Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

vendredi 31 juillet 2009

Sud & lit ici

Quand commencent vos vacances? Sitôt les valises casées - très péniblement - dans le coffre, ou une fois arrivé sous les palmiers? Est-ce que le trajet est déjà du bon temps? (j’ai pris des cours avec Carrie Bradshaw : j’écris mes chroniques entièrement à la forme interrogative - mais je ne parle pas (trop) de sexe).

Parce qu’avant d’avoir le privilège de se faire bouffer par des moustiques géants et de commencer à placer sa foi en l’espoir illusoire d’avoir un début d’esquisse d'hypothétique marque de maillot, encore faut-il arriver sur son lieu de vacances. Pour que le bon temps commence le plus tôt possible, les pitous ont leur astuce : se placer sur les sièges arrière de la voiture parentale. Vive les vacances en famille!

Autre solution pour éviter le stress de la conduite dans les embouteillages (ou plutôt d’éviter les râleries subséquentes au stress de mon père) : ne pas partir le samedi, jour du début de la location, rholala non jamais de la vie, mais le vendredi. Descendre vers le grand Sud en deux temps (ah oui, parce que si c’est pour partir en Bretagne, pas la peine d’attendre l’été - quitte à se payer de la pluie, autant que ce soit à la Toussaint - et d’ailleurs autant visiter les plages de Belgique ("Refrain!"*), descendre en deux temps, disais-je, permet de s’accorder de longues pauses de relaxation, voire de visitation sur la route. Ça permet par exemple de se recueillir sur les cendres volcaniques de mes ancêtres bougnats ou de grimper sur la Vénus de Millau. Ça permet aussi de se faire quelques frayeurs et ça, c’est déjà des vacances.
Je m’explique : dans la mer, dès qu’on n’a plus pied (là où on est, il faut quand même s’offrir un petit marathon pour atteindre un endroit où on n’a plus pied), on frissonne en scrutant les vaguelettes à la recherche d’un aileron de requin, d’un banc de méduses ou, pire, de Droopy en maillot de bain (quand on a vu ses pulls, on ne peut que frémir en imaginant sa tenue de plage). De même, sur la route des vacances, on ne va pas se priver du petit bonheur de l’aventure en réservant une chambre d’hôtel à mi-chemin. On ne va pas s’enquiquiner à être prévoyants, ou même raisonnables, au mois de juillet! On est des êtres libres, oui ou non? Bohemian attitioude : on s’arrêtera où nos roues nous porteront. Et le plus loin possible : si c’est pour faire escale dans un village de Lozère où les chambres vacantes sont légions, c’est pas la peine. Trop facile!
On en était encore à débattre du programme du lendemain (Pont du Gard? Arles antique? Trésors de la côte dalmate ou grandes plaines d’Asie centrale?), quand nous nous sommes aperçus qu’il était vingt heures et des brouettes. Pas de panique : la zone industrielle de Nîmes nous tendait ses bras hospitaliers. Mais du Formule 1 au palace, pas une chambre disponible. “Tentez votre chance dans les villages”.

C’est alors qu’a commencé la meilleure partie de notre périple : la quête du dodo, la traversée de tous les patelins du Sud de la France (où, à chaque coin de rue, on trouve des restaurants à s’en crever la panse - mais pour dormir tintin), l’errance d’hôtel complet en hôtel complet. Avec le naturel optimiste que vous me connaissez, vous vous doutez bien que je m’imaginais dormir sous les ponts, tendant mon gobelet pour recueillir quelques piécettes à votre bon coeur m’sieurs-dames, dès 20H02. Mais à 1H30 du matin, alors qu’un énième saut de puce nous avait conduit jusqu’à notre destination finale, le défaitisme avait gagné toute la voiture. Seule ma mère croyait dur comme fer en la piste de l’hôtel de la gare, en bonne descendante (dynaste?) d’une dynastie provençale d’agents SNCF.
Quand bien même l’hôtel de la gare de Hyères s’appelle “Hôtel de l’Europe” (la SNCF n’a plus la cote d’azur), quand bien même les cent sept hôtels précédents avaient loué jusqu’à leur dernier paillasson, ma mère a composé le numéro placardé sur la porte de l’hôtel (parce que figurez-vous que les réceptions sont fermées à 1H30 du matin, si ce n’est pas un scandale!). C’est ce qu’on appelle la foi. Même l’Iphone de mon père, objet de mauvais caractère qui, d’ordinaire, s’obstine à se bloquer dès qu’il atterrit dans les mains de ma génitrice, a joué paisiblement son rôle dans le si bel ordonnancement du monde : non seulement le tenancier tiré du lit était très sexy gentil, mais il avait une chambre à nous proposer. Bénis soient les distraits qui ratent leurs trains (et ces distraits peuvent bénir les êtres inconséquents qui ne réservent pas d’hôtel et leur épargne le paiement d’une nuitée qui aurait dû rester à leur charge).

