"Ça fait longtemps qu'il ne nous a pas parlé de ses poètes : le Catul-pas-de-e, le Tibulle qui bulle, le Properce qui perce et le Horace sa race."(ô désespoir)
Allez, je suis sûr que vous l'avez pensé très fort.
Non?
Scusez-moi. Je pensais...
Il y a encore une semaine, je vous aurais répondu (enfin, si vous m'aviez posé cette question qui n'a apparemment traversé que l'esprit de mon homme) : "que voulez-vous que je vous dise? Il ne se passe rien de spécial. Calme plat. Les poètes en berne hibernent."
"Ça fait longtemps qu'il ne nous a pas parlé de ses poètes : le Catul-pas-de-e, le Tibulle qui bulle, le Properce qui perce et le Horace sa race..." (ô vieillesse et demie)
Vous êtes sûrs que vous ne l'avez pas pensé très fort, quand même? Je dis ça parce que Catul a dû vous entendre. Il a l'oreille très sensible, le gaillard. Sûrs de sûrs?
Ça doit être le printemps alors.
Lundi soir, Catul m'a sorti le grand jeu du garçon trop poli pour être honnête.
"Bonjour monsieur le professeur, comment allez-vous?
_ Très bien, merci bien (froncement de sourcil, hébétité et perplexitude)
_ J'en suis ravi."
Là, on n'était même pas rentrés dans la salle. La brosse a reluit toute l'heure. Et même après : quand je l'ai croisé à 17h30, dans les couloirs, vissé (collé devrais-je dire) à une chaise, en retenue selon toute vraisemblance (le collège Haquenée, c'est comme les Urgences : on en est réduit à installer les collés dans les couloirs) et quand il m'a bramé un "au revoir, monsieur" à trente mètres en agitant la main, comme si je m'embarquai pour une croisière transatlantique.
Comme il ne connaissait pas ce mot, je lui ai demandé de chercher "obséquiosité" dans le dictionnaire. Remarquez, la question se pose : faut-il préférer à l'outrancière flagornerie de Catul l'inégalable élégance de son compère Tibulle-le-beau qui, au milieu d'une réponse, après un involontaire soubresaut, exsuda de son appendice nasal une longue trainée de morve? Après cela, si vous me passez cette trivialité, il n'y avait plus rien à en tirer, ni attention ni vers du nez, tout occupé qu'il était à se consumer de rire et de honte. Fin de la parenthèse.
Le lendemain, mine de rien, je sonde les collègues pour savoir si Catul leur a manifesté la même déférence qu'à moi. Après tout, les conseils de classe sont pour bientôt. Il semble pourtant que je bénéficie d'une grâce spéciale, alléluia, les petits oiseaux chantent au plus haut des cieux.
Je demande à Catul s'il a cherché sa définition.
"Non, monsieur le professeur (lueur mutine dans la rétine), je n'en ai guère eu le temps".
Les autres rient et me révèlent que dans la matinée, un autre de leur professeur (auquel je n'en avais pas parlé) a dit de notre olibrius qu'il était obséquieux. Pendant que Catul et ses camarades travaillent - ou font semblant -, je pose sur sa table un dico. Il sourit et l'ouvre à la lettre O.
O
OB
OBS
OBSE...
Et soudain, à voix mi-haute, Catul lit la définition du mot... obsédé.
J'ai oublié de vous dire que, la veille, c'était celle du mot libido qu'il avait ânonnée, alors qu'il était en quête de liberius. Comme le hasard fait bien les choses! Le hasard et le printemps.
Confidence pour confidence : je sais de source sûre que Catul tient son humeur bucolique etgéorgique* orgiaque d'un amour naissant. C'est choupi : on en oublierait presque que c'est une crapule**...
Aucune tendre effusion n'explique encore les épanchements morveux de Tibulle.
Allez, je suis sûr que vous l'avez pensé très fort.
Non?
Scusez-moi. Je pensais...
Il y a encore une semaine, je vous aurais répondu (enfin, si vous m'aviez posé cette question qui n'a apparemment traversé que l'esprit de mon homme) : "que voulez-vous que je vous dise? Il ne se passe rien de spécial. Calme plat. Les poètes en berne hibernent."
"Ça fait longtemps qu'il ne nous a pas parlé de ses poètes : le Catul-pas-de-e, le Tibulle qui bulle, le Properce qui perce et le Horace sa race..." (ô vieillesse et demie)
Vous êtes sûrs que vous ne l'avez pas pensé très fort, quand même? Je dis ça parce que Catul a dû vous entendre. Il a l'oreille très sensible, le gaillard. Sûrs de sûrs?
