Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mardi 4 mars 2008

High Pathetic

Pourquoi blogue-t-on? Cette question, toute la blogosphère se la pose périodiquement : de temps à autre, nous avons besoin de mettre du sens dans nos actions et de l'ordre dans l'absurde mêlée de nos comportements.

La première tentation est de croire qu'on le fait par exhibitionnisme. Pas un seul des blogs que je lis ne me donne l'impression d'être un voyeur. Il n'est pas du tout sûr qu'on pénètre l'intimité de l'autre en parcourant ses écrits. Il suffit de voir de quelles précautions on s'entoure pour préserver son identité (et on a bien raison) et l'autocensure que l'on s'impose, pour faire éclater cette première explication.
Un blog peut à l'occasion servir de défouloir, plus souvent par l'humour que dans l'agressivité. Il peut être le moyen de magnifier son quotidien (comme l'écrivait Patate dans l'un de ses commentaires), de régler nos frustrations vécues dans le monde réel. L'écriture n'a pas attendu l'avènement du net pour s'attribuer ce rôle : la nouveauté, c'est qu'on est lu (enfin, en théorie) par des inconnus.

Pourquoi blogué-je? C'est là que le titre de ce billet va trouver sa justification. Parce que ça me tient lieu de vie sociale. D'un simulacre de vie sociale, s'entend. Bien sûr, j'ai de vrais amis; ils ne vivent pas à côté de chez moi. Bien sûr, j'ai des collègues avec lesquels je m'entends bien (parce que je suis quand même un type formidable); mais je ne les vois pas hors du boulot. Tout cela demande des efforts, bien trop pour une flemmasse comme moi. Ecrire, c'est plaisant et, ma foi, pas trop difficile. Il n'y a pas à se faire violence pour tenir un blog; pour entretenir une amitié, il faut s'investir. High pathetic.

On a l'impression de se faire des amis dans ce monde très poli qu'est la blogosphère (enfin, celle que je fréquente), ce monde où il suffit d'un clic pour se rendre une petite visite de courtoisie. Quand je laisse un commentaire, c'est rarement par fierté d'avoir trouvé une saillie géniale; j'y vois plutôt l'équivalent d'un sourire, voire une marque d'affection - oui, parce que je me prends d'affection pour quelques blogueurs, voyez-vous... high pathetic. A ce stade, les plus sensés des lecteurs me conseilleront de m'acheter une vie, parce qu'il y a de quoi faire sacrément pitié.

Au début de Quaidesomme, j'avais pour prétention de fédérer autour du blog amis et inconnus. Les uns y auraient trouvé des nouvelles fraîches (parce qu'il ne faut pas trop compter sur moi pour empoigner le téléphone), les autres y auraient ri aux dépens de blogueurs lambda. Sachez que ces deux lectorats sont comme l'eau et l'huile : ils ne se mélangent pas. Quand l'émulsion prend, elle ne dure pas. C'est un fait, les "vrais gens" ont beau avoir l'adresse de Montdepitous, ils y viennent peu et commentent très exceptionnellement. Les lecteurs assidus, les lecteurs bavards, je ne les ai jamais rencontrés. Un blog doit sans doute rester une terre de fiction.

Pitou G

P.S. : je suis très admiratif de ces blogueuses (ce sont des initiatives féminines, en général) qui organisent entre elles de grands rassemblements. Des fois, je me dis : "ça serait formidable de rencontrer ......................... (insérez votre nom)!" Mais à bien y réfléchir, j'atteindrais le même état d'étrangeté en élevant un panda dans notre jardin.

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Dsl les garçons rien à voir avec votre néanmoins très intéressant billet sur le bloging ... (et encore ... peut-être que si ...) mais pourriez-vous, ou tout au moins celui d'entre vous qui est prof, jeter un coup d'oeil à ceci : http://entre2eaux.hautetfort.com/archive/2008/03/03/lettre-d-un-principal-de-college.html#comments, et me dire si cela vous semble vrai ou faux ? Pour ma part, je n'ai pas encore eu de réponse ...
Merci de votre aide (sur mon blog, cliclic contact, tout en bas !)

Alcib a dit…

Le mieux, c'est d'avoir des commentateurs de l'autre côté de l'Atlantique ; ça diminue les risques de voir apparaître le panda dans le jardin ;o)
Cela dit, j'ai rencontré déjà quelques blogeuses et blogueurs, mais à la suite de démarches individuelles, et non pas de rencontres de groupes organisées dans des lieux publics.
Quand je me suis abonné à Internet, en 2000, je m'étais fait de très nombreux « amis » dans un salon de conversation français (c'était avant l'apparition des blogues). L'automne suivant, j'ai rencontré en personne environ 75 de ces amis. Sur ces 75, il devait y en avoir 70 qui vivent en Europe et quelques-uns sont restés des amis.

