Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mercredi 2 janvier 2013

L'hystérie d'Hamtaro

Vivre dans une ville à taille minipouce humaine a de multiples avantages. Bien sûr, vous ne pouvez pas mettre le nez dehors sans tomber sur quelqu'un que vous n'avez pas forcément envie de voir et je sais bien que d'ici dix ans, je ne pourrai plus éviter les boutiques où travaillent d'anciens élèves. Mais j'apprécie de me passer de voiture au quotidien ; quant à ceux qui n'ont pas ce luxe parce qu'ils vivent à St-Patelin-des-bois ou Bourg-le-Zouave, ils s'épargnent les bouchons à répétition, à condition d'éviter les abords de Jules-Edouard Leclerc sur le coup de 18 heures. 

On pourrait croire que bénéficier de telles conditions de vie inciterait à la détente. En fait, ça rend les gens encore moins patients : tout obstacle est vécu comme une souffrance insupportable. Pis, un affront : ils sont le couillon de service pris dans un embouteillage en quasi-cambrousse, le débile profond de la circulation routière. Or, il y a quelques semaines, il a fallu pour une raison X ou Y que l'on fermât un axe très passant à deux pas de chez nous. Pendant quelques jours, notre rue, d'ordinaire déjà assez peu calme, a été encombrée du matin au soir, transformant l'automobiliste lambda en créature des marais dégoulinante de bave. Mon homme a béni l'habitude qu'il a prise d'aller travailler en vélo, au moins jusqu'au vendredi soir, jour où l'on a atteint l'acmé gobelinesque car le flux habituel des clients de Leclerc se trouvait grossi des nombreux prétendants au week-end ou de Bretons regagnant la Bretonnie. Si notre quartier avait été un être vivant, il aurait ce soir-là succombé à une occlusion intestinale de première catégorie.
Mon homme se mouvait avec légèreté au milieu d'une foule de véhicules à l'arrêt dont les hôtes bouillaient intérieurement. Alors qu'il tournait à gauche pour rentrer à la maison, il coupa honteusement la route à une voiture déjà immobilisée. Trouvant enfin une cause visible à cet inadmissible embouteillage (à condition d'avoir le cerveau d'un hamster et de croire possible que la cause survienne après son effet), attentat délibéré à son honneur de conducteur couillu, un automobiliste que nous nommerons Hamtaro agonit Pitou V. d'insultes et de coups de klaxon – en cela imité par une demi-douzaine d'autres cochons d'Inde encagés. Klaxonner comme un beau diable constitue dans de telles circonstances, cela va de soi, une nécessité absolue : il faut avertir toute l'agglomération qu'un canard de cycliste a la folle audace de tourner à gauche alors même que vous, pauvre victime, vous êtes bloqués depuis six minutes dans un scandale de bouchon.
Puisqu'on vous dit qu'Hamtaro peut être une vraie teigne!
Pitou V. stupéfait mit alors pied à terre, interdisant à Hamtaro de poursuivre sa route sur la voie encombrée en roulant sur le toit des voitures le précédant. C'est ce qu'on appelle prendre un automobiliste en otage. Hamtaro ne le supporta pas. Il supporta moins encore que mon homme lui rappelle calmement qu'agresser les gens verbalement n'est pas conforme au guide du Castor Junior. Il sortit de son véhicule, aussitôt suivi par un genre de chihuahua que mon homme ne tarda pas à identifier comme sa guenon tendre amie, charmant petit bout de femme à tête de bouledogue peroxydée. Celle-ci affirma à V., avec l'arrogance que lui conférait son mètre cinquante, qu'elle allait lui casser sa sale gueule de cycliste en le tutoyant abondamment: V. lui rit au nez, comme de bien entendu. Quand son Riberri en armure blanche mima un coup de boule un peu plus tard, la sidération remplaça l'hilarité. Méfiez-vous des cons, surtout en colère. Reconcert de klaxons – c'est beau, tant de solidarité entre usagers de la route.
Pitou V ; réenfourcha son vélo et passa devant notre porte sans oser rentrer par crainte de représailles – parce que, l'auriez-vous cru ? Une fois le cycliste parti, les voitures n'avancèrent pas davantage. Oui, vraiment, je suis bien content de me passer de voiture au quotidien...

Pitou G.

9 commentaires:

La Panthère Rose a dit…

j'aurai aimé avoir l'audace d'un tel acte pendant nos années parisiennes!

Mimi-Je Rêve a dit…

Woaouh !!! tellement bien narré que j'ai carrément cru que j'y étais, à un balcon peut-être ( paske j'ai pas de vélo, qu'est-ce que tu crois ^^)

Quelle courage !

Et... très bonne année à vous, les Pitous !!

Mimi-Je Rêve a dit…

AAAArghhhh, désolée pour ce quelle qui aurait dû être un quel ci-dessus, ça piiique les yeux !!
:-S

La Panthère Rose a dit…

Lol ! t'en fais pas pour la faute qui pique les yeux... j'aurais rectifié de moi même !
et oui : quel talent de narratrice !

La Panthère Rose a dit…

narrateur ... ben voilà c'est mon tour de me louper... trop de blogs de fille dans mes favoris je crois ;)

Les Pitous a dit…

J'aime bien vous erreurs et vos scrupules : ils multiplient par deux le nombre de commentaires!
Être confondu avec une fille, quelle insupportable avanie! ;-)

La Panthère Rose a dit…

oui je comprends bien... j'en suis sincèrement désolée croyez moi !!!
Je savais en cliquant que j'avais écrit une connerie hein... mais en cliquant... pas avant ! comme beaucoup de gens je réfléchis parfois après... ça ne sert souvent plus à rien, je devrais tourner la molette de la souris 7 fois avant de cliquer... promis je ne le ferai plus !

Mimi-Je Rêve a dit…

J'aime bien "vous erreurs" ???

Mouhahahaaaaa ! C'est la malédiction du clavier, je crois.

Tiens, un comm de plus, c'est cadeau ! ^^

Anonyme a dit…

Je ne trouve pas V. bien prudent ... il est d'une candeur parfois ! Imaginer adoucir la bête en lui parlant avec calme et voix grave ...Mais enfin !!
Jecaracoledebarenbar