Et pour apprécier la toute géniale finesse du titre :




Pitou G.

* Je ne résiste pas au bonheur de vous faire découvrir le hit oublié de Laurence Piquet "Je vais te casser la gueule" qui évoque les dites plages de Belgiques. Le clip est, hélas, introuvable sur ToileTube.

jeudi 30 juillet 2009

Lupanar 2

Avant de quitter notre maison close trois étoiles, nous avons tenu à tester le restaurant, chaudement recommandé par le Gault et par ma mère (qui ne s’appelle pas Micheline).
La salle, donnant sur un joli patio, est ornée de tissus aux tons rouges et orangés, les sièges dorés, les nappes en panne de velours potiron créent une impression d’opulence malgré le carrelage blanc quelconque. Les tables espacées ne nous ont pas préservés des conversations voisines: derrière nous une petite fille très comme il faut, en robe Bonpoint et soquettes accompagne ses grands-parents qui trinquent au champagne (le rapt de la gamine?). Le ton est donné, pas question de vomir dans le potage.
Sur la table, de petites coupelles en verre coloré, contenant mélange d’huile parfumé et beurre à la rose, une pirogue en porcelaine sur laquelle sont déposées six pincées de sel diversement agrémentés. La carte, présentée dans une pochette, est en papier calque relié d’un ruban, préfacé par les propriétaires, en verve poétique. Les menus, de trente-neuf à soixante-dix-neuf euros, offrent un (trop) savant mélange de cuisine du terroir et expérimentations modernes - inévitable cuisine moléculaire. Mise en bouche à l’avenant: petits croutons et leurs mezze avec une “destructuration de petit pois” (id est une chantilly salée de trois petits pois), Premier intermède: un galet chaud à la fleur d’oranger censé... t’occuper les mains en attendant la suite - se brûler la paume prévient les razzias sur le pain. L’entrée “autour de l’encornet” m’a ravi: la tendresse de la chair, la fraicheur d’une crème mousseuse... aux petits pois. Second intermède, la tisane marine: infusion à l’eau de mer aux vertus apéritivo-digestives (cela faisait longtemps que je n’avais pas bu la tasse). Le plat, poisson du marché grillé au jus d’étrille et ses légumes, ne m’a pas marqué. Monstrueux chariot de fromages. Troisième intermède: une véritable infusion aux fruits rouges et au miel, très bonne, avant le soufflé au chocolat, très chaud (mais moi moins), accompagné d’une boule de glace à la rose (bof) d’un petit verre de lait mousseux... à la rose (tiens la cuillère grosse comme une louche ne rentre pas, allez hop cul sec... la moitié du verre dans l’assiette. Tant mieux, on dirait de la josacyne diluée).
Ce n’est pas la propriétairrre, maquillée, chignonnée, en fourreau fuschia, ballerine plate et boléro en fourrure tout ça, qui nous a servi, mais un charmant serveur. Za, qui mange casher, lui a demandé si elle avait remporté la palme de la cliente la plus emmerdante. Que nenni, a-t-il protesté (enfin, il a dit non): dans un autre restaurant, des clients juifs venus célébrer sans doute une bar mitsvah avaient demandé de passer les assiettes au chalumeau. En verre, les assiettes. Après en avoir brisé quatre sur une dizaine (pour soixante-quinze personnes) ils ont demandé s’il fallait continuer, non que le chef s’y refusât, établissement haut de gamme oblige, mais le coût en vaisselle risquait de dépasser le prix des menus. Pour finir, il a sagement été décidé de passer les assiettes à la pyrolise, moins destructrice. Puis deux rabbins sont venus en cuisine vérifier que tout était conforme à la kashrout, avant de commander le service selon un ordre mystérieux. Devant nos exclamations de surprise, notre serveur nous a affirmé qu’il avait passé une excellente soirée, que l’ambiance avait été épatante et les pourboires très généreux.
Tout de même, faire partie du peuple élu n’est pas une sinécure.

