Je m'éveille tout juste et à grand peine d'une longue sieste de neuf jours trois heures. Et puisque pour la première fois depuis des lustres, j'ai un peu de temps disponible devant moi, j'ai décidé de traîner mes guêtres sur ce blog que nous avons délaissé dans l'indifférence générale, notons-le. Il ne s'est pas trouvé une seule âme charitable pour s'émouvoir de notre absence. Montdepitous ne s'est pas remis des ponts du mois de mai où les fleurs volent au vent ponts croissent en vain.
De toutes les esquisses d'articles qui ont effleuré ma fantasque caboche, inutile de vous dire que bien peu ont survécu à cette interminable abstinence bloguinale. Ils ont rejoint, dans les champs d'asphodèles des enfers virgiliens ou les limbes chrétiennes, les bébés morts-nés. Vous auront donc été (presque) épargnés :
- le récit exaltant de mes coups de soleil;
- la corruscante évocation de Pitou G. soufflant dans la juvénile chevelure de Catul, pour l'empêcher de basculer dans un sommeil visqueux;
- l'ébouriffante virée de Pitou V et de notre classe fétiche dans la capitale régionale pour y recevoir un prix.
- les âpres tractations concernant notre future salle de bain et/ou terrasse en bois.
Ne sauvons du magma de notre passé récent que neuf jours de silence ont laissé informe dans nos lobes préfrontaux, que notre retour au MABnoir, jeudi dernier. Lors de notre précédente visite, nous avions promis de participer au grand lifting de la demeure, en prévision du mariage de MAB. Le problème des grandes maisons, c'est que ça fait beaucoup d'huisseries à repeindre. Entendons-nous bien : je parle de portes, de fenêtres et de volets qui n'ont pas connu l'ombre d'un pinceau depuis vingt ans. Mais que représentent vingt ans à l'échelle de leur loooooongue vie? Je vous laisse imaginer l'état des portes à repeindre, ainsi que le prix faramineux de la peinture spéciale "bois abîmé" (les marchands de couleurs ont l'art de l'euphémisme). Cette dernière remarque pourrait sembler très terre à terre, mais le détail a son importance.
Nous voici six courageux trentenaires ou presque : MAB et son promis, Péopéo et son mari ainsi que vos deux dévoués Pitous, armés de deux rouleaux et de quatre pinceaux. Face à nous, moult mètres carrés de bois rongés et de grille menacée par la rouille. Dans leurs pots respectifs, les peintures bleu canard pour le bois, blanche pour le métal. Le tout pour une petite fortune en pétro-dollars, je le rappelle.
Nous n'avons visiblement pas tous la même expérience des travaux. Bien que nous ayons la fâcheuse tendance de ne pas terminer nos chantiers, nous sommes qualifiés ès tartouillages. Péopéo et Wanounet, propriétaires depuis moins longtemps que nous, en sont encore à rêver de ce qu'ils vont faire de leur "pièce-moche". Ceci explique sans doute que madame ait une conception si personnelle des guenilles adaptées aux travaux salissants, genre pique-nique au parc Monceau. MAB était surtout préoccupée de papoter en travaillant. Quant à son fiancé, il se décrivait lui-même comme un bourrin en travaux manuels. Le fait est qu'il était assez enclin à repeindre les murs en même temps que les portes. Mais n'est pas toujours le plus bourrin celui qu'on croit.
De temps à autres, les parents de MAB, eux-mêmes très occupés par ailleurs, venaient aux nouvelles et faisaient mine de s'extasier devant nos résultats. Peut-être n'approchaient-ils pas assez pour voir les toiles d'araignées et les couches de poussière que l'on enduisait de bleu avec la même ardeur que le bois? À notre décharge, les portes avaient officiellement déjà été lavées. Alors, avec l'application de moines zen, nous avons fait comme si nous ne ne voyions pas le lichen lécher le bas des portes...
J'ai évidemment choisi le moment où la mère de MAB venait nous voir pour catastouffer à ma façon : alors que je reculais pour observer le résultat de mes soins minutieux (j'ai le défaut de tous les myopes : perfectionniste dans le détail), j'ai envoyé valser d'une bonne talonnade le pot de peinture, l'unique pot de peinture acheté pour cause de prix excessif (il faut reconnaître aux parents de MAB un optimisme admirable). Il fallait voir le liquide poisseux s'épandre en une longue coulée bleu canard sur la terre battue. Il fallait voir aussi mon air pénétré de godiche* et la séance de pêche à la cuillère qui a suivi : MAB, Peopéo et moi, à genoux dans la poussière, reversant dans le pot un mélange de peinture, de sable et de brindilles. La mixture visqueuse tombait dans le récipient avec un bruit mat de plouf étouffé.
Pitou G.
* j'avais initialement écrit : mon air de godiche pénétrée. Vous conviendrez avec moi que, bien que le sens en soit plus satisfaisant, l'expression est évidemment déplacée sur un blog de haute tenue morale.
De toutes les esquisses d'articles qui ont effleuré ma fantasque caboche, inutile de vous dire que bien peu ont survécu à cette interminable abstinence bloguinale. Ils ont rejoint, dans les champs d'asphodèles des enfers virgiliens ou les limbes chrétiennes, les bébés morts-nés. Vous auront donc été (presque) épargnés :
- le récit exaltant de mes coups de soleil;
- la corruscante évocation de Pitou G. soufflant dans la juvénile chevelure de Catul, pour l'empêcher de basculer dans un sommeil visqueux;
- l'ébouriffante virée de Pitou V et de notre classe fétiche dans la capitale régionale pour y recevoir un prix.
- les âpres tractations concernant notre future salle de bain et/ou terrasse en bois.
