Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

lundi 29 septembre 2008

Cultivons notre jardin

Pitou V : Où est-ce que je vais mettre l'acanthe?
Pitou G : Et pourquoi pas à côté de la Voltaire ou de la Nietzsche?

dimanche 28 septembre 2008

Sharpei ton poivron

La petite photo du dimanche, pour cause de grosse flemme :

Un peu moche, mais délicieux!

samedi 27 septembre 2008

Ma réputation est faite

C'est bon de travailler avec des collègues dévoués. Alors que nous avons fini de manger dans la salle du réfectoire réservée aux personnels, YoungFather se propose de risquer un oeil vers la sortie pour voir s'il n'y a pas trop d'élèves faisant la queue pour débarrasser leurs plateaux (la veille, nous étions vraiment sortis au mauvais moment et avions battu trois fois en retraite devant la foultitude de gnomes repus, avant de pouvoir jeter les reliefs de notre repas : à force de rentrer dans une petite pièce avec mon jeune collègue au vu d'une centaine d'ado, je me suis dit que ça allait sans doute jaser). La voie est libre, mais comme YoungFather dispose d'une courte avance sur moi, le temps que je le rejoigne, deux 6e ont augmenté la file d'attente. Alors qu'ils font mine de me laisser passer (à cet âge-là, ils sont encore plein de respect pour le droit d'aînesse), je décline leur proposition et passe derrière eux. Eh oui, que voulez-vous, je suis un saint homme...

À ce moment me parviennent les échos d'une conversation qui a lieu quelques mètres devant. C'est Asiate qui glisse à deux filles de ma classe de poètes : "Il est gentil, M. Pitou G !" *
YoungFather, qui attend juste derrière elles, la corrige : " Attention, les filles! Il faut dire : il est gentil, M. Pitou G, en fait!"
Il paraît que c'est pour apprendre l'art de la modalisation...

*

Même jour, dernière heure d'une semaine chargée.

Pitou G : " D'après le texte que nous venons de finir de traduire, je vous laisse deviner en quel animal Callisto a été métamorphosée.
Pandore : En louve?
Pitou G : Qu'est-ce qui te fait songer à une louve?
Pandore : Elle a dû finir comme papa Lycaon, non?
Pitou G : Bien tenté, mais ce n'est pas en louve...
Petit Ourson de Chine : En corbeau?
Pitou G. : As-tu déjà vu beacoup de corbeaux avec, je cite, "des poils noirs" ?
Vanth : Un ours!
Pitou G. (perplexe): Oui, c'est ça. Tu as regardé dans un dictionnaire?
Fillette : Non, mais c'est vous qui nous y faites penser!
Pitou G. (les yeux écarquillés) : Ah? Parce que je vous fais penser à un ours, moi? Merci du compliment!"

Je crois utile de préciser à ceux d'entre vous qui ne m'ont jamais vu que je mesure 1m75 pour 6O kg, qu'aucune touffe de poils noirs ne me sort des oreilles et que Donatella a encore insisté pour que je défile pour elle cette saison mon visage ne s'est pas déformé en se fendant d'une ouverture béante. Non mais! Fillette a eu beau protester et affirmer que ce n'était pas du tout ce qu'elle voulait dire, j'ai bien compris le message. Sa prochaine copie, elle ira la rechercher dans une ruche pleine d'abeilles!

Pitou G.

* En V.O. c'est mieux, parce que ça rime. J'ai d'abord cru qu'Asiate était en train de me défendre parce que ses deux copines avaient dit une vacherie sur moi (paranoïa, quand tu nous tiens), ce qui me semblait étrange étant donné les élèves en question. YoungFather m'assure cependant que cette déclaration était consécutive à mon acte de charité.

jeudi 25 septembre 2008

Helation

Mais si, puisque je vous dis que j'ai des tas de trucs à raconter! Par exemple, j'ai découvert que je ne suis pas génétiquement programmé pour endurer des élèves de 6e, pourtant de vrais poètes (entendu en cours aujourd'hui : "ah, ça fait du bien de péter!"). Et pourtant, je vous jure que je travaille ma patience : avant de répondre pour la quatrième fois à la même question (au choix :"au brouillon", "oui, en rouge", "oui, tu tournes la page" ou "oui, deux carreaux", ô vie pleine de surprises!), je décoche mon sourire mi-bienveillant, mi-désabusé, en contenant un petit gloussement crispé, paupières à demi closes (et si je fais tout à demi, c'est pour éviter de ruer dans les brancards).