mardi 28 juillet 2009

Lupanar

Lorsque je voyage avec Zaglaé, j'ai pour mission de trouver des hôtels sympas, si possible trois étoiles. Autour de Cerisy, l'offre n'est pas pléthorique, c'est ainsi que nous avons atterri (devrais-je dire amerri vu le temps) au bord de l'eau, dans un hôtel "de charme". Une fois sur place, je dis souvent d'un air boudeur: "c'était mieux sur la photo..." Mais cette fois, j'aurais pu dire: "C'est pire que sur les photos!". En effet, le site Internet offrait quelques images montrant une décoration recherchée, à la fois design et fantaisiste qui avait éveillé ma curiosité. Représentez-vous maintenant une bâtisse normande en pierre de granit, austère, donnant sur un parking. Personne à notre arrivée, tout est fermé. Après un coup de fil, arrive la propriétaire, danseuse d'origine slave qui a épousé un cuisinier français (pour la petite histoire romantique) qui mérite donc le titre envié de "mariage papier*". Nous entrons dans une belle réception ouvrant sur une véranda prolongée d'un patio. Le bar est éclairé de lustres en cristal (sic) d'un rose/violet des plus modernes. C'est en découvrant la suite Tendresse que nous avons mieux compris la pertinence du groupe nominal "hôtel de charme": figurez vous un salon, un pan de mur occupé par une kitchenette violette, un petit réfrigérateur et un lave-vaisselle recouverts d'un sticker "roses floues", des poufs turquoise à pompoms violets, un fauteuil crapaud doré recouvert de damas rouge, une carpette à poils longs turquoise, des guirlandes de fleurettes bleues retenant des rideaux brillants, un autre lustre en cristal, etc...

V. - Comme c'est original...
Z. - C'est la salle de bains? Elle est vitrée sur le salon???
P. - Oui, je trouve c'est plus original pour donner lumière tout ça...
Z. - mais euh... pour se laver?
P. - Je trouve c'est sensuel, on peut faire strip tease à son mari si on veut tout ça.
V.- C'est à dire que nous pas...
P. - Enfin chacun fait comme il veut, tout ça... Et voici la chambre...
V. - Oh! Il y a même une baignoire!
P. - Oui, moi je pense on vient à l'hôtel pas pour faire comme d'habitude alors je mettre une baignoire dans la chambre, tout ça.
V. - C'est très original...
P. - Moi je me vois très bien dans mon bain, regarder la télé en buvant une coupe de champagne et faire du charme à mon mari, tout ça...

Nous n'avons pas commenté le lit emperor size, ni le fait que le pan de mur accueillant sa tête était intégralement recouvert de miroirs biseautés renvoyant la lumière éblouissante des deux lampes Starck en polyplexy transparent, posées sur deux guéridons louis XVI dorés... En revanche, pas une chaise ou un porte manteau tout ça.
Za et moi sommes très amis, mais il faut reconnaître que l'amitié se passe bien de voir (et suprême horreur) d'entendre l'autre sur le trône, dans ses oeuvres diverses et bien naturelles. Nous avons donc passé deux jours à jongler, finissant même par user des toilettes de la réception, curieusement non vitrées sur le petit salon.
V. - Si tu reviens à Cerisy l'année prochaine, on cherchera peut-être un hôtel plus facile...
Z. - Oui, ou un autre bordel, au pire!

V.

* Ceux qui ont vu la blondissime épouse Sulitzer, poussant le fauteuil de son mari impotent comprendront!

dimanche 26 juillet 2009

Surdité

Il y a quelques jours j'étais au prestigieux château de Cerisy-la-salle, pour accompagner/assister ma chère Zaglaé, qui intervenait dans un prestigieux colloque littéraire. Passons sur les lieux magnifiques, hantés par le souvenir d'illustres visiteurs comme Gide ou Malraux. Passons sur l'ambiance très particulière qui règne entre les universitaires, qui se tutoyent, se taquinent, se congratulent et s'observent jusqu'à ce qu'ils s'écharpent pour savoir si oui ou non l'heroic fantasy fait partie de la Science-Fiction et si Harry Potter mérite de côtoyer Dune et Star Wars. Je ne parlerai pas des intitulés mystérieux d'autres colloques qui traitent au choix de la Sérendipité ou de la Textique face auxquels ma compréhension avoisine celle de l'huitre. Heureusement, lorsque l'on ne trouve pas matière à rire dans la contemplation du microcosme universitaire, ma surdité offre l'occasion d'un beau dialogue de sourd lorsqu'un jeune homme pâle et maigre tente d'établir un contact:
- Tu es en thèse?
- Oui, au grenier!
-Pardon? Je te demande si tu fais une thèse sur la SF?
- Oui, il faut monter au deuxième étage, sous les toits.
- ...
- (voyant en son visage l'incarnation pleine et entière de la Perplexité) Euh, excuse-moi, mais quelle était ta question.
- JE TE DEMANDAIS SI TU ECRIVAIS UNE THESE!
- Ah, non, je suis là en tant que simple professeur de Français. Désolé pour la méprise, ça a dû te semble curieux.
- Effectivement.
Fin du contact. Je pense que G. ne se doute pas des répliques absurdes que je lui réserve pour l'avenir. Pour le moment, je me contente de répéter ce qu'il a dit quelques instants auparavant comme si j'énonçais une vérité première. Pour une raison qui m'échappe, cela l'agace - pourtant, je ne le contredis pas!
V.

lundi 13 juillet 2009

Jour de J.

