Avant de quitter notre maison close trois étoiles, nous avons tenu à tester le restaurant, chaudement recommandé par le Gault et par ma mère (qui ne s’appelle pas Micheline).
La salle, donnant sur un joli patio, est ornée de tissus aux tons rouges et orangés, les sièges dorés, les nappes en panne de velours potiron créent une impression d’opulence malgré le carrelage blanc quelconque. Les tables espacées ne nous ont pas préservés des conversations voisines: derrière nous une petite fille très comme il faut, en robe Bonpoint et soquettes accompagne ses grands-parents qui trinquent au champagne (le rapt de la gamine?). Le ton est donné, pas question de vomir dans le potage.
Sur la table, de petites coupelles en verre coloré, contenant mélange d’huile parfumé et beurre à la rose, une pirogue en porcelaine sur laquelle sont déposées six pincées de sel diversement agrémentés. La carte, présentée dans une pochette, est en papier calque relié d’un ruban, préfacé par les propriétaires, en verve poétique. Les menus, de trente-neuf à soixante-dix-neuf euros, offrent un (trop) savant mélange de cuisine du terroir et expérimentations modernes - inévitable cuisine moléculaire. Mise en bouche à l’avenant: petits croutons et leurs mezze avec une “destructuration de petit pois” (id est une chantilly salée de trois petits pois), Premier intermède: un galet chaud à la fleur d’oranger censé... t’occuper les mains en attendant la suite - se brûler la paume prévient les razzias sur le pain. L’entrée “autour de l’encornet” m’a ravi: la tendresse de la chair, la fraicheur d’une crème mousseuse... aux petits pois. Second intermède, la tisane marine: infusion à l’eau de mer aux vertus apéritivo-digestives (cela faisait longtemps que je n’avais pas bu la tasse). Le plat, poisson du marché grillé au jus d’étrille et ses légumes, ne m’a pas marqué. Monstrueux chariot de fromages. Troisième intermède: une véritable infusion aux fruits rouges et au miel, très bonne, avant le soufflé au chocolat, très chaud (mais moi moins), accompagné d’une boule de glace à la rose (bof) d’un petit verre de lait mousseux... à la rose (tiens la cuillère grosse comme une louche ne rentre pas, allez hop cul sec... la moitié du verre dans l’assiette. Tant mieux, on dirait de la josacyne diluée).
Ce n’est pas la propriétairrre, maquillée, chignonnée, en fourreau fuschia, ballerine plate et boléro en fourrure tout ça, qui nous a servi, mais un charmant serveur. Za, qui mange casher, lui a demandé si elle avait remporté la palme de la cliente la plus emmerdante. Que nenni, a-t-il protesté (enfin, il a dit non): dans un autre restaurant, des clients juifs venus célébrer sans doute une bar mitsvah avaient demandé de passer les assiettes au chalumeau. En verre, les assiettes. Après en avoir brisé quatre sur une dizaine (pour soixante-quinze personnes) ils ont demandé s’il fallait continuer, non que le chef s’y refusât, établissement haut de gamme oblige, mais le coût en vaisselle risquait de dépasser le prix des menus. Pour finir, il a sagement été décidé de passer les assiettes à la pyrolise, moins destructrice. Puis deux rabbins sont venus en cuisine vérifier que tout était conforme à la kashrout, avant de commander le service selon un ordre mystérieux. Devant nos exclamations de surprise, notre serveur nous a affirmé qu’il avait passé une excellente soirée, que l’ambiance avait été épatante et les pourboires très généreux.
Tout de même, faire partie du peuple élu n’est pas une sinécure.
La salle, donnant sur un joli patio, est ornée de tissus aux tons rouges et orangés, les sièges dorés, les nappes en panne de velours potiron créent une impression d’opulence malgré le carrelage blanc quelconque. Les tables espacées ne nous ont pas préservés des conversations voisines: derrière nous une petite fille très comme il faut, en robe Bonpoint et soquettes accompagne ses grands-parents qui trinquent au champagne (le rapt de la gamine?). Le ton est donné, pas question de vomir dans le potage.
Sur la table, de petites coupelles en verre coloré, contenant mélange d’huile parfumé et beurre à la rose, une pirogue en porcelaine sur laquelle sont déposées six pincées de sel diversement agrémentés. La carte, présentée dans une pochette, est en papier calque relié d’un ruban, préfacé par les propriétaires, en verve poétique. Les menus, de trente-neuf à soixante-dix-neuf euros, offrent un (trop) savant mélange de cuisine du terroir et expérimentations modernes - inévitable cuisine moléculaire. Mise en bouche à l’avenant: petits croutons et leurs mezze avec une “destructuration de petit pois” (id est une chantilly salée de trois petits pois), Premier intermède: un galet chaud à la fleur d’oranger censé... t’occuper les mains en attendant la suite - se brûler la paume prévient les razzias sur le pain. L’entrée “autour de l’encornet” m’a ravi: la tendresse de la chair, la fraicheur d’une crème mousseuse... aux petits pois. Second intermède, la tisane marine: infusion à l’eau de mer aux vertus apéritivo-digestives (cela faisait longtemps que je n’avais pas bu la tasse). Le plat, poisson du marché grillé au jus d’étrille et ses légumes, ne m’a pas marqué. Monstrueux chariot de fromages. Troisième intermède: une véritable infusion aux fruits rouges et au miel, très bonne, avant le soufflé au chocolat, très chaud (mais moi moins), accompagné d’une boule de glace à la rose (bof) d’un petit verre de lait mousseux... à la rose (tiens la cuillère grosse comme une louche ne rentre pas, allez hop cul sec... la moitié du verre dans l’assiette. Tant mieux, on dirait de la josacyne diluée).
Ce n’est pas la propriétairrre, maquillée, chignonnée, en fourreau fuschia, ballerine plate et boléro en fourrure tout ça, qui nous a servi, mais un charmant serveur. Za, qui mange casher, lui a demandé si elle avait remporté la palme de la cliente la plus emmerdante. Que nenni, a-t-il protesté (enfin, il a dit non): dans un autre restaurant, des clients juifs venus célébrer sans doute une bar mitsvah avaient demandé de passer les assiettes au chalumeau. En verre, les assiettes. Après en avoir brisé quatre sur une dizaine (pour soixante-quinze personnes) ils ont demandé s’il fallait continuer, non que le chef s’y refusât, établissement haut de gamme oblige, mais le coût en vaisselle risquait de dépasser le prix des menus. Pour finir, il a sagement été décidé de passer les assiettes à la pyrolise, moins destructrice. Puis deux rabbins sont venus en cuisine vérifier que tout était conforme à la kashrout, avant de commander le service selon un ordre mystérieux. Devant nos exclamations de surprise, notre serveur nous a affirmé qu’il avait passé une excellente soirée, que l’ambiance avait été épatante et les pourboires très généreux.
Tout de même, faire partie du peuple élu n’est pas une sinécure.
4 commentaires:
Moi je dis: tant que la kashrout n'est pas trop aigre, on la digère bien.
Vous être caustique, M. VAO. Je peux offrir tisane au jus de moule pour activer circulation tout ça?
Jus de moule ? Je prends peur, là, tout ça...
Vous pas résister charme slave tout ça!
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