Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

lundi 18 mai 2009

Amours ça flique

Mortifié, je suis mor-ti-fié...

J'envisage de changer de bahut à la rentrée prochaine.

Aujourd'hui, j'ai distribué à ma classe de poètes un poème archi-connu de Catulle-deux-l-e adressé à Lesbia. Sans me laisser le temps de dire ouf, Catul-pas-de-e a évidemment réagi, eh m'sieur, est-ce qu'il y a un rapport avec les lesbiennes? Laisse-moi deux minutes, Catul, je vais t'expliquer (note pour-moi-même : c'est assez fun d'écrire un dialogue comme un gnome de 6e, finalement).

Rien de préoccupant dans tout cela : je blêmirai le jour où un paquet d'hormones de 14 ans lira le nom de Lesbia sans tiquer - ça ne pourrait signifier qu'une chose : il ne sait pas lire. De la part de Catul, un tel silence aurait été vraiment alarmant (commotion cérébrale? embrigadement chez les scientologues voire, non, c'est trop affreux, chez les scouts?). Que nenni, mon brave Catul, fidèle comme un beauceron, s'est rué sur le petit moineau de Lesbie comme l'acné juvénile sur un collège, soyons rassurés.

Pas de quoi rougir comme une communiante, je satisfais la curiosité de Catul, franchis la Méditerranée jusqu'à Mytilène, sur l'île de Lesbos et remonte jusqu'à l'époque de Sapphô, juste avant qu'elle ne fasse son célèbre triple lutz à Leucade. J'en profite pour revenir à Rome, raconter les frasques de Lesbia, alias Clodia, et de son frère Clodius. Là-dessus, soulevé par une vague de désinvolture (connu sous le nom d'effet de 17 heures moins le quart), je claironne d'une voix de stentor décomplexé :

"Ça y est? Plus de question sur les lesbiennes?"

À ce moment précis, je le jure sur la tête de Roland Marci, je vois la porte de ma salle s'entrouvrir et le bras frêle d'une surveillante s'emparer furtivement du billet d'absence (à dix minutes de la fin du cours, c'était bien ma veine). Je pique un fard d'Alexandrie, Catul manque de tomber à la renverse, Tibulle roule sous la table, Horace s'étrangle de rire. Je n'ai même pas osé jeté un coup d'oeil aux poétesses. J'ai commencé à lire le poème tout en songeant à m'installer à vie sous mon bureau. Et entre deux fournées de baisers chaud bouillants de Catulle, j'ai éclaté de rire.

Pitou G.

10 commentaires:

joelle a dit…

Un p'tit Cormac Mac Carthy, et à la fin, tu ne trouveras pas ça drôle du tout de lire des dialogues écrits comme ceux d'un môme de 6ème !

inci a dit…

"Catule (...) s'est rué sur le petit moineau de Lesbie comme l'acné juvénile sur un collège"... ça c'est de la comparaison! J'adore ^^

Anna a dit…

Il y en a de belles à dire en bibliothèque aussi.
Un jour, à une jeune fille qui rendait des ouvrages en retard : "mademoiselle, vous êtes en retard de deux semaines".
Fard de la demoiselle "mais comment vous le savez ?"
Ouuuups...
Depuis, je dis toujours "vous deviez rendre vos livres il y a (X) semaines)". Moins ambigu.

Dom a dit…

J'aurais vraiment adoré t'avoir pour professeur, (sans doute serais je moins inculte aujourd'hui).

Merci pour le rire.

Jay a dit…

t'installer à vie sous le bureau...
une bien belle proposition...

Eric a dit…

Quelle culture... :X

MamyS a dit…

Je suis morte de rire! Ta réputation dans le bahut va s'enrichir!

Je Rêve a dit…

Huhuhuhuhu !
Enfin, tant que tu ne jures pas la tête de Frémont...

Ashley a dit…

Aaaaaaaaaaaaaaaah je viens de comprendre le titre, en moins de 10 jours, belle performance

Les Pitous a dit…

À tous=> Désolé de ne pas avoir répondu en temps et en heure. Les plus fins d'entre vous auront compris que le blog a été, comment dire, légèrement délaissé par vos serviteurs, ces derniers jours.

Ashley=> Alléluia! Il y a donc encore une moins une bonne âme pour passer ici en temps de disette (je suis justement en train de rédiger un article, pas de panique).