L’une des choses les plus faciles à faire pour restreindre la quantité de papier à recycler chaque jour, c’est coller sur sa boîte aux lettres un message poli pour stopper la distribution de prospectus. Nous l’avions fait en Amiénie et, quoique notre demande n’ait pas toujours été respectée, il faut reconnaître que c’était assez efficace.
Curieusement, depuis que nous avons déménagé, nous n’avons rien fait pour endiguer les flots de paperasse qui se déversaient sur notre paillasson. Ça ne nous empêchait pas de pester en remplissant le sac de recyclage, la plupart du temps sans même regarder ce que nous jetions. Le problème, c’est que, parfois, il y a dans le lot un gratuit immobilier ou une revue émanant des collectivités (le département nous gratifie à chaque page de la tronche très Ancien-Régime de notre ancien maire-ministre-aspirant président du Sénat ; la région et la ville ont aussi leur magazine ; même le parc naturel Normandie-Maine s’y est mis) et dont la lecture peut valoir le coup, une page sur trois.

Deux ans après notre arrivée, nous avons décidé de nous en passer. Une étiquette dissuade quotidiennement les distributeurs de prospectus en leur promettant le pal ou la décapitation. Mais il existe une catégorie de personnes qui ne respectent rien, parce qu’ils se croient légitimes jusque sur votre seuil. Ils croient d’ailleurs à beaucoup d’autres choses, toutes plus exotiques les unes que les autres. Ils vous diront, par exemple, que ceci n’est pas de la publicité, mais un message salvateur et charitable :

Ne ratez aucun détail : cliquez sur l'image

Il faut reconnaître que les Témoins de Voussavezqui sont des pro du marketing. En découvrant cette image très racoleuse, j’ai tout de suite eu envie de la scanner et de la partager. Comment jeter une allégorie si réussie et si glamour ?
Nul besoin d’un long discours pour comprendre comment échapper à l’effondrement du monde (vous résistez, vous, à une accroche si sexy ?) : comme les vitraux des églises, l’illustration permet de sauver de la damnation jusqu’au lourdaud le plus illettré. Pour nous extraire de l’obscurantisme et du matérialisme, habillons-nous mal ! Qui n’a jamais rêvé d’être un pionnier en chemise pistache, avançant fièrement, le regard fixé sur un lointain radieux, talonné par une dadame en chemise hawaïenne et une petite fille moche ? D’avoir près de vous Valérie Mairesse soutenant sa grand-mère ? D’enfiler des hardes au hasard sans se soucier d’accorder les couleurs ? De se retourner pour faire coucou à des gens encore plus mal habillés que vous et qui, s’ils ne se pressent pas un peu le fion, vont se prendre une belle saucée ? Moïse et les siens ne devaient pas avoir plus fière allure !

Les thèmes abordés lors des « assemblées de districts » me font saliver :


Personnellement, je trouve que les familles chrétiennes se couchent beaucoup trop tôt ! Je ne pense pas que Vousavezqui ait jamais voulu qu’on se couche comme les poules : les poules, de luxe ou pas, sont des créatures très peu recommandables , qui ondulent du croupion à tors et à travers et que Vousavez n’aime pas beaucoup beaucoup.
Mais attention, ce n'est pas parce qu’il faut se coucher tard qu’on peut aller passer du bon temps au Golden-Veal-club ! Et ce n’est pas parce que vous savez pertinemment que la fin est proche qu’on vous laissera profiter de vos derniers instants. Je connais personnellement Jésus, le physionomiste du Golden-Veal-club : on peut comptez sur sa vigilance. Pas de bataille de polochons non plus…
Il ne vous reste plus qu’à veiller en vous faisant scier comme des rats morts, en gardant les yeux grand ouverts pour ne pas rater le jour de J (mais vous le reconnaîtrez facilement : il y aura un gros orage et une file indienne de gens habillés avec des torchons). Rassurez-vous : il paraît qu’on ne peut guère vivre plus de dix jours sans sommeil…

Pitou G.

samedi 11 juillet 2009

Cétoine

Toc toc toc!
_ Oui? Cétoine? Entre, c'est tout vert!

