C'est une institution à Haquenée : chaque année, dans les beaux jours de juin, on envoie quelques jours les gnomes encore plus à la campagne, pour les semer dans les bois et les faire encorner par des troupeaux de vaches sauvages pour s'épanouir dans le vivrensemble et l'activité de plein air. Comme on ne peut pas les envoyer tous à la fois (la verte campagne ne s'en remettrait pas), le stage se déroule en deux sessions. Et pour chacune, il fallait des volontaires pour encadrer. Vibrants de leur foi habituelle en le genre gnomique, deux Pitous se proposèrent.
On peut dire que nous avons eu le nez creux : on a choisi la semaine de rêve. Non seulement le ciel déverse sur nos têtes trombes d'eau et orages par tonneaux, mais en plus nous sommes tombés la même semaine que Helmut Stachos (remarquez, la semaine précédente, nous nous serions farcis Elmatador). Hier, pendant que nous pique-niquions entre deux ondées, en tout bien tout honneur, au milieu des bambins stupéfaits de nous voir casser la croûte*, Helmut s'est planté devant moi et a bramé :
"J'ai beaucoup pensé à toi hier (pas devant les enfants, Helmut!) : j'ai vu une pub à la télé pour de l'eau. De la Quézac. Quézac eau, kézako, c'est drôle, non?"
Je suis resté coi un long moment, en proie à une longue et perplexe introspection : mais pourquoi est-ce qu'il me dit ça, à moi? Et pourquoi est-ce qu'il parle, d'abord? Il ne pourrait pas plutôt aller s'étouffer avec une poignée de chips au vinaigre? Croit-il depuis tout ce temps que je m'appelle Quézac? Lui ai-je fait dans un grand moment de désespoir la fausse confidence de mes origines cévenoles ou de ma passion pour les eaux pétillantes? Trouve-t-il que je m'exprime dans un curieux sabir qui lui rappelorio Quézac?
Peut-être bien qu'il a si peu d'estime pour mon amour des calembours qu'il croit que celui-ci va me causer un fou rire d'anthologie propre à inonder de mon urine mes habits crottés de boue...
J'en étais à ce point de mes méditations, lorsque j'ai constaté qu'il attendait une réponse de ma part, et que les gnomes et mon homme qui étaient assis près de moi guettaient ma réaction, tandis qu'Helmut répétait :
"Quézaco! C'est drôle hein! Je me disais que tu pourrais l'inscrire dans ta salle de classe!"
Rien à faire : je ne comprends pas du tout ce qu'il me veut, c'est terriblement angoissant. Et que répondre à ça? "Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin tu te casses"? La répartie aurait été bien trouvée, mais elle ne me vient pas sur le coup. Et puis devant les gnomes, mieux vaut afficher une indéfectible solidarité dans l'équipe. J'opte donc pour une réponse pleine de civilité, un "si ça peut te faire plaisir" de bon aloi.
Mais au vu de l'hilarité des enfants, quelque chose me dit que le ton n'était pas aussi urbain qu'escompté...
Pitou G
*Devinez qui est arrivé avec un pique-nique de haute qualité nutritionnelle (radis, oeufs durs et salade composée végétalienne - tout juste si on n'a pas collationné de tofu au tofu) pendant que tout le monde s'empiffrait de monster munch et de dragibus. Allions-nous pour autant nous priver d'extorquer aux gnomes chips et sucreries ("Ta moyenne trimestrielle te le rendra!")?
On peut dire que nous avons eu le nez creux : on a choisi la semaine de rêve. Non seulement le ciel déverse sur nos têtes trombes d'eau et orages par tonneaux, mais en plus nous sommes tombés la même semaine que Helmut Stachos (remarquez, la semaine précédente, nous nous serions farcis Elmatador). Hier, pendant que nous pique-niquions entre deux ondées, en tout bien tout honneur, au milieu des bambins stupéfaits de nous voir casser la croûte*, Helmut s'est planté devant moi et a bramé :
"J'ai beaucoup pensé à toi hier (pas devant les enfants, Helmut!) : j'ai vu une pub à la télé pour de l'eau. De la Quézac. Quézac eau, kézako, c'est drôle, non?"
Je suis resté coi un long moment, en proie à une longue et perplexe introspection : mais pourquoi est-ce qu'il me dit ça, à moi? Et pourquoi est-ce qu'il parle, d'abord? Il ne pourrait pas plutôt aller s'étouffer avec une poignée de chips au vinaigre? Croit-il depuis tout ce temps que je m'appelle Quézac? Lui ai-je fait dans un grand moment de désespoir la fausse confidence de mes origines cévenoles ou de ma passion pour les eaux pétillantes? Trouve-t-il que je m'exprime dans un curieux sabir qui lui rappelorio Quézac?
Peut-être bien qu'il a si peu d'estime pour mon amour des calembours qu'il croit que celui-ci va me causer un fou rire d'anthologie propre à inonder de mon urine mes habits crottés de boue...
J'en étais à ce point de mes méditations, lorsque j'ai constaté qu'il attendait une réponse de ma part, et que les gnomes et mon homme qui étaient assis près de moi guettaient ma réaction, tandis qu'Helmut répétait :
"Quézaco! C'est drôle hein! Je me disais que tu pourrais l'inscrire dans ta salle de classe!"
Rien à faire : je ne comprends pas du tout ce qu'il me veut, c'est terriblement angoissant. Et que répondre à ça? "Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin tu te casses"? La répartie aurait été bien trouvée, mais elle ne me vient pas sur le coup. Et puis devant les gnomes, mieux vaut afficher une indéfectible solidarité dans l'équipe. J'opte donc pour une réponse pleine de civilité, un "si ça peut te faire plaisir" de bon aloi.
Mais au vu de l'hilarité des enfants, quelque chose me dit que le ton n'était pas aussi urbain qu'escompté...
Pitou G
*Devinez qui est arrivé avec un pique-nique de haute qualité nutritionnelle (radis, oeufs durs et salade composée végétalienne - tout juste si on n'a pas collationné de tofu au tofu) pendant que tout le monde s'empiffrait de monster munch et de dragibus. Allions-nous pour autant nous priver d'extorquer aux gnomes chips et sucreries ("Ta moyenne trimestrielle te le rendra!")?
2 commentaires:
Je vais vous faire frémir : en fait Helmut connaît votre blog et espère que son jeu de mots pourra un jour rivaliser avec les vôtres sur le titre d'un de vos articles avec un copyright de bon aloi.
la même idée m'est venue: helmut connaissant votre blog veut s'y voir en toutes lettres. Il a gagné!:(
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