Alors oui, c'est promis, je vous concocte bientôt un article consistant, publie des tas de photos d'anthologie et vous donnerai même des nouvelles d'LN, décidément très en verve ce mois de septembre. Là, j'ai juste besoin d'une chanson qui file la pêche : Helation de Tamurapan. Je ne pige fichtre rien de ce qu'elle baragouine, ça n'en finit pas, c'est d'un kitch consommé. Mais quand vos listes d'appel débordent de noms et prénoms propres à vous visser dans la tête une chanson des Beach Boys ou le générique de Ma Sorcière bien-aimée, ça fait du bien de ne rien comprendre.

ハレーションPV


Sinon, cette nuit, j'ai rêvé que Pandore (celle qui craint les morsures de gérondif) était tombée sur ce blog. De quoi flipper (qui est, par bonheur, un cétacé, non un rongeur).

mercredi 24 septembre 2008

Fait divers

Le collège d'Orteil-la- Ruine a été ravagé par un terrible incendie, mercredi 24 septembre, aux alentours de 8H. Selon les premiers éléments de l'enquête, l'origine en serait criminelle. La piste privilégiée par la police mettrait en cause une jeune enseignante de lettres modernes, récemment affectée dans ce trou paumé dans l'établissement en dépit de violentes récriminations contre le Recto-Rat. La jeune fille, inconnue des services de police (et même d'Edvige-dans-ta-face), semblerait avoir prémédité son crime de longue date et attendu l'instant propice pour agir. Elle aurait délibérément provoqué un court-circuit et habilement maquillé son forfait en accident, en opérant à l'aide d'une bouilloire, d'une prise électrique et de plusieurs litres d'eau - c'est ce dernier élément qui a alerté les enquêteurs.

Malgré la sophistication de l'arme du crime et du stratagème, aucune victime n'est à déplorer.

Le Perche et la Gaule, P.G.


LN, ne perds pas espoir : tu arriveras à t'évader de là-bas!

mardi 23 septembre 2008

Est pa'ti? Apathie

Pas très envie d'écrire en ce moment. Les seuls désirs qui me tiennent concernent la couette et un bon bouquin. Ce n'est pourtant pas faute d'anecdotes et de photos à publier...
Hier, l'idée m'a même traversé l'esprit de prendre un bain chaud (je n'en ai pas pris depuis des mois et des mois*) en écoutant de la pop japonaise. C'est ce qu'on appelle être au bout du maki sushi... Preuve à l'appui :



Pitou G

* Je rassure ici notre lectorat aux augustes narines : primo, je sens bon naturellement, c'est comme ça, c'est un don, on l'a ou on ne l'a pas, adressez vos réclamations au Créateur (ou aux Créateurs de beauté, ça marche aussi). Secundo, je me douche chaque jour, vous pouvez même venir vérifier.

vendredi 19 septembre 2008

Chats Potés

Notez bien que j'ai failli intituler ce message "Piège à chat", mais j'en ai marre d'encourager les recherches internet de bourreaux d'animaux.
Notez bien encore que j'ai bien remarqué que ce n'était pas trop la peine de m'escrimer à écrire des textes : les photos c'est plus rentable en terme de commentaires.

Après ces avertissements d'usage, place à nos chats-le-teint-banque!

Cette année, on pensait faire des confitures de chat-teignes, mais on a renoncé devant la corvée d'épluchage. Calim' a la grande classe...

Lutte pour le pouvoir. Stuart est dans la place, heureux comme un pape. Mais d'ambitieux chats-pardeurs guignent son royaume...

Un chat-pot en fourrure : un must, cette saison. Attention, tous les chats-pots du marché n'ont pas cette féline prestance : observez la ressemblance avec le gérondif sauvage!



Pitou G.

jeudi 18 septembre 2008

Tornade tropicale

Après avoir essuyé une grosse déconvenue avec le commerce en ligne (ici, et , vous relirez avec un plaisir non feint le récit de mes aventures avec Armenager/Showroom 2001, les gros arnaqueurs du Net.), on pourrait se dire "fini, je n'achète plus que dans un vrai commerce de proximité tenu par de vrais gens à incendier en cas d'avanie. Oui mais voilà, les petits détaillants ferment (le nôtre n'est pas revenu de ses congés: je préfére me dire qu'il a gagné au Loto) et les prix du Web sont imbattables, même quand on tente de trouver le code contact Camif "-50% sur tout, sans conditions pour vous Pitou V."

