Quand j'étais minot, j'étais persuadé qu'en grandissant, je deviendrais le plus craquant des garçons. La faute à mes parents qui ont dû trop me répéter que j'étais beau (je suppose que les ravages occasionnés chez un enfant qui n'entend jamais ces mots-là de la bouche de ses parents sont autrement plus graves). A 12 ans, je me laissais deux ans pour être un pur beau mec. Et à 14, je me disais : "on verra bien à 16". Je n'ai finalement pas tout à fait pris l'allure escomptée : j'ai suivi la pente de la puberté tardive, du gosse éternel. Pas de quoi affoler les filles, quand j'étais au lycée. J'ai appris à faire avec. Après tout, je ne fais pas peur aux étourneaux...
Mais replongeons-nous à cette époque où un excès de confiance me donnait à penser que j'aurais mille occasions de faire le joli coeur (rapport à ce que je serais top model et tout ça). Je n'avais pas encore ajouté un deuxième chiffre à mon âge. C'était une époque où on ne se souciait pas de l'amour, sinon par jeu.
De toutes les filles de la classe (c'est bon, hein, j'étais en primaire! même si déjà...), la dernière que j'aurais choisie, c'était Adrienne Vornovonovovic, une fille pas très gracieuse et plutôt éteinte. Par un hasard géographique (une collision entre deux plaques tectoniques avait dû la laisser là), elle était devenue ma voisine de classe. Sous nos bureaux, nous pouvions glisser quelques affaires dans un genre de casier métallique, véritable cauchemar pour nos cuisses (pas moyen de croiser les jambes). Il arrivait occasionnellement que les affaires du voisin glissent parmi les nôtres. Comme j'étais déjà (un peu) bordélique, c'était un véritable fouillis dans ce casier (je vous interdis d'aller voir dans mon cartable).
Un midi, j'y ai trouvé un bristol : un dessin avec quelques mots. C'est incroyable comme ce carton s'est imprimé dans ma mémoire. Je revois ce soleil au jaune criard, ce sol uniformément vert, ce chat noir vu de dos et cette courte phrase écrite en rouge :
Mais replongeons-nous à cette époque où un excès de confiance me donnait à penser que j'aurais mille occasions de faire le joli coeur (rapport à ce que je serais top model et tout ça). Je n'avais pas encore ajouté un deuxième chiffre à mon âge. C'était une époque où on ne se souciait pas de l'amour, sinon par jeu.
De toutes les filles de la classe (c'est bon, hein, j'étais en primaire! même si déjà...), la dernière que j'aurais choisie, c'était Adrienne Vornovonovovic, une fille pas très gracieuse et plutôt éteinte. Par un hasard géographique (une collision entre deux plaques tectoniques avait dû la laisser là), elle était devenue ma voisine de classe. Sous nos bureaux, nous pouvions glisser quelques affaires dans un genre de casier métallique, véritable cauchemar pour nos cuisses (pas moyen de croiser les jambes). Il arrivait occasionnellement que les affaires du voisin glissent parmi les nôtres. Comme j'étais déjà (un peu) bordélique, c'était un véritable fouillis dans ce casier (je vous interdis d'aller voir dans mon cartable).
Un midi, j'y ai trouvé un bristol : un dessin avec quelques mots. C'est incroyable comme ce carton s'est imprimé dans ma mémoire. Je revois ce soleil au jaune criard, ce sol uniformément vert, ce chat noir vu de dos et cette courte phrase écrite en rouge :
Je t'aime.
Adrienne
Adrienne mangeait chez elle, moi à la cantine. Tout gonflé d'un orgueil misérable et d'une cruauté toute enfantine, j'ai montré le mot à mon meilleur ami en ricanant. Et puis à un autre, aux autres, à tous les autres. Probable que l'affaire ait fait le tour de la cour de récré. Aujourd'hui, on dirait que le buzz a bien pris. Aussi, quand Adrienne est revenue à l'école, je l'attendais avec quelques copains, l'air goguenard : "tiens, j'ai trouvé ça dans mes affaires, c'est à toi?".
