Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mercredi 12 septembre 2007

Le naufrage du Tartinic

Il y a des gens qui ont une vision toute personnelle du plaisir. Un truc tyrannique qui les gouverne, une pulsion dévorante qui dégage d'un coup de balai tout appel à la Raison. Des gens qui vous disent le plus sérieusement du monde que ne pas engloutir un quatrième bol de céréales est une souffrance et qu'il n'est pas possible de ne pas vider un jerrican de lait par jour. Conscients de leur excès, ils interprètent le plus anodin des coups d'oeil comme une agression à main armée. Et même si vous les aimez beaucoup, les flammes que vous voyez croître dans leurs yeux quand ils évoquent la nourriture vous terrifient...

Pitou V : Tu vas vraiment avaler cette huitième tartine? (en fait, le chiffre est dit un peu au hasard, mais je crois qu'il faut au moins huit cracottes pour faire disparaître la surface de la table)
X, dans un élan de passion (Acte IV, scène 2) : Je ne peux pas m'en priver! Imagine que je me fasse renverser tout à l'heure par une voiture, je regretterai de ne pas l'avoir mangée, cette tartine!
Pitou G : Ah? Parce que dans les derniers instants de ta vie, c'est des tartines que tu vas voir défiler devant toi?

Au vu de sa réaction, le Plaisir ne souffre pas la moindre contradiction...
J'ai peut-être l'âme d'un Grand Inquisiteur, mais rien n'est plus inquiétant que ce qu'on ne comprend pas. Et là, j'ai beau forcer mon imagination, vraiment, je n'y arrive pas.

Pitou G

8 commentaires:

Alcib a dit…

Sans compter que c'est peut-être la huitième tartine qui va ralentir son acuité cérébrale et son agilité motrice, l'empêchant d'éviter prestement la voiture qui foncera sur lui.
La liberté sans entrave est à la mode dans toutes les dimensions de la vie. Je ne comprends pas non plus ces jeunes qui, au restaurant, parlent très fort et ont des éclats de rire à vous percer les tympans, spécialement quand ce sont des groupes de filles. Comment peut-on se soucier si peu des gens qui les entourent et qui n'ont pas envie de connaître en détails leur vie, d'être envahis par leurs pulsions incontrôlées, et qui dont la joie de vivre est gâchée par le manque de savoir-vivre de leurs voisins. Je vis cela tous les jours dans mon quartier, dans la rue comme au restaurant ; ces étudiantes, il s'agit presque toujours de filles, vivent en ville comme si elles étaient encore dans la salle familiale du pavillon de banlieue leurs parents.

Anonyme a dit…

Craquottes = plaisir ? alors là je reste coite (ça se dit, coite ?) parce que s'il s'agirait de caramels au beurre salé, de magret aux petits légumes ou d'un grand vin, je ne dis pas, mais là des craquottes ! d'abord la craquotte c'est même pas une vraie tartine, c'est juste un bout de carton au goût poussière !

Anonyme a dit…

Pardon, il fallait lire : "s'il s'agissait de caramels"

Didier Goux a dit…

Ah ! voilà une maladie dont je suis tout à fait exempt : je suis PARFAITEMENT capable de m'arrêter AVANT le huitième pastis !

(Surtout au petit-déjeuner.)

Anonyme a dit…

Je l'ai déjà dit : ce sont les anciens fumeurs qui râlent le plus pour que les fumeurs arrêtent . Une addiction, il peut y en avoir de tous les genres . Et cette huitième cracotte , c'est peut-être aussi pour compenser un vide affectif, et je dis cela sans rire , en ayant déjà beaucoup discuté avec des psy à propos d'anorexie. Le fait de manger comble psychologiquement un autre vide . Peut-on essayer aussi de voir lequel ?
Amicalement.
Thieffaine

Anonyme a dit…

Ne jamais méjuger toute la portée propitiatoire de la consommation d'une cracotte !...

Alcib a dit…

Tiens, Williwalt est revenu ;o)
Serait-ce pour célébrer un anniversaire ? ;o)

Anonyme a dit…

Je découvre votre carnet avec gourmandise :)