Il faut dire que l'affaire était d'importance: notre aspirateur vieillissant, rafistolé au scotch, amputé de son séduisant mais peu utile plumeau intégré (cassé), maintes fois maudit par Pitou G. lorsque la brosse se désolidarisait du tube, commençait à troubler l'harmonie de notre ménage.
Et puis, l'aspirateur a toujours revêtu pour moi une aura de mystère. On se rappellera que j'obtins, dans ma prime jeunesse, le 1er prix des Arts Ménagers. Je m'exclamais avec admiration quand je le voyais sorti: "Ô, le Badai-ateur!".

Il s'agit donc d'un sujet sérieux, et comme tout achat un tant soit peu conséquent nécessite toujours que je potasse et trouve le meilleur produit, j'ai longuement tergiversé, consulté mon ami Gogole et ses copains "Moinschertumeurs.com", "Plusbasc'estgratuit.fr" etc.
J'ai beau le savoir et le déplorer, la marque compte pour moi. C'est ridicule, mais cela me rassure (aspirant bourgeasse, va!) J'ai pu satisfaire un fantasme électroménager... Acheter un appareil Miele. J'ai grande confiance en nos amis allemands pour ce qui concerne les biens d'équipements et la musique. On pourra débattre de la qualité réelle ou supposée de leurs produits (ah, non, on me signale que tout le monde s'en fiche), mais j'y crois! Evidemment, ils coûtent environ un bras, ce qui freine les ardeurs.

Eh bien, chez Dimipro (oui, je leur fais de la pub, et alors?), mon Miele Vital Tropic ne m'a coûté que deux tiers de bras! Renseignements pris, les critiques sont dithyrambiques dans l'ensemble, et l'on peut profiter de l'option Fia-Net "Receive and pay". Non contents d'être les moins chers sur ce produit, ils livrent à la vitesse de l'éclair. En effet, tout ce qu'ils proposent est en stock. Mon aspirateur, commandé hier vers midi est arrivé aujourd'hui vers midi.
Et devinez quoi?
Oui, oui, il est vraiment orange.
Il y avait un beau bleu nuit, mais il coutait un bras entier...


Il aspire!


V.

PS: bonus track! Les deux tissus préselectionnés pour nos rideaux de chambre. Oui, c'est le même avec du bleu turquoise. Et non, je ne veux pas assortir les rideaux à l'aspirateur.

mercredi 17 septembre 2008

Morsure grammaticale

Pandore : M'sieur, ça n'a rien à voir avec votre cours, hein, mais c'est quoi, déjà, un gérondif?
Pitou G. : Effectivement, rien à voir avec mon cours. Le gérondif en français, c'est en+ participe présent. Ça exprime la simultanéité d'une action par rapport à une autre.
Olivette : Ah oui, on a vu ça l'an dernier! C'était avec vous, d'ailleurs! (comme quoi, faut pas désespérer!)
Pandore : Mais c'est pas aussi un gros rongeur?
Pitou G : Vous êtes allés dire à monsieur Pitou V. que le gérondif, c'était un ragondin?
Pandore : Non, mais je l'ai pensé très fort...

Chéri, y a un gérondif sur la pelouse!

lundi 15 septembre 2008

Crémone


Bien sûr, elles sont de travers, mais nos crémones sont si jolies qu'elles nous dissuaderaient presque de changer les fenêtres, le moment venu!
De toute façon, on n'a plus de sous.

dimanche 14 septembre 2008

Histoires du vendredi

Chers lecteurs, découvrez cette histoire du vendredi, révélatrice de mon état de fatigue ou de détresse mentale. En fin de matinée, alors que je ferme à clé la porte de ma salle pour aller manger, ticket de cantine en main, j’aperçois des élèves rangés, attendant sagement d’entrer en classe. Des élèves à moi. Dans ma hâte de voir le temps filer, j’ai pris une heure d’avance sur le temps réel : il est seulement onze heures… Par un habile tour de passe-passe, je glisse mon ticket dans la manche de ma chemise et joue au mec pas surpris : « Attendez-moi dans le calme, j’en ai pour deux minutes ». Juste le temps d’un aller-retour sans objet vers la salle des profs, histoire de ne pas perdre toute contenance, moins d’un moins après la rentrée…

*

Comme si le temps ne lambinait pas assez, je fais partie des quelques élus qui bossent jusqu’à dix-sept heures le vendredi, avec, pour bien faire les choses, une heure de creux de 15 à 16 heures. Est-ce utile de vous préciser qu’à cette heure-là, un vendredi, je n’ai aucun cours à préparer en urgence, aucune photocopie à faire, aucun devoir à corriger (et même si j’en avais, pensez-vous que j’aurais le courage de m’y atteler à ce moment-là ?) et personne à qui parler. Déserte, la salle des profs !

