Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mardi 31 mars 2009

Bravo M6

"sa meilleur amie" (sic)

Je plaque mon boulot pour faire correcteur dans la télé-réalité.

lundi 30 mars 2009

Tocard d'or de célébrité

Ce n'est pas parce que ça n'intéresse personne que je vais passer sous silence ma glorieuse vie professionnelle - ça, ça ne m'a jamais arrêté. Mais à part vous raconter l'exposé le plus amateur de l'histoire de l'école - Catul, mains dans les poches, l'oeil mi-clos, et l'air de s'en foutre comme une chanteuse du groupe Ping-Pong : "J'ai oublié mes notes, mais je vais le faire quand même : Alors naissance de Marc-Aurèle, pfff, j'en sais rien. Date de mort, aucune idée. Il a épousé Faustine... Ou alors c'était sa mère"; heureusement Tibulle a tout arrangé (je sais que je ne devrais pas dire ça, mais, en général, il lui suffit de sourire pour m'engager à l'indulgence) -, à part vous raconter ce qui précède, disais-je - et j'en profite pour renvoyer Proust dans les jupons de sa mère -, je n'ai, ma foi, pas grand chose à dire, la vacuité de ma phrase expliquant paradoxalement sa longueur; et sinon, ça va, vous?

Bref, on oublie ma vie bien belle et on s'intéresse à celle du Mistral. Ça fait longtemps que je ne me suis pas fendu d'un petit billet sur "Plus Belle La Vie". Depuis quelques épisodes, j'ai envie de dédier un article aux acteurs les plus tocards de la série.
On ne va pas généraliser, certains jouent plutôt bien, j'entends par là ceux qui disposent de plus d'une intonation et d'une mimique en stock. Mais les thuriféraires du jeu monolithique imposent leur style à la série et certains forcent mon admiration en refusant de progresser nonobstant leur longévité à l'écran. Je vous propose de voter pour l'acteur le plus fadasse, le plus inexpressif, le plus plat de nouilles. Les prétendants au titre sont...

Ah oui, je n'ai mis que les noms des personnages, pas celui des acteurs, hein, j'ai quand même un coeur...

  • Benoît Cassagne : le travailleur social/prof de judo, ça dépend des décors disponibles et des besoins du scénario. Sa particularité, c'est de donner l'impression d'avoir toujours envie de rire, y compris quand il enguirlande sa fille ou annonce à son fils qu'il va passer aux assises pour mineurs. On sent le professionnel de l'éducation... Il a un petit côté ravi de la crèche bien à lui.
  • Charles Frémond : le spécialiste du froncement de sourcil coordonné avec l'inclinaison de tête. Il ne semble jamais croire à ses répliques et brise en permanence l'illusion théâtrale. Une icône brechtienne.
  • Myrta fait en permanence du Myrta. Toujours la même intonation faussement indignée. Elle arriverait à bercer un bébé en contrefaisant (c'est bien le cas de le dire) la colère.
  • Le commissaire Madigand fait en permanence du Madigand. Toujours la même intonation fausement agacée. Je la soupçonne de n'avoir qu'une seule corde vocale.
  • La pire stagiaire de France : Samia-la-double-vie. Cheveux détachés, elle est sûre d'elle et son jeu est presque naturel. En uniforme de policier, elle a toujours les yeux rivés au sol, arbore une mine éternellement empêtrée et, surtout, au moins une fois par semaine, nous inflige le même sketch du dilemme devoir/ sentiment. Il y a toujours quelqu'un qui veut voir le prisonnier du jour et, à chaque fois, elle mime l'hésitation avec force regards en arrière et moue embarassée, avant de lâcher : "Bon, d'accord, mais pas longtemps hein."
  • Castelli est assez peu convaincant dans son genre, le flic taciturne et mystérieux, dont les accès de fureur sont au moins aussi saisissants que ceux de Myrta.
  • Daravanh ne compte pas vraiment : le coup de l'accent étranger qui masque l'absence de jeu, on ne nous la fait plus depuis Hélène et les garçons (mais Daravanh joue tout de même mieux que Lynda Lacoste, il ne faut pas déconner).
Le scrutin est ouvert...

Pitou G.

vendredi 27 mars 2009

Beau zoo de clowns

Pendant un mois, tous les mardis, Haquenée ouvre les rideaux de son grand théâtre cirque à ses futurs élèves. Ils sont pris en charge par des 4e qui leur font visiter nos riants locaux (“vous voyez, ça n’a pas été peint depuis 1975”). À cette occasion, nous sommes invités à faire cours porte ouverte. Le premier mardi, inutile de dire que personne ne l’a fait. On a été bien attrapé, du coup, parce que Bigboss est venu frapper à nos portes avec une cohorte de parents de futures recrues, eux-aussi conviés à la fête et guidés par le chef himself.

Faire cours porte ouverte avec des gens qui passent la tête dans l’encadrement, il n’y a rien de tel pour avoir l’impression de crapahuter dans la cage des chimpanzés. Mon emploi du temps est ainsi fait que je n’ai qu’une heure concernée par la visite thématique zoologique, et c’est avec ma classe de poètes. Evidemment, c’est toujours au moment où le cours est mou du genou qu’arrivent les touristes. Il faut alors prendre un air pénétré et faire semblant de faire une révélation capitale à la classe, tandis que tous les poètes et poétesses tournent la tête vers le couloir, l’oreille distraite. Plus naturel, tu meurs.

Mardi dernier, alors que Bigboss et ses hôtes s’étaient radinés et que j’entendais de l’oreille gauche une présentation élogieuse de mon nom et de mes fonctions, j’ai tenu le cap. Sans accorder une pensée aux dessins ridicules que j’avais gribouillés au tableau pour expliquer je ne sais quoi, je guidai une poétesse dans sa traduction. Je n’avais même pas conscience de ce que je baragouinais, c’était peut-être bien de sombres naseries : j’étais obnubilé par l’idée de faire abstraction des visiteurs. “Si tu t’arrêtes maintenant, si tu les regardes, tu te sentiras obligé de faire une pirouette pour avoir des cacahouètes”. Concentré sur mon objectif, je ne regardais que l’élève que ‘j’interrogeais; les autres devaient scruter la porte; la tentation de suivre leurs yeux aurait été grande et périlleuse.

Regard, pensées, oreilles, corps... tout semblait fonctionner indépendamment du reste. J’étais un ordinateur qui exécutait toutes ses opérations en tâche de fond. C’est pendant que je prenais conscience de ma quadruple essence informatique que j’ai entendu Properce murmurer : “il est trop fort!”.

Je suis alors redevenu simple mortel, juste à temps pour voir que les zoologistes en herbe avaient pris la clé des champs.

Pitou G.

jeudi 26 mars 2009

Les naufragés de Poh-Lenta

Pour changer des pâtes, du riz et du blé, l'homme civilisé dispose de la semoule de maïs, aussi nommée polenta, qui faisait l'ordinaire de mes ancêtres piémontais. Nous faisons de la polenta une fois tous les six mois, parce que mon homme n'adore pas - et aussi parce qu'on n'y pense jamais. J'ai mis le paquet pour lui donner du goût (bouillon, fromage, filet d'huile d'olive...): elle avait une belle couleur, une belle texture et, surtout, un beau volume. Il faut dire que mon homme, qui a raison 9 fois sur 10 (dixit la légende qu'il a lui-même formée), m'avait enjoint de tout faire : "On ne va pas s'embêter avec des demi-sachets!"