Ce gracieux insecte au vol bruyant trouve en notre jardin un asile sans produits chimiques. Il faut dire que le pauvre animal a deux défauts: il mâchouille les étamines des fleurs (ce qui défrise les horticulteurs) et ressemble fâcheusement au hanneton à l'état larvaire. La larve de hanneton est un ennemi commun du jardinier qui voyant parfois une jeune salade s'effondrer soudain trouve à tous les coups le coupable "ver blanc" juste sous le collet de la défunte frisée (laitue, scarole, le hanneton n'est pas sectaire). Notre pauvre cétoine est souvent injustement trucidée pour cette ressemblance, alors que dans sa prime jeunesse elle est exclusivement xylophage, se nourrissant de bois décomposé. A ce titre, on la trouve communément dans les compost, où elle joue un rôle important.

J'ignorais tout cela quand il y a un peu plus d'un an je commençais à utiliser mon terreau maison que je trouvais truffé de larves blanches et dodues, parfaitement répugnantes. Mis au fait des dangers du ver blanc par ma Vénitienne préférée, je décidai courageusement d'extraire un par un les suspects que - ne pouvant exterminer directement - j'entassais dans un pot. Le dit pot fut bientôt plein d'une masse grouillante, qu'à l'instar des Anciens, je résolus d'exposer en place publique, afin que la sombre main du destin se manifeste sous les traits de volatiles urbains.

Ayant abandonné ces pauvres larves sur le bitume du parking voisin, je rentrai à la maison, où mon Pitou, pénétré de toute la sagesse d'Internet, m'annonça qu'il y avait méprise et que l'opération était un génocide. Torturé par cette idée, je retournai derrière la chapelle pour récupérer les innocentes bêtes. Je vis alors avec désespoir notre voisine se garer sur le tas de mes victimes.

Que croyez-vous que je fis?
À genoux sur l'asphalte, je récupérai les survivantes, tentant de les faire rouler délicatement avec mon vieux plantoir pour les rendre à la terre et leur laisser une chance de devenir ces si beaux scarabées volants qui irisent de vert nos fleurs d'été.

V.

vendredi 10 juillet 2009

On m'appelle...

Mais quelle est cette chanson qui m'assaille au saut du lit? Je sais bien que nous sommes en vacances, mais c'est tout de même surprenant, sans lien ni raison... Et d'ailleurs, d'où cela sort-il?



Gérard Lanvin - Le chevalier blanc


Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine, Coluche et Marc Monnet, 1977.

J'ai vu ce film il y a plus de dix ans. Chose étrange que la mémoire et les associations d'idées.
En tout cas l'effet sur mon humeur est excellent et accompagne à merveille mes accès d'activités (du genre je fais des confitures en peignant les fenêtres et pour me reposer je coupe une par une les 6327 fleurs de soucis défaites).
Sinon, j'ai rêvé que je prenais dans un magasin semi abandonné (après une catastrophe?) des piles pour la balance de cuisine... Des interprétations?

V.

PS: une figure de style se cache dans ces lignes.
PPS: Last but not least, le vrai nom de Démona est Malicia.

jeudi 9 juillet 2009

J'ai trop la dalle, Tony!


"Quel est votre niveau d'intelligence?" À moins de compter les points pour trouver la réponse, je comprends pas en quoi ce test nous renseigne sur la puissance de notre cerveau. Les défaillants chromatiques apprécieront cette publicité. D'ailleurs, je suggère qu'on désigne les daltoniens au moyen d'un badge blanc et noir (ah non, ça c'est les dalmatiens) rouge... euh non : vert!

Si j'écris "les défaillants chromatiques" et non "nous" comme je devrais le faire, c'est parce qu'ai honte de passer à confesse : je m'appelle Pitou G. et je suis bête daltonien. Dans la vignette ci-dessus, je ne vois que des points, au mieux une orgie de paramécies. Ce n'est pas ce qui va me réconcilier avec les mathématiques! En plus, être daltonien, c'est moyennement pratique quand on visite le "festival des jardins" à Chaumont sur Loire, dédié cette année aux couleurs - heureusement qu'il y avait d'éclairantes pancartes pour exposer les concepts.

