Un midi ordinaire dans la salle des profs d'Haquenée : deux collègues feignent de corriger des copies, deux autres râlent et Follet cherche partout ses clés qu'il a rangées dans son casier par réflexe, tout en m'accusant de l'avoir fait, parce que cinq minutes plus tôt j'avais profité de ses allées et venues pour cacher son tas de classeurs. Madame T., plus souvent factrice que secrétaire, arrive avec sa tournée du midi. Dans ses bras, parmi les habituelles paperasses, repose un lot d'enveloppes tilleul. Encore des invitations...
L'invitation, c'est la nouvelle passion du grand chef. Je subodore un juvénile engouement pour le scrapbooking, le macramé et autres loisirs créatifs, trop vite brimé par des parents austères. Là, il se rattrape : l'approche de l'été a réveillé sa marotte décorative, c'est devenu la priorité du mois de juin (il s'entraîne : il sent venir l'époque des barbecues). Il s'est emparé d'une suggestion de deux collègues proposant un spectacle de fin d'année et a décidé d'en faire une vitrine d'Haquenée, dans son obsession d'obtenir les honneurs de Vachebdo (comment que c'est trop bien ce qu'on fait à Haquenée!). Et comme il ne s'y est pas pris assez tôt pour réserver le Stade de France, il s'est défoulé sur les cartons d'invitation, signés à la main, distribués en deux, en trois exemplaires sous diverses versions.
Alors quand j'ai vu Mme T. glisser une nouvelle enveloppe dans chaque casier, je n'ai pas pu retenir un soupir :
"Encore une invitation? On va finir par se sentir obligé de venir!"
En face de moi, S. me regarde en écarquillant les yeux. Je n'arrive pas à lire sur ses lèvres les mots qu'elle articule en silence, mais je comprends que je viens de commettre un impair. Mme T. disparaît et S. me sermonne :
"Mais qu'est-ce qui t'a pris?Tu as été super méchant avec Mme T. en disant que tu allais te sentir obligé de venir à son pot de retraite!"
Gloups.
Grosse boulette.
Il ne me reste plus qu'à descendre dissiper ce malentendu et lui chanter "J'ai refusé par erreur votre invitation" (tudieu, ça a déjà 12 ans), en ne parlant pas trop fort pour éviter que depuis le bureau adjacent le chef n'apprenne que, son lutin de spectacle, je m'en tamponne le coquillard avec une patte d'alligator femelle (merci http://fr.wiktionary.org). Mme T. me répond en souriant, un peu gênée et sans penser maltraiter la logique la plus élémentaire, qu'elle ne l'avait pas pris pour elle et qu'elle ne m'avait même pas entendu. Je jette un coup d'oeil à la vitre : le chef est bien loin, devant la grille. Il n'a donc pas surpris cette embarrassante confession. Mais en passant devant un autre bureau, j'ai vu la chef adjointe se bidonner devant son ordinateur : soit elle venait de se rendre compte qu'au bout de trois ans, elle ne sait toujours pas utiliser le logiciel qui gère les emplois du temps, soit je me suis ridiculisé en beauté...
L'invitation, c'est la nouvelle passion du grand chef. Je subodore un juvénile engouement pour le scrapbooking, le macramé et autres loisirs créatifs, trop vite brimé par des parents austères. Là, il se rattrape : l'approche de l'été a réveillé sa marotte décorative, c'est devenu la priorité du mois de juin (il s'entraîne : il sent venir l'époque des barbecues). Il s'est emparé d'une suggestion de deux collègues proposant un spectacle de fin d'année et a décidé d'en faire une vitrine d'Haquenée, dans son obsession d'obtenir les honneurs de Vachebdo (comment que c'est trop bien ce qu'on fait à Haquenée!). Et comme il ne s'y est pas pris assez tôt pour réserver le Stade de France, il s'est défoulé sur les cartons d'invitation, signés à la main, distribués en deux, en trois exemplaires sous diverses versions.
Alors quand j'ai vu Mme T. glisser une nouvelle enveloppe dans chaque casier, je n'ai pas pu retenir un soupir :
"Encore une invitation? On va finir par se sentir obligé de venir!"
En face de moi, S. me regarde en écarquillant les yeux. Je n'arrive pas à lire sur ses lèvres les mots qu'elle articule en silence, mais je comprends que je viens de commettre un impair. Mme T. disparaît et S. me sermonne :
"Mais qu'est-ce qui t'a pris?Tu as été super méchant avec Mme T. en disant que tu allais te sentir obligé de venir à son pot de retraite!"
Gloups.
Grosse boulette.
Il ne me reste plus qu'à descendre dissiper ce malentendu et lui chanter "J'ai refusé par erreur votre invitation" (tudieu, ça a déjà 12 ans), en ne parlant pas trop fort pour éviter que depuis le bureau adjacent le chef n'apprenne que, son lutin de spectacle, je m'en tamponne le coquillard avec une patte d'alligator femelle (merci http://fr.wiktionary.org). Mme T. me répond en souriant, un peu gênée et sans penser maltraiter la logique la plus élémentaire, qu'elle ne l'avait pas pris pour elle et qu'elle ne m'avait même pas entendu. Je jette un coup d'oeil à la vitre : le chef est bien loin, devant la grille. Il n'a donc pas surpris cette embarrassante confession. Mais en passant devant un autre bureau, j'ai vu la chef adjointe se bidonner devant son ordinateur : soit elle venait de se rendre compte qu'au bout de trois ans, elle ne sait toujours pas utiliser le logiciel qui gère les emplois du temps, soit je me suis ridiculisé en beauté...
Pitou G
*busted : chopé, grillé, pincé, surpris en flagrant délit.
5 commentaires:
hihiihii j adore ces moments de vie :)
Te description de la salle des profs donne envie, chez moi les collègues corrigent vraiment leurs copies et ça ne rigole pas du tout, pfff ...
mouarf ! genre de gaffe que je suis tout à fait capable de faire...
quant à la salle des profs non studieuse, on a la même, et c'est tant mieux !
petit veinard, ta note admin va être augmentée car tu as fait rire la sous-chef !!
A propos de gaffe et de ridicule, j'ai frisé la correctionnelle ! Allez voir là : http://jod7.over-blog.com/article-inspection-52097622.html
En plus, j'y parle de vous !
délectable!
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