Désoeuvré, à deux doigts de mourir d’ennui, après avoir arpenté la pièce en tout sens, le Pitou décide de s’informer en parcourant les nombreuses affichettes qui émaillent ces horribles panneaux de liège : listes des membres des Conseils d’Administration des dix dernières années, appel à la grève datant de l’an 40, photo de l’ancienne secrétaire posant fièrement devant l’écran plan dont s’est fendue l’Amicale à l’occasion de son départ à la retraite, propositions d’activités extrascolaires (cours de self défense, d’aïkido, de judo ou de yoga – qui devraient, tous autant qu’ils sont, faire partie de notre cursus obligatoire) et cette annonce de lancement de la campagne de recrutement des personnels d’encadrement (faites-moi penser à recycler cet article de blog pour un cours sur le complément du nom) :


Miam, le personnel de direction !

On sent bien que le ministère peine à recruter des cadres dirigeants pour recourir à de si grossiers procédés. Alors je veux bien être naïf, mais il faudrait arrêter de faire passer des vessies pour des lanternes : la bombasse en haut à droite est-elle réellement chef d’établissement (d’un collège, hein, pas d’un bar de nuit) ou aspirant à l’être ? Est-ce qu’il faut sortir d’une école de mannequinat pour diriger un bahut ? Parce que notre nouveau chef à nous, c’est évidemment un grand quinquagénaire moustachu dont les yeux ne crient pas spécialement braguette, vous voyez…

Du reste, il n’accepte de nous recevoir qu’accompagné de son adjointe, de la gestionnaire voire, en cas de pénurie, de Mireille, la dame de l’accueil. Il affirme que c’est parce qu’il ne conçoit sa mission que comme un travail d’équipe, mais allez savoir s’il ne traîne pas derrière lui des casseroles, accusations de harcèlement moral ou sexuel. Je vous dirais que je m’en fiche : primo, je n’ai rien contre son adjointe, la gestionnaire ou Mireille ; secundo, je ne tiendrais au tête-à-tête avec mon patron que si c’était le jeune loup de l’affichette.

Pitou G.

P.S. : LN avance que le principal adjoint de son nouveau collège est un canon. Serait-ce lui qui aurait posé pour la campagne d’inscription ?

samedi 13 septembre 2008

Cours-y vite!

J'avais initialement programmé pour aujourd'hui un article flamboyant sur ma fin de semaine*. C'était ça, ou une photo de nos fabuleuses crémones du deuxième étage (si vous veniez nous rendre visite, vous dormiriez avec, dans une belle chambre d'amis de bourgeasses; mais on n'a pas beaucoup d'amis et nos crémones se sentent bien seules). Ou alors le scan d'un prospectus de mon ministère qui m'a bien fait glousser tout à l'heure.*
Mais toute affaire cessante, je vous propose d'aller voir par là-bas la délicate vidéo que l'ami Timy nous a dédicacée. Courrez-y vite, il y a urgence (vous comprendrez quand vous l'aurez visionnée).

Pitou G.

* Pas de panique : pour toutes ces merveilles, ce n'est que partie remise!

P.S. : hier, il y a encore un collègue qui s'est foutu de moi en entendant la grosse voix que je prends pour terrifier les mini-gnomes (il faut bien qu'ils se rangent, sacrediou!)

vendredi 12 septembre 2008

ROMA AMOR

Pour commencer l’année avec ma classe de poètes (Catul-pas-de-e, Tibulle, Properce…) : un poème à la gloire de Rome, conquérante et civilisatrice, qui a fait une seule patrie de peuples épars. Mais mes poètes ne savaient pas encore de qui l’auteur (je vous épargne le nom de ce quasi-inconnu – un Arnobe version lyrique) faisait l’éloge. C’était l’objet de la première question.
Indices : Te, Dea/ Te Regina (…) Roma

Réponse de Tibulle : César (tout ça parce que j’avais vaguement dit l’an dernier qu’on reparlerait de lui). César en déesse ; César en reine… L’image aurait sans doute amusé un Cicéron, un Pompée, ou des légionnaires un peu beurrés, alors je ne dis trop rien.