Evidemment, il en est resté beaucoup. Quelle importance? Moi et mon seizième de sang italien, nous avons de la ressource : la polenta se laisse volontiers refroidir, durcir et rissoler. Refroidir et durcir, il faut reconnaître qu'elle le fait rudement bien, surtout quand on l'a laissée au fond de la casserole parce qu'on a eu la flemme de la transférer dans un plat à gratin. Rissoler, ça reste à prouver... Le lendemain, je taille dans la masse de maïs, de petits polygones et m'apprête à les faire revenir dans de l'huile d'olive quand V. a cette soudaine inspiration :"Et si on utilisait le sachet d'huile pimentée pour pizza qui égaye notre frigo depuis des temps immémoriaux?"

Pourquoi pas, en effet?

Je ne sais pas si c'est à cause de cette huile, ou si c'est tout bonnement l'idée de faire rissoler des cubes de polenta qui est bête à manger du foin, mais après une première fournée désastreuse, je n'ai pas insisté : ça puait, ça piquait et, surtout, c'était très gras. Je suis sûr, même, que ça luisait dans la nuit...

Catastouffade de polenta à l'huile

Pitou G.

mercredi 25 mars 2009

Y.F. vs Helmut Stachos

Haquenée au petit matin.

Helmut Stachos : Tu viens encore en vélo?
YoungFather : Pas toujours, mais la plupart du temps, oui.
H.S. : Tu as une voiture, je crois.
Y.F. : Oui, mais dès que je peux, je prends le vélo.
H.S. : Je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi tu t'obstines à venir en vélo.

YoungFather a vainement cherché la trace d'un sourire sur le visage de son contempteur interlocuteur. Mais non, Helmut est sérieux - et déprimant - comme un pape.

Helmut vient lui-même presque tous les jours en vélo. Heureusement que j'ai renoncé à le comprendre...

mardi 24 mars 2009

Tu pousses, Poussinou

Notre ami, quoique Picard, Poussinou est accro aux poussins. Nos lecteurs les plus subtils auront compris qu'il doit son surnom à ce penchant. Il ne s'agit évidemment pas de vrais poussins, duveteux, jaunes et puants. Qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dit, hein, cela arrive à des gens très bien d'aimer les oisillons : notre copine LN avait un voisin qui avait basé toute sa déco sur le canari; elle n'a hélas jamais pu faire plus ample connaissance avec lui : elle a inexplicablement déménagé dans les semaines qui ont suivi. Mais les poussins qu'affectionne Poussinou, ont des bras, des jambes, du poil et permettez-moi d'omettre les autres détails.

Mais il y a toujours quelque chose qui cloche chez les poussins de Poussinou. En général, ils sont déjà casés, hétéro et quelquefois même (mais ce n'est pas toujours aussi hardcore, rassurez-vous) ils sont Suisses*. Il faut quand même reconnaître un talent à Poussinou, c'est qu'il a toujours su éviter les fans de Mylène Farmer qui cherchent l'âme-frère: il les repère à cent mètres, il a développé un sixième sens - un peu comme les appareils électroménagers d'une certaine marque qu'une malformation congénitale du gosier m'empêche de nommer.

L'autre jour, au téléphone, il nous a appris une nouvelle énorme : il a déniché dépoulailleré un poussin qui lui plaît, ni casé, ni hétéro, de la viande d'origine française* (enfin, il faut pas monter trop haut dans l'arbre généalogique... mais si les poussins savaient voler, on en mangerait moins); un poussin qui sait lire; un poussin résistant au tabac, peut-être même à Kraftwerk. Quant à savoir s'il survivra à l'Eurovision, seul l'avenir nous le dira. Déjà, ça c'est énorme. Mais il y a plus énorme encore...

"Y a un hic, quand même", confia Poussinou, optimiste comme dans ses plus beaux jours. Et comme il avait un interlocuteur au moins aussi optimiste que lui, je me suis mis à imaginer qu'il était gravement malade, repris de justice et/ou fan de Christophe Maé. Mais non, c'était autre chose.

"Tu le connais, même si tu ne l'as jamais vu"
Nicolas Demorand? Gilbert Montagné (ah non, c'est moi qui ne l'ai jamais vu, pas l'inverse!)? Besoin d'un nouvel indice, moi...

"Il y a trois semaines, il habitait encore dans votre ville"
Aïe, ça se corse. Il est tombé sur un de mes petits camarades de quand j'étais petit? Bon, je les ai déjà vus, mais ça fait un bail... Le fils d'une gloire locale? Il a un fils, Jean-Marc Sylvestre? Mais bien sûr : il a travaillé à la radio, Sylvestre! Je connais sa voix, mais pas sa tronche. Ah ouais, ça calme! C'est un hic majeur!

"Et il a aussi habité à Coucouville".

Silence lourd de sens.
Pour ceux qui n'auraient pas suivi nos aventures amiéniennes, Coucouville est un endroit sinistre où j'ai bossé pendant quatre ans, heureusement pas à plein temps. À Coucouville, il y avait un psychopathe qui se baladait dans les rues et, un beau jour, on lui a dit : "tu es misogyne, obtus, dangereux : tu seras chef d'établissement". Je l'avais surnommé Le Bolivien parce que je suis raciste parce qu'il était de notoriété publique qu'il dealait dans les couloirs de son bahut parce qu'il y a un jeu de mots que je ne peux évidemment pas vous expliquer sur cette page. Le Bolivien avait fait sa chatte mitteuse chattemite quand je lui avais appris, avec une joie non dissimulée doublée d'un enivrant sentiment de liberté ("maintenant, je peux te dire"canard", tu ne peux rien contre moi : va te faire couper un magret!"), que j'avais un poste ici. "Ah? Je connais très bien! J'ai un frère qui travaille là-bas".
Je m'en souviens bien : après un instant d'horreur où je me suis demandé avec effroi si son frère était aussi chef d'établissement ou si c'était lui le génie de la famille, j'ai juste trouvé à répondre : "Ah, comme quoi y a du travail là-bas" (il faut que je vous retrouve le lien).


Grand Dieu, préserve-nous en ta sainte garde, Poussinou s'est entiché du fils du Bolivien! C'est d'autant plus comique qu'il connaît très bien le père. Lors de leur dernière rencontre, ce dernier avait failli l'étrangler. Et c'est à peine une figure de style.

Ça promet.
Poussinou a effectivement un sixième sens (je ne voudrais pas balancer, mais ce n'est pas la première fois qu'il nous fait un coup pareil!)

Pitou G.

