Ce midi, j'ai reçu le courriel d'une élève (sur ma boîte pro, celle où il n'y a jamais rien, à part les voeux du ministre) :
Bonjour monsieur
J'ai enfin trouvé ...
J'aimerais travailler sur les figures de style.
Merci pour votre aide, bon week-end et à Lundi =)
et reposé (sic) vous bien !! Vendredi vous étiez fatigué =)
Bonjour monsieur
J'ai enfin trouvé ...
J'aimerais travailler sur les figures de style.
Merci pour votre aide, bon week-end et à Lundi =)
et reposé (sic) vous bien !! Vendredi vous étiez fatigué =)
Cynthie
Première constatation : c'est un message très poli, quoi que smileypathe. Ça fait plaisir.
Seconde constatation : tiens, il y a des mômes qui pensent boulot pendant le week-end! Les fous!
Normalement, je n'ai Cynthie qu'en latin. Mais à la demande d'une poignée d'élèves, j'ai accepté d'ouvrir la porte de ma salle pour leur apporter de l'aide en français. C'est un succès fracassant : la première fois, elles étaient trois; là, elles étaient deux, dont une qui n'est même pas au niveau ciblé. Il est toujours divertissant de constater queceux celles qui viennent sont, à l'évidence, celles qui en ont le moins besoin ("bonjour élève Einstein, vous venez pour votre petit cours de soutien en physique?"). Le matin-même, une collègue m'annonçait qu'elle m'en envoyait un qui avait la fâcheuse habitude de faire des phrases sans verbes. Il n'est évidemment pas venu. Fermons la parenthèse.
Hier, Cynthie m'annonce qu'elle aimerait bien retravailler... mais quoi déjà? Ça va lui revenir... Y avait un t dedans! (les figures de style, donc). Bon finalement on a fait autre chose. D'ailleurs, je ne comprends pas à quoi elle a vu que j'étais fatigué.
Seconde constatation : tiens, il y a des mômes qui pensent boulot pendant le week-end! Les fous!
Normalement, je n'ai Cynthie qu'en latin. Mais à la demande d'une poignée d'élèves, j'ai accepté d'ouvrir la porte de ma salle pour leur apporter de l'aide en français. C'est un succès fracassant : la première fois, elles étaient trois; là, elles étaient deux, dont une qui n'est même pas au niveau ciblé. Il est toujours divertissant de constater que
Hier, Cynthie m'annonce qu'elle aimerait bien retravailler... mais quoi déjà? Ça va lui revenir... Y avait un t dedans! (les figures de style, donc). Bon finalement on a fait autre chose. D'ailleurs, je ne comprends pas à quoi elle a vu que j'étais fatigué.
- Parce que j'ai failli tomber trois fois de l'estrade (soit une fois de plus qu'à l'accoutumée)?
- Parce que tous les exemples que j'inventais ressemblaient à "Bien que je sois fatigué, je tiens encore debout" ?
- Parce que mes explications avaient les modulations d'une berceuse mais pas le moindre début de sens?
- Parce que j'étais tellement à côté de mes pompes que j'ai eu d'incompréhensibles fous-rires?
Je ne sais pas ce que Cynthie imagine de la façon dont j'emploie mes jeudis soirs, et je ne lui en dirai certainement rien. Mais vous, vous avez le droit à quelques éclaircissements.
Après une nuit de douze heures, normalement, on n'est pas fatigué; du moins, pas physiquement. Là, c'était juste une retombée de nerfs. Même si, officiellement, ma semaine de travail s'arrête à 17h, j'étais en week-end dès dix heures du matin. Pour la semaine. Pour le mois. Pour l'année. Peut-être même pour les sept à venir. Je venais de dire au revoir à l'inspecteur.
Moi et l'inspection : une longue histoire. Une réécriture d'En attendant Godot, sauf que dans cette version-là, Godot vous dirait chaque année : "Attends-moi, j'arrive". Voilà, j'ai rencontré Godot, c'est un scoop, ça vaut le coup de réveiller Beckett pour le prévenir. Et le mieux, c'est que Godot, je l'avais déjà vu quand j'étais lycéen : c'était mon prof de français. Là, je me permets un avertissement aux jeunes générations : c'est toujours mieux de laisser une bonne impression à vos profs, ça peut toujours servir.
Bon, on ne va pas épiloguer. Les gnomes ont été choupis, sans exception. Même Brutus m'a rendu service en faisant tomber son taille-crayon, parce que j'ai eu le regard qu'il faut au moment où il faut ("il faut accompagner l'élève à chaque événement du cours, qu'il sente que vous êtes toujours là"... comme quoi, tout se joue dans de menus détails). Et Brave, un élève en grande difficulté mais très spontané, m'a permis de boucler le cours en m'apportant sur un plateau d'argent des remarques à la fois très naïves mais fécondes. Mine de rien, il a mis le doigt sur des trucs (oui, des trucs) essentiels. Je lui tire mon chapeau, parce que garder sa fraîcheur quand il y a dans la salle un inconnu et le grand chef, c'est un truc que je n'aurais sans doute jamais su faire quand j'étais minot.
Brave m'a fait sourire lorsqu'il a affirmé, un peu malgré lui, qu'il fallait toujours se méfier des belles femmes et quand il s'est étonné que Circé ait du vin à offrir, alors qu'elle vit seule sur son île. Je lui ai fait remarquer que c'était plus surprenant de la voir transformer des gens en cochons, et il en a été d'accord (ah tiens, j'ai épilogué, finalement).