Phoebe a dit…

Les vrais gens de ma vraie vie, mon blog, ils s'en tapent, ça ne les intéresse pas, et c'est pas plus mal (vexant, mais pas plus mal).

Terre de fiction et de virtualité, oui, je pense.

Voilà

(me remerciez pas pour cette contribution pourrite à votre note (vous = les Pitous), c'est le matin, je fais ce que je peux)

Anonyme a dit…

Je vous rassure : je ne ressemble pas à un panda. Quoique...
j'ai rencontré des blogueurs mais pas à cause de nos blogs. A cause des liens noués autour de la lecture et des livres. je ne parle pas de ficelle. Quoique...

Dom a dit…

Tout comme Sixtine, les vrais gens de ma vie se tamponnent comme de l'an 40 de mon blog et de ce que j'y écris. Les rares qui y viennent ne le font que pour de mauvaises raisons et ne laissent des commentaires ou n'empoignent leur téléphone que pour m'engueuler d'avoir dit tel ou tel truc pas bien sur untel ou unetelle.
Le blog, et c'est ce que je réponds toujours quand on me pose la question, c'est pas un truc inutile, c'est pas un truc stupide, en tout cas pas moins que le canevas ou le crochet ou la peinture de petits chats sur toiles.
Plus sérieusement, ce n'est pas un défouloir, encore moins une psychothérapie à moindres frais, plutôt une manière de laisser une trace créative, à ma manière.
Parce que c'est bien de création dont il s'agit, quand bien même certains en douteraient.

Et pour ce qui est des rencontres, j'ai eu cette chance, c'est encore mieux de voir qu'effectivement derrière les écrans il y a aussi de vrais gens, avec souvent encore plus d'humour et de richesse que dans leurs écrits.

Ah, et pour finir (bon là je suis dispensée de commentaires pour au moins 1 mois) je dirais aussi que cela rend humble de bloguer, humble par rapport au talent tellement plus incroyable qu'on rencontre au gré de ses surfs, et humble aussi dans dans la vraie vie (j'adore ce terme de "vraie" vie), la mère de famille qu'on croise à l'école à la sortie, ou la caissière qui te rend ta monnaie d'un regard timide, peut être sont-ce les mêmes qui écrivent avec tant de brio sur la toile.

Et finalement, plus personne n'est "quelconque" avec les blogs.

Bon, je vais me recoucher.

Alcib a dit…

Comme le disent Sixtine et Dom, les « proches » (ceux de notre vraie vie) ne sont pas intéressés à nous lire.
De toute manière, je ne dis jamais aux gens que je connais que je tiens un blogue et je serais sans doute bien embêté si j'apprenais que quelqu'un que je connais me lit (je ne parle pas de ceux que j'ai connus grâce à Internet).
J'aimerais bien aussi que certains amis que j'ai connus grâce à Internet, avant le blogue, lisent mon blogue, mais ce n'est pas souvent le cas - à moins qu'ils ne lisent sans me le dire.

Yibus a dit…

salut les Pitous,
excellente question... J'ai un avis un peu différent vu que je suis un panda du zoo de Washington (il y en a deux, d'ailleurs, des vraies stars, mais ce n'est pas le propos, tiens, faudra que je fasse un post à ce sujet).
1) le blog me permet d'écrire, de continuer à faire le "boulot" d'observation de quand j'étais journaliste, sauf que là, c'est génial, je suis le rédac'chef, celui qui écrit et prend les photos... et celui qui coup. Bref, le bonheur.
2) tout ça pour dire que c'est perso (diablement d'ailleurs), que ça nécessite une bonne dose d'égo...
3) Je suis lu par des proches, de la famille et des amis, vu que je ne suis plus en France. Sauf qu'ils demandent des anecdotes, comment est la vie ici (euh, là-bas...) et que ce n'est pas ce que j'ai envie de raconter généralement. Et en plus, peu mettent des commentaires... Remarque, je serais un peu gêné si certains le faisaient...
4) Je suis follement admiratif (mais ne pas répéter cause gonflage de mollets) de tous les blogs que j'ai mis en favoris. (Avec, j'avoue, un faible pour les écritures déjantées -féminines, en effet- qui racontent des petits trucs de façon si attachante et subtile...et ceux qui dessinent et peignent).
5) En fait, j'aimerais bien rencontrer certaines personnes du blog-monde... Parler, boire un coup et rigoler ensemble... Et poursuivre ensuite la conversation sur le blog...

