Cette année, on a mis un sacré coup de canif dans le contrat : depuis des années, les soirées d’Eurovision sont délocalisées à Celtovillers, en Amiénie, chez Poussinou. On était bien un peu obligés de batailler contre les convives rétifs qui n’avaient pas compris le concept et militaient pour qu’on regarde un match de foot, mais, bon an mal an, on arrivait à imposer nos kitschouilleries.
Las, l’édition 2010 tombait le même week-end que deux anniversaires dans ma belle-famille.Nous avions donc fait une croix non seulement sur notre virée amiénienne, mais aussi sur le spectacle. Aussi avons-nous sauté au plafond, lorsque Belle-maman nous a annoncé qu’elle entendait bien regarder l’Eurovision avec nous, faute de le faire entre copines. Le temps de sauter sur une feuille de papier (pas d’Eurovision sans grille d’évaluation, cela va de soi) et l’Azerbaïdajanaise poussait déjà la chansonnette.
2010 laissera le souvenir d’un cru sans grand éclat ni gros coup de coeur (Eurovision 2000, que tu me sembles loin!), mais on a tout de même connu bien pire. Déjà, il n’était pas indispensable cette fois-ci de parler très fort entre chaque prestation pour couvrir les commentaires : contre toute attente, Bern et Hanouna se sont honorablement acquittés de leur mission, y compris en commentant l’allure des ambassadeurs de chaque jury national au moment du décompte des points, ce qui est quand même un exercice de style essentiel (cette année encore, écrasante majorité de bimbos, parsemée de quelques analystes du CAC40; la bombasse de sexe masculin attifé d’une veste grotesque étant manifestement une spécialité balte - dont un spécimen distribuant ses points en chanson, au lieu de les meugler comme sa veste en peau de vache l’y conviait; j’ai dû éponger deux litres de ma propre salive lorsque le beau gosse suédois a paru à l’écran) (c’était une longue parenthèse, hein, mais il y a presque plus à dire sur le décompte des points que sur les chansons elles-mêmes).
On s’est quand même farci le Bouclelitto espagnol deux fois, parce qu’il paraît qu’un intrus est monté sur scène pendant qu’il chantait. Je ne me suis rendu compte de rien : il y avait déjà assez d’huluberlus derrière le chanteur, déguisés en jouets (il faut au moins une insolation andalouse pour vous faire croire que faire danser un clown va vous assurer la victoire - et il faut au moins être Portugais pour trouver l’idée géniale). Tout ça pour célébrer en musique “Quelque chose de minuscule” (!), il y a de quoi être surpris...
Cette année, c’est une chanteuse de salle de bain qui a fait l’unanimité. Remarquez, elle avait l’air contente d’être là, à l’inverse du Russe dépressif (mais comme le Russe est russe, il peut compter sur une proportion stalinienne de suffrages - elles ne sont pas rancunières, les nations dépecées de l’ancien bloc soviétique), du mannequin norvégien qui avait dans les mâchoires ce qu’il n’avait pas dans les cordes vocales ou de la barbie ukrainienne à capuchon noir de bourreau.
On a eu droit à assez peu d’excentricités, dans l’ensemble : des Moldaves en costumes hideux (miam la moumoute turquoise sur l’épaule) munis d’un saxophoniste doté de lunettes noires et d’un pelvis à bascule, un Serbe sosie de Lova Moor (photo) avec des suggestions capillaires propres à interroger notre identité ontologique, et une équipe de Winx dépêchées par le Belarus.
La chouchoute de mon homme, diva islandaise issue d’un croisement entre un Bottero et une grosse meringue rouge (ce qui donne le sosie de Dawn French), n’a pas été récompensée de ses efforts : c’est en vain qu’elle a mollement tangué sur un rythme endiablé en nous offrant des oeillades coquines de fausse ingénue). Ma meute de Grecs testostéronés a eu plus de chance avec son haka de rugbymen spartiates.
Bern et Hanouna étaient effarés de voir les Turcs s’en sortir aussi bien avec leur esthétique de manga-hard rock. Leur succès m’ébahit beaucoup moins que celui de la daube belge, 6e (mais mettez-moi une balle dans la tête de ce boy-scout!) ou de celui, du couple danois (4e et navrant). Le vautrage dans les règles du jeunot britannique était, en revanche, parfaitement mérité. Le Chypriote gallois (c’est un concept) qui pensait qu’exhiber le chemin pileux qui mène à son ombilic allait lui garantir la victoire (c’est qu’on l’a vue trois fois, sa toison) n'a plus qu'à aller se rhabiller.
Quant à la plaie des dernières moutures de l’Eurovision, le phénomène du vote diplomatique, il était moins caricatural que d’habitude, puisque les jurys de professionnels ont fait leur retour, en complément des votes des téléspectateurs, mais il a quand même la peau dure.
Pitou G.
2010 laissera le souvenir d’un cru sans grand éclat ni gros coup de coeur (Eurovision 2000, que tu me sembles loin!), mais on a tout de même connu bien pire. Déjà, il n’était pas indispensable cette fois-ci de parler très fort entre chaque prestation pour couvrir les commentaires : contre toute attente, Bern et Hanouna se sont honorablement acquittés de leur mission, y compris en commentant l’allure des ambassadeurs de chaque jury national au moment du décompte des points, ce qui est quand même un exercice de style essentiel (cette année encore, écrasante majorité de bimbos, parsemée de quelques analystes du CAC40; la bombasse de sexe masculin attifé d’une veste grotesque étant manifestement une spécialité balte - dont un spécimen distribuant ses points en chanson, au lieu de les meugler comme sa veste en peau de vache l’y conviait; j’ai dû éponger deux litres de ma propre salive lorsque le beau gosse suédois a paru à l’écran) (c’était une longue parenthèse, hein, mais il y a presque plus à dire sur le décompte des points que sur les chansons elles-mêmes).
