Même chez les plus motivés de mes collègues, la ritournelle à la mode est "je ne ferai pas ça toute ma vie" ("ça" désignant bien sûr la noble mission qui est la nôtre). On passe des concours (de plus en plus) exigents; on passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel quand on découvre en face de soi des Listéria (existe aussi en version masculine); on passe pour la plus glandeuse des engeances auprès de gens qui avouent pourtant que jamais, au grand jamais, ils n'auraient supporté de faire un tel boulot; on passe par des impasses, on trépasse et j'en passe...
Moi, je ne dis jamais "je ne ferai pas ça toute ma vie". Question de prudence. J'ai décidé d'arrêter les engagements creux (type : "puisque c'est comme ça, je te jure que tu copieras ta leçon 500 fois"). Le jour où j'aurai une petite idée de ce que je pourrais faire d'autre, je rejoindrai peut-être le choeur des sirènes.
Le truc, avec ce boulot de prof, c'est que ça n'exige pas vraiment de compétences pointues, mais que vous avez tout intérêt à être polyvalent : acteur, gardien de prison, informaticien, conteur, calligraphe, diplomate, kick-boxeur, jongleur (surtout jongleur)... Avec une de mes classes, j'ai même dû me convertir en journaliste (vous savez quoi? on va arrêter les projets pédagogiques).
Armé d'un dictaphone et d'un appareil photo, j'ai accompagné quatre rédactrices en herbe à leur première interview (sur leur temps libre - et le mien, vu que ma oiseuse profession m'autorise une infinie variété de loisirs). Comme il y a des accords moins réglo que sacrifier une après-midi pour aider des élèves qui ont sérieusement pris en main leur projet, j'y suis allé de bon coeur. J'ai bien fait : Mortimer, le jeune homme à interroger, était vraiment trèsaffriolant gentil et n'a pas été avare de son corps temps. Il a beaucoup parlé sans qu'on ait besoin de le relancer, le top pour des collégiennes timides. Ce qu'il a dit était très certainement intéressant; le dictaphone nous le dira. Pour ma part, j'étais trop occupé à imaginer la couleur de ses sous-vêtements pour prêter l'oreille à son blabla. Quand le flot s'est tari, je l'ai habilement questionné sur son parcours (quelles études avez-vous suivies? z'avez une copine?). Puis nous avons fait un saute-moutons saut dans le parc voisin pour le photographier à demi nu à côté de lampadaires.
L'imbécile ne m'a même pas laissé son téléphone : je suppose que la présence des petites paparazzettes a inhibé son audace ou, hypothèse moins probable, perturbé mon magnétisme envoûtant. En même temps, pendant son interview, il n'a pas arrêté de me reluquer, alors que je m'étais fait tout petit dans un coin (l'allumeur).
Pitou G.
P.S. : l'équipe de rédaction vous informe qu'aucun Pitou V n'a été bafoué lors de cette expérience journalistique, et que Pitou G a très scrupuleusement pris en notes la conversation, preuve qu'il n'est pas (tant que ça) esclave de ses hormones.
Moi, je ne dis jamais "je ne ferai pas ça toute ma vie". Question de prudence. J'ai décidé d'arrêter les engagements creux (type : "puisque c'est comme ça, je te jure que tu copieras ta leçon 500 fois"). Le jour où j'aurai une petite idée de ce que je pourrais faire d'autre, je rejoindrai peut-être le choeur des sirènes.
Le truc, avec ce boulot de prof, c'est que ça n'exige pas vraiment de compétences pointues, mais que vous avez tout intérêt à être polyvalent : acteur, gardien de prison, informaticien, conteur, calligraphe, diplomate, kick-boxeur, jongleur (surtout jongleur)... Avec une de mes classes, j'ai même dû me convertir en journaliste (vous savez quoi? on va arrêter les projets pédagogiques).
Armé d'un dictaphone et d'un appareil photo, j'ai accompagné quatre rédactrices en herbe à leur première interview (sur leur temps libre - et le mien, vu que ma oiseuse profession m'autorise une infinie variété de loisirs). Comme il y a des accords moins réglo que sacrifier une après-midi pour aider des élèves qui ont sérieusement pris en main leur projet, j'y suis allé de bon coeur. J'ai bien fait : Mortimer, le jeune homme à interroger, était vraiment très
L'imbécile ne m'a même pas laissé son téléphone : je suppose que la présence des petites paparazzettes a inhibé son audace ou, hypothèse moins probable, perturbé mon magnétisme envoûtant. En même temps, pendant son interview, il n'a pas arrêté de me reluquer, alors que je m'étais fait tout petit dans un coin (l'allumeur).
Pitou G.
P.S. : l'équipe de rédaction vous informe qu'aucun Pitou V n'a été bafoué lors de cette expérience journalistique, et que Pitou G a très scrupuleusement pris en notes la conversation, preuve qu'il n'est pas (tant que ça) esclave de ses hormones.
4 commentaires:
Et si Pitou V venait nous le dire lui-même, ça, hein ? ... ça me fait penser à cette scène, dans Toy Story 1 (oui, c'est mon film culte, et oui j'ai mes références, moi aussi, Môssieur !), quand Woody cherche à montrer à tous ses amis qu'il est super pote avec Buzz, et qu'il fait semblant de lui serrer vigoureusement la main en signe d'amitié ... sauf que la main, il la tient ... mais elle est détachée du corps ...
NOn mais !
Ah ah ah (encore, oui)
J'ai un collègue/copain on dirait toi quand il parle de certains de ses élèves ! ^^
(sinon rajoute psy à la liste de nos jobs qu'on fait)
Manue=> Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais à Denver (le dernier dinosaure - j'ai moi aussi de somptueuses références, même si je n'ai vu aucun Toy Story).
Sixtine=> Psy, moi, je fais pas trop. Je crois que les mômes me prennent soit pour un fou (guignol), soit pour un fou (dangereux). Donc ils évitent de se confier à moi, des fois que je les colle pour abus de confidences...
Sinon pour les sosies moraux ou physiques, j'en ai tout plein, c'est impressionnant. Le mauvais côté, c'est que je fais très passe-partout. Le bon, c'est qu'on pense souvent à moi...
Plus je te lis, et moins j'ai envie de me retrouver face à des élèves... Pourtant, aurai-je le choix? J'ai des doutes. J'ai toujours admiré mes profs... rares étaient ceux que je n'aimais vraiment pas. Et lire tous ces portraits et ces aventures ne me fait pas changer d'avis: j'admire votre courage!
(Sympathique récit que celui-ci en tout cas ^^)
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