* Je ne crache jamais sur une petite blague xénophobe : ça détend son monde et ce n'est évidemment pas sérieux. Dire que les Suisses sont hardcore, ça ne peut être qu'une blague : pratiquer le Belge, ça, c'est un sport extrême!

lundi 23 mars 2009

Timy encourage pas beaucoup

Quand les choses vont trop bien pour moi dans la vie, je me connecte sur MSN, histoire de me rappeler que je n'ai pas tant d'amis que ça, en fait. Des fois, je tombe quand même sur des gens qui veulent bien me parler, comme Timy. Et c'est plutôt sympa, vu que Timy a justement disparu du Ouèbe il y a quelques mois, pauvres de nous.

Comme on ne peut parler tout le temps de Nietzsche et Schopenhauer (et dieu sait si on en a eu, des conversations à leur sujet, hein, mon bon Timy), on en est venu à parler de la vie après le blog. L'une des premières révélations de Timy, c'est que, lorsqu'on cesse de bloguer, on passe aussi beaucoup moins de temps à lire ceux des autres. Ça, je l'avais moi-même constaté, lors de mes quelques semaines de sevrage.

Mais la question qui m'asticotait, c'était évidemment de savoir s'il ne regrettait pas d'avoir mis à mort son blog. S'il m'a instantément répondu oui, il a très vite nuancé. Quand il a lu nos brillants articles sur Dante's Cove (écrits un peu à son attention, il faut dire), il a été pris de nostalgie, certes. Cependant, il n'a pas oublié tout le temps passé sur de longs articles à peine lus, à peine commentés. Reconnaissons avec lui que bloguer est une activité assez ingrate et peu "rentable", si l'on s'arrête aux nombres de lecteurs et de commentaires. Si ça avait de l'importance, c'est sûr que ce serait décourageant, surtout quand on constate qu'il suffit à certains blogueurs de coller la photo de leur chien pour obtenir des centaines de commentaires. Du reste, je ne vois vraiment pas pourquoi je me prive :

C notr cha commen je le kiff tro!!!!!!!
(ouais, la méthode n'a pas trop l'air de marcher chez nous)

Ce qui me fait plaisir c'est que le gars Timy reconnaît la grande valeur de nos commentateurs (j'ose encore employer le masculin, je me demande un peu pourquoi). Moi itou. Bisous à tous!

Pitou G.

P.S. : j'oubliais de vous prévenir; dans Ainsi parlait Timysousthra, la mort des blog est annoncée pour le mois prochain (c'est vrai que ça ne publie plus des masses, à droite à gauche). Quels dinosaures nous faisons!

dimanche 22 mars 2009

Y.F. vs Elmatador

Dans La Journée de la Jupe, Sonia Bergerac, prof de lettres interprétée par Isabelle Adjani, pète un câble pendant un cours chaotique avec des élèves ingérables qui l'ont eue à l'usure. Mais le film fait allusion à un autre motif de cataclysme : le collègue puant.

À Haquenée, globalement, ça se passe très bien avec les collègues. Il existe bien sûr un régime d'exception pour Helmut Stachos, qui nous a rejoué sa grande scène du " ceci est un lieu public, et tu es en train d'exprimer ta position" à un collègue qui évoquait d'un air goguenard la lettre d'Obama à Chirac (sachez qu'un sourire en coin est une opinion politique). Le collègue lui a rétorqué : "assise" et la conversation s'est close sur cette pointe absurde. La prochaine fois, je répondrai "assise " à Helmut, quelle que soit sa question.
Il existe une autre dérogation pour Droopy, mais ce n'est pas de sa faute : il est suant au naturel. Pas de bol quand même. Il suffit d'éviter de le croiser et, surtout, d'interrompre toute conversation quand il entre dans la salle des profs. Quel que soit le sujet, il s'incrustera et dira de sa voix traînante et nasillarde (c'est trop pour un seul homme): "Moi, les 4e Enfer, je les supporte plus". Mais tout cela, vous le savez déjà.

La nouveauté, c'est qu'une nouvelle infraction à la bonne entente générale est en train d'émerger, visqueuse grenouille de la honte dans un marais de disgrâce (j'ai une petite envie de métaphore, je dois être enceinte), en la personne d'Elmatador. Et si jusqu'à présent il se tenait à carreau, c'est parce qu'il n'était pas là. À la place, on avait une collègue super-sympa avec qui on pouvait dire du mal en toute amitié, c'était le bonheur. Mais le problème des jeunes collègues d'obédience féminine, c'est qu'elles sont particulièrement sujettes aux natalites. Quand c'est ça, on se console comme on peut : il y a une chance non négligeable pour que le Recto-Rat, en mal de remplaçants titulaires, soit contraint de puiser dans le vaste vivier des étudiants candidats aux concours. Cela avait fonctionné au-delà de nos espérances les plus folles quand une collègue est devenue dépressive (ça donne envie d'empoisonner Helmut, tout ça, mais il ne mange jamais à la cantine) : c'est comme ça qu'on a hérité de Bombinou, qui fait 200 bornes pour assurer quatre heures de cours
Contre toute attente, le Recto-Rat nous a dégotté Elmatador, un remplaçant titulaire expérimenté. Y en a des biens, comme le chante si bien Didier Super, regardez mon homme! Au début, Elmatador nous a plutôt inspiré confiance. À l'usage, il s'est avéré être un mégamix inversé de Droopy (dans sa version "Avec moi, les 4e Enfer, ils sont super") et d'Helmut Stachos (genre "Mon profil a fait surchauffer le fichier Edvige"). Et c'est aussi sciant.

Un matin, Roma-romanella me prend à part, le visage radieux comme à ses treize ans (soupir, nostalgie) :
"C'est vrai qu'Elmatador t'a pris pour un élève quand tu es venu dans sa classe apporter des documents à tes élèves?"

Ce qui est ennuyeux, et légèrement inquiétant, c'est que sur le coup, je ne savais plus si c'était vrai ou pas. Peut-être que je commence à agir comme un robot, un être sans conscience qui dispense son savoir sans y penser et distribue à son insu et à tout va des milliasses de fiches, pendant les cours de ses collègue. Si ça tombe, je suis un zombi. Et comme le zombi que je songeais être, j'ai répondu à Roma-romanella : "Euh... peut-être".
Depuis ce jour, mon amour d'adolescence m'évite dans les couloirs : je pense qu'elle croit que je suis alcoolique.

Quelques jours plus tard, j'ai enfin le fin mot de cette histoire en discutant avec YoungFather. Une histoire vieille comme le monde : le téléphone arabe. En fait, c'est YoungFather qu'Elmatador a confondu avec un surveillant. Ce se serait passé de la façon suivante :

Scène 1 - dans la salle d'Elmatador.
YF : Bonjour. Je peux distribuer ces papiers?
Elm : Oui. En partant, tu n'oublieras pas de prendre le bulletin d'absence. Sans traîner.
YF : Je ne suis pas venu pour ça. Je dois juste distribuer ces papiers-là. Un surveillant passera tout à l'heure prendre le bulletin d'absence.

Scène 2 - salle des professeurs.
Elm (entrée fracassante) : J'ai fait une gaffe! J'ai confondu YoungFather avec un surveillant! Trop dur pour lui!

Le détail cocasse, c'est que, juste avant cette méprise, tous deux avaient longuement fait connaissance.

