Il n'y a pas que dans les boutiques de vêtements qu'on déstocke : j'ai su par une rumeur qu'on liquidait les photos de classe prises en septembre dernier pour moins cher que gratuit. J'ai fait une razzia dans les cartons. On lutte comme on peut contre les ravages du temps : après 8 ans d'enseignement, je me rends compte que le visage de beaucoup des enfants que j'ai vus défiler s'efface dans ma mémoire, surtout quand d'autres qui leur ressemblent sont passés après eux : leurs traits se superposent et se confondent.
On a beau savoir qu'à cet âge-là, ça change vite, j'ai eu quelques surprises. Côté gnomes, la métamorphose, dans les rares cas où elle est survenue, est essentiellement mentale. La photo n'a donc pas trop attiré mon attention, si ce n'est que j'aurais vraiment dû m'abstenir de cet ensemble ton sur ton qui me donne l'air d'une grosse glace à la vanille. La classe de Pandore et Fillette a une photo très classe : un dress-code rouge et noir avait été convenu. Ça gère et ça
Je suis content aussi d'avoir la photo de mes poètes* (en bonus, dessus, il y a Grelinda avant qu'elle ne quitte Haquenée, c'est collector), surtout que je ne l'avais pas eue l'an dernier. Tibulle avait moins de muscles et de cheveux, mais déjà son sourire désarmant, alors que Catul, manifestement perdu dans une rêverie mélancolique, a tout l'air d'un kouros auquel on aurait enfilé un (moche) sweat-shirt.
Pas de panique, le vrai Catul a des bras (et un moche sweat-shirt)
(The Strangford Apollo, British Museum)
(The Strangford Apollo, British Museum)
Tout cela est bien gentil, mais aucune de ces surprises ne justifie le titre de ce billet (et vous savez très bien que tous les titres de mes articles sont pertinemment choisis) : Il se niche où, le mysterious ouaich', hein? Il faut aller le trouver dans la photo d'une autre classe, celle
Dans le coin en haut à gauche, il y a un élève dont la tête est inconnue au bataillon. Je ne l'ai jamais vu de ma vie! Je me souviens très bien d'une gamine qui est restée inscrite chez nous trois semaines, dont deux d'absence. Mais pour lui, rien à faire : le trou noir... Est-ce un étourdi qui s'est trompé de classe? Un farceur? Un correspondant ouzbek? Un spectre qui hante Haquenée depuis trente ans et dont seule la chambre noire peut révéler l'apparence? J'en viens à douter de ma santé mentale : si ça tombe, ce môme est dans la classe depuis le début de l'année et je n'ai jamais relevé sa présence parce qu'il est d'une discrétion inouïe...
Pitou G.
* Je préviens tout de suite les participants au séminaire blogologique en Pays de la Loire qu'ils auront à jouer à qui est qui. Révisez bien!
P.S. : et finalement, il est où, le mysterious ouaich'? Bonne question...
2 commentaires:
Si une « bonne question » est une question dont la réponse m'est inconnue, c'est en effet une bonne question.
moi je conserve scrupuleusement tous les trombinos de mes classes. Ainsi, quand je croise un ancien élève, que je me triture l'esprit pendant des heures (c'était quand? ds quel bahut? quelle section? quelle matière? ah non, ça je sais) je trouve le soir mon classeur et la paix de l'esprit.
Je cliquerai sur les liens bleus d'ici samedi, trop peur des interros surprises !
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