Il était dit que jeudi dernier étirerait ses heures sous le signe de la bête. Spéciale dédicace à notre copine LN, fondue de toutes les bêtes à poil, à plumes et à écailles.
Le matin, mes gnomes devaient me rendre leurs anthologies poétiques sur les animaux (bon, là, c'était ma faute). Je m'attendais bien sûr à ce qu'un tiers de la classe ne me rende pas son travail, c'est une tradition locale : que vous laissiez trois jours, deux semaines ou six mois, invariablement, vous trouverez toujours cinq ou six mômes pour geindre "j'ai pas eu le teeeeeeeeeeemps!" Ils ne cherchent d'ailleurs pas d'autres excuses. Plus de chien qui a mangé le devoir ou de chat qui a vomi dessus : on a atteint l'âge sans retour d'une triste et bête sincérité.
Avant de rentrer dans la salle, j'ai quand même été témoin d'une curieuse scène : une conversation franco-française avec interprète. Une gnomette en larmes s'est plantée devant moi, escortée d'une élève d'une autre classe venue m'expliquer que si l'autre pleurait, c'est parce qu'elle avait perdu sa chienne et que si elle ne le disait pas elle-même, c'est parce qu'elle avait trop honte. Moyennant quoi, deux minutes plus tard la gnomette ne pleurait plus et avait entrepris de personnaliser son agenda aux couleurs de son amoureux du moment (ce qui, à regarder de près l'amoureux en question, ne nous éloignait guère de la cynophilie).
Mais cette journée a surtout valu pour l'expérience zoomorphique qu'il m'a été donné de vivre : j'ai testé pour vous "bête de somme". J'ai découvert, deux mois après les faits, qu'en bon esclave moderne, j'ai travaillé gratis pro deo. Le concept est assez simple : vous venez travailler un jour de grève (ça m'apprendra à pactiser avec le démon), vous serrez fermement la main du grand-chef, tentez de retenir la main molle de son adjointe, souriez à tout ce qui se fait de surveillants et de collègues (presque tous présents, du reste : z'êtes sûr qu'il y a grève?) et boum, deux mois après, après avoir constaté une baisse sensible du modique traitement qui vous échoit mensuellement, vous menez votre petite enquête pour découvrir lepoteau rosse pot-aux-roses : "Vous êtes noté gréviste. C'est pas moi qui ai fait le pointage".
Evidemment, personne n'est fichu de vous expliquer comment un truc pareil a bien pu arriver, vu que vous avez bien rempli les petits billets d'absence le jour-dit. Des fois que je me sois amusé à y porter au pif le nom des élèves absents (pour certains, c'est facile à deviner) en direct du fond de mon lit, ou après m'être renseigné, via internet, auprès d'un complice venu bosser ; j'aurais alors fait parvenir mes billets d'absence par un coursier très discret. Ingénieux, non?
Je suis content, en tout cas : je bats à plates coutures les collègues qui attendent encore le versement de leurs heures supplémentaires. Moi, on ne me paie même pas mes heures de base. Et connaissant un peu le fonctionnement du bien-nommé Recto-Rat, je ne suis pas prêt de recevoir la paie de ce jour-là. Vous comprenez : ce n'est pas prévu dans le protocole, vu que ça n'arrive jamais. J'envisage donc de choisir un jour particulièrement chargé, si possible couronné par une de ces réunions dont on nous abreuve en toute saison, pour siroter une orangeade, bien calé au fond d'un transat pendant que les autres bossent comme des damnés.
Pour vérifier que j'avais bien tourné chèvre, je suis allé écouter Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns, muni d'une invitation officielle, pendant que mon homme jouait à son tour l'esclave moderne, la bête de somme assommée par ses obligations d'élu.
Pitou G
Le matin, mes gnomes devaient me rendre leurs anthologies poétiques sur les animaux (bon, là, c'était ma faute). Je m'attendais bien sûr à ce qu'un tiers de la classe ne me rende pas son travail, c'est une tradition locale : que vous laissiez trois jours, deux semaines ou six mois, invariablement, vous trouverez toujours cinq ou six mômes pour geindre "j'ai pas eu le teeeeeeeeeeemps!" Ils ne cherchent d'ailleurs pas d'autres excuses. Plus de chien qui a mangé le devoir ou de chat qui a vomi dessus : on a atteint l'âge sans retour d'une triste et bête sincérité.
Avant de rentrer dans la salle, j'ai quand même été témoin d'une curieuse scène : une conversation franco-française avec interprète. Une gnomette en larmes s'est plantée devant moi, escortée d'une élève d'une autre classe venue m'expliquer que si l'autre pleurait, c'est parce qu'elle avait perdu sa chienne et que si elle ne le disait pas elle-même, c'est parce qu'elle avait trop honte. Moyennant quoi, deux minutes plus tard la gnomette ne pleurait plus et avait entrepris de personnaliser son agenda aux couleurs de son amoureux du moment (ce qui, à regarder de près l'amoureux en question, ne nous éloignait guère de la cynophilie).
