Être professeur principal, ça représente un certain nombre de contraintes, mais c'est aussi assorti de quelques menus plaisirs. Je pense par exemple qu'on fait trop peu d'heures de vie de classe.
La vie de classe est un créneau horaire prévu pour s'occuper de tâches annexes (élections de délégués, ramassage de papiers, préparation de conseils ou évocation de problèmes particuliers - je me souviens d'une collègue qui l'avait utilisée pour rappeler aux mômes que se laver, ce n'était pas facultatif). Comme la préoccupation majeure de l'enseignant pendant cette heure est de réussir à occuper suffisamment les élèves, elle nous venge de tous ces jours où on court après le temps pour boucler le programme (il paraît que certains y croient encore...).
Le fait de ne pas avoir de connaissances à transmettre me décomplexe totalement : pas d'enjeu, pas de stress. Du coup, j'avoue que j'ai un peu tendance à faire le clown. A un élève qui affirmait que rien ne changeait après qu'ils aient évoqué leurs problèmes et que cette heure ne servait à rien, j'ai répondu sans me vexer que s'il ne voulait pas avoir droit à la parole, on pouvait supprimer la vie de classe. Honnêtement, je ne m'attendais pas à ce que les autres protestent aussi vivement. Entre passer une heure en perm' ou assister à mon cirque, il semblerait qu'ils aiment autant rigoler un coup.
Pour préparer le conseil de classe du deuxième trimestre, je leur ai fait dresser un rapide bilan sur une feuille anonyme - histoire de libérer la parole. D'habitude, je les mélange et les redistribue : chacun lit les remarques d'un autre. Cette fois-ci, j'avoue, j'ai joué les censeurs : c'est moi qui les ai lus. La plupart du temps, j'ai eu la version civilisée :
Ou la version civilisée avec petit dessin enjoué :
Personnellement, je m'interroge encore sur le sens de l'expression "super bonnes personnes". Parce que si j'avais Adrian Grenier en cours, je pense que je l'aurais déjà repéré... Faute de star sexy, j'ai mon immanquable Catul : résultats au sommet, mauvaise foi itou et caractère de chien. Je vous laisse deviner qui se plaignait tout à l'heure de l'inefficacité de l'heure de vie de classe. Quand Catul rend son papier "anonyme", il n'a pas le souci de passer inaperçu. De toute façon, il n'est pas dupe : il sait que ses ratures suffisent à l'identifier :
C'est fidèle au personnage. Il a retenu que je ne voulais pas qu'on nomme qui que ce soit, ce n'est déjà pas si mal. Sinon, j'ai appris toute l'étendue des malheurs de mes élèves (plus de mayonnaise au self...). Mais il y a surtout ce vibrant témoignage, tellement beau que je n'y crois pas; et vu qu'il est anonyme, ce n'est même pas que de la flagornerie (ou alors il s'agit de quelqu'un qui a surestimé mes qualités de graphologue) :
Nous tenons peut-être là le seul spécimen au monde qui juge que j'explique les choses clairement. Je dis ça parce que des fois, même-moi je m'embrouille. Cela dit, remarquez avec quel brio je lui ai inculqué la différence entre "apprendre" et "enseigner" (pour "et"/"est", en revanche, on repassera).
Pitou G
P.S. : Bien qu'elle n'appartienne pas à cette classe (Dieu est bon, et c'est un athée qui vous le dit!), je ne résiste pas à l'envie de vous donner des nouvelles de Listéria. La gracieuse enfant a rendu ses manuels et obtenu son exeat. Elle quitte le collège et la ville (n'hésite pas à partir très très loin, surtout). Mais rien ne dit qu'on ne reverra pas ses cheveux peroxydés d'ici à la fin de l'année...
La vie de classe est un créneau horaire prévu pour s'occuper de tâches annexes (élections de délégués, ramassage de papiers, préparation de conseils ou évocation de problèmes particuliers - je me souviens d'une collègue qui l'avait utilisée pour rappeler aux mômes que se laver, ce n'était pas facultatif). Comme la préoccupation majeure de l'enseignant pendant cette heure est de réussir à occuper suffisamment les élèves, elle nous venge de tous ces jours où on court après le temps pour boucler le programme (il paraît que certains y croient encore...).
