Titre un rien pompeux pour ce que j'en ai vécu. Depuis dix ans, rares furent les séparations et les moments l'un sans l'autre. Cette semaine fut l'occasion d'un de ces moments.
- Une formation à 2h30 de route de la maison? Et deux jours de suite? Tu devrais aller dormir chez la douce Peo-Peo et son blagueur de mari.
- Ah oui... comme ça tu seras tranquille!
G. est donc parti à l'aube mercredi. Les cours du matin furent plutôt sympathiques: aucun soipon vradil dans le dos, juste une facétie des 4e latinistes, qui se sont cachés dans un recoin du couloir avant d'entrer en classe et m'ont souhaité un joyeux anniversaire sonore et à contre temps. Du reste, j'ai gratifié l'intervention la plus stupide d'un bon calendrier de l'avent, préalablement emballé façon c'est-une-super-bédé.
Mais alors cette expérience de la solitude?
Rien de révolutionnaire mais un sentiment étrange, les prémisses d'un dérangement: je redécouvre mes tendances maniaques, range conscieusement et avec plaisir ce que je laisse facilement traîner habituellement. Cela me rappelle nos débuts, lorsqu'il rentrait chez ses parents le week-end et que je restais seul dans notre appartement: je passais une bonne partie du samedi à tout nettoyer. L'ordre des objets me rassure, me rattache. Je parle à mes chats, à mes plantes, à moi-même. Bref, je meuble l'absence de G.
Cette absence, c'est toujours l'avant-goût du deuil. Comme lorsque l'on se prend à dire: "Et s'il ne revenait pas?" J'ai bien conscience de la posture romantico-tourmentée à laquelle cette pensée conduit, mais j'y souscris toujours avec un effroi coupable. Il s'agit peut-être de se prémunir d'une perte inévitable - sauf à disparaître le premier - de se mithridatiser. Après tout c'est plus facile que de se préparer à sa propre mort - on ne saurait la penser, si ce n'est comme une fiction dont on serait le spectateur invisible, à l'image de ces narrateurs défunts et omniscients qui peuplent nombre de séries.
Le film d'Ozon Sous le sable, récit d'un deuil impossible, où la folie remplace l'absent, m'a particulièrement touché, quand il laissait G. de marbre. Trop chiant, dit-il.
Pourtant, il déteste quand le matin il ne me trouve pas à ses côtés au réveil, alors qu'un instant auparavant - l'instant d'un cycle de sommeil - j'y étais.
Bien sûr il est revenu sain, sauf et enchanté de sa formation donnée par Astro le petit robot sur les langues anciennes, mettant une fin provisoire à mon léger délire.
- Travailler et vivre ensemble, n'est-ce pas trop pour votre couple?
- Cela ira, merci.
V.
- Une formation à 2h30 de route de la maison? Et deux jours de suite? Tu devrais aller dormir chez la douce Peo-Peo et son blagueur de mari.
- Ah oui... comme ça tu seras tranquille!
G. est donc parti à l'aube mercredi. Les cours du matin furent plutôt sympathiques: aucun soipon vradil dans le dos, juste une facétie des 4e latinistes, qui se sont cachés dans un recoin du couloir avant d'entrer en classe et m'ont souhaité un joyeux anniversaire sonore et à contre temps. Du reste, j'ai gratifié l'intervention la plus stupide d'un bon calendrier de l'avent, préalablement emballé façon c'est-une-super-bédé.
Mais alors cette expérience de la solitude?
Rien de révolutionnaire mais un sentiment étrange, les prémisses d'un dérangement: je redécouvre mes tendances maniaques, range conscieusement et avec plaisir ce que je laisse facilement traîner habituellement. Cela me rappelle nos débuts, lorsqu'il rentrait chez ses parents le week-end et que je restais seul dans notre appartement: je passais une bonne partie du samedi à tout nettoyer. L'ordre des objets me rassure, me rattache. Je parle à mes chats, à mes plantes, à moi-même. Bref, je meuble l'absence de G.
Cette absence, c'est toujours l'avant-goût du deuil. Comme lorsque l'on se prend à dire: "Et s'il ne revenait pas?" J'ai bien conscience de la posture romantico-tourmentée à laquelle cette pensée conduit, mais j'y souscris toujours avec un effroi coupable. Il s'agit peut-être de se prémunir d'une perte inévitable - sauf à disparaître le premier - de se mithridatiser. Après tout c'est plus facile que de se préparer à sa propre mort - on ne saurait la penser, si ce n'est comme une fiction dont on serait le spectateur invisible, à l'image de ces narrateurs défunts et omniscients qui peuplent nombre de séries.
Le film d'Ozon Sous le sable, récit d'un deuil impossible, où la folie remplace l'absent, m'a particulièrement touché, quand il laissait G. de marbre. Trop chiant, dit-il.
Pourtant, il déteste quand le matin il ne me trouve pas à ses côtés au réveil, alors qu'un instant auparavant - l'instant d'un cycle de sommeil - j'y étais.
Bien sûr il est revenu sain, sauf et enchanté de sa formation donnée par Astro le petit robot sur les langues anciennes, mettant une fin provisoire à mon léger délire.
- Travailler et vivre ensemble, n'est-ce pas trop pour votre couple?
- Cela ira, merci.
V.
5 commentaires:
Qu'il est joli ce texte ...
Sinon l'expérince de la solitude je préfère ne pas relever
(perso ça fait atta je cracule : 13 ans que je vis seule, mec ou pas. Je crois que je vais pleurer un coup, là)
J'ai vécu réellement et totalement seule (sans enfants et sans mec) pendant 2 ans, dans l'île... Une vraie thérapie. Douloureuse et nécessaire.
Aujourd'hui, comme toi, quand le Héros ne rentre pas pour déjeuner (et c'est très rare) je suis comme.. Bancale. C'est idiot, je sais.
moi je ne connais pas.. mais je l'impose ou plutot je l'offre, cette solitude, à mon chéri quand je retourne chez ma mère avec les titis sous le bras : je sais qu'il savoure cette maison enfin calme, qu'il la range, et profite du bonheur de la voir rester rangée.. Au bout de 2-3 jrs, enfin, on lui manque -un peu .
Tu dis tellement mieux que moi ce que je ressens aujourd'hui... :) Merci pour ce si joli et doux texte emprunt d'amour!
Bon week-end à vous deux!
Regardez donc tous les deux , ce superbe film " Le temps qui reste " avec ce grand acteur qu 'est Melville Poupaud... je ne suis pas souvent touché par le cinéma , ( Je vois trop de films ... mais , celui-ci ... chapeau !)
Amicalement
TAdF.
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