Nous revenons d'un séjour supercalifragilisticexpialidocious chez Belledeschamps, en terre picarde. La plupart des gens polis, lorsqu'ils débarquent chez les gens, viennent les bras chargés (de fleurs/de bouteilles/de cadeaux); nous, nous venons juste avec nos bras, mais ils ont fait de l'usage.
Belledeschamps avait en tête plein de projets pour telle ou telle pièce de chez elle, et quelques meubles là où il ne fallait pas. Elle avait aussi une longue liste de petites tracasseries quotidiennes (l'Enfant, ici double, est un grand pourvoyeur de petites tracasseries quotidiennes, ainsi que la voiture de fabrication française). Moi, je me serais assez bien vu profiter de la douceur printanière de cette fin octobre, corriger quelques copies en slalomant entre les Beaucerons ou bavarder en coursant les poules. Mais mon homme nourrissait de plus hautes ambitions.
Vous ne reverrez pas de sitôt Pitou V. traverser une cour de ferme en galopant à reculons, tout en portant un meuble Louis XIII, et entraîner dans sa course folle notre hôtesse et votre serviteur, mi-trottinants, mi-clopinants. Lorsqu'il s'est agi d'évacuer un bureau métallique de la maison, nous n'avons même pas songé à atteler lesponeys chiennes. Et là encore, il a fallu suivre le rythme trépidant imprimé par mon homme. Je ne parle pas des kilos de pommes qu'il a fallu découper pour assouvir sa fièvre compotière. Il faut reconnaître que toutes les prouesses effectuées sont à mettre au compte de Pitou V. Toutefois, comme je ne voulais pas passer pour la tache qui tire au flanc, je me suis employé avec application à de menues tâches ménagères. Tenter de se rendre utile quand Mary Poppins est à la maison, c'est dérisoire; mais je suis tête de mule et j'ai fait l'émule.
Mary Poppins... Pitou V. a bien mérité le surnom que lui a donné Belledeschamps. Quand je l'ai félicité pour tout le travail qu'il a abattu en si peu de temps et que je lui ai confié mon sentiment d'inefficacité, il m'a mignonnement rassuré :
"Mais tu es nécessaire à Mary Poppins pour qu'elle puisse accomplir ses merveilles; c'est en toi qu'elle puise toutes ses ressources"
C'est ainsi que je suis devenu le sac de Mary Poppins.
Belledeschamps avait en tête plein de projets pour telle ou telle pièce de chez elle, et quelques meubles là où il ne fallait pas. Elle avait aussi une longue liste de petites tracasseries quotidiennes (l'Enfant, ici double, est un grand pourvoyeur de petites tracasseries quotidiennes, ainsi que la voiture de fabrication française). Moi, je me serais assez bien vu profiter de la douceur printanière de cette fin octobre, corriger quelques copies en slalomant entre les Beaucerons ou bavarder en coursant les poules. Mais mon homme nourrissait de plus hautes ambitions.
Vous ne reverrez pas de sitôt Pitou V. traverser une cour de ferme en galopant à reculons, tout en portant un meuble Louis XIII, et entraîner dans sa course folle notre hôtesse et votre serviteur, mi-trottinants, mi-clopinants. Lorsqu'il s'est agi d'évacuer un bureau métallique de la maison, nous n'avons même pas songé à atteler les
Mary Poppins... Pitou V. a bien mérité le surnom que lui a donné Belledeschamps. Quand je l'ai félicité pour tout le travail qu'il a abattu en si peu de temps et que je lui ai confié mon sentiment d'inefficacité, il m'a mignonnement rassuré :
"Mais tu es nécessaire à Mary Poppins pour qu'elle puisse accomplir ses merveilles; c'est en toi qu'elle puise toutes ses ressources"
C'est ainsi que je suis devenu le sac de Mary Poppins.