Le fait de ne pas avoir de connaissances à transmettre me décomplexe totalement : pas d'enjeu, pas de stress. Du coup, j'avoue que j'ai un peu tendance à faire le clown. A un élève qui affirmait que rien ne changeait après qu'ils aient évoqué leurs problèmes et que cette heure ne servait à rien, j'ai répondu sans me vexer que s'il ne voulait pas avoir droit à la parole, on pouvait supprimer la vie de classe. Honnêtement, je ne m'attendais pas à ce que les autres protestent aussi vivement. Entre passer une heure en perm' ou assister à mon cirque, il semblerait qu'ils aiment autant rigoler un coup.
Pour préparer le conseil de classe du deuxième trimestre, je leur ai fait dresser un rapide bilan sur une feuille anonyme - histoire de libérer la parole. D'habitude, je les mélange et les redistribue : chacun lit les remarques d'un autre. Cette fois-ci, j'avoue, j'ai joué les censeurs : c'est moi qui les ai lus. La plupart du temps, j'ai eu la version civilisée :
Ou la version civilisée avec petit dessin enjoué :
Personnellement, je m'interroge encore sur le sens de l'expression "super bonnes personnes". Parce que si j'avais Adrian Grenier en cours, je pense que je l'aurais déjà repéré... Faute de star sexy, j'ai mon immanquable Catul : résultats au sommet, mauvaise foi itou et caractère de chien. Je vous laisse deviner qui se plaignait tout à l'heure de l'inefficacité de l'heure de vie de classe. Quand Catul rend son papier "anonyme", il n'a pas le souci de passer inaperçu. De toute façon, il n'est pas dupe : il sait que ses ratures suffisent à l'identifier :
C'est fidèle au personnage. Il a retenu que je ne voulais pas qu'on nomme qui que ce soit, ce n'est déjà pas si mal. Sinon, j'ai appris toute l'étendue des malheurs de mes élèves (plus de mayonnaise au self...). Mais il y a surtout ce vibrant témoignage, tellement beau que je n'y crois pas; et vu qu'il est anonyme, ce n'est même pas que de la flagornerie (ou alors il s'agit de quelqu'un qui a surestimé mes qualités de graphologue) :
Nous tenons peut-être là le seul spécimen au monde qui juge que j'explique les choses clairement. Je dis ça parce que des fois, même-moi je m'embrouille. Cela dit, remarquez avec quel brio je lui ai inculqué la différence entre "apprendre" et "enseigner" (pour "et"/"est", en revanche, on repassera).
Pitou G
P.S. : Bien qu'elle n'appartienne pas à cette classe (Dieu est bon, et c'est un athée qui vous le dit!), je ne résiste pas à l'envie de vous donner des nouvelles de Listéria. La gracieuse enfant a rendu ses manuels et obtenu son exeat. Elle quitte le collège et la ville (n'hésite pas à partir très très loin, surtout). Mais rien ne dit qu'on ne reverra pas ses cheveux peroxydés d'ici à la fin de l'année...
4 commentaires:
j'adore le tagada pouet de Catul !
Et je ne connaissais pas Adrian Grenier.. Merci pour la photo ! mais... j'imagine que beau comme il est, il n'est pas pour nous les dames.. pff j'men fous, il est de toutes façons trop jeune !
j'avoue que j'ai un petit faible aussi pour Catul (l'ancien, ça fait nom latin, non ?)
En cinq phrases, tout est dit sur le système scolaire, de l'important à l'essentiel...
Ps : ah, je confonds avec Caton, de l'excellente série "Rome"... (et pis de l'histoire romaine, accessoirement)
Guilitti=> Adrian Grenier a pourtant joué dans des chefs-d'oeuvre comme Le Diable s'habille en Prada ou la série Entourage. Quant à ses préférences sexuelles, pas de révélations à te faire, si ce n'est que la relation qu'on nous prête n'est qu'une rumeur.
Yibus=> Catulle n'est pas Caton d'Utique, mais c'est un de ses contemporains. Ce poète forgeur d'épigrammes est surtout connu comme l'amant de Lesbie.
Catul, ça rime avec pustul(e)
Pouet !
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