On s’est quand même farci le Bouclelitto espagnol deux fois, parce qu’il paraît qu’un intrus est monté sur scène pendant qu’il chantait. Je ne me suis rendu compte de rien : il y avait déjà assez d’huluberlus derrière le chanteur, déguisés en jouets (il faut au moins une insolation andalouse pour vous faire croire que faire danser un clown va vous assurer la victoire - et il faut au moins être Portugais pour trouver l’idée géniale). Tout ça pour célébrer en musique “Quelque chose de minuscule” (!), il y a de quoi être surpris...
Cette année, c’est une chanteuse de salle de bain qui a fait l’unanimité. Remarquez, elle avait l’air contente d’être là, à l’inverse du Russe dépressif (mais comme le Russe est russe, il peut compter sur une proportion stalinienne de suffrages - elles ne sont pas rancunières, les nations dépecées de l’ancien bloc soviétique), du mannequin norvégien qui avait dans les mâchoires ce qu’il n’avait pas dans les cordes vocales ou de la barbie ukrainienne à capuchon noir de bourreau.
On a eu droit à assez peu d’excentricités, dans l’ensemble : des Moldaves en costumes hideux (miam la moumoute turquoise sur l’épaule) munis d’un saxophoniste doté de lunettes noires et d’un pelvis à bascule, un Serbe sosie de Lova Moor (photo) avec des suggestions capillaires propres à interroger notre identité ontologique, et une équipe de Winx dépêchées par le Belarus.
La chouchoute de mon homme, diva islandaise issue d’un croisement entre un Bottero et une grosse meringue rouge (ce qui donne le sosie de Dawn French), n’a pas été récompensée de ses efforts : c’est en vain qu’elle a mollement tangué sur un rythme endiablé en nous offrant des oeillades coquines de fausse ingénue). Ma meute de Grecs testostéronés a eu plus de chance avec son haka de rugbymen spartiates.
Elle a ce "je ne sais quoi" qui en fait la préférée de Pitou V.
Tiens, les All Black ont perdu leur ballon
Bern et Hanouna étaient effarés de voir les Turcs s’en sortir aussi bien avec leur esthétique de manga-hard rock. Leur succès m’ébahit beaucoup moins que celui de la daube belge, 6e (mais mettez-moi une balle dans la tête de ce boy-scout!) ou de celui, du couple danois (4e et navrant). Le vautrage dans les règles du jeunot britannique était, en revanche, parfaitement mérité. Le Chypriote gallois (c’est un concept) qui pensait qu’exhiber le chemin pileux qui mène à son ombilic allait lui garantir la victoire (c’est qu’on l’a vue trois fois, sa toison) n'a plus qu'à aller se rhabiller.
Quant à la plaie des dernières moutures de l’Eurovision, le phénomène du vote diplomatique, il était moins caricatural que d’habitude, puisque les jurys de professionnels ont fait leur retour, en complément des votes des téléspectateurs, mais il a quand même la peau dure.
Pitou G.
9 commentaires:
Flute, je l'ai loupe (curıeusement, pas de deferlement de liesse populaire ici suite au bon resultat de la Turquie).
Quoi qu'il en soit, et sans le son (pas trouve, mais c'est mieux, ça ne parasite pas l'esthetique des tableaux), je trouve que Giorgos Alkaios & Friends ont eu une presence scenique nettement plus affirmee qu'Hera Björk.(qui a un nom qui convient parfaitement a mon clavier).
L'an passé je n'ai pas osé. cette année, si!
MERCI! Oui, MERCI! Grâce à vous je ne me fade pas une soirée télé de m...e, et en plus je bénéficie, avec un très léger différé, d'un commentaire qui a le mérite de me faire rire.
Vous m'évitez le pire et m'offrez le meilleur de vos commentaires! Que demander de plus, hein! Décidément je vous aime bien tous les deux!!!
Ca me fait penser que ça fait un an que je lis ce blog !
Ca me fait penser que ça fait un an que je lis ce blog !
Je suis tellement émue que je double-poste.
laluciole=> Je te trouve injuste avec Hera Björk, injustement sous-classée. Et puis d'abord, ce n'est pas de sa faute si elle ne rentre pas entièrement dans l'image (j'ai un petit problème avec l'incrustation des vidéo de Toi-le-tube)
MamyS=> Merci. Deux bisous, pour la peine.
Béné*3=> Dois-je déduire de ton commentaire que tu es arrivée sur Montdepitous suite à une recherche sur l'Eurovision ou est-ce juste une coïncidence?
À moi aussi, l'Eurovision me fait l'effet d'une madeleine de Proust (ou d'un blini, la mode est plus au blini depuis l'éclatement du bloc soviétique).
bon et bien même si j'ai souri dvt votre article, sachez messieurs que je ne suis tjs pas convaincue !!! il y a de fortes chances pour que l'année prochaine je zappe encore cette soirée !! (jusqu'à ce que ma fille exige de la regarder.. elle aura droit à 2 essaies. si elle est sage)
Cette année, je n'ai pas regardé ce monument car je n'ai pas su. Tendrépoux et moi-même apprécions le caractère ovniesque des sélectionnés et moi j'adore le billet Eurovision. A propos d'ovnis, tu n'as jamais aimé Angélique? Bises à vous deux et à très bientôt.
Jebaguenaudedanslespaturages.
Je m'insurge contre "la daube belge" !!! C'était de loin la meilleure chanson de cette soirée ! Pas très "eurovision" en effet mais une parfaite chanson folk qui n'avait rien à envier à de nombreux titres de radios. Sinon, j'avoue ma passion pour les moldaves : le playback de saxophone était PARFAIT !
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