Dix minutes après, alors que je leur demande d’identifier « l’inventrice de l’olivier »*, le même Tibulle affirme, impérial : Hermès!
Je n’y tiens plus : « Dis-moi, tu nages en pleine confusion des genres, mon garçon » (et secrètement, j’ai une pensée pleine d’espoir pour la prochaine génération de garçons sensibles qui compterait un Tibulle dans ses rangs).

*

Ceux qu’Elle a craints, Elle les soumet ; ceux qu’Elle a soumis, Elle les aime.

Digne héritière de Mars et Vénus, les deux dieux les plus intimement liés à sa fondation, Rome est vaillante et généreuse. Elle œuvre par les armes mais pour le bien universel (argument bien connu des nations impérialistes). C’est à peu près la réponse que j’attendais, quand je demandai « Comment comprenez-vous ce vers ? »
Properce, lui, ne voit pas les choses comme ça : « Bah si Rome aime ceux qu’elle a vaincus, c’est parce qu’elle peut profiter de leurs richesses ! »
Je lui fais remarquer qu’il a une vision de l’amour bien désespérante pour un si jeune garçon. C’est vrai quoi, c’est quand même important de replacer certains idéaux sur un piédestal ! Lui demander s’il comptait s’engager dans la carrière de gigolo, je le reconnais, c’était peut-être en trop…

Pitou G.

* Allez, celle-là, elle est facile : soyez rapides !

jeudi 11 septembre 2008

mercredi 10 septembre 2008

Orpheline d’un arbre

Je l’ai toujours connu, ce conifère columnis. Lui et sa haute silhouette, élancé, souple. Bien trop souple, quand le vent tempêtait. Il aurait pu être menaçant et, pourtant, jamais il ne m’a inquiété, quand je le voyais se balancer depuis mon velux à quelques mètres de la maison. C’était un arbre familier, trop apprivoisé pour avoir un jour l’idée saugrenue de s’écraser sur la baie vitrée. À Noël, il se couvrait même de guirlandes lumineuses.

Columnis, était le meilleur ami des chats, à la fois escalier permettant d’accéder au toit, parapluie (comme s’il pleuvait en Normandie !) ou parasol. C’était lui aussi leur Grand Initiateur : celui qui leur faisait passer l’épreuve du passage à l’âge adulte, quand, après avoir monté, trop monté, et s’être laissés prendre au piège de l’altitude, nos chatons en dégringolaient (deux étages, tout de même). Pas méchant, cet arbre : ses branches amortissaient la chute. Les chats en sortaient plus futés.

De tous les chats ayant vécu chez mes parents, c’est Juvie qui lui vouait l’amour le plus fidèle. Elle ne quittait pour ainsi dire jamais son ombre, sinon pour se traîner jusqu’à sa gamelle. Et encore y amenait-elle, captives de son poil duveteux, brindilles et aiguilles (si tant est qu’on puisse parler d’aiguilles : columnis ne piquait pas). On en était venu à considérer la chatte comme un genre d’Hamadryade, ces déesses sylvestres mourant avec l’arbre qu’elles protègent. Ça donnait à réfléchir quand on évoquait l’éventualité d’abattre ce bon vieux conifère.

On aperçoit derrière Juvie son arbre adoré.

Le danger n’est finalement pas venu de la cime acrobate, mais de ses racines, trop conquérantes. Depuis le temps qu’il trônait dans le jardin, Yggdrasill columnis avait prospéré, peut-être aux dépens d’autres plantes, mais surtout à ceux d’une annexe voisine qu’il menaçait de plus en plus sûrement.

Depuis quelques jours, il ne subsiste de lui que sa souche que Juvéna continue de veiller. De temps à autre, elle jette un regard en l’air, avec celui de se demander si l’arbre va repousser. Je la soupçonne de croire qu’un arbre pousse par le ciel... En attendant d’élire un nouveau coin du jardin, peut-être les lavandes avec lesquelles elle se confond si bien, la chatte fait son deuil.

