Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

samedi 18 avril 2009

À la merci de Marcy

Quand je réalise que je vais encore vous raconter mon dernier rendez-vous chez le coiffeur, je ne me fais plus trop d'illusions sur le pittoresque de ma vie. En retrouvant le compte-rendu de ma précédente visite, je me rends compte que je n'y étais pas allé depuis deux mois, ce qui fait qu'en plus d'être plate, ma vie fut hirsute et copurchic (à la mode de 1882 : comprendre que ma coiffure aurait mérité d'être couverte d'un haut-de-forme) ces dernières semaines, mais là n'est pas la question.

Au téléphone, en client loyal, j'ai spécifié le nom de ma coiffeuse habituelle quand on me l'a demandé. Je ne sais pas si mon interlocutrice était sourde, si j'ai lapsussé, si la-dite-coiffeuse est mortellement décédée, si elle a été virée pour cause de massacrage de cuir-chevelu ou si elle a claqué la porte vitrée avec fracas, toujours est-il que c'est le patron, Thomas Marcy version hétéro, qui s'est occupé de moi.
D'une certaine façon, j'étais content : j'avais eu ce que je souhaitais sans avoir eu à le formuler (ce qui va dans le sens de l'éducation que j'ai reçue : quand j'étais petit et qu'on me demandait quelle côtelette d'agneau je désirais, il fallait que je dise "n'importe laquelle" et par la magie de la politesse, j'étais alors censé recevoir pile-poil celle que je voulais; inutile de dire que ça ne marchait jamais pour les côtelettes, mais c'est chouette que ça marche pour les coiffeurs, fin de la parenthèse). J'étais content, parce que Thomas Marcy coiffe très bien mon homme, alors pourquoi pas moi? J'allais apprendre qu'il dispose de plein d'astuces pour lutter contre le cheveu fin, en plus!

L'inconvénient, c'est qu'une fois encore, il fallait reprendre à zéro le protocole discutatoire - en plus, Thomas Marcy est très pipelette. Moi, je n'avais qu'une seule question en tête : "qu'est-ce qu'elle est devenue, ma coiffeuse?", mais je ne ne le saurais jamais vu que je n'ai pas osé la poser. Comme la fille que j'avais eue au téléphone n'avait rien dit quand je l'avais nommée, je me suis dit que c'était peut-être un sujet tabou. Et puis je n'avais vraiment pas envie d'orienter la conversation côté condoléances, ni côté "les employés d'aujourd'hui, c'est plus ce que c'était". Et j'ai rudement bien fait : c'était beaucoup plus drôle de parler des allergies alimentaires du fils de Thomas Marcy.
Evidemment, on a aussi évoqué les vacances, étant donné que je suis enseignant. En confessant mon séjour à Nice, j'ai soudain eu un frisson d'alarme : deux-heures après, ce serait au tour de Pitou V de venir se faire couper les cheveux; le coiffeur lui demanderait alors ce qu'il avait fait pendant ses vacances et ça en serait fini de sa belle couverture d'élu local, marié, pas d'enfant. Il fallait que je pense à le prévenir, surtout que Marcy est apparemment doté d'une excellente mémoire (une qualité que j'avais déjà remarquée chez les coiffeurs).

Au moment rituel de l'inspection de l'arrière du crâne grâce au miroir à main (là où on dit : "c'est parfait" sans même regarder parce qu'on ne veut pas passer pour Casse-Noisettes), l'artisan m'a conseillé de retourner à Nice pour bronzer la ligne blanche, en haut de la nuque.

***

Ouf, j'ai eu le temps d'avertir mon homme avant qu'il aille se faire capilliscupter : pas un mot sur son séjour à Nice, because le coiffeur est cancaneur! Du coup, quand Thomas Marcy, tout en ratiboisant sa nuque, lui a demandé ce qu'il avait fait pendant les vacances (vu qu'il est enseignant), V. a marmotté qu'il était parti voir la famille.
"Vous penserez à emprunter le fond de teint de madame pour cacher la ligne blanche que vous avez à l'arrière".

Il s'en est fallu d'un cheveu qu'on soit outés par nos marques de bronzage!

Pitou G.

P.S. : jouez avec Montdepitous.

4 commentaires:

Thieffaine a dit…

C'est toujours le même coiffeur ? Le salon pour lequel il faut franchir 5 ou 6 marches afin d'accéder au Saint des Saints.
C'est que tu as encore de bons mollets . On a vu hier tes membres poilus ...( je parle de tes gambettes ) ce sont des vraies jambes à faire trembler Hollywood .

TADF

MamyS a dit…

Dis, raconte encore.... ça fait si longtemps que je n'ai pas mis les pieds dans un salon que je ne sais même plus comment c'est fait!... mais le Héros a droit tous les mois au massage crânien "pour vous faire découvrir, hein" lui susurre la pétasse qui a renouvelé la "découverte" pour la 48 ème fois en 4 ans..............

Phoebe a dit…

A quoi ça tient !

(vous avez de l'autobronzant au moins pour vos lignes blanches ?)

Y.Yokono a dit…

Ben quoi ! "n'importe laquelle" est une formule qui a toujours marché pour moi. Il se trouve que j'avais toujours droit à la plus belle côtelette. Je refuse catégoriquement cette entreprise de démolition des rêves de jeunesse. Et comme dirait la rose "moi j'ai besoin d'espoir sinon je ne suis rien". Alors laissez-moi à mes côtelettes. Ah bon, ce n'était pas le sujet du message...