Ce disque pustuleux vient chatouiller le souvenir cuisant de mon dépistage chromatique, en CM1. Je me revois sécher sur ces foutus tests. Je sentais bien que je n'y voyais pas ce que j'aurais dû. Du coup, je n'osais plus rien dire. L'infirmière a insisté :
"Tu es sûr que tu n'y vois vraiment rien?"
_ Si... un éléphant", ai-je fini par craquer

J'entends encore le ton de conspiratrice que sa voix trahissait, lorsqu'elle s'est retournée vers sa collègue pour lui sussurer : "c'est bien ce que je pensais!" Quand elle m'a annoncé que je ne pourrais jamais être astronaute, à moi qui rêvais d'aller sur la Lune, j'ai mesuré l'étendue cosmique de la catastrophe.
J'ai passé le reste de la journée à pleurer. Mme Parquet, la gentille dame de la cantine a eu beau essayer de me consoler en me révélant que ses neveux confondaient bien les M et les N, en grasseyant de son pâteux accent mayennais (je croyais qu'elle était polonaise), j'ai dû me délester de 90% de ma masse hydrique. Je vous laisse imaginer le traumatisme. Autant vous dire que, quand ma mère, inquiète de me voir dans un si sale état (sale... j'aurais pourtant dû être délavé), a éclaté de rire en découvrant le pot-aux-jaunes roses, j'ai été plutôt déboussolé. Après avoir confondu les couleurs, voilà que je ne savais plus distinguer le sud du nord.

Vingt ans après, je croyais avoir encaissé le choc, jusqu'à ce qu'un pop-up me persuade de ma bêtise crasse de daltonien... Mettez-moi au rebut, recyclez-moi (prière de ne pas confondre les couleurs de poubelles).

Pitou G.

mardi 7 juillet 2009

Séminaire blogologique au châtal

Le projet trainait dans l'air depuis plusieurs mois, impulsé par la plus lol des Ashley. Guilitti en a peaufiné les détails pratiques avec maestria (c'est facile quand on a de l'aide!). Les Pitous ont pris en charge la partie artistique (parce que si le pain de courgette de mon Pitou V. n'est pas l'archétype de la création délivrée du carcan de la raison et du moule à cake*, je ne comprends plus rien à l'art, moi) et Musiquette le volet charcutier. Ça y est, l'événement le plus couru de la saison a eu lieu : le pique-nique-geek au bord de la Loire, au confluent des blogueurs.
Je ne vais pas m'étendre sur le menu plus-classe-tu-meurs, Guilitti l'a très bien fait chez elle. Ne croyez pas trop nos consoeurs blogueuses, trop polies pour avouer que mes calmars à la sétoise (ou assimilé) étaient juste mangeables**.

Après avoir grillé sur les bords de Loire, en bons suppots du IGWWT (In Good Weather We Trust), et pris le dessert dans le parc du château de Chaumont en papotant, on s'est rappelé qu'on avait acheté des billets pour le festival des jardins. Moi, je serais bien resté à discuter dans un coin de verdure, mais cela a sauvé Ashley d'une palpitante conférence sur les conseils de classe et mon homme voulait à tout prix voir un potager expérimental. Tant pis pour les photos de classe que j'avais apportées pour jouer à "Où est Catul?"

Le festival mettait les couleurs en vedette, même si certains créateurs-hortisculpteurs ont regardé le thème de très loin. Il y a eu quelques moments forts dans notre pérambulation jardinologique :
  • des gosses courant sur les marches humides de la Vallée des brumes, manquant se rompre le cou et les cordes vocales en braillant "Kumbayaaaaa" (mais ils ont bien réussi à nous rompre les tympans)
  • Un espace intitulé "Couleurs captives" auquel il était impossible d'accéder (c'est un secteur Haute-sécurité pour plantes sociopathes)
  • Un croquis énigmatique dont la préoccupation principale se résume en un mot : "Siège?"
  • Une installation nommée Recto-verso où la couleur dominante était le rouge quand on la regardait dans un sens et, dans l'autre sens, le rouge.
Ce qu'Ashley et moi avons préféré, ce sont les panonceaux prétentieux qui glosaient les concepts des différentes structures d'agrément paysager :

"Grains de conscience2 est une exploration civilisationnelle du jardin à laquelle préside une intention métaphorique : le socle, évoquant l'Asie, figure la base; la prairie fleurie, allégorie de l'Europe rappelle la mesure de toute chose, tandis que les lignes résolument graphiques de l'Afrique mènent à prendre conscience de l'espace et des corps"***.

Certaines présentations brillaient par une pertinente justification de l'intitulé : "Pourquoi Etang donné? Parce que le plan d'eau était déjà là". À part inventer un titre que je cautionne à fond, qu'a donc fait le concepteur? À première vue, pas grand chose, sinon conceptualiser, justement, la "forme naturellement abstraite". Depuis cette découverte, je ne trouve plus le sommeil...

La photo est très belle, étang donné que c'est Musiquette qui l'a prise.

