Il y a une question à laquelle je déteste répondre et, évidemment, c'est celle que l'on ne manque jamais de me poser : "Mais à quoi ça sert, le latin?"
Bien qu'il se trouve des professeurs de langues anciennes pour prétendre que c'est inutile ou au mieux un loisir pour gosses de riches, je pourrais fournir à cette question des milliers de réponses différentes, tout en ayant conscience que chacune pourrait être contre-productive (genre qui fait fuir les élèves). Inutiles, grec et latin le sont tout autant que les arts ou les mathématiques, ce qui les rend à mon sens indispensables à une éducation aboutie. On ne m'ôtera jamais de l'idée qu'il n'existe rien de mieux pour structurer sa pensée que leur apprentissage. En tant qu'objet de savoir, toutefois, je ne nie pas qu'il soit d'un intérêt limité pour la vie quotidienne de savoir décliner civis, is, m ou ἡ γλῶττα (mais ni plus ni moins que l'écrasante majorité de ce qu'on apprend dans les disciplines non optionnelles).
Laissons de côté tous les bénéfices secondaires du latin, aussi triviaux que l'élargissement du vocabulaire ou le développement des capacités d'analyse et de l'appétence intellectuelle, pour nous concentrer sur l'une de ses missions les plus nobles : pondre des devises classieuses pour collectivités territoriales, des Fluctuat nec mergitur ou des A Mari Usque Ad Mare. M'est avis que la commune d'Etretat n'a pas fait appel aux plus fins latinistes de France pour celle qui orne le parvis de son Hôtel de Ville :
J'imagine que dans l'esprit de ses concepteurs, cela signifie quelque chose comme " Mes portes sont toujours ouvertes", intuition confirmée par les deux clés d'or barrant ce blason. Nous passerons vite sur le choix étonnant d'un temps du passé qui fait dire à peu près le contraire de l'intention : "Mes portes furent toujours ouvertes* (mais aujourd'hui, tu peux poireauter longtemps avant qu'on t'ouvre)". Attendre la forme "aperiuntur" relevait de ma part, je le concède, d'une forme de fanatisme linguistique.
Mais ce qui est fascinant dans la langue latine, c'est qu'en dépit de sa concision (et précisément à cause d'elle), il est possible de faire plein de bourdes en peu de mots - et croyez-le bien, j'en ai fait plusieurs fois l'amère expérience au cours de mes études. C'est probablement ce qu'a voulu nous démontrer le céramiste dyslexique qui a fourni les carreaux ci-dessus en écrivant :
Bien qu'il se trouve des professeurs de langues anciennes pour prétendre que c'est inutile ou au mieux un loisir pour gosses de riches, je pourrais fournir à cette question des milliers de réponses différentes, tout en ayant conscience que chacune pourrait être contre-productive (genre qui fait fuir les élèves). Inutiles, grec et latin le sont tout autant que les arts ou les mathématiques, ce qui les rend à mon sens indispensables à une éducation aboutie. On ne m'ôtera jamais de l'idée qu'il n'existe rien de mieux pour structurer sa pensée que leur apprentissage. En tant qu'objet de savoir, toutefois, je ne nie pas qu'il soit d'un intérêt limité pour la vie quotidienne de savoir décliner civis, is, m ou ἡ γλῶττα (mais ni plus ni moins que l'écrasante majorité de ce qu'on apprend dans les disciplines non optionnelles).
Laissons de côté tous les bénéfices secondaires du latin, aussi triviaux que l'élargissement du vocabulaire ou le développement des capacités d'analyse et de l'appétence intellectuelle, pour nous concentrer sur l'une de ses missions les plus nobles : pondre des devises classieuses pour collectivités territoriales, des Fluctuat nec mergitur ou des A Mari Usque Ad Mare. M'est avis que la commune d'Etretat n'a pas fait appel aux plus fins latinistes de France pour celle qui orne le parvis de son Hôtel de Ville :
J'imagine que dans l'esprit de ses concepteurs, cela signifie quelque chose comme " Mes portes sont toujours ouvertes", intuition confirmée par les deux clés d'or barrant ce blason. Nous passerons vite sur le choix étonnant d'un temps du passé qui fait dire à peu près le contraire de l'intention : "Mes portes furent toujours ouvertes* (mais aujourd'hui, tu peux poireauter longtemps avant qu'on t'ouvre)". Attendre la forme "aperiuntur" relevait de ma part, je le concède, d'une forme de fanatisme linguistique.
Mais ce qui est fascinant dans la langue latine, c'est qu'en dépit de sa concision (et précisément à cause d'elle), il est possible de faire plein de bourdes en peu de mots - et croyez-le bien, j'en ai fait plusieurs fois l'amère expérience au cours de mes études. C'est probablement ce qu'a voulu nous démontrer le céramiste dyslexique qui a fourni les carreaux ci-dessus en écrivant :
"semper apertea sunt meae portae"
que je traduirais par"Toujours ouvesrte furent mes portes"
Pitou G
* Faut-il y lire un lapsus illustrant le côté suranné d'Etretat?
P.S. : mon Pitou V. a eu 28 ans hier. C'est évidemment parce que j'étais enchaîné aux fourneaux que je n'ai pas publié depuis longtemps (vous voyez une autreexcuse explication, vous?).
