Etant donné que je suis hautement considéré au sein du collège Haquenée, j'ai le privilège (naturel si on le rapporte à mes qualités pédagoguiques) d'occuper ma salle. Certes, mon domaine (que je consens à prêter dans les rares moments où je ne suis pas au front) n'est pas équipé d'un quelconque lecteur dévédé - et d'ailleurs, qu'en ferais-je en l'absence de télé? En revanche il est pourvu d'une de ces cochoncetés de tableau Veule-Laid-Da, assorti de ses feutres à usage unique (et de plus en plus unique, ah ma bonne dame, rendez-nous nos feutres d'antan!).
Je ne sais pas comment je fais mon compte, mais malgré ses trois vantaux rabattables, je passe mon temps à effacer le tableau. Et c'est un vrai problème, parce que je le frotte avec ça :
Dans le coin supérieur gauche, vous avez un très léger aperçu de l'état originel du spécimen (il y a deux ou trois semaines) : un seyant coussinet à carreaux rembourré de mousse. Ce n'est plus que crasse, et la plus abominable qui soit, à la fois grasse et volatile. Et collante, avec ça. C'est bien simple, on en fout partout de cette suie; il suffit d'observer le bureau : avis aux détectives amateurs, les empreintes digitales de Pitou G. y sont imprimées, mêlées à celles de trois de ses collègues (dont une ne parle pas français, mais ceci est une autre histoire). Elles sont aussi sur les photocopies que je distribue aux élèves ou aux copies que je leur rends (tenez, un petit souvenir de moi! si vous insistez je peux aussi me frotter l'intérieur des joues avec un stylo et vous l'offrir, mais seulement si vous avez au-dessus de la moyenne!). Je pourrais aussi photographier mes pochettes cartonnées, qui donnent l'impression d'avoir été sauvées in extremis d'un incendie. Ça, c'est pour les dégâts matériels. Mais à la fin des cours, ce sont aussi mes joues, mes tempes, mon menton, qui sont maculés de noir. Et inutile d'espérer se replacer le paquet en catimini derrière le bureau : on serait inévitablement trahi par des marques accusatrices (foutus sycofeutres).
Ces derniers temps, j'avais les mains tellement sales qu'à chaque fois que j'empoignais la chose, je ne pouvais réprimer une moue de dégoût, ni les commentaires qui vont avec. Catul a fait mine de s'essuyer les mains sur son pull (sur mon beau pull en cachemire? mais t'es pas un peu fou!), et un Tibulle hilare s'est fendu d'un clin d'oeil et d'un indispensable commentaire : "mais m'sieur, à quoi il vous sert, votre pantalon?" (à protéger ta vertu, mon enfant).
Je me demande si je ne vais pas réclamer à corps et à cri, pour l'an prochain, un bon vieux tableau noir (vous comprenez, m'sieur boss, c'est que je suis un hussard noir de la République).
Je chéris mon ADN de m'avoir épargné la fatale allergie à la craie (Lucinde n'a pas ce bonheur, en plus de son intolérance au blé, aux élèves et aux services publics).
En attendant, j'ai réfléchi à un subterfuge anti-souillure. La solution? Obliger les mômes à effacer le tableau à ma place. L'esclavage moderne, y a que ça de vrai!
Pitou G.
Je ne sais pas comment je fais mon compte, mais malgré ses trois vantaux rabattables, je passe mon temps à effacer le tableau. Et c'est un vrai problème, parce que je le frotte avec ça :
Dans le coin supérieur gauche, vous avez un très léger aperçu de l'état originel du spécimen (il y a deux ou trois semaines) : un seyant coussinet à carreaux rembourré de mousse. Ce n'est plus que crasse, et la plus abominable qui soit, à la fois grasse et volatile. Et collante, avec ça. C'est bien simple, on en fout partout de cette suie; il suffit d'observer le bureau : avis aux détectives amateurs, les empreintes digitales de Pitou G. y sont imprimées, mêlées à celles de trois de ses collègues (dont une ne parle pas français, mais ceci est une autre histoire). Elles sont aussi sur les photocopies que je distribue aux élèves ou aux copies que je leur rends (tenez, un petit souvenir de moi! si vous insistez je peux aussi me frotter l'intérieur des joues avec un stylo et vous l'offrir, mais seulement si vous avez au-dessus de la moyenne!). Je pourrais aussi photographier mes pochettes cartonnées, qui donnent l'impression d'avoir été sauvées in extremis d'un incendie. Ça, c'est pour les dégâts matériels. Mais à la fin des cours, ce sont aussi mes joues, mes tempes, mon menton, qui sont maculés de noir. Et inutile d'espérer se replacer le paquet en catimini derrière le bureau : on serait inévitablement trahi par des marques accusatrices (foutus sycofeutres).