Il prenait de la place, columnis, mais depuis qu’il n’est plus là, le jardin semble plus petit.

Pitou G.

mardi 9 septembre 2008

Shavanava?

Saby Banana (qui m'a expressément demandé de parler d'elle) a passé ses vacances entre la Turquie et la Syrie, dans le but non avoué de trouver l'amour dans les bras terrifiants (mais c'est ça qui est bon) d'un éventuel ravisseur. À défaut de prise d'otage, elle a parfait sa connaissance en grammaire du haut-hittite (hourrah!) et nous a envoyé une carte postale, dans laquelle elle fait référence à Mme Huileux. Par le fruit d'un hasard inouï (mais vous n'êtes pas obligés de me croire), quelques jours avant de recevoir cette carte, j'avais entamé un nouvel article intitulé "Shavanava?" et dans le corps duquel, j'avais écrit ceci :

Madame Huileux, spécialiste du Kokuropu et du shavanava

avant d'être brutalement brisé dans mon élan. Jugeant que c'était un peu court pour un article, et surtout pas très intéressant, j'avais laissé en plan cet embryon de message , en me promettant bien d'y revenir, toutefois. Parce que, bon sang, Mme Huileux, ça c'est un sujet en or!
Cette prof rendait palpitantes nos journées à la fac. C'est elle qui nous a appris pourquoi nous mangions des fraises et des framboises alors qu'en toute logique, nous devrions manger des fraies (latin fraga) et des bramboises (cf. norvégien bringebær), tout ça à cause d'une remotivation synchronique croisée (en clair, fraise et framboise sont des fruits considérés comme tellement proches que les locuteurs ont ressenti le besoin de faire se ressembler leur nom). Avec ce truc des fraies et des bramboises (ouais, je peux être très chiant), j'ai fait suer mon entourage pendant des mois. Quand je rencontrais quelqu'un de nouveau, ça donnait ça :

Pauvret qui ne sait pas encore où il s'aventure : Bonjour, ça va?
Pitou G : Ouais, et toi? Tu savais qu'il y a eu une remotivation synchronique croisée entre la fraie et la bramboise?*

Être initié aux anomalies de l'étymologie à travers un cours sur les fruits rouges, c'est la classe.
Mais ça, c'était l'apéritif (on pense trop rarement aux fruits rouges à l'apéritif), c'est-à-dire en licence. En maîtrise, ça se corsait. D'ailleurs, on n'était plus que cinq à suivre ce cours pour experts, dont Szofia, étudiante hongroise et mascotte de notre promo, qui ne parlait pas un seul mot de français. C'était d'ailleurs très drôle quand Mme Huileux nous rendait nos copies de partiels, parce qu'elle nous les rendait sans les avoir désanonymées.
Il s'agissait d'une initiation à des langues anciennes, écrites dans des alphabets port'nawak : le shavanava (plus connu sous le nom de sanscrit) et le kokuropu (du grec mycénien) dont Huileux était une spécialiste. Après, on comparait entre elles des tas d'autres langues foutraques périmées depuis des lustres et tout ça, ça remontait à l'indo-européen. Un plaisir d'esthète, quoi!

Mme Huileux est une femme qu'on n'oublie pas : le samedi matin, elle arrivait avec son interminable chevelure trempée (une tignasse comme ça, ça peut absorber des tonnes de flotte : il lui fallait au moins des cervicales en acier pour supporter un tel poids!) parce qu'elle n'avait pas eu le temps de se les sécher. Elle n'avait apparemment pas toujours le temps non plus de fermer tous les boutons de ses chemisiers. Sa poitrine s'en évadait quelquefois au beau milieu d'un cours, toujours au moment opportun : lorsqu'elle citait du Péguy** ("Elle avait une framboise sur la mamelle gauche"***) ou nous expliquait le déroulement d'un lectisterne ("c'est une exhibition de divinité"). Elle avait un don inné pour la mise en scène.

J'aimerais que mes élèves se souviennent de moi comme je me souviens d'elle...

Pitou G.