Anonyme a dit…

Ce n'est pas plus mal de ne pas être lu par ses proches. On en vient vite à se censurer quand c'est le cas, et c'est quelquefois dommage...

Les Pitous a dit…

Manue=> Je l'ai lu aussi, mais n'en ai pas eu confirmation. Tout ce que je peux ajouter c'est que trois profs sont absents pour une longue durée et qu'aucun n'est remplacé (ça n'a qu'un lointain rapport avec ta question, mais ça prouve assez bien l'explosion du système : c'est le prix du non remplacement des départs à la retraite). Sinon, nous sommes tous les deux profs.

Alcib=> J'avais lu ça sur ton blog; tu m'obliges à me corriger : ce n'est pas qu'une initiative féminine; ça concerne aussi les Québéquois.

Sixtine=> ça confirme bien ce que je pensais; me voilà rassuré.

Larkeo=> il faut sans doute un peu plus qu'avoir un blog pour accrocher avec un autre blogueur. Mais même avec des gens qui ont des points communs avec moi, j'ai du mal à imaginer une vraie rencontre.

Dom=> ça ne sert à rien, tout aussi inutile que la musique. C'est la réponse que je réserve à ceux qui contestent l'intérêt du latin. Mais ça peut aussi convenir pour le blog.
Derrière chaque inconnu, il y a peut-être un talentueux blogueur... j'aime assez cette idée; ça rend plus humble, peut-être, mais surtout ça évite de juger les gens un peu vite.

Alcib=> Peut-être que nos proches - je pense à la famille surtout, reste volontairement à l'écart de notre vie de blogueurs pour ne pas nous causé la gêne dont tu parles.

Yibus=> Moi aussi j'aimerais pouvoir faire un blog dessiné diablement subtil. Bien obligé de m'en tenir à la seule chose que je sache faire : écrire.

Shen=> C'est très vrai. Mais à partir du moment où on est lu, on se censure quand même un peu...

Anonyme a dit…

C'est amusant parce que, si j'ai commencé mon blog pour moi et sans même penser être lue un jour par quelqu'un d'autre, il me permet aujourd'hui de parler avec des proches. Messages plus ou moins codés. Si peu laissent des commentaires, je sais qu'ils lisent. Et ça me fait plaisir. En aucun cas je ne me censure pour ça. Mon blog reste le mien, et si ce que je dis ne plaît pas, ils n'ont qu'à cesser de lire! (C'est ce qui s'est passé avec ma mère... je ne lui parlais plus. J'en ai eu assez. Je l'ai dit - violemment - sur mon blog. Le message est passé... plus ou moins.)
Mais en règle générale, je ne sais pas pourquoi je blogue. Pour le plaisir. Parce que j'aime mettre en page ce que j'écris :)
Très jolie réflexion en tout cas!

Didier Goux a dit…

Les soirées entre blogueuses, c'est le résultat de leur syndrome "réunion Tupperware" : pas trop notre truc.

Encore que, tout récemment, j'ai rencontré "en vrai" des copains blogueurs dans un bar du Kremlin-Bicêtre, et ce fort fort agréable. Sauf pour mon taux d'alcoolémie.

Anonyme a dit…

J'ai rien à rajouter, sauf que je t'aimeuuuuuuh parce que tu as mis un accent aigu à "blogué-je"

Moi j'aime bien votre blog, je ne me sens pas voyeuse en le lisant, et cette petite lecture m'a manqué pendant votre looongue absence.

Perso les soirées entre blogueuses je ne pratique pas (par contre Didier Goux, je ne cracherais pas sur une réunion tupperware, j'en ai jamais fait)

Les Pitous a dit…

Inci=> Au fond, a-t-on vraiment besoin de savoir pourquoi on le fait, pourvu que ça nous procure du plaisir? Ce que j'aime, moi, c'est retomber sur de vieux billets (il m'arrive même de revenir sur Quaidesomme).

Didier=> ça doit être bizarre, quand même, à moins de déjà les connaître. Est-ce que vous jouez aux devinettes : devine quel blogueur je suis?

Madame Patate=> Merci! Pas besoin de rappeler ici combien j'adore tes billets. Sinon, il paraît qu'on fait aussi des soirées bougies ou lingeries, histoire de changer des boîtes en plastique.

Didier Goux a dit…

Vous êtes tous dépassés, mes enfants : maintenant, les filles, elles se font des soirées gods ! (Même que je médite d'en faire un sujet de Brigade mondaine : si Madame Patate voulait bien se charger du reportage sur le terrain, ça m'arrangerait...)

Anonyme a dit…

Ben on m'a jamais invitée à une soirée gods, je me demande si c'est mon athéisme ou ma réputation de tueuse de canards qui freine les bonnes volontés.