Ces derniers temps, j'avais les mains tellement sales qu'à chaque fois que j'empoignais la chose, je ne pouvais réprimer une moue de dégoût, ni les commentaires qui vont avec. Catul a fait mine de s'essuyer les mains sur son pull (sur mon beau pull en cachemire? mais t'es pas un peu fou!), et un Tibulle hilare s'est fendu d'un clin d'oeil et d'un indispensable commentaire : "mais m'sieur, à quoi il vous sert, votre pantalon?" (à protéger ta vertu, mon enfant).
Je me demande si je ne vais pas réclamer à corps et à cri, pour l'an prochain, un bon vieux tableau noir (vous comprenez, m'sieur boss, c'est que je suis un hussard noir de la République).
Je chéris mon ADN de m'avoir épargné la fatale allergie à la craie (Lucinde n'a pas ce bonheur, en plus de son intolérance au blé, aux élèves et aux services publics).
En attendant, j'ai réfléchi à un subterfuge anti-souillure. La solution? Obliger les mômes à effacer le tableau à ma place. L'esclavage moderne, y a que ça de vrai!
Pitou G.
13 commentaires:
les 6ème adoreront essuyer le tableua ! les 3èmes, moins... les pétasses aux ongles manucurés non plus, quel que soit leur niveau.
Nous, les matheux, continuons à exiger les tableaux noirs, sous le pretexte bidon que les compas font des cercles horribles sur tableau blanc. En fait , tout comme toi, on préfère la pousière blanche à la noire ! et niveau toxicité, je pense que la craie est moins nocive aussi. Mais tous les p'tits jeunes qui déboulent à l'étage des maths hurlent "pouah, vous avez encore de la craie?? " et les vieux "Wouahh vous avez encore de la craie??" (changez l'intonation, merci !)
Moi aussi je suis pour l'esclavage moderne...mais alors moi ils adorent...c'est bien le collège pour ça!Moi pour écrire la musique le tableau blanc c'est bien car pour dessiner une noire ....elle est vraiment noire et sa frangine la blanche ....vraiment blanche aussi .sauf si le collège est en rupture de stock et alors là vogue la galère en rouge ....en vert ou en bleu!
tiens ça doit être pour ça que je dois régulièrement effacer le tableau de mon prédécesseur dans la salle, il se protège autant que faire se peut.
quoique j'ai également un tableau à effacer avant de commencer, lorsqu'il est noir et gribouillé de craie.
Ils les font eux-mêmes, au collège, ces coussinets à gerber ? Exige une BROSSE à tableaux blancs, ce que j'ai. On peut se gratter les couilles sans laisser de traces.
ben oui mais si on n'a pas de couilles?
(bon ok, c'était facile)
Han mais moi je tuerai pour avoir un tableau comme ça, je DETESTE le bruit de la brosse sur le tableau noir, ça me rend malade, du coup j'esclavagise les élèves pour essuyer (même quand y a personne au tableau). A 22 ans ça les fait encore marrer (mais ils sont ingénieurs, un rien les amuse)
Guilitti1=> T'aime pas te shooter aux composés organiques volatils, toi? rhôôô!
Musiquette=> Moi ce que j'aime, c'est commencer un mot d'une couleur et changer deux fois de feutre avant de l'avoir fini. Ça fait des phrases arc-en-ciel. C'est zouli.
Tirui=> le tableau noir gribouillé, c'est parce que tu as aussi des collègues allergiques à la craie. Tu passeras le bonjour à tes Lucinde locales...
Vincent=> alors j'ai aussi une brosse, mais elle essuie encore plus mal que le coussinet (qui est fait maison, oui, je vois pas d'autre explication).
Guilitti2=> on peut toujours se gratter là où on veut, derrière son bureau (sauf malédiction du coussinet-crado). Le tout, c'est de savoir faire la différence entre les moments où on est invisible et ceux où on est en représentation (parce qu'au bout d'un moment, on peut confondre). C'est comme ça qu'une fois, j'ai fait claquer l'élastique de mon boxer devant une classe médusée...
Ashley=> Et la poésie de la craie, alors? J'ai pas mal d'élèves un peu hystériques; tu crois que ce sont tous des ingénieurs en puissance?
Mais enfin, à tous ceux que vous êtes , vous n'avez pas remarqué que les tableaux sont verts et non pas noirs !!! Vius ne voyez rien ! ça veut sûrement dire que vous ne vous en servez pas !!!
TAdF.
TAdF=> bah non, puisque je me tue à te dire que j'ai un tableau blanc!
Mort de rire avec l'élastique du boxer :)
Vincent=> il faut vraiment que je me surveille davantage, hein...
A la fac, le problème ne se pose pas, puisque dans le cas du tableau blanc, les profs n'ont JAMAIS de marqueur! Alors le tableau reste blanc ^^
Au fait, je t'ai déjà dit que j'aimais les surnoms de tes élèves? :)
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