Je remarque quand même que beaucoup des installations ne valaient que par leur concept, parce que finalement, on voyait un peu partout les même plantes (pour toute question d'ordre botanique, s'adresser à Ashley), mais c'est sans doute parce que je suis un indécrottable esprit caustique et un béotien phytologique.

Inutile de descendre au fond du jardin pour aller voir si la rose... La notion que j'ai préférée, c'est celle du IRLC (In Real Life Concept) : cette journée entre blogueurs nous a permis de commencer les vacances en beauté.

Pitou G.

* Mais c'était ma faute : je lui avais dit de mettre plus de courgettes.
** Mais c'était la faute de Pitou V. : il n'avait pas acheté les mêmes calmars que d'habitude.
*** Bon, je brode un peu, mais l'esprit est là.

La polémique du jour : Que pensez-vous de cette fleur trop moche (comment ça, je vous influence?). Si vous aviez les mêmes dans votre jardin, hein que vous les arracheriez!

Grosses mouches se prenant pour des fleurs

lundi 6 juillet 2009

Chaud mont de Pitous

Voici un petit jeu destiné à vous faire patienter en attendant le récit exaltant de notre séminaire blogologique au châtal, réunissant Guilitti, Musiquette, Ashley et nous autour d'un pique-nique-plus-classe-tu-meurs Merci de me laisser remettre de mon insolation - je pensais avoir protégé au maximum mon corps des assauts du soleil et, poum, c'est mon visage qui a tout pris... Pas de justice!
Normalement, une fois que vous aurez reconstitué le puzzle, vous ne devez pas reconnaître sur la photo suivante (de gauche à droite) : Pitou G., Guilitti, Ashley, en Martiens au jardin.

N.B. : Après avoir moi-même essayé, je me suis aperçu qu'il manquait des pièces et qu'on manque un peu de place pour faire le puzzle. C'est pas bien pratique. Vous aurez peut-être plus de chance!




provided by flash-gear.com



Crédit photo : Musiquette

jeudi 2 juillet 2009

Mets deux laies d'été*

L'année scolaire vient de s'achever, libérant définitivement du joug du collège une cohorte d'ado, parmi lesquels ma classe de poètes. Ils avaient l'air plus impatients de partir qu'émus de nous quitter, mais nous aurons bien des nouvelles un jour ou l'autre... Dédions leur ce petit bilan des dernières heures à Haquenée.

  • Gare au Zoïle
Avec ces poètes, justement, j'ai terminé l'année en quatrième vitesse : je voulais avoir le temps de bosser (un bien grand mot, eu égard à leur motivation) sur quelques épigrammes de Martial, parce que ça me fait rire. Evidemment, je n'ai choisi que des poèmes que l'on peut lire sans rougir. Mais même dans cette sélection expurgée, il restait quelques allusions. Exemple avec ces vers (la traduction provient de ).

Malgré le luxe dont tu brilles,
Je ne suis pas jaloux de toi,
Zoïle ; insolemment tu ris de mes guenilles ;
Guenilles, soit, mais elles sont à moi.

"Si les coûteux vêtements de Zoïle ne lui appartiennent pas, comment les a-t-il obtenus?
_ Il les a volés?
_ On les lui a prêtés?
_ On peut imaginer qu'il se fait entretenir par un riche protecteur en échange de services très particuliers. Je vous laisse imaginer ce qu'il y a derrière cela. Ou qui ..."

Rires discrets. Pas de feu d'artifice pour clore ces deux années passées avec mes poètes...

  • L'énigme du gnome
Les gnomes ont été plus expansifs : ils ont réalisé une affichette à ma gloire (longue vie à mwoua!). Morceau choisi - le seul presque sans erreur orthographique et sans mon nom en énorme :


Sur le même pannonceau, Caveûne a écrit l'énigme du jour:

Sûr de trouver parmi nos lecteurs de doctes linguistes, j'attends vos interprétations du mot gegste. Trois idées m'ont traversé l'esprit jusqu'à présent, mais toutes sont tartes.
La qualité première du gnome, c'est sa lucidité : il sait en son for intérieur que même ses cadeaux vous en font baver, la preuve en image :


  • Porcélie
Parmi les gnomettes, il y a Porcelie et Porceletta, celles qui s'amusaient à sonner à la porte (j'en ris encore) et à me coller aux basques en gloussant (j'en ris de veau). Porcelie et Porceletta m'ont écrit un poulet à porc part, rien que pour moi, qu'elles ont donné à corriger à ma collègue O.
Entre deux ratures, Porcélie a demandé à O :

"Hein c'est vrai que M. Pitou G., il a pas plus de 19 ans?"