* Cette anecdote est malheureusement réelle.
** Ou alors, c'était Anatole France. De toute façon, je n'ai jamais eu la curiosité de vérifier : quand on a des seins comme les siens, on a droit à une confiance aveugle de la part de ses étudiants. Si ça se trouve, d'ailleurs, elle l'avait inventée, cette citation.
*** Devinez dans quel cours elle l'avait sortie, celle-là!

lundi 8 septembre 2008

Massacre dans la prairie

Je dédie ce message à Sixtine qui vient de me délivrer d'une vieille culpabilité...
Quand j'étais enfant, suite à un sérieux problème de sécheresse cutanée sur la main, ma mère m'a acheté un pot de crème très hydratante à l'huile d'onagre. Intrigué par cet ingrédient, j'ai ouvert un dico, et j'ai vu ça:



Grand dieux! On avait assassiné des troupeaux d'ânes sauvages pour remplir mon pot d'une graisse infâme! Alors, bien sûr, la paume de ma main était craquelée comme une terre aride, mais est-ce que ça justifiait la mort d'innocents équidés? En plus, je craque pour les ânes. Qu'on en fasse un symbole de bêtise, de lubricité ou d'entêtement imbécile, je les adore tout autant.

Vingt ans plus tard, après avoir admis l'idée que j'étais un monstre, je vois que ma tenancière de cloub privé préférée classe dans l'un de ses articles l'huile d'onagre parmi les ingrédients d'origine végétale. Je m'apprête à lui laisser un message plein de ma docte assurance :

"Sixtine, je t'adore, mais revois tes cours de biologie : un âne sauvage n'est pas une plante verte. Allez, corrige ça vite et je dirais que je n'ai rien vu"

lorsque, pris d'un vague doute, je lance une recherche internet.

L'huile d'onagre, aussi appelée huile de primerose, est une source d'acide gamma-linolénique, une substance qui fait partie de la famille des acides gras oméga-6. (source)

Ce n'était que des plantes! Je ne suis pas un tortionnaire de la cause animale et peux mourir la conscience apaisée.

Pitou G.

dimanche 7 septembre 2008

Rentrées

Un blog de profs sans histoires de rentrée n'est pas digne de ce nom. Le truc, c'est que cette année, je ne sens pas de gros potentiel bloguable parmi mes ouailles : c'était bien la peine d'avoir demandé des gnomes pour la première fois de ma vie (le gnome est cette race d'élèves qui dépasse rarement le mètre vingt, ne sait jamais quel crayon utiliser et demande où il faut écrire quand on arrive en bas de sa feuille). Bref, je n'aurais rien eu à vous écrire, n'étaient mes amis...

* LN a passé cette première semaine de septembre à la maison. Chaque soir, nous avons donc pu recueillir ses impressions sur le collège Farfar Away d'Orteil-la-Ruine où elle vient d'être mutée. En soi, c'est déjà assez drôle. Et pourtant, la surprise est venue de son ancien collège.

Le soir de la rentrée, elle a, en effet, reçu un coup de fil d'une ancienne collègue qui lui a raconté le discours de bienvenue du chef. Le tyranneau a dénoncé le comportement scandaleux d'un ancien prof du bahut qui avait filmé les toilettes du collège et balancé le tout sur le net (vous vous rendez compte? un agrégé! même pas un élève!). Qu'y a-t-il d'assez palpitant dans les cuvettes d'un collège picard pour mériter de figurer sur ToileTube, aux côtés de vidéos de murges et de montrages de fesses en tout genre (oui, je sais, je lis dans vos esprits, c'est stupéfiant)? C'est que la dame de service souffre manifestement de graves troubles de l'entendement et accroche, par paquets de deux, les blocs WC sur les canalisations, à la façon de boules de Noël ou d'ex-voto désinfectants... Il est hélas impossible de vous diffuser cette séquence d'anthologie, son auteur l'ayant depuis retirée du site.
Mais ce qui a échappé à la pénétrante vigilance du chef, c'est qu'au début du film, on entendait très distinctement notre copine LN s'esclaffer en recommandant à son collègue de "filmer le truc".

* Mon Pitou V. de mari, après avoir joué avec mes nerfs le jour de la pré-rentrée (je suis un grand stressé de la montre), a décidé de bousculer les codes vestimentaires au collège Haquenée. Au grand dam de quelques collègues vaguement pouillasses, il a exhumé de la penderie un costume-cravate. Cela lui a notamment valu d'être salué de la façon suivante : "Tiens, voilà notre inspecteur".

