Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

samedi 11 juillet 2009

Cétoine

Toc toc toc!
_ Oui? Cétoine? Entre, c'est tout vert!

Ce gracieux insecte au vol bruyant trouve en notre jardin un asile sans produits chimiques. Il faut dire que le pauvre animal a deux défauts: il mâchouille les étamines des fleurs (ce qui défrise les horticulteurs) et ressemble fâcheusement au hanneton à l'état larvaire. La larve de hanneton est un ennemi commun du jardinier qui voyant parfois une jeune salade s'effondrer soudain trouve à tous les coups le coupable "ver blanc" juste sous le collet de la défunte frisée (laitue, scarole, le hanneton n'est pas sectaire). Notre pauvre cétoine est souvent injustement trucidée pour cette ressemblance, alors que dans sa prime jeunesse elle est exclusivement xylophage, se nourrissant de bois décomposé. A ce titre, on la trouve communément dans les compost, où elle joue un rôle important.

J'ignorais tout cela quand il y a un peu plus d'un an je commençais à utiliser mon terreau maison que je trouvais truffé de larves blanches et dodues, parfaitement répugnantes. Mis au fait des dangers du ver blanc par ma Vénitienne préférée, je décidai courageusement d'extraire un par un les suspects que - ne pouvant exterminer directement - j'entassais dans un pot. Le dit pot fut bientôt plein d'une masse grouillante, qu'à l'instar des Anciens, je résolus d'exposer en place publique, afin que la sombre main du destin se manifeste sous les traits de volatiles urbains.

Ayant abandonné ces pauvres larves sur le bitume du parking voisin, je rentrai à la maison, où mon Pitou, pénétré de toute la sagesse d'Internet, m'annonça qu'il y avait méprise et que l'opération était un génocide. Torturé par cette idée, je retournai derrière la chapelle pour récupérer les innocentes bêtes. Je vis alors avec désespoir notre voisine se garer sur le tas de mes victimes.

Que croyez-vous que je fis?
À genoux sur l'asphalte, je récupérai les survivantes, tentant de les faire rouler délicatement avec mon vieux plantoir pour les rendre à la terre et leur laisser une chance de devenir ces si beaux scarabées volants qui irisent de vert nos fleurs d'été.

V.

2 commentaires:

Alcib a dit…

Je connais quelqu'un qui aurait été très touché de cette histoire. Il aurait d'abord hurlé à la première partie de l'anecdote... Mais il t'aurait remercié du repentir.

MamyS a dit…

en parlant jardin... Tu peux m'expliquer clairement comment faire du compost sans mettre en oeuvre tous les menuisiers de la terre? (Précision: je ne suis pas blonde- rousse, c'est mieux non?- et je débute en jardinage sur terre impossible!)