Ne sauvons du magma de notre passé récent que neuf jours de silence ont laissé informe dans nos lobes préfrontaux, que notre retour au MABnoir, jeudi dernier. Lors de notre précédente visite, nous avions promis de participer au grand lifting de la demeure, en prévision du mariage de MAB. Le problème des grandes maisons, c'est que ça fait beaucoup d'huisseries à repeindre. Entendons-nous bien : je parle de portes, de fenêtres et de volets qui n'ont pas connu l'ombre d'un pinceau depuis vingt ans. Mais que représentent vingt ans à l'échelle de leur loooooongue vie? Je vous laisse imaginer l'état des portes à repeindre, ainsi que le prix faramineux de la peinture spéciale "bois abîmé" (les marchands de couleurs ont l'art de l'euphémisme). Cette dernière remarque pourrait sembler très terre à terre, mais le détail a son importance.
Nous voici six courageux trentenaires ou presque : MAB et son promis, Péopéo et son mari ainsi que vos deux dévoués Pitous, armés de deux rouleaux et de quatre pinceaux. Face à nous, moult mètres carrés de bois rongés et de grille menacée par la rouille. Dans leurs pots respectifs, les peintures bleu canard pour le bois, blanche pour le métal. Le tout pour une petite fortune en pétro-dollars, je le rappelle.
Nous n'avons visiblement pas tous la même expérience des travaux. Bien que nous ayons la fâcheuse tendance de ne pas terminer nos chantiers, nous sommes qualifiés ès tartouillages. Péopéo et Wanounet, propriétaires depuis moins longtemps que nous, en sont encore à rêver de ce qu'ils vont faire de leur "pièce-moche". Ceci explique sans doute que madame ait une conception si personnelle des guenilles adaptées aux travaux salissants, genre pique-nique au parc Monceau. MAB était surtout préoccupée de papoter en travaillant. Quant à son fiancé, il se décrivait lui-même comme un bourrin en travaux manuels. Le fait est qu'il était assez enclin à repeindre les murs en même temps que les portes. Mais n'est pas toujours le plus bourrin celui qu'on croit.
De temps à autres, les parents de MAB, eux-mêmes très occupés par ailleurs, venaient aux nouvelles et faisaient mine de s'extasier devant nos résultats. Peut-être n'approchaient-ils pas assez pour voir les toiles d'araignées et les couches de poussière que l'on enduisait de bleu avec la même ardeur que le bois? À notre décharge, les portes avaient officiellement déjà été lavées. Alors, avec l'application de moines zen, nous avons fait comme si nous ne ne voyions pas le lichen lécher le bas des portes...
J'ai évidemment choisi le moment où la mère de MAB venait nous voir pour catastouffer à ma façon : alors que je reculais pour observer le résultat de mes soins minutieux (j'ai le défaut de tous les myopes : perfectionniste dans le détail), j'ai envoyé valser d'une bonne talonnade le pot de peinture, l'unique pot de peinture acheté pour cause de prix excessif (il faut reconnaître aux parents de MAB un optimisme admirable). Il fallait voir le liquide poisseux s'épandre en une longue coulée bleu canard sur la terre battue. Il fallait voir aussi mon air pénétré de godiche* et la séance de pêche à la cuillère qui a suivi : MAB, Peopéo et moi, à genoux dans la poussière, reversant dans le pot un mélange de peinture, de sable et de brindilles. La mixture visqueuse tombait dans le récipient avec un bruit mat de plouf étouffé.
"Ça va mieux boucher les crevasses!"
MAB a hérité de ses parents un enthousiasmant optimisme...Pitou G.
* j'avais initialement écrit : mon air de godiche pénétrée. Vous conviendrez avec moi que, bien que le sens en soit plus satisfaisant, l'expression est évidemment déplacée sur un blog de haute tenue morale.
5 commentaires:
Cheer up, Pitou G ! Ben moi je me disais aujourd'hui même que votre silence devenait inquiétant. Je pense que d'ici peu, je me serais fendu d'un petit mail, mais ça devient inutile.
Moi aussi, j'ai beaucoup de peintures à faire. Malheureusement, je n'ai pas un sou vaillant pour acheter ce qu'il faut.Mais je note que vous êtes experts en la matière, et quoi que vous fassiez, ça ne pourra jamais être pire que ce dont je suis capable.
Life's a piece of shit when you look at it ? Meuh non...
moi, je prenais mon mal en patience, tout le monde fait la grève bloguinale avec ces ponts..
Mais je retiens que vous etes experts, et .. si le we chatal s'avère être un we pluvieux, pitetre que je trouverai à vous occuper???
(faut qu'on en recause d'ailleurs, notamment coté destination..)
Oui, je commençais à m'interroger sur ce trop long silence. mais de quel droit vous interpeller sur le mode "hé les Pitous, c'est quoi ce grand silence?"... Non.... Avec ma grande générosité naturelle, je vous accorde le droit de ne pas publier...
Pour la peinture à la toile d'araignée et à la poussière, c'est ce qui avait été fait dans l'appart' actuel par le proprio... mais il y a au moins 20 ans! ça vieillit très, très mal la toile d'araignée boulottée-peinte!
Moi je me suis dit : "quelle bande de feignasses !"
Tres merci Pitou G., pour le vie de Brian des Monty Python...( je le aver pas vu lui)
Je va prender ce philosophy a partir ce moment!!Je plus (more) du chance de eux..apret tout!!
Je quand meme mon lit et acrocher que un cote!!
Well, il faut je aprender pour siffler..mais je va garder le esprit du message , ca c'est le important.
C'est domage je le saver pas avant..je aura pu le diser dans mon travail..et ce pouver aider au moins autant que tous les chose que je doner!!!
Bon journee du ecole
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