Scène 3 - Elmatador et YoungFather devant la machine à café.
Elm : Je t'ai pas vexé tout à l'heure? Tu sais, moi, quand je suis en classe, je suis en représentation.
YF : Moi aussi. Jusqu'à présent, ça ne m'a jamais dispensé d'être aimable.

Le tout finit sur un malentendu : Elmatador est persuadé d'avoir blessé YF en le prenant pour un subalterne. YF lui reproche de parler sans politesse aux surveillants. Tout cela ne serait pas arrivé si YF portait d'aussi beaux costumes qu'Elmatador.

Pitou G.

jeudi 19 mars 2009

C'est le paimpont!

"Les pompiers bretons de Paimpont"

Dix minutes après, j'en riais toujours.
Des fois, ça vaut le coup d'attendre Plus Belle La Vie auprès de la journaliste au regard de génisse.

mercredi 18 mars 2009

Reine des rhinites et pomme d'api

"Ça fait longtemps qu'il ne nous a pas parlé de ses poètes : le Catul-pas-de-e, le Tibulle qui bulle, le Properce qui perce et le Horace sa race."(ô désespoir)

Allez, je suis sûr que vous l'avez pensé très fort.
Non?
Scusez-moi. Je pensais...

Il y a encore une semaine, je vous aurais répondu (enfin, si vous m'aviez posé cette question qui n'a apparemment traversé que l'esprit de mon homme) : "que voulez-vous que je vous dise? Il ne se passe rien de spécial. Calme plat. Les poètes en berne hibernent."

"Ça fait longtemps qu'il ne nous a pas parlé de ses poètes : le Catul-pas-de-e, le Tibulle qui bulle, le Properce qui perce et le Horace sa race..." (ô vieillesse et demie)

Vous êtes sûrs que vous ne l'avez pas pensé très fort, quand même? Je dis ça parce que Catul a dû vous entendre. Il a l'oreille très sensible, le gaillard. Sûrs de sûrs?
Ça doit être le printemps alors.

Lundi soir, Catul m'a sorti le grand jeu du garçon trop poli pour être honnête.

"Bonjour monsieur le professeur, comment allez-vous?
_ Très bien, merci bien (froncement de sourcil, hébétité et perplexitude)
_ J'en suis ravi."

Là, on n'était même pas rentrés dans la salle. La brosse a reluit toute l'heure. Et même après : quand je l'ai croisé à 17h30, dans les couloirs, vissé (collé devrais-je dire) à une chaise, en retenue selon toute vraisemblance (le collège Haquenée, c'est comme les Urgences : on en est réduit à installer les collés dans les couloirs) et quand il m'a bramé un "au revoir, monsieur" à trente mètres en agitant la main, comme si je m'embarquai pour une croisière transatlantique.

Comme il ne connaissait pas ce mot, je lui ai demandé de chercher "obséquiosité" dans le dictionnaire. Remarquez, la question se pose : faut-il préférer à l'outrancière flagornerie de Catul l'inégalable élégance de son compère Tibulle-le-beau qui, au milieu d'une réponse, après un involontaire soubresaut, exsuda de son appendice nasal une longue trainée de morve? Après cela, si vous me passez cette trivialité, il n'y avait plus rien à en tirer, ni attention ni vers du nez, tout occupé qu'il était à se consumer de rire et de honte. Fin de la parenthèse.

Le lendemain, mine de rien, je sonde les collègues pour savoir si Catul leur a manifesté la même déférence qu'à moi. Après tout, les conseils de classe sont pour bientôt. Il semble pourtant que je bénéficie d'une grâce spéciale, alléluia, les petits oiseaux chantent au plus haut des cieux.
Je demande à Catul s'il a cherché sa définition.
"Non, monsieur le professeur (lueur mutine dans la rétine), je n'en ai guère eu le temps".

Les autres rient et me révèlent que dans la matinée, un autre de leur professeur (auquel je n'en avais pas parlé) a dit de notre olibrius qu'il était obséquieux. Pendant que Catul et ses camarades travaillent - ou font semblant -, je pose sur sa table un dico. Il sourit et l'ouvre à la lettre O.
O
OB
OBS
OBSE...
Et soudain, à voix mi-haute, Catul lit la définition du mot... obsédé.

J'ai oublié de vous dire que, la veille, c'était celle du mot libido qu'il avait ânonnée, alors qu'il était en quête de liberius. Comme le hasard fait bien les choses! Le hasard et le printemps.
Confidence pour confidence : je sais de source sûre que Catul tient son humeur bucolique et géorgique* orgiaque d'un amour naissant. C'est choupi : on en oublierait presque que c'est une crapule**...

Aucune tendre effusion n'explique encore les épanchements morveux de Tibulle.

Pitou G.

* ça vous fait assez d'indices pour découvrir le vrai nom de Catul-pas-de-e. Pas la peine de l'écrire : il n'y a pas de lot à gagner ;-)

** je m'en suis souvenu ce matin lorsque, entendant un collègue scander des "hop-hop-hop-hop-hop" pour motiver ses troupes dans la salle voisine (puisque je vous dit qu'il a l'ouïe fine), il a doctement professé : " Vous voyez monsieur, vous devriez faire ça pour rendre vos cours intéressants."
Pas de bol : une fois n'est pas coutume, je n'avais pas très envie de jouer...

mardi 17 mars 2009

Huglyahourt

Il n'y a jamais trop de couches dans un yaourt. A savoir que lorsqu'on mélange un yaourt bio, un litre de lait cru entier produit dans un des plus beaux villages de France d'à côté de chez nous et deux tasses d'authentique banania du terroir, on obtient un yaourt quadricolore au goût aigre et à la texture liquide.
Courage, plus que deux (j'ai le droit à un épisode des Tudors à chaque pot vidé).

lundi 16 mars 2009

Pécéraste

Haut les coeurs : c'est la choupi période où une foule de profs en liesse rentre les notes et les appréciations dans la Grande Machine. Vendredi après-midi, profitant d'une heure de creux parmi tant et tant d'autres, je me suis attablé à l'un des trois ordi de la si chaleureuse salle du distributeur de café : je crois qu'une telle débauche de luxe et de confort a été dûment cogitée pour donner envie à tout le monde de passer de longues heures à rentrer ses bulletins - inextricable fatras de câbles en goguette, joyeux cadavres de disques durs, épave d'imprimante toute guillerette, grosses taches de café pour se sentir comme à la maison... tout y est pensé pour votre bien-être.
Bref, votre serviteur souriait béatement et à n'en plus finir à son écran, tout à son amoureuse mission. Tous ceux qui passaient à proximité le saluaient d'un amical : "Tiens, il marche maintenant, le serveur? Ce matin il était encore en rade.
_ Tout va bien, mon ami! Je ne m'inquiéterai que lorsqu'il sera en état de marche trois jours d'affilée!"
Ah ah ah. Heureuse après-midi.