Ça doit être le printemps alors.
Lundi soir, Catul m'a sorti le grand jeu du garçon trop poli pour être honnête.
"Bonjour monsieur le professeur, comment allez-vous?
_ Très bien, merci bien (froncement de sourcil, hébétité et perplexitude)
_ J'en suis ravi."
Là, on n'était même pas rentrés dans la salle. La brosse a reluit toute l'heure. Et même après : quand je l'ai croisé à 17h30, dans les couloirs, vissé (collé devrais-je dire) à une chaise, en retenue selon toute vraisemblance (le collège Haquenée, c'est comme les Urgences : on en est réduit à installer les collés dans les couloirs) et quand il m'a bramé un "au revoir, monsieur" à trente mètres en agitant la main, comme si je m'embarquai pour une croisière transatlantique.
Comme il ne connaissait pas ce mot, je lui ai demandé de chercher "obséquiosité" dans le dictionnaire. Remarquez, la question se pose : faut-il préférer à l'outrancière flagornerie de Catul l'inégalable élégance de son compère Tibulle-le-beau qui, au milieu d'une réponse, après un involontaire soubresaut, exsuda de son appendice nasal une longue trainée de morve? Après cela, si vous me passez cette trivialité, il n'y avait plus rien à en tirer, ni attention ni vers du nez, tout occupé qu'il était à se consumer de rire et de honte. Fin de la parenthèse.
Le lendemain, mine de rien, je sonde les collègues pour savoir si Catul leur a manifesté la même déférence qu'à moi. Après tout, les conseils de classe sont pour bientôt. Il semble pourtant que je bénéficie d'une grâce spéciale, alléluia, les petits oiseaux chantent au plus haut des cieux.
Je demande à Catul s'il a cherché sa définition.
"Non, monsieur le professeur (lueur mutine dans la rétine), je n'en ai guère eu le temps".
Les autres rient et me révèlent que dans la matinée, un autre de leur professeur (auquel je n'en avais pas parlé) a dit de notre olibrius qu'il était obséquieux. Pendant que Catul et ses camarades travaillent - ou font semblant -, je pose sur sa table un dico. Il sourit et l'ouvre à la lettre O.
O
OB
OBS
OBSE...
Et soudain, à voix mi-haute, Catul lit la définition du mot... obsédé.
J'ai oublié de vous dire que, la veille, c'était celle du mot libido qu'il avait ânonnée, alors qu'il était en quête de liberius. Comme le hasard fait bien les choses! Le hasard et le printemps.
Confidence pour confidence : je sais de source sûre que Catul tient son humeur bucolique et
Aucune tendre effusion n'explique encore les épanchements morveux de Tibulle.
Pitou G.
* ça vous fait assez d'indices pour découvrir le vrai nom de Catul-pas-de-e. Pas la peine de l'écrire : il n'y a pas de lot à gagner ;-)
** je m'en suis souvenu ce matin lorsque, entendant un collègue scander des "hop-hop-hop-hop-hop" pour motiver ses troupes dans la salle voisine (puisque je vous dit qu'il a l'ouïe fine), il a doctement professé : " Vous voyez monsieur, vous devriez faire ça pour rendre vos cours intéressants."
Pas de bol : une fois n'est pas coutume, je n'avais pas très envie de jouer...
** je m'en suis souvenu ce matin lorsque, entendant un collègue scander des "hop-hop-hop-hop-hop" pour motiver ses troupes dans la salle voisine (puisque je vous dit qu'il a l'ouïe fine), il a doctement professé : " Vous voyez monsieur, vous devriez faire ça pour rendre vos cours intéressants."
3 commentaires:
gagné, j'ai lu le post deux fois, afin de trouver les asterisques, qui ne m'avaient pas sauté aux yeux !!
Original, comme prénom, pour sa génération, ce Catul !
Quant à libido et obsédé, je te soupçonne de faire exprès de lui faire chercher des voisins de dicco...
Il y a des mots comme ça ... en classe ça laisse comme une sidération.
Ces pauvres choux ont en pleine crise hormonale hein, faut comprendre.
"Il pénétra dans la pièce" uf uf uf 1/2h pour reprendre le cours. Idem avec le mot "chatte" (miaou) ...
Et je ne te parle pas de la "branloire pérenne" de Montaigne avec laquelle chaque année je me taille un franc succès.
"Tailler" aussi tiens
"Pipe"
Bon, prof de français c'est trop un piège.
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