Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

vendredi 27 mars 2009

Beau zoo de clowns

Pendant un mois, tous les mardis, Haquenée ouvre les rideaux de son grand théâtre cirque à ses futurs élèves. Ils sont pris en charge par des 4e qui leur font visiter nos riants locaux (“vous voyez, ça n’a pas été peint depuis 1975”). À cette occasion, nous sommes invités à faire cours porte ouverte. Le premier mardi, inutile de dire que personne ne l’a fait. On a été bien attrapé, du coup, parce que Bigboss est venu frapper à nos portes avec une cohorte de parents de futures recrues, eux-aussi conviés à la fête et guidés par le chef himself.

Faire cours porte ouverte avec des gens qui passent la tête dans l’encadrement, il n’y a rien de tel pour avoir l’impression de crapahuter dans la cage des chimpanzés. Mon emploi du temps est ainsi fait que je n’ai qu’une heure concernée par la visite thématique zoologique, et c’est avec ma classe de poètes. Evidemment, c’est toujours au moment où le cours est mou du genou qu’arrivent les touristes. Il faut alors prendre un air pénétré et faire semblant de faire une révélation capitale à la classe, tandis que tous les poètes et poétesses tournent la tête vers le couloir, l’oreille distraite. Plus naturel, tu meurs.

Mardi dernier, alors que Bigboss et ses hôtes s’étaient radinés et que j’entendais de l’oreille gauche une présentation élogieuse de mon nom et de mes fonctions, j’ai tenu le cap. Sans accorder une pensée aux dessins ridicules que j’avais gribouillés au tableau pour expliquer je ne sais quoi, je guidai une poétesse dans sa traduction. Je n’avais même pas conscience de ce que je baragouinais, c’était peut-être bien de sombres naseries : j’étais obnubilé par l’idée de faire abstraction des visiteurs. “Si tu t’arrêtes maintenant, si tu les regardes, tu te sentiras obligé de faire une pirouette pour avoir des cacahouètes”. Concentré sur mon objectif, je ne regardais que l’élève que ‘j’interrogeais; les autres devaient scruter la porte; la tentation de suivre leurs yeux aurait été grande et périlleuse.

Regard, pensées, oreilles, corps... tout semblait fonctionner indépendamment du reste. J’étais un ordinateur qui exécutait toutes ses opérations en tâche de fond. C’est pendant que je prenais conscience de ma quadruple essence informatique que j’ai entendu Properce murmurer : “il est trop fort!”.

Je suis alors redevenu simple mortel, juste à temps pour voir que les zoologistes en herbe avaient pris la clé des champs.

Pitou G.

5 commentaires:

Je Rêve a dit…

Et voilà comment on devient un super-héros.
Super-Pitouououououou !

Phoebe a dit…

Oh l'horreur le cours avec des visiteurs !

Ils ont payé pour le show, au moins ?

Thieffaine a dit…

Tu es une star !!! Mais ça personne n'en doute . Il te suffit de voir le nombre croissant de visiteurs sur ton site !

Et puis , j'ajoute , que tous les jours cela me fait une vraie bouffée d'air frais que de venir vous lire .( Quoique que V. poste peu ... hein !)

J'ai même ( ! ) commencé à lire le blog précédent.C'est bien , ça me plaît.

Amitiés les garçons ...

TAdF.

joelle a dit…

Le titre est top ! Le reste aussi, hein ?

Dom a dit…

C'est ce qui s'appelle ne pas faire un four !! et que du bonheur à lire.