Et puis une variante est venue se glisser dans le bel ordonnancement du monde : Ursulin, genre de grizzli provisoirement affecté parmi nous, cherche à trouver une explication rationnelle (si, vous allez voir) aux anicroches de notre réseau informatique :

"Je voudrais pas dire, mais il était vraiment en panne, ce matin : beaucoup de collègues s'en sont plaints et, sans vouloir passer pour une langue de vipère, ça devait être vrai parce qu'il y avait autant d'hommes que de femmes qui ont eu des problèmes. Uhuhuhu (j'aime les blagues misogynes, mais hop-hop-hop ce n'est pas fini). À moins que ces hommes-là aient des moeurs douteuses".

Paisiblement, Pitou G pianotait. Et si justement cet ordi avait un micro-processeur inverti? Peut-être qu'Ursulin, avec toute sa science de mâle dominant, n'aurait pas su se faire entendre de cette folle furieuse de machine...

*
Je suis sûr que vous voulez des nouvelles de Helmut Stachos. Aussitôt que la sonnerie a retenti pour le premier cours de l'après-midi, il s'est rué vers la porte. Voyant que nous ne nous lancions pas à sa suite, en porteurs zélés de la Bonne Parole pédagoguique, mais préférions finir nos conversations, il a beuglé :

"Vous qui vous proclamez "égalitaristes" (mais où est-il allé pêcher une idée aussi tarte?), c'est sonné!
- Si tu dis "ça a sonné", je veux bien faire un petit effort, risquai-je.
_ Non, c'est sonné, ça veut dire que c'est passé!
_ Parce que "ça a sonné", c'est du futur duco...?"

"C'est sonné!", non mais je rêve! J'ai renoncé à le raisonner, ai ravalé mon envie de le sonner et inspiré calmement. Après tout, dans un an, le temps de sa retraite sera sonné!

Pitou G.

dimanche 15 mars 2009

Sweet Sixtine

Sixtine nous a tagués. Pitou G relève le défi. Il s'agit de répondre à des questions, d'en remplacer une et d'en ajouter une autre. Merci de penser aux blogueurs en mal d'inspiration, Sixtine!

1) Quelle est votre dernière obsession ?
La série “Les Tudors”. J’oblige mon homme à en regarder un épisode par jour. L’intrigue n’avance pas vite (mais après tout, Henry VIII a mis des plombes à se débarrasser de sa première femme), et il y a des personnages dont je ne comprends pas bien le rôle, mais rien que pour les costumes, ça vaut le coup.
J’ai un gros faible pour François 1er (tant qu’à faire, autant rester entre soi et gens de bonne compagnie), Emmanuel Leconte, qui tient un tout petit rôle. Tous les personnages sont odieux, j’adore...
Et quand je ne regarde pas la série, je parcoure Wikipédia (le site qu’on déconseille systématiquement aux élèves, mais ils ne sont pas obligés de le savoir), pour voir comment les scénaristes ont tordu l’Histoire.

2) Comment êtes-vous habillé ?
Il est midi. Je suis en pyjama. Pas un mot à ma mère, siouplait!

3) Est-ce que vous faites souvent la sieste ?
Si je peux, oui. En ce moment, mon heure c’est 19-20h. Je me lève juste à temps pour Plus Belle La Vie. Pendant les vacances, j’aime aller me recoucher juste après le petit-déjeuner, vers 9 ou 10h. Ça, c’est un sommeil délicieux, le comble de la paresse.
Les siestes de l'après-midi font de gros dégâts : réveil en début de soirée avec comportement de zombie garanti pour plusieurs heures...

4) Quelle est la dernière personne à qui vous avez fait un « hug » ?
Facile : mon homme. On est très hug (gueule, Bériphine)(ahahah)(pardon)

5) Quel est le vêtement que vous avez le plus porté ces derniers temps ?
Un pantalon noir. Mon 501 est usé jusqu’à la corde, d’autres pantalons ont craqué (parce qu’ils sont vieux, uniquement, hein!), d’autres me compriment ou dangereusement ou obscènement, ceux qui restent ne sont pas adaptés à notre climat de frimas ;-)
Je croyais sincèrement que je n’avais plus d’autres pantalons, mais j’ai redécouvert, dans une pile surmontée d’un chat en boule, un joli Chevign°n couleur sable. Reste plus qu’à le repasser (mon pantalon noir a encore quelques beaux jours devant lui).

6) Y a quoi pour dîner ?
Va falloir que je refasse une soupe. Plein de légumes dans des proportions aléatoires, revenus avant d’être immergés? Yummi.

7) C’était quoi votre dernier achat ?
J’achète plus rien, c’est la crise, vous saviez pas? Hors alimentaire, je ne sais même pas (et même pour l’alimentaire, techniquement, c’est pas moi, c’est mon homme).

8) Vous écoutez quoi, là, maintenant ?
Ma playliste Deezer en est à The Dole of King’s Daughter par Caprice. De la poésie de Wilde sur une musique que je qualifierais, sans doute improprement, de baroque.
Le temps que j’écrive tout ça, on vient de passer à Je m’appelle Stéphanie par Stéphanie Gay (“jeu m’appelleu Stéphaniiiie, j’ai 15 ans et je me trouve assez joliiiie) Grand écart. Soudaine honte.

9) Si vous aviez un super-pouvoir ?
L’invisibilité, sans hésiter une seconde. Juste pour me promener incognito, évidemment. Heum.

10) Votre temps favori ? Pourquoi ?
Lumineux, assez chaud pour lire au soleil sur la terrasse. Classique.

11) Vous vous levez à quelle heure ?
En semaine, 6h40. Le pied de vivre à côté de son lieu de travail!

12) Quel est votre plus gros challenge actuellement ? (changer?)
=> Par un opportun coup de baguette magique, cette question se transforme en comment vois-tu ta vie dans dix ans (nan, mais ça va pas, la tête?) Aimes-tu les Dragibus?
Qui vous a dit ça? Ce sont de folles rumeurs.

13) Dites quelque chose à la personne qui vous a tagué.
Sixtine, il faudra qu’on vienne te voir un jour ou l’autre dans ta pontifiante ville au pont. Je te préviens, t’as pas le choix. Bisous (pas le choix non plus).

14) On met à votre disposition une maison entièrement payée et meublée n’importe où sur la planète. Ce serait où ?
Une belle île grecque, ça m’irait bien. S’il y a l’ADSL, bien sûr.

15) Votre lieu de vacances préféré ?
On n’est pas mal sur la presqu’île de Giens... Près de la Méditerranée, en tout cas.

16) Quelles sont les choses dont vous ne pouvez vous passer ?
Ma couette, mon homme, mon ordi et sa connexion (classique et désolant), ma conscience.

17) Quels films pouvez-vous regarder sans vous lasser ?
Je suis assez bluette insipide. Je crois que je pourrrais multiregarder L’Objet de mon affection, des trucs comme ça. Mais plus ça va, plus je suis “séries” : How I met Your Mother résiste bien à des milliers de visionnages, je pense.

18) Pourquoi répondez vous à ce questionnaire ?
Parce que Sixtine m’a tagué et que je suis un garçon docile. Parce que je n’ai honte de rien. Et parce que je ne déborde pas de sujets de conversation blogables, ces temps-ci.

19) Maîtrisez-vous parfaitement l'anglais, langue de Shakespeare ?

La question que j’ajoute : définis-toi en un mot.
Choupi.