En réalité, je ne sais plus trop ce que j'ai dit ni comment je l'ai dit, mais je me souviens que l'intention était d'humilier, piètre moyen de me faire mousser. Trouver ce carton (l'avais-je déchiré?) m'avait donné l'illusion d'être irrésistible. Je me la jouais trop bien pour toi. D'une toute petite voix, Adrienne répondit que c'était pour sa grand-mère qui était à l'hôpital. Je ne sais pas trop si je l'ai crue, mais j'ai dû me sentir assez bête, sur le moment; je suppose que j'ai dû m'excuser. Aujourd'hui, je me demande bien ce qu'un mot pour sa grand-mère malade pouvait bien faire parmi mes affaires (peut-être même dans mon classeur) et si l'histoire de la grand-mère n'était pas le seul truc qu'Adrienne avait trouvé dans l'instant pour ne pas perdre la face devant un groupe de garçons (cons).
J'étais loin de me douter à l'époque que, des déclarations d'amour, je n'en entendrais pas tant que ça et que j'aurais honte, un jour, d'avoir autant manqué de coeur.
Pitou G.
En réalité, je ne sais plus trop ce que j'ai dit ni comment je l'ai dit, mais je me souviens que l'intention était d'humilier, piètre moyen de me faire mousser. Trouver ce carton (l'avais-je déchiré?) m'avait donné l'illusion d'être irrésistible. Je me la jouais trop bien pour toi. D'une toute petite voix, Adrienne répondit que c'était pour sa grand-mère qui était à l'hôpital. Je ne sais pas trop si je l'ai crue, mais j'ai dû me sentir assez bête, sur le moment; je suppose que j'ai dû m'excuser. Aujourd'hui, je me demande bien ce qu'un mot pour sa grand-mère malade pouvait bien faire parmi mes affaires (peut-être même dans mon classeur) et si l'histoire de la grand-mère n'était pas le seul truc qu'Adrienne avait trouvé dans l'instant pour ne pas perdre la face devant un groupe de garçons (cons).
J'étais loin de me douter à l'époque que, des déclarations d'amour, je n'en entendrais pas tant que ça et que j'aurais honte, un jour, d'avoir autant manqué de coeur.
Pitou G.
7 commentaires:
Elle est adorable cette histoire... A mon avis Adrienne, elle était mordue :)
Delphine de passage comme souvent sur ce blog.
Vraiment , tu as de la patte lorsque tu écris . Je lis cela avec un grand plaisir. Et c'est vrai que les lecteurs ne laissent pas assez trace de leur passage . Alors , je le ferai dorénavant .
Amitiés.
Thieffaine
Moi aussi, j'ai lu ... et ce sera la première fois que je laisserai un commentaire à quelqu'un dont j'ai souvent entendu parler.
Beau talent d'écriture que montrent ces petites chroniques.
Félicitations.
Louis .
Et vous savez quoi ? C'est le genre de honte qui ne s'éteint jamais. Elle ne faiblit même pas. 5certains jours, on se demande même si elle n'aurait pas tendance à forcir...)
J'adore cette note et oui tu écris super bien ^^
Delphine=> Heureux de te compter parmi les lecteurs commentateurs!
Thieffaine=> La réaction des lecteurs est toujours bienvenue, mais heureusement pas obligatoire. Fais en fonction de ton humeur; tu seras toujours bien reçu ici.
Louis=> Merci et bienvenue à toi aussi.
Didier=> En même temps, ça permet de rester réaliste : on fut, on est et on sera tous des s@l@uds occasionnels.
Adrienne=> Que l'eau a passé sous les ponts, hein ;-) Mon bonjour à la Relouse ^^(sauf erreur de ma part, mais je ne crois pas prendre de gros risques).
Et puis pour aujourd'hui, pour Pitou V: MERDE. Et on ne répond pas merci!
Amitiés à vous deux :
Thieffaine et Louis .
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