Très grande dame, O. a feint de croire l'hypothèse vraisemblable et pris des airs mystérieux pour dire qu'elle n'en savait rien du tout.
Avant de rentrer en classe, ce matin, soit quelques jours après m'avoir remis sa lettre, Porcélie m'a demandé d'un air anxieux si j'avais bien lu ce que Porceletta avait écrit entre parenthèses. Oublieux de cette information capitale qui avait l'air de lui tenir à coeur, j'ai lâchement botté en touche : euh bah c'est que ça commence à dater, c'te histoire! Et zoup, j'ai lancé le DVD qui devait me permettre de passer indemne cette ultime séance gnomique.
Mais à la fin du film (enfin pas vraiment la fin; ils ne la verront jamais, parce que la sonnerie avait retenti et que je n'allais pas faire du zèle!), quand tous ses camarades sont sortis, Porcelie a lancé un nouvel assaut, avec un fond d'angoisse dans la voix :

"Alors, c'est vrai ce que Porceletta a ajouté entre parenthèses?"

Cette histoire de parenthèses commençait vraiment à tourner au secret d'Etat. Voyons voir... si Porceletta avait insinué que j'étais gay ( oh non, quand même pas ça! ;-)) ou que j'étais le dangereux tueur de SDF qui officie dans les rues du Mistral, je m'en serais souvenu, quand même! Mais quelle rumeur me concernant avait-elle bien pu gribouiller sur cette fichue feuille? Quel tabou était-elle allé chatouiller du haut de ses douze ans?

"C'était juste un mot... Alors, c'est vrai ou pas?"

Elle commençait vraiment à me filer les chocottes, la gamine... Pas moyen de m'en tirer à si bon compte! Je me souviens alors que la parenthèse compromettante est encore dans mon cartable (oui, j'ai amené mon cartable le dernier jour, je suis un fervent défenseur du sauvetage d'apparences). Je fouille mon sac, sujet à une appréhension croissante, et j'en exhume ça :



Tudieu! C'était bien la peine de me faire un cirque pareil! Je ne m'appelle pourtant pas Jéhovah, elle pouvait voiser mon prénom sans crainte du blasphème!



  • D'autres nouvelles
En vrac, d'autres informations de fin d'année. SabyBanana n'aura plus d'histoires de Gohanna à raconter : elle va être prof dans un vrai collège pour la première fois de sa vie. Va falloir qu'elle prépare des cours...
LN change de poste sans changer de poste : un imbroglio comme seule notre Grande Maison en a le secret.
Mon homme est en pleine négociation pour rester, au moins partiellement, à Haquenée l'an prochain.
Le riant D1kerquois est passé au collège. Pour l'instant, il a tout bon : il a choisi d'être là, il est jeune, il est sympa, il est motivé et, surtout, il n'est pas too much (parce que j'ai pas signé pour rivaliser avec Justin Gaston, moi!)

Pitou G

*Merci à Porceletta et Porcélie de m'avoir inspiré ce jeu de mots dont je ne suis pas peu fier...

mercredi 1 juillet 2009

Pipeau de départ

Incontournable marronnier de la fin juin, le pot de départ: retraite, mutation (je pense à Mamy S.), réminiscence de natalite, fin de remplacement... Dans l'incertitude de mon sort privilégié de tézed'ère (comme une âme en peine), je n'avais pas vraiment réalisé que je rentrais dans la dernière catégorie. C'est donc avec un peu de surprise et beaucoup de plaisir que j'ai été appelé par le grand chef pour recevoir un cadeau gentiment choisi à mon intention. C'est malin, il va falloir que j'écrive des choses intelligentes avec mes beaux stylos. Heureusement qu'il me reste le net pour écrire des bêtises... Plus touchant, les sympathiques témoignages de différents collègues. Il faut dire que suivant mon habitude, j'ai endossé avec plaisir le rôle de serveur qui me vaut toujours un beau succès.
Sur la partie officielle du pot, je ne reviendrai pas sur la prestation théâtrale touchante mais un peu embarrassante de grand Chef et petite Chef pour rapporter une citation-d'élève-qui-tue, relatée par Mme L'Assommoir:
"Votre mari a joué au football avec mon grand-père!"
Et sinon la plaisanterie qui justifie le calembour du titre (je suis les leçons de mon pitou; pas de jeu de mots gratuit), c'est que je serai peut-être encore au collège Haquenée l'an prochain. Oh, pas complètement, pour ne pas m'ennuyer j'irai donner quelques cours au collège Vieille Fille. J'aurai alors testé la moitié des établissements publics de la ville.

V.