Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

jeudi 18 juin 2009

Lettres des poètes bientôt disparus

Je dirai bientôt adieu à ma classe de poètes. Pour l'heure, ils n'ont pas la tête aux effusions : ils sont dans la dernière ligne droite pour l'examen. Ce n'est pas qu'ils révisent d'arrache-pied, mais ils sont préoccupés par l'obtention du brevet informatique, Bédeuzi pour les intimes, nécessaire pour le brevet tout court. Le sujet ne les a pas beaucoup tracassés jusqu'à présent; il faut attendre les dernières semaines pour assister à la razzia des élèves sur les gentils profs qui pourraient valider le premier item venu (me demander à moi d'évaluer la capacité à remplir une feuille de calcul, c'est truculent).

Les demandes de validation se font via un formulaire électronique qui prévoit une ligne "commentaire". Comme l'a judicieusement remarqué une élève dans cette case, "mais faut mettre quoi en commentaire en fait?" Je n'en ai aucune idée. Mais certains de ses camarades y ont vu une tribune. Une toute petite tribune, puisqu'elle est limitée à quelques mots. Qu'à cela ne tienne : il suffit de répartir le message sur plusieurs formulaires; à charge pour le destinataire de reconstituer le puzzle. J'ai bien ri, parce que leurs télégrammes sont vraiment emblématiques des personnages :

- Les poétesses polies qui demandent avec toutes les précautions oratoires possibles que je veuille bien accéder à leur requête.
- Properce et Clhoae, poètes raisonneurs, qui m'expliquent que tel ou tel item coïncide avec le travail sur ordi que je leur avais fait faire en octobre ou en mars...
- La poétesse muette qui laisse le champ vide ou l'orne de trois points de suspension très révélateurs.
-La poétesse qui me donne l'air de faire la quête : "Pour avoir mon brevet, s'il-vous-plait!"

Et puis il y a bien sûr mes deux champions, qui brillent dans leurs catégories respectives :
- Catulle s'épanche en de longs et obséquieux développements (tiens, en fin de compte la case "commentaire n'est pas si limitée que ça; à croire que les autres ont trouvé amusant de saucissonner leurs messages), loue ma générosité si universellement reconnue et implore ma proverbiale clémence en diverses tournures, avant de chanter ses propres mérites, non sans humour.
Extraits choisis :
bonjour monsieur, je vous demande de me valider cette
application en souvenir de mes contrôles enregistrés
au bon endroit.je vous remerdie d\'avance en comptant
sur votre extrordinaire générosité
C'est en faisant le copié-collé à l'instant que je viens de repérer le savoureux lapsus : "je vous remerdie" restera dans les annales. Mais est-ce bien un lapsus? Je viens, en effet, de découvrir qu'il a récidivé :
me revoilà!!! cette fois c\'est au nom du travail énorme
que j\'ai fourni lors des séances informatiques que je
vous demande d\'avoir la bonté de m\'accorder cet item.
je vous remerdie d\'avance en comptant sur votre
légendaire générosité

Ou encore :
bon je ne sais plus quoi dire donc je vais juste compter
sur votre bonté et votre grandeur d\'âme pour satisfaire
à ma demande =D

-Tibulle, lui, se fend d'un message en puzzle. Une fois remis dans l'ordre, ça donne :
merci de bien /vouloir valider ces compétences /
pour le brevet /sans quoi je serai / peut-être
encore dans/votre classe l'an prochain /
Le désespérant(sans fautes, c\'est mieux) Tibulle
Il semble penser que passer une troisième année serait pour moi la pire des tortures. Et même s'il a l'air d'en rire, je me demande s'il sait à quel point il est dans l'erreur...

Pitou G.

2 commentaires:

Guilitti a dit…

je vous remerdie, j'adore !!!
(mais le d est proche du c sur le clavier, alors c'est peut-être une vraie faute de frappe...)

Phoebe a dit…

C'est héneaurme j'ai beaucoup ri !
Avoue qu'ils vont te manquer, les poètes !