Je tague : les murs, Ada la fraise, Ada tsoin-tsoin, Erisseuse, Liatelles au saumon...
Désolé, je tombe à court!

samedi 14 mars 2009

Gémir express

"M'sieur, il fait beau, alors on est un peu excités", me signale obligeamment Ombeline, au moment d'entrer en classe. Comme tous les vendredis, ils reviennent exprès au bahut pour mon cours, à 16 heures... La précision d'Ombeline était donc un brin superflue. Hormis un curieux gloussement de vierge effarouchée de Yoda, c'était vraiment comme d'habitude : ils n'étaient pas concentrés, moi encore moins, et Vanth tirait la tronche. La dernière fois, c'est parce que l'évaluation était trop dure (quand je rends un devoir avec 15,5 de moyenne, j'ai toujours l'impression d'être un bourreau). Aujourd'hui, c'est parce que je lui demandais d'écrire :

"Ohlala! Ça fait beaucoup! J'aurai jamais le temps d'écrire tout ça! (au moins trois lignes, pensez donc!)
_ Si tu arrêtais un peu de gémir, tu aurais déjà fini."

Soudain, un ange passe.
Gémir... Je saisis bien à quoi ils pensent tous, je ne suis pas si bête. Mais Youri croit bon d'expliciter :
"On pensait à jouir"

Il n'a pas fini de prononcer sa phrase qu'il a déjà conscience de l'énormité de ce qu'il vient de dire. Je ne peux pas le lui reprocher, j'ai fait pareil :

"Youri, tu as treize ans et c'est bientôt le printemps: évidemment que tu pensais à jouir. Mais rassure-toi, ça va bien finir par venir..."

Que répondre d'autre? J'ai quand même pris son carnet, juste pour la forme, mais il était évident que je n'allais rien écrire dedans. Tout le monde avait ri, y compris moi : ça n'aurait eu aucun sens. Et puis Youri pousse l'art de la clownerie jusqu'au sacrifice : il n'hésite pas à s'exposer à une sale note juste pour le plaisir d'un bon mot. Disposant d'une liste de mots grecs, parmi lesquels μισω misô : je déteste) et ανθρωπος (anthrôpos : l'homme), et invité à trouver le mot correspondant à la définition "homme qui déteste ses semblables", Youri suggère : "un méchant". Je ne vous cacherai pas plus longtemps que c'est uniquement de son fait si la moyenne de la classe ne dépasse pas 17.

Et apprenez que Pandore a trouvé un petit compagnon pour le gérondif des champs :
"L'oxymore? C'est pas un oiseau, ça?", demanda-t-elle en agitant ses mains comme deux petites ailes.

Oxymore sauvage en plein vol
(la photo, libre de droits, provient de )

Pitou G.

jeudi 12 mars 2009

Le bal des gnomes (edit inside)

Le collège Haquenée aime la culture et veut promouvoir la réussite de tous les gnomes et trolls qu'il accueille en son sein. Aussi avons-nous emmené les plus jeunes d'entre eux voir O'Brother et dernièrement Le bal des vampires. Sortir avec une classe est toujours un peu stressant, hostile est le monde, hors les murs. Organisation, choix des accompagnateurs (de préférence choisis parmi les géniteurs) pour diriger le troupeau, appels et comptages pour vérifier qu'aucune brebis ne s'est égarée pour enfin s'asseoir dans la salle obscure. G. et moi avons chacun testé, dans des conditions un peu différentes.

Mon homme a donné dans le "je sors sans accompagnateurs fixes et supplie à genoux celui qui traine au dernier moment - si je n'en ai pas pas, je t'appelle". Voilà pourquoi jeudi dernier je me suis sagement rendu au collège à l'aube (à 8h30, le jour est à peine levé!), pour rien car mon homme avait réquisitionné un prof de ballon. J'avais quartier libre jusqu'à 10h50, sauf contre-ordre de mon cher et tendre. Le film s'étant terminé plus tôt, le pauvre s'était retrouvé exfermé, pendant que ses ouailles. se trouvaient encore à l'intérieur*. Heureusement, la troupe a pu sortir rapidement, évitant ainsi à mon homme le délit d'abandon de gnomes. Il ne lui restait plus qu'à m'attendre pour reprendre le chemin d'Haquenée. A 10h52, je le retrouvai avec sa horde et son stress: le vilain téléphone portable n'ayant pas retenu le numéro de la maison, il avait dû patienter dans la petite rue piétonne avec ses 25 mômes surexcités par un film assez surprenant. Autant dire que je ne fus pas très chaudement accueilli (en même temps j'étais en retard et il est trop choupi, de toute façon).

Personnellement j'ai choisi l'option "exploitons les parents pour sortir mes deux classes en même temps". L'intérêt de l'histoire réside dans la séance elle-même: 150 collégiens devant une parodie de film vampirique, cela ne va pas sans bruit. D'autant qu'il y avait du kéké "Moi, au cinéma, je dis super fort ce que je pense, surtout quand ça n'a aucun intérêt. - Oh les vieux skis!"et de la pétasse: "Baaaaah, une fausse toile d'araignée! Eeeuuuuuh, le monsieur, il a des fausses dents!" 1h50 dans ces conditions, c'est long. C'est peut-être pour ça qu'un des parents d'élève s'est endormi et a ronflé. C'est peut-être aussi pour ça qu'une fille a vomi (pas une Haquenéenne, thanks God!).

J'ai testé le regard foudroyant. Dans le noir ça marche mal. J'ai testé le déplacement vif près des foyers de perturbation. Difficile de les repérer et surtout de les approcher quand ils sont au milieu de la salle (et que ce ne sont pas mes élèves). Au bout d'une heure et quart, j'ai finalement eu recours au cri primal, dit aussi beuglement pédagogique, avec un relatif succès. La culture civilise, c'est connu.

Quant au film, il a été plutôt apprécié: le mélange d'épouvante (un peu) et de farce (courses poursuites, coups de saucisson et autres joyeusetés) fonctionne encore très bien plus de quarante ans après sa sortie. Ne reste plus qu'à faire une exploitation en classe: "Quels sentiments avez-vous éprouvé durant la séance? - ça fait trop peur les toiles d'araignée! - Mais encore? - Ah et quand la fille elle chante, ça fait trop peur. - Euh, oui, bon, ben on va reprendre les exercices d'orthographe...

V.


PS: en vrai les gnomes font souvent des réflexions intelligentes, sur les effets de surprise ou l'ambiance musicale, mais c'est quand même moins rigolo que les nazeries de certains. D'ailleurs pas de réflexion sur l'homosexualité du fils du vampire, qui poursuit de son assiduité le jeune Alfred**...


