Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mardi 14 avril 2009

De charybde en lycée

De Charybde en lycée
De collège en Scylla
(merci de ne pas noter que le saint patron des jeux de mots m'a abandonné)

Beaucoup de profs de collège se verraient bien au lycée et bien peu de profs de lycée se verraient descendre au collège. Le lycée serait intellectuellement plus stimulant et gratifiant.
Là, on est à des années-lumière de mon ressenti personnel. Je garde un souvenir plutôt fade des quatre années passées à Coucouville. Je me suis senti beaucoup moins intellectuellement stimulé que mal à l'aise face à l'ambition affichée de transformer, en deux ans, des collégiens en as du commentaire littéraire (et sachez qu'à Coucouville, les couffins ne sont pas abrités à l'ombre des Pleïades).

Ouais, mais le collège, c'est quand même de la garderie, non?
L'argument est connu. Personnellement, je trouve que les élèves sciants au collège (parce que oui, oh lala, ça arrive, même dans des bahuts plus calmes que celui de Saby Banana) bénéficient au moins partiellement de l'excuse de l'âge et, d'ailleurs, sont à peine plus nombreux qu'au lycée. Quand on parle de lascars de 16 ou 17 ans (voire 20), j'ai soudainement du mal à trouver d'autre circonstance atténuante que la connerie (et ça, c'est pas terrible comme circonstance atténuante). Un élève de seconde ou de première, pour autant que mon expérience me permette d'en juger, ce n'est qu'un grand collégien à qui on demande de faire des choses beaucoup plus difficiles qu'auparavant. Par la magie des vacances d'été, enseigner à des terminales redevient intéressant.

Vraiment, je me sens bien mieux au collège, parce que je m'y sens moins bridé qu'au lycée, plus libre d'expérimenter, d'essayer; parce que ça me semble plus facile de donner envie d'apprendre et de lire plus tôt; parce qu'on est moins tenu par les exigences du bachotage; parce que les collègues se prennent moins la tête. Peut-être que ça correspond aussi tout simplement à un moment où je suis plus à l'aise dans mon métier et que je comprends mieux ce qu'on (on d'en-haut, on d'en-bas, on du dedans) attend de moi.

Je me souviens de la première classe que j'ai eue au lycée, un groupe de filles sorties du BEP qui s'engageaient sur la voie technologique grâce à une section passerelle. Gentilles comme tout , ces filles-là, mais l'année du bac, ça ne suffit pas! À l'exception d'une élève, brillante, elles étaient confrontées à des milliasses de difficultés. Elles auraient pu me reprocher plein de trucs, franchement : de viser trop haut, de ne pas être assez clair, de ne pas leur donner assez d'autonomie ou -le paradoxe n'est qu'apparent- de ne pas les aider assez. Mais non, ce qui les étonnait, c'était que je ne souriais pas assez... Ça peut sembler accessoire, mais en fait elles avaient mis le doigt sur le seul vrai problème : je n'avais pas vraiment envie d'être là.

Je suis curieux de savoir ce que deviendra le lycée dans les années à venir. Mais il n'est pas sûr du tout que ça me donne envie d'y retourner...

Pitou G.

10 commentaires:

MamyS a dit…

Comme il m'agace aussi ce jeu de comparaison collège/lycée, toujours au détriment du collège!
Et pour ceux qui ne sont pas enseignants, il existe une sorte de gradation du facile au vachement difficile: instit', prof de collège et prof de lycée.
Comme toi, je suis plus à l'aise au collège car c'est le moment où on trouve encore le temps, où on nous donne encore les moyens de remplir les lacunes, de réparer les erreurs, de combler les oublis.
Au lycée, il faut réussir le tour de force, en 1ère, de leur faire comprendre TOUT et le reste sur le commentaire. mais on n'a pas d'heures en plus pour le faire...
Avec des classes anciennement STG, la mission se résume à tenter de placer un vernis, faire en sorte qu'il craque le moins possible, et surtout qu'il tienne jusqu'aux EAF.
Pourtant, ces élèves de lycée, toutes classes confondues, sont les mêmes que ceux qui galèrent au collège.
L'été n'a jamais été magique. Ils poussent en hauteur, mais les bons restent des bons et les largués le sont un peu plus en lycée....