Alors bien sûr, ça ne veut rien dire. Mais notez bien que si le but avait été de se faire comprendre, on l'aurait écrit en français. Si ça peut éviter au maire d'être dérangé toutes les cinq minutes par ses administrés...
Pitou G
* Faut-il y lire un lapsus illustrant le côté suranné d'Etretat?
P.S. : mon Pitou V. a eu 28 ans hier. C'est évidemment parce que j'étais enchaîné aux fourneaux que je n'ai pas publié depuis longtemps (vous voyez une autre
8 commentaires:
Bon anniversaire V. Et que l'année qui s'écoulera entre celui-ci et le suivant soit heureuse et fructueuse.
"Bien qu'il se trouve des professeurs de langues anciennes pour prétendre que c'est inutile ou au mieux un loisir pour gosses de riches," Je pense me reconnaître ... nous avons déjà eu une longue conversation la dessus.
Tu sais bien que nous ne sommes plus au temps des années 50 où seuls les bons élèves " continuaient " des études... Maintenant tout le monde a droit au latin ,même ceux qui ne sont pas compétents et il ne devient plus un choix , mais un argument pour avoir une classe de plus , et on n'y met pas uniquement des volontaires ... mais des pauvres types qui peinent à suivre, et qui auraient évidemment intérêt à mieux travailler français maths et anglais...
La culture doit être quelque chose de volontaire ... or ce n'est plus le cas pour les latinistes .
Le latin est devenu un choix politique en grande partie...
Enfin, nous n'allons pas recommencer notre discussion , mais , profs et élèves souffrent souvent de cette option qui finit par devenir obligatoire pour " faire du nombre dans une classe ! " et ne pas fermer l'option
Je sais ma réflexion est très terre à terre . Cependant la grande majorité ( pour ne pas dire l'énorme majorité ), après 3 ans de latin l'abandonne joyeusement en seconde . Alors temps perdu , et argent ? sûrement!
Franchement , à l'étranger , je parle anglais , je n'ai jamais parlé latin ...
Dans ce cas, il serait aussi utile de faire apprendre les échecs , ou le morpion pour développer la stratégie ...
Amitiés
TAdF.
Ite misa est.
Et bon anniversaire à mon jeune homonyme !
comment ça les maths ne servent à rien??? :-)
Entièrement d'acc pour la structuration de la pensée, de l'analyse etc qu'appportent latin et grec (et moi qui n'ai fait 1 an de grec, je suis ravie de ne pas confondre les dzeta et les ksi comme bcp de matheux!) et je trouve scandaleux qu'on ne les propose plus ds mon lycée (le + gros de l'académie) pour raisons financières : les bons élèves vont dc ailleurs. Car efectivement, tOut ce qui est superflu s'adresse aux bons, les autres ayant dejà assez de mal avec les amtières de base..
Quant à moi, il m'arrive de svt de répondre "à avoir ton bac, et c'est tout" quand un élève me demande à quoi servent les math : ceux qui le demandent ne comprendront jms que ça sert à structurer leur pensée, à quoi bon le leur dire?
et j'ai oublié.. bon anni PitouV !!
En retard donc (mais vieut maux jard que taimais)
Bon anniversaire Pitou V.
Mon intervention n'ajoutera rien au débat, mais je peux dire que l'un des plus grands regrets de ma vie est de ne pas avoir appris le latin et le grec.
Je repense très souvent à une scène très émouvante du film « Padre padrone » où l'on voit un jeune berger ayant toujours vécu dans les montagnes et qui ne savait ni lire ni écrire. Pour fuir le père tyrannique et échapper à un cruel destin, le jeune homme a rejoint l'armée. Dans cette scène, on entend le jeune soldat, qui un peu plus tôt ne savait pas lire, réciter en latin des vers de Virgile dans son char d'assaut, vers auxquels répond un camarade dans le char d'assaut voisin...
J'ai envoyé par courriel mes voeux à Pitou V., mais puisque l'événement est souligné ici, je renouvelle donc à monsieur V. mes voeux les plus chaleureux pour un joyeux anniversaire qui, à en croire Pitou G., a dû être riche en... calories.
je reprends ce qu'a dit Alcib :
" Mon intervention n'ajoutera rien au débat, mais je peux dire que l'un des plus grands regrets de ma vie est de ne pas avoir appris le latin et le grec."
On me dit souvent : quelle chance tu as de savoir jouer du piano... Oui, et quels ennuis et quels désagréments j'ai dû subir pendant des années pour avoir l'occasion de dire ( rarement ) je sais jouer du piano... On oublie trop souvent les forts désagréments préalables à apprendre pour savoir " faire " quelque chose ! Evidemment , si cela entrait tout seul, ce serait différent.
Je ne sais pas quel est l'âge d'Alcib , mais rien ne lui empêche de commencer à apprendre le latin et le grec ... Il n'est jamais trop tard !
( Sans rancune ... )
Amicalement
TAdF
Bon anniversaire mon V. et peut-on pousser l'indiscrétion jusqu'à demander quel présent Pitou G. a fait jaillir de derrière son dos pour surprendre le Pitou V. frétillant d'une légitime curiosité devant l'air malicieux du premier?
Jebagueneudedanslespaturagesdétrempés.
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