge!


Pitou G.

* car, hélas, je reste professeur principal de la 5e Babord, une classe avec laquelle il entretient des rapports très spéciaux. Aujourd'hui, j'ai même dû enguirlander le petit Goupil qui avait eu la riche idée de lui souhaiter de faire une dépression pour ne pas l'avoir l'année prochaine, alors que je lui aurais bien volontiers donné une virile accolade, en lui donnant du "C'est bien, mon garçon!"

mercredi 3 juin 2009

Bubble Tibulle

Madame, contrairement à une rumeur persistante, mâcher du chewing-gum en cours ne stimule pas la mémoire, auquel cas Tibulle se serait souvenu que c'est interdit.

lundi 1 juin 2009

LN A la N

Il y a des gens qui ne seront jamais pris au sérieux, c'est comme ça, la nature est une fille ingrate.

La semaine dernière, LN a reçu la visite de son amoureux qui avait héroïquement traversé la région pour découvrir les trésors si bien cachés d'Orteil-La-Ruine. Alors que tous deux se baladaient tendrement dans la rieuse campagne est arrivé l'inéluctable fait divers que rencontrent quasi-quotidiennement des milliers de fonctionnaires de l'Education Nationale : la confluence avec des gnomes hors temps scolaire.
Le lendemain, tout Orteil-La-Ruine frémissait de l'événement : le petit Teddy avait partout répandu la nouvelle : "Hier, j'ai vu Mademoiselle LN qui se promenait avec son frère".

Le truc qui ne vexe pas...

Pitou G.