EDIT de Pitou G. (13.03)
*Mon homme n' a pas bien compris ma mésaventure : je n'ai pas laissé les mômes sortir tout seuls de la salle pendant que j'attendais à l'extérieur! Mais c'est vrai que vers la fin du film, une gnomette m'a demandé si elle pouvait aller aux toilettes. Hardi guide des petits peuples, je suis parti pour elle en reconnaissance : j'ai choisi une des deux issues de la salle et me suis retrouvé dans un genre de sas que j'ai traversé pour ouvrir une seconde porte; un labyrinthe de couloirs gris s'est alors dévoilé à moi, jeune et vaillant Thésée muni d'une smala. Avisant la dizaine de portes "sans issue", j'ai préféré faire demi-tour, pas aventureux pour deux pop-corn.
"Tiens, la porte n'a pas de poignée..."
Gloups. Pensée angoissée pour la troupe de gamins laissée sans surveillance, dont une qui était probablement en train de se pisser dessus. J'ai hésité entre me briser les os du poignet en tentant de fracasser les portes coupe-feu à main nue, pleurer très fort jusqu'à ce qu'un des marmots m'ouvre, ou attendre avec résignation que l'on découvre mon corps desséché dans un couloir inhospitalier,après qu'on ait vainement interrogé la vingtaine d'enfants retrouvés errant dans les rues de la ville... J'ai finalement opté pour l'option "soyons discret à défaut d'être malin". Je suis retourné dans le labyrinthe, ai franchi quelques portes au hasard en priant pour ne pas déboucher en plein air et rejoint le guichet d'accueil. J'en ai profité pour demander le chemin des toilettes au responsable du cinéma qui n'a pas eu l'air de comprendre d'où je pouvais bien sortir, aiguisant mon sourire spécial "mon hobby? visiter les coulisses d'un cinéma désert, pardi!"
Evidemment, les toilettes, c'était l'autre porte. On était passé devant en rentrant dans la salle...

** Une de mes gnomettes s'est quand même rendu compte que le blafard Herbert avait un gros faible pour le jeune assistant. Mais elle l'a dit très simplement ("le jeune vampire, il n'est pas un peu amoureux d'Alfred?") et ça n'a donné lieu à aucun dérapage de ses camarades. Je m'en étonne encore...

samedi 7 mars 2009

Somnambule au boulot

Ce midi, j'ai reçu le courriel d'une élève (sur ma boîte pro, celle où il n'y a jamais rien, à part les voeux du ministre) :

Bonjour monsieur

J'ai enfin trouvé ...
J'aimerais travailler sur les figures de style.
Merci pour votre aide, bon week-end et à Lundi =)

et reposé (sic) vous bien !! Vendredi vous étiez fatigué =)

Cynthie


Première constatation : c'est un message très poli, quoi que smileypathe. Ça fait plaisir.
Seconde constatation : tiens, il y a des mômes qui pensent boulot pendant le week-end! Les fous!

Normalement, je n'ai Cynthie qu'en latin. Mais à la demande d'une poignée d'élèves, j'ai accepté d'ouvrir la porte de ma salle pour leur apporter de l'aide en français. C'est un succès fracassant : la première fois, elles étaient trois; là, elles étaient deux, dont une qui n'est même pas au niveau ciblé. Il est toujours divertissant de constater que ceux celles qui viennent sont, à l'évidence, celles qui en ont le moins besoin ("bonjour élève Einstein, vous venez pour votre petit cours de soutien en physique?"). Le matin-même, une collègue m'annonçait qu'elle m'en envoyait un qui avait la fâcheuse habitude de faire des phrases sans verbes. Il n'est évidemment pas venu. Fermons la parenthèse.

Hier, Cynthie m'annonce qu'elle aimerait bien retravailler... mais quoi déjà? Ça va lui revenir... Y avait un t dedans! (les figures de style, donc). Bon finalement on a fait autre chose. D'ailleurs, je ne comprends pas à quoi elle a vu que j'étais fatigué.
  • Parce que j'ai failli tomber trois fois de l'estrade (soit une fois de plus qu'à l'accoutumée)?
  • Parce que tous les exemples que j'inventais ressemblaient à "Bien que je sois fatigué, je tiens encore debout" ?
  • Parce que mes explications avaient les modulations d'une berceuse mais pas le moindre début de sens?
  • Parce que j'étais tellement à côté de mes pompes que j'ai eu d'incompréhensibles fous-rires?
Je ne sais pas ce que Cynthie imagine de la façon dont j'emploie mes jeudis soirs, et je ne lui en dirai certainement rien. Mais vous, vous avez le droit à quelques éclaircissements.

Après une nuit de douze heures, normalement, on n'est pas fatigué; du moins, pas physiquement. Là, c'était juste une retombée de nerfs. Même si, officiellement, ma semaine de travail s'arrête à 17h, j'étais en week-end dès dix heures du matin. Pour la semaine. Pour le mois. Pour l'année. Peut-être même pour les sept à venir. Je venais de dire au revoir à l'inspecteur.

Moi et l'inspection : une longue histoire. Une réécriture d'En attendant Godot, sauf que dans cette version-là, Godot vous dirait chaque année : "Attends-moi, j'arrive". Voilà, j'ai rencontré Godot, c'est un scoop, ça vaut le coup de réveiller Beckett pour le prévenir. Et le mieux, c'est que Godot, je l'avais déjà vu quand j'étais lycéen : c'était mon prof de français. Là, je me permets un avertissement aux jeunes générations : c'est toujours mieux de laisser une bonne impression à vos profs, ça peut toujours servir.

Bon, on ne va pas épiloguer. Les gnomes ont été choupis, sans exception. Même Brutus m'a rendu service en faisant tomber son taille-crayon, parce que j'ai eu le regard qu'il faut au moment où il faut ("il faut accompagner l'élève à chaque événement du cours, qu'il sente que vous êtes toujours là"... comme quoi, tout se joue dans de menus détails). Et Brave, un élève en grande difficulté mais très spontané, m'a permis de boucler le cours en m'apportant sur un plateau d'argent des remarques à la fois très naïves mais fécondes. Mine de rien, il a mis le doigt sur des trucs (oui, des trucs) essentiels. Je lui tire mon chapeau, parce que garder sa fraîcheur quand il y a dans la salle un inconnu et le grand chef, c'est un truc que je n'aurais sans doute jamais su faire quand j'étais minot.
Brave m'a fait sourire lorsqu'il a affirmé, un peu malgré lui, qu'il fallait toujours se méfier des belles femmes et quand il s'est étonné que Circé ait du vin à offrir, alors qu'elle vit seule sur son île. Je lui ai fait remarquer que c'était plus surprenant de la voir transformer des gens en cochons, et il en a été d'accord (ah tiens, j'ai épilogué, finalement).

Bon, bien sûr, je n'en ai pas encore la preuve écrite sous les yeux, hein, mais ça s'est très bien passé. N'empêche, ce que ça peut traîner en longueur, une journée qu'on a l'impression d'avoir terminée!

Pitou G

Teasing : il faudra aussi que je vous raconte comment j'ai failli finir oublié de tous, au fin fond d'un labyrinthe, avant même de rencontrer Godot.

vendredi 6 mars 2009

Yaourtier, yeah, yeah, yeah!