Thieffaine a dit…

Allez, mon Pitou..., mes Pitou ( Non, je ne mettrai pas de S ) venez me rejoindre ... je vous assure que mes potaches sont vraiment charmants . même ceux ou celles de 20 ans .
Beau lycée de style classique... ville agréable ... Bon, c'est vrai trop petite Fnac ! Et je fais partie de ceux pour lesquels le magasin C et A n'est que l'entrée de la Fnac

TAdF

Guilitti a dit…

moi je préfère 10 000 fois le lycée, non pour le contenu, mais effectivement pour la garderie : quand un lycéen se comporte niaisement , on le fusille du regard, lui fait comprendre que bon, à son age.. et comme il est minoritaire dans la classe, la plupart du temps ça suffit à le calmer. En collège, il pouffe de rire encore plus, entrainant ses voisins...
Et les "on écrit en rouge ou en vert, mdame?" ou "comment je fais, j'ai fini ma page?" me gavent terriblement : Donc en lycée, c'est plus facile d'enseigner !

coté tension nerveuse, on est raplapla après 4h de collège, ou 7h de lycée.
Pour contrebalancer, un cours de collège se prepare plus vite (ou plutot les preps se mangent moins rapidement) et les copies aussi.

J'avais bcp moins de boulot à la maison quand j'étais au collège.. mais je n'avais plus aucun neurone en état de fonctionner le soir...

Le nouveau lycée?? heu... je pense qu'il me fera peut-être retourner en collège...

comment ça je suis longue??

Musiquette a dit…

bon alors moi je ne me pose même pas la question!!!! les profs de musique étant des ovnis au lycée....je suis et reste au collège .....que je le veuille ou non!!!ceci dt les ados de 3° sont quand même très très sciants certains jours!!!!MAIS on les aime quand même!
Bravo pour la bannière ...C'est top la classe ! On se croirait à Hollywwod pour un grand péplum!

Bellzouzou a dit…

tiens c'est drôle, on a le même genre de problèmatique dans le 1er degré:
"Ouais, mais la maternelle, c'est quand même de la garderie, non?"

mamyS a dit…

Chouette nouvelle bannière!

Ashley a dit…

Je voudrais pas faire ma pimbêche, mais moi je ne me vois pas enseigner en dessous du bac. Premièrement parce que des lycéens n'apporteraient jamais de cafetière en cours pour me fournir mon carburant. Et surtout parce que j'aime le fait qu'en école d'ingé, ils ont enfin compris qu'ils bossent pour eux, et pas pour ramener des bonnes notes à la maison. Et puis je peux les taper sans qu'ils aillent raconter ça à leurs parents qui porteront plainte, et ça c'est cool. (punaise j'ai rattrapé tout mon retard que j'avais chez vous, je me félicite)

Les Pitous a dit…

MamyS=> Je suis d'accord avec toi. Mais il faut reconnaître que, même au collège, il est parfois bien tard pour réparer certaines erreurs...

TAdF=> Collège ou lycée, le fond du problème reste de tomber dans un établissement sympa. On n'a pas toujours (et même jamais) le choix.

Guilitti=> L'un de mes pires souvenirs professionnels est une classe de première, du genre à faire des bruits d'animaux. Leur rappeler l'imminence du bac ne leur faisait ni chaud ni froid; alors pour le regard noir, je pouvais toujours repasser!

Musiquette=> C'est vrai que certains mômes sciants sont attachants (certains sont justes sciants). Merci pour la bannière! Ulysse façon ombres chinoises, ça ne fait pas trop Montdepitous, mais bon...

Bellzouzou!=> Ça ne m'étonne pas. Je suis sûr que même dans les maternités il existe ce genre de débats! "Moi, je ne me vois pas m'occuper de nourrissons de moins de 24 heures!"Re-MamyS=> Merci!

Ashley=> Tu as drôlement bien fait de rattraper ton retard, parce qu'il va bientôt y avoir une interro (et ce n'est même pas une blague). À guetter dans les prochains jours (teaser de folaïe)

Phoebe a dit…

Tu veux surtout pas te taper des disserts à corriger, oui

(la p*** de purge)

V à l'Ouest a dit…

Je vote pour le collège également. Le lycée, c'est stimulant intellectuellement quand on a LA bonne classe dans LA bonne section, autrement c'est comme le collège avec des plus grands et avec plus de boulot, de moins bonnes conditions de travail pour le même prix. Et moi, travailler pour la gloire (quelle gloire du reste ?) ça ne me dit rien.
Quant à cette envie des profs de collège de travailler en lycée, elle n'est plus vraiment d'actualité depuis la disparition du corps des PEGC. N'importe quel certifié ou agrégé en collège peut demander un poste en lycée.
Pour terminer, en tant que prof de langue vivante, j'aime les débutants. Essayer de donner à un môme le goût de la langue et le voir comprendre et s'exprimer dans la langue étrangère au bout de quelques mois alors qu'il est arrivé vierge de connaissances, ça me donne l'impression d'avoir servi à quelque chose et ça me stimule.