Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mardi 27 avril 2010

S(ouvent) V(raiment) T(ordu)

Il y a peu, je vous expliquais que chaque professeur trouvait dans la matière qu'il enseigne des subtilités à nulle autre pareilles. C'était compter sans mon audace et ma polyvalence : je me suis essayé aux sciences naturelles (ce n'était pas tout à fait la première fois) et me suis rendu compte que la représentation du monde d'un adolescent était en tout point baroque.

Acte I : Qui a pondu le premier oeuf : la poule ou Ombeline?
C'était pourtant un cours tout ce qu'il y avait de plus ordinaire: des ados, un prof, Victor Hugo et Napoléon le petit.
Sa grandeur éblouit l'histoire.
Quinze ans, il fut
Le dieu que traînait la victoire
Sur un affût ;
L'Europe sous sa loi guerrière
Se débattit. -
Toi, son singe, marche derrière,
Petit, petit.*

"Petit, petit" étant répété à la fin de chaque strophe, il a attiré l'attention:
Fillette : On dirait qu'il appelle un petit animal.
Pitou G. : On imagine bien une fermière distribuer des graines aux poules en criant "petit, petit".
Vanth : Moi, j'aurais plutôt dit des oiseaux!
Pitou G. : Oui. En même temps, une poule, c'est un oiseau...
Ombeline : Quoi? Une poule, c'est un oiseau?

Ombeline est une professionnelle de l'exclamation candide. Je m'apprêtais à mettre gentiment en boîte cette oie blanche quand je me suis aperçu que toute la classe écarquillait les yeux. Avec ma poule-oiseau, j'avais ébranlé toutes leurs certitudes.

Pitou G. : Mais vous pensiez que c'était quoi, vous, une poule?
Charline : Moi, j'aurais dit : un volatile.
Ombeline : Et moi : une volaille! (tu es trop dure avec toi-même, Ombeline)
Pitou G. : Certes, on peut dire ça aussi. Mais une poule, on est d'accord, ça pond des oeufs, ça porte des plumes, ça a un bec et des ailes. C'est donc un oi-seau.

Silence atterré.

Pitou G. : C'est un oiseau. Au même titre que le pigeon, le rossignol, l'autruche et le pingouin.
Bonnemine : Parce que le pingouin, c'est un oiseau aussi?
Médéric : Et le manchot, est-ce que c'est un oiseau?
Pitou G. : Bonne mère! Et si on en revenait à nos moutons?

Une demi-heure après, en quittant la salle, Bonnemine me salua à sa façon : "N'empêche, vous m'avez trop déçue! Pour moi, une poule, ça sera jamais un oiseau!"
Faucon en reparle.


Acte II : sourd comme un pot de vache

Avant d'interpréter la signification de ce bas-relief, il faut déjà être capable de le décrire. Invités à reconnaître les animaux représentés, les élèves se sont heurtés à un léger (et superflu) problème d'identification : en bas au centre, est-ce que c'est un taureau ou un boeuf?

Pitou G. : Comment voulez-vous qu'on le sache : il est allongé!
Vanth : gné?
Pitou G. : Vous, vous n'avez pas l'air de connaître la différence entre le boeuf et le taureau...
Ombeline : Moi je sais. C'est un taureau : il a des cornes.
Demoiselle : Le boeuf aussi a des cornes!
Ombeline : Ah, je suis bête! C'est la vache qui n'a pas de cornes : elle a des oreilles!

Qui explique à Ombeline que les cornets acoustiques ne permettent d'entendre que si on est préalablement équipé d'oreilles? Je crains le dialogue de sourds...

Pitou G.

* "Chanson" (VII,6), Les Châtiments, V.H.

3 commentaires:

Alcib a dit…

Ah, les bonheurs de l'enseignement !
Dire que je passe à côté de tout cela !
Heureusement que Les Pitous sont là pour nous faire partager leurs joies.

MamyS a dit…

Pas 6h et je pleure de rire!....

Anna a dit…

J'hésite entre le rire (fou) et la navrance (profonde).