* J'ai été toute la semaine un Sans Salle Fixe, relégué dans la masse défavorisée des profs vagabonds, promenés aux quatre coins de l'établissement, faute d'un bon karma. Non, je n'ai pas pêché; non, je ne suis pas en pénitence. C'est juste que ma salle, fraîchement repeinte (j'ai même pu en choisir la couleur), n'était pas tout à fait prête. La principale adjointe étant une fan inconditionnelle du comique de répétition, elle n'a cessé de m'affecter des salles déjà prises (record : trois profs pour une salle). Les surveillants devenaient chèvres à force d'arpenter l'établissement à la recherche de telle ou telle classe, le dos courbé sous le poids des liasses de papiers à distribuer (et parfois un peu mélangés)
"Excusez-moi : ce sont bien les 4e D?
_ Ah non, ce sont des 5e.
_ (grimace de désespoir) Et vous êtes sûr qu'il n'y a pas quelques 4e D dans le lot?"

Et vendredi en salle des profs, j'ai déclaré à la cantonade, d'une voix de stentor et en éclatant d'un gros rire, que ce serait cool qu'à l'heure d'après on nous ait tous collés dans la même salle. J'avais oublié que la principale adjointe, une femme très gentille, était à deux mètres de moi. C'est raté pour l'opération "charme tes boss". Moi qui m'efforçais depuis un an de donner de moi l'image irréprochable et lisse d'un homme conciliant...

Comme en trois jours j'ai écumé toutes les salles, j'ai été amené à faire ranger mes élèves sous le nez de collègues que je ne vois habituellement qu'en salle des profs. Depuis qu'il m'a vu dans mon rôle de berger, YoungFather se fout de moi parce qu'il paraît que, pour me faire obéir, je baisse ma voix d'un Marcus Junius Brutus une octave...

Pitou G

samedi 6 septembre 2008

Remède à ma façon

Besoin d'un dérivatif à vos soucis? Voici ce que j'ai dans la tête depuis ce matin :



Garde l'espoir
Ne broie pas du noir

No comment

Calim m'a tiré du lit pour sortir il y a plus d'une heure et, depuis, je n'arrive plus à trouver le sommeil. Je ne peux pas lui en vouloir : il ne comprend pas tout. Sinon, il m'aurait laissé m'abrutir dans l'inconscience de la nuit.

Je suis dévoré par une angoisse mortelle qui me retourne le coeur. Rien à voir, évidemment, avec la rentrée. Rien à voir, non plus, avec mon Pitou. Il ne manquerait plus que ça! Je passe mes journées à rire ou à parler très fort, afin de faire diversion. Le reste du temps, je me contente de me répéter que je ne vais pas bien et que je suis dans un état déplorable, parce que ça m'évite précisément de me rappeler pourquoi. Malheureusement, cette nuit, aucun de ces expédients ne fait plus illusion (à croire que même le faible soleil de septembre - doux euphémisme - me communique un peu d'espoir, mais que la lune me le refuse). Alors je ressasse toutes les sombres conséquences de ce peut-être qui m'apparaît, j'espère à tort, de plus en plus inéluctable. Et forcément, je chiale, pour autant que j'en sois encore capable (et on dirait bien que oui, au moins un petit peu).

J'ai désactivé les commentaires pour ce message, parce qu'il serait naturel que vous me demandiez ce qui déraille (moi) et ce qui me tourmente ainsi. Or (tiens, c'est marrant, le chagrin rend ma syntaxe maniérée), je n'ai pas le coeur, pas la force de vous répondre. Mais dès demain, je m'affairerai à écrire de nouveaux articles et à compléter ceux qui sont encore sur le métier, histoire de reprendre ma stratégie de distraction (comprenez d'extraction de moi-même).

Pitou G.

mercredi 3 septembre 2008

Un petit air de vacances

Non, ce n'est pas de la provocation. Comme pour beaucoup d'entre vous, nous sommes pas mal occupés en ce début Septembre. Cela se ressent dans notre fréquence de publication, d'autant plus que nous avons une invitée, cette semaine. Alors on rigole, c'est sûr, mais on n'écrit pas des masses...
Septembre sous la pluie et retour au boulot; il flotte pourtant comme des effluves de monoï dans les pommiers. Comment expliquer que j'ai ceci dans la tête depuis hier?


Découvrez The Beach Boys!


J'adresse ici un grand merci à l'élève dont le patronyme délicieux prolonge mes vacances. Bon, je vous laisse, j'ai garé mon surf en double file.

Pitou G.

P.S. : des articles plus consistants sont en chantier. Désolé d'avoir tant tardé à répondre à vos commentaires.