Mais cette journée a surtout valu pour l'expérience zoomorphique qu'il m'a été donné de vivre : j'ai testé pour vous "bête de somme". J'ai découvert, deux mois après les faits, qu'en bon esclave moderne, j'ai travaillé gratis pro deo. Le concept est assez simple : vous venez travailler un jour de grève (ça m'apprendra à pactiser avec le démon), vous serrez fermement la main du grand-chef, tentez de retenir la main molle de son adjointe, souriez à tout ce qui se fait de surveillants et de collègues (presque tous présents, du reste : z'êtes sûr qu'il y a grève?) et boum, deux mois après, après avoir constaté une baisse sensible du modique traitement qui vous échoit mensuellement, vous menez votre petite enquête pour découvrir le
Evidemment, personne n'est fichu de vous expliquer comment un truc pareil a bien pu arriver, vu que vous avez bien rempli les petits billets d'absence le jour-dit. Des fois que je me sois amusé à y porter au pif le nom des élèves absents (pour certains, c'est facile à deviner) en direct du fond de mon lit, ou après m'être renseigné, via internet, auprès d'un complice venu bosser ; j'aurais alors fait parvenir mes billets d'absence par un coursier très discret. Ingénieux, non?
Je suis content, en tout cas : je bats à plates coutures les collègues qui attendent encore le versement de leurs heures supplémentaires. Moi, on ne me paie même pas mes heures de base. Et connaissant un peu le fonctionnement du bien-nommé Recto-Rat, je ne suis pas prêt de recevoir la paie de ce jour-là. Vous comprenez : ce n'est pas prévu dans le protocole, vu que ça n'arrive jamais. J'envisage donc de choisir un jour particulièrement chargé, si possible couronné par une de ces réunions dont on nous abreuve en toute saison, pour siroter une orangeade, bien calé au fond d'un transat pendant que les autres bossent comme des damnés.
Pour vérifier que j'avais bien tourné chèvre, je suis allé écouter Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns, muni d'une invitation officielle, pendant que mon homme jouait à son tour l'esclave moderne, la bête de somme assommée par ses obligations d'élu.
Pitou G
6 commentaires:
Tu vois finalement il faut bosser dans une boite dans le Privé, au moins ca n'arrive pas (enfin pas souvent...).
Car on raille souvent l'abondance administrative de la fonction publique, mais si tu voyais le ballet incessant de paperasse qu'on remplit quotidiennement...
Lorsque des nouvelles recrues arrivent, je dois prendre 30mn a leur expliquer :
"Alors tu as tout d'abord ta feuille de présence a signer le matin a 11h, puis a 14h, puis a 17h puis a 20h...
Ensuite n'oublies pas ta feuille de rentabilité ou tu dois a nouveau marquer tes heures avec le détail de ce que tu as fait pour chaque 1/4h a calculer en 100eme.
Ensuite tu as ta fiche de RDV que tu dois completer par demie journée, et la mettre dans ma banette.
Puis tu as la feuille en cas d'absence exceptionnelle sur la droite, qui est a côté de la feuille de retard...
Parfois tu seras en campagne manuelle, donc tu as des fiches speciales prévues a cet effet qui se trouvent au fond du bureau..."
(le pire c'est que c'est veridique...)
Bref on doit abattre l'équivalent de la forêt des Landes par semaine pour nous fournir en papier...
Ca m'est arrivé ... le hasard bienveillant a fait que j'ai eu une super migraine quelques temps plus tard qui pour une fois n'a pas résisté à l'advil ! J'ai donc passé une super journée chez moi !Je me suis remboursée comme ça, par un jour de congé pris à l'administration à laquelle je n'ai même pas cherché à me coltiner pour récupérer mon dû, connaissant la bête ... Depuis, je fais grève presque systématiquement !
chez nous on a le lendemain de la grève un papier dans notre casier "sauf erreur de notre part, vous étiez gréviste hier" et ce n'est que le surlendemain qu'ils dénoncent au Rat ceux sur le dos desquels il pourra économiser une journée de salaire.
Cette année, les grèves étaient les jeudid : je n'ai pas cours.. et n'ai pas poussé la solidarité jusqu'à réclamer une rétention de sous..
Ben moi cette année on m'a retiré une fois 11 jours au lieu d'1 jour. Panique à bord, la paie était bien mince. Ça a été rétabli le mois suivant après un coup de fil au recto-rat, mais en attendant, il a fallu jouer serré.
Timy=> Je n'étais déjà pas trop envieux du secteur privé avant...
Joëlle=> Tant qu'à faire, je me passerais bien de la migraine. J'ai été suffisamment puni de ma connivence avec les briseurs de grèves ;-)
Guilitti=> Votre chef est un prince. Le nôtre ne sait pas manager ses troupes - et je crois même qu'il n'a pas mis son museau dans cette affaire.
VAO=> Le Recto-Rat est un farceur! Ton aventure n'est pas très drôle mais elle me donne à espérer (tant pis pour mon jour chômé)
Les grosses boites et la fonction publique, c'est a peu près pareil il me semble. La fonction publique, c'est une très très grosse boite en fait.
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