Il ne sera pas question ici des candidats malheureux de la Nouvelle Star, ni de l'Eurovision*. Mais bel et bien du véritable yaourt, ce produit lacté ancestral à la prononciation si délicate pour certains. Autant le dire tout net, si vous ne prononcez pas le "t" final de "yaourt", vous pouvez aller voir ailleurs très loin (nb pour booster la fréquentation du blog: pour plaire au lecteur, maltraite-le). Qu'y a-t-il de plus exaspérant que d'entendre ce mot amputé de son "t", digue apte à retenir la bouillie du phonème "yaour". "T'as pris des yaour, Robert?" Que celui qui n'a jamais révisé son opinion sur la lapidation en entendant ce genre de phrase me jette le premier yaourt périmé. Ceux qui disent "yogourt" peuvent rester, au nom du respect des minorités.

Vous savez déjà qu'en plus d'être un professeur de talent mais aussi de français, j'ai quelques passions comme la Ve république et les activités ménagères. Après la confiture (c'est cela oui) j'ai décidé de fabriquer des yaourTs, essentiellement pour des motifs écologiques (pour l'édification cliquez avec intérêt ici). Pour ceux qui renaclent de la conscience écologique, je dirai juste que les différents ingrédients d'un pot de yaourt peuvent parcourir des milliers de kilomètres et que leur emballage n'est pas recyclable (hors pots en verre mais l'éco-bilan n'est pas meilleur à cause du poids). En outre, le nombre conséquent de "spécialités laitières", n'ayant pas le droit à l'appellation "yaourT" laisse à réfléchir sur le contenu de ces "spécialités". Fin du couplet écolo-bio.

Et bien qu'à 1,50 les sept yaourTs (nature au lait entier, électricité et yaourt père compris) il me faudra faire environ 357,2 yaourTs pour amortir la machine (si si, j'ai fait le calcul, - moulé - à la louche), ils sont très bons mes yaourts! Je n'ai même pas vraiment raté la première tournée et la deuxième est parfaite, comme le prouve cette magnifique photo:

J'ai failli prendre une photo avec yaourt incliné
pour prouver qu'ils ont pris mais je me suis dit
qu'au jardin ça ferait plus bucolique

* Et la laitière représentant la France cette année s'appelle Patricia Kaas (ta joie). Inutile de dire qu'on a déjà perdu, on aura beau jeu d'accuser la géopolitique.

V.

mardi 3 mars 2009

Le chien aboie et Caravane passe

La petite Caravane est de retour dans Plus Belle La Vie (vous savez, la petite laotienne qui rêve de se faire atteler). Elle est revenue clandestinement en France. Personne n'a l'air de comprendre pourquoi elle a fait ça, comme si ça ne tombait pas sous le sens qu'une Caravane ait envie de voyager!

Sinon, aucun rapport (sauf dans le titre), mais je me réveille tous les matins avec ça dans la tête, et pas moyen de comprendre pourquoi. C'est un cauchemar, cette série était méga-pénible.

Pitou G.

lundi 2 mars 2009

Hello everybody I'm your new professeur d'anglais

Je suis vraiment une good apple. Pour rendre service à une collègue, j'ai accepté de participer à une petite mise en scène : ses élèves vont devoir démasquer le voleur de sa voiture en menant leur enquête tout en anglais. Il lui fallait de nombreux témoins ou suspects, alors j'ai dit come on, death, let's join the party*. Là, je suis totally in the cabbage, direct to the wall.

Si j'avais aimé prendre la parole dans une langue que je ne maîtrise pas, j'aurais fait prof de maggyar ou tiens, j'aurais participé en cours d'anglais quand j'étais en première, au lieu d'écrire des poèmes (on était 45 dans la salle... et on s'étonne du faible niveau des français). Si j'ai choisi les langues anciennes, c'est précisément parce qu'on n'a pas à les parler! Whatever, j'ai dit yes. Je suis complètement noisette!

Il va falloir ruser et adopter un accent grec ou italien pour masquer mon accent français. En fait, je n'ai même pas d'accent français : l'accent français, c'est atone et relativement moche, mais au moins, ça ressemble à quelque chose! Mon accent perso, c'est de la bouillie; y a des intonations, mais jamais aux bons endroits. Et cette manie de faire des r qui sont des w et des w qui sont des w! Il suffit d'oser un "How are you?" pour avoir l'air d'aboyer avec du caramel entre les dents (saleté de fudge!) - et, pour peu que je me risque à la h'aspiration du h, le petit chien est asthmatique. Bref, la jouer "j'ai appris l'anglais à Maïkonos, et ouais", c'est la meilleure façon de m'en tirer dignement.

Les autres solutions envisagées ne m'enchantent pas beaucoup plus :
  • Je pourrais call Stepmother (ahahaha la good joke!) pour essayer d'imiter son accent. Mais son accent est irlandais, et ça n'a pas plus d'allure que ma diction marshmallow. No way!
  • Faire une cure intensive de prononciation avec la méthode Dante's Cove de Tracy Scoggins. Sauf que s'il n'y a pas de paires de fesses nues qui passent à proximité (et il y a peu de chance qu'il en passe dans un établissement public du secondaire), je pense avoir du mal à rentrer dans le rôle. Pourtant, ça aurait été la classe :
"Did you see anything strange in the car park this morning?
_ Dante's Cove is a very powerfull place!
_ What did you say?
_ Who needs love when you can turn the moon blue?"
  • me mettre d'urgence au langage des signes...
Et pourtant, ça n'a pas l'air bien compliqué :



Pitou G.
* Si vous ne comprenez pas la référence, allez ici de toute urgence.
** Merci à Vincent à l'Ouest de nous permettre à tous d'enjoy Clémentine Duran.

dimanche 1 mars 2009

Quand est-ce qu'ove?

Je sais, trois articles en trois jours sur Dante's Cove, ce n'est pas raisonnable (j'en vois déjà s'arracher les cheveux). C'est vrai que dans un monde bien portant, cette série ne devrait pas même exister. Mais ceci est le dernier article qui lui est consacré. C'est triste à en pleurer. Il faut bien revenir un jour au monde normal. Fini le trisme, finie l'hystérie tropicale; adieu Sorciana voyageuse de l'espace, adieu surfeurs gays naturistes vampirisés par Ambrosius.

Sachez cependant que Dante's Cove va bientôt connaître une version française, qu'on espère aussi navrante que l'originale. On voit mal comment il pourrait en être autrement, le scénario étant ce qu'il est. Et puis il ne faut jamais sousestimer la valeur ajoutée d'un mauvais doublage. Aucun acteur sérieux n'ayant accepté de griller sa carrière dans un tel projet, je suppose que les malades mentaux qui ont entrepris de franciser Dante's Cove ont fait appel à des doubleurs de films porno. C'est en tout cas ce que donne à penser ce teaser trouvé sur Toi le Tube :



C'est assez spirituel d'avoir choisi le passage le plus mou de la première saison pour appâter le chaland. Reste à savoir s'il y aura autant de doubleurs qu'il y a de personnages : souvenez-vous des dessins animés de votre enfance où un acteur avait en charge plusieurs personnages et devait travestir ridiculement sa voix (mais si! le Renard, dans Nicky Larson; il faisait tous les méchants, et peut-être même le ménage dans les studios).

L'homme avisé qui a mis en ligne cette vidéo précise que la VF est prévue le 1er mars. Trisme tout puissant, mais c'est aujourd'hui! Dommage que je ne sache pas où va atterrir cette merveille!