Bon, bien sûr, je n'en ai pas encore la preuve écrite sous les yeux, hein, mais ça s'est très bien passé. N'empêche, ce que ça peut traîner en longueur, une journée qu'on a l'impression d'avoir terminée!
Pitou G
Teasing : il faudra aussi que je vous raconte comment j'ai failli finir oublié de tous, au fin fond d'un labyrinthe, avant même de rencontrer Godot.
Après une nuit de douze heures, normalement, on n'est pas fatigué; du moins, pas physiquement. Là, c'était juste une retombée de nerfs. Même si, officiellement, ma semaine de travail s'arrête à 17h, j'étais en week-end dès dix heures du matin. Pour la semaine. Pour le mois. Pour l'année. Peut-être même pour les sept à venir. Je venais de dire au revoir à l'inspecteur.
Moi et l'inspection : une longue histoire. Une réécriture d'En attendant Godot, sauf que dans cette version-là, Godot vous dirait chaque année : "Attends-moi, j'arrive". Voilà, j'ai rencontré Godot, c'est un scoop, ça vaut le coup de réveiller Beckett pour le prévenir. Et le mieux, c'est que Godot, je l'avais déjà vu quand j'étais lycéen : c'était mon prof de français. Là, je me permets un avertissement aux jeunes générations : c'est toujours mieux de laisser une bonne impression à vos profs, ça peut toujours servir.
Bon, on ne va pas épiloguer. Les gnomes ont été choupis, sans exception. Même Brutus m'a rendu service en faisant tomber son taille-crayon, parce que j'ai eu le regard qu'il faut au moment où il faut ("il faut accompagner l'élève à chaque événement du cours, qu'il sente que vous êtes toujours là"... comme quoi, tout se joue dans de menus détails). Et Brave, un élève en grande difficulté mais très spontané, m'a permis de boucler le cours en m'apportant sur un plateau d'argent des remarques à la fois très naïves mais fécondes. Mine de rien, il a mis le doigt sur des trucs (oui, des trucs) essentiels. Je lui tire mon chapeau, parce que garder sa fraîcheur quand il y a dans la salle un inconnu et le grand chef, c'est un truc que je n'aurais sans doute jamais su faire quand j'étais minot.
Brave m'a fait sourire lorsqu'il a affirmé, un peu malgré lui, qu'il fallait toujours se méfier des belles femmes et quand il s'est étonné que Circé ait du vin à offrir, alors qu'elle vit seule sur son île. Je lui ai fait remarquer que c'était plus surprenant de la voir transformer des gens en cochons, et il en a été d'accord (ah tiens, j'ai épilogué, finalement).
Bon, bien sûr, je n'en ai pas encore la preuve écrite sous les yeux, hein, mais ça s'est très bien passé. N'empêche, ce que ça peut traîner en longueur, une journée qu'on a l'impression d'avoir terminée!
Pitou G
Teasing : il faudra aussi que je vous raconte comment j'ai failli finir oublié de tous, au fin fond d'un labyrinthe, avant même de rencontrer Godot.
8 commentaires:
Tu as maintenant le droit au repos... Pas éternel! celui de l'esprit!
se faire inspecter par un ancien prof, ce doit être rigolo... S'il te fait des reproches, il sait que tu sais qu'il n'était pas parfait lui non plus.. est-ce moins stressant?
Mais je vois que comme tout le monde, tu es bien content quand ça se termine...
bon dimanche, profite !
C'est quand même le seul métier où l'on ne voit son patron que tous les 3 ans, et où, de toutes façons, quoi qu'on fasse, les conséquences ne sont pas bien grandes, dans un sens ou dans l'autre (sauf pour notre ego et ce qu'on pourrait appeler la conscience professionnelle), et malgré ça, qu'est-ce-qu'elle nous fait stresser, Godote (chez moi c'est une Godote) à chaque fois !
Ravie pour toi que ça se soit bien passé. J'y ai eu droit il y a un mois. Et comme toi, je ne peux pas vraiment dire ce que j'ai fait l'après-midi qui a suivi... En tout cas, tu sais ce que j'ai fait cette heure-là ? Une lecture analytique d'En attendant Godot : véridique !
Et question : tu as été inspecté en latin pour pouvoir parler de Circé (ou plus prosaïquement en français 6ème) ? Ca peut arriver pour de vrai ?
Eponine.
Youpi !!!
T'es en vacances !
(pour moi les gnomes ont toujours été choupis, même les pires ...)
J'aime bien quand tu dis "choupi", ça me fait penser à Georgia Nicholson (rassure-moi, tu connais ?)
Moi à l'heure où je pensais en avoir terminé (certes ça s'était bien passé, mais c'est bien quand ça s'arrête quand même !), ben... monsieur l'inspecteur est venu manger avec nous à la cantoche. C'est assez surprenant, après avoir passé quelques temps à discuter pédago en termes officiels (que je ne maîtrise guère !) de partager un plat de frites 10 minutes plus tard, et d'avoir à lui demander de me faire passer la corbeille de pain... Mais après tout, quand le bonhomme est sympa !!!!
Un ancien prof comme inspecteur c'est chouette.le notre , c'est un ancien copain de fac.....c'est un peu plus compliqué!!!!
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